TOUT EST DIT

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dimanche 14 juillet 2013

L'État français bientôt à court de victimes ?


La France n'a plus d'autre choix que de baisser la dépense publique.
Les parasites et pillards français sont à court de victimes.
La géniale Margaret Thatcher est connue pour avoir déclaré que "le socialisme ne dure que jusqu'à ce que se termine l'argent des autres". Apocalypse Now a lui cette citation emblématique : "J'aime l'odeur du napalm au matin". La situation fiscale en Europe me fait combiner ces deux phrases et je dirai que "j'aime quand les étatistes sont à court de victimes et commencent à se détruire entre eux". Voilà qui est sur le point d'arriver en France.
Le fardeau des dépenses publiques est énorme, avec le secteur public consommant 57% de la production économique. C'est plus que la Grèce ou la Suède ! Si rien n'est fait, la France va plonger dans une crise similaire à la Grèce, les investisseurs perdant confiance dans la capacité de l’État à payer ses factures.
La situation est si mauvaise que même le président socialiste François Hollande affirme qu'il prévoit de réduire les dépenses, mais il fait face dans son propre parti à une révolte de ceux qui refusent de reconnaître la réalité. Voici quelques extraits d'un article du journal britannique The Telegraph :
Le président François Hollande a déjà provoqué la colère de la majorité de sa propre base socialiste avec des plans de réduction des dépenses en termes absolus pour la première fois depuis 1958, mais c'est peut-être juste le début de la bataille. La Cour des Comptes n'est pas encore à mi-chemin de son resserrement budgétaire. "La France s'éloigne. Comme une vague qui s'en va, elle se retire petit à petit de l'économie mondiale, de façon imperceptible dans le passé, mais clairement visible aujourd'hui" déclare Jean-Pierre Letarte, le responsable d'Ernst & Young pour la France. Le gouvernement a prévu une contraction économique de 0,3% cette année avec une reprise faible pour la seconde moitié de l'année. Mais plusieurs économistes du privé craignent bien pire s'il y a un choc extérieur. "Cela pourrait atteindre une récession de 1,5%" a déclaré Jean-Michel Six de Standard & Poor's. M. Hollande a jusqu'ici suivi les demandes d'austérité de l'UE, retirant son engagement pour une stratégie de croissance dans le style du New Deal qu'il avait pris lors de sa campagne électorale. Mais sa cote de popularité s'est effondré plus vite que tous ses prédécesseurs, et la majorité de son parti est proche de la révolte.
Je serais surpris si la France suivait en réalité ce plan de réduction des dépenses, mais vous pouvez voir sur ce graphique que le temps de l'austérité budgétaire devait arriver depuis longtemps.
Pour être un peu optimiste, il faut reconnaître que les États font le bon choix quand il n'y a pas d'autre alternative. La Grèce, par exemple, a réduit ses dépenses trois ans d'affilée, ramenant son budget à 106 milliards d'euro l'année dernière contre 124 milliards en 2009. Malheureusement, il y a aussi eu de fortes hausses d'impôts et le niveau global des dépenses est encore le même qu'en 2007, de sorte que la Grèce est loin d'être un modèle à suivre. Mais au moins, l'ère des dépenses sans cesse croissantes est finie.
J'ai déjà fait remarquer que les pays baltes sont un modèle à suivre car ils ont effectué des réductions de dépenses réelles dès le début de la crise et ils sont maintenant en plein rebond économique.
Je sais que ce sera l'euphémisme de l'année, mais la France ne sera pas la nouvelle Estonie. Au contraire du Parti Libéral Canadien ou du Parti Travailliste Australien, il ne semble pas que le Parti Socialiste français soit prêt à affronter la réalité et faire le bon choix.
La bonne nouvelle, c'est qu'ils n'ont plus de marge pour augmenter les impôts. Les personnes ayant réussi sont déjà en train de quitter le pays en raison du taux d'imposition punitif, et je suspecte que même le président Hollande comprend en privé que la France est du mauvais côté de la courbe de Laffer.
Donc, je m'attends à un combat. D'un côté, nous aurons les étatistes rationnels qui reconnaissent que les réductions de dépenses sont nécessaires pour éviter une crise budgétaire. De l'autre, nous aurons les étatistes irrationnels qui pensent aveuglément que plus d'argent peut être pressé des riches avec une politique fiscale de guerre des classes.
Espérons de lourdes pertes des deux côtés.
P.S. Il y a beaucoup à dire sur la France et j'ai signalé il y a plusieurs années qu'elle était classée parmi les meilleures nations pour la qualité de vie. Mais c'est uniquement si vous êtes déjà riche. Maintenant que le sport national français est devenu l'imposition, les personnes productives voulant devenir riches ont une énorme motivation à partir ailleurs.

