TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 27 septembre 2010

Ce que la presse américaine dit de Google, Facebook ou Apple

Le Pew Research Center a publié les résultats d'une étude menée durant plus d'un an sur la manière dont les médias américains couvrent les sujets liés aux nouvelles technologies. Sans apporter de révélations fracassantes, l'étude, menée à partir d'un échantillon représentatif d'un millier de sujets publiés dans une cinquantaine de journaux, sites et chaînes d'informations, montre clairement que toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne.

Apple, qui a bénéficié sur la période étudiée des lancements d'un nouvel iPhone et de l'iPad, se taille la part du lion : plus de 15 % des articles échantillonnés traitent de la firme à la pomme, parmi lesquels
un sur cinq environ critique les choix marketing et les pratiques commerciales de l'entreprise. En comparaison, Microsoft, malgré sa domination quasi totale sur les ordinateurs personnels, n'est évoqué que dans 3 % des articles – alors que l'entreprise a lancé durant cette période la version 7 de Windows, favorablement accueillie par les critiques et le grand public.

Du côté des réseaux sociaux, on retrouve une tendance similaire : Twitter, malgré un nombre d'utilisateurs très largement inférieur à Facebook et à ses 500 millions de comptes revendiqués, était cité dans 7,1 % des articles étudiés, contre 4,8 % pour Facebook. Surtout, Twitter était décrit de manière très positive avec moins de 5 % des articles se montrant critiques, là où plus d'un quart des articles consacrés à Facebook évoquaient les risques liés à la vie privée.

Le classement établi par le Pew Research Center fait également apparaître les sujets "techno" les plus traités par les médias américains. A la première place, avec plus de 8 % des articles étudiés, on trouve les SMS au volant, suivis de l'iPhone, de la mobilisation sur Internet autour des manifestations en Iran, de l'iPad, et de la censure du Web en Chine.

Du lapsus en politique


Rachida Dati a prononcé "fellation" au lieu d'inflation dimanche sur Canal+. La phrase a fait le tour des journaux. Christophe Barbier revient sur le lapsus dans son édito vidéo.


Un groupe chinois pourrait avaler la marque Choco BN

Le géant chinois de l'agroalimentaire Bright Food serait en négociations exclusives pour reprendre United Biscuits, basé en Grande-Bretagne, pour une somme allant jusqu'à 2,5 milliards de livres (2,93 milliards d'euros), selon le Sunday Times.
S'il parvenait à ses fins, le chinois avalerait des marques de biscuits très populaires au Royaume-Uni et en Irlande (McVities, Jacob's, Jaffa Cakes...), ainsi qu'en France, en Belgique et aux Pays-Bas (BN, Delacre). Il soufflerait aussi une affaire à l'américain Campbell Soup, qui avait manifesté son intérêt au mois d'août, toujours selon le Sunday Times. Campbell Soup s'intéressait surtout à la division de biscuits du groupe britannique, qui fabrique aussi des snacks.

United Biscuits avait été racheté en 2006 par les fonds d'investissement Blackstone et PAI Partners pour 1,6 milliard de livres. Basé à Hayes, au nord de Londres, le groupe est le premier producteur britannique de biscuits et emploie 7 000 personnes, selon le Sunday Times. Interrogés par le quotidien du dimanche, Blackstone et la banque d'affaires Rothschild, qui conseille Bright Food, n'ont pas souhaité commenter ces informations.

ARRÊTONS LE MASSACRE, L'EUROPE DOIT RESTER AUX MAINS DES EUROPÉENS !

Lapsus: Dati confond "inflation" et... "fellation"

Le lapsus de Rachida Dati tourne en boucle sur internet depuis dimanche. L'ancienne garde des Sceaux peut se consoler en se remémorant quelques exemples de ratés verbaux commis par certains de ses illustres confrères au cours de l'histoire contemporaine française.

Une question sérieuse sur les raisons d'un plan de licenciement chez Lejaby dans l'Ain posée par la journaliste Anne-Sophie Lapix dans l'émission "Dimanche Plus" et tout dérape. L'ancienne garde des Sceaux, Rachida Dati, répond à la volée : "Je vois certains qui demandent des taux de rentabilité à 20-25%, avec une fellation quasi nulle...".

"Si ça fait rire tout le monde !"
Fellation au lieu d'inflation. Le mal est fait. Rachida Dati ne se laisse pas destabiliser. Elle continue son exposé. Mais de cette émission, il ne restera que ce fameux lapsus linguae repris en boucle sur internet. Ce lundi matin, la députée européenne s'est expliquée sur RTL : "J'ai juste parlé un peu trop vite, mais bon, si ça fait rire tout le monde !".

Une histoire française du lapsus
Rachida Dati le prend avec le sourire et peut se consoler en se remémorant les ratés de ses illustres confrères. Car elle n'est pas la seule à s'être emmêlée la langue au cours de l'histoire politique contemporaine française. En 2000, Lionel Jospin (PS) a bien appelé Roselyne Bachelot (UMP) "Monsieur". Pierre Bérégovoy (PS) a annoncé en 1992 une "baise" de l'impôt sur les sociétés. Et que dire de ce fameux lapsus du député Robert-André Vivien, qui invitait ses collègues à "durcir leur sexe", au lieu de leur texte, à propos d'une loi sur la pornographie.

En boucle
Le mot "mal placé" fait en tout cas parler de lui. Les blagues se multiplient sur les réseaux sociaux. "Nous n'avons jamais pratiqué l'inflation pour réussir", ont ironisé lundi les Gérard, organisateurs d'un palmarès éponyme qui récompense chaque année le pire du cinéma, sur Facebook.

