lundi 22 octobre 2012
Taxe d'habitation : l'exemple parfait de l'absurdité du système fiscal français
Géométrie variable : pourquoi la France donne-t-elle des leçons de démocratie à l'Afrique noire et pas au Qatar ?
En déplacement à Kinshasa le 13 octobre dernier, François Hollande a jugé que la situation des droits de l'Homme en République démocratique du Congo (RDC) revêtait des "réalités inacceptables". Il a aussi dénoncé des "processus démocratiques incomplets". La France se permet-elle de donner des leçons de manière sélective selon les zones géographiques du globe ? Quelles sont les pays ou les régions dans lesquels la France se permet de donner ce genre de leçons ?
La France a-t-elle gardé de vieux réflexes de son passé colonial ? Les anciennes colonies ont-elles de leur côté conservé des habitudes de subordination à l’égard de la France ?
Pourquoi la France ne condamne-t-elle pas la situation des droits de l'Homme dans certains pays du Golfe ? Quels rapports la France entretient-elle avec eux ?
Il est vrai que la relation de la France avec ces pays est différente historiquement, diplomatiquement et militairement. La France n’a pas colonisé les pays du Golfe : le cadre est plus neutre. Il n’y a pas de centaines de milliers de ressortissants des pays du Golfe en France, ce qui est le cas pour les pays d'Afrique du nord ou d’Afrique subsaharienne. La France a des intérêts dans les pays du Golfe, mais elle est un acteur parmi d’autres. On parle beaucoup des intérêts pétroliers. Certes, Total est présent, mais au même titre que toutes les entreprises américaines, britanniques etc.Quand les Inrocks' voient des ennemis de la démocratie partout mais oublient de balayer devant leur porte...
"J'ai été mis en cause et diffamé à titre personnel dans votre numéro du 17/10/2012 par votre collaborateur David Doucet page 134. Vous trouverez ci-dessous ma réponse et le texte du droit de réponse que je vous demande de reproduire dans la prochaine édition du magazine et sur votre site.
Dans l'article intitulé "Idées brunes à la une" et qui veut démontrer que des extrémistes de droite trouvent des tribunes sur des sites grand public, votre collaborateur écrit en effet :
"C'est ainsi par exemple que Jean-Paul Gourévitch 'spécialiste autoproclamé des migrations', adoré par l'extrême-droite pour avoir livré un rapport tout à fait farfelu sur le coût économique de l'immigration intervient sur Le Plus (site participatif du Nouvel Obs) ou bien encore sur le pure player conservateur Atlantico."
Votre collaborateur a bien entendu le droit de critiquer mes écrits mais ni de travestir mes fonctions ni d'attenter à ma réputation.
On ne peut pas dire que je suis un "spécialiste autoproclamé de l'immigration" dans la mesure où je travaille comme consultant international sur le sujet depuis 20 ans pour des organismes aussi différents que le ministère des Affaites Etrangères et Européennes, l'Union européenne, l'Unesco, le Conseil de l'Europe, des cabinets et des ONG. Je précise si besoin que mon rapport sur les migrations subsahariennes a été voté à l'unanimité en avril 2008 par le Conseil de l'Europe, ce qui est suffisamment rare pour être mentionné. Je ne vois pas par ailleurs d'où viennent les guillemet utilisés. Cette expression avait été effectivement employée dans une émission de France Culture le 26 mai 2012 par le même David Doucet. Or Jean-Marc Four, directeur de l'émission, a fait passer à ma demande un droit de réponse dans l'émission suivante et l'a publiée sur le site de France Culture. Je m'étonne que votre journaliste n'en ait pas tenu compte et réédite cette opération, comme s'il s'agissait d'un règlement de comptes personnel.
