TOUT EST DIT

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dimanche 15 janvier 2012

L'art russe de la photo truquée

La photographie était censée discréditer Alexeï Navalny, une figure de l'opposition à Vladimir Poutine : parue dans une édition régionale de l'hebdomadaire Arguments et faits, elle montre l'opposant au côté de Boris Berezovski, le célèbre hommes d'affaires honni par les autorités russes. Les deux hommes rient de bon coeur, comme des amis de trente ans saisis dans un moment de complicité. Le journal a été distribué le 7 janvier dans la ville d'Ekaterinbourg, en Oural, par des jeunes revêtus d'un tablier bleu à la gloire de Vladimir Poutine. La légende de l'image précisait : "Alexeï Navalny n'a jamais caché que l'oligarque Boris Berezovski finance sa lutte contre Poutine."

Voilà qui aurait sans doute embarrassé Alexeï Navalny, un avocat de 35 ans qui dénonce sans relâche les mensonges et l'impunité des oligarques russes sur le site anticorruption qu'il a créé en 2010, Rospil. A ceci près que cette photo est un grossier montage, qu'Alexeï Navalny s'est fait un plaisir de démonter sur son blog : "Ces pratiques finissent par élargir le cercle de ceux qui savent que Poutine et son équipe sont des escrocs et des arnaqueurs."
Alexeï Navalny est la "sensation politique des deux dernières années" en Russie, affirme son biographe, Konstantin Voronkov. Orthodoxe pratiquant, ce nationaliste s'est fait connaître en dénonçant, sur son site, les détournements financiers de la banque VTB, détenue à 85 % par l'Etat, ou de Trasneft, le détenteur du monopole des oléoducs. En décembre 2011, il était au premier rang des défilés contre la fraude électorale aux législatives. "Je suis un hamster du Net et je vais ronger les gorges de ces salauds !" clamait-il. Cette audace lui a valu de passer quinze jours en prison. A sa sortie, il s'est empressé de rejoindre à nouveau les manifestants. "Je suis un petit moustique dont les piqûres font mal", aime-t-il dire.
Sur la vraie photo, Alexeï Navalny ne côtoie pas Boris Berezovski mais Mikhaïl Prokhorov, troisième fortune de Russie et candidat à la présidentielle de mars 2012. Le document a été pris le 25 mai 2011 à la radio Echo de Moscou : Prokhorov et Navalny s'étaient croisés dans un couloir, et un photographe qui passait par là leur avait proposé un portrait. Alexeï Navalny avait accepté à condition, avait-il plaisanté, que la photo donne l'impression qu'il était plus grand que Prokhorov, un gaillard de plus de deux mètres de haut. Plusieurs prises de vue ont été faites, le photographe les a envoyées par mail à Navalny, mais aucune n'a finalement été publiée.
Comment les auteurs du photomontage ont-ils pu retrouver cette image ? En janvier 2011, la boîte mail de l'avocat a été piratée, et sa correspondance privée ainsi que celle de sa femme ont été publiées sur le Net. Quelques mois plus tard, la photo a donc sans doute été volée dans la boîte mail d'Alexeï Navalny. Des pratiques de piratage informatique qui semblent monnaie courante en Russie : lorsque Alexeï Navalny avait lancé un appel aux dons afin de financer son site anticorruption, le FSB (les services de sécurité russes) avait demandé à Yandex Diengui, société qui gère une application de paiement en ligne, de lui fournir les noms et les adresses IP de tous les contributeurs.
Dès que le montage avec Berezovski a été diffusé, Alexeï Iouchtchenko, l'auteur du cliché original, a dénoncé sur son blog la falsification en publiant la vraie photo ainsi que plusieurs autres prises au même moment. Les internautes s'en sont alors donné à coeur joie, inventant des images détournées où Alexeï Navalny figure aux côtés de Staline, Arnold Schwarzenegger, un alien ou Voldemort, le seigneur des ténèbres qui poursuit Harry Potter de sa vindicte. Le tout agrémenté de légendes précisant que M. Navalny "n'a jamais caché que les aliens finançaient sa lutte contre Poutine".
Ces pratiques de photomontage rappellent les heures les plus sombres du stalinisme, une période analysée en profondeur par David King dans son livre The Commissar Vanishes (Canongate Books, Londres, 1997). A l'époque, les retouches permettaient de réécrire l'histoire en magnifiant le rôle de Staline lors des premières années de la révolution. Grâce à ces photomontages, le "Petit Père des peuples" devenait le premier compagnon de Lénine : il s'invitait dans tous les épisodes de la révolution de 1917, y compris le retour d'exil de Lénine à Petrograd.
Le photomontage permettait également de supprimer de l'imagerie officielle du régime les responsables politiques tombés en disgrâce. Les "ennemis du peuple" - Trotski, Boukharine ou Zinoviev - disparaissaient ainsi mystérieusement des photos prises lors du défilé du 1er Mai ou de l'anniversaire de la révolution d'Octobre. Une célèbre photo réalisée en mars 1919, au 8e congrès du Parti communiste, montre Staline seul avec Lénine et Kalinine. Sur le cliché d'origine, vingt personnes les entouraient : onze ont été fusillées, trois se sont suicidées.
L'affaire Navalny illustre une autre pratique du trucage photo, fort répandue : non plus éliminer mais discréditer. Si les montages sont monnaie courante, les supercheries sont cependant vite dévoilées sur le Web, créant un effet boomerang. Ce qu'a bien compris Alexeï Navalny : "Les nouvelles technologies et la société de l'information contemporaine constituent des barrières pour ces approches primitives (de photomontage), a-t-il déclaré au New York Times. Vous publiez quelque chose dans un journal régional, et en une heure c'est sur Internet. Très rapidement, la vraie photo est retrouvée."

Sarkozy calls for courage, calm in face of crisis

French President Nicolas Sarkozy says France must have the courage and calmness to make difficult decisions to overcome the financial crisis, in his first public appearance since the country's credit rating was downgraded.
But Sarkozy avoided any mention Sunday of the loss of France's prized AAA rating in a Standard & Poor's review two days earlier.
Instead he issued a rallying call, saying that a united France committed to reform would make it through.
France chooses a new president this spring, and Sarkozy was already behind in the polls before the downgrade.
The loss of the AAA rating was a severe blow to France's self-image and is expected to hurt Sarkozy's standing even further.

S&P : l'Allemagne peut être impactée par les dégradations

Berlin croit au prochain rétablissement des pays dégradés. L'Allemagne conserve son AAA mais pourrait avoir à payer plus dans le cadre du fonds de sauvetage européen. Ce qui pourrait finir par menacer sa note.

De notre correspondant à Berlin.
Berlin a réagi avec sang froid à la décision de Standard & Poor's d'abaisser la note de 9 pays de la zone euro. L'Allemagne, seul pays de l'eurozone à avoir conservé à la fois son AAA et sa perspective stable, dit ne pas avoir été totalement surprise par cette nouvelle, montrant ainsi qu'elle y était préparée et qu'elle ne cède pas à la panique. La première économie européenne a aussi affiché sa solidarité avec la France, son principal partenaire. Cependant, certains députés de la majorité de centre-droit au pouvoir redoutent une augmentation de la facture du sauvetage de la zone euro pour leurs contribuables.
«La France est sur la bonne voie», a ainsi jugé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, ajoutant qu'il ne fallait pas «surestimer» le rôle des agences de notation. Schäuble a avoué «ne pas être complètement surpris» par l'abaissement des notes dans la zone euro. Il a souligné que seule Standard & Poor's avait dégradé la France, alors que les deux autres grandes agences internationales d'évaluation financière, Moody's et Fitch, attribuent toujours, pour l'instant, un «triple A» à la France.