La faiblesse du billet vert porte l'euro à 1,35 dollar, un record depuis la crise grecque

Portée par les perspectives d'assouplissement quantitatif aux Etats-Unis, la devise européenne a progressé ces dernières séances, regagnant le terrain perdu depuis avril, au plus fort de la crise grecque. Ce regain pourrait néanmoins être de courte durée.
Une bataille se prépare sur le marché des changes. Et pour l'heure, c'est l'euro qui en profite. Face au dollar, la devise européenne a regagné le terrain perdu depuis le pic de la crise grecque il y a cinq mois. Cet après-midi, elle a touché 1,35 dollar pour la première fois depuis le mois d'avril, soit 3 % de plus qu'en début de semaine dernière. Même tendance face à la livre britannique, contre laquelle l'euro a pris 1,4 % en cinq jours, à 0,85150 livre. Jusqu'à inquiéter Bercy. « Quand la valeur de l'euro par rapport au dollar est volatile comme ça, ce n'est pas bon pour les industriels, en particulier pour ceux qui exportent », a déclaré hier la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, au micro d'Europe 1. Le premier objectif de la France, quand elle présidera le G20, sera d'« essayer de mettre fin aux désordres monétaires », a-t-elle ajouté. A l'origine de ces mouvements, nulle déclaration de la part de la Banque centrale européenne (BCE), mais des sous-entendus explicites de ses homologues britannique et américain. La Réserve fédérale et la Banque d'Angleterre ont laissé entendre qu'elles pourraient recourir davantage à une politique d'assouplissement quantitatif -autrement dit, abreuver le système bancaire en liquidités afin de maintenir les taux d'intérêt à des niveaux très bas.

L'objectif est de stimuler l'économie locale en rendant l'accès au crédit peu coûteux. Qu'elle réussisse ou non, cette politique a cependant un effet quasi automatique, celui d'affaiblir la devise . C'est ce qu'ont anticipé les cambistes la semaine passée, alors même que l'économie de l'Union n'est pas sortie de l'ornière. Trois de ses membres en particulier sont examinés : l'Irlande, le Portugal et la Grèce. Les craintes persistent sur la capacité de ces pays surendettés à conserver une signature crédible pour leurs émissions. Des craintes sans effet à brève échéance. « A très court terme, l'euro peut progresser davantage vers 1,352, voire 1,3650 si le dollar reste pénalisé par les mauvais chiffres d'activité, estiment les analystes de Natixis. Mais par la suite, ce sera probablement l'euro qui sera à son tour sous pression. Les enquêtes d'activité commencent tout juste à se retourner en septembre et on peut penser que la situation économique va finir par se dégrader dans les prochains mois suivant de près les Etats-Unis, surtout lorsque les plans d'austérité commenceront à peser sur l'activité en 2011. »

Difficile, pour l'heure, d'évaluer les conséquences des mesures budgétaires sur l'économie des pays concernés et, finalement, sur l'euro. Les perspectives sont d'autant plus indécises que les politiques monétaires de part et d'autre de l'Union pourraient, à terme, diverger. Sur tous ces points, le discours aujourd'hui du président de la BCE, Jean-Claude Trichet, sera écouté avec attention.
MATHIEU ROSEMAIN

Expatriés : le risque et la mesure

C'est un principe de la gestion de crise : quand au choc des événements s'ajoute le manque d'information, rien ne compte plus que de maîtriser les émotions. La compassion envers les salariés d'Areva et Satom otages au Niger, ainsi que ceux de Bourbon enlevés au Nigeria est naturelle. Mais pour décrypter ces événements, de la mesure.

D'abord, quant à la dangerosité de l'expatriation. Mondialisation aidant, le nombre des Français travaillant à l'étranger a augmenté de 63 % en 25 ans. Oui, nous avons connu davantage de faits divers, voire de drames, liés à ces activités. Mais non, ces affaires ne se multiplient pas de façon incontrôlée. Louis Caprioli, ancien sous-directeur à la DST devenu expert en gestion des risques chez Geos le rappelait il y a peu (« Les Echos » du 20 septembre) : le risque n'augmente pas globalement ; il est intense dans des zones précises. En tête desquelles on trouve, outre l'Irak, l'Afghanistan ou le Yémen, certes le Sahel. Faut-il pour autant se replier de ces territoires ? Ce serait déclarer forfait dans une compétition primordiale. L'autre effet de la mondialisation est qu'il y a de moins en moins de « terra incognita » du business. A sa manière, à son rythme, l'Afrique subsaharienne participe au décollage du continent, phénomène majeur de la décennie, battant en brèche l'idée d'une « Afrique inutile » qui longtemps a conduit certains à se couvrir la tête de cendres plutôt que d'entreprendre là-bas.

De même sous d'autres latitudes marquées par la violence. En Colombie ou au Mexique, mieux vaut qu'un manager et ses proches soient bien protégés. Nul ne saurait pour autant négliger le potentiel de ces pays et plus largement d'une Amérique latine que le Brésil tire vers le haut. On peut en dire autant de l'Asie, où même le Cambodge et la Mongolie attirent à juste titre des managers étrangers.

Le débat « y aller ou pas ? » ne tient guère face à l'activisme d'investisseurs du monde entier dont la Chine, comme en Afrique d'ailleurs. Reste la question du « comment ».

