TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mercredi 21 octobre 2009

La photo sexy de Meghan McCain prouve qu'elle n'est pas crédible

La fille de John McCain veut être prise au sérieux en politique, mais se comporte comme une adolescente.
Autant l'avouer: je m'étais trompée sur toute la ligne au sujet de Meghan McCain. Il y a à peine plus d'un an, pendant la campagne de son père, candidat malheureux à la présidentielle, j'avais écrit un article pour Slate à son sujet. Elle avait, selon moi, réussi à jouer de sa jeunesse et de sa blondeur avec beaucoup de talent, parvenant à atteindre ses objectifs tout en conservant un minimum d'intimité. J'avais même été jusqu'à louer sa perspicacité.

Mais c'était avant qu'elle s'inscrive sur Twitter. En 2008, j'étais impressionnée par l'apparente maîtrise avec laquelle elle contrôlait sa propre image; j'avais tout faux. Meghan McCain n'est pas une femme cérébrale et sûre d'elle, capable de gérer avec grand soin le capital de célébrité dont elle a hérité; c'est une petite fille égarée et avide de gloire, qui se donne en spectacle (sur une scène bien trop vaste) pour compenser son manque d'assurance.

J'en veux pour preuve la polémique qui a récemment enflammé Internet; une polémique née d'une simple photographie de (et prise par) Meghan McCain, postée sur son compte Twitter. Sur la photo, elle tient une biographie d'Andy Warhol, et les deux attributs les plus généreux de son anatomie (ceux là même que l'on ne saurait voir) sont... bien en vue. Les utilisateurs de Twitter ont promptement réagit, intimant à la jeune fille de 24 ans de se couvrir et d'avoir un peu de classe - leçons dispensées avec assez peu de courtoisie, comme on est en droit de l'attendre d'un média comme Internet. Jeudi 15 octobre, McCain a commencé à envoyer quelques messages désespérés, parlant de supprimer son compte Twitter et s'excusant pour la photo (qu'elle a enlevée, puis remise en ligne, puis enlevée à nouveau...).
Le beurre et l'argent du beurre

Le fait que McCain ait mis en ligne une photo provocante d'elle-même n'est pas un problème en soit - c'est une initiative vulgaire et ridicule, mais un bon nombre de jeunes filles le font. Le fait que sa poitrine soit généreuse et qu'elle soit fière de son corps n'est pas un problème non plus. Si elle veut jouer de son apparence et de son «style» pour faire avancer sa «carrière» (comme, disons, Julia Allison), pas de soucis. Le problème, c'est qu'elle veut le beurre et l'argent du beurre. Elle veut être prise au sérieux en politique, se faire une place au sein du Parti républicain (c'est du moins ce qu'elle dit), et étant donné sa popularité, elle pourrait réussir sans problème - seulement, voilà, elle veut aussi être invitée au Tyra Banks Show et parler de ses extensions de cheveux.

Le hasard a voulu que la polémique fasse le tour des médias le jour où Kathleen Parker, du Washington Post, consacrait un article aux espoirs féminins du Parti républicain: Meg Whitman, Carly Fiorina, Liz Cheney et... Meghan McCain. Comme la plupart des commentateurs ayant déjà parlé de McCain, Parker a relevé sa fraicheur, son côté branché et décalé, qualités à même, selon la journaliste, de rajeunir l'image d'un parti vieillissant (bien qu'aucune donnée ne vienne étayer cette affirmation).

En réalité, la carrière de McCain dans le champ médiatique a toujours été dominée - et alimentée - par des polémiques liées au physique (un problème d'adolescente, en quelque sorte), bien plus que par les critiques cinglantes qu'elle adresse de temps à autres aux républicains de la vieille école. Dès le jeudi 15 octobre, Anna North du site Jezebel a volé à son secours, en affirmant que cette nouvelle technique de communication innovante et provocante ne pouvait qu'avantager le Parti républicain; selon elle, cette exposition (médiatique et littérale) va faire gagner un bon nombre de lecteurs à la chronique que tient McCain sur The Daily Beast (elle a débuté cette chronique lorsque Laura Ingraham a dit qu'elle était grosse). En effet, si McCain est devenue une chroniqueuse d'opinion, c'est en grande partie pour parler de la façon dont les femmes comme elle (jeunes, attirantes, nullement anorexiques) sont traitées dans les médias (c'est d'ailleurs toujours son cheval de bataille). C'est pourquoi cette observation de North semble peu pertinente:

«Il serait tentant de dire qu'elle savait forcément que les gens remarqueraient ses seins. Ceci dit, McCain a une poitrine plus que généreuse, et si ce débardeur est trop suggestif sur elle, il pourrait passer pour une chemise de nuit tout à fait innocente sur une femme plus menue. D'accord, elle est souvent prise en photo, mais elle n'a que 24 ans; lorsqu'elle pose pour une photographie dans la vie de tous les jours, quelqu'un l'aide à choisir ses vêtements. Peut-être ne s'était-elle pas aperçue du côté un peu érotico-vulgaire de la chose.»

Faux. Bien au contraire: c'est précisément parce que cette photo faisait un peu érotico-vulgaire qu'elle l'a postée, et c'est précisément pour cela que les internautes ont été indignés. Elle est très jolie: regard séducteur, menton pointant vers le bas, incliné comme il faut - technique connue de tous les stakhanovistes de l'autoportrait photo. Quant aux seins (difficile de les manquer....), il est clair que sa posture à pour seul et unique but de les mettre en valeur. McCain s'est trouvée magnifique, et a tout simplement décidé d'envoyer ce qui ressemble à s'y méprendre à un «sexto» affriolant à ses 65.000 followers. Elan narcissique des plus puérils; on peut au choix le considérer comme inquiétant ou parfaitement banal.
Adolescente

Meghan McCain s'est comportée en adolescente pur sucre. Rien d'étonnant à cela: sa célébrité est en pleine phase adolescente, elle aussi. Des tas de nouvelles sensations, un sentiment de puissance enivrant, sans vraiment savoir quoi en faire. McCain ne sait pas comment le monde la perçoit, bien qu'elle soit obsédée par cette perception. Elle s'est faite de nouveaux amis, et certains pourraient avoir une mauvaise influence sur elle (au hasard, Tila Tequila). Lorsqu'elle ne porte pas le tailleur-pantalon noir amincissant (qu'elle endosse pour chaque apparition télévisée ou presque), elle s'habille avec la subtilité d'une fillette de 13 lâchée dans un magasin Hot Topic. Dans sa chronique du Daily Beast, à la télévision et dans ses tweets, elle affiche une confiance en elle à toute épreuve, comme ces adolescentes rongées par le doute, qui débordent d'une énergie et d'un enthousiasme exagérés pour masquer leur angoisse dévorante.

McCain veut être rassurée et encouragée toutes les deux minutes, ce qui explique pourquoi elle semble être devenue accro à Twitter. L'outil de microblogging propose tout ce qu'elle aime: des réactions immédiates, l'impression (trompeuse, mais agréable) d'appartenir à une communauté, et, bien entendu, un tremplin vers la gloire facile à emprunter. Même si une partie de ses followers s'est retournée contre elle, elle ne peut pas arrêter Twitter; au contraire, elle y écrit plus qu'avant, passant une journée entière à commenter l'affaire avec une frénésie hystérique digne de Lindsay Lohan, se lamentant, jurant qu'elle arrêterait de poster sur Twitter, et faisant la liste de ses persécuteurs. Aussi amusante qu'elle puisse paraître, cette addiction à Twitter semble pathologique, et s'avère au final plutôt pathétique.

