TOUT EST DIT

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lundi 13 décembre 2010

La patience selon Ségolène


Interrogée sur son impatience à se porter candidate à la présidentielle, Ségolène Royal a répondu, avec une belle candeur, hier matin au micro d’Europe 1, qu’elle était en réalité « très patiente », car elle a attendu « plus de trois ans » pour déclarer sa candidature. Autrement dit, elle ne pense qu’à ça depuis sa défaite de 2007. On le savait, bien sûr. Mais l’aveu n’est pas anodin, car il éclaire les jeux d’ombre et de lumière qui agitent le Parti socialiste. En façade, les militants ont eu droit aux mamours Royal-Aubry à la tribune de la convention socialiste de samedi. Dès que les projecteurs furent éteints, le grand concours de lancer de peaux de bananes sous les escarpins de la sœur ennemie a repris. Aubry défend-elle la tenue des primaires socialistes à l’automne 2011 ? Royal trouve qu’il s’agit là d’une « drôle d’idée » et souhaite « rectifier le tir ». Aubry se félicite-t-elle de l’unité retrouvée au PS autour du projet sur « l’égalité réelle » ? Dès le lendemain, Royal annonce qu’il sera impossible de tenir tous les engagements du texte. La première secrétaire n’a pas fini d’être démentie par sa rivale du congrès de Reims. En toute amitié, bien entendu… avant que les fleurets mouchetés ne fassent place aux tirs à balles (politiques) réelles. Ce qui ne saurait tarder, vu l’accélération du calendrier des ambitions.


Après un semblant de travail sur le fond, les socialistes s’éloignent une nouvelle fois des préoccupations de leurs électeurs pour s’abandonner aux délices des rivalités internes. Ils se disent qu’ils peuvent bien se payer ce luxe, puisque tous les partis, de l’UMP au Front National, font de même. À l’UMP, Jean-François Copé vient de réussir son pronunciamiento contre Xavier Bertrand, au FN Marine Le Pen et Bruno Gollnisch se livrent une bataille sans merci pour la succession de Le Pen père. Partout, les coups bas pleuvent, ce qui ne redore pas l’image du microcosme politique (la réélection très « soviétique » de François Bayrou à la tête du MoDem non plus, d’ailleurs).


La France paie au prix fort le remplacement du septennat par un quinquennat qui rapproche les échéances au détriment du travail à long terme. Mais soyons réalistes : nos hommes et femmes politiques sont-ils capables de voir plus loin que le bout de leur nez ? On en doute : la description de la « patience » par Ségolène Royal ne vaut pas que pour elle.

Pourquoi Paris se vide de ses grandes entreprises

Cette semaine a débuté le déménagement de LCL de Paris à Villejuif, concomitant à celui du Crédit Agricole à Montrouge, autre commune de la banlieue. Les gros employeurs, y compris l'État, sont de plus en plus nombreux à traverser le périphérique.
Lundi dernier, 2.000 salariés de la banque LCL dont l'ensemble du comité de direction générale se sont installés dans leurs nouveaux bureaux, à Villejuif. Non loin du métro qui dessert depuis vingt-cinq ans cette ville communiste de 51.000 habitants située à 8 kilomètres de Notre-Dame. L'adieu au célèbre immeuble parisien du Crédit Lyonnais situé à deux pas de la Bourse, s'est fait sans effusion.
Et pour cause, traverser le périphérique n'est plus une aventure. Il s'agirait même plutôt d'une tendance de fond qui s'est accentuée avec la crise. Selon les données de l'Insee, la capitale comptait officiellement 138 établissements de plus de 1.000 salariés en 2008. Ils n'étaient plus que 123 l'an dernier. Une bonne partie de cette décrue est liée à des transferts au sein même de la région. En 2007, Paris concentrait encore 32 % des sociétés, divisions et autres filiales installées en Île-de-France employant plus d'un millier de personnes. Deux ans plus tard, la proportion n'atteint plus que 29,7 % (voir graphique).
« Dans le triangle d'or parisien, les bureaux haussmanniens se louent 700 euros du mètre carré alors que, dans la petite couronne, on en trouve de bien mieux conçus pour 350 euros », souligne Christophe Clamageran, le PDG du groupe foncier Gecina, le plus gros propriétaire de bureaux de France. Même les dirigeants attachés aux avantages d'une adresse parisienne savent qu'ils manqueront d'arguments pour défendre devant leur conseil d'administration le maintien de leurs troupes dans la capitale. D'autant que les bureaux parisiens sont, dans l'ensemble, très mal conçus.
Christophe Clamageran l'assure : « Rénover en respectant les normes environnementales relève, à Paris, de la mission impossible dans les immeubles anciens. De plus, dans un bureau contemporain, sur un grand plateau, 12 mètres carrés par salarié suffisent alors qu'il faut compter 16 à 20 mètres carrés à Paris. »
Autre argument qui fait mouche : le manque d'offres. Selon les professionnels de l'immobilier, une entreprise qui chercherait 10.000 mètres carrés de bureaux à Paris se voit proposer au mieux trois adresses. Alors qu'une société qui ne doit loger que 70 salariés a l'embarras du choix. Résultat : pour les grandes surfaces, les prix sont 10 à 15 % supérieurs. « L'extension continue du métro parisien au-delà du périphérique encourage ces déménagements car les employeurs veulent éviter que leurs salariés passent plusieurs heures dans les transports », souligne-t-on à la chambre de commerce et d'industrie de Paris.
Mais disposer d'une adresse parisienne reste un élément de communication très apprécié. De nombreuses entreprises se débrouillent donc pour garder un pied-à-terre dans la capitale leur permettant de recevoir des clients importants ou d'organiser leur conseil d'administration. Voilà pourquoi 25 entreprises du CAC 40 ont encore officiellement leur siège social dans la capitale. D'ailleurs, Paris a beau se vider de ses grandes entreprises, il y a peu de risque que ses immeubles de bureaux soient tous transformés en logements. Car, pour l'heure, ce sont les petites, voire très petites entreprises qui s'installent dans les immeubles quittés par les grands employeurs. Paris concentre désormais 45 % des entreprises franciliennes employant... zéro salarié.