«Nous sommes ensemble sur la bonne voie»

Véritable pilier du gouvernement d'Angela Merkel, le ministre des Finances n'a pas exclu que la décision de Standard & Poor's sur la France puisse avoir un impact en l'Allemagne. «Je crois que nous sommes tous étroitement liés les uns aux autres. Pour cette raison, cela ne nous laisse pas indifférents», a-t-il dit. «Nous savons qu'il y a une incertitude vis-à-vis de la zone euro, a ajouté Wolfgang Schäuble. Nous devons tous ensemble tenir les règles, renforcer la compétitivité, nous le faisons tous ensemble». Il a rappelé les développements positifs dans la zone euro au cours de cette semaine, notamment les placements réussis de dette souveraine italienne et espagnole, et a insisté: «Nous sommes ensemble sur la bonne voie».
A l'instar de son ministre des Finances, la chancelière allemande s'est efforcée de relativiser l'importance de la décision de S&P. «Je souligne qu'il ne s'agit que des décisions d'une agence parmi trois, a-t-elle dit. La décision ne nous a pas totalement surpris après les discussions des dernières semaines». Angela Merkel estime néanmoins que la dégradation de neuf pays de la zone euro par l'agence de notation montre qu'il reste «encore un long chemin avant que la confiance des investisseurs soit rétablie». «Il est cependant aussi visible que nous sommes engagés de façon décidée sur ce chemin d'une monnaie stable, de finances solides et d'une croissance durable», a-t-elle ajouté.
Outre-Rhin, la nouvelle a aussi été accueillie avec sang froid par les milieux économiques. «C'est un coup dur pour les efforts de sauvetage dans la crise de la dette, mais ce n'est pas dramatique. Les rumeurs couraient sur les marchés depuis un certain temps et ce n'est pas une surprise», affirme Marco Bargel, chef économiste de la Postbank. «C'est la solvabilité de l'Italie et de l'Espagne qui sont mises en cause et non celle de la France, ajoute Jörg Kramer, chef économiste de la Commerzbank. C'est pourquoi le refinancement de ces deux pays est décisif». Jörg Kramer estime que les conséquences ne seront pas dramatiques pour la France et de citer en exemple les cas du Japon, qui a perdu son AAA depuis longtemps, et des USA qui «s'accommodent très bien» de leur AA.

L'Allemagne craint un impact pour son propre AAA

Cependant, les députés de la majorité de la chancelière s'inquiètent des conséquences pour l'Allemagne de cette vague de dégradations par Standard & Poor's. Les pays qui viennent d'être dégradés vont refinancer leurs propres dettes sur les marchés à des taux un peu moins bons. Dès lors, les moyens qu'ils peuvent consacrer à l'effort collectif pour abonder un fonds de sauvetage, destiné aux pays de la zone euro en grande difficulté, s'en trouveront réduits. En compensation, dans le cadre de la solidarité en zone euro, l'Allemagne pourrait donc avoir à contribuer davantage au financement de ce fonds. Du fait de cette probable charge financière supplémentaire, le député conservateur (CDU) Klaus Peter Willsch redoute que l'Allemagne perde à son tour son AAA et estime qu'il faut repenser la gestion de la crise de la dette. «Nous devons enfin cesser de soustraire totalement certains pays à leur responsabilité vis-à-vis des marchés en refinançant grâce à des mécanisme d'aide qui mutualisent la dette. Sinon l'Allemagne perdra elle aussi sa notation AAA et le sauveteur de la zone euro croulera lui-même sous le poids que lui fait porter la zone euro», prévient Willsch, membre de la Commission des Finances du Bundestag.
Frank Schäffler, responsable des questions financières du FDP, principal partenaire de coalition de la chancelière, met lui aussi en garde contre les conséquences de la dégradation pour le contribuables allemand. Il juge lui aussi que cette décision alourdira le fardeau de Berlin dans les efforts de sauvetage au sein de la zone euro, et avance même un chiffre: «L'Allemagne ne contribuera plus à 40% au AAA au Fonds européen de stabilité financière (FESF) mais devra porter sa contribution à près de 70%», estime-t-il. Pour Frank Schäffler, les garanties à hauteur de 211 milliards d'euros, votées par le Bundestag, ne suffiront plus. «Cela pèsera aussi à terme sur le AAA allemand», prévient-il. Angela Merkel peut s'attendre à faire face à des vives secousses au Bundestag.

Sarkozy parlera aux Français "à la fin du mois" sur des "décisions importantes"

"La crise peut être surmontée pourvu que nous ayons la volonté collective" et "la force de réformer notre pays", a lancé aujourd'hui Nicolas Sarkozy, ajoutant qu'il parlerait aux Français "à la fin du mois" pour leur annoncer les "décisions importantes qu'il nous faut prendre sans perdre de temps".

"Depuis 2008, on a traversé cette crise absolument sans précédent, peut-être depuis un siècle, j'ai choisi de dire la vérité aux Français sur la gravité de la crise. Je leur ai dit qu'il s'agissait d'une épreuve qu'il ne fallait ni sous-estimer, ni dramatiser à l'excès", a-t-il poursuivi.

«On ne répond pas à une crise de cette ampleur par l'agitation»

"On ne répond pas à une crise de cette ampleur par l'agitation, par l'emportement et par la polémique", a ajouté le président de la République dans ses premières déclarations publiques depuis la perte du triple A de la France, dégradée vendredi soir par Standard & Poor's qui a abaissé d'un cran la note de sa dette souveraine. Il n'a toutefois fait aucune allusion directe à cet abaissement.

Lors d'un discours à Amboise en Indre-et-Loire pour le centenaire de la naissance de l'ancien premier ministre Michel Debré, Nicolas Sarkozy a jugé que la crise est une "épreuve pour la France" qu'il ne faut "ni sous-estimer, ni dramatiser à l'excès".

Le président réunit mercredi à l'Elysée les partenaires sociaux pour un "sommet de crise" au cours duquel il doit proposer une série de réformes comme l'instauration d'une TVA sociale, des accords de modulation du temps de travail destinés à renforcer la compétitivité dans les entreprises qui sonneraient la mort définitive des 35 heures et une taxe sur les transactions financières.

La Grèce plus proche que jamais de la faillite

Les négociations avec les créanciers privés ont été suspendues, sur un constat d'échec.