Bien entendu, elle s'est mise à écrire sur l'affaire, qui lui permet de créer des hommes de pailles numériques qu'elle s'empresse de dézinguer dans ses chroniques. (Broadsheet laisse entendre qu'elle a créé la polémique de toute pièce pour attirer l'attention sur une de ses chroniques, qui parlait justement des célébrités et de l'image corporelle). Après l'assaut de jeudi, elle s'est vite fendue d'une réponse, vendredi matin, sur The Daily Beast, en reprenant et en élaborant des arguments déjà exposés sur Twitter: «Cela fait des années que je me force à m'accepter en débardeur, même si ce type de vêtement fait plus sexuel sur moi que sur une femme à la poitrine plate», se plaint-elle. «Et comme d'habitude, les médias [ces démons sans visages !] me disent que toute personne dotée d'un tour de poitrine comme le mien doit être constamment couverte. Sinon, quoi? J'aurai l'air d'une salope?»
L'importance de l'image

Le problème, c'est que l'image qu'elle s'est construite n'a absolument rien de sérieux. Nous vivons peut-être dans le meilleur des mondes, mais Gail Collins ou Peggy Noonan n'arborent toujours pas de décolletés plongeant sur leurs photos de quatrième de couverture. Et ce non pas parce qu'elles sont vieilles, ou vieux jeu, ou encore parce qu'elles voient la libération des mœurs féminines d'un mauvais œil. Mais tout simplement parce que dans les médias, où l'image est d'une importance capitale, il faut vraiment que la forme corresponde à la fonction.

Un travail sérieux requiert un comportement sérieux, et McCain ne semble pas l'avoir compris. Peut-être que sa poitrine indignerait moins le Web si ses qualités intellectuelles étaient au niveau de ses attributs physique... Lorsqu'elle est passée dans l'émission de Bill Maher il y a quelques mois, elle était sensée commenter l'actualité. Mais quand le démocrate Paul Begala a contesté l'un de ses arguments, elle s'est simplement défilée, refusant tout net de jouer son rôle; elle s'est contenté de prétendre qu'elle «n'était qu'une blonde passant dans l'émission, rien de plus». Begala était en rogne, et c'était légitime: soit elle était là pour débattre, soit elle faisait tapisserie, mais il fallait choisir. Les vrais sportifs s'affrontent; les pom-pom girls restent sur le bord du terrain.

Je me demande où en était rendue McCain dans la lecture de la biographie d'Andy Warhol, l'autre soir. Elle adhère sans aucun doute à sa vision de la célébrité, mais elle n'a toujours pas compris à quoi - à qui - sert cette célébrité: au fond, elle ressemble plus à une Factory Girl qu'à une spécialiste de la manipulation. Kathleen Parker parle d'elle pour la transformer en fer de lance du nouveau programme du Parti républicain. L'émission The View parle d'elle pour faire de l'audience. Tina Brown parle d'elle pour qu'on lise ses articles. Jezebel parle d'elle pour s'en prendre aux sexistes. McCain n'a aucune idée de la forme que devrait prendre le Parti républicain du futur; elle s'est créé une image, une personnalité qu'elle expose sur une vaste scène; au final, chaque spectateur se contente d'y piocher ce qui l'arrange, et se moque du reste.

Noreen Malone

Frais pour découvert bancaire: les banques jugées excessives

Le magazine «60 Millions de consommateurs» estime les commissions prélevées par les banques lors de dépassement de découverts «scandaleuses» et «illégales».

Alors que les parlementaires vont débattre du projet de loi sur le crédit à la consommation, le magazine «60 Millions de consommateurs» leur demande d'intervenir pour modifier le régime des commissions prélevées par les banques en cas de dépassement de découvert.

Dans son numéro de novembre, «60 Millions» considère ces découverts bancaires comme un véritable crédit, avec des intérêts calculés sur le solde débiteur. «Un crédit particulièrement juteux pour les banques puisque les taux d'intérêt -les agios- excèdent allègrement les 14%. En plus de ces agios, elles taxent le moindre dépassement de seuil autorisé», explique la publication de l'Institut national de la consommation (INC). Elle estime que ces commissions sont «illégales» dans la mesure où elles dépassent parfois le taux d'usure. En effet, «les commissions devraient être incluses dans le calcul des taux d'intérêt globaux (TEG)», estime «60 Millions de consommateurs». Selon la législation en vigueur, le TEG attaché à un crédit ne peut pas dépasser le taux d'usure (21,4% pour un prêt inférieur à 1.524 euros, et de 20,2% pour un découvert d'un montant supérieur). Des plafonds largement dépassés par certaines banques, selon «60 Millions». «Un dépassement de découvert d'un euro peut être facturé de 5,90 à 10 euros, selon les établissements», argumente le magazine qui réclame qu'un amendement précise clairement que tous ces frais soient intégrés au calcul du TEG. C'est déjà le cas, répond la Fédération bancaire qui se défend de pratiques «hors la loi» dans un communiqué publié mercredi après-midi : «dans tous les cas, les banques respectent la loi et intègrent tous les éléments obligatoires pour le calcul du TEG. Le taux pratiqué par les banques ne peut donc dépasser le seuil de l'usure fixé par la Banque de France».

Un argumentaire pas si évident

Pour défendre sa position, «60 Millions de consommateurs» se base sur un arrêt de la Cour de cassation, rendu le 5 février 2008. La Cour avait alors estimé que les frais facturés par une banque au client qui l'avait saisie auraient dû être inclus dans le calcul du TEG. Peut-on considérer ces commissions comme devant être intégrées au calcul des taux d'intérêt ? La réponse n'est pas si évidente. Interrogée par le magazine, la responsable du service juridique de la Fédération bancaire française (FBF) répond que l'arrêt de la Cour de cassation visait une situation particulière et que de façon générale «la commission n'a pas à entrer dans le calcul du TEG». Pour la FBF, c'est l'examen de la rémunération du compte et de la situation du client avant paiement qui est facturée et non des «frais» attachés à un crédit.

Treize banques notées

Selon «60 Millions de consommateurs», les banques manient avec précaution les plaquettes tarifaires pour «contourner les conséquences» de l'arrêt de la Cour de cassation de 2008. «Certaines ont discrètement fait glisser les commissions d'intervention de la partie 'découvert' à la partie 'incidents de fonctionnement'». Les auteurs du dossier invitent ainsi les consommateurs à demander le remboursement des frais lorsque les frais totaux prélevés dépassent le taux d'usure. Le magazine propose également un comparatif de treize banques où ces dernières sont notées selon les frais qu'elles appliquent à leurs clients : taux nominal en cas de dépassement, montant de la commission d'intervention et autres frais (par exemple en cas de rejet de chèque ou de rejet de prélèvement). La Banque Postale fait bonne figure avec une appréciation globale «satisfaisante». La Caisse d'Epargne d'Ile-de-France, Boursorama, ING Direct, Monabanq s'en tirent avec l'appréciation «insuffisant». Enfin, une mention «très insuffisant» est attribuée à la Société générale, la Banque populaire Rives de Paris, BNP Paribas, le Crédit agricole-IDF, Le Crédit mutuel-IDF, HSBC, LCL et Axa Banque.

RAPPEL

Frais bancaires : haro sur les banques françaises


Le rapport, rédigé par la commissaire européenne Meglena Kuneva est très critique notamment à l'égard des établissements français, qui affichent «un piètre bilan en matière de transparence et figurent parmi les plus chers pour les comptes courants».

Les banques françaises sont parmi les championnes d'Europe des frais cachés onéreux et incompréhensibles. C'est ce qui ressort d'un rapport de la Commission européenne, rendu public mardi. Le document, rédigé par les services de Meglena Kuneva, la commissaire européenne responsable de la Protection des consommateurs, est très critique envers les banques françaises, italiennes, espagnoles et autrichiennes qui ne respectent pas les réglementations européennes en matière de protection des consommateurs. Dans le détail, selon le rapport, dans certains pays de l'Union européenne les consommateurs paient «considérablement plus cher» pour les comptes courants que dans d'autres Etats. Par exemple, les prix facturés pour la tenue d'un compte «utilisateur moyen» font le grand écart: de 253 euros en Italie à 27 euros en Bulgarie. Pour les utilisateurs «intensifs», la différence est même vertigineuse: de 831 euros maximum en Italie à 28 euros minimum en Bulgarie.