La France a contracté le virus de la révolution soviétique


La France est prise d’assaut par les immigrés qui déferlent tel un torrent à la vitesse grand V dans nos plaines et nos vallées. Et comme ils sont déjà bel et bien installés dans nos chaumières, il s’agit de faire régner la paix sociale avec eux en ménageant leurs intérêts respectifs. Alors le comportement de la France qui peut paraître un brin schizofrénique, ne l’est point si on tient compte de mon hypothèse de travail. Pour que la société française demeure en paix et quiétude, il faut absolument et coûte que coûte faire ami-ami et essayer de se fondre en une nouvelle communauté qui puisse s’appeler le nouveau peuple de France. Souvenons-nous : il y a 20 ans, il y avait des pancartes dans les rues. On y lisait : « Ni blanc, ni black, ni jaune… » C’est un peu dans ce sens-là et au nom d’une démographie moribonde que les socialistes ont multiplié leurs efforts allant dans le sens du déblaiement du terrain. L’ennui est que les grands points de cette théorie étaient vides de sens au moment même où ils étaient annoncés, à savoir : même si la démographie française n’est pas au beau fixe, le nombre de citoyens peut très bien décroître sans que l’économie en pâtisse. A l’époque des robots industriels, le bien-être d’un État ne dépend plus de la croissance mécanique de sa population mais plutôt de la qualité de cette dernière. Autrement dit il ne s’agit pas de faire naître les gens mais plutôt de leur inculquer les bonnes manières, leur faire apprendre les sciences et reproduire dans les nouvelles générations les idéaux de la République Française telle qu’elle est connue à travers le monde.
Le problème qui se dresse devant nous n’est pas un problème de religions mais de l’idéologie générale de ceux qui gouvernent la société. Les gens aux commandes sont mus par des idées et ils veulent façonner la vie réelle à l’image du monde idéal qui les hante. Ces idées, puisées très souvent chez les maçons, insistent sur la nécessité de fusionner les populations les transformant en masse mécanique sans mémoire historique et religion, parlant de préférence une version simplifiée de l’anglais.
L’ennui est que le pays, en l’occurrence la France, perçoit cela comme contamination d’un corps biologique avec un virus étranger. Et que se passe-t-il avec un malade qui ait contracté le virus ? La température monte, le corps résiste, vainc l’intrus ou meurt. Vous avez bien compris : l’individu ne peut inclure le virus dans son corps et se transformer en un être d’une nouvelle espèce. Il ne peut que vaincre la maladie ou décéder. Comme disaient les curés, tertium non datur ! Or, les nouveaux idéologues français qui ressemblent beaucoup aux Bolchéviks d’antan, cherchent à créer un nouvel homme, digne « des avenirs qui chantent ». Si quelqu’un n’arrive pas à entrer dans le creuset, il se voit châtié. C’est le cas de Nicolas Bernard-Buss et de bien d’autres jeunes gens limogés lors de la Manif pour tous. Il y en a eu, en tout, plus de 350 personnes sans compter la province. Les dépositions ont fait le corpus d’un rapport d’avocats préparé par le Centre Européen de la loi et de la justice. Il est à savoir d’ailleurs que Bruxelles a classé la France comme le pire pays du point de vue du respect de la liberté d’expression : ensemble avec la Turquie !
Ainsi donc j’affirme haut et fort que la France vient de contracter un virus social pareil à un virus informatique qui, il y a cent ans, a frappé de plein fouet la Russie. Il se peut bien qu’il s’agisse du même type de virus ce qui est fort inquiétant parce que la Russie a fini par sombrer dans le chaos indescriptible qui dégénéra en guerre civile et internationale.
Considérons bien tous les tenants et les aboutissants. La Russie de l’époque de Lénine, tsariste, traditionnelle et mono-culturelle s’est vu imposer la nouvelle doctrine venue de l’Ouest et générée par les cercles maçonniques qui ont donné naissance à la révolution française. On ne connaît que trop bien l’antienne « Liberté ! Egalité ! Fraternité ! » Mais on se souvient très bien des cordées des gens emmenées à la guillotine parce que non conformes avec la nouvelle idéologie. D’ailleurs les Russes blancs du début vingtième se sont fait appeler blancs en mémoire des armées royalistes françaises et de la Vendée qui choisirent le blanc comme couleur de la Vierge et le Sacré-Cœur comme son symbole. Staline, lui, bien que bête d’Apocalypse, a mis fin aux idées trotskistes et transforma la Russie en un Empire du type antique avec esclaves et aristocratie militaire.
Et voilà que cent ans après la révolution d’octobre dans l’Empire russe, on voit les mêmes idées destructrices rebondir en France : liberté pour tous de faire ce qu’ils veulent en France (souvenez-vous : « Nique la France ! »), égalité des nouveaux venus avec les citoyens de souche, fraternité de tous sans religion et frontières... Franchement je peux très bien m’abstenir de combattre cette idéologie parce qu’elle est vouée à l’échec. Les nouveaux venus ne veulent fusionner avec les Français en renonçant à leur langue, culture et religion. Les Français, eux, quoique flasques ces dernières décennies, finiront bien par se réveiller et prendre conscience du danger qui les guette. Les autres peuples européens, enfin, ne se laisseront pas faire et écraseront la nouvelle grande « œuvre au noir ». La seule chose qui, du point de vue d’un sociologue, me tracasse est le délai de la réaction. Plus les Français attendent, plus lourde sera la période de purification et plus sanglante la bataille. Il vaut mieux se dire tout de suite que la France s’est heurtée non pas à un tour de mauvaise gestion, mais à une application froide et calculatrice d’une idéologie qui a déjà parlé sous la Révolution de 1789 et en Russie. Chaque fois cela a dégénéré en un bain de sang. Il est grand temps de se réveiller et commencer à reconstruire le pays au lieu de penser que tout se tassera tout seul et sans coup férir.

Les mots pour le dire

Les mots pour le dire


La gauche a imposé sa dictature sémantique contre certains mots. Mais comment, alors, décrire la réalité ?
Rien de tel pour disqualifier un discours de droite que de le prétendre “droitisé”. Passons sur le paradoxe, et les complexes récurrents qu’il trahit, car à droite autant qu’à gauche la “droitisation” a mauvaise presse. Mais que signifie au juste “droitiser” ? Tout simplement aborder un sujet tabou chez nos élites politiques, intellectuelles et médiatiques, mais qui angoisse le Français ordinaire : les flux migratoires. Le refoulement de cette angoisse menace à terme la concorde civile, rien n’étant pire qu’une peur inavouée. À tort et à raison, nos compatriotes perçoivent très majoritairement l’immigration comme un danger. Ils ont peur d’être submergés par des arrivants trop nombreux et inassimilables. Certes, des fantasmes attisent cette peur, certains liés à la guerre d’Algérie, d’autres au terrorisme islamique, d’autres encore à la perception, confuse mais blessante, d’une sorte d’apologie du cosmopolitisme véhiculée par le discours culturel ambiant. L’insécurité endémique dans les banlieues gagnées par le communautarisme aggrave un sentiment de dépossession dans les classes populaires.
Quoi qu’il en soit de sa genèse, une peur collective est une réalité qu’aucun gouvernant ne doit traiter par le mépris. Depuis les années soixante-dix (chocs pétroliers, lois sur le “regroupement familial”), seul Le Pen a dénoncé une situation qu’en privé et à voix basse des élus de gauche comme de droite estiment lourde de périls. Le Pen s’étant marginalisé, la moindre allusion à l’impact des flux migratoires devint suspecte, pour ne pas dire délictueuse. On victimisa l’immigré, on diabolisa quiconque tirait la sonnette d’alarme. On se gargarisa de débats bidons sur l’“intégration”, l’“assimilation”, les “minorités” pour mieux occulter les questions de fond. Cette occultation a fait la fortune politique du FN. S’il progresse dans les urnes quand l’économie est en panne, la hantise de l’immigration reste le socle de son électorat. Il le gardera aussi longtemps que la classe politique s’obstinera à escamoter ou à minorer ce qui obnubile les citoyens de base.
Convaincue par idéologie que le sujet se résume aux handicaps sociaux des immigrés, la gauche juge inéluctable, voire souhaitable, la métamorphose des peuples européens en un melting-pot “multiculturel”. La droite n’ose démentir ce mélange d’angélisme et de fatalisme, tant elle craint le piège grossier d’une assimilation au “lepénisme”. C’est lâche et dangereux car le déni de réalité favorise tous les amalgames et nourrit tous les ressentiments. On devrait rendre publics le volume des flux, leurs provenances, leurs circuits, leurs effets sur le corps social, les procédés de régulation, le rôle des législations européennes, la situation des sans-papiers et des demandeurs d’asile. On devrait pouvoir se demander publiquement si le “regroupement familial” reste — ou pas — pertinent, si le distinguo juridique entre citoyens et étrangers doit — ou pas — être redéfini, si le “droit du sol” hérité de l’Histoire doit — ou pas — être modifié. Bref, connaître les faits et débattre.
Tout peuple exerce sa souveraineté en décidant quels immigrés il souhaite accueillir, en quel nombre, selon quelles modalités et pour quelle durée ; sinon, ce n’est plus un peuple mais un agrégat. Affirmer cela ne relève ni de la xénophobie, ni de l’hystérie nationaliste. Que le sujet le plus crucial — et le plus obsédant — soit sereinement explicité est l’intérêt évident de nos compatriotes de souche non européenne, victimes au quotidien de confusions humiliantes. C’est aussi l’intérêt de la droite UMP, si elle ne veut pas être débordée par le FN. Le risque existe. Surtout, c’est l’intérêt commun de tous les Français désireux d’en finir avec une hypothèque qui les tétanise. Les propositions souvent sommaires et poujadisantes du FN ne sont pas forcément recevables. Pour autant, elles ne sont pas toutes ineptes. La levée d’un tabou qui les démystifierait serait salutaire. Si cette levée est un symptôme de “droitisation”, ceux qui, à l’UMP, encourent ce reproche ont raison ; l’Histoire les créditera tôt ou tard d’un courage intellectuel plus nécessaire que jamais.

