Ils s'appellent Joseph Stiglitz, Nouriel Roubini, Paul Krugman ou Paul Volker et ils ne cachent pas leur doutes sur la pérennité de la zone euro. Explications.
La zone euro risque de s'effondrer. Peut-être pas d'ici 3 ans, grâce au répit offert par le plan de sauvetage massif de 750 milliards d'euros... Mais d'ici 10 ans, cette issue semble de plus en plus réaliste du point de vue de nombreux économistes anglo-saxons. Y compris les plus influents : Joseph Stiglitz, Nouriel Roubini, Paul Krugman et Paul Volker ont tous récemment émis des doutes sur l'intégrité à moyen terme de l'union monétaire. Voici pourquoi.
La zone euro n'a pas été dotée des armes capables de la défendre contre un choc asymétrique.
C'est l'argument du « péché originel» que les eurosceptiques brandissent depuis toujours : si un pays devait un jour être touché plus qu'un autre par une récession ou par un taux de chômage élevé, comment arriverait-il à s'ajuster tout en étant privé de sa politique monétaire ? Réponse : il ne le pourrait pas. Aux Etats-Unis, le gouvernement est fédéral. Si un des Etats est frappé par une crise, il est donc immédiatement renfloué. Et la forte mobilité du marché du travail signifie que si le chômage est élevé dans un Etat, la population cherche un emploi ailleurs. En contraste, la zone euro n'a ni système budgétaire centralisé ni une forte mobilité des travailleurs.
Autre tare originelle : la zone de monnaie unique a été instaurée sans le corollaire indispensable de coordination budgétaire. Certes, le Pacte de stabilité devait faire converger les finances publiques des différents Etats, mais ces limites de déficit et de dette n'ont été ni strictement appliquées, notamment par la Grèce, et n'apparaissent pas pertinentes pour des pays comme l'Espagne. Car comme le fait remarquer Martin Wolf dans le Monde, il était facile pour l'Espagne de respecter les critères de dette publique alors que l'endettement privé explosait... C'est pourquoi le prix Nobel d'économie Joseph Stiglitz affirme que si l'Europe "ne règle pas ses problèmes institutionnels fondamentaux, l'avenir de l'euro sera peut-être très bref".
Les causes de la crise sont mal diagnostiquées, donc les remèdes ne sont pas appropriés.
Selon Wolfgang Munchau, directeur d'Eurointelligence, dans les colonnes du Financial Times, aussi bien la France que l'Allemagne se fourvoient dans leur analyse de la crise. Pour simplifier : les Français croient que les spéculateurs sont à blâmer, d'où la nécessité de leur faire barrage grâce au plan de soutien massif UE-FMI. Les Allemands estiment que c'est « la débauche budgétaire » qui est l'origine de tous les maux, d'où leur volonté d'imposer de l'austérité et de renforcer le Pacte de stabilité. Sauf qu'ils « se trompent tous les deux » tranche le chroniqueur, qui affirme d'une part que l'euro n'est pas victime d'attaques spéculatives mais d'une perte de confiance légitime de la part des investisseurs, et d'autre part que l'origine des maux portugais et espagnols n'est pas le déficit mais le manque de compétitivité du marché du travail et un endettement privé excessif. Or rien n'est fait actuellement à Bruxelles pour s'attaquer à ces problèmes structurels. « Personne ne se pose la question de savoir comment l'économie espagnole va sortir de son trou », constate Wolfgang Munchau. La réponse, Paul Krugman la fournit : il faut baisser les salaires des pays périphériques, sauf que...
...Les salaires des pays périphériques ne pourront pas suffisamment baisserTant qu'ils sont coincés dans la zone euro, les Etats ne peuvent activer le levier de la dévaluation monétaire pour rendre leurs exportations plus compétitives. La seule variable d'ajustement qui reste est la donc dévaluation salariale. Les salaires dans les pays comme la Grèce, l'Espagne, le Portugal, la Lettonie doivent chuter de 20 à 30% par rapport à l'Allemagne estime Paul Krugman. Est-ce techniquement et socialement envisageable ? L'exemple de la Lettonie, pourtant élève appliqué de la rigueur, semble démontrer le contraire. L'Etat balte applique depuis la fin 2008 des mesures draconiennes d'austérité budgétaire, à tel point que le chômage a bondi de 6 à 22%. Or les salaires n'ont diminué que de 5,4%. On est loin des 30% préconisés par Krugman.
