TOUT EST DIT

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jeudi 3 février 2011

Les ravages du principe de réalité

Bernard Thibault est le dernier et remarquable symbole des ravages du principe de réalité dans la gauche française, syndicale et politique. Il aura payé pour avoir tenté de tenir compte des données concrètes dans ses combats syndicaux. En politique, le PS continue de souffrir des contradictions entre ses ailes contestataire et réformiste. Au point que François Hollande pose avec lucidité la « question de la capacité du PS à rester une force de gouvernement ». Le mythe du « grand soir » continue de planer. La conscience des réalités est le début de la trahison.

Tout cela est connu, et Jean-Luc Mélenchon excelle à en tirer parti. Mais s'y ajoute aujourd'hui une nouvelle version de cette lancinante préférence pour le virtuel, et au sein de l'aile réaliste elle-même : le mythe DSK. Contre toute vraisemblance, elle soutient le long suspense d'une candidature ainsi de plus en plus surréaliste. Et elle tient pour acquis son succès le cas échéant. Magnifié par l'absence, il fait de plus en plus figure de candidat idéal.

Or l'est-il vraiment ? On passe sur sa difficulté à mobiliser sur sa gauche. Ou sur les « dossiers » que, le moment venu, on ne manquera pas d'exploiter sur ses désordres privés. Ou encore sur l'usure née de ses longues hésitations. Il reste que, dans la réalité d'une campagne, il peut pâtir des qualités et des défauts qu'on lui connaît : une incontestable compétence économique, qui peut éloigner lorsqu'elle s'affiche ; une conscience de sa propre valeur, qui agace ; une élégance parfois désinvolte dans le ton, qui crée de la distance ; peut-être enfin quelques lacunes sur l'actualité quotidienne des Français durant sa longue présence à Washington... Le comble serait que, exerçant sur lui-même ses remarquables facultés d'analyse, le candidat virtuel décide finalement de le rester. Le principe de réalité aurait alors, une fois de plus, frappé la gauche française.

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