Dans une zone euro stressée par la perspective d'une dégradation imminente des notes de plusieurs de ses membres par l'agence S&P, un autre signal alarmant est venu d'Athènes ce vendredi après-midi. Les négociations menées entre le gouvernement grec, le FMI, l'Union européenne et les créanciers privés d'Athènes ont été suspendues faute d'accord.
L'enjeu est crucial: il s'agit de chiffrer la restructuration de la dette grecque sur laquelle les banques, compagnies d'assurances et autres gestionnaires de fonds seraient prêts à s'engager volontairement.
En octobre, ces créanciers privés, représentés par l'International Institute of Finance (IIF), avaient accepté d'abandonner purement et simplement la moitié de leurs créances soit 103 milliards sur 206 milliards d'euros. Outre cet effort, ils s'engageaient à réinvestir 70% du solde en nouvelles obligations grecques à 30 ans. Mais à quel taux? C'est sur ce point que les négociations ont bloqué.
De source proche du dossier, les points de vue du gouvernement grec et de l'IIF semblaient pourtant converger autour d'un taux d'intérêt de 5%. Mais le FMI aurait fait preuve d'une grande intransigeance, en réclamant un taux de l'ordre de 2% seulement, inférieur à ce que l'Allemagne elle-même paie pour emprunter!
À un tel prix, la perte totale de valeur pour les créanciers serait telle qu'elle rend improbable leur participation volontaire. Or, sans participation volontaire, la restructuration devrait leur être imposée, et cela s'appelle une faillite.

Dégradation de la situation des finances publiques

Si le FMI s'arc-boute sur un effort maximum des créanciers, c'est de façon à réduire le plus possible la dette grecque. Car la dégradation de la situation des finances publiques ne permet plus d'assurer que celle-ci soit ramenée à 120% du PIB en 2020. Et au-delà de ce seuil, la dette n'est plus jugée «soutenable» et le FMI aura bien du mal à convaincre son conseil -et ses bailleurs de fonds non européens- qu'il ne prête pas à fonds perdus à la zone euro.
Les créanciers sont en privé convaincus que la trajectoire financière grecque n'est pas soutenable. Mais ils refusent d'être les seuls à fournir l'effort. La BCE, l'Union européenne et le FMI - qui détiennent plus de 100 milliards d'euros de dette grecque - ne sont en effet pas censés appliquer la décote demandée au secteur privé.
Les négociations pourraient reprendre dans quelques jours entre les différentes parties. Sans accord, c'est aussi le second plan d'aide à la Grèce, qui prévoit plus de 100 milliards de crédits supplémentaires de la part de la Troïka, qui tombe à l'eau.

Mauvaises nouvelles en cascade pour la zone euro

La dégradation de la note financière de neuf pays de la zone euro fragilise un peu plus le dispositif anti-crise péniblement élaboré, et complique la gouvernance de la zone.

Mauvaise nouvelle pour la France, la perte du AAA français l'est aussi pour la zone euro dans son ensemble. Elle met en péril les plans de sauvetage futurs, et complique la gouvernance économique d'une zone monétaire plus hétérogène que jamais.
La réaction de l'Allemagne, qui se garde de tout triomphalisme malgré le maintient de son AAA, en dit long sur l'inquiétude qui prévaut dans les capitales européennes. Neuf pays de la zone euro sur 17 ont été dégradés par S&P, et tous, à l'exception de l'Allemagne, sont affublés d'une perspective «négative». Trois Etats de la zone euro figurent dans la catégorie «spéculative»: le Portugal, la Grèce et Chypre. Leur probabilité de défaut est jugée sérieuse. Cette dégradation collective ne va pas rassurer les investisseurs, qui risquent, à moyen terme, d'imposer des taux d'intérêts plus élevés à tous les pays de la zone euro, y compris aux meilleurs d'entre eux. C'est l'effet domino.

Dégradation du FESF

Première victime collatérale: le Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui vient en aide à l'Irlande et au Portugal. Le FESF perdra son AAA dans les prochains jours, a prévenu S&P, sauf si l'Allemagne, la Finlande, les Pays-Bas et le Luxembourg augmentent leur participation… Une dégradation du FESF rendrait plus coûteux et plus aléatoire les sauvetages des maillons faibles de l'Euroland, et augmenterait le risque de faillites. D'autant que le successeur du FEFS, le Mécanisme européen de stabilité (MES), n'est pas encore en place. Pour éviter ce scénario catastrophe, la BCE devra étendre son rôle de pompier sur les marchés obligataires. Une décision souhaitée en particulier par les Américains.
Si elle renforce encore le poids de l'Allemagne en Europe, la décision de S&P sera lourde de conséquences pour les finances allemandes. La pilule est d'autant plus amère pour Berlin, que l'échec des négociations entre Athènes et les créanciers privés, vendredi soir, obligera les pays les mieux notés à accroître leur aide à la Grèce, sauf à accepter une faillite d'un Etat membre de la zone euro. En attendant, les pays de la zone euro qui peinent à exporter peuvent se consoler en regardant les cours de change. L'euro a baissé à 1,26 dollar, après la décision de S&P. Son plus bas niveau depuis août 2010.

Le vrai enjeu est européen

Oublions les tintamarres de campagne électorale à la Fillon-Hollande où est toujours vilipendé l’autre, pour le passé, le présent et l’avenir. Oublions aussi les cris d’orfraie des seconds couteaux prompts à accuser les agences de notation de toutes les turpitudes : casser le thermomètre n’a jamais guéri un malade. La dégradation de la note française, avec celle de huit autres États, ouvre deux débats économiquement bien plus sérieux : celui de l’opportunité des politiques de rigueur jusqu’à présent avancées comme seuls remèdes à la crise, et celui des égoïsmes nationaux destructeurs de l’euro et des économies européennes.
Ainsi, dans son analyse sur la France et la zone euro, Standard § Poor’s (pourtant pas une officine d’extrême gauche...) constate qu’un «paquet de réformes ne reposant que sur le seul pilier de l’austérité budgétaire risque de devenir auto-destructeur». Car manquent de vraies initiatives de croissance, capables de ressusciter le dynamisme jusqu’à une relance. Manque surtout une volonté européenne crédible puisque, toujours selon S§P, «l’efficacité, la stabilité et la visibilité des politiques et des institutions européennes n’ont pas été aussi fermes que... nécessaires». S’ajoute une pique adressée à l’Allemagne: S§P révèle que les difficultés actuelles de l’Euroland ont également pour origine « des déséquilibres extérieurs croissants, des divergences dans la compétitivité entre le noyau de la zone euro et sa périphérie». Plus clairement, cela signifie que les champions de l’exportation intra-européenne (l’Allemagne en premier lieu) ont su profiter de toutes les demandes de leurs partenaires pour ensuite leur reprocher de s’endetter à outrance.. et de les punir.
Certes, les considérations des agences de notation ne sont pas paroles d’Évangile. Mais elles traduisent parfaitement, de Washington à Pékin, tout le mal pensé des incapacités européennes, en commençant par la paralysie des dirigeants politiques enferrés dans des schémas passéistes. Car cela saute aux yeux: conserver une monnaie unique signifiera adopter une politique commune, économique, fiscale, budgétaire, sociale à compléter par une «vraie» banque centrale européenne, donc une gouvernance fédérale, forcément solidaire. Mais qui le veut vraiment ? Personne.
Alors, en attendant, les Européens feront comme d’habitude. En bricolant de sommet en sommet des compromis boiteux, alliances de circonstances comprises – pourquoi pas demain Paris et Rome contre Berlin ? – dans l’espoir de retarder les échéances fatales: la fin de l’euro, faute de solidarité européenne, peut-être aussi la fin de l’Union européenne sous sa forme actuelle. Faut-il le dire ?

A quoi ressemble la vie après la perte de la note AAA ?

La France a perdu sa note financière AAA, la meilleure possible, désormais abaissée d'un cran, à AA+, avec perspective négative, a confirmé, vendredi 13 janvier au soir, l'agence d'évaluation Standard & Poor's. Avec quelles conséquences .

