TOUT EST DIT

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samedi 3 août 2013

La société et la déficience intellectuelle

Ce n’est pas un handicap comme les autres, il pose des problèmes spécifiques et nous incite à réfléchir sur nous-mêmes et sur la société que nous voulons.

Nous n’avons pas besoin des Juifs, où que ce soit, écrivait Hans Frank, le gouverneur général de la Pologne occupée par les nazis, en décembre 1941. Les conséquences de cette déclaration sont connues. Rien ne peut être comparé à la Shoah, la grande “catastrophe” annoncée dans Isaïe (10, 3), mais on peut en tirer la leçon que lorsqu’une société décrète qu’une catégorie de gens est inutile, ces derniers sont en grand danger. Personne ne sait si on aurait sauvé les juifs en criant haut et fort tout ce qu’on leur devait. Mais on ne peut taire aujourd’hui ce que les personnes déficientes intellectuelles apportent à une société évoluée.
Comment définir simplement la déficience intellectuelle ? Celle-ci entraîne le besoin d’un soutien pour les activités requérant le fonctionnement normal de l’intelligence humaine. Ce n’est pas un handicap comme les autres. Les progrès techniques font espérer que bien des personnes en situation de handicap gagneront en indépendance (les aveugles verront grâce aux rétines artificielles), mais une personne déficiente intellectuelle aura toujours besoin d’un accompagnement humain qu’aucune aide technique ne pourra remplacer.
Que nous apportent donc les personnes déficientes intellectuelles ? Leur contribution à la qualité des soins est évidente. Elles souffrent de problèmes médicaux variés et complexes, or leur anxiété et leur fragilité limitent les examens complémentaires spécialisés. La démarche conduisant au diagnostic reposera donc sur l’entretien attentif et l’examen physique complet. Elles expriment peu la douleur, il faut la dépister. Beaucoup parlent peu ou pas. Ceux qui les soignent doivent donc être techniquement parfaits, généreux et savoir travailler en équipe. Cette excellence profitera à tous. Inversement, le praticien qui se déclarerait incompétent n’inspirerait pas une grande confiance.
Leur apport à la qualité de l’enseignement va de soi. Enseigner à ces personnes aux capacités d’attention limitées, au délai de traitement de l’information plus long nécessite des qualités d’analyse et d’imagination qui ne peuvent que rayonner sur tout établissement scolaire. Ceci est aussi vrai pour le travail, les transports, la restauration, les loisirs ou l’hébergement. Il est des danseurs qui rendent gracieux de jeunes déficients mentaux, des professeurs de karaté qui transmettent avec passion les valeurs de leur art, des éducateurs qui s’occupent nuit et jour de personnes déficientes intellectuelles âgées.
Dans une société où tout va vite et où les relations personnelles directes se font rares, les personnes déficientes intellectuelles obligent à écouter, à regarder et à toucher l’autre. Elles nous ancrent dans le domaine du réel. Elles représentent éminemment l’altérité. S’ouvrir à la personne déficiente intellectuelle protège contre toute pensée totalitaire, c’est choisir un modèle de société bienveillant, c’est préférer “la cité de l’amour de l’autre jusqu’au mépris de soi” à “la cité de l’amour de soi jusqu’au mépris de l’autre”.
Les personnes déficientes intellectuelles nous aident à mieux nous connaître : qu’est-ce que l’intelligence humaine ? qu’est-ce que la sottise ? qu’est-ce qui fait le bonheur ? Elles nous interrogent sur bien des points du droit, de la philosophie, de la théologie : que vaut le témoignage d’une personne déficiente intellectuelle ? son consentement peut-il être libre ? comment évaluer sa responsabilité ? que peut-elle percevoir des vérités de la religion ? quelle est la ferveur de sa prière ? quel sera son visage dans la vie éternelle ?
Enfin, les personnes déficientes intellectuelles sont un appel permanent à l’humilité : lequel d’entre nous peut affirmer qu’il est beau, fort et intelligent parce qu’il l’a mérité ? Nous ne sommes responsables que de nos choix. La Bible compare le riche à un chameau cherchant à passer par le trou d’une aiguille. Il ne s’agit pas seulement d’argent, cela vise aussi la suffisance que procure tout sentiment de puissance, y compris celui qu’on tire d’une intelligence brillante.
La personne déficiente intellectuelle éprouve au quotidien une des plus grandes pauvretés qui soient : ne pas pouvoir comprendre autant et aussi vite que les autres. Mais pour la société qui se met à son service, elle constitue la source d’une grande richesse.

Le niveau des prélèvements «a franchi les limites du raisonnable»