Opacité des tarifs

Le rapport pointe également du doigt l'opacité de certaines structures de tarifications des comptes courants, si bien qu' «environ un tiers des consommateurs interrogés étaient incapables de comparer les différentes offres en matière de comptes courants». De même, les informations en ligne sont jugées incomplètes. Dans deux cas sur trois, les experts chargés d'établir le rapport sur les tarifs bancaires ont dû entrer en contact avec la banque «pour tirer au clair les informations fournies sur les tarifs appliqués». Autre reproche: les renseignements fournis sont souvent incompréhensibles et insuffisantes. 79% des citoyens de l'Union européenne souhaitent des informations «normalisées claires et comparables», comme le prévoit notamment la nouvelle directive sur le crédit à la consommation.

«Les banques doivent mettre de l'ordre chez elles»

De la même manière, souligne le rapport, «il est de plus en plus manifeste que les consommateurs n'obtiennent souvent pas de conseils adéquats concernant les services financiers». Un constat à mettre en relation avec le fait que les employés de banque ne comprennent pas toujours suffisamment bien les produits financiers pour conseiller efficacement les consommateurs. Enfin, le rapport note aussi les faibles niveaux de changement de banques. Ils représentent 9% pour les années 2007 et 2008, contre 25% par exemple, dans le domaine des assurances automobiles. Face à cet état des lieux désastreux, Meglena Kuneva invite les «banques à mettre de l'ordre chez elles et changer les mentalités en ce qui concerne la manière dont elles traitent les consommateurs». Et d'ajouter: «les autorités des Etats membres doivent assumer leurs obligations, qui consistent à appliquer la législation communautaire en matière de consommation».

500 000 foyers privés de télévision en 2011

Alain Méar, membre du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a déclaré, mercredi 21 octobre, lors d'une audition devant les députés que cinq cent mille foyers se retrouveraient sans télévision lors du passage à la télévision numérique terrestre (TNT) en 2011.

Alain Méar intervenait dans le cadre d'une audition réclamée par des députés, inquiets de voir une baisse du nombre de foyers recevant directement les chaînes lors du passage à la TNT d'ici 2011. Ces inquiétudes avaient entraîné la suspension de l'examen d'un texte sur la fracture numérique le 6 octobre, qui devrait repasser en commission le 4 novembre.
Une vingtaine de députés de tous les bords (UMP, SRC, Nouveau Centre) ont interrogé mercredi Michel Boyon, président du CSA, et M. Méar sur le fait que 1,3 million de foyers puissent se retrouver devant un "écran noir" en 2011, citant des chiffres qui leur ont été communiqués par TDF, principal diffuseur de télévision en France. Pour les foyers "qui seront dans des zones d'ombre, le chiffre de cinq cent mille foyers est tout à fait plausible", a répondu M. Méar, reconnaissant "une querelle de chiffres" entre TDF et CSA.

"L'écran noir dans nos territoires, c'est inacceptable !", a réagi François Brottes, député PS. "Il sera difficile d'expliquer à ceux qui ont la télévision aujourd'hui qu'ils ne l'auront pas demain", a renchéri Charles-Ange Ginesy (UMP).

En réponse, M. Boyon a suggéré que "l'Etat mette en place un dispositif d'aide aux collectivités locales qui souhaiteraient installer des émetteurs" pour transmettre la TNT. Il a en outre rappelé que déjà actuellement, la couverture en analogique n'était pas de 100 % mais de 95 %.

L'euro repasse au-dessus de 1,50 dollar

La monnaie unique européenne a dépassé 1,50 dollar mercredi 21 octobre. C'est la première fois depuis quatorze mois ( le 11 août 2008) que l'euro dépasse ce cap, atteignant 1,5003 dollar, les cambistes favorisant la prise de risque au détriment du billet vert, valeur-refuge.

Depuis le mois de mars et les premiers signes de reprise, l'euro a repris près de 20 % sur le marché des changes face à la monnaie américaine. Cette dernière, délaissée avec le regain de l'appétit au risque, a été en outre fortement contestée dans son rôle de monnaie de réserve mondiale.

LE BILLET DE LABRO

SELON L'HUMA....

SNCF les raisons d'une grève

Depuis 20 heures lundi soir et jusqu’à mercredi matin, un mouvement de grève des cheminots contre un plan, Destination 2012, vécu comme une concurrence plus féroce encore, affectera le trafic national et régional. Décryptage des craintes des cheminots.

Préparer la mariée pour la privatiser

Depuis plusieurs années, la SNCF fait évoluer par touches successives sa structuration interne. Petit à petit, l’entreprise intégrée laisse la place à une « maison mère » chapeautant des branches autonomes avec leurs moyens matériels et leurs personnels dédiés. Pour justifier ces transformations, la SNCF met en avant l’ouverture à la concurrence. C’est afin, affirme-t-elle, d’éviter d’être accusée de ne pas faciliter les choses aux opérateurs privés, qu’elle a créé récemment « une entité autonome » baptisée direction de la circulation des trains et une branche autonome baptisée gares et connections. D’autres entités, autrement appelées « centres de profit », par la SNCF, ont été créées pour piloter les activités de la branche fret suivant « le produit » qu’elles commercialisent. Pour la CGT et la CFDT qui dénoncent « une privatisation rampante », ces entités préfigurent la création de filiale et empruntent au même schéma de réorganisation mise en œuvre dans d’autres entreprises publiques récemment privatisées, comme EDF et GDF.

Menace sur les Corail

Les trains Corail survivront-ils au projet d’entreprise Destination 2012 ? En 2005 déjà, la SNCF avait tenté de ne plus assumer ces liaisons transversales qui, en complémentarité du TER et du TGV, permettent de se rendre d’une capitale régionale à un autre sans passer obligatoirement par Paris. Elle avait essayé de transférer leur financement aux régions. Devant l’opposition des syndicats, des associations d’usagers, des municipalités concernées et des conseils régionaux, l’entreprise avait dû faire marche arrière. Elle affirme aujourd’hui qu’en raison de la concurrence, elle ne peut plus assumer le déficit d’exploitation de ces lignes qui s’élève, en moyenne, à 120 millions d’euros par an. Au début du mois, à l’occasion de son séminaire annuel de presse, la SNCF a également écarté l’idée d’assumer le coût du renouvellement du matériel qui arrive en bout de course et qui est évalué à plusieurs milliards d’euros. Autrement dit, si l’État qui est autorité organisatrice de ces lignes n’assume pas ses responsabilités, les trains Corail pourraient bientôt définitivement s’arrêter.

TER, le dogme de la concurrence

La réglementation européenne oblige à ouvrir à la concurrence l’activité TER au plus tard en 2019. Les directives concoctées par la Commission européenne n’obligent pas les conseils régionaux à recourir à la procédure d’appel d’offres. Le gouvernement, qui craint que les régions, très majoritairement gérées par la gauche, continuent à confier à la seule SNCF l’exploitation de ces trains, a décidé de mettre en place une commission des parties prenantes pour « organiser la concurrence ». Autrement dit, pour aider les entreprises privées du secteur à s’emparer de parts de marché. Celles-ci n’étant pas réputées pour leur philanthropie, les conséquences de la libéralisation du TER seront catastrophiques pour les usagers. Il y a en effet fort à parier que, comme cela s’est passé dans le fret ferroviaire, la concurrence dans le TER se traduira par l’abandon des dessertes jugées non rentables, une hausse des tarifs et une dégradation de la qualité de service. P.H. Lab

RIEN A DIRE C'EST BIEN DU ROUGE.

Ségolène Royal fait un flop sur France 2

Mardi soir en prime time, TF1 diffusait “Les experts : Manhattan”, une valeur sûre pour la chaîne qui a rassemblé 31,5% de fidèles.

Sur France 2, le magazine “Un jour, un destin” consacré à Ségolène Royal a coulé l’audience de la chaîne qui a termine dernière. L’ex-candidate à la présidentielle a été largement boudée par les téléspectateurs: ils n’ont été que 9,2% à la suivre.

La série française “Un village français” avec Robin Renucci a attiré 15,4% du public sur France 3.

M6 enregistre 15% de part d’audience avec la diffusion de deux épisodes inédits de la cinquième saison de “Desperate Housewives”.

A noter que le match opposant Liverpool a Lyon, remporté par les Français 2 à 1, a permis à Canal + d’enregistrer 7,5% de PDA. 28,4% des abonnés de la chaîne ont suivi la rencontre.

PERSONNE N'EN VEUT PLUS DE CETTE POUFIASSE !