Mesure, là encore : une chose a suivi la courbe des implantations des grandes entreprises françaises à l'étranger, à raison de 1 à 2% de chaque projet : le budget sécurité qu'elles y consacrent. Nulle légèreté de ce côté. Au-delà, les procédures, les interlocuteurs, les législations sur le recours aux gardes armés sont autant de sources d'aléas. Des sujets de controverse justifiés, si des failles s'avèrent. Mais pas une raison pour oublier le credo de Roosevelt : « La seule chose que nous ayons à craindre, c'est la crainte elle-même. »

Du nouveau à l'est de l'Europe

Après la réconciliation entre la France et l'Allemagne et celle entre l'Allemagne et la Pologne, l'actuel rapprochement entre la Russie et la Pologne est-il en train de confirmer le statut de l'Europe comme le « continent de la réconciliation » ?

Le ministre russe des Affaires étrangères, Dimitri Lavrov, était cet été l'invité de la conférence des ambassadeurs de Pologne à Varsovie. Et à Moscou, lors de la conférence des ambassadeurs de Russie, le président Dimitri Medvedev a présenté le processus de réconciliation avec la Pologne comme une des avancées majeures de la diplomatie russe.

Face à ce développement nouveau, il convient d'éviter deux écueils, celui de l'excès de naïveté et celui de l'excès de cynisme.

En mettant l'accent sur leur volonté de transcender un passé douloureux symbolisé par le massacre, sous ordre de Staline, des élites polonaises à Katyn en 1940, Moscou et Varsovie poursuivent des objectifs parallèles même s'ils ne sont pas similaires. Il s'agit pour les Russes comme pour les Polonais de renforcer leur image. « Regardez comme nous avons changé, nous sommes capables d'émotion et de compassion », nous disent les Russes. Au lendemain de la tragédie de Smolensk, qui a vu la disparition dans un accident d'avion d'une partie importante des élites militaires et politiques de Pologne, l'ambassade de Pologne à Moscou était entourée « de bouquets de fleurs et pas de fils barbelés ». A un moment où les progrès de l'économie russe ne sont pas à la hauteur des attentes de ses dirigeants, pourquoi ne pas remédier, pour partie au moins, à ce « déficit d'image » ? Pour la Pologne, l'enjeu est moins éthique que diplomatique. Il est normal qu'il en soit ainsi. La Pologne n'est pas seulement le pays le plus « démocratique » des deux. Elle est aussi celui qui a le plus souffert et ce depuis des siècles de la présence de « l'ours russe » à ses côtés. Pour Varsovie, le processus de réconciliation avec Moscou est la preuve qu'elle est bien « un grand d'Europe » et « le pont » dont l'Union européenne a besoin dans sa relation avec la Russie. Depuis que l'Ukraine est plus ou moins revenue dans la sphère d'influence de la Russie, être un pont avec Kiev n'a plus tellement de signification. C'est avec Moscou qu'il convient de traiter directement.

Cette vision réaliste est nécessaire, mais elle n'est pas suffisante. Car, au-delà des calculs des dirigeants, il y a les émotions des peuples. La recherche de la vérité historique - au coeur du processus de réconciliation -est une protection contre le retour des vieux démons. « La vérité sur Katyn est encore plus importante pour les Russes que pour les Polonais », disait il y a quelques jours à l'Ifri, lors d'une conférence sur le thème de la réconciliation, l'historienne russe Natalya Lebiedeva. « Pour les Polonais, Katyn, c'est le passé, pour les Russes, c'est le futur : c'est le spectre du retour toujours possible du stalinisme. »

La réalité est plus complexe. En Pologne aussi, on assiste à la résurgence d'un populisme nauséabond. Plusieurs mois après la tragédie de Smolensk, les théories sur le « complot russe » fleurissent. Mais la Pologne est une démocratie véritable. En Russie aujourd'hui, la nostalgie du stalinisme, présente jusque dans les manuels scolaires, est d'une nature plus préoccupante.

Le processus de réconciliation, auquel contribuent activement l'Eglise catholique polonaise et l'Eglise orthodoxe russe, peut-il représenter une forme d'autoprotection pour les deux pays ? Les plus de 30 millions de Russes qui ont vu à la télévision le film d'Andrzej Wajda sur Katyn ne pourront plus regarder le stalinisme avec une certaine nostalgie de la « grandeur ».

Tout processus de réconciliation entre deux pays entraîne une dynamique qui n'est pas que bilatérale. La réconciliation entre la France et l'Allemagne a été la condition et le point de départ de la construction européenne. La réconciliation entre la Pologne et la Russie pourra-t-elle contribuer à donner un souffle nouveau au continent européen à un moment où il est gagné par le doute sinon la paralysie ? Le triangle de Weimar - entre Paris, Berlin et Varsovie -peut-il redynamiser la relation franco-allemande ? La Russie via la Pologne va-t-elle se redécouvrir européenne ?

Le petit miracle de l'emploi

Dieu n'y est sans doute pour rien. Et pourtant, il y a comme un petit miracle de l'emploi en France. L'idée peut paraître provocatrice dans un pays où près de 5 millions d'hommes et de femmes sont inscrits sur l'ensemble des listes de Pôle emploi. Et alors que le nombre des demandeurs d'emploi actuellement sans le moindre travail a augmenté de 16.000 en août, pour approcher les 2,7 millions. Mais, sur ce front, les signes d'embellie se sont multipliés ces dernières semaines. Les entreprises créent 10.000 postes par mois. Il y a moins de plans sociaux. L'intérim est reparti à la hausse. Les employeurs recommencent à embaucher des jeunes diplômés. Les offres d'emploi pour les cadres ont rebondi. Même chez les industriels, il y a des signes favorables : 21% d'entre eux ont du mal à recruter. Les Français ressentent le mouvement. S'ils restent très nombreux à s'inquiéter du chômage (81 %), ce n'est plus leur premier souci, qui concerne désormais la dette et le déficit publics (1).