Christine Lagarde prévoit une croissance supérieure à 1,6% en 2010

Après François Fillon qui, ce week-end, prévoyait une croissance française de plus de 1,5% cette année, Christine Lagarde est encore plus optimiste et espère un "gros 1,6%" de croissance du PIB.
 La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a dit espérer ce lundi, sur RMC et BFM TV, que la croissance française serait de l'ordre d'un "gros 1,6%" du PIB en 2010. Le gouvernement avait bâti le budget 2010 sur une prévision de croissance de 1,4% de l'économie française, un chiffre qui a été relevé à 1,6% en septembre.
Interrogée sur la possibilité d'atteindre 1,7% du PIB, elle a estimé qu'il y avait encore "trop d'aléas" pour pouvoir se prononcer. "Ce serait une très belle surprise de fin d'année, il faut attendre un peu", a-t-elle fait valoir.
Samedi, devant les membres de l'UMP réunis pour un conseil national à Paris, François Fillon avait affirmé que la croissance de l'économie française serait en 2010 " nettement supérieure " à la prévision de 1,5%. "En 2010, la croissance de l'économie française sera nettement supérieure à nos prévisions et la cible de 2% est clairement à notre portée ", a dit le Premier ministre.
Des prévisions 2011 jugées trop optimistes
Dans son projet de budget 2011, le gouvernement table officiellement sur une croissance de 1,5% en 2010 et de 2% en 2011. Si la prévision de gouvernement pour 2010 est conforme à celle des principaux instituts de conjoncture français et internationaux, celles pour 2011 (2%) et pour 2012 (2, 5%) sont jugées trop optimistes par la plupart des économistes.

Cancún, accord fragile

À défaut de sauver le climat de la planète d'un avenir chahuté, la conférence de Cancún a eu le mérite d'effacer le calamiteux précédent de Copenhague. Sous les ovations, l'accord relance le processus onusien. Le Japon, la Russie, l'Australie qui menaçaient de trucider l'accord de Kyoto signé en 1997, ont finalement laissé les dagues au vestiaire. L'habile présidence mexicaine a su trouver la « formule ambiguë » qui fait que l'on « tentera à Durban » seulement, en Afrique du Sud, dans un an, de rediscuter de Kyoto et de ses suites.

À Cancún, la diplomatie climatique onusienne est sortie de son coma post-traumatique. Les délégués des 194 pays - sauf la turbulente Bolivie - ont applaudi la renaissance de la moribonde. Ouf de soulagement ! Car si le processus de Kyoto avait été mis à mal, c'est tout le château de cartes climatique, patiemment construit depuis le sommet de Rio de Janeiro, en 1992, qui s'écroulait. Près de vingt ans d'efforts et de négociations. L'effondrement d'une telle volonté collective planétaire aurait ébranlé toute l'organisation onusienne et mis à bas le multilatéralisme au profit des égoïsmes nationaux.

Concrètement, les mécanismes de transferts de technologies, les aides aux pays les plus pauvres et les plus menacés par le réchauffement de la planète, le sauvetage de la forêt tropicale, coulaient à pic. Au Mexique, au contraire, le principe d'un fonds vert de 100 milliards de dollars a été acté. Le dispositif de lutte contre la déforestation également. Les défenseurs de l'écologie veulent y voir « un élan collectif retrouvé ». La tentation du chacun-pour-soi a été repoussée.

Gare toutefois aux illusions. Édifice fragile. Les financements ne sont pas assurés. L'objectif collectif de limiter à deux degrés maximum l'augmentation de la température moyenne du globe est réaffirmé, mais aucun engagement, pays par pays, n'a été pris. Les accords actuels (Kyoto) sont insuffisants et insuffisamment respectés. Kyoto 2 reste à l'état de projet incertain.