Sasha Alexander rejoint Dr House

L’insociable Dr House, misogyne et arrogant, recevra, pour la sixième saison de la série, une nouvelle recrue dans son équipe.

Alors qu’il s’apprête à perdre l’un de ses plus proches médecins, le célèbre diagnosticien va accueillir l’actrice Sasha Alexander à l’hôpital de Princeton Plainsboro.

L’ancien agent du “NCIS” (elle interprétait Kate Todd au sein de l’équipe de Gibbs), à 36 ans, est une habituée des séries. Après avoir débuté dans “Dawson”, elle était apparue dans “Friends”. En 2005, après avoir quitté “NICS”, elle a fait un passage remarqué dans la quatrième saison de “Prison Break”.

Pour l’instant, elle n’aurait signé que pour un seul et unique épisode aux cotés du lunatique Dr House.

ATTENTION SPOILERS

Sasha Alexander incarnera la nouvelle voisine de House et Wilson dans la sixième saison de la série, actuellement diffusée aux États-Unis. Triangle amoureux oblige…

4e licence mobile : Bouygues dépose deux recours, Bolloré renonce

L'opérateur Bouygues Telecom a annoncé, mercredi 21 octobre, avoir déposé deux recours auprès du Conseil d'Etat pour contester la procédure d'attribution de la quatrième licence pour les téléphones mobiles. "Nous avons déposé deux recours car nous pensons que les avantages cumulés accordés au quatrième opérateur créent une distorsion de concurrence en défaveur de Bouygues Telecom", déclare à l'Agence France Presse un porte-parole du groupe. Selon le quotidien économique La Tribune, ils ont été déposés fin septembre.
Le premier recours demande l'annulation du décret du 1er août, qui fixe le prix de la quatrième licence à 240 millions d'euros. Le prix de la nouvelle licence est inférieur aux plus de 600 millions d'euros versés par Orange, SFR et Bouygues Telecom pour leur réseau 3G. Mais le quatrième opérateur ne disposera que d'un tiers de la bande de fréquence. SFR et Orange (France Télécom) ont lancé de leur côté cet été une procédure auprès de la Commission européenne pour contester le prix de la licence, trop faible, selon eux.

CONTESTATION DE LA LOCATION DU RÉSEAU

"Le second recours demande l'annulation de l'arrêté qui autorise le lancement de l'appel à candidatures pour la quatrième licence dans les conditions définies par l'Autorité de régulation des télécommunications (Arcep)", explique également le porte parole de Bouygues Telecom. L'opérateur est également en désaccord sur les obligations de louer une partie du réseau au nouvel entrant, de partager certains sites pour l'installation des antennes ou de devoir lui rétrocéder une partie des fréquences GSM, souligne aussi La Tribune.

Le Conseil d'Etat avait rejeté en avril une requête de Bouygues Telecom contre l'obligation faite aux opérateurs mobiles de libérer une partie de leurs fréquences pour permettre l'arrivée d'un quatrième acteur. L'appel à candidatures pour la quatrième licence de téléphonie mobile a été publié le 1er août au Journal officiel et arrive à échéance le 29 octobre.

Des candidats potentiels à la quatrième licence, seul Iliad (Free) a confirmé qu'il déposerait un dossier. Le groupe Bolloré a annoncé mardi qu'il y renonçait, faute de partenaire, un abandon qui suit celui de l'opérateur égyptien Orascom et de l'opérateur mobile virtuel Kertel. Restent Numericable et Virgin Mobile, qui affirment travailler à une candidature commune.

France 2, un enterrement Royal de la politique

France 2 a consacré, fait exceptionnel, toute la soirée au destin de Ségolène Royal. Une soirée dans laquelle les journalistes étaient omniprésents et les idées politiques omni-absentes. Un sommet absolu dans la pipolisation ascendante.
Rien. Que dalle. Nada. Pas l’ombre d’une idée politique. Le néant plein et entier. Pendant deux longues heures, « Un jour, un destin », l’émission de France 2 qui prétendait révéler ce soir les « secrets d’une ambition », celle de Ségolène Royal (1), a offert aux téléspectateurs un roman à l’eau de rose difficile à digérer : le roman du néant. Des dizaines d’interlocuteurs, des mois d’enquêtes et, au final, rien de nouveau sur l’ancienne candidate à la présidentielle. Comme si les auteurs s’étaient contentés de mettre en images sa fiche Wikipedia, mais agrémenté à la détestable sauce Gala.

Il faut tout de même reconnaître un mérite à l’émission présentée par Laurent Delahousse : révéler que la dame du Poitou — qui a souvent été accusée de mettre en scène sa vie sur papier glacé — ne fait peut-être finalement que nourrir la bête que sont les médias. Des médias avides de pipoleries, de sentimentalisme à trois euros six cents. À commencer par ceux qui ont commis ce documentaire. Ils réussissent un véritable tour de force en réunissant un parterre de collaborateurs de Ségolène Royal et de responsables politiques allant de Pierre Moscovici à Dominique de Villepin et que leur demandent-ils ? De parler de la « star », du « phénomène » ! De l’enfant élevée à la dure, de la femme blessée !

Ce qui compte, c’est l’animal politique « closerisé » et « closerisable » !

Les auteurs de ce roman du néant sont-ils les seuls responsables ? Il faut croire que non. Les journalistes politiques convoqués pour commenter le « destin » de la candidate à l’Elysée, semblent le plus souvent se prêter au jeu : la politique pour eux, c'est du roman ! Même Yves Thréard, l’éditorialiste figaresque est de la partie ! C’est à désespérer. On saura tout de son couple avec François Hollande, de leur symbiose passée, de leurs déchirements présents. Mais de ses idées ? Néant. À tel point qu’on en viendrait presque à penser — c’est peut-être là l’objectif — qu’elle n’en a jamais eu… Quand bien même elle aurait le début du prémice d’une petite idée politique, ils s’en foutraient ! Ce qui compte, c’est l’animal politique «closerisé» et «closerisable» !

Et au bal des dadais qui ne vivent plus la politique qu'à la manière d'un roman Harlequin, Laurent Delahousse est le premier à se poser là. Après près d’une heure trente de « saga Ségolène », notre homme la reçoit en tête-à-tête. Que lui demande-t-il d’entrée ? Si elle « prend comme un compliment » d’être considérée comme une « star » plutôt que comme une « femme politique » ? Le bougre enchaîne : sa mère, son père militaire, leur rupture, sa rupture avec François Hollande, jusqu'à l'écoeurement ! Et la rupture avec le sens des réalités, ils y songent les Delahousse et compagnie ? Et de contribuer chaque jour un peu plus à tuer la politique — la noble, la vraie, qui existe bel et bien — y pensent-ils seulement l’espace d’un instant ? Ils n'en ont rien à faire, assurément : le spectacle du néant est tellement plus esthétique, plus séduisant…

Ndmm: A CHIER,QUOI !

(1) Ségolène Royal est apparemment le premier responsable politique encore en activité à avoir droit à cette émission. Nicolas Sarkozy devrait suivre. On a hâte...

PHIL COLLINS A PERDU L'USAGE DE SES DOIGTS

A 58 ans, le leader du groupe Genesis a perdu toute sensibilité au niveau de ses doigts. « Je ne pourrais plus jouer de musique » affirme Phil Collins, qui pratique la batterie depuis plus de quarante ans, dans le journal allemand, « Hamburger Abendblatt ». Cet handicap est apparu à la suite d’une opération en avril dernier pour une luxation des vertèbres. A la sortie du bloc opératoire, Phil Collins avait perdu l’usage de ses mains. « Plus de tournées non plus ! La dernière fois que j’ai joué sur scène, c’était pour une fête de l’école de mon fils. Sur scène, seulement un guitariste et moi. Nous avons repris les vieux tubes, c’était génial. Rejouer ? Je ne peux absolument pas » affirme la star dans les colonnes du journal allemand. Le chanteur batteur a toutefois rassuré les fans. « Je vais bien » assure-t-il au début de l’interview. J.DLR.