Votre journaliste prétend que je suis adoré par l'extrême-droite pour mon rapport sur l'immigration. Premièrement je n'ai pas publié un rapport mais quatre différents (immigration, émigration, politique migratoire, immigration irrégulière) et le cinquième actualisé sortira le mois prochain. Je suis également l'auteur de L'Immigration ça coûte ou ça rapporte ? (Larousse 2009) dont l'éditeur n'est pas spécialement encarté auprès de l'extrême-droite. Monsieur David Doucet ne les a probablement pas lus car il découvrirait que la régularisation des travailleurs sans-papiers que je préconise n'est certainement pas un thème d'extrême-droite. Par ailleurs, même si Marine Le Pen a, il est vrai, cité deux de mes chiffres (en les sortant d'ailleurs de leur contexte) je ne suis pas adulé par l'extrême-droite mais largement critiqué par cette mouvance qui considère que je me suis "rangé sous la bannière de la pensée dominante" (Steve Briois). Plus généralement j'interviens, et je le revendique, pour des tas d'organismes de toutes appartenances et, entre autres, pour la Licra, SOS-Racisme, La Pastorale des Migrants, Les amis du Monde Diplomatique... dont personne ne peut dire qu'ils se situent à l'extrême-droite.
Quant à l'adjectif "farfelu" qu'il utilise concernant mon rapport, c'est au minimum un raccourci que mes confrères - qu'ils se situent à gauche avec des coûts inférieurs comme Xavier Chojnicki ou Lionel Ragot, ou à droite avec des coûts supérieurs comme Yves-Marie Laulan ou Gérard Pince - n'ont jamais eu l'arrogance d'utiliser quand ils analysent mes travaux. Nous nous situons dans le débat et non dans le mépris.
Je considère donc que votre journaliste, pour la seconde fois, manifeste clairement une volonté de nuire.
Aussi, sans vouloir polémiquer, ni engager de procédure judiciaire, ni intervenir dans les débats actuels autour des Inrocks, je vous demande simplement d'insérer le rectificatif suivant :
"Jean-Paul Gourévitch, consultant depuis 20 ans sur les migrations auprès de nombreuses instances internationales, récuse les informations tendancieuses du journaliste David Doucet dans les Inrocks n° 881 du 17 au 23 octobre tendant à le présenter comme un extrémiste de droite et suggère à ceux qui souhaiteraient connaître ses positions sur l'immigration de se reporter directement à ses travaux."
Dans l'attente, je vous prie de croire à mes sentiments les meilleurs,
Jean-Paul Gourévitch"
Compétitivité : la gauche déflationniste en passe d'obtenir la peau du rapport Gallois... et de l'avenir de la France
Le canard coquin et la Constitution
Au milieu des graves sujets de société, il est des questions en apparence plus futiles, mais qui, finalement, mettent parfaitement en lumière les tensions actuelles entre le libéralisme le plus largement entendu et le retour à un certain ordre moral. On se souvient que, le 29 février 2012, deux associations catholiques ont obtenu du tribunal correctionnel de Paris la condamnation du responsable d'un magasin proche du Centre Pompidou. Son magasin était spécialisé dans la vente de sex toys, et la loi sur la protection de l'enfance, punit d'une peine de deux années d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende le fait de vendre des objets pornographiques à moins de deux cents mètres d'un établissement d'enseignement.
En l'espèce, le propriétaire du magasin a été condamné, mais dispensé de peine. En revanche, sa condamnation l'a contraint à la fermeture, et il a donc choisi de faire appel, joignant à cette procédure une QPC portant sur la constitutionnalité des dispositions qui constituent le fondement de sa condamnation.
Pour le moment, la procédure ne fait que commencer, mais la QPC a déjà franchi la première étape, celle du juge du fond qui a transmis, le 17 octobre 2012, le dossier à la Cour de cassation. Celle-ci doit encore accepter la transmission au Conseil constitutionnel, pour que les moyens d'inconstitutionnalité soient examinés. Les requérants soulèveront probablement deux moyens essentiels, d'une part la clarté et l'intelligibilité de la loi, d'autre part l'atteinte qu'elle porte à la liberté d'entreprendre.
