TOUT EST DIT

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samedi 25 juin 2011

Fillon attaque la "présidence normale" de Hollande

François Fillon a ironisé samedi 25 juin devant de nouveaux militants UMP sur la "présidence normale"François Hollande et évoqué la ville de Paris qui mérite selon lui "moins de sectarisme et plus de responsabilité". que souhaite incarner

Sans nommer l'ancien premier secrétaire du PS, M. Fillon a estimé devant plusieurs centaines de nouveaux adhérents à l'UMP, réunis samedi salle Gaveau à Paris que "ceux qui se font fort d'instaurer une 'présidence normale' ne savent pas de quoi ils parlent".

"Quand vous avez quelques jours pour stopper la spirale de tout un système économique et financier qui part en vrille (...) quand vous décidez de passer de l'ultimatum au déclenchement des opérations militaires en Libye, quand vous devez résister à plusieurs centaines de milliers de manifestants qui réclament l'abandon de la réforme pourtant vitale des retraites (...) quand vous êtes au centre de tout cela, eh bien, vous ne pouvez pas et vous ne devez pas être l'homme du quotidien", a fait valoir M. Fillon.
FILLON ÉGRATIGNE LA GESTION DE DELANOË À PARIS
M. Fillon, qui demeure silencieux sur son éventuelle candidature à Paris aux élections législatives de 2012, a également répondu au maire (PS) de Paris, Bertrand Delanoë, qui l'a accusé le 21 juin d'être "le chef de gouvernement qui a fait le plus de mal aux Parisiens", évoquant notamment la question du transfert de compétences.

"M. Delanoë me reproche de demander à la municipalité parisienne ce que je demande à toutes les collectivités locales : gérer sérieusement leur budget car les finances de la France l'exigent", a fait valoir M. Fillon. "C'est ce qui s'appelle se défausser sur autrui pour ne pas avoir à se déjuger soi-même", a-t-il ironisé.
"Je lui réponds que la rigueur budgétaire nous concerne tous, ce n'est pas une question partisane, c'est une question d'intérêt national", a poursuivi le premier ministre. ,Selon M. Fillon, qui pourrait briguer la mairie de Paris en 2014, la capitale "mérite moins de sectarisme et plus de responsabilité".
RISQUES D'UN NOUVEAU 21 AVRIL
M. Fillon et le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, ont par ailleurs appelé à l'unité de la majorité au moment où l'ex-ministre et chef de file des Radicaux, Jean-Louis Borloo, laisse planer le doute sur son éventuelle candidature à la présidentielle.

"Le rassemblement de la majorité autour du président de la République n'est pas une option, c'est une nécessité absolue", a expliqué M. Fillon, pour qui l'élection de 2012 s'annonce "extrêmement difficile". "Personne, ni à droite ni à gauche, ne doit sous-estimer les risques d'un nouveau 21 avril", a martelé le premier ministre.

Le gouvernement grec appelle les députés à "faire leur devoir"


Le gouvernement grec a appelé samedi les députés récalcitrants du Parti socialiste (Pasok) à "faire leur devoir" la semaine prochaine au Parlement, en adoptant le nouveau plan d'austérité réclamé par les bailleurs de la Grèce.

Le vote devrait être serré mercredi prochain lorsque les députés se prononceront sur le plan d'austérité de cinq ans mis au point avec le Fonds monétaire international (FMI) et l'Union européenne (UE). Ils voteront le lendemain sur la loi d'application de ce programme.

Les bailleurs exigent l'adoption de ce plan, qui prévoit des baisses des dépenses, des hausses d'impôts et des privatisations, avant de débloquer la prochaine tranche d'aide évitant à la Grèce de faire défaut.

La majorité du gouvernement de George Papandreou est réduite: le Pasok au pouvoir compte 155 députés sur 300. Deux députés socialistes ayant annoncé qu'ils voteraient contre ces mesures, la majorité ne tient plus qu'à trois voix.

Après les élections législatives d'octobre 2009, les socialistes comptaient 160 députés mais les mesures d'austérité, contestées tous les jours dans la rue, ont provoqué cinq défections.

Le nouveau ministre des Finances, Evangelos Venizelos, a proposé de discuter avec tous les députés hésitants.