MAL RENSEIGNÉ, LE JOURNAL ELLE; LE LEADER DE GENESIS À LEURS DÉBUTS ÉTAIT PETER GABRIEL

La crise économique sape l'Europe de la défense

En matière de défense, l'Europe est au point mort. L'ambition commune des Vingt-Sept reste mal définie, comme en témoignent les débats sur l'Afghanistan : où sont les intérêts stratégiques de l'Union et comment les défendre ? Les outils institutionnels, contenus dans le traité de Lisbonne, sont à créer - haut représentant pour la diplomatie, assistance mutuelle en cas de conflit, coopération militaire à plusieurs. Et la concurrence des industries de l'armement s'exacerbe. La crise économique va-t-elle porter le coup de grâce ?
La préparation des budgets 2010 de défense - le projet français sera discuté le 5 novembre à l'Assemblée nationale - peut nourrir le pessimisme. Les situations sont très différentes d'un pays à l'autre, mais "le mouvement de contraction des dépenses militaires est général - à part la Grèce - et c'est un mouvement de longue haleine", explique Jean-Paul Hébert, spécialiste de l'économie de la défense à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). La baisse a commencé au début des années 1990 après la chute du mur de Berlin, quand les armées ont été reformatées pour l'après-guerre froide. Depuis la situation s'est tendue. "Les budgets ne sont pas à la hauteur des enjeux, l'Europe s'enfonce dans une neutralité molle", critique un ministre français. "Nous assistons, ce qui est nouveau, à un vrai découplage transatlantique", souligne Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

A l'Est, certains pays de tradition atlantiste ont déjà décidé de coupes claires. La Pologne devrait afficher un budget 2010 en baisse de 20 %. Les crédits de modernisation des forces armées ont déjà été réduits de 60 % en 2009. De nombreux contrats d'équipement ont dû être renégociés en raison de ces coupes budgétaires.

Dans les puissances militaires de l'Union, la crise va peser sur la modernisation future des armées. En Allemagne, les libéraux du FDP ont proposé de réduire de 60 à 49 le nombre de commandes d'avions de transport militaire européen A400 M pour économiser 1,3 milliard d'euros. Or, l'Allemagne souhaitait être leader dans ce projet, conduit à sept. Outre-Rhin, le projet de budget de défense pour 2010 est presque stable, à 31,14 milliards d'euros. Mais la programmation financière prévoit une baisse en 2011, puis une stabilisation. Les économies touchent fortement les crédits de la recherche et développement. "L'Allemagne a souhaité dans les années récentes retrouver une stature sur la scène internationale : le pays est de plus en plus présent sur les opérations extérieures. Mais, après le règlement des déficits au début des années 2000, la crise est venue couper les ailes de cette ambition", explique M. Maulny.

En Grande-Bretagne, la crise conduit les conservateurs comme les travaillistes à réclamer une réduction des dépenses militaires. Le budget avait été plus que maintenu pour 2009-2010, en hausse de 3 %. Mais deux milliards d'euros de crédits ont été supprimés en 2009. Et les dépenses pourraient être réduites de 10 % à 15 % entre 2010 et 2016, estime le Royal United Services Institute. De grands programmes ont été reportés, telle la rénovation des avions Awacs pour une économie attendue de 400 millions de livres. Un expert français y voit une chance pour l'Union : "Faute de moyens, les Britanniques vont être acculés à la défense européenne." Mais entre-temps, ce sont bien des programmes européens qui risquent de souffrir : l'Eurofighter Typhoon, développé avec l'Allemagne, l'Italie, et l'Espagne, ou l'A400 M, dont le sort doit être scellé fin octobre.

En France aussi, "des incertitudes pèsent sur des programmes majeurs comme le Rafale et l'A400M. Les recettes exceptionnelles prévues dans le budget 2009 ne sont pas pleinement au rendez-vous", avait noté le général Jean-Louis Georgelin, chef d'état-major des armées, devant la commission de la défense de l'Assemblée nationale, le 7 octobre. L'objectif est une stabilisation de l'effort de défense jusqu'en 2012. Dans le projet 2010, les crédits de paiement sont en légère baisse (à 32,15 milliards d'euros). Pour amortir la crise, le choix a pourtant été fait d'accélérer certains programmes, grâce au plan de relance : sans cet apport de 770 millions d'euros, complété in extremis par des recettes exceptionnelles (1,26 milliard d'euros), l'exercice 2010 aurait diminué plus fortement.

De plus, malgré un net effort (+11 %), les dépenses d'équipements n'atteignent pas les montants prévus par la programmation 2009-2014, soit 18 milliards d'euros par an. "A partir de 2010, des annulations seront inévitables", assure le directeur adjoint de l'IRIS.

En Italie, même scénario. Une rallonge exceptionnelle de 450 millions d'euros a été décidée pour compenser la chute brutale (- 29 %) des crédits alloués à la maintenance et aux opérations extérieures. Entre 2008 et 2009, le ministère de la défense a déjà perdu 1 milliard d'euros, à 14,3 milliards d'euros, selon une étude de l'Institut des affaires internationales.

Après 2010, "lorsque le coût réel de la lutte contre la crise financière apparaîtra, les budgets du secteur public connaîtront des pressions sans précédent, les grands projets de défense seront les plus vulnérables", souligne Derek Braddon, professeur d'économie à l'université de Bristol, au Royaume-Uni, dans un document de l'OTAN. Les programmes militaires s'étalant sur trente et quarante ans, il faudra des années, estiment les experts, pour relancer une coopération commune.

Tandis que des responsables politiques - Français en tête - multiplient les déclarations volontaristes, la crise agit ainsi en sens inverse, exacerbant les intérêts nationaux. Depuis les décisions, prises dans les années 1980, de lancer à plusieurs les avions Transall, Jaguar ou A400M, les missiles HOT et MILAN ou les hélicoptères NH90 et Tigre, aucun nouveau projet n'a été lancé. Les industriels, mais aussi les militaires, soucieux de conserver toute la panoplie des outils de défense, sont réticents à l'idée de mutualiser et de spécialiser les forces européennes pour contourner la contrainte économique.

L'idée que l'Europe de la défense se construise par les "capacités" militaires est ainsi devenue manifestement irréalisable. Peut-elle néanmoins progresser au plan politique ? "Oui", répond le gouvernement français. La démonstration, espère-t-on, se fera sur le terrain par les opérations extérieures communes présentées comme des succès, telle l'opération antipiraterie Atalante, au large de la Somalie. Les optimistes voient ainsi comme un signal très positif les propositions audacieuses émises par la Pologne sur le sujet, en vue d'une réunion franco-polonaise des ministres de la défense le 5 novembre : un état-major européen, un exercice militaire grandeur nature, une unité multinationale logistique permanente, une flotte européenne d'avions... mais avec qui d'autre ? et pour quoi faire ?
Nathalie Guibert

Forte hausse des bonus en Grande-Bretagne

Moins d'un an après la quasi-faillite du système financier, six milliards de livres (6,6 milliards d'euros environ) de bonus vont être distribués cette année en Grande-Bretagne, soit une augmentation de 50 % par rapport à janvier. Les banques d'outre-Manche ont renoué avec les profits, indiquent, mercredi 21 octobre, des chercheurs du Center for Economics and Business Research (CEBR).
L'institut britannique prévoit que les bonus vont passer de quatre milliards à six milliards de livres (10 milliards de dollars, 6,6 milliards d'euros). Le CEBR relève toutefois qu'on ne s'attend pas retrouver avant cinq ans des niveaux comparables à ceux datant d'avant la crise où, ainsi en 2007, 10,2 milliards de livres de bonus avaient été versés. Douglas McWilliams, le directeur général du CEBR, estime cependant que toute tentative de limiter les bonus "était susceptible soit d'être vouée à l'échec soit d'être très dommageable".

Le ministre des finances, Alistair Darling, avait annoncé en septembre que les cinq plus grosses banques britanniques avaient accepté ensemble de se conformer aux règles d'encadrement des bonus décidées au G20 de Pittsburgh, aux Etats-Unis. Ces banques (HSBC, Barclays, Lloyds, Royal Bank of Scotland et Standard Chartered), s'étaient montrées d'accord pour améliorer la transparence, l'étalement des bonus et leur suppression éventuelle, avec effet au premier janvier 2010 concernant les bonus de 2009.