INTERVIEW - Le PDG d'Axa Henri de Castries plaide pour une baisse réelle de la dépense publique.
La reprise aux États-Unis, où Axa est très présent, vous paraît-elle solide?
Henri de CASTRIES. - L'économie américaine est en pleine transformation. Elle fait preuve d'un renouveau remarquable qui va nous surprendre. Ce renouvellement s'appuie sur une combinaison d'éléments précis. Au lieu d'avoir une vision frileuse de l'avenir, ce pays profite de l'avantage compétitif transitoire qu'offre le gaz de schiste, avant que les énergies nouvelles ne prennent le relais. Ce qui s'y passe sur le front technologique, dans l'Internet, dans le médical, en matière de capacité de traitement des données… est considérable. Et cela s'appuie sur des entreprises dont les bilans sont très solides, tandis que l'État - de façon un peu brutale et contrainte certes - réduit ses dépenses. Cette renaissance dessine en creux tout ce que ne font pas certains pays européens.
Cette révolution américaine des gaz de schiste devrait à vos yeux faire réfléchir la France sur le principe de précaution au nom duquel on interdit la fracturation hydraulique?
J'ai toujours dit que ce principe révélait une vision régressive de la société à laquelle je préfère le principe de responsabilité. Avec ce dogme, nous n'aurions découvert ni les vaccins ni l'Amérique! Autant remonter dans les arbres… Puisque nous avons fait ce choix démocratique concernant les gaz de schiste, il faut l'accepter, mais ne pas se plaindre que nous n'ayons pas davantage de croissance.
Voyez-vous une reprise en Europe en général et en France en particulier?
Je constate que les activités européennes et françaises d'Axa vont bien. Pour ce qui est des économies, force est de constater que les efforts de compétitivité accomplis par la Grande-Bretagne - qui a combiné des baisses de dépenses et des baisses d'impôts sous une pluie de critiques - commencent à porter leurs fruits. L'Allemagne va plutôt bien. L'Espagne, qui est tombée très bas, semble amorcer son redressement… En France, on aimerait voir des signes de reprise tangibles.
Plusieurs réformes structurelles sont en préparation en France. Celle des retraites est prioritaire?
L'ensemble des observateurs internationaux, y compris ceux qui ont acheté de la dette française, regardent cette réforme avec une grande attention. Quant aux modalités, il en existe trois: l'augmentation des cotisations ou la baisse des pensions - ce qui serait destructeur - ou l'allongement de la durée de cotisation et/ou le recul de l'âge légal du départ. Cette dernière solution est la seule qui favorise à long terme la compétitivité et l'emploi.
À l'automne, sera également discuté le projet de loi de finances. Craignez-vous un nouvel alourdissement de la fiscalité?
L'analyse de ce qui s'est passé en 2013 démontrera que les politiques d'alourdissement de prélèvements obligatoires ont franchi les limites de l'efficience, et du raisonnable. La matière fiscale s'évapore. Vouloir aller au-delà serait un élément de plus d'étouffement de l'activité et, in fine, d'affaiblissement des plus fragiles. La seule voie raisonnable est celle de la baisse de la dépense publique. Je dis bien la baisse, pas le ralentissement du rythme de progression.
En tant que patron d'un groupe financier français, vous vous sentez certainement concerné par l'avenir d'Euronext. Pensez-vous participer au tour de table que tente d'organiser Bercy?
J'ai déjà eu l'occasion de dire qu'Axa ne participerait pas au tour de table sur Euronext. Il y a une contradiction pour le moins surprenante entre la volonté affichée de préserver une place financière forte à Paris et la multiplication des mesures qui pénalisent la compétitivité du secteur…
La fiscalité de l'assurance-vie fait aujourd'hui l'objet de débats, de même que les moyens de l'orienter au service du financement de l'économie, des PME, du logement… Cela vous inquiète-t-il?
L'assurance-vie, ce n'est pas une caverne d'Ali Baba! Ni une poche dans laquelle on pourrait puiser pour la simple raison que les impôts ne rapportent plus assez. Il s'agit de l'épargne des Français. Et notre devoir moral et juridique, à nous autres assureurs, est de la protéger. Cette épargne s'investit naturellement à long terme. Il ne serait pas raisonnable de bouleverser son régime fiscal qui est équilibré, puisque pour en bénéficier l'épargnant s'engage sur huit ans. Le rapport Berger-Lefèvre a d'ailleurs confirmé le rôle positif que peut jouer l'assurance-vie dans l'investissement de long terme, et la profession a fait des propositions permettant de conforter ce rôle.

Quand ferment les cafés-tabac…

Vieillissement de la population, fermeture des commerces, services publics en déshérence, normes inapplicables. Choses vues en Lozère.