La BCE limitera trop l'inflation. Paul Krugman rappelle que de 2000 à 2009, les prix ont augmenté de 35% en Espagne, de 30% en Grèce, de 25% au Portugal et en Italie, contre seulement 10% en Allemagne. Afin de rendre ces pays compétitifs avec l'Allemagne, leurs prix doivent tomber en termes relatifs. Cette déflation serait moins forte et douloureuse si de son côté l'Allemagne enregistrait une inflation plus forte, voire même supérieure à son objectif de 2%. La BCE a fait du progrès dans ce domaine avec sa décision de racheter de la dette publique, et la chute de l'euro devrait également contribuer légèrement à l'inflation. Mais dans des proportions encore négligeables, et selon Kruglan insuffisantes.
mardi 18 mai 2010
Ces anglo-saxons pour qui l'euro est condamné
Vêtements : rendre obligatoire le "made in"
Le Parlement européen a demandé ce mardi que les étiquettes de tous les vêtements vendus en Europe portent la mention de leur pays de fabrication, afin de clarifier la provenance des produits issus de pays à faible coût de main d'oeuvre.
Le Parlement européen a demandé mardi que les étiquettes de tous les vêtements vendus en Europe portent la mention de leur pays de fabrication, afin de clarifier la provenance des produits issus de pays à faible coût de main d'oeuvre.
Les eurodéputés réunis en séance plénière à Strasbourg ont ainsi soutenu la position défendue par la Commission pour rendre obligatoire la mention «made in» et interdire les étiquettages ambigus qui laissent entendre que des chemises fabriquées en Chine ou au Pakistan proviennent de l'Union européenne. Le texte doit maintenant être soumis au Conseil, représentant les Etats membres. Un projet de loi similaire, mais portant sur l'ensemble des produits importés en Europe et pas seulement sur le secteur textile, y est bloqué depuis
cinq ans, faute d'accord entre Etats.
«Le consommateur a le droit de savoir d'où vient le produit», a insisté lors du débat le rapporteur du texte, le libéral néerlandais Toin Manders. «Dans certains pays (de fabrication), on déplore encore malheureusement des cas de travail d'enfants ou d'esclavage», a souligné de son côté la socialiste allemande Evelyne Gebhardt, dont le pays compte plusieurs chaînes de magasins «discount» proposant des articles textile à très bas coût, produits pour la plupart en Asie.
L'ajout de la mention d'origine permettrait également de protéger les petites et moyennes entreprises européennes qui continuent à fabriquer des vêtements en Europe et n'ont pas délocalisé, a fait valoir la conservatrice italienne Lara Comi, dont le pays compte encore une importante filière textile.
«Nous devons empêcher qu'il y ait du dumping au sein de l'UE», a résumé le commissaire européen à l'Industrie, Antonio Tajani. A moyen terme, le texte adopté mardi préconise d'aller plus loin que la seule mention du pays de fabrication: le rapport suggère que, dans les deux ans qui suivront l'entrée en vigueur du texte - pour l'heure encore hypothétique -, la Commission présente d'autres propositions, comme par exemple la possibilité d'introduire un «étiquetage social» qui évoquerait des «critères éthiques» de fabrication, notamment la rémunération des ouvriers.
Le tabou d'une hausse des prélèvements commence à tomber
"Je ne suis pas socialiste, je n'ai pas été élu pour augmenter les impôts", lançait encore, le 11 mai dernier, le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand, lorsqu'on lui demandait si une hausse des prélèvements était envisagée pour faire face aux déficits. Quelques jours plus tard, si l'opinion de l'UMP sur la question n'a – officiellement – pas changé, la perspective d'une augmentation de la fiscalité se fait de moins en moins inconcevable.