Au total, l'emploi a mieux traversé la crise qu'on pouvait le redouter. Dans la récession, il a moins baissé que prévu. Après, il est reparti plus fort. L'an dernier, 250.000 emplois ont disparu, soit une baisse de 1 %, alors que la production, elle, a chuté de plus de 2 %. Sans les stages créés dans le secteur public pour limiter la casse, la baisse aurait été de 300.000. C'est évidemment trop… mais si l'emploi avait réagi de la même manière qu'en 1993, plus de 1 million de postes auraient été détruits. La récession de cette année-là, beaucoup moins profonde que celle de 2008-2009, s'était traduite par une chute identique du nombre d'emplois (- 3,5 % pour l'emploi marchand non agricole, du pic d'emploi jusqu'au creux). L'emploi ne suit plus autant la production. L'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) évoquait dans sa revue d'avril « une relative résistance face à un choc de production d'une ampleur sans précédent depuis les années 1930 » dans les grands pays développés.

Après avoir limité les licenciements depuis deux ans, les entreprises françaises auraient dû logiquement se montrer très prudentes dans leurs recrutements quand les affaires ont recommencé à progresser. Mais pas du tout ! Elles ont commencé par augmenter leurs heures supplémentaires au printemps 2009. Mais dès le premier semestre 2010, elles ont accru leurs emplois de 65.000. Autant qu'en 1994… avec un redémarrage de l'activité deux fois moins fort. Si l'industrie continue de comprimer ses troupes, l'intérim a recruté près de 90.000 personnes (dont un certain nombre travaillent d'ailleurs sans doute dans l'industrie). Les chiffres de l'Acoss, la caisse de la Sécu, révèlent aussi que nos amis hôteliers, bistrotiers et restaurateurs ont embauché 40.000 employés depuis l'automne dernier. Comme si la baisse de la TVA finissait miraculeusement par avoir un effet positif.

Cette relative résistance de l'emploi a été alimentée par au moins trois canaux. D'abord, les entreprises ont appris. Elles gèrent plus finement leurs ressources. Après la récession de 1993, beaucoup d'entre elles ont dû refuser des commandes parce qu'elles avaient trop réduit leur main-d'oeuvre. Elles en ont tiré la leçon. Elles réagissent plus vite, avec plus de précision. Ce qui veut dire aussi qu'elles n'hésiteront pas à aller dans l'autre sens l'an prochain si la machine ne tourne pas assez vite.

Ensuite, le gouvernement a pris des mesures efficaces. C'est le cas notamment de l'amélioration du dispositif concernant le chômage partiel, qui permet de préserver le lien entre le salarié et son entreprise. Certains ont ainsi pu toucher jusqu'à près de 90 % de leur revenu antérieur. Leur nombre a augmenté de près de 400.000 entre le début 2008 et le début 2010. Il a commencé à diminuer au printemps.

Enfin, la croissance est plus riche en emplois. La France parvient à créer des postes avec une activité en progrès d'à peine 1,5 %, voire moins. Evidemment, il s'agit majoritairement d'emplois peu qualifiés. Les restaurateurs embauchent davantage de serveurs que de chefs trois étoiles. Les maisons de retraite, qui ont aussi beaucoup recruté, font davantage appel à des aides-soignantes qu'à des directeurs. Nombre de nouveaux postes sont à temps partiel. Beaucoup relèvent de contrats à durée déterminée. Dans les entreprises de 10 à 20 salariés, un employé sur dix travaille désormais en CDD. Mais dans une crise comme celle que nous traversons, mieux vaut des emplois fragiles, peu productifs et donc mal payés… que pas d'emplois du tout.

Ces mutations dessinent un nouveau paysage du travail en France. Naguère, il y avait un profond fossé entre l'emploi et le chômage. Puis les frontières se sont estompées. Les spécialistes ont parlé d'un « halo du chômage », puis d'un « halo de l'emploi ». Aujourd'hui, les frontières semblent se reformer plus loin, autour d'un « halo de l'embauche ». Dans le monde du travail, il y a ceux qui ont un emploi solide et ceux qui ont un emploi précaire. Et il semble de plus en plus difficile de passer du précaire au solide. Le CDD ou l'intérim débouche plus souvent sur le chômage que sur le CDI. Dans le monde du chômage, il y a ceux qui viennent de perdre leur emploi et qui ont de bonnes chances d'en retrouver un rapidement… le plus souvent en CDD ou en intérim. Et il y a ceux qui s'enfoncent dans le chômage de longue durée (douze mois ou plus). En un an, leur nombre a augmenté de 300.000. L'emploi va moins mal mais le marché du travail ne va pas mieux. Pour le réparer, il faudra s'attaquer à ces nouvelles frontières. Travailler sur la formation et la qualification, côté chômage, et sur le statut du salarié, côté emploi, pour émousser l'écart entre CDD et CDI. Ici, il n'y a pas de miracle à attendre. Seulement la volonté d'un nouveau président de la République.

(1) Baromètre Publicis consultants -TNS Sofres pour Europe 1, i-Télé et « Le Monde », publié l e 21 septembre 2010.Jean-Marc Vittori est éditorialiste aux « Echos ».