"Je pense que le sens de responsabilité l'emportera au final; le Dieu de la Grèce est grand", a-t-il dit sur la chaîne de télévision grecque Alter.

Pour le ministre de la Justice Miltiadis Papaioannou, les élus socialistes "doivent boucher leurs oreilles face à toutes les critiques et faire leur devoir."

DEUX JOURS DE GRÈVE PENDANT LES VOTES

L'un des dissidents, Thomas Robopoulos, n'est pas de cet avis. "Des commerces ferment tous les jours et on veut prendre des mesures qui bloquent la croissance", a dit à Reuters ce concessionnaire de Thessalonique, l'un des rares hommes d'affaires membres du Parlement.

Les mesures d'austérité ont fait plonger la Grèce dans la récession, la plus violente depuis 37 ans, avec un produit intérieur brut en baisse de 4% l'an passé. Le chômage a atteint le niveau record de 16,2% en mars, et 43% chez les jeunes.

Une grève générale de 48 heures est organisée la semaine prochaine, coïncidant avec les votes du Parlement.

Cette semaine, des débrayages ont eu lieu dans les entreprises menacées par la privatisation, comme le premier producteur d'électricité PPC.

Venizelos a reconnu que nombre des mesures arrêtées jeudi soir par Athènes avec l'UE et le FMI étaient dures et injustes, mais il a soutenu qu'elles étaient inévitables.

Les ministres des Finances de l'UE ont donné jusqu'au 3 juillet aux autorités grecques pour faire adopter au Parlement les mesures d'austérité, avant de débloquer le prêt de 12 milliards d'euros et préparer le second plan d'aide.

Le gouvernement grec prévoit notamment d'abaisser le seuil minimum d'imposition sur le revenu à 8.000 euros par an au lieu de 12.000 euros actuellement.

Un impôt exceptionnel de solidarité sur les revenus sera instauré. Il sera compris entre 1% à 5% des revenus en fonction de leur montant.

La taxe sur le fioul domestique sera légèrement relevée et un impôt minimum sera institué pour les auto-entrepreneurs. Ce secteur est considéré comme un de ceux où la fraude fiscale est la plus pratiquée.

Entre Charybde et Scylla

Imaginons un scénario de cauchemar : la France va, tous budgets confondus, réduire ses dépenses d’une bonne centaine de milliards d’euros jusqu’en 2014. En même temps, les impôts directs ou indirects, dont la TVA, et les cotisations sociales augmentent avec prestations en baisse, les salaires des fonctionnaires sont ponctionnés ainsi que les retraites. Bien sûr, il n’y aura plus aucun investissement dans le système de santé qui se dégrade, dans l’Éducation nationale et dans les autres services publics… Non seulement le pouvoir d’achat des ménages s’évaporerait dans un ordre de grandeur allant de 15 % à 20 %, mais quelle hypothèque sur l’avenir !

Un scénario inimaginable ? Proportionnellement au nombre de ses habitants (six fois moins que la France) et à son PIB, c’est pourtant l’effort, voire le sacrifice, que les dirigeants européens — Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et les banquiers de la BCE en tête — exigent de la Grèce. D’abord pour toucher la dernière tranche des 110 milliards d’aide consentis l’an dernier (sans les 12 prochains milliards, Athènes sera en cessation de paiement le 18 juillet). Ensuite, afin d’obtenir un deuxième crédit, vraisemblablement aussi à hauteur de 110 milliards, cet automne. Dans quel but ? Sauver la Grèce de la faillite ou préserver l’euro, et à travers la monnaie unique, l’économie européenne ? Grèce et euro seraient liés. Un défaut de paiement grec retomberait sur les banques engagées dans les dettes contractées par Athènes (350 milliards de dettes publiques et privées) puis sur tout le système bancaire comme en 2008. L’euro, car la Grèce est dans la zone euro, serait décrédibilisé et, très vite, se mettrait en route un implacable effet-domino : les autres États fragiles de l’Euroland, mis par ce mauvais exemple dans l’incapacité de s’adresser au marché financier international, subiraient un sort analogue avec des répercussions à ne plus en finir.

