TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 18 janvier 2012

Hervé Morin rencontrera Nicolas Sarkozy vendredi à l'Elysée

Cela fait quelque temps que court, dans l'équipe qui entoure Hervé Morin, le candidat Nouveau centre (NC) à l'élection présidentielle, l'hypothèse d'un retrait. L'intéressé dément vigoureusement, mais certains de ses proches estiment que, compte tenu de ses scores dans les sondages, où il ne dépasse pas 1 %, et de la guérilla que mènent contre sa candidature les principaux ténors de son parti (François Sauvadet, Jean-Christophe Lagarde, Maurice Leroy, André Santini...), il lui faut réussir à se ménager une porte de sortie, pourquoi pas dès le mois de février.

Un rendez-vous auquel le candidat centriste doit se rendre, vendredi 20 janvier, ne manquera pas d'alimenter les spéculations. M. Morin doit rencontrer Nicolas Sarkozy, à l'Elysée. Une rencontre, précise-t-il, qu'il n'a pas sollicitée. C'est Olivier Biancarelli, le conseiller politique du chef de l'Etat, qui aurait fait la démarche d'inviter l'ancien ministre de la défense, il y a une dizaine de jours.
M. Morin, qui était désireux de se faire accompagner d'un témoin, sera flanqué, pour l'occasion, par Yvan Lachaud, le président du groupe Nouveau centre à l'Assemblée nationale. Le député du Gard n'a jamais été un partisan de la candidature du président de son parti. Comme de nombreux députés du Nouveau centre, dont la réélection dépend d'accords passés avec l'UMP. Mais M. Lachaud s'est toujours attaché à ne pas entrer en conflit ouvert avec M. Morin. Ce qui lui permet, aujourd'hui, de jouer les médiateurs.
"MES INTENTIONS RESTENT LES MÊMES"
M. Morin assure que ce rendez-vous n'augure pas d'un renoncement. "Mes intentions restent les mêmes", affirme-t-il au Monde. Pour autant, au Nouveau centre, la plupart des élus se projettent déjà dans l'après. Et dans le choix qu'il leur faudrait faire, si M. Morin décidait de renoncer à sa candidature.
Un choix qui se résumerait à deux noms : Nicolas Sarkozy et François Bayrou. Jean-Christophe Lagarde, le numéro 2 du Nouveau centre, a d'ores et déjà annoncé qu'il donnerait son choix à la fin du mois de janvier, sans attendre un éventuel retrait de M. Morin. La boussole de M. Lagarde, qui a médiatisé récemment sa rencontre avec M. Bayrou, indiquerait plutôt, pour l'heure, la direction de l'Elysée.
M. Sarkozy veille, en ce moment, à choyer les centristes de la majorité, alors que M. Bayrou monte dans les sondages. Ainsi M. Morin remarquait-il, mercredi 18 janvier, à l'occasion de ses vœux à la presse, que M. Sarkozy avait pris position récemment en faveur de plusieurs thèmes chers aux centristes : la TVA sociale, la réduction des cotisations sociales pour les entreprises, la règle d'or, la taxe Tobin... Mais le député de l'Eure ne s'en satisfait pas. Pour lui, en voulant aller trop vite, en faisant les choses de manière précipitée, le président de la République risque de "casser" ces "belles idées".