Pierre Lunel sur France2 Grand Merdier




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UE : L'heure de vérité pour la gouvernance économique

Bruxelles veut mettre les cigales à l'amende. Les capitales hésitent à sacrifier leur souveraineté.

Pour la gouvernance économique de l'Union européenne, c'est l'heure de vérité. Les Européens, en phase pour davantage de discipline budgétaire collective depuis la crise grecque, cherchent désormais à mettre leurs actes en accord avec la promesse. Mais au début d'une semaine décisive, ils divergent toujours sur l'éventail des punitions et sur l'autorité qui se verra confier le rôle de père fouettard.

La Commission, appelée à la rescousse, dévoilera mercredi sa proposition phare: des amendes infligées aux États de la zone euro qui dépensent trop ou ne réduisent pas assez vite leur dette publique. Les textes prévoient des sanctions similaires depuis que l'Union a instauré une police des déficits en 1997, juste avant la naissance de l'euro, mais elles n'ont jamais été mises en œuvre.

Punir les États fautifs suppose aussi une légitimité. Mais là encore les Européens - tats comme institutions- manœuvrent en désordre. La Commission, échaudée par l'expérience, veut pousser l'automaticité des sanctions afin d'éviter les interférences des capitales. Mais beaucoup de pays, dont certains -comme la France, l'Italie et l'Espagne- approchent d'élections, refusent de se lier les mains. Ils devraient d'ailleurs le rappeler ce lundi dans un groupe de travail ministériel, présidé par Herman Van Rompuy.

Second rappel à l'ordre

Du point d'équilibre sur les pénalités et sur le pouvoir de sanction dépendra donc la crédibilité de la «gouvernance économique» annoncée à grand fracas en mai dernier.

Depuis la déroute budgétaire de la Grèce et la grave alerte sur la cohésion de l'euro, la pression s'est relâchée. Et les marchés, en cette rentrée, s'inquiètent à nouveau des écarts de taux sur les emprunts publics qui tirent l'euro à hue et à dia. L'Irlande, la Grèce, le Portugal et l'Espagne ne sont donc pas au bout de leur calvaire budgétaire. Les scénarios de faillite refont même surface faute de discipline consentie. Résultat, l'Union européenne et sa monnaie unique encourent un second rappel à l'ordre.

Selon un projet non finalisé qui circule, le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, veut désormais obliger les pays de la zone euro qui ne gardent pas leurs finances sous contrôle à une pénalité de 0,2% du PIB. Une amende s'appliquerait aussi aux pays qui ne diminuent pas leur déficit avec assez d'énergie pour revenir sous la barre des 3% du PIB. Quant aux États qui ne réduisent pas leur dette publique assez vite pour revenir sous les 60% du PIB, ils seraient aussi sanctionnés.

Ces deux plafonds, pulvérisés par la récession, font partie depuis longtemps de la règle du jeu. La question politique est toujours de savoir qui aura l'autorité pour les faire respecter. Depuis 1997, il revient aux États de «se flageller» eux-mêmes, ce qui ne s'est jamais produit. Le commissaire Rehn voudrait donc que les sanctions s'appliquent automatiquement au vu des chiffres, à moins que les États membres ne s'y opposent dans un délai de dix jours, par vote à la majorité qualifiée. Une manière transparente d'isoler enfin les récalcitrants.

La fin des 35 heures, nouveau cheval de bataille de Jean-François Copé

Le patron des députés UMP, Jean-François Copé, a déclaré, dimanche 26 septembre, qu'il voulait remettre "sur la table" la question des 35 heures. "Je pense que ce débat doit être mis sur la table", a-t-il affirmé au micro de Dimanche soir politique (iTélé-Le Monde-France Inter-Dailymotion). "Nous y avons contribué avec la loi qui a été votée au début du quinquennat qui prévoyait de détaxer les heures supplémentaires en charges sociales", a-t-il poursuivi. "Encore une fois, ça n'a pas de sens de dire travailler plus si l'on ne dit pas en même temps travailler mieux", a-t-il ajouté. "C'est le débat central autour du travail pour les années qui viennent : c'est la question de la considération des salariés. Comment les associer à la stratégie et à la rémunération de l'entreprise?", s'est-il interrogé.


Copé tacle Hirsch
envoyé par franceinter. - L'info video en direct.
Le président du groupe UMP à l'Assemblée a aussi envisagé la suppression du bouclier fiscal. A la question concernant la suppression du bouclier fiscal et de l'ISF ainsi que la création d'une tranche supplémentaire d'impôts pour les hauts revenus, il a répondu par l'affirmative : "Je préconise inlassablement un alignement (...) de la politique économique française sur la politique économique allemande".


À pique mouchetée

Finie la petite musique de la différence, voilà la grosse caisse de la distance ! Ce « lui c'est lui, moi c'est moi » à pique mouchetée sur France 2, ponctué du discret rappel qu'il est le co-auteur du programme de Nicolas Sarkozy, sonne la fin du bail de François Fillon à Matignon. Les formules, même pas toujours saillantes comme à son habitude, ne laissent aucun doute sur la prise d'autonomie du Premier ministre par rapport à celui qui « n'a jamais été son mentor. » La séparation prochaine affleurait sous le propos policé. Logique. Depuis le temps que le président de la République annonce son remaniement comme une bouée de sauvetage, on ne voit pas comment il pourrait donner le sentiment d'un vrai changement en signifiant leur congé à Kouchner, Morin, Amara et quelques autres, tout en conservant l'actuel hôte de Matignon.