Au regard de la crise de confiance qui frappe la zone euro, et alors que la commission européenne envisage de plus en plus sérieusement de renforcer son contrôle sur les déficits des Etats, l'Elysée n'a guère le choix. Si le gouvernement veut tenir la promesse faite à l'UE de ramener le déficit public à moins de 3 % du PIB d'ici 2012 (il est actuellement de 8 %), il lui faut trouver de ressources nouvelles.
Pour Jérôme Cahuzac, président socialiste de la commission des finances de l'Assemblée, "les choses sont simples". "Dans le programme de stabilité transmis à Bruxelles, il y a une hausse de 40 milliards d'euros des ressources de l'Etat, d'ici à 2012. Même si on rabote les niches fiscales, il reste 35 milliards à trouver. Donc soit la croissance permet ce gain massif de recettes, soit ces sommes sont inatteignables." A moins d'augmenter les impôts.
L'hypothèse avancée par Christine Lagarde pour y parvenir est celle d'une série de coupes franches dans les dépenses, mais surtout d'un retour à une croissance plus forte et durable dès 2010 (1,4 %) puis en 2011, 2012 et 2013 (2,5 % par an). Un taux qui n'a plus été atteint trois années de suite depuis la fin des années 1990. La Commission européenne juge officiellement ce scénario "peu crédible". Dès lors, estime Jérôme Cahuzac, "une hausse des prélévements paraît inévitable".
VERS UNE HAUSSE DE LA CRDS ?
Pour le moment, le gouvernement veut se contenter de raboter les niches fiscales (soit un gain espéré de 6 milliards en trois ans) et de tailler dans les dépenses de fonctionnement de l'Etat. Mais officieusement, il travaille déjà à trouver d'autres sources de financement.
Mercredi matin, Les Echos évoquaient la possibilité de doubler le taux de la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Ce prélèvement, destiné à financer la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades), chargée depuis 1996 d'apurer la dette de la sécurité sociale, est actuellement prélevé à la source à hauteur de 0,5 % du revenu brut.
L'augmenter à 1 % permettrait de récupérer 500 millions supplémentaires par an environ. Une somme qui, par effet de levier, suffirait à permettre de transférer à la Cades les déficits sociaux de 2009 et 2010 sans toucher à la durée d'amortissement de cette caisse, qui doit prendre fin vers 2020-2022. L'hypothèse de cette hausse avait été exclue par Eric Woerth en 2009. Cette année, le gouvernement pourrait être forcé de la mettre en place.
QUELLES AUTRES PISTES DE FINANCEMENT ?
Ce contexte fiscal pourrait en tous cas faire une victime : le bouclier fiscal. Devenu pour la gauche le symbole de l'inéquité du gouvernement, cette mesure, qui touche 16 000 contribuables pour un coût de 800 millions d'euros, a subi une première entaille : la taxe sur les hauts revenus envisagée pour financer les retraites ne sera pas couverte par le bouclier, a annoncé le gouvernement.
Dès lors que le bouclier n'est plus un dogme, l'une des pistes pour résorber les déficits pourrait être celle d'un prélèvement sur les revenus du capital. Outre une taxe sur les transactions financières, évoquée au niveau européen, le gouvernement pourrait être tenté d'alourdir la fiscalité des valeurs mobilières. Mais, rappelle Boursier.com, celle-ci a déjà augmenté au cours du mandat de Nicolas Sarkozy, passant de 27 % en 2008 à 30,1 % aujourd'hui.
Restent d'autres options : augmenter la CSG, en sachant qu'un point supplémentaire de cette taxe rapporterait environ 2 milliards d'euros. Ou encore la TVA, comme vient de le faire le Portugal. Une hausse d'un point pourrait ramener six milliards dans les caisses de l'Etat. Mais coûterait cher dans les sondages.