La folle manœuvre d'un monstre des mers

Le naufrage du paquebot de croisière italien, c'est d'abord une tragédie humaine. Elle pourrait se doubler d'un désastre écologique. C'est aussi l'histoire d'une erreur humaine, d'une inconscience. Le capitaine du Costa Concordia a failli. Il n'a emprunté ni la route habituelle, ni une route autorisée. Le Costa naviguait à 150 mètres d'une île quand la coque a heurté un rocher, l'un de ces écueils que les pêcheurs de la zone connaissent. Pas lui ? Il a sacrifié à une tradition de courtoisie qui consiste à s'approcher des côtes, légèreté d'autant plus coupable que, ce faisant, il aurait voulu gratifier un membre de l'équipage. Un peu comme si un pilote d'avion s'offrait un vol en rase-mottes, un caprice, pour saluer un ami ! Il a abandonné le navire, refusé de remonter à bord pour diriger les secours, au demeurant tardifs. On se frotte les yeux pour y croire. On se dit que si l'on sait faire monter 4 200 passagers dans ces palais flottants pour casser les prix, on doit bien être capable de les en faire descendre avec une certaine méthode. Le chauffard des mers sera tenu pour premier responsable de la catastrophe. Il n'est jamais que le maillon faible d'un système qui pousse au gigantisme. La globalisation a transformé le transport maritime, soumis à toujours plus de concurrence et de nécessité de réduire les coûts. À l'ère du low-cost, on n'a pas hissé les exigences de la sécurité à la hauteur des enjeux économiques. Le capitaine abandonné ne manquera pas de l'invoquer pour sa défense. De même que l'on ne peut s'empêcher de rappeler que c'est l'accidentologie, donc le malheur humain, qui en général fait avancer la réglementation sur la sécurité.

Là-haut sur la montagne…

C’est beau, un « sommet social ». C’est haut et ambitieux comme une ascension. Une métaphore jamais banale qui évoque l’effort et le rassemblement au-dessus des nuages noirs de la crise et des discordes d’en bas. Un moment aussi où les partenaires sociaux et l’exécutif acceptent de se livrer à la confrontation de leurs intérêts contradictoires. Oui, c’est beau un pays qui se parle. Enfin.

Dommage que ce moment — d’exception, hélas — arrive tard. Si tard. Et sans doute trop tard. Pourquoi faut-il qu’en France on attende le pire pour ouvrir un dialogue tétanisé à force de se crisper ? Le souvenir des accords de Grenelle conclus dans le chaos de la fin du mois de mai 1968 et dont le nom — la rue du ministère du Travail — est aujourd’hui sanctuarisé, n’est pas la meilleure des inspirations. En 2012, qui pourrait croire sérieusement qu’un miracle durable puisse sortir d’une journée voire d’une nuit fiévreuse de négociations ? Comme s’il devait y avoir un avant et un après, ce 18 janvier, annoncé comme une date décisive par l’exécutif, porte, à l’évidence, un cahier des charges bien trop lourd sur ses épaules.

Qu’il soit orchestré, de bout en bout, à commencer par son menu, par le président de la République montre déjà ses limites. Tout doit-il donc venir d’en haut ? Les syndicats seraient-ils seulement conviés pour avaliser les décisions difficiles qu’il faudra bien prendre pour éviter le désastre de la dette ?

La tenue de ce conclave à moins de cent jours de la présidentielle n’est guère rassurante. Ainsi, il a fallu entrer dans la dernière ligne droite du quinquennat pour mettre sur la table les solutions qui fâchent. La TVA sociale, Borloo l’avait déjà sortie des cartons du sarkozysme en 2007, avant d’être gentiment prié de quitter Bercy. Merci Jean-Louis. Et voilà qu’elle revient, présentée comme une idée neuve, pour faire la fermeture. Et on s’étonne que ce ne soit pas un triomphe !

Diminuer les charges qui pèsent sur le travail est évidemment un impératif français mais ce débat controversé — les économistes se partagent entre les pour et les contre — est plutôt mal engagé. Va-t-on réduire les cotisations sociales patronales ou salariales, ou les deux ? Pourquoi avoir maquillé une taxe sur les consommateurs en taxe anti-délocalisations ? Ce sujet, très complexe, c’est en début de mandat qu’il fallait le déminer pour éclairer la réflexion sur notre modèle social. Le manipuler quand la campagne électorale est déjà engagée est non seulement tardif, mais improductif. On regarde alors rarement vers les grandes altitudes…

Jean-Jacques

Notre Président, réputé grand lecteur, a naturellement pratiqué Jean-Jacques Rousseau, tricentenaire aujourd’hui célébré. Il a pleuré à ses Confessions, médité sur son Contrat social. Et il en a peut-être hérité son style si particulier, à « mieux aimer être homme à paradoxes qu’homme à préjugés ». Aux syndicats invités ce matin à l’Elysée, il expliquera sans doute, en plaidoyer pour la pingrerie de sa bourse vide, qu’on « jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère ». Les bougres lui répliqueront qu’il est « dans leur nature d’endurer patiemment la nature des choses, mais non la mauvaise volonté d’autrui ». Ils ajouteront que « l’ordre social ne vient pas de la nature », et que c’est « pour parvenir au repos que chacun travaille »… Mais brisons-là la querelle élyséenne. Et concluons avec Jean-Jacques sur une morale de disette : « La source du vrai bonheur est en nous ».