Mais remplir éternellement ce tonneau des Danaïdes percé par tous les gouvernements qui se sont succédé à Athènes depuis 40 ans, est-ce vraiment la solution ? Beaucoup d’économistes en doutent en préconisant le retour à une drachme dévaluée, surtout pour éviter une austérité synonyme de récession. Car une évidence frappe : jamais la Grèce ne pourra rembourser, encore moins avec un appareil économique complètement étranglé. Tout se passe comme s’il fallait d’abord reculer l’échéance de la faillite annoncée. Quitte un jour, à présenter la facture à tous les contribuables de la zone euro. À moins d’un miracle…

On peut comprendre l’exaspération des Grecs mis sous tutelle et ravalés au rang d’Européens de seconde classe. Accepter une nouvelle cure d’austérité commandée par l’Europe exige un courage inouï. La refuser signifie plonger dans un inconnu où sauront se mouvoir toutes les forces antidémocratiques. La Grèce navigue entre Charybde et Scylla. Et avec elle, toute l’Europe, au-delà de la zone euro.

La sûreté nucléaire est l'affaire de tous

Three Mile Island aux États-Unis en 1979, Tchernobyl enUkraine en 1986, Fukushima au Japon en 2011, plus un autre accident dans une centrale nucléaire russe dont on parle peu sont venus jeter inquiétude et doute sur l'énergie nucléaire.

On le comprend quand on constate qu'un accident nucléaire survient tous les dix ans. Et aussi quand on sait qu'il est pire que tous les autres types d'accidents connus. En effet, sa nature est différente : l'eau se retire après l'inondation, le feu s'éteint lorsqu'il n'y a plus rien à consumer. Les radiations, lorsqu'elles sont émises intempestivement, créent une contamination nocive et même mortelle qui dure presque indéfiniment. Celle-ci peut, en outre, s'étendre au loin sous diverses formes.

On a vu, ces jours derniers, l'épouvantable photo prise en mer des déchets de toutes sortes emportés au large par le retrait du tsunami de Fukushima. Face à de tels désastres, nous sommes impuissants. C'est bien pour cette raison que certains pays ont déjà cessé de recourir à cette énergie et que beaucoup d'autres envisagent d'y renoncer, même s'il faut des années pour y parvenir.

« La statistique d'accidents nucléaires est vingt fois supérieure aux objectifs de probabilité annoncés », vient de déclarer au Figaro Jacques Repussard, directeur de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (1). Il en conclut qu'il est urgent de trouver les moyens de remédier à de telles situations, soit que l'on veuille continuer à utiliser cette énergie, soit que l'on veuille en sortir car il y faudra des années, il importe donc que la sécurité soit dès maintenant maximale.

Les risques peuvent provenir d'une défaillance technique inhérente à la construction et au fonctionnement d'une centrale. Ils peuvent provenir de dangers extérieurs, terrorisme, catastrophes naturelles : séisme, tsunami, etc., ou bien encore d'erreurs humaines. Tout cela pouvant se conjuguer dans un incroyable enchaînement de circonstances dont on dit trop vite qu'il ne se produira jamais. Fukushima vient pourtant de nous prouver le contraire.

« Imaginer l'inimaginable »

On peut diminuer encore ces risques aujourd'hui, estime Jacques Repussard, à condition d'avoir la lucidité « d'imaginer l'inimaginable » et de prendre les mesures, même les plus coûteuses, pour tenter d'empêcher le drame de survenir.

Nous savons désormais que les conséquences d'un accident nucléaire ne concernent pas seulement le pays où il se produit, mais la planète tout entière : les nuages atomiques ne respectent aucune frontière, nous le savons déjà. Il importe donc qu'en ce domaine, plus encore que dans d'autres, les normes internationales soient établies pour tous et respectées par tous.

En ce qui concerne l'énergie atomique, « chaque État reste maître chez lui... » (2). C'est cet obstacle que vise à surmonter la conférence de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), qui vient de se tenir à Vienne. Et certains États sont loin d'impliquer les normes élémentaires de sécurité. Ainsi Rosatom, l'agence d'État en charge du nucléaire enrichi, vient de pointer trente et un cas de manquements en termes de sécurité, démontrant que lesdites centrales vieillottes sont mal conçues et mal préparées aux catastrophes.