Les divergences persistent entre d'un côté les pays riches historiquement les plus pollueurs ; de l'autre les puissants pays émergents, Chine et Inde en tête, et les pays pauvres qui polluent peu, mais sont les plus gravement menacés. La Chine, par exemple, mène un jeu subtil. Elle est favorable à Kyoto, aux contraintes qui pèsent sur les pays du Nord, tant qu'une paroi étanche la soustrait à ces mêmes contraintes. Pas question de régler un tant soi peu la facture historique de la pollution. Ce qui ne l'empêche pas de miser sur les technologies propres qui conforteront, demain, son leadership économique mondial.

Rien, enfin, ne peut s'accomplir sans une entrée des États-Unis dans le processus de Kyoto. Mais Barack Obama est ligoté. Le second État le plus pollueur de la planète ne s'est toujours pas doté d'une loi fédérale sur les énergies propres. La Maison Blanche ne dispose plus d'une majorité suffisante pour la faire adopter. Pourra-t-il sortir de cette paralysie avant Durban ? Rien n'est moins sûr.

Les résultats de Cancún se soupèsent donc à l'aune de toutes ces incertitudes. Par contre, la menace climatique, si l'on en croit les dernières observations scientifiques, n'a vraiment rien d'incertain. Elle ne décélère pas, contrairement aux prédictions des climato-sceptiques. Au contraire, elle prospère.

Branle-bas


C’est la grande découverte du week-end : Marine Le Pen est la fille de son père. Talentueuse et odieuse, exploiteuse de la haine. Obsédée par les musulmans, comme son père l’a été par les juifs. Et les enfants de Marine, les petits-enfants de Jean-Marie, croyez-vous qu’ils vomiront les bouddhistes ? L’autre découverte du week-end, c’est que la présidentielle arrive dans exactement cinq cents jours. Tous y pensent, sans toujours le dire : Martine Aubry cogne sur Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal essaie de cogner plus fort, Jean-François Copé et François Fillon se reparlent, François Bayrou discourt très longtemps en se citant… Cinq cents jours à vivre encore à ce régime. Le branle-bas du week-end nous rappelle que c’est très court. Mais n’oublions pas que c’est aussi très long, cinq cents jours, suffisamment long pour que le paysage présidentiel soit encore mille fois bouleversé
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Pharmacies : le logiciel qui fraude le fisc tout seul

On savait les cafetiers fraudeurs. Mais les pharmaciens en blouse blanche ne seraient pas plus vertueux ! Enfin certains d'entre eux... Grâce à un logiciel dont il suffit d'activer la fonction "minoration fiscale" en entrant un code secret.`
 Tout est parti d'une enquête de la Caisse d'Assurance maladie qui signale en 2008 au fisc une possibilité de fraude de la part d'une pharmacie de Rémoulins, dans le Gard, dont le chiffre d'affaires aurait été fortement minoré. Cité dans l'affaire : le logiciel de gestion d'officine fourni par Alliadis. Son logiciel Alliance est présenté comme leader sur le marché de l'informatique officinale et Alliadis (qui fait partie du groupe Cegedim) compterait 9380 clients. L'enquête de gendarmerie met en cause la direction régionale centre-ouest à Niort.

Une pratique courante

L'affaire est remontée à la Direction Générale des Finances Publiques (DGFIP). Car l'utilisation de la fonction frauduleuse du logiciel concernerait pas moins de 4000 officines sur un total de 22000 en France. Pire la DGFIP a indiqué à l'AFP que l'utilisation de logiciels "permissifs" serait une pratique courante dans d'autres activités commerciales. Ces programmes permettraient "d'occulter les opérations imposables et donc de frauder le fisc" en minorant systématiquement le chiffre d'affaires. Dans le cas du dossier des officines, cette fraude concernerait principalement la parapharmacie.

Le procureur de Nîmes a indiqué que l'évasion fiscale avait bien une ampleur nationale et qu'elle aurait causé un préjudice (minoration de chiffre d'affaires) d'environ 400 millions d'euros en trois ans. De source judiciaire, il suffisait au pharmacien de demander au fournisseur du logiciel un code de déblocage pour accéder à la fonction de minoration du CA.

Le président de la Fédération méditerranéenne des syndicats de pharmaciens a estimé ce samedi que les propos du procureur de Nîmes étaient calomnieux. "A ma connaissance, il n'y a eu que deux autres contrôles fiscaux dans des pharmacies utilisatrices du même logiciel" a déclaré Frédéric Abécassis. L'extrapolation à 4000 officines serait donc quelque peu risquée... Il y a cependant de quoi s'interroger sur la rigueur des procédures d'homologation des logiciels paramédicaux.