Le mystère Sarkozy

Le mystère Sarkozy


Il y a des explications à la ferveur qui l’accompagne, à la fascination qu’il suscite dans l’opinion, malgré sa défaite, son silence ou ses démêlés judiciaires.
Le patron est revenu à la maison, confiait lundi soir Valérie Debord, l’une des responsables de l’UMP, sur la chaîne LCI. C’est peu dire que Nicolas Sarkozy était attendu par les siens. Pourtant, c’est bien lui qui avait été battu à la présidentielle et désigné comme fautif de tous les malheurs de la France ; c’est sa majorité qui avait sombré aux législatives. En partant, il avait laissé toutes les clés du pouvoir à ses adversaires. Il y avait de quoi lui en vouloir ; la défaite aurait pu l’emporter. Au contraire. C’est le “mystère Sarkozy”.
Il avait su partir avec élégance, en disant aux siens qu’il fallait seulement aimer la France. Puis il s’était retiré de la scène. Mais personne n’en doutait, il restait le recours ; on savait ce qu’il confiait à ses visiteurs, ce qu’il avait en tête — il l’avait dit àValeurs actuelles. Le premier convaincu qu’il aurait à l’affronter à nouveau, c’était François Hollande, même si celui-ci en chassait la perspective lorsqu’il répondait à une petite fille, au Salon de l’agriculture : « Tu ne le reverras plus »… Il était l’homme à abattre, et si possible avant le duel final.
C’est une des ministres de Bercy, Fleur Pellerin, qui a vendu la mèche. Le 13 juin dernier, elle dénonçait au micro de RTL « un système organisé de financement occulte, un système organisé par le précédent pouvoir ». Après avoir cité pêle-mêle les enveloppes de Mme Bettencourt et l’arbitrage pour Tapie, l’argent libyen, les primes Guéant, les rétrocommissions de Takieddine, elle ne s’embarrassait pas de la moindre prudence en posant directement la question : qui était donc le chef de « la bande organisée » mise en cause par les juges dans l’instruction du dossier Tapie (“escroquerie en bande organisée”) ? La dénonciation valait aveu : cette succession d’affaires poursuivait un but exclusivement politique — détruire Nicolas Sarkozy.
Or, malgré sa mise en examen (dans l’affaire Bettencourt) et ces multiples instructions donnant lieu à une vague d’insinuations, il résistait toujours. Lorsqu’il avait été accusé par le juge d’avoir tenté d’abuser de la faiblesse d’une vieille dame fortunée, il avait voulu réagir en public contre une telle indignité ; il y avait renoncé. Mais la décision du Conseil constitutionnel de rejeter son compte de campagne et de taxer, en conséquence, son parti d’une sorte d’amende de 11 millions d’euros, l’a fait sortir de sa réserve. Il s’est brusquement cabré : c’était sa campagne, donc sa responsabilité ; son parti, l’UMP, pouvait être asphyxié, il fallait parler.
Lundi dernier, au siège de l’UMP, il a été accueilli comme le “patron”, soutenu par un puissant mouvement de ferveur et d’émotion, lequel se traduisait par un afflux de dons à la souscription tout juste ouverte. Mouvement qui exprimait à la fois une révolte contre un sentiment d’injustice, et l’admiration des militants pour celui qui décidément ne se laissait pas abattre. Il avait bien fait de ne pas céder, le soir du 6 mai 2012, à la tentation de se livrer, comme Lionel Jospin dix ans plus tôt, à des déclarations définitives sur ses adieux à la politique.
Mais il y a d’autres explications à la ferveur qui l’accompagne, à la fascination qu’il suscite, malgré sa défaite, son silence ou ses démêlés judiciaires. Sa famille a traversé une année de secousses, comme toutes les armées au lendemain de batailles perdues. Elle s’est d’abord jetée dans la désastreuse compétition Copé-Fillon, qui a laissé le parti au bord de l’explosion ; puis elle s’est donnée à fond dans les défilés de La Manif pour tous, qui sonnaient comme une reconquête de la rue sans pour autant faire plier le pouvoir ; enfin, elle a voté massivement pour tourner la page : elle a installé Copé, tout en respectant Fillon, Le Maire ou Juppé, du moment que dans l’ombre demeurait le “patron”.
« Après dix années de défaites électorales — à l’exception de 2007 —, il est temps de renouer avec la victoire », dit Copé en pensant aux municipales et aux européennes de 2014, enjeu plus urgent que la présidentielle de 2017. Déjà, les législatives partielles, et même les cantonales partielles (la plus récente étant celle de Mantes-la-Jolie, ce dimanche), donnent un avant-goût de ce désir de victoire.
Ce “mystère Sarkozy”, qui sort renforcé de ses échecs et toujours plus populaire, se résume en définitive à la combinaison de deux forces propres à sa personnalité : l’énergie et la volonté. Quand il dit que la seule bataille qui vaille est celle du renouvellement des idées, sa famille y trouve ce qu’elle cherche depuis longtemps : un motif d’espoir pour rompre avec le sortilège de la défaite.

Tu seras bienvenu chez moi...