POUR OU CONTRE – Se faire vacciner contre la grippe A/H1N1

Le vaccin préventif contre la grippe A/H1N1 est arrivé en France. Les premiers concernés par la campagne de vaccination sont les professionnels de la santé. Si le gouvernement tente de faire prendre conscience du risque réel de pandémie, les Français, médecins en tête, ne sont pas tous prêts à se faire injecter un remède qui leur paraît plus nocif que le mal. Se faire vacciner : un geste qui sauve ou qui rend malade ?
Qu'est-ce que c'est ?
La ministre de la Santé, Roselyne Bachelot a lancé hier la campagne de vaccination (AFP) contre la grippe A/H1N1. Le personnel médical est le premier à jouer les cobayes en commençant par les soignants des services de réanimation, néonatologie, maternité et pédiatrie. Après les vacances de la Toussaint (qui finissent le 5 novembre), les vaccins seront distribués au reste de la population dans les 1.080 centres choisis par le gouvernement et seront injectés en fonction du degré de priorité établi par le haut conseil de la santé publique. Le gouvernement a décidé d'utiliser le vaccin mis au point pat GlaxoSmithKline (GSK), une formule contenant des adjuvants (substance favorisant le processus immunitaire) qui sera injectée pour le moment deux fois dans l'attente de la décision des instances européennes sur la nécessité d'une dose unique ou double du produit.

Contre
Selon de récents sondages, les différents maillons de la chaîne médical rechigneraient à se faire piquer. Une consultation du Syndicat national des personnels infirmiers révèle que 63% des infirmières refusent la vaccination alors qu'un sondage Ipsos démontre qu'un médecin de ville sur 2 rejette également cette solution. Les Français les suivent d'ailleurs à plus de 60%. Le personnel de santé craint que les risques liés à la vaccination soient plus important que son efficacité sur un virus qualifié par beaucoup de "bénin". Ils dénoncent la précipitation des autorités françaises effrayées qu'une possible pandémie se transforme en nouveau scandale politico-sanitaire. La présence d'adjuvants dans le vaccin aujourd'hui utilisé peut entraîner la contraction du syndrome neurologique de Guillain-Barré (paralysie régressive) et peut provoquer des effets secondaires indésirables chez l'enfant et la femme enceinte. Certains membres du corps médical préféreraient donc attendre que la version sans adjuvant soit autorisée sur le marché français, ce qui devrait être le cas "aux alentours du 20 novembre", d'après la ministre de la Santé.

Pour
Le gouvernement et les autorités sanitaires affirment que toutes les précautions ont été prises, notamment en n'autorisant pas les femmes enceintes à se faire injecter le vaccin contenant des adjuvants. Ils soulignent également que, d'après les essais cliniques, les risques de contracter Guillain-Barré sont extrêmement faibles (1 cas sur 1 million) et semblables à ceux encourus avec le vaccin de la grippe saisonnière. Les seuls effets secondaires démontrés à ce jour sont de simples maux de tête, une petite fièvre ou encore des rougeurs. Les risques de trop sous-estimer le virus grippe A/H1N1 sont, quant à eux, beaucoup plus importants. L'Institut de veille sanitaire avance que, selon l'hypothèse la plus optimiste, 6,4 millions de personnes seront grippées, 64.000 hospitalisées, 9 600 admises en réanimation et enfin 6.400 mourront des suites du virus. Le ministère de la Santé précise également que de plus en plus de victimes du virus ne présentent pas de facteurs de risque particuliers. Quant au personnel médical, il se doit de montrer l'exemple à la population. "Les professionnels de santé sont indispensables pour soigner les personnes malades. Il est donc nécessaire de les protéger en premier pour préserver notre système de soins", a insisté Roselyne Bachelot qui compte bien mobiliser ses troupes dans la bataille contre le virus.

Et vous ?
Pensez-vous que ce vaccin soit nécessaire ou bien dangereux ? Envisagez-vous d'aller vous faire vacciner ? Avez-vous peur d'une éventuelle pandémie ou pensez-vous qu'on en fait beaucoup trop sur ce virus après tout pas si dangereux que ça ?

BIENTÔT UN MINISTÈRE DES MÉTIERS D’ART ?

La sénatrice UMP Catherine Dumas a remis aujourd’hui au Premier ministre, François Fillon, un rapport intitulé « Les métiers d’art, d’excellence et du luxe et les savoir-faire traditionnels : l’avenir entre nos mains ». Le but étant de revaloriser ces savoir-faire artisanaux auprès des jeunes pour la préservation du patrimoine culturel national. Parmi les vingt mesures envisagées : la création d’un ministère spécialisé dans ce domaine souvent délaissé, le lancement d’une campagne nationale, l’organisation d’une journée annuelle de promotion des métiers d'art ou l’inscription de l’art culinaire (et viticole) dans la liste officielle des 217 métiers notifiés.


Le but de l’opération est surtout d’attirer les jeunes vers ces techniques artisanales. Ainsi, Catherine Dumas propose la création d’ « un diplôme supérieur des métiers d’art (DSMA) permettant aux élèves d’évoluer d’un CAP vers un diplôme bac+5 ».

Ce rapport tombe au moment où le Comité Colbert lance un nouveau projet. L’association, qui se consacre à la promotion de l’industrie française du luxe en France et à l’étranger, inaugurera le 29 octobre une œuvre interactive en 3D pour faire découvrir le savoir-faire français aux Chinois. Le site sera également accessible dans le monde entier sur www.cColbert.fr

Les dessous du lancement du "Quotidien du Foot"

Robert Lafont peut-il réussir là où l'ex-président du PSG Michel Moulin et le groupe Amaury ont échoué? Il la joue à l'ancienne: un prix de vente relativement élevé et pas de site internet.
L'éditeur de presse Robert Lafont - à ne pas confondre avec l'éditeur de livres - lancera le mardi 13 octobre Le Quotidien du Foot, dans lequel il a investi 5 millions d'euros via une filiale de son groupe Entreprendre, tout en envisageant de faire entrer des investisseurs si la formule s'avérait un succès. Son objectif: vendre d'ici un an 50.000 exemplaires par jour au prix de 90 centimes.
Ce lancement était prévu il y a un an. Mais l'apparition de deux quotidiens sportifs low cost l'en avait dissuadé. Le 3 novembre 2008, l'ex-président du PSG Michel Moulin avait lancé Le 10 Sport et le groupe Amaury avait répliqué en lançant le même jour Aujourd'hui Sport afin de défendre son titre phare, L'Equipe. Vendus à 50 centimes - contre 85 pour le journal sportif de référence -, les deux espéraient atteindre 100.000 exemplaires par jour rapidement.
Invoquant une conjoncture défavorable, le groupe Amaury, qui possède aussi Le Parisien - Aujourd'hui en France, a arrêté le 1er juillet la publication d'Aujourd'hui Sport malgré une diffusion à 30 000 exemplaires. Entre temps, faute de ventes suffisantes, Le 10 Sport était devenu hebdomadaire.
Robert Lafont peut-il, lui, réussir le lancement d'un quotidien sportif en pleine crise? L'éditeur de presse compte profiter des leçons de ses concurrents. Il a choisi un prix de vente plus élevé pour atteindre plus vite l'équilibre et une information plus pointue sur un sport spécifique plutôt qu'un généraliste à bas prix.
Autre spécificité: pas question de miser sur la complémentarité entre web et papier. Au contraire. "Nous voulons amener dans les kiosques les passionnés de football, qui cherchent surtout de l'information sur internet", explique Robert Lafont. Pourra-t-il leur donner de quoi assouvir leur curiosité? Robert Lafont affiche une rédaction d'une vingtaine de journalistes qui devrait être pilotée par un rédacteur en chef venu du défunt projet d'Amaury. Il compte aussi sur les deux journalistes de chacun des dix mensuels de football qu'il a lancés depuis 1992 ( Le foot Paris, Le Foot Saint-Etienne, Le Foot Lyon...) pour donner plus d'informations locales et sur la Ligue 2.
Pour le lancement, profil bas là aussi: des affichettes et des affiches dans tous les kisques de l'Hexagone - Robert Lafont espère convaincre les kiosquiers de le mettre en avant - et quelques spots sur RMC et NRJ, lieux de passage obligés des amateurs de foot. Cela suffira-t-il? L'avantage avec les quotidiens, qui dévorent les capitaux à toute vitesse, c'est que le verdict tombe très vite.
par Jean-Baptiste Diebold, journaliste à Challenges, le jeudi 8 octobre 2009.