Samuel Laurent
LOIRE-ATLANTIQUE - Deux femmes s'écharpent pour un niqab
Il fallait s'y attendre. Après des mois de polémiques médiatiques et de discussions politiques autour du voile intégral, ce débat passionné a fini par trouver un écho dans l'espace public.
D'après Presse Océan , qui révèle l'information, une violente altercation a opposé samedi deux femmes dans un magasin de Trignac, près de Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. Voyant passer une femme vêtue d'un niqab, une cliente du magasin, au visage découvert, aurait fait une remarque à sa fille à voix haute, laissant entendre qu'elle souhaitait voir rapidement adoptée la loi interdisant le port du voile intégral.
La femme au visage dissimulé aurait alors vivement réagi, et le ton serait rapidement monté entre les deux clientes. À tel point que, selon la mère et sa fille, la femme au niqab aurait giflé l'une d'elles - un geste que la femme voilée dément avoir donné. La mère aurait ensuite arraché le niqab de son interlocutrice, avant que l'époux de la femme voilée et le personnel du magasin n'interviennent afin de calmer la situation.
Deux plaintes déposées
En tout état de cause, deux plaintes ont été déposées après cette violente dispute, l'une pour injure à caractère ethnique, racial ou religieux (déposée par la femme au niqab), l'autre pour violence sans incapacité totale de travail (déposée par la mère et sa fille). La mère de famille est une avocate de 60 ans. La femme voilée a 26 ans.
Le projet de loi sur l'interdiction du voile intégral prévoit une amende de 150 euros pour toute personne dissimulant son visage et crée un délit sanctionnant beaucoup plus sévèrement ceux qui l'imposeraient. Ce texte doit être présenté mercredi en conseil des ministres et débattu début juillet par les parlementaires. En attendant, l'Assemblée nationale a adopté, mardi dernier, une résolution symbolique déclarant que le port du voile intégral est une "pratique radicale contraire aux valeurs de la République".
En avril dernier, c'est aussi en Loire-Atlantique qu'une polémique était née autour du voile intégral. Une conductrice portant le niqab avait écopé d'une amende de 22 euros pour "circulation dans des conditions non aisées", après un contrôle routier à Nantes. L'affaire avait pris une tournure politique quand le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, avait accusé le mari de cette femme de polygamie et de fraude aux aides sociales. Il a depuis demandé l'examen de sa déchéance de nationalité.
Dans le langage du rugby, on appelle cela le « French Flair », une sorte de créativité typiquement française, par opposition à la rigueur du jeu britannique, réputé moins fantaisiste mais plus efficace. Cette particularité ferait la force des équipes du continent, sauf quand elle se traduit par des fautes et des maladresses. Bref, le spectacle serait plus beau, mais la victoire pas forcément assurée. Il semble que les joueurs français aient aujourd’hui appris, pour leur plus grand bénéfice, à mettre un peu de raison dans leur passion.
Le sujet est infiniment plus grave, mais osons l’analogie. Dans le domaine des relations sociales, il existe une « culture » typiquement française. Contrairement à d’autres pays européens, notre pays avance vers les réformes en ordre très dispersé. Chaque étape de l’actuelle réflexion sur les retraites illustre cette division, spectaculairement affichée dans les médias, même si dans leur for intérieur certains partagent le même diagnostic et seraient d’accord sur une partie des remèdes. L’annonce par le gouvernement des pistes qu’il souhaite soumettre aux partenaires sociaux a provoqué les réactions attendues : « insuffisant », « flou » (qu’aurait-on entendu si la proposition était arrivée, avant concertation, toute ficelée ?), idéologique… Même l’annonce – certes non chiffrée – d’une contribution des hauts revenus et des revenus du capital n’a pas réussi à convaincre d’une inflexion significative du plan gouvernemental, en association avec la solution d’un allongement de la durée de cotisation ou le changement de l’âge légal de la retraite.