Le droit au logement s'étend désormais aux logements occupés. On ouvre votre porte, change la serrure, et on installe chez vous quelqu'un d'autre.
Ce n'est sans doute pas légitime, sans doute pas légal, mais c'est ce que font aujourd'hui les militants du Droit Au Logement. Pleins d'empathie et de compassion pour les mal-logés, un peu moins pleins d'empathie et de compassion pour les octogénaires, ils ont investi un logement non vacant dont la propriétaire avait eu le malheur de s'absenter quelques semaines. Lors de son retour à Bordeaux, son immeuble était occupé par des Bulgares.
Pour son avocat, Odette Lagrenaudie est victime du DAL (Droit au logement), une association indépendante s’occupant des sans-logis et des personnes expulsées. Ce seraient eux qui auraient décidé de « réquisitionner » le logement de la personne âgée pour y installer les deux familles bulgares sans logis ni titres de séjour. L’avocat va même plus loin, et accuse le DAL d’avoir forcé la porte de l’appartement pour y installer les sept personnes, tout en négligeant les preuves de son occupation. « Il restait tous les meubles de ma cliente, ainsi que de la vaisselle dans les placards. »
Une version que le DAL conteste. Selon l’association, l’immeuble présentait tous les signes d’un logement abandonné. « La porte d’entrée du bâtiment était ouverte depuis plusieurs semaines, et il ne restait presque aucun effet personnel à l’intérieur. Il n’y avait pas de vêtements dans les penderies et les pièces à vivre portaient de nombreuses marques de vétusté », explique Raphaëlle Reix, militante du Droit au logement. Suffisant pour décider d’y installer ces familles sans solution d’accueil. Un empressement dont la militante s’excusera tout de même face à Odette Lagrenaudie, lui assurant ne pas l’avoir fait « à son encontre », persuadée que l’immeuble était abandonné.
Logement un peu vide et un peu vétuste : pouf, réquisition !
Inutile de s'attarder sur la bêtise sans nom des militants, qui ne prennent pas le temps de vérifier que le logement est inoccupé. Se renseigner auprès des voisins aurait sans doute pris trop de temps, et l'urgence était grande : les familles bulgares n'avaient pas de solution d'accueil.
C'est maintenant la propriétaire qui est sans solution d'accueil ; elle loge à l'hôtel. La propriété privée n'est pas vraiment sacrée, après tout. Sans doute y a-t-il des millions de mal-logés dans le monde, auxquels le DAL sera ravi d'offrir votre logement pendant que vous partirez en vacances - surtout si vous emportez avec vous vos vêtements et que le logement paraît presque vide.
La récupération politique est presque aussi rapide qu'à la mort d'un antifasciste violent à la sortie d'une vente privée.
Ambiguïté de la préfecture. Pour Fabien Robert, maire-adjoint du quartier, cette histoire ubuesque est une conséquence directe du manque de cohérence de la préfecture, qui a choisi de ne pas accorder de titre de séjour à cette famille sans pour autant l’expulser du territoire français.
Il s'agirait d'une conséquence de la décision de la préfecture, qui aurait le choix seulement entre accorder un titre de séjour et expulser du territoire. Le DAL ne semble même pas envisager de demander à ses nouveaux amis bulgares de quitter les lieux pour rendre son logement à sa propriétaire - ce qui semblerait logique à toute personne censée.
Il semblerait que le bon sens a disparu. On peut expulser le propriétaire d'un logement, mais pas ses occupants aussi illégaux qu'illégitimes. On peut se prendre de compassion pour des mal-logés, mais pas pour une octogénaire expulsée.
Il faut attendre d'être nonagénaire et expulsée d'une maison de retraite privée pour attirer un peu de compassion. Mais quand on est seulement octogénaire, on ne peut pas espérer retrouver son logement en l'état, ou conserver le chauffage l'hiver quand on tente de produire soi-même un peu d'électricité. L'âge n'est pourtant pas le critère qui détermine la compassion ; ce critère, c'est la propriété dans certains cas ou l'obéissance à l’État.
Tout, si on le fait pour des démunis, devient moral. C'est le beau credo de la morale altruiste ; on en vient presque à se demander si les militants du DAL n'ont pas tenté de soutirer une petite larme de pitié de l'octogénaire pour les nouveaux occupants. Comprenez, en plus d'être mal logés, ils n'ont rien à faire là et ont fait un long chemin pour enfin pouvoir loger chez l'habitant, sans l'habitant.
La propriété vous placera donc systématiquement du mauvais côté de l'empathie, du mauvais côté du jugement. Que certains principes moraux et droits inaliénables soient bafoués ne pose plus vraiment problème, et les médias seront sans doute plus sensibles au délogement des nouveaux occupants qu'au sort de la vieille dame.
Le collectivisme nouveau est arrivé, celui de militants pleins de ferveur et convaincus de la justice de leur action qui remettent en cause les droits individuels pour donner la priorité à leur conception de la morale. Tous auront le sentiment d'obéir à une justice supérieure quand ils arrachent des plants de maïs ou réquisitionnent des logements occupés, certains n'hésiteront pas à manifester contre un ennemi fasciste fantasque qu'ils incarnent mieux que quiconque, à affronter la police pour dénoncer la violence.
Ils ont raison : ce qui compte dans la bataille des idées, c'est la cohérence. Les plus collectivistes, les plus violents et les plus actifs, l'emporteront sur les collectivistes modérés qui veulent bien qu'on leur prenne plus de la moitié de ce qu'ils produisent, mais aiment retrouver leur logement dans l'état où ils l'ont laissé.
Espérons tout de même que les vacances des Français seront bonnes, et que la plupart d'entre eux retrouveront leur logement à leur retour.

Hollande, le grand méchant mou

Hollande, le grand méchant mou


Sacré François Hollande : en limogeant brutalement la sympathique mais dérisoire ministre de l'Écologie, Delphine Batho, il aura presque réussi à nous faire croire qu'il était un homme fort, fût-ce en manquant singulièrement de sens démocratique pour un président de la République se réclamant de la gauche. 
Je dis bien presque. Car, dans le même temps, François Hollande n'a pas dit un mot, lors de sa toute récente visite en Tunisie, en faveur de la pauvre Amina, activiste au sein des Femen, arbitrairement emprisonnée dans une sordide geôle de Tunis, depuis maintenant plus d'un mois, pour avoir osé montrer ses seins nus à la face barbare de ces fondamentalistes islamistes et autres intégristes salafistes qui ont honteusement volé les vrais révolutionnaires, sans que ce même Hollande pipât mot, là encore.
Pis ! Pas un mot non plus, de la part de Hollande à l'encontre de Barack Obama, président d'une Amérique que les puissances occidentales présentent sans rire comme la plus grande démocratie du monde (tandis qu'elle pratique largement cet assassinat d'État qu'est la peine de mort et que son armée s'avère la plus belliqueuse du monde). Et ce, alors qu'il entend pourchasser coûte que coûte ceux-là même, tels Julian Assange ou Edward Snowden, qui ont révélé à la planète entière à quel infâme délit d'espionnage se livrent aujourd'hui ces mêmes États-Unis, à l'encontre de leur principal allié politique de surcroît, l'Europe.

Un hypocrite et un double langage

On l'admettra donc aisément : le paradoxe s'avère énorme, pour un François Hollande qui se revendique socialiste ! Ainsi assiste-t-on aujourd'hui, abasourdi par le tintamarre de pareille hypocrisie, à cette autre et encore plus incompréhensible contradiction : Hollande, d'un côté, demande très légitimement des explications à Obama pour cette innommable forfaiture et, de l'autre, laisse croupir sans broncher Snowden, jusqu'à lui refuser tout asile, dans la zone de transit de l'aéroport de Moscou.
C'est dire l'ampleur, mais surtout le déshonneur, de ce double et pathétique langage : de Gaulle, qui fit autrefois de la souveraineté nationale la grandeur de la France, doit se retourner aujourd'hui dans sa tombe, tandis que Voltaire, qui fit jadis de l'esprit d'indépendance le principe même des Lumières, doit se désespérer, en ces temps de pensée aussi molle que la cervelle de bien de nos responsables politiques.
Est-ce pour se persuader de son illustre mais illusoire pouvoir que François Hollande vient donc d'expédier hors de son gouvernement, par la plus expéditive des méthodes justement, la pauvre Delphine Batho, facile et commode bouc émissaire des frustrations et autres complexes présidentiels, plutôt que d'oser tenir tête à Obama en accordant l'asile à Edward Snowden ? Il est vrai, concédons-lui le bénéfice du doute, qu'il est forcément difficile aujourd'hui, pour un nain de la politique française, de s'adresser à un géant de la diplomatie américaine...
Devant pareille et indigne ambiguïté comportementale de la part de l'actuel président de la République (sa fausse force face à Batho mais sa vraie faiblesse face à Obama), il ne me vient désormais plus à l'idée, pour qualifier ce vaisseau fantôme qu'est ce hollandais volant (Richard Wagner me pardonnera), qu'un mot : le grand méchant mou. Autant dire qu'il s'agit là d'un vaudeville tragi-comique bien plus que d'un opéra, sinon, comme diraient Bertolt Brecht et Kurt Weill, de quat'sous !
* Philosophe, auteur de Philosophie du dandysme - Une esthétique de l'âme et du corps (Presses universitaires de France), Oscar Wilde (Gallimard - Folio biographies), Du beau au sublime dans l'art - Esquisse d'une métaesthétique" (Éditions L'Âge d'Homme/Académie royale des Beaux-Arts de Liège)

Hollande: un 14 Juillet placé sous le signe de l'impopularité


Le président de la République renoue dimanche avec la traditionnelle interview télévisée depuis l'Élysée.
Rien que du très classique. Après avoir cherché à innover, François Hollande revient aux fondamentaux. Dimanche, le chef de l'État accordera le traditionnel entretien du 14 Juillet depuis l'Élysée. Prévue pour durer trente minutes, l'interview, conduite par Claire Chazal (TF1) et Laurent Delahousse (France 2), se tient moins de 48 heures après le déraillement de Brétigny-sur-Orge. Elle intervient également à peine un mois après sa dernière émission télévisée sur M6 qui fut un flop. Mais qui n'a pas découragé l'Élysée, où l'on considère toujours que François Hollande est le seul à pouvoir être entendu des Français.