« Cela fait plus d’un demi-siècle que je buvais tous les matins mon café chez Nicole ! Elle a fermé du jour au lendemain, sans rien dire. La place du village vide, moi, cela me fout le cafard ! »À Fournels, le café Couderc, c’était une institution. François Bichon passe la main dans ses cheveux blancs, une ombre de tristesse dans le regard. Électricien à la retraite, c’est le premier adjoint de ce village de 374 habitants, aux confins de la Lozère. Ici, la fermeture du café, c’est le sujet de conversation, de désolation plutôt.
À côté de la poste, le salon de coiffure de Séverine,juste deux fauteuils. Ciseaux en main, la jeune femme brune ne cache pas son inquiétude : « Le coeur du village est mort, on ne voit plus personne. » Patrick, le postier aux yeux rieurs, passe une tête dans l’embrasure de la porte. « C’est bien la première fois que Nicole ne me fait pas rire. La fermeture du bistrot, c’est une très, très mauvaise nouvelle, et puis baisser le rideau la veille de la fête du village… faut pas exagérer ! »
« Monsieur le Maire, le café ferme, on fait quoi ? » Pour l’élu, la phrase est récurrente. Pierre Morel-A-L’Huissier, député de la Lozère et maire de Fournels, lève les bras au ciel en signe d’impuissance. « Le café, c’est du privé, pas du public ! »Depuis quatorze ans, bien qu’il ait transformé ce village, il a du mal à maintenir la vie rurale. Il a bâti des logements sociaux, une maison de retraite, une maison de la photographie ; le boucher, la poste, le salon de coiffure occupent des locaux publics, tout comme le médecin, qui peut — fait exceptionnel — délivrer des médicaments. « À la tête de la commune, j’ai toujours voulu prouver qu’il n’y a pas de fatalité au déclin, mais là, soupire-t-il, on est à l’os ! »
Ce dont il est le plus fier, c’est l’Arcaf, l’Association pour la revitalisation du canton de Fournels. Une maison qui permet aux habitants d’avoir tous les services sociaux et administratifs à portée de main. « C’est la réponse à la désertification rurale ; c’est ce qu’il faut faire dans les mille chefs-lieux de France. »
Fringant sexagénaire, Roland Chabanon, Lozérien pur sucre, « sur des générations », précise-t-il sourire aux lèvres, a enseigné toute sa vie l’occitan au collège de Marvejols. Pour lui, les villages s’assèchent parce que l’église, l’école, le bistrot et le comité des fêtes disparaissent. Autant de liens qui se délient. « Quand j’étais gamin, je me souviens qu’une paire de boeufs s’était vendue durant la messe, et l’affaire s’était conclue au bistrot ! Aujourd’hui, on ne connaît plus le voisin. »
À la limite du département, La Chaze-de-Peyre, à une poignée de kilomètres d’Aumont-Aubrac. Une quarantaine de maisons anesthésiées par la chaleur de ce mois de juillet. Plus d’école depuis longtemps. Plus de café-épicerie depuis 2005. Le presbytère, lui, a été transformé en logements. Personne. Le temps semble avoir suspendu son vol.
À la porte d’une ferme, derrière un rideau de lanières de plastique multicolores, une femme aux cheveux gris, taillés court. « C’est la soeur au Marcel. » Agricultrice depuis toujours. Dans l’âtre de la cheminée, une cuisinière. Devant la fenêtre, deux perruches dans une cage. Sur la longue table, la Lozère nouvelle et le Midi libre. À côté du buffet, une télévision allumée. D’une main, elle chasse une mouche, puis soupire. « Quand j’étais jeune, il y avait plus de vie. Pour faire des conneries, les gamins ça y allait ; [un silence] maintenant, c’est un peu déserté. La messe, c’est une fois par mois [un silence]. Il y a plus d’obsèques que de mariages… Qu’est-ce que je vous offre, monsieur ? Un sirop de cassis ? C’est moi qui le fais. » La “soeur au Marcel” sort deux verres à moutarde. De sa voix rauque, en versant le sirop, elle confesse : « La vie est plus dure qu’avant. Maintenant, c’est chacun pour soi. Avant, y avait une vraie solidarité. » Elle va faire ses courses en scooter.
Elle n’a pas le permis. Elle avoue descendre très peu à Mende, la préfecture. Une vie de paysan à l’ancienne, avec ses prairies en guise de ligne d’horizon et ses animaux, « des broutards, précise-t-elle ; avant, on en avait soixante-dix. Je vous le redis, monsieur, la vie est plus dure qu’avant ! »
Le monde rural, c’est 11,1 millions de Français, qui occupent 80 % du territoire. La moitié des communes comptent moins de 426 habitants et une sur trois moins de 250. Toutes ont l’impression d’avoir été abandonnées, ce qui se traduit par un fort sentiment d’exaspération qui monte, qui monte…
Le fossoyeur des villages : l’inflation normative, 8 000 lois, 400 000 normes. Ubuesque !
“Simplification des normes au service du développement des territoires ruraux” : c’est le titre d’un rapport de 280 pages remis en mars 2012 à Nicolas Sarkozy. Son auteur, Pierre Morel-A-L’Huissier, dénonce cette folie normative, venin des villages : « Des normes coupées de la réalité, inapplicables pour les petites communes. On en crève ! Dans la Constitution, à côté du principe d’égalité, il est urgent de créer un principe d’adaptabilité des normes aux contingences locales. »
À Albaret-Sainte-Marie, aux confins de la Lozère, la montée au clocher de l’église du XVIe n’est pas aux normes. « Faut-il en interdire l’accès ? », se demande Michel Thérond, le maire de ce bourg de 600 âmes.
Il rentre de Mende où il est allé plaider le dossier de l’un de ses administrés, l’hôtel Le Rocher Blanc, un bâtiment de cent cinquante ans. Crime de lèse-norme, il manque dans l’hôtel une porte coupe-feu et trois grooms. C’en est trop pour les fonctionnaires de la commission de sécurité de la préfecture. Début juillet, ils souhaitaient tout simplement fermer l’établissement. « En pleine saison, ils auraient mis 25 personnes au chômage, qu’importe ! Le fonctionnaire a pris le dessus. Le mal français est là ! », s’emporte le maire.
Avec un budget annuel de 410 000 euros, impossible de suivre le rythme. « On n’a pas fini un bâtiment qu’il n’est déjà plus aux normes. C’est stupide. Aberrant ! Cette avalanche de normes, à court terme, c’est la mise à mort de la ruralité. »
La salle des fêtes est à raser. Coût : un million d’euros. D’ici à 2015, le maire doit élargir les trottoirs pour que deux fauteuils de handicapés puissent se croiser, même si aucun handicapé ne vit dans la commune. « On ne va quand même pas démolir tout le village ! » Michel Thérond est un homme en colère. Une colère froide.
En 1989, quand il prend la Mairie, cet ex-administrateur de biens parisien est loin d’imaginer ce qui l’attend. À son arrivée, l’école était moribonde, elle compte aujourd’hui 72 élèves. Au premier étage, la cantine. Il va falloir la déplacer pour la quatrième fois en vingt-cinq ans… Norme, quand tu nous tiens !
Dans ses cartons, la construction d’une “maison des aînés”, pour maintenir les personnes âgées au village. « L’équilibre financier était atteint à partir de quatre studios, mais au-dessus de trois, cela devient assimilable à une maison de retraite avec un flot de normes. Eh bien… il n’y aura pas de maison des aînés. »
Derrière la façade de granit de la mairie, tous les jours il reçoit une quinzaine de circulaires, directives et normes. Certaines sont tellement opaques qu’elles sont incompréhensibles. « Je suis pessimiste pour l’avenir. On est géré par cette fonction publique hors du temps. L’administration se retranche derrière le principe de précaution. On préfère vous dire non… Tenez, je veux faire une microcentrale au moulin de la Garde ; cela pourrait rapporter 60 000 euros par an. Je me bats depuis deux ans avec des fonctionnaires, sans succès. C’est une calamité. »
Aux prochaines municipales, il se représente : « Je n’arrive pas à trouver de successeur, dit-il d’une voix un peu lasse. Allons boire un verre dans le plus vieux café du village. »Un endroit « hors norme », précise-t-il en souriant. G brielle, un petit bout de femme vêtue de noir, un chat dort sur ses genoux. Elle a 100 ans. Au mur, des publicités Byrrh. À la télévision, le Tour de France. « J’aime bien le bruit, avoue-t-elle l’air mutin. Servez-vous, monsieur le Maire, vous connaissez la maison ! »
Notaire à Saint-Chély-d’Apcher, Me Bonhomme, 30 ans, est une jeune femme...

