Le Parti social-démocrate allemand, dont les militants ont approuvé ce week-end l’alliance gouvernementale avec Angela Merkel, n’a plus grand chose à voir avec celui qui, sous Gerhard Schröder au tournant du siècle, a libéralisé en profondeur le marché du travail. Le SPD de Sigmar Gabriel n’a qu’une idée en tête : faire oublier son dernier passage au gouvernement et les réformes qu’il a alors menées.
En s’alliant avec lui pour son troisième mandat, Angela Merkel a pris le risque de handicaper durablement l’économie allemande. Ainsi, l’instauration d’un salaire minimum devrait, à elle seule, coûter 1 million d’emplois, selon l’institut économique Ifo du Munich. Mais d’un autre côté, la relance de la consommation qui pourrait s’ensuivre, conjuguée au programme d’investissements publics de 23 milliards d’euros sur quatre ans, devrait apporter un ballon d’oxygène à la zone euro. Le Parti socialiste français qui dénonçait il y a huit mois « l’intransigeance égoïste de la chancelière Merkel » ne peut que s’en réjouir.
Le gouvernement de François Hollande et Jean-Marc Ayrault serait cependant bien avisé de répondre aux dernières décisions de Berlin par des avancées courageuses sur la voie des réformes. Car si l’Allemagne peut se permettre aujourd’hui des mesures redistributives, c’est parce qu’elle a pris il y a dix ans des mesures favorables à la croissance. L’inquiétude vis-à-vis de la France exprimée hier par le gouverneur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, est partagée à Berlin. Les pistes conseillées par le patron de la BCE sont au nombre de trois : restauration de la compétitivité des entreprises et donc allègement des charges, retour à la stabilité fiscale, baisse des dépenses publiques. Quand Angela Merkel se hollandise, Hollande est appelé à se merkeliser. D’urgence.