On n’en est qu’au prologue et chacun reste dans son rôle, ou plutôt dans son jeu de rôle. On espère que les différents acteurs accepteront d’assouplir leur posture pour rapprocher les positions. Si l’on veut une adhésion de l’ensemble des Français, une acceptation des sacrifices demandés, une compréhension de la gravité des enjeux – la sauvegarde du système de répartition, sans érosion du montant des retraites –, il faudra bien, dans le dialogue social à la française, instiller quelques gouttes de raison et d’esprit de consensus. Sinon, au bout de la partie, on comptera beaucoup de perdants.
Libération de Clotilde Reiss: Daniel Cohn-Bendit demande au PS d'arrêter de «jouer aux vierges»
Le leader d'Europe écologie vise Benoît Hamon, qui a réclamé des explications au gouvernement...
Dany voit rouge. L'eurodéputé Europe Ecologie s'en est pris ce mardi au PS, qui a demandé au gouvernement, par la voix de son porte-parole Benoît Hamon, de «s'expliquer» sur «les contreparties» à la libération de Clotilde Reiss, au lieu de «maquiller les choses». «Jouer aux vierges comme ça c'est quand même ridicule», a estimé Daniel Cohn-Bendit sur Canal +.
Une «manière d'opposition absolument ridicule»
«Clotilde Reiss a été libérée, c'est bien, et si le gouvernement a fait tout ce qu'il a pu pour la libérer, eh bien c'est comme ça», a déclaré le leader d'Europe Ecologie. «On ne peut pas demander à un gouvernement de libérer, de dealer, et après de mettre ça sur la place publique», a-t-il ajouté, jugeant «cette manière d'opposition absolument ridicule».
Daniel Cohn-Bendit a par ailleurs appelé «ces vierges socialistes» à «se rappeler ce qu'étaient les ministres de l'Intérieur à la (Daniel) Vaillant» sous Mitterrand car selon lui «tout ça c'était vraiment aussi pas jojo non plus».
L'euro coule, l'Eurogroupe dit sa confiance
Les ministres des finances de la zone euro se sont dits préoccupés, lundi, par la chute rapide de l'euro, et promettent de redoubler d'efforts pour réduire leurs déficits afin d'enrayer la crise de confiance qui continue d'ébranler l'Union monétaire. Malgré le gigantesque plan de soutien de 750 milliards d'euros mis sur pied il y a une semaine, les marchés restent nerveux et continuent à être préoccupés à la fois par la dette accumulée par les Etats, et par l'impact négatif de leurs plans de rigueur sur la croissance.
Le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a tenté de rassurer en affirmant que l'euro restait "une monnaie crédible". "Je ne suis pas préoccupé par le taux de change actuel [de l'euro] mais par la vitesse à laquelle le taux de change s'est détérioré", a-t-il toutefois reconnu. Le commissaire européen au marché intérieur, Michel Barnier, estime mardi que le niveau de l'euro, actuellement chahuté sur les marchés, devait être jugé "sur une certaine durée". "L'euro a regagné du terrain après être tombé lundi à son plus bas niveau depuis quatre ans contre le dollar, en raison des craintes persistantes liées aux dettes souveraines de la zone euro", a-t-il déclaré sur France-Inter. L'euro demeurait sous pression mardi face au billet vert. Vers 8 heures (heure de Paris), la monnaie européenne valait 1,2363 dollar contre 1,2394 dollar lundi soir. La monnaie européenne était tombée à 1,2235 dollar lundi matin, son plus bas niveau depuis le 18 avril 2006.
Pour ne rien arranger, le mécanisme sans précédent de 750 milliards d'euros de prêts et de garantie de prêts décidé le 10 mai, pour les pays de la zone euro qui auraient des difficultés à emprunter sur les marchés financiers, peine à être finalisé. M. Juncker a dû convoquer une nouvelle réunion des ministres des finances de la zone euro pour vendredi afin de boucler "les détails techniques". Toutefois, selon des sources diplomatiques, de longues et difficiles discussions ont eu lieu lundi soir à ce sujet à Bruxelles, notamment entre l'Allemagne et la France. Le dispositif prévoit 60 milliards de prêts européens gagés sur le budget de l'UE, 440 milliards d'euros de garanties apportées par les pays de la zone euro pour des prêts, et 250 milliards d'euros de prêts du FMI, soit 750 milliards d'euros au total.