Zone euro : les limites de l'austérité

Depuis le déclenchement de la crise grecque, les Européens ne sont plus égaux devant le crédit. Sur le marché obligataire, les Allemands se financent actuellement à dix ans au taux infime de 1,75 %. Les Grecs, au taux faramineux de 28,3 %. Depuis deux ans, le pays riche emprunte quasiment gratis, le pays pauvre alourdit son fardeau. En vain. La dette publique grecque est passée de 116 % à 160 % du PIB.

Autant dire que, vu d'Athènes, quelles qu'aient été les responsabilités grecques et elles sont réelles, le principe de solidarité, pièce maîtresse de la construction européenne, est pour le moins imperceptible. Comme au Portugal, comme en Espagne, les plans d'austérité imposés à la Grèce ont, pour l'instant, eu essentiellement pour effet d'étrangler l'économie et les salaires, sans faire baisser les taux. Longtemps laxistes et brusquement sévères, les agences de notation déclassent des pans entiers du continent. Sans se soucier des efforts budgétaires engagés, ni des populations touchées.

En Grèce, la corde sociale est, dans ce contexte, largement usée. En témoignent les grèves à répétition et la contraction fiscale induite par ce coup de barre trop violent. Le risque de défaut, chaque matin, est réel. Et face à ce risque, l'Europe, jusqu'ici, n'a pas tranché. Elle n'a ni sacrifié Athènes ni sauvé les Grecs. Une bonne part des spéculations prospère sur cette hésitation. Et si l'Europe a préféré accompagner Athènes chez ses créanciers plutôt que de créer des obligations européennes, c'est parce que l'Allemagne le veut ainsi.

Or, si la corde est usée à Athènes, elle pourrait l'être dans d'autres pays dégradés vendredi. Notamment en Italie, le patient qui préoccupe le plus en raison de son économie (la troisième de l'UE) et surtout de sa dette (1900 milliards d'euros). Cette année, Rome, qui doit lever 242 milliards d'euros sur les marchés financiers, sera le premier emprunteur de la zone euro et subit des taux à 7 %, intenables à moyen terme. Dans une interview au Financial Times, hier, la fourmi Mario Monti (et non la cigale Berlusconi) a clairement demandé à Berlin de tout faire pour contribuer à faire baisser les taux. Faute de quoi, estime-t-il, l'énorme effort de discipline demandé aux citoyens ne sera plus soutenable.

Avec une Grèce aux confins de la galaxie, une Grande-Bretagne sortie de son orbite, une zone euro découpée en quatre portions par les agences de notation et un noyau dur, le couple franco-allemand au bord de la scission malgré ses velléités de fusion, l'Europe ressemble à une dangereuse centrifugeuse. Le manque de gouvernance et de convergence, désigné comme l'une des causes de la crise avec, bien sûr, l'endettement excessif, ne peut que s'accroître avec de tels différentiels. La crise, telle qu'elle est gérée, creuse le fossé et mine durablement les chances de croissance.

Lors des guerres balkaniques des années 1990, l'Europe politique peina à éteindre l'incendie qui se propageait à ses portes et il fallut l'intervention américaine pour arrêter les responsables du nettoyage ethnique. Aujourd'hui, alors que l'incendie financier menace Athènes et Rome (et en fait tout le monde), le salut, on le sait, ne viendra pas de Washington. Le décrochage de la France charge Berlin d'une responsabilité particulière. Car sans relance, la rigueur exigée par l'Allemagne ne sera synonyme que de déflation. Un mot encore plus redoutable que l'austérité.

