jeudi 3 juillet 2014
De yéti, y a pas
De yéti, y a pas
Dans un temps qui ne déteste pas tout désacraliser, même les mythes les plus vivaces ont du plomb dans l’aile. Ainsi le yéti. Depuis longtemps, les adorateurs de cette bestiole accusent la science de ne pas tenir compte de leurs observations selon lesquelles des bêtes mystérieuses rodent dans l’Himalaya et ailleurs. A force d’être contestés, les scientifiques se sont énervés. Ils ont examiné pendant des années des échantillons de poils provenant de ces animaux. Hélas, leurs conclusions sont sans appel, l’ADN ne peut mentir : tout cela provient d’ours, de vaches et d’autres espèces fort communes et parfaitement connues. De yéti, y a pas. Et voilà comment se fracassent les rêves des hommes et disparaissent leurs illusions. Nous vivons décidemment une bien triste époque.
Le début d’une prise de conscience
Le début d’une prise de conscience
Est-ce le début d’une prise de conscience ? En promettant de repousser l’entrée en vigueur du compte pénibilité, Manuel Valls a fait plus que donner un gage au patronat : il a montré une prise de conscience de l’état de fragilité dans lequel se trouvent les entreprises françaises, et du sentiment d’exaspération inquiète qui habite leurs patrons.
Est-ce le début d’une conversion ? En commençant à démonter la loi Duflot sur le logement dans ce qu’elle a de plus néfaste pour l’économie, le Premier ministre a fait plus que tirer la leçon du départ des écolos du gouvernement : il a pris acte que l’effondrement de la confiance dans ce secteur avait coûté cher à la croissance française.
On est cependant loin du compte : la somme des erreurs commises depuis deux ans est immense et le balancier est loin d’être revenu à une position raisonnable. En outre, Manuel Valls doit dealer en permanence avec une majorité désunie dont une partie ne vit pas dans le monde réel. Il doit aussi faire avaler à ses interlocuteurs officiels – PS et CFDT en tête – la couleuvre du retour en arrière sur quelques points durs de leurs catéchismes. Cela aboutit à des demi-mesures, des applications progressives, des corrections partielles, des bricolages instables qui ne satisfont vraiment personne. Le cas le plus typique est celui des impôts : après avoir manié avec euphorie l’assommoir fiscal, on nous promet toujours plus de baisse, mais pour une partie seulement des contribuables, et sans réel espoir de retour à un seuil tolérable.
C’est d’ailleurs une leçon pour l’avenir : plus un pays est en crise, plus il est risqué, voire inutile, d’espérer réformer à petits pas, dans un petit consensus de façade, un arrangement d’appareils. Ces combinaisons, quand elles ne sont pas des combines, ne suffisent plus. Le temps manque déjà.
La France à témoin
La France à témoin
Nicolas Sarkozy est apparu hier soir à la télévision, dans son interview enregistrée, tel qu'en lui-même : blessé mais combatif, maîtrisant tant bien que mal une sourde colère. Nicolas Sarkozy fidèle à lui-même, n'écoutant que son impulsivité, étranger aux conseils de retenue de son entourage. Nicolas Sarkozy égal à lui-même, s'estimant seul capable de bien plaider sa cause et prenant pour cela la France à témoin dans un réquisitoire implacable contre la justice ou, plus exactement, contre certains juges. Nicolas Sarkozy insatiable, se disant prêt à guerroyer dans l'intérêt du pays qui aurait tellement besoin de lui, sans s'interroger sur la lassitude de l'opinion devant ce tumulte sans cesse renouvelé.
Là est le danger pour Nicolas Sarkozy. À la « sarkomania » qui le porta au pouvoir, pourrait succéder, dans une sorte d'épuisement de son électorat, une « sarkophobie » lui interdisant d'y revenir. C'est le risque que l'ex-président a pris en ouvrant frontalement les hostilités avec « une partie de la justice ». Faut-il être sûr de son fait pour s'autoriser une telle vindicte.
Il est vrai que Nicolas Sarkozy a subi un traitement inutilement humiliant. Il est vrai aussi qu'on aurait pu attendre d'une justice impartiale qu'elle se dispense de désigner une juge notoirement hostile à l'ex-chef de l'état pour instruire son dossier. Il est vrai encore que le secret de l'instruction qu'il aurait violé, a largement été bafoué par des fuites dans la presse venant des magistrats eux-mêmes.