Dans le même temps, M. Juncker a reconnu à demi-mot qu'un des points difficiles porte sur l'adoption par les Parlements nationaux du déblocage de garanties pour des prêts, si un pays de la zone euro venait à faire appel au mécanisme. La Finlande serait dans ce cas mais, selon une source diplomatique ; l'Allemagne aurait aussi longuement évoqué cet aspect, lundi soir, lors de discussions avec la France.
Les pays membres de l'Eurogroupe ont également soutenu la proposition de la Commission européenne d'organiser au premier semestre de chaque année un examen contradictoire des projets de budgets nationaux ,et ont estimé que la réduction des déficits publics ne devrait pas se faire au détriment de la croissance. "En ce qui concerne le mécanisme européen de stabilité financière, nous en avons discuté les principes et les paramètres (...) afin que les travaux techniques puissent être conclus prochainement", a déclaré le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.
Michel Barnier estime que cet examen des projets de budgets nationaux par l'Union européenne est un "progrès". "C'est un pouvoir supplémentaire pour chaque député que de voter en toute connaissance de cause", a déclaré M. Barnier sur France-Inter. "C'est une des leçons de la crise, je souhaitais depuis longtemps cette évolution vers davantage de gouvernance économique et budgétaire économique", a ajouté l'ancien ministre français. "On a la même monnaie, on est dans le même marché, on est totalement interdépendants", a-t-il fait remarquer.
L'agriculture tient une place centrale dans le mode de vie français : deux repas par jour, plus le petit-déjeuner, tradition gastronomique, développement des territoires et, bien entendu, poids économique qui fait encore de notre pays, concurrencé par l'Allemagne, la première puissance agricole en Europe. L'avenir de ce secteur, au centre de la réunion à l'Élysée et de l'examen de la loi de modernisation demain, nous concerne donc tous. En particulier pour les deux maillons à chaque bout de cette chaîne.
Les consommateurs ont du mal à se nourrir correctement et à remplir leurs paniers de fruits et légumes. Entre obésité et pesticides, l'alimentation constitue désormais un enjeu majeur de santé publique. Les réponses ne peuvent se limiter aux cantines scolaires ou à quelques rayons bio et chérot ! Mais c'est le premier maillon qui souffre le plus. Les agriculteurs, dont la santé est aussi parfois affectée par l'usage de produits chimiques, sont plus que d'autres, victimes de toutes les crises, climatique, sanitaire, économique.
Sur les marchés ils ne jouent plus gagnants. Les vaches se font de plus en plus maigres. Chute terrible des revenus, retraite de base à 700 euros, et maintenant l'austérité qui pointe son nez, avant que la future PAC n'attaque, on comprend les désespoirs et inquiétudes. L'avenir à crédit ne prête pas à sourire. La loi de modernisation a l'ambition d'apporter des remèdes de fond aux différents maux qui minent depuis trop longtemps les agriculteurs, ballottés comme fétus de paille entre spéculateurs, à Chicago ou ailleurs, intermédiaires, industriels.
Pour renforcer le poids des agriculteurs, divers outils sont envisagés ici et au niveau de l'Europe. Elle doit tirer pour l'agriculture les mêmes leçons que dans la crise financière. Mais en attendant la moisson de Bruxelles et de cette quatrième loi en dix ans, les paysans risquent de trouver le temps long. Ils savent bien que la mondialisation leur impose des défis et que ce n'est pas à l'abri des talus qu'ils les relèveront. D'accord pour nourrir 9 milliards d'individus en 2050. Encore faut-il que, d'ici là, ils aient eux aussi de quoi manger.
L'essentiel serait-il dans le ressenti ?