Hollande a quand même hésité, dubitatif sur l'intérêt de l'exercice. «Je vais être interrogé sur tout», a-t-il confié à son entourage, en anticipant et en regrettant à l'avance les questions sur l'éviction de Delphine Batho du gouvernement ou sur le retour potentiel de l'ancien président Nicolas Sarkozy. D'autres formules ont été évoquées. Mais il s'est finalement rallié à l'idée qu'il devait parler directement. «Ne rien faire aurait été tout aussi critiqué», estime un responsable du PS. François Hollande est pris au piège par le système: il doit s'exprimer même s'il n'a rien de nouveau à dire.
«La question n'est pas de savoir si c'est une bonne idée de parler, c'est une nécessité, c'est une tradition», explique son compagnon de route et conseiller, le maire de Quimper Bernard Poignant. «Le 14 Juillet, c'est le jour où il faut marquer la solennité de la fonction. Ce jour-là, c'est qui est solennel, c'est ce qui est normal», insiste-t-il.
Le chef de l'État parlera donc, et il parlera de l'Élysée, revenant sur une de ces promesses de campagne qui devaient le distinguer de son prédécesseur. En 2012, François Hollande avait ainsi reçu les journalistes à l'hôtel de la Marine. Après s'être tenu à distance des symboles du pouvoir, Hollande veut montrer aux Français qu'il incarne bien la fonction. «De plus en plus de gens lui disaient qu'il n'était pas nécessaire d'aller ailleurs qu'à l'Élysée», explique Bernard Poignant.
Le décor facilite-t-il la perception du message? Ainsi les conférences de presse à l'Élysée ont-elles été à chaque fois plus réussies que les entretiens télévisés, trop confus. Le problème de communication de l'exécutif n'est toujours pas résolu. «Si on avait un message commun, on pourrait le marteler», explique un ministre en constatant l'absence de coordination. Et la porte semble toujours ouverte aux couacs. Dernier exemple en date, l'échange entre le nouveau ministre de l'Écologie, Philippe Martin, et celui du Redressement productif, Arnaud Montebourg, sur les gaz de schiste.
Dimanche, le chef de l'État devrait dire encore et encore que l'inversion de la courbe du chômage est possible. Mais même au sein de son propre camp, cela ne suffit pas. «Avec les emplois aidés, on peut y arriver. Mais cela ne résout pas la question de l'orientation politique», soupire un député. Les proches du chef de l'État, eux, font bloc. «Changer de cap serait une erreur», a expliqué, au Monde, le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll avant d'ajouter. «Notre discours, lui, doit changer. Nous devons désormais beaucoup plus positiver et valoriser ce que nous avons fait.» Au PS, on s'inquiète que François Hollande, par conservatisme et prudence, se replie sur lui-même et son premier cercle. La situation est jugée socialement alarmante par certains et réclamerait un changement de ligne.
Le président de la République, toujours aussi calme, écoute les remarques, reçoit intellectuels et élus, mais réfute toute inflexion: ni Bruxelles, ni les marchés ne l'accepteraient. Mais le discours de l'exécutif ne passe toujours pas auprès de l'opinion. Après un léger sursaut, la cote de popularité du chef de l'État est retombée au plus bas. À 30 %, moins trois points dans l'Ifop. Et selon l'institut BVA, François Hollande est jugé capable de prendre les bonnes décisions par seulement 30 % des Français. «Le cap est difficile alors pour beaucoup de Français il n'est pas agréable à leurs oreilles», analyse Bernard Poignant.
Après l'interview, dimanche, François Hollande recevra à déjeuner quelques personnalités, comme le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, ou le président malien par intérim Dioncounda Traoré. Puis le chef de l'État se rendra à Boulogne-sur-Mer, à l'occasion de la Fête de la mer.

Défilé du 14 Juillet: Hollande hué et sifflé




    Direct du défilé du 14 Juillet 2013 - LIVE par france2

    Caillassage des secours à Brétigny-sur-Orge : le retour des détrousseurs de cadavres


    Après la catastrophe ferroviaire, les hyènes et les chacals... Mais dans quel pays vivons-nous ?
    Un certain M. Frédéric Cuvillier occupe les fonctions de ministre des Transports. Es qualités il a été amené à réagir aux scènes révoltantes qui se sont déroulées au milieu des cadavres, des blessés, et des wagons disloqués. Chacun de ses mots mérite d’être cité. Des pompiers ont été caillassés. Dans la bouche de M. Cuvillier ça donne : « l’accueil des pompiers a été un peu rude » ! « Un peu rude » ? « Rude » selon la préciosité langagière de ce ministre de la République cela voudrait sans doute dire que des pompiers auraient été blessés… Et « très rude », que des soldats du feu auraient été tués... Rien de tel et on comprend le « ouf » particulièrement écœurant de M. Cuvillier.
    D’après ce dernier il n’y a pas eu, à sa connaissance, de « pillage organisé ». Juste des « cas isolés » et « un vol de portable ». Re « ouf ». Des hyènes et des chacals – c’est-à-dire une trentaine de « jeunes » – étaient à l’œuvre à Brétigny-sur-Orge. La force de l’habitude sans doute, et quand l’habitude est forte on ne va quand même pas s’arrêter à quelques cadavres et blessés. Mais M. Cuvillier, et d’autres, nous demandent de nous habituer à ces habitudes. Car, évidemment, il ne s’est rien passé de très grave à Brétigny-sur-Orge. Des cas isolés… En effet, comme chacun sait, il serait assez naturel, dans l’ordre des choses, qu’après une catastrophe, un incendie, une dramatique collision de voitures, des « jeunes » viennent se livrer à l’exercice de la dépouille… Mais qu’ont-ils donc dans les tripes sinon la haine ? Et qu’ont-ils donc dans la tête sinon le plus visqueux des appâts du gain ?
    Jérôme Guedj, député du coin, (socialiste mais d’une autre façon que M. Cuvillier) a, lui, trouvé les mots justes pour qualifier ces « jeunes » : « de sombres crétins inhumains ». Une partie de ce diagnostic pourrait fort bien s’appliquer à M. Cuvillier.

    Alliés rebelles, grogne du PS et fuite des conseillers du gouvernement : qui croit encore à François Hollande ?


    A la veille du 14 juillet, le président apparaît de plus en plus isolé, y compris dans son propre camp. Un article du Monde intitulé "Les impasses du hollandisme" révèle que certains conseillers et certains cabinets ministériels, qui s'affichent pourtant comme "socialistes", doutent de la capacité de François Hollande à réformer le pays.

    A la veille du 14 juillet, un article du Monde intitulé Les impasses du hollandisme révèle que le président de la République est de plus en plus isolé, y compris dans son propre camp. Un an après son élection, qui croit encore à François Hollande ? Alors que le PS est sur le point de perdre la majorité absolue à l'Assemblée nationale, François Hollande dispose-t-il encore d'alliés politiques ?