Bientôt quatrième Premier ministre retraité de l'UMP, François Fillon ne fera rien qui puisse être contraire aux intérêts de Nicolas Sarkozy, tant que celui-ci est en lice pour un autre mandat. On ne critique pas publiquement le président de la République quand on a été son chef de gouvernement. François Fillon reprend sa liberté mais à la différence de ceux qui sont repartis sur le terrain, il restera loyal et tiendra le discours de l'unité. La pierre est pour le jardin de de Villepin, dont le gaullisme lyrique l'agace, et pour Raffarin.

La sortie est soignée, la différence est pointée et le message surligné : François Fillon n'est pas une créature de Nicolas Sarkozy. Influencé par ses origines et ses mentors, les gaullistes sociaux Le Theule et Séguin, il a la fibre républicaine, il n'aime ni le populisme, ni la démocratie quand elle se venge. On se souvient de sa position sur l'instrumentalisation du débat sur les Roms.

Octobre, après le vote du Sénat, ou novembre avant le G20, peu importe désormais la fenêtre de tir : François Fillon va partir et laisser Nicolas Sarkozy assumer son programme, ses idées et son projet en se passant de celui qui donnait à l'opinion la sensation de l'équilibre. Il devenait de plus en plus difficile pour l'Élysée de conduire une politique marquée à droite et d'instaurer des jurys populaires avec un démocrate social à Matignon.

Le chagrin et l'appétit

Il faut toujours se méfier des hommes politiques quand ils se mettent à parler vrai. C'est à ce moment-là qu'ils sont le plus dangereux. Quand ils fendent l'armure et baissent la garde... Enfin, ils sont eux-mêmes. Il y avait cet inévitable mélange contradictoire de soulagement - le combat est bientôt fini - de mélancolie - l'exercice du pouvoir est attachant - et de légèreté - celle de la liberté retrouvée - dans la confession de François Fillon hier sur France 2.
A l'heure du rôti du dimanche, le Premier ministre n'a pas hésité à mettre les pieds dans le plat. Mais avec la manière. Ce garçon est trop bien élevé pour se laisser aller à une amertume tonitruante. Avec la délicate cruauté de la bourgeoisie de province, il a juste pourri l'ambiance familiale avec quelques petites remarques lâchées comme ça, au détour d'une réflexion. Très chic.
Bah, ce n'était certes pas l'assassinat politique du siècle. On le savait bien, et depuis longtemps, que Nicolas Sarkozy n'était pas son mentor, et que son « alliance » avec le candidat de 2007 était le fruit d'une stratégie lucide plus que d'un coup de foudre sentimental. Seulement, on ne s'attendait pas à ce qu'il le rappelle maintenant, et aussi clairement, après avoir fait preuve, en toutes circonstances, d'une loyauté sans faille à l'égard du président de la République. L'orgueil ne meurt donc jamais ?
Plus significatif, François Fillon a spectaculairement réhabilité la fonction de chef de gouvernement, cette « tour de contrôle » de Matignon dont il avait théorisé l'effacement, pourtant, dans le paysage institutionnel, et qui a révélé son envol. Une fois de plus, la très plastique Veme République a réussi à inventer une nouvelle pratique de ses principes. C'est un Premier ministre « retourné », pleinement convaincu, désormais, de l'importance de son rôle, qui quittera ses fonctions dans quelques semaines si le président décide, comme cela semble probable, de le remplacer.
Il faut entendre une critique - ou au moins un doute - sur l'extrême présidentialisation du régime. A mots couverts, on a compris que l'omniprésente tutelle de l'Élysée pouvait contrarier l'art de gouverner rationnellement l'État dans ce pays de 64 millions d'habitants. Sur ce point, les témoignages de prédécesseurs de M. Fillon concordaient dans une réserve élégante présentée poliment dans un onctueux emballage.
On a décelé l'appétit du Premier ministre mais aussi une pointe de chagrin à l'idée de tourner la page. De déception aussi ? Le remaniement avec préavis bloque manifestement les effusions de ses ministres. Aucun d'entre eux n'ose dire qu'en l'état, Fillon est irremplaçable pour son camp. C'est la presse, pas toujours tendre avec lui, pourtant, mais convaincue de son envergure, qui l'écrit.


Menaces

Faudrait pas tout confondre, en matière de menaces contre notre cher pays : il y a les vraies, et les fausses. Le terrorisme, par exemple, est une vraie menace, et c'est trahir sa patrie qu'en douter. La situation des banlieues, jugée explosive par tant de responsables, est en revanche une fausse menace. C'est Christian Lambert qui nous l'affirme, un super-flic bombardé préfet du « 9-3 ». Aucun risque de voir se reproduire les émeutes de 2005, dit-il, l'Etat veille et poursuit les fauteurs de troubles - quelques individus dont les jours sont comptés, promet le Rambo de la Seine-Saint-Denis. Un coup de Kärcher et hop ! la banlieue est propre… Bravo ! Notre Président devrait l'envoyer exercer ses talents contre d'autres menaces, des vraies, comme le terrorisme. On serait rassuré, rien qu'en imaginant Super-Lambert passer le Niger au Kärcher…

Ainsi va notre vie politique

On parle beaucoup de réformes et il est vrai que le flot de « changements » intervenus, ces dernières années, est impressionnant, pour ne pas dire parfois indigeste. Bien entendu, tout changement n'est pas réforme et on a trop pris l'habitude, en France, d'adopter la fameuse formule cynique du prince de Salina dans Le Guépard : « Il faut que les choses changent pour que tout reste le même. »

Il y a un domaine où l'on ne se préoccupe même pas de donner le change : celui du style politique et des relations entre gouvernement et opposition, entre pouvoir et corps intermédiaires. L'exemple de la réforme des retraites l'illustre.