La réforme des retraites s'annonce comme une épreuve où la psycho comptera plus que l'arithmétique. Impression de justice. Impression d'égalité devant l'effort à fournir. Impression de bâtir un système durable. Impression de respecter le modèle français. Impression de sauvegarder les grands acquis... Le succès - ou l'échec - de ce rendez-vous politique essentiel dépendront beaucoup de la capacité du gouvernement et des partenaires sociaux à donner au compromis final une enveloppe d'irrationnel qui pourra faire consensus au delà des désaccords.
Il y a une bonne base. Les Français, dans leur grande majorité, ont instinctivement compris que le statu quo était impossible. Ils sont plutôt convaincus désormais du poids de la contrainte démographique et c'est un point important pour le pouvoir face à des syndicats qui peinent à persuader l'opinion que d'autres ressources que le temps sont mobilisables. Mais le pays oppose aussi l'inertie d'un scepticisme global : pas moins de 77 % des Français ne croient pas en un avenir meilleur, et pour 85 % d'entre eux cette morosité anxieuse tient à... la perspective d'une retraite fragile et paupérisante.
Lucide sur ce moral national, historiquement bas, le gouvernement a donc choisi de leur dessiner un paysage flouté de ce qui les attend. Oui, ils devront travailler plus longtemps mais les très riches paieront plus. Donnant-donnant ! Et on tiendra compte de la pénibilité et des carrières commencées très tôt. Donnant-donnant ! La préservation du régime par répartition est une garantie qui pèse lourd dans la balance de l'inconscient collectif : l'impression d'avoir écarté le régime par capitalisation est réelle, mais elle se paiera par un report de fait - sinon sur le papier - de l'âge de la retraite. Donnant-donnant...
Respectable, cette stratégie d'adhésion ne pourra fonctionner que si elle dégage une... impression d'équilibre. Si demain la contribution au système des revenus les plus élevés, et du capital, s'avérait aussi symbolique que son esquisse, l'impression qui prévaudra sera celle d'un marché de dupes. D'un trait de crayon sans signification pour rassurer les classes moyennes en estompant légèrement le bouclier fiscal sans le gommer.
S'il veut marquer des points et avancer, comme il le souhaite, vers un consensus national, le pouvoir doit désormais offrir des gages de sa sincérité. Et sans fioritures. En encadrant aussi strictement les négociations à venir, il risque de cantonner les syndicats dans un jeu en contre. De les repousser dans une attitude traditionnelle de conservation et de résistance quand un dossier aussi complexe nécessitait sans doute une vraie nouveauté dans les relations sociales en France : la cogestion d'un grand enjeu de société.
Eh bien tant pis, c'est comme ça, il a fallu faire sans lui. La Croisette s'en remettra mais tout de même... Attendu hier pour accompagner la sortie de son "Film socialisme" - quel titre, mes aïeux ! -, le plus turbulent des cinéastes de l'après-guerre a finalement fait faux bond en une de ces dérobades dont il a le secret, mi-sursaut de provocation, mi-aveu de lassitude. Ce devait pourtant être un des moments forts de ce 63e rendez-vous du 7e art qu'on dit un peu morose. Les caméras étaient prêtes à capter son broussailleux visage lunaire d'éternel mal luné. Et les micros déjà suspendus à l'énigmatique formule que n'allait pas manquer de balbutier le réalisateur de "Pierrot le Fou". En fait de déclaration, il y eut juste un pseudo-mot d'excuse adressé au directeur, Thierry Frémaux : "Avec le Festival, j'irai jusqu'à la mort, mais je ne ferai pas un pas de plus". Avec, en prime, cette très cabalistique formule : "Wild Bunch, Vega Film, Alain Sarde, suite à des problèmes de type grec, je ne pourrai être votre obligé à Cannes". Comprenne qui voudra. Les pessimistes en déduiront que l'ex-enfant terrible des sixties est en faillite, ce qui, soit dit en passant, n'est pas tout à fait un scoop. Les autres tenteront de se délecter de l'ambiguïté d'un propos qu'on dirait tout droit sorti de ce qui sert encore de dialogues à ce qu'on appelle toujours ses films. Reste une chose. Une fois de plus, Jean-Luc Godard - c'est de lui qu'il s'agit, faut-il le préciser - a réussi à s'affirmer sans être là. Mieux : de sa défection, il aura tiré un excédent de présence. Un paradoxe au cœur duquel réside toute la force des mythes, même lorsqu'ils n'apparaissent plus qu'en ombre "chinoise". À 80 ans, le fantôme des rives du Léman n'aura rien dit de l'âge de la retraite, ni du monde comme il va, pas plus qu'il n'aura commenté la libération de Clotilde Reiss. Mépris ou pas, il faudra se satisfaire de sa nouvelle petite vague cannoise. En se persuadant que, décidément, la rigueur est partout.