Ainsi les risques sismiques n'ont pas été pris en compte lors du choix des sites des centrales. La plupart des dix-neufs réacteurs opérationnels ne sont pas prévus pour s'arrêter automatiquement en cas de séisme, comme ce fut le cas à Fukushima, ce qui a permis d'éviter le pire. On constate également qu'il n'y a pas de préparation d'intervention en cas d'incendie, d'inondation, d'impacts extérieurs. Il semble qu'on s'en préoccupe davantage en Russie, depuis Fukushima. C'est ce que rapporte La Croix du 22 juin 2011.

Le G8 de Deauville, puis l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) ont appelé à la coopération internationale pour la sûreté nucléaire. Il faut s'y atteler d'urgence en trouvant les moyens, dans le cadre d'une gouvernance mondiale, d'imposer les solutions à tous les États du monde car, comme le déclare, Nathalie Kosciusko-Morizet : « Si les choix de production nucléaire sont souverains, la sûreté est l'affaire de tous. »





(1) Le Figaro des 18 et19 juin 2011.

(2) Le Monde du 22 juin 2011.

Ça chauffe dans les tourbières

Une directive environnementale de l’Union européenne suscite l’ire des agriculteurs irlandais, qui entendent défendre, contre les écologistes et contre le gouvernement, leur droit traditionnel à exploiter la tourbe. 

Dans les landes marécageuses, au beau milieu de tranches de tourbe noire empilées comme des briques de Jenga, Michael Fitzmaurice  lance un regard de défi à l’avion qui surveille son activité professionnelle. L’appareil traque quiconque continue de découper, d’empiler ou de récolter de la tourbe — entreprise désormais jugée répréhensible par l’Union Européenne.
"C’est quand même une sacré blague de voir que le pays est en pleine récession, quasiment en faillite, mais que les autorités peuvent se payer le luxe de faire décoller un avion pour espionner les ramasseurs de tourbe", déclare-t-il tout en cassant à la main un morceau de ce combustible naturel de couleur sombre. "Pendant la saison de la récolte, on voit des hélicoptères en même temps que les avions, et il y a des officiels qui patrouillent les tourbières en camionnette pour nous empêcher de faire ce que nos ancêtres ont fait pendant des siècles. Et tout ça parce qu’ils ont peur que l’UE colle une amende à l’Irlande si on continue à récolter la tourbe."
L’UE a décrété que cette matière élastique et humide arrachée à la terre d’Irlande appartenait à une Zone spéciale de conservation (ZSC). Par conséquent, afin de préserver les tourbières, il est dorénavant interdit d’en prélever la moindre parcelle. Le gouvernement irlandais redoute que l’UE n’impose de lourdes amendes à la république pour non-respect de directives environnementales mises en place il y a quatorze ans.
(Image :tourbières d'Ecosse)

Ecologistes contre les extracteurs de tourbe

Aujourd’hui âgé de 43 ans, Fitzmaurice, qui a commencé à récolter de la tourbe avec son père quand il avait quatre ans, ne comprend pas pourquoi son gouvernement devrait suivre le décret environnemental de Bruxelles sous prétexte que l’Irlande doit tant à l’UE. "Ce ne sont pas les ramasseurs de tourbe et leurs familles qui ont poussé le pays à la faillite. Ce sont les banques, les promoteurs et leurs amis politiciens qui ont mis l’Irlande dans ce pétrin. Nous ne sommes pas responsables de ça, alors, pourquoi devrions-nous payer un prix aussi élevé juste pour obéir à l’Europe."
An Taisce, association irlandaise de défense du patrimoine écologique, estime cependant que le gouvernement de la coalition Fine Gael et travailliste doit maintenant faire respecter cette interdiction. Les environnementalistes irlandais rappellent que les tourbières sont un écosystème unique, mais aussi l’un des plus fragiles et des plus exploités au monde. "Les tourbières intactes ont une plus grande valeur pour la société que les intérêts d’un groupe de pression minoritaire, celui des extracteurs de tourbe", déclare un porte-parole d’An Taisce. L’association soutient qu’il aurait fallu interdire la récolte de tourbe "il y a dix ans déjà".
Mais les hommes et les femmes qui entaillent le sol des tourbières d’Irlande peuvent compter sur un champion à Dublin, le député de la circonscription de Roscommon-South Leitrim, Luke “Ming” Flanagan. Avec son bouc et ses longs cheveux, il a quelque chose du méchant des aventures de Guy L’Eclair. Mais Flanagan, membre indépendant radical du Parlement, ne plaisante pas quand il s’agit de défendre les droits des tourbiers.