  • Depuis quand la France affichait-elle un AAA ?
Paris bénéficiait de la meilleure note possible chez Standard & Poor’s depuis sa première évaluation, le 25 juin 1975, l’année où l’agence a recommencé à noter la dette de certains Etats (après une interruption de plus de trente ans). Coïncidence, 1975 est l’année à partir de laquelle la France n’a plus terminé un seul exercice budgétaire à l’équilibre.
Depuis la dégradation des Etats-Unis, le 5 août 2011, Paris pouvait se targuer d’être le plus ancien des pays notés par Standard & Poor’s à afficher sans discontinuer un AAA. Des lauriers qui reviennent désormais à la Norvège, qui a toujours obtenu ce 20/20 depuis sa première notation, le 9 juillet 1975.
Chez les deux autres grandes agences, Paris affiche un AAA depuis ses premières évaluations : 1979 pour Moody’s et 1994 pour Fitch. Si toutes deux accordent encore à la France la meilleure note possible, elles ont, elles aussi, mis Paris sous pression. Moody’s pourrait prochainement placer le AAA de la France "sous perspective négative", une procédure qui se traduit dans 50 % des cas par une dégradation dans les deux ans. Fitch a déjà mis la France sous "perspective négative" ; mais elle a prévenu qu’elle ne retirerait pas son AAA en 2012.
  • Pourquoi donne-t-on tant d’importance à ces notes?
Ces évaluations répondent à un besoin dans l’univers de la finance : savoir mesurer les risques d’une créance par rapport à une autre. En clair, savoir à qui un investisseur – banque, assureur, fonds… – peut prêter en toute sécurité et auprès de qui le risque est plus élevé.
De grands investisseurs ont souvent délégué cette évaluation du "risque crédit" aux agences, leur faisant confiance aveuglément. Par exemple, un fonds, qui va décider de n’investir que dans des obligations notées AAA, va vendre cette dette si elle est dégradée, sans se demander si cette sanction est justifiée ou non.
Les réglementations financières et prudentielles ont peu à peu intégré ces notations, transformant ces agences en acteurs "quasi institutionnels", reconnaît-on à Bruxelles. Législateurs et régulateurs ont par exemple décidé d’utiliser ces notes pour mesurer la qualité des fonds propres des banques, ou celle des titres déposés en garantie auprès d’une banque centrale quand des établissements financiers lui empruntent des fonds.
  • Une dégradation est-elle synonyme de taux d’intérêt plus élevés?
En théorie, les choses sont simples : les agences de notation donnent une opinion sur la solidité de la dette d’un pays et les investisseurs suivent ces recommandations et réclament des taux d’intérêt plus ou moins élevés, en fonction de la note, quand ils prêtent de l’argent.
Avoir un triple A, l’équivalent d’un 20/20, devrait être la garantie absolue d’emprunter à bon compte. Mais, dans la réalité, ce phénomène n’a pas toujours lieu, comme le montre l’exemple des Etats-Unis. Si Standard & Poor’s a abaissé la dette américaine, le 5 août 2011, en la faisant basculer de AAA à AA+ (la deuxième note sur vingt-deux, qui est désormais celle de la France), Washington emprunte toujours à des taux faibles et plus bas qu’avant sa dégradation.
C’est que la perte de cette note a provoqué une forte tension sur les marchés financiers, entraînant un repli des investisseurs vers les valeurs refuges par excellence que sont… les bons du Trésor américain. Reste que l’euro n’a pas encore atteint le statut du dollar comme monnaie de réserve.
Autre cas marquant, le Japon et sa dette s’élevant à 233 % du produit intérieur brut, simplement notée AA– par Standard & Poor’s (la quatrième sur vingt-deux dans la grille de l’agence). Or, Tokyo se finance à très bas coût, car sa dette est détenue à 90 % par les investisseurs de l’Archipel. En France, la répartition est inverse, les investisseurs étrangers détenant 65 % de la dette du pays.
Par ailleurs, les marchés sont souvent en avance sur les agences de notation. D’abord parce qu’ils bougent tous les jours et réagissent en permanence aux informations nouvelles, mais aussi parce qu’ils cherchent… à anticiper les décisions des agences. Voilà pourquoi les différents pays, jusqu’ici notés AAA au sein de la zone euro, empruntaient ces derniers mois à des taux forts différents.
  • Quelles seront les conséquences sur le budget de la France et sur les ménages?
En 2012, Paris a prévu d’emprunter 178 milliards d’euros sur les marchés financiers pour refinancer sa dette passée arrivant à échéance et combler son déficit, attendu à 4,5 % du produit intérieur brut (PIB).
Ces derniers mois, la France a vu les taux auxquels elle emprunte diverger considérablement de ceux de l’Allemagne, et certains autres Etats de la zone euro également notés AAA, comme les Pays-Bas ou la Finlande. C’est le signe que les marchés faisaient déjà le tri entre les différents pays ayant la meilleure note possible, avant même cette dégradation. L’écart de rendement entre les obligations à dix ans de la France et celles de l’Allemagne – on parle de "spread" dans le jargon financier – ont atteint jusqu’à 2 points de pourcentage mi-novembre 2011, avant de s’établir depuis autour de 1,3 point, contre 0,3 point en mai.
Malgré ces énormes tensions, le taux moyen auquel la France a emprunté en 2011 n’a été que de 2,8 %, le deuxième plus bas de l’histoire, après 2010 (2,5 %). Ce paradoxe s’explique par le report des investisseurs sur les produits financiers jugés les plus sûrs, les emprunts d’Etat, au détriment des actions ou d’autres actifs considérés comme plus dangereux. En 2011, les rendements des emprunts français à dix ans sur le marché dit "secondaire" (celui de la revente des obligations) ont atteint en moyenne 3,30 %. Soit bien moins que le taux de 3,7 % prévu dans le projet de loi de finances pour 2012 pour ces emprunts à dix ans, qui font office de "baromètre".
Désormais notée AA +, la France est évaluée comme la Belgique l’était jusqu’à fin novembre. Or celle-ci a emprunté à dix ans à un taux moyen de 4,24 % en 2011. Soit environ un point de pourcentage de plus que la France. Selon les calculs des analystes d’Amundi, une hausse des taux de 1 point de pourcentage représenterait pour la France un surcoût de 3 milliards d’euros la première année. Avec une conséquence pour les ménages : si l’Etat verse des taux d’intérêt plus élevés pour se financer, accéder à un crédit immobilier ou à la consommation coûtera aussi plus cher. Car les taux des obligations d’Etat sont une base de calcul essentielle pour tous les autres types d’emprunts.
  • Quel sera l’impact sur les entreprises,  les collectivités locales et le Fonds européen de stabilité financière?
"Vous ne pouvez pas noter une entité sans tenir compte des frontières dans lesquelles elle évolue", explique un ancien cadre d’une agence de notation. Voilà pourquoi, à de très rares exceptions – quatre entreprises américaines dont Microsoft et le pétrolier Exxon Mobil –, aucune entreprise ou organisme ne bénéficie d’une note supérieure à celle de l’Etat dans lequel elle est située. Cette dépendance à la note de l’Etat vaut tout particulièrement pour les emprunteurs qualifiés de "subsouverains" : les collectivités territoriales ou les établissements publics, qui bénéficient de la garantie implicite de l’Etat.
La dégradation de la France va faire perdre leur AAA à une myriade de gros emprunteurs : la Caisse des dépôts et consignations (CDC), la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), l’Unedic, Réseau ferré de France (RFF), l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), la Ville de Paris, la Caisse nationale des autoroutes… La note AA+ de la SNCF va, elle aussi, baisser. Les entreprises dont l’Etat est actionnaire pourraient elles aussi être dégradées : c’est le cas de La Poste, mais aussi de EDF, France Télécom, Aéroports de Paris
Au niveau international, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), qui emprunte des fonds sur les marchés pour les reverser ensuite aux pays de la zone euro en difficulté, risque également de perdre son AAA. Ce dernier ne reposait que sur la garantie des six Etats de l’union monétaire bénéficiant jusqu’ici de la meilleure note possible: la France, le Luxembourg, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas et la Finlande. Or, de six AAA, la zone euro est passée à quatre, après la dégradation de la France et de l’Autriche. Et Paris était une des deux clés de voûte de ce système de garanties, vu le poids de son économie.
Standard & Poor’s a indiqué toutefois que le FESF pourrait conserver la note maximale. Mais pour cela, il faudrait que les quatre pays encore notés AAA augmentent leur soutien financier.
  • Est-il déjà arrivé qu’un pays ayant perdu son AAA le regagne?
Perdre son AAA n’est pas une fatalité. Mais le retrouver peut prendre beaucoup de temps. Le Danemark a vu Standard & Poor’s lui retirer son AAA en 1983, avant de le regagner en… 2001. Un sésame que le royaume détient toujours grâce à une dette publique limitée à 44,33 % du PIB en 2011, ce qui lui permet d’emprunter à dix ans à des taux inférieurs à 2 %. Chez Standard & Poor’s, quatre autres pays ont déjà perdu puis regagné ce AAA : le Canada (1989 puis 2002), la Finlande (1992 puis 2002), la Suède (1993 puis 2004) et l’Australie (1986 puis 2003). Tous bénéficient encore de cette note.
A l’inverse, les Etats-Unis, l’Irlande, le Japon, la Nouvelle-Zélande et l’Espagne n’ont pas regagné ce AAA qu’ils avaient pu obtenir par le passé – certains durant très longtemps comme Washington, d’autres durant juste quelques années. Dublin, Madrid et Tokyo en sont même à mille lieues.
  • Combien reste-t-il de pays AAA  dans le monde ?
Avant cette dégradation, Standard & Poor’s décernait son AAA à dix-huit Etats sur 127 notés, dont six à l’intérieur de la zone euro. Désormais, ils ne sont plus que seize, dont quatre à l’intérieur de l’union monétaire (Luxembourg, Allemagne, Pays-Bas et Finlande).
Hors zone euro, Standard & Poor’s octroie son AAA aux Etats suivants : Singapour, Canada, Royaume-Uni, Norvège, Suisse, Danemark, Suède, Australie, Ile de Man, Guernesey, Hongkong et Liechtenstein. Parmi eux, seul Singapour affiche une dette publique supérieure à celle de la France, à 98 % du PIB contre 86,87 % pour Paris.
  • La France a-t-elle payé Standard & Poor’s pour être notée?
Le modèle économique de ces agences repose sur le principe controversé du «noté-payeur» : les emprunteurs s’"offrent" une évaluation pour faire acte de transparence, rassurer les investisseurs et pouvoir lever des fonds à meilleur prix. Un système généralisé à l’exception de… quelques grands Etats dont la France. Paris – comme Berlin, Rome, Londres ou Washington – ne verse pas un centime à Standard & Poor’s, qui effectue son évaluation de façon "non sollicitée".
Pour les agences, noter de tels Etats est souvent incontournable : pour des questions d’image, mais surtout car cette évaluation va servir d’étalon aux autres emprunteurs de ces pays, qui, eux, payent pour être évalués. "La notation souveraine représente moins de 10 % du chiffre d’affaires", glisse une source dans l’une des grandes agences. Mais cela ne les empêche pas d’être rentables: la marge opérationnelle de Standard & Poor’s a atteint 42,99 % lors des neuf premiers mois de l’année, celle de Moody’s 41,8 %.
Aux Etats-Unis comme en Europe, une intense réflexion a été menée depuis la crise financière et à l’avalanche de critiques déversée sur les agences : elles ont été accusées, pêle-mêle, d’avoir favorisé la bulle des subprimes aux Etats-Unis en accordant des AAA à des produits financiers toxiques ou d’avoir dégradé trop brutalement des pays, favorisant la propagation de la crise des dettes souveraines. A Washington comme en Europe, les autorités essaient de limiter – voire de supprimer – les références aux notations dans les législations. Bruxelles tente aussi de faire émerger davantage de concurrence – les trois grandes contrôlent 90 % du marché – afin de varier les opinions et diminuer l’impact potentiel d’une dégradation.
La Commission a aussi réfléchi à la possibilité de suspendre la notation d’un pays si jamais celui-ci traversait une mauvaise passe, pour ne pas le déstabiliser davantage. Avant de faire machine arrière, de peur que ce gel ne stresse davantage les marchés, qui pourraient en conclure qu’on veut lui cacher de très mauvaises nouvelles.