Didier Pobel
Emblématique peut-être, fondamentale sûrement pas. Les grandes orientations de la réforme des retraites dessinée par le gouvernement empruntent les chemins accessibles d'un changement modéré, sinon consensuel. Sans les risques de la radicalité. Elles laissent surtout ouverte la question centrale : les efforts concentrés sur un allongement de l'activité seront-ils suffisants ? Au vu du décalage avec les simulations du Conseil d'orientation des retraites (Cor), on peut avoir quelques doutes sur la réponse.
À l'évidence, la réforme portée par l'Élysée porte plus la marque du modéré Raymond Soubie, le discret mais efficace conseiller social du Président, que de Nicolas Sarkozy, l'homme d'une rupture apparemment plus de saison. Y compris dans le mode communication. L'annonce rompt avec les effets de manche médiatique dont raffolait outrancièrement le Président il n'y a pas si longtemps. Elle se concentre sur l'essentiel, non sur le spectaculaire. Elle privilégie enfin les relais essentiels de la concertation que sont les partenaires sociaux.
Bref, après la réforme a minima des régimes spéciaux en 2008 ¯ avec, déjà, le label Soubie ¯ la nouvelle réforme se garde bien d'annoncer le grand soir de... l'unification des multiples régimes qui font l'originalité et le problème français. Car le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle est prudente. Non seulement elle s'inscrit dans une démarche progressive, comme cela s'est passé, au demeurant, chez nos grands voisins, mais elle évite d'agiter les chiffons rouges qui auraient pu souder le consensus du refus, donner le maximum de prise frontale à la contestation.
La remise en cause directe de l'âge légal de départ à 60 ans ¯ le totem auquel se raccrochent les syndicats ¯ est éludée, même si le « travailler plus longtemps » devient la colonne vertébrale des orientations gouvernementales. Alors que l'alternative de la capitalisation, qui faisait partie intégrante des options sarkoziennes d'origine, est remisée au placard. Bien plombée, il est vrai, par la folie erratique des marchés financiers.
Mieux, en articulant des options d'efficacité (allongement de la durée d'activité) à des mesures de justice (contribution des hauts revenus et du capital), la réforme est habile. Elle prive d'emblée les contestataires d'un levier de mobilisation majeur. En puisant dans la boîte à outils des opposants et en donnant même l'impression de fendre le bouclier fiscal, elle désarme, en partie, les bazookas syndicaux et politiques. Du moins dans l'immédiat. Car il reste évidemment à prouver et vite, d'ici à l'été, que la réforme ne relève pas du pâté d'alouette, une once d'équité (sympathique) pour des kilos d'efficacité (douloureuse).
Quoi qu'il en soit, et en attendant d'afficher opportunément la couleur au plus près des congés estivaux, le gouvernement peut espérer tempérer les ardeurs contestataires... Tout particulièrement de la CFDT. Le syndicat de François Chérèque peut, moins que d'autres, trouver à redire à un texte qui s'inspire assez largement, sur le papier, de ses préoccupations revendicatives : carrières longues, emploi des seniors, polypensionnés, pénibilité, promesse d'une réforme plus fondamentale à terme. Mais il se souvient aussi d'expérience ¯ 2003 n'est pas si loin ¯ et, plus que d'autres, du lourd prix à payer à adhérer à une réforme gouvernementale. Le réformisme est peut-être plus compliqué à vivre que la radicalité.