Le spectacle peut commencer

Au théâtre, on appelle ça un filage. Plus qu’une dernière répétition, une mise en place. Chacun prend ses marques avant les trois coups. On rode ses mouvements, sa gestuelle, ses répliques en accéléré. Sur la scène politique, ce moment là existe aussi. C’est ce week-end qu’il s’est produit. Pour ceux qui l’ignoraient encore, la campagne de la présidentielle 2012 est lancée.

A 500 jours du premier tour, les manœuvres ont commencé pour que les premiers rôles - qui ne sont pas tous encore distribués - n’aient plus qu’à faire leur entrée en scène un peu plus tard dans le premier acte. Un scénario très classique.

PS, UMP, Verts, MoDem et Front national ont chacun réglé le jeu qu’ils vont jouer. Est-ce l’instinct ? Sans se concerter, les quatre mouvements se sont spontanément accordés pour placer le début de la représentation dès le début de l’année 2011. Autrement dit, bien avant le calendrier qu’ils ont eux-mêmes annoncé. L’échéancier du quinquennat a sa propre horloge interne, celle du désir et de la nécessité, qui échappe aux stratégies et même aux volontés.

Voilà un constat qui, en fait, contrarie beaucoup de monde. Une partie des Socialistes, pour commencer, qui s’aperçoivent combien il sera impossible de jouer la montre jusqu’en septembre-octobre pour attendre le retour, qu’ils espèrent triomphal, de leur champion de Washington. En attendant, ses concurrentes, Martine Aubry et Ségolène Royal, ont fait le grand show de l’unité, une représentation peu crédible dont elles espèrent malgré tout tirer profit pour leur propre compte.

L’Elysée, lui aussi, a un problème avec le temps. Le Président n’est pas pressé, on le sait, d’annoncer sa candidature, mais il voit Jean-François Copé pousser à la roue en évoquant le « danger » qui menacerait la majorité. Donc : urgence ! Comme pressé de ferrailler, le nouveau secrétaire-général a commencé à mettre au pas l’UMP, piaffant pour descendre dans l’arène de l’épreuve-reine, et déterminé à montrer ses talents de sauveur de roi, avant de les utiliser pour lui-même. Plus tard. La présence à son côté de François Fillon, toujours aussi apprécié parmi les cadres du mouvement, brouille un peu plus les cartes tant elle met en évidence le lien avec les élus que le Premier ministre continue patiemment de faire fructifier. Jusqu’où ?

François Bayrou, lui, n’est sans doute pas fâché de voir tourner les aiguilles de la grande pendule du mandat présidentiel. Il a survécu à la phase de critique sans relâche du modèle sarkozyste et affirme maintenant vouloir construire. Son MoDem l’a réélu avec un score soviétique sans qu’on sache si ce parti perpétuellement fragile sera assez costaud pour soutenir sa nouvelle aventure présidentielle.
Mais c’est sûr : il ira. Enfin, une certitude…


L’Occupation favorite des Le Pen

C’est reparti comme en 40 ! Marine Le Pen se lance dans l’analogie historique. Le spectacle des musulmans priant dans nos rues lui rappelle… “l’Occupation allemande”. Une horreur, donc.

Elle eût pu juste souligner que l’espace public, en pays laïque, n’a pas de vocation religieuse. Ou que la foi des uns ne saurait empêcher la libre circulation des autres. Mais non, la blonde patriote préfère convoquer les fantômes de la Seconde guerre mondiale. Elle sait que l’allusion, par son outrance même, va lui assurer une retentissante publicité. Et ça ne manque pas.

De l’UMP au PS, les ténors s’empressent de commenter l’odieux “dérapage”. Le Mrap dépose aussitôt plainte pour “incitation à la haine raciale”. D’une aberration proférée un soir de meeting, on fait l’évènement politique du week-end.

En campagne contre Bruno Gollnisch et ses amis, qui la trouvent “un peu trop à gauche”, l’héritière du FN jubile. Voilà tout “l’establishment” qui l’accable, lui apportant une odeur de soufre bienvenue. On croirait revivre le bon vieux temps de “Durafour crématoire”. Ouf ! Les militants “purs et durs” respirent, Marine se pose bien dans la tradition familiale.

La fille, lorgnant vers Vichy, semble enfin rejoindre l’obsession du père. Encore que Jean-Marie Le Pen déclarait, début 2005 : “En France, l’Occupation allemande n’a pas été particulièrement inhumaine”. Il faudrait savoir.

Le multilatéralisme bouge encore

Sauvetage, nouveau souffle, bouffée d'oxygène, les messages en provenance de la conférence de Cancún sur le climat ont des allures de comptes-rendus médicaux, en direct de la salle de réanimation. Peu d'observateurs, nous compris, donnaient cher de la peau de cette réunion avant son commencement. Le naufrage du sommet de Copenhague avait produit un tel effet que les participants se félicitent d'avoir seulement évité l'échec.