Trappes: les trois trahisons de François Hollande


Le chef de l’État s’est servi des banlieues comme d’un réservoir de voix, au mépris de leurs habitants et de leurs demandes légitimes.
Contrairement à ce que pense la majorité socialiste, les émeutes de Trappes ne doivent pas être prises à la légère. Il faut en saisir toute la portée : à la suite d’un contrôle de police portant sur une femme qui ne respectait pas la loi, des mouvements d’une rare violence se sont déroulés à l’encontre des représentants de l’État. Ces faits, d’une extrême gravité, révèlent une crise dans certains quartiers et un profond malaise dans notre République. Ils montrent surtout la triple trahison de François Hollande.
La première, c’est d’avoir menti aux habitants des quartiers. La situation de Trappes, comme la difficulté sociale, économique, urbaine et morale des “banlieues”, n’est pas nouvelle : elle relève de notre responsabilité collective et de l’indifférence des gouvernements de gauche comme de droite pendant de très longues décennies. Sauf qu’il existe entre la gauche et la droite une différence majeure : Nicolas Sarkozy, lui, a toujours dit ce qu’il pensait, quitte à choquer, et il a agi en conséquence, sans mentir.
Alors qu’il était candidat, François Hollande a, quant à lui, manipulé les habitants des quartiers : il a multiplié les promesses, la main sur le coeur et les yeux emplis de larmes de crocodile, jurant qu’avec lui les banlieues seraient plus joyeuses, plus vertes, plus confiantes. Quelle fable ! Le 6 mai 2012, à 20 h 01, il leur avait déjà tourné le dos. Avec un cynisme total et assumé, il a fait des banlieues une chair à canon électorale : les socialistes ne s’intéressent jamais autant aux plus défavorisés que lorsqu’ils ont besoin de leurs voix.
La deuxième trahison du président, c’est de saper l’autorité de la République et de nier l’insécurité qui existe dans nos quartiers. La fonction suprême de nos gouvernants est de faire appliquer la loi, quoi qu’ils pensent de celle-ci. Comment peut-on transmettre le sens du vivre ensemble quand la majorité elle-même nie la loi, vante la transgression, relativise ce qui est interdit, minimise la délinquance quotidienne et ne joue pas son rôle d’exemple pour la société ?
Ce comportement n’est ni anodin ni isolé. Il se répand dans toutes les sphères de la société, à commencer par l’éducation, le coeur du problème — et de la solution ! — dans nos quartiers : en octobre dernier, M. Peillon, chargé de l’Éducation nationale, proposait à nos enfants de fumer tranquillement leurs joints ; les enseignants eux-mêmes se sentent lâchés par leur hiérarchie dès qu’ils tentent de faire preuve d’autorité ; la loi du silence est la règle la mieux partagée au sein de nos institutions scolaires. Quel exemple pour nos enfants !
Les habitants des quartiers ne réclament pas de différence de traitement, ils ne veulent ni misérabilisme ni victimisation. Ils demandent, comme partout, le respect de l’autorité pour leur sécurité ; ils revendiquent de pouvoir réussir par leur seul mérite dans les mêmes conditions que tout le monde, sans être renvoyés au statut d’assisté que la gauche affectionne tant…
La troisième trahison de François Hollande, c’est d’avoir affaibli la laïcité. Pendant des années d’opposition, le premier secrétaire du Parti socialiste s’est opposé systématiquement à l’ensemble des projets portés par l’UMP. François Hollande, comme Jean-Marc Ayrault, a refusé de voter le texte de Jean-François Copé interdisant le port de la burqa. L’actuel président de la République a dénoncé la « stigmatisation », balayant d’un revers de main les angoisses d’une large partie de nos concitoyens. Ils font les frais, aujourd’hui, de son comportement irresponsable.
Par ces trahisons, la gauche est coupable. Coupable d’aggraver le climat d’impunité, coupable d’accentuer le malaise identitaire et coupable d’entraîner la perte de repères dans nos quartiers populaires. Coupable de ne porter ni espoir ni ambition. Pendant cinq années, la gauche n’a eu de cesse d’attaquer Nicolas Sarkozy, organisant minutieusement un travail de sape de l’autorité républicaine et des tentatives de renouer avec la République du mérite et du respect ; elle s’est faite l’alliée objective de tous ceux qui travaillent à affaiblir la cohésion nationale et la République. Insidieusement, la gauche a trahi les quartiers populaires. Elle a trahi la République.

François Hollande : la spirale inéluctable du déclin économique

François Hollande s’est trompé (encore une fois me direz-vous) : sur le niveau de la croissance, sans cesse révisé à la baisse ; sur les déficits dont il a fallu reporter l’objectif de 3% à 2016 ; sur l’équilibre des comptes sociaux qui continuent de dériver dangereusement (15 milliards en 2012 pour le régime général de la Sécurité sociale) ; et sur le chômage qui a explosé depuis un an avec 300 000 demandeurs d’emplois en plus.