La fin du mythe de l’égalité

Que ce soit le projet de traité européen, la dégradation de neuf pays par Standard & Poor’s ou les remontrances à la Hongrie, tout démontre actuellement que dans l’UE, les plus forts sont en train d’imposer leur loi aux plus petits, déplore un éditorialiste polonais. 

Les événements des trois dernières semaines ont fait définitivement tomber l'hypocrisie de l'Union européenne, qui consiste à faire croire que les Etats qui la composent sont égaux, bien que différents.
Premièrement, la zone euro a décidé de se réunir, de délibérer et de prendre des décisions en comité restreint. Sans les autres et donc sans nous [les Polonais]. Cela sape et limite aussi bien le rôle de la Commission européenne, qui s'appuie depuis sa création sur le principe de l'égalité entre les Etats, que celui du Parlement dont les sièges sont distribués entre les pays membres en proportion de leur population.
Si le pacte européen de stabilité est adopté sous sa forme actuelle, on créera une union dans l'Union. Pour bon nombre de questions, cette union restreinte dictera ses conditions aux autres, comme le fait  aujourd'hui "Merkozy".

Les 26 ne pourront plus rien contre l'Allemagne

Deuxièmement, la décision de dégrader les notes financières de 9 pays de la zone euro, n'aura pas nécessairement de répercussions sur le coût de leur dette (la baisse de la note des Etats-Unis n'a eu aucune influence de ce genre; quant à la dette de l'Italie, elle est aujourd'hui moins chère que lorsque le pays bénéficiait d’une meilleure note).
Cette dégradation influencera en revanche très certainement la hiérarchie informelle entre les Etats membres et le poids de leur voix au sein de l'Union. Ainsi, le leadership de l'Allemagne, qui a conservé sa note, se voit clairement conforté. Tout comme l'est la politique allemande d'austérité prudente. L'Allemagne pourra vraisemblablement emprunter encore moins cher et stimuler davantage le marché, en creusant encore un peu plus son avantage économique sur le reste de l'Europe.
En conséquence, les critères quantitatifs du traité de Lisbonne (le calcul de la majorité qualifiée au sein du Conseil européen sur un double critère : le nombre d’Etats et le poids démographique) perdront en importance face au rôle croissant des critères qualitatifs (qualité de l'Etat et de l'économie).
On va même assister au déclin de "Merkozy", déséquilibré par le poids d'une Merkel trop puissante face à Sarkozy. Il sera encore plus difficile d'entreprendre quoi que ce soit en Europe sans l'Allemagne. Quant aux 26 autres pays membres, ils ne pourront rien contre les Allemands (sauf faire exploser l'Union).

Des différences institutionnalisées

La procédure de décision et la répartition des voix au sein du Parlement, de la Commission et du Conseil, si laborieusement négociées dans le traité de Lisbonne, volent en éclats. Pendant un certain temps, l'Union sera comme le football à l'époque où tout le monde jouait, mais où seule l'Allemagne gagnait.
Troisièmement, le durcissement de la rhétorique et des décisions politiques envers la Hongrie démontrent que dans l'Union, certains pays peuvent se permettre plus de choses que d'autres. Certes, Orbán tient une rhétorique détestable et conduit une politique économique stupide. Mais institutionnellement, il n'a rien fait qui ne serait pas toléré dans d'autres pays.
Son assaut sur les médias n'est pas plus anti-libertaire que ce que ont fait Sarkozy avec la télévision publique française, et précédemment, Berlusconi avec les médias italiens. Quant à la BBC, elle dépend, depuis toujours, directement du gouvernement concernant la nomination de ses dirigeants.
De même, la Banque centrale hongroise ne sera nullement plus dépendante du gouvernement que ne l'est la Banque d'Angleterre ou la Fed américaine. La communauté internationale a tranquillement toléré et tolère toujours de semblables procédés en France, en Italie, en Angleterre, ou aux Etats-Unis, non pas parce qu'ils sont passés inaperçus, ni même par sa timidité devant de grandes puissances, mais tout simplement parce qu’elle n'y voyait rien de répréhensible.
Les vieilles et grandes démocraties, tout comme les obligations allemandes, profitent du capital de confiance qui a toujours fait défaut aux jeunes et petites démocraties.
Dans une certaine mesure, ces différences ont toujours existé et ont toujours compté. Sauf qu'à présent, on les exprime ouvertement et on n'hésite pas à les institutionnaliser. On ne sait pas quelles en seront les conséquences à long terme pour la Pologne et pour l'UE. Généralement, l'adaptation de la forme (institutionnelle) au contenu (par exemple économique) a pour effet de rationaliser les institutions. Mais aujourd'hui, on a affaire à des émotions, c'est-à-dire à la politique.
Les différences amplifiées émotionnellement et politiquement, les différences divulguées et institutionnalisées, deviennent inconfortables pour tout le monde. De nombreux pays auront encore plus du mal à accepter la position de l'Allemagne dans l'Union. L'Allemagne, elle, aura encore plus du mal à accepter le maintien de ses efforts de solidarité et de retenue [dans l'exercice de sa puissance].
Cela signifie qu'en dehors des tensions économiques et de politiques intérieures, il faut nous attendre à de grandes tensions internationales et à des problèmes décisionnels majeurs. Au moins jusqu'à ce qu'une nouvelle logique ne remplace l'hypocrisie du mythe fondateur de l'Union. Cela ne se fera ni rapidement ni sans peine.