"Que Hollande soumette son programme à Standard & Poor's"

François Fillon assure que le gouvernement "va tout faire pour retrouver" le triple A. Le Premier ministre appelle aussi François Hollande "à plus de modestie dans les conseils qu’il donne au gouvernement". Extrait de l'interview paru dans Le Journal du Dimanche.
La fin du triple A est-elle un échec pour le gouvernement?
Ce n’est pas une bonne nouvelle, ni pour la France, ni pour les autres pays concernés par la décision de Standard & Poor’s. En même temps, elle était attendue. Elle était même prévisible compte tenu de la situation de la zone euro et de la France. C’est une alerte qui ne doit pas être dramatisée. Nous restons parmi les signatures les plus crédibles au monde, avec notamment les États-Unis.
Vous aviez parlé d’un "bien précieux" pour la France en 2011. Aujourd’hui vous dédramatisez sa perte. Avez-vous exagéré?
C’est toujours mieux d’avoir la meilleure note. Nous allons tout faire pour la retrouver. Depuis longtemps, j’en appelle à une prise de conscience sur les déficits et sur la réalité d’une crise qui apparaît comme la plus grave depuis les années 1930. Or l’opposition l’a niée, elle a prétendu le contraire, elle a estimé que l’endettement n’était pas stratégique, qu’il fallait faire de la relance, que la règle d’or n’avait pas de sens.
François Hollande considère que "c’est une politique qui a été dégradée", pas la France. Que lui répondez-vous?
Qu’il se trompe. Je vais lui faire une suggestion. Il pourrait soumettre son programme électoral à Standard & Poor’s. Il serait intéressant de savoir ce qu’une agence de notation pense d’un programme dans lequel il n’y a que des augmentations de dépenses et des hausses d’impôt, et pire encore, des retours en arrière sur des décisions structurelles comme la réforme des retraites ou la politique nucléaire de la France. Dans ce qu’il préconise, rien n’est en phase avec la situation de l’économie européenne. Cela devrait le conduire à plus de modestie dans les conseils qu’il donne au gouvernement. D’une manière générale, j’ai trouvé que l’appétit avec lequel certains candidats à la présidentielle se sont jetés sur la décision de Standard & Poor’s, avant même son annonce officielle, pour critiquer le gouvernement, ne dénote pas un grand sens des responsabilités. Au contraire, un peu de solidarité française face à cette situation m’aurait semblé bienvenue.
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans Le Journal du Dimanche.