Ces résultats, en totale contradiction avec les annonces effectuées, étaient malheureusement inscrits dès les premières mesures prises en juin 2012.
Le collectif budgétaire, suivi de la loi de finances pour 2013, a en effet crée un choc fiscal de près de 40 milliards d’euros soit 2,7% du PIB, les entreprises en supportant la moitié alors que leur taux de marge s’était déjà effondré à un record historiquement bas de 28% contre 40% pour les entreprises allemandes.
N’allons pas chercher ailleurs les causes de la stagnation qui risque de déboucher sur une dépression : la faible confiance qui persistait a été remise en cause par des mesures fiscales qui ont aggravé la récession, la baisse du pouvoir d’achat et de la consommation, la chute de l’investissement et de la production.
En 2014, la France ne devrait pas retrouver son niveau de production industrielle d’avant 2008 : aucun autre pays à économie comparable ne sera dans ce cas.
La crise économique récente a mis en lumière de manière criante l’absence de réformes structurelles dans notre pays : aucune réforme de l’Etat ; aucune remise en cause du système de protection sociale en déficits chroniques ; une augmentation constante des dépenses publiques pour atteindre le record de 57% du PIB ; une croissance sans précédent des prélèvements obligatoires qui, avec 46% du PIB, placent la France sur la plus haute marche du podium ; une rétractation de la sphère productive due au manque de compétitivité de notre économie avec à la clé un chômage industriel massif et un déficit commercial record.
Face à cette urgence, les recettes du docteur Hollande sont dignes des médecins de Molière : on saigne le malade alors qu’il apparaît déjà très faible et anémié. La ponction fiscale attendue en 2014 (10 milliards d’euros ?), qui ne prend pas en compte les mesures de ponction relatives au rééquilibrage des comptes de l’assurance-vieillesse, va encore aggraver cette situation : la préférence française pour l’impôt et la dépense publique va accentuer la rétractation de l’appareil de production national.
Les expédients à caractère public (contrats aidés notamment ; crédit impôt-compétitivité) n’auront que peu d’impact sur la conjoncture même si, comme avec une drogue, le paradis artificiel de la stagnation du chômage peut être atteint.
François Hollande a choisi la déflation par l’impôt, a écarté tout choc massif de compétitivité, a tourné le dos aux réformes : le résultat sera à la mesure de ses erreurs.
Nous attendions un Gerhard Schröder à la française, nous aurons un Georges Papandréou à la corrézienne.

Le rebétiko, nouvel eldorado des archéomusicologues

Nouvel eldorado des archéomusicologues : la Grèce, et sa musique des bas-fonds, le rebétiko, compilé sur quelques nouveautés renversantes.

Les signes ne trompent pas. Depuis une dizaine d’années, le label anglais JSP, spécialisé dans les compilations de musiques d’avant-guerre, lui a consacré plusieurs coffrets indispensables. Au milieu des années 2000, Alex Kapranos, le leader de Franz Ferdinand, a maintes fois chanté ses louanges. En 2004, l’Américain (d’origine italo-grecque) Jim Sclavunos (batteur des Bad Seeds de Nick Cave) signait dans le Guardian un bel article sur le sujet (sous le titre éloquent “Tellement bon qu’ils l’ont interdit”).

En 2010, le très hype label américain Mississippi Records sortait un vinyle de la diva Marika Papagika (interprète en 1919 de Smyrneiko Minore, considérée comme la chanson la plus triste du monde). L’année dernière, l’Italien Vinicio Capossela lui consacrait son nouvel album – avec une version ramenée au pays de Misirlou, le tube surf-rock de Dick Dale popularisé par la BO de Pulp Fiction en 1994.
Le rebétiko, donc. Une musique née il y a un siècle dans les tavernes, les bordels pour marins et les prisons d’Athènes. Très loin des clichés folkloriques de mecs en jupe qui jouent du bouzouki et font la danse du mouchoir pour des touristes pétés à l’ouzo, une musique de l’intérieur, des bas-fonds infréquentables, qui parle de sexe, de drogue, de meurtres et de gangsters. Une musique historique aussi, liée aux soubresauts de l’indépendance du pays, aux guerres contre la Turquie, à la Première Guerre mondiale, chrétienne miséreuse, forcée après 1920 de quitter la Turquie pour s’installer en Grèce.
Pour le public occidental, le rebétiko est présenté comme une forme européenne du vieux blues. Ce n’est pas faux. Mais c’est surtout, dans son instrumentation et ses mélodies, une musique hautement influencée par le Moyen-Orient, par l’héritage culturel de l’Empire ottoman. “Je suis turc par la naissance, grec par les origines, et américain parce que mon oncle a fait un voyage”, disait Elia Kazan en ouverture de son chefd’oeuvre America America.
Cette musique en noir et blanc tragique raconte plus ou moins la même histoire. Et le coffret ultime vient d’arriver d’Amérique, conçu sous forme de livre-disque par le toujours essentiel label d’Atlanta Dust-To-Digital.Greek Rhapsody compile une quarantaine d’instrumentaux gravés sur 78t entre 1905 et 1956, au-delà du seul rebétiko et des frontières de la Grèce – pas mal de titres ont été enregistrés à Istanbul ou New York, peut-être par des oncles d’Elia Kazan. Des pépites exceptionnelles, merveilleusement nettoyées (la vieille musique a rarement aussi bien sonné), extraites d’un filon qui va de la Turquie aux Balkans en passant par Hawaii – la mode de la guitare hawaïenne dans les années 30 était arrivée jusqu’aux oreilles des Grecs.
L’autre gros morceau, c’est le coffret Beyond Rembetika du label JSP, qui ratisse la musique antique de la région de l’Epire (à la frontière entre la Grèce et l’Albanie). En grec, “épire” veut dire continent. Et c’est la révélation d’un continent oublié, presque cent morceaux enregistrés entre deux guerres mondiales et une multitude de conflits régionaux, qui suintent la virtuosité et la tragédie, comme un jazz sans l’insouciance. Une musique sophistiquée sur la forme, brute et violente sur le fond : magnifique. Pour finir, les esthètes garderont de la place pour Five Days Married & Other Laments, un autre disque qui résume le coffret précédent, sous une pochette dessinée par Robert Crumb.
Albums Greek Rhapsody (Dust-To-Digital/Differ-ant), Beyond Rembetika(JSP/ Socadisc), Five Days Married & Other Laments (Angry Mom Records/Orkhestra)