Le point de départ ne souffre pas de contestation : cette réforme est urgente, indispensable et douloureuse. Il est aussi normal que les intérêts et les points de vue divergent. Le rôle du gouvernement est de proposer des solutions, celui de l'opposition et des syndicats de faire des contre-propositions. Comme le sujet est fort complexe et que personne ne détient de solution magique, il serait opportun que, grâce à des débats et négociations, les partenaires puissent trouver, autour d'une table, le plus large consensus, à défaut d'être d'accord à 100 %. C'est ce qui s'est passé dans la plupart des pays européens « civilisés » ! Mais pas en France, où chacun s'évertue à jouer selon les vieux rituels politiques.

Pour commencer, le gouvernement arrête son projet en solitaire et livre un texte ficelé, que l'on déclare non négociable tout en se disant prêt à améliorer le texte. Mais, annonce-t-on, ceci ne sera envisagé qu'après les manifestations prévues. Et, bien entendu, si quelques concessions sont envisageables, il est clair que l'essentiel est intangible.

L'opposition ne se comporte guère mieux, écartelée entre le refus de la réforme ¯ toujours payant électoralement à court terme ¯ et la conscience que celle-ci est indispensable à moyen et à long terme. Le compromis est souvent trouvé dans des faux-fuyants ou des à-peu-près hypocrites, telle la promesse de revenir à la retraite à 60 ans, mais en maintenant la durée et le taux des contributions. Le choix des futurs retraités risque d'être cornélien car, à 60 ans, ils n'ont pratiquement aucune chance d'avoir suffisamment cotisé pour obtenir une pension à taux plein. Mais l'honneur sera sauf : la retraite sera rétablie à 60 ans. Marché de dupes...

Les syndicats y vont de leur partition habituelle : mobilisation en forme de grèves, dont on a parfois le sentiment qu'elles servent de canalisation et d'exutoire pour les mécontentements. De toute manière, les syndicats qui auraient eu des velléités de discussion ne sont pas invités à en débattre. Ils sont donc condamnés à jouer le jeu convenu que l'on attend d'eux, quitte à ce que l'on se parle en coulisses. Mais ¯ chut ! ¯ que cela ne se sache pas...

Périodiquement, la France se paye des accès de fièvre aussi violents que stériles, faute d'espace de dialogue et de négociation. C'est aussi une fort mauvaise éducation démocratique qui se diffuse dans tout le corps social, de l'école à l'université en passant par l'entreprise.

Il y a besoin de réformes en France. Mais il y a d'abord besoin de changer l'art de réformer, pour éviter le cocktail explosif d'autoritarisme et de rébellion dont notre pays n'arrive pas à se défaire.

(*) Président émérite de l'Institut universitaire européen de Florence.


Fillon n’est pas Télémaque

Les petites phrases constituent le carburant de la vie politique ! Une remarque de François Fillon emballe le moteur à explosion des spéculations politiques. “Nicolas Sarkozy n’est pas mon mentor” a-t-il lâché ce week-end.

Certes la sentence n’est pas innocente, surtout venant d’un homme avare de déclarations à l’emporte-pièce. N’empêche, la vie politique est jalonnée de formules définitives bien vite démenties par les faits... Mais qu’importe, cette banale référence à la mythologie grecque a mis le feu aux cerveaux féconds des exégètes des relations Sarkozy / Fillon. On vous l’avait bien dit, Fillon prend ses distances...

Du pain béni à quelques semaines du remaniement gouvernemental. Cet été déjà à Brégançon, l’apparition du locataire de Matignon vêtu d’une veste de garde forestier solognot, au demeurant du dernier chic, avait distrait la classe politique de ses préoccupations vacancières. C’était sûr, il allait partir, sinon pourquoi adopter une tenue aussi farouchement dilettante...

C’est bête comme chou mais l’habit fait bien le moine. Cette fois-ci, Homère vient au secours de la démonstration. Sarkozy est peut-être Mentor mais Fillon n’est pas Télémaque. Le “collaborateur” s’émancipe, c’est sûr, les deux hommes traitent d’égal à égal. De rival à rival prophétisent les observateurs.

En attendant les prochaines allusions savantes qui donnent un vernis de relief à la politique, les psychanalystes du dimanche ont au moins un sujet de réflexion. Le prénom de l’épouse de François Fillon, Pénélope, a-t-il inconsciemment pesé dans ce refus appuyé de passer pour le fils d’Ulysse et d’une certaine... Pénélope ?

LE COMMENTAIRE DE CHRISTOPHE BARBIER





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PHILIPPE MURAY

EXTRAIT D'UN DE SES POÊMES ; CAUSTIQUE ET VISIONNAIRE.

Sans moi

Delanoë damné et sa gueule de tramway
Ses trottoirs à poussettes et ses complots pluriels
Son bétail culturel destiné à rester
Sa fabrique de plage et ses Verts criminels

Sans moi ni moi ni moi
Ni moi ni moi ni moi

L'infime Delanoë sans honte et sans remords
Ses projets infamants son sourire de pendu
Son existence même qui sans cesse déshonore
De la simple raison les derniers détritus

Sans moi ni moi ni moi
Ni moi ni moi ni moi

Encore Delanoë qui parle de l'attente
De tous ces morts-vivants qu'on appelle Parisiens
Et qui n'existent plus depuis des temps anciens
Qui virera ce con et sa connerie glaçante

La question politique de l'euro

E n créant l'euro, il y a bientôt douze ans, les pays membres de la zone avaient négligé de se poser une question simple : qu'est-ce qu'une monnaie commune ? Ayant consenti à abandonner leur souveraineté monétaire au profit de la Banque centrale européenne, ils ont fait comme si cela devait suffire à assurer le succès de l'entreprise. S'autorisant du même coup à violer le pacte de stabilité et de croissance qui devait garantir la viabilité économique de la zone.