Berges de Seine : Fillon répond à Delanoë

Le Premier ministre, qui s'oppose au projet d'aménagement des berges de Seine du maire de Paris, se dit "convaincu qu’on peut trouver une solution satisfaisante." Extrait de l'interview dans Le Journal du Dimanche.
Cette semaine vous avez adressé un courrier au maire de Paris pour contester son projet d’aménagement des berges de Seine. Pourquoi cette implication du Premier ministre dans un dossier parisien?
Je suis dans ma responsabilité. Ce dossier concerne plusieurs ministères, il concerne l’Etat qui est propriétaire d’une partie des berges, il est naturel que le Premier ministre tranche. La lettre que j’ai adressée au maire de Paris concerne seulement son projet rive gauche. Elle ne vise pas à l’empêcher de mettre en œuvre son projet, elle vise à lui demander de répondre à des questions posées par la commission d’enquête, auxquelles il n’a que partiellement répondu : les conséquences sur la circulation, qui n’ont pas été correctement appréhendées, l’absence de système de transport alternatif et les conséquences d’une sorte de privatisation de sites remarquables. L’Etat est propriétaire de ces terrains via le port. Si j’acceptais sans rien dire la signature de l’accord entre l’Etat et la ville, cela voudrait dire que l’Etat apporterait sa caution à un projet qui ne semble pas correctement ficelé et qui pourrait avoir des conséquences sérieuses sur la vie des Parisiens.
Qu'avez vous pensé de la réponse de Bertrand Delanoë?
C’est mon devoir de lui poser ces questions. Au lieu de me répondre avec une lettre d’invectives, il ferait mieux d’engager des études complémentaires. Je suis convaincu qu’on peut trouver une solution satisfaisante.
Votre implication est aussi celle du candidat aux législatives dans la 2ème circonscription de la capitale?
Est-ce que le fait d’être candidat aux législatives à Paris aurait du me conduire à renoncer à exercer ma responsabilité de Premier ministre ? La réponse est non.
Retrouvez l'intégralité de cette interview dans Le Journal du Dimanche.

Le fossé Nord-Sud s'agrandit

La dégradation de la note de la France creuse le fossé entre les pays du nord et du sud de la zone euro tout en affaiblissant politiquement Nicolas Sarkozy face à l'Allemagne dans les joutes en cours à Bruxelles sur le futur cap de l'Europe.
La chancelière allemande Angela Merkel « menait déjà la danse en Europe sur les questions économiques, elle va pouvoir le faire encore un peu plus dorénavant », indique sous couvert d'anonymat un ministre d'un pays européen.
La facture pourrait être plus salée politiquement qu'économiquement, en interne mais aussi en externe, sur la scène européenne, où se tiennent des tractations cruciales sur la refonte de la gouvernance de la zone euro.
Dans les grandes lignes, le chef de l'État français partage certes avec la chancelière le souci d'une maîtrise plus ferme des comptes publics dans le contexte de la crise de la dette. Mais l'ampleur de l'opération suscite des divergences récurrentes. Jusqu'ici, Paris a été capable, dans une certaine mesure, de faire contrepoids aux pays les plus orthodoxes en matière budgétaire, comme l'Allemagne, les Pays-Bas ou la Finlande, qui militent à Bruxelles pour imposer la discipline la plus stricte possible.

Avantage au Nord

La France a pu compter sur l'appui des pays du sud de l'Europe, comme l'Italie, pour freiner les ardeurs des jusqu'au-boutistes du Nord.
Les décisions de Standard and Poor's risquent désormais de renforcer le camp des « durs », la France se retrouvant sur la défensive suite à son expulsion, avec l'Autriche, du « club » d'excellence que formaient jusqu'à présent les six pays de la zone euro notés triple A.
Seuls l'Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande et le Luxembourg en font encore partie. Ils auront davantage les coudées franches pour imposer leur point de vue.

S&P s'explique : «la réponse à la crise n'est pas la bonne»

L'agence de notation estime que les chefs d'Etat ont mal analysé la crise, se concentrant trop sur les déficits budgétaires au lieu de réduire les écarts de compétitivité. Une règle d'or n'y changerait rien, selon elle.

Standard and Poor's n'a pas attendu lundi matin pour s'expliquer. Vingt heures seulement après avoir allumé un incendie dans l'ensemble de la zone euro, en abaissant la note de 9 pays sur 16 dont quatre (Espagne, Italie, Chypre et Portugal) directement de deux crans, l'agence de notation a tenu une conférence téléphonique, samedi après-midi, pour motiver sa décision.
Au-delà des raisons propres à chaque pays, il ressort de façon globale que l'agence est clairement déçue par les résultats du sommet européen du 9 décembre qui devait mettre un terme à la crise de l'euro. «Les dirigeants européens n'ont pas réussi à trouver les solutions adaptées à l'ampleur de la crise qui touche la zone euro», résume Moritz Kraemer, le responsable de la notation des états souverains européens.
Plus important, et plus inquiétant, «les chefs d'Etat n'ont pas forcément établi le bon diagnostic sur les raisons profondes de cette crise». Ce qui, selon S&P, les empêche d'y apporter les bonnes réponses. «Tous les pays se concentrent essentiellement sur des remèdes budgétaires en réduisant leurs déficits excessifs, en particulier dans les pays périphériques, mais la crise de la zone euro s'explique surtout par un écart de compétitivité qui n'a cessé de se creuser entre certains pays européens depuis le lancement de la monnaie unique», estime Moritz Kraemer.

La France n'arrive plus à compenser son déficit commercial

En termes économiques, cet écart de compétitivité a abouti au creusement, dans certains pays, de la balance des paiements et ce creusement a été trop longtemps ignoré par les responsables européens.
Depuis plusieurs années, S&P fait de cette balance des paiements l'un des critères majeurs de sa notation, au côté des chiffres plus usuels des déficits publics. De fait, ce sont les pays comme l'Irlande, l'Espagne ou le Portugal, dont les balances des paiements se sont lourdement creusées, qui ont été les plus dégradées ces dernières années. Dans une certaine mesure c'est aussi ce déficit -plus encore que ses déficits budgétaires- qui a fini par affecter la note de la France. Encore bénéficiaire en 2004, cette balance des paiements ne cesse de se dégrader depuis lors, au point de s'élever en moyenne à 6 ou 7 milliards de déficit par mois. C'est le signe que la France n'arrive plus à compenser son déficit commercial par suffisamment d'entrées de capitaux étrangers sur son territoire.
Vu sous cet angle, les solutions proposées par les différents sommets européens, notamment le durcissement de la discipline budgétaire, sont largement insuffisantes pour résoudre tous les problèmes de l'euro. «Si il y avait eu une règle d'or budgétaire dans les pays auparavant, il n'est pas certain que la crise aurait été évitée», explique Moritz Kraemer. «Pour preuve, avant 2007, les Allemands avaient un déficit budgétaire bien plus élevé que les Espagnols, qui étaient presque à l'équilibre». Mais la compétitivité de l'économie allemande lui a permis de mieux résister au choc, ce qui n'a pas été le cas de l'Espagne.