Cela suffira-t-il à Nicolas Sarkozy pour convaincre de son innocence alors que, par ailleurs, ses explications dans l'affaire Bygmalion à venir, ont paru bien floues. Une fois de plus, Nicolas Sarkozy compte sur son pouvoir de conviction et de séduction auprès des Français, et plus spécialement des militants de l'UMP, pour lever tous les doutes et enjamber l'hostilité à peine dissimulée de ses adversaires au sein du parti. Car on a bien remarqué qu'à l'exception des inconditionnels, Nicolas Sarkozy n'a eu droit qu'à la sympathie attristée de ses anciens amis. Une sorte d'adieu imprudent ?
La contre-attaque de Nicolas Sarkozy
Une contre-attaque à la mesure de la blessure. Signe de la gravité de la situation quelques heures après sa mise en examen pour « corruption active », « trafic d’influence actif » et « recel de violation du secret professionnel ». Pour la première fois, depuis sa défaite en mai 2012, Nicolas Sarkozy est sorti, ce mercredi soir, de son silence via une interview radiotélévisée à TF1 et Europe 1 enregistrée durant l’après-midi dans son bureau de la rue de Miromesnil à Paris. « Jamais je n’ai commis un acte contraire à l’Etat de droit », s’est-il défendu. Avant de contre-attaquer sur le thème du complot politique et de la victimisation. « La situation était suffisamment grave pour que je dise aux Français ce qu’il en était de l’ instrumentalisation politique d’une partie de la justice » a-t-il dénoncé. Pointant dans la « garde à vue pendant quinze heures » et « les deux dames qui m’ont donné rendez-vous à deux heures du matin » [les deux juges chargées de l’instruction du dossier, NDLR], « une volonté » de l’« humilier. »
Une victime des juges et du pouvoir
Dans le viseur de Nicolas Sarkozy, la validité des écoutes versées au dossier, mais aussi l’une des juges d’instruction, Claire Thépaut, et ceci, parce qu’elle est membre du Syndicat de la magistrature (SM), classé à gauche. La garde à vue aussi, qu’il veut voir comme une mise en cause de l’institution présidentielle. Surtout, comme dans l’idée d’un match retour, Nicolas Sarkozy a pris pour cible l’exécutif. L’ex-chef de l’Etat a fustigé les propos tenus, ce mercredi matin, par Manuel Valls évoquant des « faits graves » et s’est interrogé sur ce que le Premier ministre sait de l’affaire. « Il y a des choses qui sont en train d’être organisées, les Français doivent savoir. Je suis profondément choqué. Est-il normal que mes conversations soient écoutées puis diffusées par des journalistes ? » s’est-il interrogé, suggérant des fuites politiques. « Cahuzac, lui, n’a pas fait une seconde de garde à vue. Est-il normal qu’on ait choisi une magistrate membre du SM dont l’obsession politique est de me détruire ? » a-t-il attaqué. Suggérant comme à chaque rebondissement judiciaire un traitement exceptionnel pour des raisons politiques, lui qui a laissé entendre, après l’éclatement de l’affaire Bygmalion et les soupçons qui pèsent sur un dépassement massif de ses comptes de campagne, qu’il se préparait désormais à prendre la présidence de l’UMP. Il a répété ce mercredi qu'il n'était pas« homme à se décourager devant les vilenies et les manipulations politiques ». Et a ajouté qu’il annoncerait sa décision « fin août début septembre », que c’est « l’intérêt de la France » qui déterminera sa décision.
Si, plus que jamais, le temps judiciaire compromet et contraint son calendrier, cette intervention sonnait comme une descente dans l’arène politique. « Cela démontre sa combativité, sa capacité à décider, tout ce que n’a pas François Hollande à gauche ni aucun des prétendants à 2017 à droite », voulait croire ce mercredi le député sarkozyste, Yves Foulon.
Soutiens prudents voire plus que réservés
EXCLUSIF - Interview de Nicolas Sarkozy sur... par Europe1fr
Certains estiment à l’UMP qu’il ne peut pas faire autrement que se présenter à la présidence de l’UMP, « sinon cela serait un recul face aux juges ». D’autres ne l’imaginent pas en raison des affaires. « La Stasi et l’instrumentalisation politique, c’est comme les allumettes, c’est un argument qui marche une fois », grince un dirigeant. Tous s’accordent à dire que cette mise en examen est une nouvelle épée de Damoclès pour Nicolas Sarkozy. Et pour l’UMP.
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