On sait, depuis la crise grecque, combien l'indiscipline budgétaire d'un pays, fût-il l'un des plus petits, peut menacer l'édifice. Mais comment imposer la discipline, si personne ne la respecte ? Et surtout, plus fondamentalement, si les gouvernements -et les opinions -de la zone refusent toute brèche dans le principe de souveraineté budgétaire des Etats ? Abandon de la souveraineté monétaire d'un côté, maintien de la souveraineté budgétaire de l'autre comme deux plaques tectoniques, cette contradiction menace depuis l'origine la zone euro d'un séisme majeur. La faille qui court d'Athènes à Dublin est toujours active.

Echaudés par la crise grecque du début de l'année et ses prolongements irlandais, les membres de la zone euro cherchent la parade. D'où les propositions que doivent faire, cette semaine, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy, d'un côté, et le commissaire aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn, de l'autre. Il s'agit, dans le cadre des traités existants, de renforcer la discipline budgétaire par des mécanismes de sanction plus probants.

L'intention est louable, bien sûr. Mais la démarche souffre, comme depuis le début de l'euro, de ce que la question essentielle ne soit toujours pas posée franchement aux opinions publiques : une monnaie commune est-elle viable sans une forme de fédéralisme budgétaire ? Une fois de plus, des débats fort techniques à Bruxelles -par quel mécanisme, et selon quels critères, sanctionner un Etat laxiste ? -masquent la question de fond. Celle-ci est politique. Il s'agit de savoir dans quelle mesure chaque pays de la zone se sent solidaire des autres. Dans quelle mesure le sentiment d'union l'emporte sur la préférence nationale. Si ces pays partagent plus qu'une monnaie, la conscience d'un destin commun. C'est bien parce que la réponse ne va pas de soi que la question doit être posée.

Le PS tente de refermer le couvercle sur les primaires

Martine Aubry et Ségolène Royal ont tenté de ramener le calmer ce week-end au Parti socialiste, secoué par de nouvelles passes d'armes sur les futures primaires présidentielles.
Claude Bartolone a mis le feu aux poudres vendredi en affirmant qu'il y aurait une "entente" entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn en vue de 2012 et que le PS se dirigeait donc vers des "primaires de confirmation".
Les propos du député de Seine-Saint-Denis ont provoqué la colère de certains "présidentiables", François Hollande et Manuel Valls en tête, qui ont réclamé des clarifications à la première secrétaire du PS.
"Je veux qu'on en termine avec le flou dans l'organisation de cette procédure", a déclaré l'ancien premier secrétaire du PS lors du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro dimanche.
"Pour que la transparence soit totale il faut qu'à la fin de l'année tous ces éléments (...) d'organisation soient définitivement fixés ce qui évitera les supputations, les déclarations et, sans doute, pour ce qui concerne Claude Bartolone, les maladresses", a ajouté le député de Corrèze.
En visite dans les Landes, Martine Aubry a assuré samedi que les primaires, partie intégrante de la rénovation du PS dont elle a fait son principal cheval de bataille, seraient "exemplaires et transparentes".
Le calendrier adopté en juin dernier prévoit un dépôt des candidatures en juin 2011 et un scrutin à l'automne.
AUBRY ET ROYAL SE TÉLÉPHONENT
"L'exégèse des petits mots, c'est pitoyable", a-t-elle ajouté, désavouant d'une même phrase Claude Bartolone et ceux qui ont pris ses déclarations au pied de la lettre et appelant les socialistes à se concentrer sur le fond: le projet pour 2012.
"L'élection présidentielle n'est pas gagnée (...) On a encore du travail, nous avons à montrer la cohérence de notre projet", a-t-elle lancé à ses troupes en guise de mise en garde.
La maire de Lille a cependant confirmé qu'il n'y aurait "pas de difficulté" entre elle et le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) à l'heure de choisir qui serait candidat -- une antienne qu'elle répète depuis qu'elle a pris les rênes du PS.
L'ancienne candidate à l'Elysée Ségolène Royal "a proposé aussi de discuter avec nous et je trouve que c'est une bonne idée", a ajouté Martine Aubry devant les militants.
Les deux dirigeantes se sont appelées vendredi après la sortie de Claude Bartolone, ont fait savoir leurs entourages.
Dans Le Parisien Dimanche, Ségolène Royal appelle une fois de plus les socialistes à l'unité, à l'heure où la droite se déchire et où les sondages tournent en faveur de la gauche.
"Tout ce qui relance les manoeuvres d'appareil dans le contexte de crise sociale où nous nous trouvons est jugé très sévèrement par les Français", explique la présidente de Poitou-Charentes, qui assure que Martine Aubry est sur la même longueur d'ondes qu'elle.
"Il faut que les entourages fassent preuve du même sens de responsabilité", prévient-elle. "L'unité est précieuse et je ne laisserai personne y porter atteinte".
Dimanche, François Hollande a expliqué qu'il n'y avait "pas d'arrangement qui vaille". "On ne peut pas être candidat par défaut, candidat 'sauf si'. On doit être candidat parce qu'on porte un projet, une vision et des propositions".