Les déboires de Vladimir Poutine sur Internet

Le premier ministre russe, Vladimir Poutine, n'a jamais caché son peu d'attirance pour l'Internet, lui qui confia un jour n'avoir jamais envoyé un seul mail de sa vie. Confronté depuis peu à une contestation sans précédent d'une partie de l'électorat, les jeunes internautes notamment, le "leader national", candidat à un troisième mandat au Kremlin, a lancé jeudi 12 janvier son propre site (www.putin2012.ruhttp://www.putin2012.ru) en vue de la présidentielle du 4 mars 2012.

Mis en ligne le matin du 12 janvier, le site comporte son programme de candidat pour la période 2012-2018. Et là, surprise : un nouveau Poutine émerge, décidé à renoncer "à une répression excessive", car "cette tendance déforme notre société et la rend moralement malsaine". Résolument novateur, le site propose une rubrique "Ensemble nous changerons la Russie !". Y figure également un portfolio plus personnel où "Vladimir Vladimirovitch" est représenté jouant au hockey ou encore en tenue de judo ainsi qu'une biographie avec photos de famille.
Ouverture oblige, un onglet interactif a été créé, intitulé "proposition des électeurs". Or, c'est là que les choses ont commencé à se gâter. Trois heures après l'ouverture du site, cette rubrique regorgeait de propositions enjoignant M. Poutine à... démissionner.
En tête de liste venait l'appel de Svetlana Sorokina : "Je vous demande de démissionner. Ne poussez pas le pays à la révolution, quittez votre poste de premier ministre et renoncez à votre candidature à la présidentielle." Et la proposition d'Arkadi Vichnev : "Retirez votre candidature à la présidentielle. C'est la meilleure chose à faire. Votre façon de diriger le pays ne permet pas son développement, elle ne fait que favoriser la stabilité de la stagnation dans la corruption."
"S'il vous plaît, quittez la politique. On comprend que le pouvoir est une drogue, mais y renoncer serait digne", conseillait Andreï Antonenko. "Je suis fatigué de vous, je vous ai supporté pendant douze ans, c'est lassant. Si vous revenez, la plupart de mes amis vont quitter la Russie. (...) Partez avant qu'il ne soit trop tard !", enjoignait Mikhaïl Mechkov.
A 14h 12, les commentaires négatifs avaient disparu, remplacés par d'autres, plus politiquement corrects. Toujours à l'affût, les internautes ont diffusé un panorama du site avant le toilettage et après (http://avmalgin.livejournal.com/2855575.html)http://avmalgin.livejournal.com/2855575.html. Parmi les nouvelles propositions : faire cesser le financement des ONG russes par "l'étranger".
Car la tendance est de voir des "saboteurs" partout. Dans un entretien donné récemment au quotidien Kommersant, Nikolaï Patrouchev, le chef du Conseil de sécurité, affirmait que les réseaux sociaux russes étaient "utilisés depuis l'étranger" contre le pouvoir, tout comme lors des révolutions arabes. Enfin le procureur Iouri Tchaïka, ardent critique des manifestations de l'opposition, a assuré pour sa part que "l'argent pour tout cela provient en partie de sources basées à l'extérieur de la Russie".
Et voilà que le chef de l'agence spatiale russe Roskosmos, le général Vladimir Popovkine, s'y est mis lui aussi, expliquant aux Izvestia, mardi 10 janvier, qu'un "sabotage étranger" était sans doute à l'origine des échecs successifs de l'aérospatiale russe, notamment la chute de la sonde Phobos attendue quelque part sur Terre dimanche 15 janvier.

S&P s'explique : l'Europe n'est pas à la hauteur de la crise

La gouvernance en Europe n'est pas à la hauteur de la grave crise qu'elle traverse, et justifie les abaissements des notes souveraines de plusieurs des pays qui la composent, a expliqué samedi l'un des responsables de Standard and Poors.
"L'environnement politique dans la zone euro n'a pas été à la hauteur des défis croissants engendrés par la crise." La raison invoquée par Standard & poor's pour asséner à l'Europe son pire camouflet économique a le mérite d'être claire. La gouvernance en Europe n'est pas à la hauteur de la grave crise qu'elle traverse, et justifie les abaissements des notes souveraines de plusieurs des pays qui la composent, a ainsi expliqué samedi l'un des responsables de l'agence de notation américaine.Revenant sur le sommet européen du 9 décembre, où les Européens ont annoncé plusieurs décisions dont celle de conclure un "pacte budgétaire" destiné à mieux contrôler les finances publiques, Moritz Kraemer, chargé de la notation des Etats en Europe auprès de l'agence de notation américaine a estimé décevant ses résultats. "Le sommet n'a pas abouti à une percée (...) à une solution suffisante à la fois en termes d'impact et dans son champ d'application", a-t-il jugé lors d'une conférence téléphonique organisé au lendemain de la décision de SP d'abaisser les notes de neuf pays européens, dont la France qui a perdu son triple A, la meilleure note possible.

Les risques en zone euro restent élevés, a-t-il souligné, jugeant la probabilité d'une récession en 2012 de l'ordre de 40%. SP table toutefois, comme de nombreux analystes, sur une amélioration lors du second semestre.   M. Kraemer a justifié la décison de l'agence de notation d'abaisser de deux crans des pays déjà fragilisés comme l'Italie, l'Espagne ou le Portugal, en expliquant que ces pays étaient "les plus vulnérables" dans un scénario potentiel d'aggravation de la crise. Le niveau des taux d'intérêt des emprunts d'Etat pour ces pays reste très élevé, même s'ils ont baissé récemment, et avec des besoins de financement très importants comme ceux de l'Italie (130 milliards d'euros d'ici avril et 300 milliards sur toute l'année), la situation est très tendue, a-t-il indiqué. "Le niveau actuel des taux", près de 7% pour les emprunts à dix ans italiens, "vont rendre les choses beaucoup plus difficiles", a-t-il averti.
La note du FESF en ligne de mire
Pour autant, SP "est tout à fait conscient des efforts de réforme entrepris par le gouvernement" de Mario Monti en Italie, mais encore une fois, ce pays comme d'autres en Europe, à l'instar du Portugal ou de l'Espagne, sont les plus fragilisés par les défaillances de la gouvernance européenne, a affirmé M. Kraemer. Une note positive quand même ? Standard and Poor's ne croit pas à l'éclatement de la zone euro, un scénario qu'elle n'a pas retenu au moment de décider d'abaisser la note de plusieurs pays européens. M. Kraemer s'est dit en revanche inquiet de la supension des négociations à Athènes entre la Grèce et ses créanciers privés, essentiellement des banques, n'écartant pas la possibilité qu'elles ne reprennent pas mercredi comme prévu.

Il a par ailleurs indiqué que Standard & Poor's rendrait "très prochainement" son verdict sur la notation du fonds de secours européen (FESF), expliquant que l'agence était "en train d'évaluer l'impact des dégradations" de vendredi sur ce fond. SP avait averti le mois dernier que le FESF, actuellement noté AAA, pourrait être dégradé d'un ou deux crans.

La formule qui pourrait sauver le Royaume-Uni

Si la plupart des Ecossais sont opposés à une rupture totale avec le Royaume-Uni, ils sont en faveur d’une autonomie qui leur permettrait entre autres de lever leurs propres impôts. Même à reculons, les Anglais feraient bien de l’accepter, soutient Simon Jenkins. 