Les sommets sur l'environnement, comme ceux sur le commerce international, sont toujours des tests de la volonté des Etats de progresser ensemble vers une gouvernance mondiale. Non à huit ou à vingt, mais à près de deux cents, ce qui rend la tâche herculéenne. Car plus on invite de convives autour de la table de négociations, plus on prend le risque de la collision d'intérêts divergents. Quatre blocs s'affrontent : les pays occidentaux, généralement les plus motivés ; les pays très pauvres, au pouvoir de négociation quasi nul ; les pays émergents, Chine et Inde en tête ; et, enfin, les Etats-Unis. Ce dernier pays, par son poids et son hostilité traditionnelle au multilatéralisme, forme un bloc à lui tout seul. La nouveauté est évidemment la puissance nouvelle des émergents, qui modifie toutes les règles du jeu. Ils voient le monde, et leur place, en expansion quand les Occidentaux le perçoivent en contraction. Tant de visions contradictoires dans une même assemblée conduisent inévitablement soit à l'échec, soit à une dilution telle du texte final que l'on n'en perçoit même plus les effets contraignants. C'est ce qui s'est passé à Cancún avec un accord qui rappelle un objectif ambitieux tout en se gardant bien de fixer les moyens d'y parvenir. C'est de la négociation homéopathique ! Certains y croient, d'autres pas.

Il faut pourtant y croire. Comme le montrent les précédents de l'Organisation mondiale du commerce ou même des accords récents sur la biodiversité, cette méthode frustrante des petits pas est la seule qui fonctionne. Le principe du consensus (qui n'est pas forcément l'unanimité) donne visibilité et légitimité aux décisions. En dépit de sa bureaucratie, de son aspect interminable et si peu spectaculaire, le multilatéralisme reste le meilleur rempart contre la force pure, l'inaction et l'arbitraire.

Une ardente patience

a l'aurore de la reprise, la France doit s'armer d'une ardente patience. Avide de tourner à meilleur régime, la machine économique semble pour longtemps bridée par les séquelles d'une crise financière dont les tourments, levés avec l'automne 2008, viennent tout juste de vivre leur crépuscule. En recul de 0,8 % en octobre, le dernier indice de la production industrielle publié par l'Insee montre, en effet, combien le retard pris au cours de ce long recul de l'histoire sera difficile à rattraper. Pour peu qu'il puisse l'être. Car ce plongeon mensuel de l'activité de l'industrie n'est pas seulement la conséquence du blocage des raffineries et dépôts de carburant organisé par représailles à la réforme des retraites. Non sans effort, cette richesse perdue sera retrouvée.

En revanche, il n'est pas sûr que l'appareil productif remonte de sitôt l'escalier dévalé au plus fort de la crise. Entre son point haut de février 2008 et son point bas d'avril 2009, l'industrie a vu son activité mensuelle se contracter de 20 %. Un recul qui l'a ramenée quinze ans en arrière. Aujourd'hui, seule une petite partie du chemin perdu a été rattrapée et cela tend à donner raison aux économistes réalistes qui, tels Mathilde Lemoine (HSBC) dans son étude « France, équilibres instables », Jean-Philippe Cotis (Insee) et Paul Champsaur (Autorité de la statistique publique) dans leur note « Quelle croissance de moyen terme après la crise ? », identifiaient la perspective d'une croissance durablement de second rang. Résumons : le décrochage n'a pas été que conjoncturel et passager mais structurel et persistant.

Deux phénomènes à l'oeuvre dans l'industrie se sont conjugués pour réduire le braquet de l'économie. D'abord, à la différence de ce qui s'est produit lors de récessions « ordinaires », les fermetures d'usines, les restructurations voire les faillites ont affecté les capacités de production du pays. Ensuite, les délocalisations, notamment dans ce secteur automobile qui sert souvent de baromètre industriel, ont diminué pour longtemps le potentiel de production. Les véhicules achetés en France sont aujourd'hui moitié moins nombreux à être produits sur le territoire national qu'il y a sept ans.

Ce décrochage de l'activité industrielle a des conséquences douloureuses mais inévitables sur la politique économique. Il signifie qu'il serait plus imprudent que jamais d'espérer financer de nouvelles prestations publiques par un dynamisme retrouvé des recettes fiscales. Les grands projets devront être financés par des économies. La croissance ne peut plus venir au secours de la dépense.