Quelle autre solution ?

"Les autorités menacent ces gens de sanctions pénales et financières. J’ai entendu parler d’agriculteurs qui ramassent la tourbe, et à qui on a dit qu’on leur supprimerait leurs subventions s’ils n’arrêtaient pas d’exploiter les tourbières. Pour l’instant, on est dans l’impasse, une sorte de cessez-le-feu tourbier, si vous voulez. Mais nous vivons des temps difficiles, et j’espère que l’on pourra parvenir à un compromis, que l’on pourra continuer à exploiter un petit pourcentage des tourbières. C’est du gagne-pain d’environ 18 000 personnes qu’il s’agit, des gens qui soit travaillent dans l’exploitation de la tourbe, soit en ont besoin comme combustible. Quelle autre solution leur offre-t-on — importer plus de charbon de Pologne ou de pétrole du Moyen-Orient ?"
Dans les tourbières près de l’endroit où travaille Fitzmaurice, Tom Gibney a hissé un drapeau irlandais au-dessus de sa propre exploitation. "J’ai le titre de propriété pour cette tourbière, il remonte à l’époque britannique, en 1896, et je l’ai encadré et accroché à mon mur chez moi. On y voit encore la couronne britannique, en en-tête, et maintenant qu’on est censé être un pays indépendant, pas question que j’y renonce, ainsi qu’au droit d’en entailler un petit bout pour y trouver de la tourbe."
Non loin de là, dans une petite chaumière humide, Ella McKeague, 87 ans, se réchauffe près du feu, et l’odeur âcre de la fumée de tourbe se répand dans la pièce. Son cottage donne sur une petite tourbière qui lui appartient, d’où des voisins ont récemment extrait de quoi permettre à cette fragile vieille dame de se chauffer tout au long de l’année.
"Le fioul, c’est trop cher pour moi. On se sert tous de la tourbe pour tenir durant l’année. Dites-leur de nous laisser continuer à ramasser de la tourbe, comme je le fait depuis 60 ans", lâche-t-elle, agrippée à son déambulateur. Puis elle se penche et dépose quelques tranches de ce combustible naturel noir et marron dans les flammes de son âtre.

Faut-il aider la Grèce ?

La morale et l'économie ne font pas nécessairement bon ménage. Sauf en Grèce, ces temps-ci : la mère patrie de l'Europe est punie par une sorte de justice immanente après des années de tricherie et de laxisme en matière de comptabilité publique.

De ce point de vue, toute la classe politique grecque est à jeter dans les poubelles de l'Histoire, à commencer par les dirigeants socialistes actuels qui, sous la houlette de Georges Papandréou, se sont fait élire sur un programme ultradémagogique. D'où la colère légitime des Allemands, qui se sont imposé une rude cure d'austérité il n'y a pas si longtemps et à qui nous demandons sans cesse de rajouter au pot grec.

Faut-il continuer à aider la Grèce ? Après les fiascos de ses différents plans d'aide, à peine bouclés qu'ils sont déjà défaits par la spéculation, l'Europe doit choisir une stratégie. Soit la stratégie égoïste, en chassant la Grèce en faillite de la zone euro, ce qui ouvrirait la voie à un démantèlement de la monnaie unique. Soit, au contraire, la stratégie dynamique, en donnant un coup d'accélérateur à la construction européenne.

D'abord, en instituant un marché obligataire unique pour les bons du Trésor des pays européens, ce qui tuerait dans l'oeuf la spéculation qu'exacerbent des taux d'intérêt différents.

Ensuite, en créant, comme l'a proposé Jean-Claude Trichet, un ministère européen des Finances pour prévoir et mieux contrôler les sorties de route des mauvais élèves.