L’Europe a trop peur de l’échec


Le refus de l’Europe d’abandonner ses institutions défaillantes paralyse son redressement. Le continent devrait prendre exemple sur la ville américaine de Detroit, qui a récemment déclaré faillite, et laisser échouer les causes perdues, selon un journaliste du Financial Times.
La faillite de Detroit – une métropole autrefois remarquable – suit de quelques années seulement celle de General Motors, le légendaire constructeur automobile de Motown, comme on surnomme la ville. Ces deux débâcles sont le résultat de décennies d’échecs accumulés, parmi lesquels l’incapacité à regarder la réalité en face plus tôt.
Si l’Europe – et notamment la zone euro – veut sortir de la crise, elle doit adopter la méthode américaine
Elles symbolisent également l’avantage considérable des Etats-Unis par rapport à l’Europe : sa capacité à accepter plus facilement d’abandonner les causes perdues pour permettre à des activités plus prospères de croître. Accepter de laisser mourir les entreprises vouées à l’échec est une force, pas une faiblesse. Si l’Europe – et notamment la zone euro – veut sortir de la crise, elle doit adopter la méthode américaine et appliquer le dicton “qui aime bien châtie bien”.
Il est naturel d’être ébranlé lorsque les géants chancèlent. La dette de General Motors s’élevait à 172 milliards de dollars (130 milliards d’euros). Celle de sa ville natale pourrait atteindre 20 milliards de dollars, selon Kevyn Orr, l’administrateur public chargé de gérer la crise. L’essentiel de cette somme représente des pertes endurées par des personnes qui étaient convaincues que leurs paiements seraient honorés. Cette situation est bien évidemment injuste et on ne peut pas en vouloir aux créanciers floués de faire tout leur possible pour obtenir leur dû, comme en témoignent les demandes déposées par les syndicats de Détroit auprès du gouvernement fédéral.
Dans l’ensemble, toutefois, les Etats-Unis se sont habitués à laisser les choses se faire, en tout cas davantage qu’en Europe. Ça n’a pas toujours été le cas. En 1975, lorsque New York était sur le point de déclarer faillite, le président Gerald Ford aurait déclaré “allez crever !” (il n’aurait en fait jamais prononcé ses mots tristement célèbres), même si finalement, la ville a bénéficié de prêts de sauvetage. Mais au cours des dernières années, les Etats-Unis ont plutôt choisi de renvoyer des banques (Lehman Brothers et de nombreux établissements plus petits), de grands secteurs essentiels à l’économie (l’industrie automobile) ou encore de nombreuses municipalités au tribunal des faillites le plus proche.
L’Amérique châtie autant qu’elle aime. Aux Etats-Unis, prendre un risque et échouer ne sonnent pas le glas, car il est honorable de reprendre le dessus. La faillite est l’occasion de prendre un nouveau départ et dans la culture américaine, on se relève pour continuer à se battre. Le dynamisme économique américain doit beaucoup à l’attitude qui consiste à pardonner la prise de risque.

Aucune prise de risque

Pour les Européens, l’insolvabilité est entachée d’infamie. Faire faillite signifie traditionnellement que l’on n’est plus digne de confiance – c’est une honte qu’il faut cacher en quittant le monde des affaires à tout jamais et même (autrefois) en mettant fin à ses jours. Cette conception transparaît encore dans des règles archaïques, comme la période de faillite de douze ans imposée à l’Irlande (une échéance qui est enfin remise en question).
L’Europe juge la notion de défaut de paiement intolérable
Paradoxalement, si cette allergie culturelle à l’échec restreint la prise de risque, elle entraîne tout de même des politiques qui viennent porter secours à ceux qui ont effectivement pris de grands risques ayant abouti à un échec. L’Europe juge la notion de défaut de paiement intolérable. Si intolérable qu’au cours de la crise actuelle, elle a préféré prendre en charge les dettes des pays en faillite. Et elle subit les conséquences de cette décision.
Dans le cas de la Grèce, le choix était clair. Les Etats créanciers n’ont pas hésité à qualifier d’inacceptable la mise en œuvre d’un plan de sauvetage. Mais, l’idée qu’un Etat européen souverain risque de ne pas rembourser ses dettes s’est avérée encore plus inacceptable. Ainsi, des prêts venus de la zone euro – et du Fonds monétaire international, contraint et forcé – ont servi à retarder le jugement dernier.
Il s’est passé la même chose avec les banques. En 2010, le gouvernement irlandais a fait tout son possible pour pallier les incohérences des bilans de ses banques, et ce avec l’argent des contribuables, au lieu de déclarer ces établissements insolvables, de protéger les petits épargnants et de charger les créanciers de résoudre le problème. Lorsque Dublin s’est rendu compte que les fonds publics ne suffiraient pas, ses partenaires de la zone euro l’ont forcé à souscrire de nouveaux prêts auprès d’eux, afin de poursuivre le sauvetage. L’aversion pour la faillite a déformé les politiques vis-à-vis des banques, en Espagne et ailleurs.