Gianfranco Fini


Le président de la Chambre des députés italienne a commencé sa carrière à l'extrême droite à cause d'un film de John Wayne. C'est parce qu'il était ulcéré de voir des gauchistes interdire l'entrée d'un cinéma où était projeté « Les Bérets verts », une oeuvre vantant l'intervention américaine au Vietnam, que le jeune Bolognais, fils d'un cadre de l'industrie pétrolière, décida de s'inscrire au MSI. Le début d'un long compagnonnage pour celui qui deviendra chef des jeunesses du parti avant d'être élu député puis de prendre les commandes du parti. « Nous sommes fascistes, les héritiers du fascisme, le fascisme de l'an 2000 », proclamait alors l'ex-professeur de lettres, dont un grand-père était communiste tandis que l'autre admirait le Duce. Son recentrage vers la droite républicaine et son rapprochement avec Berlusconi ont eu lieu au moment où il quittait sa femme, une ardente militante néofasciste, pour une blonde animatrice de télévision de vingt ans sa cadette, dont il a deux filles. Si ce diplômé en pédagogie, promoteur d'une loi punitive sur les stupéfiants, a reconnu avoir fumé de la marijuana lors de vacances à la Jamaïque, il est loin d'avoir le côté « bunga-bunga » du chef du gouvernement dont il guigne la succession. Sa rupture cet été avec le « Cavaliere » lui vaut les attaques des puissants journaux proches de ce dernier, qui l'accusent d'avoir détourné à son profit un appartement monégasque légué à son parti. Ils ont même publié des photos de la cuisine, et la vaisselle risque de continuer à voler entre les deux anciens alliés

Coupes dans le budget de la Culture en Italie: Pompéi s'écroule, le Colisée s'effrite

"Le patrimoine culturel italien risque de s'effondrer": c'est le cri d'alarme lancé par Pier Giovanni Guzzo, directeur pendant 14 ans du site archéologique de Pompéi, où plusieurs bâtiments se sont écroulés ces dernières semaines au grand dam de l'opinion publique.
Alors que Pompéi est un des sites les plus visités au monde, avec environ 3 millions de touristes chaque année, comment en est-on arrivé là? "Parce qu'il n'y a pas eu d'activités de conservation de ce patrimoine", répond M. Guzzo dans un entretien à l'AFP.
L'archéologue souligne l'effet dévastateur des coupes claires dans le budget de la culture en Italie, qui mettent selon lui en péril de nombreux monuments et sites de fouilles. Pompéi n'est en effet pas le seul site concerné: à Rome, en mars, c'est une partie du toit de la Domus Aurea(photo ci-contre) qui s'est effondré.
Cette immense villa construite par l'empereur Néron à partir de 64 après-Jésus Christ est située à quelques pas du Colisée, qui présente d'ailleurs lui aussi des signes de fatigue.
Depuis des années, le budget de la culture diminue, rendant très difficile l'entretien de cet héritage exceptionnel. De 7 milliards d'euros en 2008, le budget est passé à 5 milliards cette année (-28% !).
"Les coupes ont une incidence importante dans la mesure où le personnel qui part à la retraite n'est pas remplacé, d'où une réduction des emplois techniques qui ont en charge la conservation du site", déplore Pier Giovanni Guzzo.

"Cette insuffisance de fonds a pesé sur la conservation des murs et des maisons antiques de Pompéi", constate-t-il, tout en rappelant que son "pays est malheureusement celui qui, au cours des années, a consacré le pourcentage le plus faible de son PIB à la culture".
Le gouvernement justifie ces coupes par la crise économique qui frappe l'Italie. Pour 2011, les prévisions de croissance ont été revues à la baisse et le pays est l'un des plus endettés de la zone euro avec une dette publique de près de 120% de son PIB.
En attendant, archéologues et guides touristiques constatent, impuissants, la dégradation du patrimoine culturel italien.
"Notre patrimoine est très vaste et très fragile, car on ne parle pas seulement de peintures du 16e siècle, mais aussi d'objets, de monuments qui ont des milliers d'années et donc l'Italie devrait pouvoir faire beaucoup plus pour les sauvegarder", estime Marcella Bagnasco, présidente des guides touristiques d'Italie.
Ce patrimoine, qui attire des millions de touristes, représente aussi une ressource cruciale pour l'économie de la péninsule.
"Le problème aujourd'hui, c'est que l'Italie n'a pas encore compris que ses biens culturels ne devaient pas être considérés comme un luxe quand la croissance est en berne, mais plutôt comme un des éléments de base de la reprise économique", note Maurizio Quagliuolo, secrétaire général de Herity, une association pour la mise en valeur du patrimoine.
Alors que faire? Une piste serait de faire appel à des fonds privés. "Il n'y a aucun problème sur la provenance de l'argent: comme disait l'empereur Vespasien: "pecunia non olet" (L'argent n'a pas d'odeur)", estime M. Guzzo.
"Le problème des financements privés est qu'il n'existe pas en Italie une politique de défiscalisation des financements privés, alors qu'aux Etats-Unis cela fonctionne", nuance-t-il.
Un premier exemple de mécénat va peut-être permettre au Colisée d'échapper au sort de Pompéi: le roi italien de la chaussure, Diego Della Valle, propriétaire notamment de la marque Tod's, s'est dit prêt à investir 25 millions d'euros pour la restauration de cet amphithéâtre vieux de 2.000 ans.