Enfin, en relançant le volet politique de l'Europe, qui, dans les crises, a presque toujours un train de retard.

Si l'Europe ne choisit pas rapidement cette stratégie, on ne comprend pas pourquoi elle s'obstinerait à remplir davantage cette spécialité grecque qu'est le tonneau des Danaïdes.

Peter Falk, l'inspecteur Columbo, est mort

L'acteur américain Peter Falk, qui interprétait l'inspecteur Columbo dans la célèbre série télévisée, est mort à l'âge de 83 ans, a annoncé vendredi un membre de la famille sur la radio californienne KNX.
L'acteur immortalisé par son imperméable élimé et sa célèbre phrase "Juste une dernière chose...", souffrait de démence depuis plusieurs années et avait été placé sous la curatelle de sa femme Shera Falk, avec qui il était marié depuis trente-quatre ans.
Acteur et réalisateur, il a été rendu célèbre dans le monde entier surtout pour avoir incarné, soixante-neuf fois, entre 1968 et 2003, Columbo, policier décontracté mais génial, faussement naïf bien qu'un peu brouillon. Peter Falk avait déjà une longue carrière derrière lui quand il endossa pour la première fois le rôle du lieutenant de police. Il fut notamment sélectionné deux fois aux Oscars dans la catégorie du second rôle, en 1961 et 1962. Il avait joué dans plusieurs grands films de Frank Capra et dans Les Ailes du désir, de Wim Wenders.

Au total, Peter Falk aura joué dans une soixantaine de films, notamment de son ami John Cassavetes, avec qui il tourna six films, dont Husbands, en 1970, et Une femme sous influence, en 1974 : L'humour mordant de Columbo, son imperméable beige usé, sa Peugeot 403 et son éternel cigare, ses mimiques inimitables, tout comme ses allusions fréquentes à "sa femme", qui n'apparaît jamais, ont valu à Peter Falk succès et sympathie.
Né le 16 septembre 1927, à New York, Peter Falk appartenait à une famille juive, de père russe et de mère tchèque. A trois ans, une tumeur maligne lui fait perdre un œil.


Après avoir obtenu une maîtrise de sciences politiques à l'université de Syracuse (Etat de New York), puis travaillé comme cuisinier, il tente en vain d'intégrer l'agence de renseignement américaine, la CIA, et se lance dans une carrière de fonctionnaire, dans l'Etat du Connecticut (Nord-Est). Il abandonne son poste brusquement, en 1957, pour sa passion, la comédie.
Cette même année 1957, il entame une carrière d'acteur, déjà dans une série télévisée. Il est propulsé véritablement dans Milliardaire pour un jour, de Frank Capra, qui lui valut son deuxième oscar. En 1992, dans Le Joueur, de Robert Altman, il joue son propre rôle.
Mais à partir de 1968, et pour trente-cinq ans, ce n'est presque plus que Columbo. Le premier épisode est réalisé par un jeune homme de 25 ans... Steven Spielberg. Sur les soixante-neuf épisodes, Peter Falk en produit ou coproduit vingt-quatre. Le dernier, en 2003, est Columbo mène la danse.
En France, l'inspecteur était aussi incarné par une voix, celle du comédien Serge Sauvion, mort en février 2010, à l'âge de 80 ans.

Christiane Desroches-Noblecourt, première femme égyptologue, est morte

L'égyptologue française Christiane Desroches-Noblecourt est morte jeudi 23 juin au matin à Sézanne (Marne), à l'âge de 97 ans, a-t-on appris vendredi auprès de son éditeur. Première femme égyptologue et surnommée "la grande prêtresse de Ramsès II", Mme Desroches-Noblecourt est célèbre pour avoir sauvé les temples d'Abou Simbel et avoir été à l'origine des expositions "Toutankhamon" et "Ramsès II" à Paris.