Lents à tirer des conclusions

La réalité a contraint les Européens à changer d’avis, comme c’est souvent le cas in fine. La dette publique grecque a fini par faire l’objet d’une restructuration – mais pas avant qu’une grande partie des avantages liés à cette méthode ne soient perdus et non sans prétendre que les porteurs d’obligations pouvaient y souscrire volontairement. Dans le cas de Chypre, les pays d’Europe du nord n’ont pas réussi à encaisser l’idée de porter secours aux épargnants russes, même si les sommes concernées étaient réduites.
Même ces leçons prennent du temps à être assimilées. En 2010, les Etats-Unis se sont donnés le pouvoir de freiner les banques et d’imposer des pertes à leurs créanciers. La plupart des gouvernements de l’UE n’ont pas encore adopté ce type de législation cruciale. Il va se passer des années avant qu’ils y soient contraints par Bruxelles, même si la nécessité d’une requalification de la dette est admise par tous, en théorie.
Il est impossible de savoir combien d’argent la zone euro aurait pu économiser
Il est impossible de savoir combien d’argent la zone euro aurait pu économiser si elle avait appliqué une politique pragmatique de restructuration de la dette dès le début de la crise. En revanche, les années d’absence de croissance – par rapport au rythme modeste mais honnête auquel les Etats-Unis sont sortis de la crise – sont en partie dues à l’excédent de dettes qui demeure en Europe. Alors que l’ampleur des dettes au sein de l’économie américaine a énormément diminué, la population recommence à consommer. L’Europe est freinée par des banques dont les réserves de capitaux sont trop faibles – c’est le résultat d’un refus de convertir la dette en actions lorsque les autres sources de capitaux tarissent.
L’Europe peut rétorquer que la pire de toutes les faillites – celle de Lehman Brothers – a montré les dégâts engendrés par la tendance américaine àlaisser faire. Ce n’est pas faux, mais les Américains et les Européens ont cependant tiré des leçons différentes de ce choix. Les Etats-Unis se sont employés à mettre fin à la devise “trop grand pour sombrer” (bien qu’ils aient encore du chemin à parcourir). Jusqu’à la crise chypriote, l’Europe faisait le contraire et traitait même les plus petites banques comme si leur faillite serait aussi catastrophique que celle de Lehman Brothers.
F. Scott Fitzgerald a écrit : “Il m’est arrivé de penser qu’il n’y avait pas de deuxième acte dans les vies américaines, mais il allait à coup sûr y en avoir un dans la grande épopée du boom new-yorkais.” Fitzgerald avait en tête le crash de 1929 qui a interrompu les années folles. L’Europe doit suivre l’exemple que les Etats-Unis lui ont montré à de nombreuses reprises : laissez le deuxième acte arriver, puis un troisième suivra le moment venu. C’est ce qui s’est passé pour General Motors et c’est certainement le sort qui attend Détroit.

Prison à vie pour Ariel Castro

Prison à vie pour Ariel Castro


Ariel Castro, 53 ans, a eu beau plaider qu’il n’était pas un « monstre », le juge Michel Russo lui a promis qu’il ne sortirait jamais de prison, en lui infligeant la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une peine de prison de… 1 000 ans.
Condamné à la prison à vie jeudi, pour avoir séquestré et violé pendant une décennie trois jeunes femmes – Michelle Kinight, Armanda Berry et Gina DeJesus, enlevées alors qu’elles n’avaient respectivement que 20, 16 et 14 ans – dans sa maison de Cleveland (Ohio), Ariel Castro, l’ancien chauffeur de bus scolaire d’origine portoricaine qui, pour échapper à la peine de mort, avait plaidé coupable de 937 chefs d’accusation (enlèvements, viols et meurtre aggravé pour avoir mis fin à la grossesse d’une de ses victimes en la rouant de coups), n’a apitoyé ni convaincu personne de son « innocence », de sa « folie ».
Il a bien essayé de se faire passer pour un malade mental en parlant de son addiction, sa dépendance, à la pornographie (il a répété, comme excuse, avoir été agressé sexuellement lorsqu’il était jeune et être devenu accro au sexe et à la pornographie à la suite de cette agression) « au point que cela me rend impulsif et que je ne réalise pas que ce que je fais est mal », personne n’est tombé dans le panneau de la compassion envers ce tortionnaire.
D’autant plus difficiles à croire, sa demande de pardon et ses regrets, qu’Ariel Castro a assuré fermement qu’il « n’a jamais battu ces femmes ». Et d’affirmer sans rire : « Je ne les ai jamais torturées. (…) La majorité des relations sexuelles qui ont eu lieu dans cette maison, presque toutes, étaient consenties. Dire que je les ai forcées est complètement faux. Il y a même des fois où elles demandaient. (…) Je ne suis pas une personne violente. (…) Il y avait même une harmonie dans cette maison. »

A chacun son enfer

Ces déclarations décousues faisaient suite au témoignage poignant de Michelle Knight, aujourd’hui âgée de 32 ans. Une jeune femme brisée à vie qui a raconté en pleurs devant la cour et son bourreau le calvaire qu’elle a vécu dans cette maison (dans la cave) de l’horreur de Cleveland.
« J’ai vécu onze ans d’enfer, maintenant votre enfer ne fait que commencer. (…) La peine de mort serait beaucoup trop facile, vous ne la méritez pas », a-t-elle promis à son tortionnaire, la voix tremblante et les larmes aux yeux. « Je surmonterai ce qui s’est passé [Michelle Knight s’est trouvée quatre fois enceinte durant sa captivité] », a-t-elle poursuivi en ajoutant : « Je peux vous pardonner mais je ne pourrai jamais oublier toutes ces nuits où j’étais seule, où j’avais peur, tous les jours, de tout ce qui pouvait m’arriver à moi et aux autres filles. Je vivrai (…) pendant que vous mourrez à petit feu chaque jour en pensant aux onze années et aux atrocités que vous nous avez infligées. (…) Vous méritez de passer votre vie en prison. »
Pas de pitié ni d’excuses pour Ariel Castro. « Monsieur, il n’y a pas de place ni dans cette ville, ni dans ce pays, ni en fait dans ce monde, pour ceux qui réduisent les autres à l’esclavage, pour ceux qui agressent sexuellement et brutalement », a lancé le juge Michel Russo.
Ariel Castro finira sa vie en prison.

Désormais, l’enfer est à lui !