Le monde face au toujours plus d'Etats

Dans les années 1990, la chute de l'URSS et l'implosion brutale de la Yougoslavie ont entraîné une multiplication spectaculaire du nombre des Etats. Il a fallu, lors des compétitions sportives, apprendre à distinguer de nouveaux drapeaux, à reconnaître de nouveaux hymnes. Serions-nous aujourd'hui à la veille d'une nouvelle vague de « fragmentation identitaire » ? Au début du mois de janvier 2011 doit se tenir au Sud-Soudan un référendum qui -s'il a bien lieu -devrait conduire à la naissance d'un nouvel Etat au sein du continent Africain. Les frontières des Etats de l'Afrique ont bien pu être dénoncées comme arbitraires et artificielles, elles ont sans doute contribué aux rivalités tribales, sinon aux « nettoyages ethniques », mais personne -et surtout pas les organisations panafricaines -ne souhaitait les voir remises en question. Plus l'équilibre était fragile et instable, plus le statu quo semblait impératif.


Une nouvelle boîte de Pandore est-elle sur le point de s'ouvrir en Afrique libérant des démons artificiellement contenus depuis trop longtemps ? N'est-ce pas le statu quo territorial lui-même qui, par ses artifices, constitue une des sources de la violence endémique qui explose comme une fatalité ?


Le comportement du régime de Khartoum a rendu cette évolution du Soudan vers la partition non seulement inévitable mais légitime. Cette division à venir du Soudan peut-elle servir de modèle et de précédent à d'autres fragmentations ? Au moment où en Côte d'Ivoire Laurent Gbagbo semble s'inspirer du modèle du président Robert Mugabe au Zimbabwe pour s'enraciner illégitimement au pouvoir, n'existe-t-il pas aussi un scénario possible d'éclatement du pays avec, là encore, une division Nord-Sud sur une base partiellement ethnique et religieuse, même si la réalité est infiniment plus complexe ?


Ce mouvement vers la « fragmentation identitaire » ne touche pas seulement le continent africain. Beaucoup plus près de nous en Europe, il concerne la Belgique bien sûr, qui semble accepter la paralysie absolue de son système politique comme le prix à payer pour le maintien de son unité. Mais il touche aussi l'Espagne, où un axe souverainiste remplace désormais l'axe de gauche -qui domina la Catalogne au cours des sept dernières années -depuis les élections au Parlement régional de novembre dernier. La crise économique touche toutes les parties de l'Espagne. Mais comme les tenants de la Ligue du Nord en Italie, des Catalans ombrageux opposent leur travail et leur réussite à la « paresse » des « Andalous ». Pourquoi devraient-ils travailler pour « eux » ? Les Allemands en nombre toujours plus grands ne parlent-ils pas du reste des Européens comme le font les Catalans des Espagnols ?


Certes, l'Europe n'est pas l'Afrique. En Afrique, c'est la violence et le désespoir qui sont les moteurs de la fragmentation identitaire. En Europe, si la violence existe, elle n'est heureusement -c'est une des conquêtes majeures de notre continent -que de nature économique. Mais la crise en durant sinon en s'approfondissant, donne naissance à des explosions de populismes et de nationalismes qui risquent de se traduire par une nouvelle vague de fragmentation.


L'Europe, qui a déjà beaucoup de mal à se gérer à 27 et qui traverse une grave crise d'identité, n'a pas tant besoin de nouveaux Etats que de nouvelles idées. On peut bien sûr rêver, comme le faisaient certains hier, d'une Europe des régions sur le modèle des cités -Etats de l'Italie de la Renaissance. C'est oublier qu'à l'heure de la mondialisation les nations apparaissent comme une protection identitaire, de même que à l'heure de la crise financière et économique, les Etats semblent plus forts que jamais face à un « marché » déstabilisé par ses excès mêmes.


Il est intéressant de noter que cette même quête identitaire qui pousse certains à la fragmentation se traduit pour d'autres par la renaissance de rêves néo-impériaux. Ces deux mouvements vers le « plus petit » ou vers le « plus grand » appartiennent à la même logique identitaire. La référence naturelle n'est-elle pas dans le cas de la Turquie l'Empire ottoman et dans celui de la Russie l'Empire ?


Vers le « plus petit » ou vers le plus « grand » le monde serait-il à la veille d'une nouvelle recomposition ?

Verts de rage


Le 13 novembre dernier à Lyon, les deux grandes familles écologiques françaises fusionnaient pour donner naissance à un nouveau parti baptisé « Europe Ecologie-Les Verts ». Embrassades et champagne ! Moins d'un mois plus tard, le président de la nouvelle structure, Jean-Paul Besset, proche de Nicolas Hulot, démissionne de ses fonctions en explosant de rage contre le climat de « guerre froide » qui règne dans les rangs. Ambiance !