Au cours d'une carrière de plus de cinquante ans, elle a permis de préserver vingt-quatre temples de Nubie, en Haute-Egypte. Elle a par ailleurs assuré la conservation de la momie de Ramsès II, rongée par les champignons, en la faisant irradier à Saclay, en région parisienne.
RÉSISTANTE ET INTRÉPIDE HISTORIENNE
Née le 17 novembre 1913, à Paris, Christiane Desroches-Noblecourt obtient une licence d'études égyptiennes à l'Ecole pratique des hautes études, entre au département d'égyptologie du Louvre et part diriger des fouilles en Egypte dès 1937. Résistante en France pendant la seconde guerre mondiale, elle parvient également à cacher en province des chefs-d'œuvre égyptiens conservés au Louvre. Après la Libération, sous l'égide de l'Unesco, elle entreprend des centaines d'allers-retours entre Paris et l'Egypte. Elle s'occupera au total de sept cents chantiers, non seulement en Egypte, mais aussi dans le Hoggar algérien.
Au milieu des années 1950, c'est elle qui conçoit le projet, considéré comme impossible par les autorisés égyptiennes et de nombreux spécialistes, de surélever les temples de Ramsès, creusés dans le rocher, et menacés d'engloutissement par les eaux du Nil en raison de la construction du nouveau barrage d'Assouan. Elle parvient à sauver un grand nombre de monuments.
C'est elle qui, avec le soutien enthousiaste du président égyptien Nasser et du général de Gaulle, organise l'exposition "Toutankhamon" au Louvre, en 1967 à Paris, qui accueillera près d'1,3 million de visiteurs. En 1976, elle participe aussi à l'exposition "Ramsès II" à Paris, qui accueille presque autant de visiteurs.
Première femme récipiendaire de la médaille d'or du CNRS, elle a reçu également la médaille d'agent de l'Unesco, et elle est l'une des très rares femmes grand-croix de la Légion d'honneur.

"GRANDE DAME DU NIL"
Le président Nicolas Sarkozy a rendu hommage dans un communiqué à la "grande dame du Nil". "Son coup de foudre, enfant, pour l'Égypte, était né du récit de la découverte du tombeau de Toutânkhamon : en retour, cinquante ans plus tard, elle fera découvrir aux Français les merveilles du trésor de ce pharaon en organisant une exposition qui reste dans les mémoires et rassemblera plus d'un million de visiteurs", rappelle le président.
Selon M. Sarkozy, "Christiane Desroches-Noblecourt réunissait, chose rare, les qualités de la plus rigoureuse des scientifiques à celles de la plus passionnante des pédagogues". "Elle fut aussi, à l'époque où les fouilles égyptologiques étaient encore une aventure de tous les instants, souvent dangereuse, une figure intrépide et romanesque qu'aurait pu dépeindre Agatha Christie", ajoute le communiqué.
L'Elysée rappelle également que l'égyptologue "mit sa capacité de conviction et son énergie au service d'une cause universelle : le sauvetage des temples de Nubie, menacés d'être engloutis par le lac Nasser. Elle joua alors, à la tribune de l'Unesco, un rôle décisif pour fédérer l'engagement de près de cinquante pays", ajoute-t-on.  "Avec Christiane Desroches-Noblecourt, c'est la digne héritière de Jean-François Champollion qui vient de nous quitter", affirme également la présidence.

Marche turque et plongeon grec


La Turquie épanouie, la Grèce défoncée ! Ce contraste fascinant des deux ennemis héréditaires, ces jours-ci, fait passer sur la Méditerranée comme un frisson d'Histoire.

Qui eût imaginé, dans l'Europe de Byron et de Chateaubriand, que la Grèce, alors arrachée avec tant de ferveur à la griffe ottomane, exhiberait cette tumeur monétaire dont les métastases menacent, via l'euro, le grand dessein européen ? Et que, dans le même temps, Constantinople, alias Istanbul, dispenserait à l'aire arabo-musulmane l'attrait d'un modèle édifiant ? Matrice de bonheurs et tragédies exemplaires, notre Méditerranée bouge toujours entre Orient et Occident.

La Grèce, en coma monétaire, est devenue le calvaire de l'euro. Sous le coup de la crise, l'Union européenne aura "découvert", à Athènes, un gouffre financier creusé par l'anarchie des dépenses d'Etat et le truquage des comptes publics. Une incurie du pouvoir grec assortie, chez les citoyens, d'une généralisation inouïe de la fraude fiscale. Une incurie européenne pour avoir caché et repoussé le scandale grec comme la poussière sous le tapis.