L’Europe se dégrade elle-même

La dégradation de 9 pays de la zone euro, parmi lesquels la France, montre clairement que la politique européenne de fonds de sauvetage doublée de l'austérité fiscale a mis à plat le continent. Il est temps qu'Angela Merkel et ses partenaires trouvent une solution crédible à la crise, écrit Wolfgang Münchau. 

La semaine dernière avait été le théâtre d’une brève euphorie, mais la réalité nous a rattrapés. La nouvelle tombée le 13 janvier n’est pas vraiment une surprise. La dégradation de la note de la France était un choc annoncé.
Tout comme l’échec des négociations entre les investisseurs et le gouvernement grec au sujet d’une participation volontaire à la restructuration de la dette publique hellène. Une proposition fondamentalement irréaliste a été rejetée. Ne feignons pas d’en être étonnés.
Pourtant, ces deux événements sont importants parce qu’ils nous dévoilent le mécanisme à l’œuvre derrière ce qui nous attend probablement cette année. La zone euro est emportée dans une spirale faite de dégradations, de chute du produit intérieur brut, de hausse de la dette et de nouvelles dégradations. La récession n’en est qu’à ses débuts.
Il est désormais probable que la Grèce se déclare en défaut de paiement pour l’essentiel de sa dette et qu’elle soit même contrainte de quitter l’euro. Quand cela se produira, les feux de la rampe se braqueront aussitôt sur le Portugal, et ce sera le signal d’une nouvelle série de dégradations contagieuses.

Une géographie économique remodelée

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF), institution dépourvue de moyens, est lui aussi menacé de dégradation [mécaniquement] puisqu’il a emprunté sa notation à ses membres. Compte tenu de son organisation, sa capacité de prêt effective s’en trouve ainsi affectée. Même si la dégradation de la note française n’est pas une surprise, les Etats membres de la zone euro ne disposent d’aucun plan de secours, tout juste de quelques scénarios destinées à colmater les brèches dans l’urgence.
Ils pourraient décider de gérer simultanément le FESF et son successeur permanent. Ou d’allouer immédiatement à ce dernier l’ensemble des capitaux du FESF. Ce qui creusera un peu plus des budgets nationaux à l’aube d’une année difficile.
En dégradant la note de la France et de l’Autriche mais pas celle de l’Allemagne et des Pays-Bas, Standard & Poor’s a également réussi à donner une forme à ce que pourrait être la géographie économique en cas d'éclatement. Politiquement, il aurait été beaucoup plus facile de faire face à une dégradation de tous les membres titulaires d’un triple A.
L’Allemagne est dorénavant le seul grand pays à se voir décerner la meilleure note. Une décision qui va compliquer la tâche de Berlin quand il lui faudra accepter les obligations de la zone euro. La différence de notation s’enfonce comme un coin entre la France et l’Allemagne et déséquilibrera encore un peu plus leur relation.
La nouvelle de la relégation a suscité une réaction épidermique qui nous prouve une fois encore que la crise et la recherche d’une solution se déroulent dans des univers parallèles. Le commentaire d’Angela Merkel, qui a déclaré que l’UE devait maintenant se hâter de boucler le traité fiscal, est caractéristique de cette rupture. Quoi qu’il advienne, la discipline fiscale reste leur/ seule réponse.
Cette réaction à la crise passe à côté du poids écrasant du secteur privé dans le déséquilibre interne de la zone euro. La conclusion du traité fiscal, aujourd’hui principale priorité de la politique de l’Union, est au mieux une diversion hors de propos.
Il est plus que probable qu’elle ne fasse qu’accentuer la tendance à une austérité pro-cyclique du genre de ce que nous avons vu en Grèce. Je m’attends par ailleurs à voir l’UE infliger des réglementations vengeresses aux agences de notation. Que cela soit justifié ou non, ce n’est là encore qu’une diversion.