    Serge Federbusch : Le doute s’est en effet répandu jusqu’au parti socialiste car les militants et les élus se rendent compte, qu’à part attendre un retournement miraculeux de la conjoncture économique, Hollande n’a pas de stratégie. Les élections municipales se présentent mal et, comme le PS est avant tout un réseau d’élus locaux, la crainte d’une déroute monte et beaucoup, qui sont des élus professionnels, ont peur de perdre leur gagne-pain.
    Verts et Radicaux de gauche, pour ce qui les concerne, sont montés dans une galère qu’ils hésitent à quitter. Le score minable des écologistes à la présidentielle et aux législatives fait qu’ils pouvaient s’estimer plutôt bien traités par les socialistes au moment des investitures et de la formation du gouvernement.
    Paradoxalement, la forte impopularité du pouvoir les conduit désormais à rester dans les ministères plus qu’ils ne le souhaiteraient : ils craignent une véritable débandade s’ils s’en vont maintenant car ils sont déjà trop «mouillés» avec le PS. Partir ne leur permettrait plus de se démarquer des socialistes en temps utile pour éviter la sanction qui va s’abattre sur la gauche. A ce désaveu collectif s’ajouterait les conséquences de leur isolement et ce serait un désastre complet au moment des municipales. Dans certaines villes, comme à Paris, les Verts ont pris goût au confort des délégations d’adjoints et renonceraient difficilement à ces avantages matériels.
    Louis Vergeat : Tout d'abord, Bruno Le Roux ( actuel président du groupe PS à l'Assemblée ) et le très habile Alain Vidalies ( ministre des relations avec le Parlement ) sont des poids lourds, de vraies statues de marbre très mobiles et agiles : elles sauront trouver des majorités de circonstances si la majorité absolue n'est plus détenue par les hommes et les femmes encartées rue de Solférino. Évidemment, qui dit circonstances ne dit pas cohérence de la politique menée ce qui renforcera l'impression de valse-hésitation que donne le pouvoir issu des urnes le 6 mai 2012.
    Qui croit encore à François Hollande ? Tout le monde y croit mais pas pour ce qui était prévu. Tout le monde croit désormais que c'est un homme politique et non un chef d’État. Tout le monde croit que c'est le patron erratique d'une boutique là où nous attendions un président de la République ! Les sondages loyalement commentés par le socialiste François Kalfon montre l'érosion phénoménale de l'électorat dans des vraies bastions de gauche ou même chez les 18-25 ans. Qu'un ami de Christian Clavier qui surplombe Saint-Cloud n'adhère pas à ce que décide le président est une chose, mais là c'est Jack Ralite et Aubervilliers ou Dominique Voynet et Jean-Pierre Brard à Montreuil qui n'y croient plus.
    Concrètement, il y a une partie importante, près de 20%, du PS qui regarde ailleursavec en tête de fortes têtes (et des têtes bien faites...) comme le sénateur de la Nièvre Gaëtan Gorce et Marie-Noelle Lienemann. C'est une vraie opposition que ce cher Monsieur Désir n'arrive pas à canaliser ni même à endiguer. Toujours très concrètement, il y a une écrasante majorité du Front de gauche et des écologistes qui, eux aussi, ont quitté le " capitaine de pédalo " pour reprendre le terme plus que terriblement taquin de Jean-Luc Mélenchon. Pour l'opinion, il est clair que des oreilles se tendent de plus en plus vers le discours de Jean-Vincent Placé ou de Jean-Luc Mélenchon. Et ce sont des as de la rhétorique par rapport à Madame Delaunay ou Pierre Moscovici...
    Pour être cru dans l'opinion publique, il ne faut pas avoir des ministres qui laissent recuire leurs aigreurs en public. Pour être crédible auprès du peuple dont on est le leader institutionnel légitimement élu, il faut savoir l'incarner et se garder de trop de petites blagues ou de lapsus infernaux (voyages au Japon et à Tunis : confusion avec la Chine puis l'Egypte).
    Certains soirs, quand la fraîcheur s'abat sur les jardins du palais de l’Élysée, un homme assez seul par la fonction et isolé par sa méthode de gouvernement doit rêver de casser les codes et de se construire une vraie majorité. Le problème c'est que dire " flûte et re-flûte " sur sa gauche lui ferait perdre bien des mairies là où le centre et ses multiples représentants n'ont pas le poids de Bayrou 2012 ou de Lecanuet 1965.
    Eric Verhaeghe : Sa position est extrêmement compliquée, dans la mesure où il est pris en tenaille. Sur sa gauche, sa base s'effrite jour après jour. Cela fait un bout de temps que Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche lui savonnent la planche avec une constance de lavandière un jour de grande lessive. Souvenons-nous de la théorie du capitaine de pédalo gracieusement développée par Mélenchon qui fait payer à Hollande des années de mépris. A l'époque pas si lointaine où Mélenchon était au Parti Socialiste et où il dressait l'éloge mode Staline de François Mitterrand, il était considéré comme un minable petit gauchiste par l'aristocratie du Parti et par les petits marquis dont Hollande était un brillant prototype. Mélenchon fait aujourd'hui lourdement payer à Hollande l'addition de ces années d'humiliations. Il est progressivement rejoint par ses amis de l'Essonne, qui sont restés au Parti Socialiste dans l'espoir d'obtenir un maroquin, et qui scient la branche sur laquelle la majorité est assise pour obliger le Président à leur donner ce maroquin qu'ils n'ont pas eus. Je pense notamment à Jérôme Guedj qui se verrait couronner par un poste au gouvernement, et qui est prêt à soutenir les pires aberrations économiques pour y parvenir.
    Les Verts commencent à comprendre le prix à payer pour l'accord qui leur a permis d'obtenir un nombre de députés très supérieur à leur représentativité réelle. Ils jouent les faire-valoir et les marche-pieds, et Hollande, avec son habileté de vieux loup mitterrandien, les use sans vergogne jusqu'à ruiner leur crédibilité. Quand une Cécile Duflot reste au gouvernement après le limogeage houleux de Delphine Batho, elle s'épuise tant en interne qu'aux yeux de l'opinion publique. Elle accrédite l'idée selon laquelle la gamelle ministérielle est tellement goûteuse qu'elle vaut quelques reniements sur des sujets comme les gaz de schiste. 
    A coup sûr, entre Hollande et les Verts, il y a une grande histoire de détestation. C'est une sorte de mariage de raison entre des époux qui n'ont aucun désir l'un pour l'autre, mais qui calculent en permanence le prix de leur séparation. 
    Il ne reste à François Hollande que les radicaux de gauche, puisqu'il a fait le choix de ne faire aucun geste vers Bayrou. Le problème avec les radicaux de gauche tient tout entier à ce qu'ils sont : une cabine téléphonique de France Télécom perdue dans un coin de campagne. Tout le monde trouve cela sympathique, cela rappelle de bons souvenirs, mais cela ne fait pas une majorité. 
    Maintenant, je modérerais tout cela en rappelant que nous sommes en 2013, et que la classe politique est d'abord sélectionnée sur sa capacité à ramper et à se laisser corrompre. Si François Hollande décide de tirer les dés et de refaire un gouvernement sur une assise plus large, j'imagine que ceux qui le vilipendent aujourd'hui seront les premiers à se ruer sur la voiture de fonction et le prestige de l'uniforme. Regardez Montebourg, et vous comprenez que l'honnêteté et la droiture, plus on en parle, moins on la pratique.
    Xavier Chinaud : Pour commencer n'affirmons pas que le PS est sur le point de perdre la majorité à l’Assemblée Nationale, moins de dix élections partielles ont eu lieu, perdues par l'exécutif effectivement (comme pour chaque gouvernement dans le passé) mais le Conseil Constitutionnel a fini son travail de juge des élections sur le renouvellement général de 2012 et la loi sur le non-cumul des mandats ne s'appliquera pas avant 2017.
    Qui croit encore en F.Hollande, sans doute plus autant de ceux qui l'ont élu, donc plus une majorité de Français, mais qui croit aujourd'hui en une alternative possible ? Entre l'irresponsabilité des extrêmes, de la "gauche dure" au FN, et la "guerre des chefs" à l'UMP, les déçus nourrissent d'avantage l'idée du vote blanc ou de l'abstention.