Le terrible déficit grec est aujourd'hui un culbuto : veut-on l'aplatir qu'aussitôt il se redresse. D'un côté, les marchés et, de l'autre, les banques, les Etats et le FMI s'échinent à le maîtriser avec le sentiment vertigineux d'ignorer l'issue... mais d'y courir inéluctablement. La solidarité de la zone euro rechigne à secourir, aux frais des vertueux, le vice des tricheurs. Mais l'impossibilité, au sein de l'euro, des dévaluations nationales contraint à cette "immorale" solidarité, faute de quoi l'euro se trouverait lui-même emporté : le mal grec entraînerait dans sa contagion virale l'Espagne, le Portugal, d'autres peut-être, dans la spirale du pire.

En fait, seuls les pays disposant d'une gestion rigoureuse et d'une industrie performante - au premier chef, l'Allemagne - tirent aujourd'hui leur épingle du jeu. Ceux qui ne surnagent qu'avec des "services" - ainsi, le tourisme - et dans l'addiction aux dettes sont durablement plombés. La sortie de crise atténuera, mais sans les supprimer, leurs handicaps.

L'euro et, au-delà, l'Union affrontent donc désormais leur plus dramatique défi. L'accord franco-allemand vient, une fois encore, d'éviter la catastrophe. Et on ne peut qu'approuver ceux qui, comme Sarkozy, refusent de jeter l'Europe avec l'eau du bain. Mais la vidange reste à faire. Car l'euro sent le sapin (voir en page 50). Un enfant comprendrait que la vraie solution, politique, est moins grecque qu'européenne. Sans une refonte de toute la machinerie communautaire, sans une gouvernance économique, l'euro, déjà à vau-l'eau, ira au diable. Et l'Europe avec lui.

Face à la déconfiture gréco-européenne, la victoire électorale d'Erdogan souligne l'épanouissement de la Turquie. Avec son poids démographique (75 millions d'habitants) et militaire, sa croissance impressionnante, la Turquie impose sa stabilité dans une région vouée aux désordres prometteurs mais énigmatiques des révoltes arabes et aux conflits récurrents chiites-sunnites ou israélo-palestinien.

Si la Turquie inspire, ces temps-ci, des peuples arabes qui, avec elle, n'ont guère en commun que l'islam, c'est justement pour avoir développé un islam démocratique, épris de libre entreprise et acceptant la laïcité de l'Etat. Cette laïcité fondée par Atatürk, défendue depuis cinquante ans par l'armée, est aujourd'hui tenue en lisière par l'expansion démocratique du parti islamique. Sa réussite n'inspire que des éloges. Avec néanmoins une seule crainte laïque et européenne : celle d'inoculer peu à peu la charia (la loi islamique) par les urnes.

Erdogan jouit du soutien des classes populaires et de la nouvelle bourgeoisie d'Anatolie, plus conservatrice et religieuse que la société cosmopolite d'Istanbul. Il flotte, chez les siens, un parfum de nostalgie ottomane que réveille son salut (tardif) aux révoltes arabes.

En fait, la Turquie, travaillée par des aspirations contradictoires, balance entre plusieurs voies. L'autoritarisme islamique d'Erdogan inquiète, mais il ne pourra pas réformer la Constitution à sa guise. L'islamisation progresse avec l'ordre moral musulman, mais on trouve aussi, dans l'intelligentsia, une résistance laïque solide et sur les rivages turcs... plages naturistes et bars gays. L'aspiration libertaire progresse avec Internet, mais les censures persistent et des journalistes sont arrêtés.

Quant au virage diplomatique turc, il traduit un neuf et naturel désir d'autonomie et d'influence, mais ses diverses tentatives de médiation - la dernière en Libye - ont échoué. La résistance identitaire kurde (20 % de la population) reste un souci dominant qu'attise l'effondrement de l'allié et voisin syrien. L'Arménie et Chypre ne dorment que d'un oeil dans leur placard.

Conclusion : il est trop tôt pour parier sur un avenir turc encore très ouvert. Mais on sait déjà qu'il pèsera lourd entre Orient et Occident.