Un système qui continue de se déliter

Il y a quelque temps, je soutenais que le sommet de décembre était la dernière chance d’un redémarrage intégral du système. A l’époque, on aurait pu envisager un marchandage grandiose portant sur un budget commun de la zone euro, des euro-obligations, une politique capable de maîtriser les déséquilibres internes de la zone et, dans ce contexte, l’imposition de restrictions sévères aux budgets nationaux.
Merkel et ses acolytes à Berlin et à Bruxelles ont voulu se targuer d’une réussite parce que le sommet des 8 et 9 décembre ne débouchait sur aucune des solutions évoquées ci-dessus, à l’exception du rééquilibrage du budget.
Maintenant que Merkel a obtenu ce qu’elle voulait, le système continue de se déliter. A chaque tour de la spirale, le coût financier et politique de résolutions inefficaces se fait plus lourd. Nous avons dépassé le stade où les électorats et leurs représentants sont prêts à payer le prix toujours plus élevé qu’implique la réparation du système.
La semaine dernière, une poignée de députés vétérans de la CDU au pouvoir, que je considérais auparavant comme des ténors de la modération, ont affirmé qu’un départ de la Grèce de la zone euro ne serait finalement pas si grave. Les attentes évoluent rapidement, et il en va de même de la disposition à accepter une fin brutale.
Et non, l’énorme injection de liquidités à laquelle a procédé la Banque centrale européenne (BCE) ne va pas non plus résoudre le problème. Loin de moi l’idée de sous-estimer l’importance de cette décision. La BCE a empêché un effondrement du crédit, et c’est tout à son honneur.
Le retour de l’argent à long terme et sans limite pourrait même avoir un impact marginal sur la volonté des banques de prendre part aux enchères de la dette publique. Avec de la chance, cela pourrait nous permettre de surmonter la rude période de refinancement de la dette au printemps prochain. Mais une averse de liquidités ne suffit pas à répondre au problème sous-jacent d’une absence d’ajustement macroéconomique.
Même les réformes économiques, aussi nécessaires soient-elles pour d’autres raisons, ne peuvent résoudre ce problème. C’est une illusion européenne de plus. Nous en sommes désormais au point où, pour sortir efficacement de la crise, il faudrait une autorité fiscale centralisée et puissante, dotée du pouvoir de fiscaliser et d’allouer des ressources dans toute la zone euro. Ce qui, bien sûr, n’arrivera pas.
Telle est l’ultime implication de la dégradation des notes de la semaine dernière. Nous n’en sommes plus au stade où un bricolage technique pourrait encore fonctionner. La boîte à outils est vide.