    Depuis le début de son mandat, l'action du gouvernement est parasitée par le débat autour de "la ligne économique" à suivre : sérieux budgétaire ou relance. François Hollande doit-il changer de cap ?

    Serge Federbusch : Il n’y a aucune marge de manœuvre en matière de relance. Le déficit budgétaire, du fait de la récession en cours, dépassera allègrement les 4 % de PIB en fin d’année. Cela ne m’étonnerait guère qu’il soit proche de 5 % en définitive.
    La vraie question serait d’obtenir une baisse substantielle du taux de change de l’europour desserrer une des contraintes inutiles qui pèsent sur l’économie française. Mais Hollande, en évitant le bras de fer sur ce sujet avec Merkel quand il a été élu, s’est immédiatement placé en position de faiblesse pour y parvenir. Le piège s’est refermé : si les marchés se disent soudain qu’il abandonne sa politique d’obéissance à la BCE et à l’Allemagne, ils nous réclameront des taux d’intérêt au minimum équivalents à ceux de l’Espagne ou de l’Italie. Pour ne pas sombrer, Hollande devrait alors soit pratiquer une cure d’austérité drastique au risque de troubles sociaux, soit laisser l’euro exploser. Dans un cas comme dans l’autre, on peut douter qu’il ait l’épaisseur politique pour faire face à de telles situations. Il n’aurait du reste plus la majorité au parlement pour le suivre et devrait en appeler au peuple qui le renverrait en Corrèze.
    Louis Vergeat : Au strict plan maritime, il faut changer de cap, éviter les rochers affleurants et les mines dérivantes puis reprendre le cap. Autrement dit, tant que l'Europe sera en quasi-récession, il faut lâcher du lest sur le pouvoir d'achat via notamment une redéfinition habile des taux de TVA ( d'ici à 6 mois ), user jusqu'à la corde le frêle Monsieur Ayrault puis préparer l'arrivée de c-o-m-p-é-t-e-n-c-e-s du style de Pascal Lamy qui a une calculette dans la tête là où Monsieur Moscovici l'a au fond de son luxueux porte-documents de marque. Parallèlement, il est urgent d'accomplir ce choc de compétitivité issu des travaux de Louis Gallois qui remonte à octobre 2012 : des mois perdus ! Que fait le pouvoir ?
    Eric Verhaeghe : En fait, je ne sais pas quel est son cap. Plus que jamais, on constate un divorce structurel entre la parole politique et les actes. D'un côté, il y a une série de rodomontades sur le Crédit Impôt Compétitivité, et autres balivernes supposées nous rendre de la compétitivité. De l'autre, il y a la triste réalité des faits : les déficits dérapent, et le gouvernement promet des milliards d'économies sans avoir la moindre idée de la façon d'y arriver. Le cas des dépenses publiques est emblématique: la modernisation de l'action publique (la MAP) qui est supposée en assurer la diminution se résume aujourd'hui à des élucubrations d'énarque à peine sorti de l'école, et qui n'a jamais vu de près le moindre usager du service public.
    Si François Hollande doit changer de cap aujourd'hui, c'est bien du cap de l'omelette sans casser d'oeufs. En réalité, pour sauver le régime, il faudrait une politique claire et expliquée aux Français, avec une destination que chacun puisse comprendre, même s'il ne l'approuve pas. François Hollande fait l'inverse: il ne veut froisser personne, sous prétexte qu'il ne faut pas carboniser une réforme. Mais l'idée que la politique se résume à annoncer en permanence qu'aujourd'hui on rase gratuit, sauf pour les méchants qui sont hostiles au mariage gay, est une erreur d'analyse.  
    Il faudrait ici comparer la méthode Merkel qui est carrée, réfléchie, limpide, raisonnée, et la méthode Hollande qui est infantilisante et quoiqu'il arrive agaçante. Prenez l'exemple des retraites. De deux choses l'une : soit François Hollande sait où il va mais il ne veut pas le dire, et cette infantilisation est indigne d'un peuple où 80% d'une classe d'âge décroche le baccalauréat. Soit il ne sait réellement pas où il va, et là, nous avons un problème. 
    Xavier Chinaud : François Hollande a choisi la politique "des petits pas", opposer relance et sérieux budgétaire est une forme de leurre, l'objectif est déclaré mais les vents sont contraires et n'ont pas de couleurs politiques. Le président commande un navire et tire donc des bords entre une politique nécessaire qui n'est pas celle de sa base électorale et pas toujours celle qu'il a défendu pendant sa campagne et une coalition politique fragile du Front de gauche au front écologiste.
    Les propos de tels ou tels membres de la majorité sur la politique suivie relèvent bien plus de la posture politique personnelle que d'un débat politique sérieux ; c'est d'ailleurs un classique de la 5eme république .

    L'article du Monde révèle que certains cabinets ministériels et conseillers, qui s'affichent pourtant comme "socialistes", doutent de la capacité de François Hollande à réformer le pays. Le président de la République est-il lâché par son administration ? Pourquoi ?

    Serge Federbusch : La technostructure énarchique y compris de «gauche», dans sa grande majorité, n’a toujours rien compris. Il est inutile de tenter de réformer la France dans le cadre excessivement contraignant de la politique monétaire européenne actuelle. C’est courir un marathon avec des semelles de plomb. Les réformes libérales dont la France a cruellement besoin ne seront possibles qu’en s’affranchissant du diktat de la BCE. C’est le paradoxe politique auquel aucune offre partisane n’est malheureusement aujourd’hui en mesure de répondre.
    Louis Vergeat : Quand vous sortez de l'hôpital après une fracture imposante, il vous est prescrit de la rééducation. La France va mal et ses citoyens souffrent. Il faut donc les manier avec délicatesse ce qui suppose d'éviter les discours contradictoires et anxiogènes. Ce pouvoir aura tout fait pour nous donner le tournis. Alors évidemment, comme l'aurait dit le Général de Gaulle certains vont " à la soupe ", d'autres plus avisés se disent que le pédalo montre une fuite de flotteur et qu'il est urgent de se recaser habilement. Le président Hollande est respecté et obéi par notre administration qui est loyale. En revanche, plus on se rapproche des cercles intimes du pouvoir, plus l'inquiétude se répand et plus les éclats de voix sont là ! Fermons les yeux quelques secondes et louons un véhicule de location ayant pour passagers Aurélie Filipetti, Bernard Cazeneuve, Arnaud Montebourg, Benoit Hamon et François Hollande. " See what I mean...".
    Eric Verhaeghe : Je révèle un secret de polichinelle en rappelant que la majorité des militants socialistes considérait François Hollande comme un incapable, en tout cas comme totalement incapable d'être Président. Un an de pouvoir les a confortés dans leur opinion. Le problème de Hollande est que, à force d'être courtisan, il a perdu le sens des réalités. Il s'entoure de béni-oui-oui sans envergure qui lui disent ce qu'il a envie d'entendre. Tout ce petit monde a l'illusion que les problèmes de la France se résoudront à force de technicité et d'expertise microscopique, alors qu'il nous faut des vues larges et avisées. Tout cela tient d'abord à un problème de recrutement et de sur-représentation des énarques dans les couloirs du pouvoir. Dans le cadre de la loi sur la transparence de la vie publique, le Président aurait dû interdire aux fonctionnaires d'effectuer un passage en cabinet ministériel sans quitter la fonction publique, au moins temporairement. 
    Résultat : les cabinets sont peuplés de petits marquis qui se servent allègrement et considèrent qu'ils ne sont redevables de rien. Quoiqu'il arrive, ils sont intouchables. Beaucoup, me semble-t-il, anticipent un remaniement ministériel en septembre et n'ont qu'une idée en tête : se recaser en faisant une culbute salariale. Ce n'est pas avec un état-major aussi cupide et court-termiste que l'on dirige un pays comme la France. 