Ravitailleurs : Gallois estime que Boeing est favorisé

Le patron d'EADS déplore que Boeing dispose du prix de l'appareil développé en partenariat par le groupe européen et l'américain Northrop Grumman, et que l'inverse ne soit pas vrai.

Le président exécutif d'EADS, Louis Gallois, a accusé, mardi 20 octobre, Washington de favoriser son concurrent Boeing dans la bataille pour le ravitailleur de l'armée de l'air américaine, en ayant fourni à Boeing le prix de l'appareil conçu par Northrop Grumman et EADS, alors qu'EADS ne connaît pas celui de l'appareil de Boeing.
"Bien sûr, c'est pratique pour Boeing d'avoir le prix de notre ravitailleur", a-t-il indiqué au cours d'une conférence de presse à Washington, où on l'a questionné sur des accusations semblables formulées récemment par le partenaire américain d'EADS, Northrop Grumman. Il a évoqué une "question de confiance" entre EADS et le Pentagone.
Les Etats-Unis, "cinquième pays" d'EADS

Le dirigeant a également annoncé qu'un ancien numéro un de la Nasa, Sean O'Keefe, deviendrait en novembre le directeur général du groupe européen d'aéronautique et de défense pour l'Amérique du Nord.
Louis Gallois a ajouté qu'il comptait faire des Etats-Unis son "cinquième pays [...] au même titre que la France ou l'Allemagne", tandis qu'EADS a ajouté que l'actuel directeur général d'EADS Amérique du Nord, Ralph Crosby, conserverait un poste de président de la société et continuerait à "superviser le rôle d'EADS dans la candidature du ravitailleur KC-45 de Northrop Grumman à l'Armée de l'air américaine".

Egypte : organes à vendre

Le prélèvement d’organes sur les cadavres est interdit en Egypte. Résultat : les organes sont prélevés sur des donneurs vivants, et dans la majorité des cas, moyennant rétribution. Un projet de loi visant à criminaliser ce commerce et à autoriser le prélèvement sur cadavres doit être examiné prochainement. A plusieurs reprises déjà, des tentatives de régulation ont échoué, en raison notamment d’objections religieuses sur la définition de la mort. Alors que ce débat va être relancé en Egypte, enquête sur le « marché noir » des organes.
« Jeune homme, 26 ans. Prêt à vendre un de mes reins. Très sérieux. NB : je ne connais pas mon groupe sanguin ». « Vends lobe de foie. Groupe sanguin O+ ». « Urgent : cherche rein pour femme malade. Groupe sanguin A ou B. Compensation financière ». Perdues entre ventes d’appartements avec vue imprenable sur la Méditerranée et offres d’emploi en Arabie Saoudite, ce type de petite annonce figure en nombre sur l’Internet égyptien.

Mustafa [1] a publié la sienne en juin 2007. Ce consultant cairote d’une cinquantaine d’années cherchait un rein pour sa belle-sœur. Le médecin avait prévenu : ils avaient un an, deux au plus, pour procéder à une greffe. Mais comment trouver un organe ? En Egypte, aucun système centralisé ne régit les transplantations, et le prélèvement sur cadavres est interdit. Des mois durant, Mustafa a donc parcouru les petites annonces et écumé les laboratoires d’analyses qui fournissent des listes de donneurs potentiels. « J’ai finalement trouvé, via un laboratoire qui m’a mis en contact avec une famille de paysans, des gens très pauvres. La femme était compatible. Elle voulait vendre son rein 25 000 livres égyptiennes [3100 euros]. J’ai décidé de lui en donner 45 000 », raconte-t-il.

Ce scénario est celui de la majorité des transplantations en Egypte. Une fois achevée cette quête clandestine et coûteuse, la plupart des opérations n’ont pourtant pas lieu dans le secret : elles sont effectuées par des chirurgiens dans des hôpitaux connus. Une situation paradoxale. « En l’état actuel de la législation, aucun texte spécifique ne criminalise la vente d’organes per se et il n’y a pas de loi autorisant le prélèvement sur cadavres. Les malades n’ont pas d’autre option que d’acheter un rein ou un lobe de foie, s’ils ne trouvent pas de donneurs dans leur entourage, déplore Soha Abdelaty, qui suit les questions de santé au sein de l’Egyptian Initiative for Personal Rights, l’une des principales organisations indépendantes de défense des droits humains du Caire. Il est impossible de donner des statistiques précises, mais l’Egypte est régulièrement citée parmi les pays les plus concernés au monde par le commerce d’organes », poursuit-elle.

Avec près de 40 % de la population qui vit avec moins de deux dollars par jour, le pays offre un terrain fertile. Tous les ingrédients du trafic sont là : « Les technologies de transplantation sont disponibles, les patients n’ont pas d’alternative, et il y a une importante classe pauvre qui peut être exploitée pour ses organes », observe Debra Budiani, anthropologue américaine et fondatrice de COFS, Coalition for Organ-Failure Solutions, une jeune ONG qui travaille sur le terrain auprès de ceux qui ont vendu leurs organes.

Courtier en foie

« Il y aurait entre 500 et 1000 transplantations d’organes en Egypte chaque année. Et d’après les médecins que nous avons interrogé, 90 % d’entre elles se feraient moyennant finance », explique la chercheuse. Un véritable marché s’est développé, où le corps humain, en pièces détachées, se négocie. Un marché avec ses vendeurs, ses acheteurs, et ses intermédiaires. « Omar » est l’un d’eux. Six ans déjà qu’il exerce comme courtier spécialisé en foies humains. « J’ai commencé par hasard, raconte-t-il. J’étais étranglé par les dettes, et j’ai entendu parler de malades cherchant à acheter des lobes de foie [2]. J’ai trouvé une petite annonce et j’ai appelé le malade. » Problème : les analyses révèlent que le foie d’Omar est impropre à la transplantation. Omar trouve donc un autre donneur, gère la transaction avec le patient et empoche, au passage, une commission. Le voilà lancé : il sera courtier en foie. « Je suis un intermédiaire, je mets en contact donneurs et receveurs et je les accompagne dans tout le processus », décrit-il.

Son commerce est juteux. En six ans, il a procédé à 75 transactions. Là, il a 15 malades en liste d’attente. « Je touche 10 000 LE [1240 euros] par transaction, dit-il, avant de lâcher, en riant, mais ne le dites pas aux impôts ! »

Omar décrit son activité comme on décrirait une petite entreprise. Cinq rabatteurs travaillent pour lui. Ils écument Imbaba et Masr El-Qadima, des quartiers déshérités du Caire, en quête de donneurs potentiels. Par ailleurs, il passe des petites annonces, dans la presse, et sur Internet. Sans fard. « Propose lobes de foie, tous groupes sanguins, garanties assurées », disait celle qui nous a permis d’entrer en contact avec lui.

« Je ne fais rien de mal, répète-t-il inlassablement. C’est très dur de trouver des donneurs, j’aide les gens. » Son épouse, raconte-t-il, n’était pas convaincue. « Nous sommes donc allés voir un cheikh ensemble. Celui-ci m’a assuré que ce n’était pas haram [3], pour peu que je ne parle pas d’argent mais de heba [4] et que je ne négocie pas les tarifs », assure-t-il.

Son portable interrompt la conversation. « Je fais du bon travail, le bouche-à-oreille fonctionne, je ne sais parfois pas où les gens se procurent mon numéro », explique-t-il fièrement en dépliant son téléphone. Il montre le message qu’il vient de recevoir : cinq membres d’une même famille listent dans un long texto leurs âges, mensurations et groupes sanguins. Ils sont volontaires pour vendre une partie de leur foie.