OGM, énergie : Hollande sur des charbons ardents


En déplacement en Dordogne, le président a tenu à rassurer encore ses alliés Verts, malgré les oppositions des agriculteurs et des industriels.
D'un côté une manifestation des antigaz de schiste ce samedi en Seine-et-Marne et des écologistes remontés comme des coucous depuis que le Conseil d'État a annulé jeudi l'interdiction du maïs modifié de Monsanto pour cause de non-conformité au droit européen. De l'autre, des agriculteurs et des industriels qui peinent à croire qu'en période de crise le gouvernement choisisse de les priver de tels gisements de croissance. Sur les dossiers ultrasen­sibles des gaz de schiste et des OGM, la pression se fait chaque jour plus forte sur François Hollande. Le voilà qui avance comme sur une ligne de crête. Comment concilier des intérêts si divergents?
Les pieds nickelés sortant prendre des vacances
En déplacement vendredi après-midi dans des exploitations agricoles de Dordogne, le président a tenu à rassurer les alliés du PS sur les OGM. «Il y aura, a-t-il promis, une prolongation du mora­toire» sur le maïs transgénique de Monsanto. «Pourquoi avons-nous fait le moratoire sur les OGM? Non pas parce que nous refusons le progrès, mais au nom du progrès. Nous ne pouvons pas accepter qu'un produit, un maïs, puisse avoir des conséquences défavorables sur les autres productions», a justifié le président. Conscient de la difficulté de la tâche, Hollande a toutefois admis qu'il était nécessaire de «sécuriser juridiquement cette décision sur le plan national et surtout sur le plan européen». À défaut, le Conseil d'État casserait le nouvel arrêté d'interdiction, comme il l'a fait le 1er août avec celui qui avait été pris par l'ancienne majorité, début 2012. Le gouvernement doit trouver la parade. Et ce, «avant les prochains semis» d'avril 2014, comme l'a indiqué le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll.
Manifestement, le président a choisi. À quelques mois des municipales, alors que les sondages sont au plus bas pour l'exécutif et que la majorité est fissurée, il s'emploie à ne pas froisser ses alliés Verts. Tant pis pour les agriculteurs qui réclament que soit engagée une véri­table réflexion sur le sujet des OGM ou pour les entreprises qui, à tort ou à raison, voient dans les gaz de schiste d'importants relais de croissance.

Messages contradictoires

Au PS, certains s'inquiètent de l'influence grandissante des Verts sur la politique gouvernementale. Le député PS du Nord Christian Bataille dénonce ainsi «cette stratégie de concession systématique» à Europe Écologie-Les Verts, «parti de l'immobilisme, voire de la régression».
Longtemps, Hollande a tergiversé sur ces dossiers chers aux écologistes, surtout sur celui des gaz de schiste, entretenant à dessein l'ambiguïté sur sa position et envoyant des messages contradictoires. Peu avant son départ du gouvernement,Delphine Batho avait d'ailleurs dénoncé une «ambiguïté permanente» sur les gaz de schiste. Après avoir annoncé, en septembre 2012, l'annulation de sept demandes de permis d'exploration, en raison de soupçons sur un éventuel recours à la fracturation hydraulique, interdite en France depuis une loi votée en 2011 par la précédente majorité, Hollande avait deux mois plus tard entrouvert la porte. «La recherche continue. On ne peut pas empêcher la recherche sur d'autres techniques» que la fracturation hydrau­lique, avait-il lancé en novembre 2012, au cours de sa première grande conférence de presse tenue à l'Élysée. «Aujourd'hui, elle n'a pas abouti. Mais elle n'est pas interdite. Je laisse les chercheurs travailler.» Le cas échéant, «je prendrai mes responsabilités le moment venu», avait-il conclu. Les écologistes y avaient vu une provocation.

«Il n'y aura pas d'exploitation de gaz de schiste»

Les positions sont désormais beaucoup plus claires. Le 14 juillet, quelques jours après que le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg - favorable au gaz de schiste -, a à nouveau fait entendre sa voix sur le sujet, le président a fermé le ban. «Tant que je suis président, il n'y aura pas d'exploration de gaz de schiste», a-t-il tranché lors de l'entretien accordé à TF1 et France 2. «C'est quoi, le gaz de schiste? C'est un eldorado, là, qu'il suffirait de creuser?» a-t-il persiflé dans la foulée.
Le sujet des gaz de schiste est pourtant loin d'être épuisé. Même si aucun pays en Europe n'en produit encore, la liste des pays qui cherchent les gaz de schiste ne cesse de s'allonger: Pologne, Royaume-Uni, Roumanie, Hongrie, Espagne, Lituanie. Et l'Union européenne avance sur le sujet, mais pas dans le sens des écologistes. «Il ne s'agit pas d'interdire la fracturation hydrau­lique au niveau européen. Notre but est de créer les conditions pour que cela soit fait d'une manière sûre et sécurisée», a ainsi déclaré en juillet le commissaire à l'Environnement, Janez Potocnik. Une pression supplémentaire avec laquelle François Hollande devra composer à moyen terme.

La loi sur la fracturation hydraulique aux mains des Sages

À l'image du Conseil d'État pour le maïs OGM, le Conseil constitutionnel va-t-il lever l'interdiction de la fracturation hydraulique et permettre à des titulaires de permis d'exploration de forer du jour au lendemain? À l'origine de cette crainte des anti-gaz de schiste,  un recours de la société américaine Schuepbach. Celle-ci détenait deux permis, en Ardèche et dans l'Aveyron. Ils ont été abrogés en application de la loi de juillet 2011 interdisant la fracturation hydraulique. Le Conseil d'État a jugé, le 12 juillet, les arguments du pétrolier, qui invoque une interprétation abusive du principe de précaution, assez «sérieux» pour les transmettre au Conseil constitutionnel. Les Sages du Palais-Royal doivent se prononcer avant le 12 octobre. S'ils annulent la loi de 2011, le gouvernement assure qu'il prendra ses dispositions pour maintenir l'interdiction de la fracturation hydraulique.