    Xavier Chinaud : Il ne faut pas confondre "Administration" et cabinets ministériels, leurs qualités et défauts ne sont pas les mêmes. Concernant les cabinets, l'inexpérience politique ou une pratique gouvernementale datant de Lionel Jospin, voire de François Mitterrand, est flagrante dans un certain nombre de cas. Certains de ses membres devraient se souvenir que leur rôle est de servir et non de commenter, qu'avec des doutes et sans valeur ajoutée il faut démissionner et que gouverner ne supporte ni la fébrilité ni les "y'a qu'à - faut qu'on".
    À défaut d'un "spoil system" assumé dans notre pays, qui conduirait pour chaque formation politique prétendant exercer le pouvoir à préparer en amont ses projets de reforme avec des hauts fonctionnaires alliant l'expertise à la volonté, faire parler "l'administration" au delà de sa neutralité statutaire revient à faire parler ceux qui vont dans le sens du vent... Et il tourne !

    Certains amis du chef de l'Etat soupçonneraient également une "nébuleuse oppositionnelle" encore mal identifiée de vouloir remettre au centre du jeu, Martine Aubry absente de la scène politique nationale depuis un an. Ce scénario vous paraît-il crédible ?

    Xavier Chinaud : Le soupçon du "complot politique" est consubstantiel à l'exercice politique. Nos institutions concourent d'avantage à faire exister ceux qui veulent conquérir le pouvoir que ceux qui peuvent l'exercer avec compétence, la politique est "vendeuse", y compris pour les médias. Plus pour la critique que pour la pédagogie, plus pour le calcul que pour la conviction, comment s'étonner que des schémas y compris les plus "baroques" tentent d'exister... La 5ème République consacre le pouvoir du Président, le Premier Ministre miracle n'existe pas, celui-ci est faible communiquant, celle-ci serait meilleure cheftaine des gauches ? Et alors ?!
    Eric Verhaeghe : Moyennement. Je crois surtout à une alliance objective entre Valls, Montebourg, et deux ou trois autres, pour pourrir la planche de Jean-Marc Ayrault et se présenter comme indispensables le jour J. C'est d'ailleurs une sorte de manie congénitale au Parti Socialiste que d'organiser des complots et des conjurations compliquées dans l'espoir de décrocher un poste.  
    Martine Aubry espère-t-elle de son côté ? Probablement et c'est assez naturel. En même temps, si elle devait accéder à Matignon, chacun sent implicitement que ce serait un bel échec. Cela prouverait que la jeune garde - les Montebourg, les Valls, et autres - ne sont pas pris au sérieux, et cela prouverait l'échec d'imaginer autre chose que les 35 heures pour sortir de la crise. 
    Serge Federbusch : La pire opposition à Hollande, c’est Hollande lui-même. Aubry est has been, avec ses recettes étatistes.
    Louis VergeatCette nébuleuse existe sans contestation possible mais l'intéressée ne le souhaiterait pas, en l'état actuel de nos informations.

    Dans ce contexte, sur qui François Hollande peut-il encore s'appuyer ?

    Serge Federbusch : Il gouverne seul, ne fait confiance à personne et pratique constamment l’enfumage, comme je l’ai montré dans mon livre récemment sorti. Dans ces conditions, il ne peut que s’enfoncer dans l’isolement. Au fond, il ne lui reste plus qu’à persister à croire au miracle de la reprise car, ayant perdu près d’un an et demi pour lancer de vraies réformes, il est déjà trop tard pour qu’il redresse la barre. S’il prenait aujourd’hui des décisions courageuses et durcissait le ton avec Berlin, ses partisans ne le comprendraient plus et les Français encore moins. Mais enfin, comme on dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire.
    Eric Verhaeghe : De mon point de vue, François Hollande est le dernier président radical-socialiste. Il est trop pragmatique et déjà trop usé pour s'appuyer sur des ressorts idéologiques. En revanche, utiliser l'ambition saine ou malsaine des hommes et des femmes pour former un gouvernement de circonstance lui convient assez bien. C'est la carte qu'il jour et il a raison car elle fonctionne toujours. Les esprits, même les plus probes, se laissent si facilement attirer par les sirènes de l'ambition. 
    Xavier Chinaud : Le Président peut s'appuyer sur des institutions imparfaites mais solides, il est élu pour 5 ans, il a l'initiative et plusieurs options possibles (remaniement, referendum, dissolution) et la destitution n'existe pas. Il peut aussi de fait bénéficier d'un relatif soutien passif de tous ceux qui penseraient qu'il est le pire à l'exception de tous les autres
    La seule limite est celle de l'effondrement économique du pays, il est aujourd'hui un risque sérieux et il en serait comptable. Tout comme la dissolution de l'Europe si le rendez vous de son devenir était manqué dans l'année qui vient, mais dans ce cas, le pire électoral serait à venir.
    Louis Vergeat : A condition de clarté, il aurait pu s'appuyer sur les syndicats mais la future réforme des retraites lui coupe cette porte de sortie sociologiqueA condition de confiance réciproque, il aurait pu tenter un choc de l'offre avec le soutien des équipes du Medef redynamisé de Pierre GattazA condition de créativité, il aurait pu stimuler la demande et desserrer l'étau du pouvoir d'achat au lieu de nous lasser avec ces nuances sémantiques entre rigueur et austérité. La vie est dure et les temps sont incertains car rien ne dit que le ciel plombé n'annonce pas un vrai grain sur l'Europe que nous aimons.
    Le Président peut dons s'appuyer sur les coudes des courbes en " J " qu'il a contribué à créer. Explosion du chômage, explosion des impôts. Tout çà pour un résultat confirmé par nombre de spécialistes : notre dette totale sera plus lourde dans trois ans en pourcentage du PIB. Face à un tel fiasco, aucune plaque de marbre ne peut soutenir le dossier marqué du mot bilan. Faute de changement, c'est maintenant que le Président va commencer ses années de plomb. Là va être le changement. Depuis son élection, les Français étaient attentistes, ils ne le seront plus à la rentrée de septembre.