Est-ce le début d’une prise de conscience ? En promettant de repousser l’entrée en vigueur du compte pénibilité, Manuel Valls a fait plus que donner un gage au patronat : il a montré une prise de conscience de l’état de fragilité dans lequel se trouvent les entreprises françaises, et du sentiment d’exaspération inquiète qui habite leurs patrons.


Est-ce le début d’une conversion ? En commençant à démonter la loi Duflot sur le logement dans ce qu’elle a de plus néfaste pour l’économie, le Premier ministre a fait plus que tirer la leçon du départ des écolos du gouvernement : il a pris acte que l’effondrement de la confiance dans ce secteur avait coûté cher à la croissance française.
On est cependant loin du compte : la somme des erreurs commises depuis deux ans est immense et le balancier est loin d’être revenu à une position raisonnable. En outre, Manuel Valls doit dealer en permanence avec une majorité désunie dont une partie ne vit pas dans le monde réel. Il doit aussi faire avaler à ses interlocuteurs officiels – PS et CFDT en tête – la couleuvre du retour en arrière sur quelques points durs de leurs catéchismes. Cela aboutit à des demi-mesures, des applications progressives, des corrections partielles, des bricolages instables qui ne satisfont vraiment personne. Le cas le plus typique est celui des impôts : après avoir manié avec euphorie l’assommoir fiscal, on nous promet toujours plus de baisse, mais pour une partie seulement des contribuables, et sans réel espoir de retour à un seuil tolérable.
C’est d’ailleurs une leçon pour l’avenir : plus un pays est en crise, plus il est risqué, voire inutile, d’espérer réformer à petits pas, dans un petit consensus de façade, un arrangement d’appareils. Ces combinaisons, quand elles ne sont pas des combines, ne suffisent plus. Le temps manque déjà.