Faut-il s'étonner de ce psychodrame ? Oui, un peu, si l'on se souvient de toute l'énergie que les diverses composantes ont dépensée pour surmonter les bisbilles passées et converger vers les assises unitaires de Lyon. Oui, beaucoup, si l'on songe aux enjeux écologiques planétaires qui pourraient constituer un formidable booster pour une formation sérieuse.
Mais, finalement, les raisons de ne pas s'étonner d'une telle crise interne sont bien plus fortes. D'abord, le clivage fondamental entre ceux qui conçoivent l'écologie comme un devoir moral s'imposant à tous de manière apolitique et ceux qui ne l'imaginent que comme une composante du patrimoine de la gauche, n'a jamais été surmonté. Ce clivage ressort à chaque soubresaut et les interrogations actuelles sur la candidature de Nicolas Hulot à la prochaine présidentielle, alors que l'on croyait entendue la cause d'Eva Joly, en est une nouvelle manifestation. Ensuite et peut-être surtout, les militants écologiques, tout imprégnés de leur mission quasi messianique de sauvetage de la planète, sont peu doués pour le compromis. Ils mettent dans tout, y compris dans la lutte pour obtenir de bonnes places dans les circonscriptions, une intransigeance qui n'est jamais éloignée de l'intolérance. Les maires des nombreuses villes où ils gouvernent avec les écologistes savent d'expérience combien il est difficile de trouver avec eux des terrains d'entente. Cette capacité à user de l'anathème au nom de la pureté de leur combat n'est pas seulement dirigée contre leurs partenaires. Elle est plus virulente encore lorsqu'elle agit contre eux-mêmes. M. Besset a tort de parler de guerre froide. C'est plutôt la guerre civile qui guette ses amis.

La "zéro euro attitude", tendance débrouille en plein essor face à la crise

"Echange CD contre dentifrice !", "Prêt pour un test-crise de foie si c'est bien payé !", "Qui a le meilleur plan poubelles ?" Face à la crise, les Français, notamment les jeunes, cultivent la "zéro euro attitude", un art de la "débrouille éthique".
Plus de 20% des 18-24 ans vivent sous le seuil de pauvreté et environ un jeune sur quatre de moins de 25 ans recensé sur le marché du travail est au chômage, selon les derniers chiffres disponibles auprès de l'Insee.
Pour manger, s'habiller, sortir, jeunes et moins jeunes ont recours au troc, à la récupération, à l'échange d'astuces et de bons plans sur internet notamment.
"Troc fringues avec les copines, récup de meubles ou d'objets dans la rue, couture maison...C'est devenu un mode de vie par nécessité mais aussi par choix, une autre façon de consommer plus respectueuse de la planète", dit Hélène Samzun, 26 ans, de l'association "Débrouille compagnie", diplômée de Sciences Politiques, qui se dit "chanceuse" avec "1.400 euros mensuels et un gros crédit à rembourser".
Née en 2002 d'une rencontre avec des collecteurs de déchets au Brésil, l'association cherche à promouvoir "le savoir-faire d'artistes et artisans récupérateurs". Installée dans le 19e arrondissement de Paris, elle anime des ateliers-pédagogiques et vend des produits utilitaires ou décoratifs réalisés à partir de matériaux de récupération.
Sur internet, nombre de blogs, tel "Génération débrouille", prodiguent conseils, avis et bons plans, relayés par des sites comme pasuneuro.com, lesmalins.com, reciprog.fr, booktroc.com, freecycle.org, gooduse.org, trocenligne, trocenstock.com....vide-greniers virtuels et bourses d'échanges de services et de biens.
Côté alimentation, hors associations caritatives, fins de marché et couscous gratuits, le "freeganisme" semble se répandre à en croire les forums sur le net.

Né aux Etats-Unis et contraction de "free" (gratuit) et "vegan" (végétalien), il indique aux "déchétariens" les "meilleurs plans poubelles" pour récupérer de la nourriture, à la sortie des supermarchés notamment.
Une manière de se nourrir et un acte politique qui rejoint plusieurs mouvances écologistes et altermondialistes. "Rien de plus sain en effet que de bouffer dans les poubelles : gratuité de la nourriture pour tous + réduction du gaspillage alimentaire + immunovolution", affirme son manifeste sur freegan.fr avec cependant des conseils pour goûter et conserver les aliments sans s'empoisonner.
Et pour arrondir les fins de mois, certains n'hésitent pas à jouer les cobayes en participant à des tests de consommation. Goûter du chocolat "pour tester la vitesse de l'addiction" ou tester un gel douche peut rapporter jusqu'à 20 euros de l'heure, témoigne un "testeur anonyme".
Ces nouveaux comportements intéressent nombre de sociologues mais aussi les bureaux de style.
"On constate un écartèlement dans la société: d'un côté le règne du low cost et de la débrouille, de l'autre, un luxe extrême de l'ordre du rêve", explique Martine Leherpeur, directrice du bureau de conseil en mode éponyme.
Pour autant, affirme cette professionnelle d'un secteur qui traque les tendances, "cette incertitude angoissante peut aussi être un moteur".
"Même s'ils (les jeunes) sont pauvres, ils ne renoncent pas mais prennent les chemins de traverse, détournent, inventent parce qu'il n'y a plus de solution toute faite", ajoute-t-elle