Voilà que ça recommence. L’Irlande est partie, l’Ecosse s’en va, le Pays de Galles a la bougeotte. Et après, à qui le tour, les Cornouailles ? L’Ile de Wight ? Il n’y a aucun moyen de savoir ce que l’ineptie de la politique de Londres risque d’infliger à la confédération britannique.
La dernière empoignade en date, au sujet du oui ou du non à “l’indépendance” écossaise, n’est que de la gesticulation. La véritable question est celle de la “devo max”, la “dévolution grand format” [le transfert d'une partie du pouvoir politique lancé depuis la fin des années 1990]. Londres la hait, l’Ecosse l’adore.
Depuis une semaine, on ressort les constitutionnalistes de leur placard poussiéreux afin qu’ils épluchent des lois et des documents. C’est inutile. Quand des provinces dissidentes sont décidées à suivre leur propre voie, ce ne sont pas les subtilités de la loi référendaire qui les arrêteront. Regardez la Bosnie, la Slovénie, le Kosovo, la Macédoine – tous différents, mais ayant tous la même origine.

Cameron et la "disposition rebelle"

La Grande-Bretagne est entrée en guerre pour décomposer l’union yougoslave. Nombreux sont les Britanniques qui rêvent de la dislocation d’une autre union, européenne celle-là. Pourquoi se battent-ils pour préserver le Royaume-Uni alors qu’il est manifestement en train de se désintégrer ?
Plus Londres tournera en dérision les aspirations des peuples non-anglais des Iles britanniques, plus ces aspirations gagneront en force. En 1922, c’est parce qu’elle était exaspérée par la gestion lamentable de Londres que l’Irlande a quitté l’union. Il a fallu attendre l’année dernière pour que les Irlandais acceptent l’idée d’une visite de la reine sur leur territoire, pour une journée.
En 1979, la résistance à la dévolution a coûté la majorité au Premier ministre travailliste James Callaghan, et elle a balayé le soutien dont son parti bénéficiait au pays de Galles.
L’imposition d’un cens électoral aux Ecossais en 1989 a contribué à la chute de Margaret Thatcher, décimant au passage les conservateurs écossais. Aujourd’hui, Cameron, face à l’Ecosse, est digne de Georges III qui, à propos de l’Amérique, disait “s’étonner de la disposition rebelle qui prévaut hélas dans certaines de mes colonies”.
Le plus étonnant, dans tout cela, est de voir à quel point Cameron a en horreur la dévolution grand format, la seule mesure susceptible d’atténuer la tendance centrifuge actuelle du Royaume-Uni.
Si les détails sont encore flous, le concept en est simple, à savoir que les Ecossais devraient lever leurs propres impôts, qu’ils dépenseraient comme ils l’entendraient, et qu’ils mettraient ainsi fin à (l’essentiel de) leurs relations fiscales avec Londres.

Peu importe si cela coûte des millions

Ce n’est pas une affaire de monarques, de soldats, de drapeaux, de frontières et de passeports. La dévolution engloberait également le financement de la protection sociale. Le gouvernement écossais – et éventuellement gallois et nord-irlandais – rendrait des comptes directement à son électorat pour les questions de politique intérieure.
Si c’est ce que souhaitent les Ecossais, ce que semblent confirmer les sondages, qu’importe si cela “leur coûte des millions”, comme ne cessent de le bramer les médias britanniques ?
Le Danemark survit. La Norvège aussi. Pendant ce temps, les économies écossaise, galloise et nord-irlandaise sont plus proches de celle de la Grèce, les décisions dans le secteur des dépenses publiques sont détachées des décisions fiscales au point d’engendrer une dépendance irresponsable. L’Ecosse engloutit l’argent anglais et les politiciens nationalistes remportent les suffrages en le dépensant en bourses d’études, en prestations sociales et autres éoliennes.
L'Angleterre n'a aucun intérêt à maintenir cette dépendance et c’est tout à l’honneur des Ecossais que d’en réclamer la fin. Une décentralisation accrue restaurerait la responsabilité budgétaire dans le pays d'Adam Smith.
Les partisans du populisme dispendieux d'Alex Salmond retrouveraient ainsi le sens des réalités et perdraient probablement les prochaines élections, faisant ainsi reculer la cause des indépendantistes. Tout cela est dans l'intérêt des conservateurs et de David Cameron.
Le Royaume-Uni n'est pas une construction fondée sur une identité tribale, c'est une alliance opportuniste et pragmatique dont l'intérêt diminue depuis les années 1920. Son existence ne répond à aucune nécessité historique, pas plus que le Troisième Reich, l'Union soviétique ou l'Union européenne aujourd'hui. Toute confédération de nations doit être entretenue et enrichie pour survivre. Elles n'y parviennent pas toujours.
David Cameron devrait laisser Salmond organiser son référendum et défendre la cause de la “devo max”. Cette initiative va dans le sens de la responsabilité budgétaire. Son réalisme politique pourrait même insuffler une énergie nouvelle aux conservateurs écossais. L'opposition de Cameron “jusqu'à la dernière goutte de [son] sang” reste une énigme.
Il ne peut y avoir qu'une seule explication. Parvenus au pouvoir, les responsables politiques s'enferment dans une pure logique de pouvoir et de contrôle. En l'occurrence, ce raisonnement est contre-productif. Il y a un siècle, les Iles britanniques étaient une nation. Le gouvernement actuel semble déterminé à en faire quatre.


Debat

Quelle sorte de référendum ?

Le 8 janvier dernier, le Premier ministre David Cameron a déclaré que son gouvernement donnerait à Holyrood (le Parlement écossais), le droit d'organiser un référendum sur l'indépendance, à condition que ce dernier se cantonne à une simple question : pour ou contre l'indépendance totale de l'Ecosse.
Deux jours plus tard, le premier ministre écossais Alex Salmond, annonçait son intention d'organiser un référendum à l'automne 2014.
Une serie de clashs entre Holyrood et Londres sur la rédaction du référendum est désormais inévitable. Salmond a insinué qu'il pourrait poser davantage qu'une seule question aux électeurs écossais, l'indépendance totale ou le "devo max" qui laisserait les seules politiques de Défense et Etrangère aux mains du gouvernement britannique.
Westminster redoute que le soutient au  "devo max" sera plus difficile à contrecarrer car cette proposition divisera le vote unioniste et séduira ceux qui n'acceptent pas l'indépendance totale.
Toutefois, estime The Economist, la question directe de l'indépendance totale
[...] permettrait une campagne claire et nette. Les partis conservateur, travailliste, et libéral-démocrate devront alors dire pourquoi l'union est bénéfique à l'Ecosse- une explication à laquelle ils se sont jusqu'ici livrés que très faiblement, et qui justifie les faibles résultats qu'ils enregistrent depuis longtemps au nord de la frontière. Le SNP, pour sa part, devra développer le problème dont l'indépendance est la solution – une démonstration qu'ils n'ont jusque-là pas non plus réalisée. Et si les Ecossais refusent l'indépendance, il pourra ensuite leur être proposé de transférer davantage de pouvoirs. Si la majorité des Ecossais souhaitent quitter la Grande-Bretagne, qu'il en soit ainsi. Mais il faut que le divorce se passe bien, que ce ne soit pas une longue dispute où chacun se montre du doigt et où tout le monde souffre.