De fait, les candidats sont nombreux. Et faciles à trouver. Ismaïl vient de Warqet Al-Giza, quartier dit informel du Caire. On le rencontre un matin de semaine, devant un laboratoire. C’est Amr Mostafa, membre de COFS, qui nous a amenés là. L’endroit est connu pour mettre en contact donneurs et receveurs. Au café, au pied de l’immeuble, le serveur nous indique le plus naturellement du monde que pour les organes, « là-haut, on vous trouvera tout ce que vous voulez ». Ismaïl attend devant la porte du laboratoire. Le jeune homme a 20 ans, ne sait pas lire, n’a pas la moindre idée des complications que peut entraîner l’ablation d’un rein. Le bruit courait dans son quartier que la transaction pouvait rapporter plusieurs dizaines de milliers de livres. « Je suis donc allé à Qasr Al-Eini[l’un des plus grands hôpitaux publics du Caire, ndlr], et j’ai dit à une infirmière que je voulais vendre un rein, raconte naïvement le jeune homme. Elle m’a dit de parler moins fort, puis m’a conseillé de me rendre ici. »

Au fil de la conversation, l’on découvre qu’Ismaïl n’a aucune idée de ce à quoi il s’expose. Il ne sait pas qu’il faut effectuer des analyses de compatibilité. Ignore tout des potentielles complications post-opératoires. Pour lui, l’ensemble du processus, analyse, mise en contact avec un malade et opération ne devrait prendre qu’un jour ou deux, quand en réalité, il faut au moins un mois ou deux.
Profiter du désespoir Retour à la table des matières

Mais Ismaïl est déterminé. Il n’a pas d’emploi fixe, est marié, a déjà un enfant et sa femme attend le deuxième. Il vit avec sa mère, son frère, sa femme et son fils dans une seule pièce. « Je n’ai pas d’autre solution… », souffle-t-il.

Amr Mustafa tente de le dissuader de vendre son rein. Les arguments médicaux ne portent pas. Pas plus que l’argument religieux. « - C’est haram de vendre une partie de son corps ». « - Peut-être, mais je suis vraiment dans une mauvaise situation, je n’ai pas le choix. Je demanderai pardon à Dieu ». Finalement, plus que les mots, c’est une image qui va le faire vaciller. Amr a sur son téléphone portable la photo d’un donneur qu’il suit depuis plusieurs mois. Une cicatrice boursouflée d’une trentaine de centimètres court du ventre jusque dans le dos. « Tu ne sais pas les conséquences, tu dois vivre avec ça toute ta vie », explique le militant. Le coup semble porter. Ismaïl part en disant qu’il va réfléchir. « Aux deux bouts de la chaîne, il y a de la désespérance, chez les donneurs, chez les malades. Et au milieu, il y a des médecins, des laboratoires, des intermédiaires qui en profitent », commente Amr.

Cinq étages plus haut, l’un des médecins employés par le laboratoire explique que l’essentiel de leur activité est consacré aux analyses préalables aux greffes de rein. Jouent-ils les intermédiaires dans ce commerce ? « Nous sommes contactés par des malades et par des donneurs. Nous gardons leurs coordonnées et nous les mettons en relation, reconnaît-il. Mais nous ne prenons pas de commissions, nous touchons seulement le prix des analyses qu’ils effectuent chez nous », poursuit le praticien. Pour chaque greffe, une bonne dizaine d’analyses médicales est nécessaire avant de trouver un donneur compatible. L’opération est plus qu’intéressante pour le laboratoire. Et n’est pas illégale.
Nécessité fait loi Retour à la table des matières

En Egypte, ce commerce du corps humain s’est développé en raison d’un vide législatif. Jusqu’au mois de décembre 2008, la seule régulation émanait du Syndicat des médecins égyptiens (EMS), instance à laquelle chaque praticien doit adhérer pour exercer. Avant une transplantation, donneur et receveur doivent obtenir l’agrément d’un comité de l’EMS. Ce comité vérifie qu’il n’y a pas de contre-indication médicale, informe le donneur des risques potentiels et lui fait signer un consentement dans lequel il certifie qu’il donne son organe gratuitement. Et depuis décembre 2008 donc, un décret impose l’obtention d’une seconde autorisation du ministère de la Santé. « Cependant, il est impossible d’être certain qu’il n’y a pas de transaction financière, même entre personnes de la même famille, témoigne un urologue qui pratique des opérations des reins. Quand je pose la question à mes patients, la plupart me répondent que ce n’est pas mon affaire. Du coup, je ne m’occupe que de l’aspect médical. » Dans le milieu de la santé, personne n’est dupe. Et tout en fustigeant ceux qui tirent bénéfice de ces transactions, les médecins rappellent qu’ils doivent aussi prendre en compte les nécessités thérapeutiques – des diagnostics vitaux sont souvent en jeu.
Vide juridique Retour à la table des matières

Pour sortir de ce dilemme et combler ce vide juridique, le président de l’EMS Hamdy el-Sayed et quelques députés militent depuis le milieu des années 1990 pour une loi qui régulerait la transplantation d’organes et criminaliserait leur commerce. Ces efforts pourraient, enfin, porter leurs fruits. Un projet de loi a été inscrit à la dernière session parlementaire, et son vote était attendu avant l’été. « Cette loi est à l’agenda depuis toujours, mais cette fois, il semble y avoir une véritable volonté de mettre fin à ces trafics, soulignait au printemps Soha Abdelaty, de l’EIPR. Il était grand temps que le gouvernement se saisisse de cette question. S’il avait soutenu les propositions précédentes, il y aurait une loi depuis longtemps », estimait alors la juriste. Las, la session parlementaire s’est achevée en juin sans que le texte, pourtant présenté comme une priorité, ne soit voté. « Les parlementaires ont commencé à débattre, mais ils avaient besoin de plus de temps, commente Soha Abdelaty. Qui conserve toutefois espoir : « Il y a eu de nombreuses déclarations officielles indiquant que ce serait une des premières lois discutées lors de la prochaine session [qui s’ouvre en novembre] ».

Ce texte prévoit des peines allant jusqu’à 25 ans de prison pour les intermédiaires ou les professionnels de santé impliqués, et même la perpétuité si l’une des personnes opérées meurt. Suffisant pour décourager ce trafic ? Abdel Rahman Shaheen, porte-parole du ministère de la Santé, l’espère : « On ne peut pas en être sûr à 100 %, mais avec la menace de 25 ans de prison, ceux qui violeront la loi y réfléchiront à deux fois ».
Définition de la mort Retour à la table des matières

Cette criminalisation ne résoudrait pourtant pas la question du manque d’organes disponibles. C’est pourquoi le projet de loi propose en outre de légaliser le prélèvement sur cadavres. Mais jusqu’alors, c’est sur cette question qu’ont buté toutes les tentatives de régulation, en raison d’objections religieuses sur la définition de la mort et sur l’atteinte à l’intégrité du corps d’un défunt. « Le prélèvement doit s’effectuer sur des personnes en état de mort cérébrale. Or la croyance selon laquelle la mort se définit par l’arrêt du cœur demeure très ancrée », observe Hamdy El-Sayed. Les responsables religieux ont pourtant donné leur feu vert. L’Eglise copte comme les autorités musulmanes officielles admettent désormais ces prélèvements. « Le Cheikh d’Al-Azhar l’a répété récemment à plusieurs reprises : la définition de la mort relève de la compétence des médecins, pas des religieux », souligne le président du Syndicat des médecins. Qui martèle en outre que d’autres pays musulmans, comme l’Arabie Saoudite, ont déjà légiféré sur ce sujet. Pourtant, au printemps, le débat s’est encore enlisé autour de cette question. Et déjà, à la veille de l’ouverture de la nouvelle session parlementaire, des voix discordantes se font à nouveau jour dans la presse égyptienne. Rien n’est encore réglé.

Notes

[1] Tous les prénoms ont été changés.

[2] Le foie humain a ceci de particulier qu’il se régénère. A partir d’un lobe, l’organe entier peut se reconstruire.

[3] « Illicite » au regard de la religion.

[4] Terme à connotation religieuse : offrande, qui peut être une somme d’argent, que l’on donne pour des raisons religieuses, sans attendre de retour, mais qui sera « portée au crédit » du croyant.