Contrepoint

Une intrusion anti-démocratique

Face à la dégradation tous azimuts "aussi gonflée que contradictoire" de neuf pays de la zone euro par S&P, la Süddeutsche Zeitung est passablement indignée : "Un monopole jette la pierre à la politique de gouvernements démocratiquement élus", déplore le quotidien de Munich, appelant à responsabiliser ces “examinateurs auto-proclamés” :
L'agence lance son message que personne n'avait demandé, au bon moment, deux semaines avant le prochain sommet de l'UE : ‘Faites ce que nous vous disons. Vous n’avez pas le choix.’ Elle n'hésite pas à mettre des pays du club de l'euro à un même niveau avec des pays en développement. Qui prête de l'argent à l'Italie ou à l'Espagne court le même risque que s'il envoyait son argent en Inde, en Colombie ou aux Bahamas. C'est absurde, c'est ridicule. […] Mais il y a plus dangereux : Standard & Poor’s […] tente d'intervenir directement dans la politique européenne. C'est n'est pas la tâche d'une agence de notation. Les Américains poussent de plus en plus ouvertement les Européens du continent à adopter les principes anglo-saxons dans leurs politiques économique et financière. C'est-à-dire, imprimer de l'argent quand nécessaire, pour sauver des banques et initier des programmes de relance. Qui ne le fait pas obtient des mauvais notes.

Greece Nears Deal With Private Creditors: CEO

Greece is nearing a deal with private creditors that would give them cash and securities with a market value of about 32 cents per euro of government debt, according to Bruce Richards, a hedge-fund manager on the creditors’ committee.
“I’m highly confident the deal will get done,” said Richards, chief executive officer of New York-based Marathon Asset Management LP, in a telephone interview today with Bloomberg Businessweek.
Marathon, which has $10 billion under management, is on the committee of 32 private creditors that formed in November to negotiate with Greece, the International Monetary Fund and the European Union. It’s not a member of the smaller steering committee directly involved in negotiations. The talks, under the auspices of the Institute for International Finance, broke off Jan. 13 and are scheduled to resume tomorrow in Athens with Greek Prime Minister Lucas Papademos and Finance Minister Evangelos Venizelos.
Richards, 51, said he expects Greece won’t make a 14.5 billion euro ($18.5 billion) bond repayment scheduled for March 20. He expects a deal with creditors to be in place before then. Investors who agree will probably be paid the new package of cash and bonds shortly after that date, he said.
Pantelis Kapsis, Greek government spokesman, declined to comment.

Talks ‘Continuing’

There are still obstacles to concluding what negotiators term a “consensual restructuring.” Official lenders may object if they conclude that the deal would be too expensive for Greece, which would force the country to go back for more official support in the future.
“I can only tell you the negotiations are continuing,” said Frank Vogl, an IIF spokesman. “I can’t tell you whether they’ll be successful.” The IIF, a global association of financial institutions, is led by Deutsche Bank AG (DBK) CEO Josef Ackermann.
An agreement reached Oct. 26 called for private holders of just more than 200 billion euros worth of Greek government bonds to accept new bonds with a face value of half that amount, or about 100 billion euros. As part of the deal, euro-zone members agreed to kick in 30 billion euros in unspecified support. That could take the form of buying bonds from the private holders at 100 cents on the euro in cash, leaving them with new bonds with a face value of 70 billion euros.

Talks on Interest

Negotiations since then have centered on the interest rate new bonds will pay, with Germany among those insisting on a low rate and the private creditors demanding a higher one.
The new bonds will probably pay annual interest of 4 percent to 5 percent and have a maturity of 20 years to 30 years, Richards said. They may trade for about half of their face value, he predicted. Altogether, the net present value of the deal for the bondholders will be about 32 cents on the euro, he estimated.
It’s not yet clear whether the deal will cover all outstanding Greek bonds or just those maturing by the end of 2020, Richards said. He also said that the deal probably won’t contain a sweetener to reward creditors in case of a strong improvement in the health of the Greek economy in coming years.
The tentative deal may win support from investors holding 70 percent to 80 percent of the privately held Greek bonds, he estimated. He favors the deal, suggesting investors who refuse may get back less.
“There’s a very, very high probability that this goes through,” he said. “It’s the best deal creditors can get.”
Marathon, which was founded in 1998 by Richards and Louis Hanover, began in August to raise a new fund to take advantage of the European debt crisis.
“We’re very focused on this opportunity,” Richards said, declining to discuss the fund or to say how much Marathon has invested in Greek bonds.
To contact the reporter on this story: Peter Coy in New York at pcoy3@bloomberg.net
To contact the editor responsible for this story: David Scheer at dscheer@bloomberg.net.