Clarté et intelligibilité de la loi
Devant les juges du fond, le débat porte sur la question de savoir si un sex toy constitue, ou non, un "objet pornographique" au sens de la loi. Devant le juge constitutionnel, le débat pourrait porter sur le défaut de clarté et d'intelligibilité de la loi, dès lors que cette notion d'"objet pornographique" n'est pas explicitée par le législateur. La Cour européenne, depuis sa décision Sunday Times du 26 avril 1979, exige qu'une loi qui pose des restrictions à l'exercice d'une liberté, en l'espèce la liberté d'entreprendre, soit précise et prévisible. Le Conseil constitutionnel adopte une position très proche, avec une décision du 16 décembre 1999 qui érige le "principe d'accessibilité et d'intelligibilité" en "objectif à valeur constitutionnelle". En matière de liberté d'entreprendre précisément, le Conseil a ainsi censuré sur ce fondement les dispositions trop imprécises d'une loi d'orientation sur l'outre mer (décision du 7 décembre 2000). Ce principe s'applique de manière particulièrement rigoureuse en matière pénale, dès lors qu'il a pour fonction de garantir le respect du principe de sûreté. En effet, la Cour de cassation n'hésite pas à annuler une condamnation au motif que "le texte d'incrimination est entaché d'équivoque et d'imprécision".Il n'est évidemment pas certain que les requérants obtiennent gain de cause sur ce fondement. Le Conseil pourrait cependant s'interroger sur cette notion d'"objet pornographique" qui repose non pas sur des données objectives mais sur une appréciation très largement subjective. Il pourrait également être sensible au fait que ces objets sont désormais vendus dans des grandes surfaces, voire chez Sonia Rykiel. Enfin, il pourrait aussi s'interroger sur l'imprécision de la notion d'"établissement d'enseignement" contenue dans la loi. En effet, la vente de sex toys n'a sans doute pas un impact identique à proximité d'une école élémentaire ou d'un lycée.
Atteinte à la liberté d'entreprendre
Le propriétaire du magasin, dès lors qu'il était condamné par le juge pénal, s'est vu contraint à la fermeture, et les trois employés qui travaillaient avec lui ont été licenciés. Il invoquera donc nécessairement l'atteinte à la liberté d'entreprise entrainée par les dispositions de la loi sur la protection de l'enfance.La liberté d'entreprendre peut être définie très simplement comme le droit d'exercer l'activité de son choix, et par conséquent de créer ou d'acquérir une entreprise. Le Conseil constitutionnel l'a mentionnée pour la première fois dans sa décision du 16 janvier 1982 sur les nationalisations : "La liberté qui, aux termes de l'article 4 de la Déclaration de 1789, consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui, ne saurait être elle-même préservée si des restrictions arbitraires ou abusives étaient apportées à la liberté d'entreprendre". Peu à peu, le juge constitutionnel a d'ailleurs associé la liberté d'entreprendre au droit de propriété, par exemple lorsqu'il annule, dans une décision du 7 décembre 2000, des dispositions législatives permettant de soumettre à autorisation administrative le changement de destination d'un local commercial.
Comme dans bien d'autres domaines, le Conseil constitutionnel exerce donc un contrôle de proportionnalité, examinant très attentivement si les dispositions législatives contestées portent une atteinte excessive à la liberté d'entreprise. Dans l'examen de la loi sur la protection de l'enfance, celle-là même qui a conduit à la condamnation de notre vendeur de sex toys, le Conseil pourrait estimer que la liberté d'entreprendre subit une atteinte particulièrement grave. L'interdiction de vendre de tels objets à moins de deux cents mètres d'un établissement scolaire, quel qu'il soit, public ou confessionnel, école maternelle ou lycée, conduit en effet à limiter considérablement la possibilité d'installation de ce type de commerce, alors même qu'il n'est pas formellement prohibé par le législateur.
Le problème de constitutionnalité existe bel et bien, et on ne peut qu'espérer que la Cour de cassation transmettra la QPC au Conseil constitutionnel. Peut-être trouvera-t-il quelque inspiration dans la jurisprudence du Conseil d’État ? Souvenons-nous que le juge administratif, saisi d'un recours contre une décision du préfet maritime, gouverneur de Toulon, interdisant aux "filles publiques" d'arpenter les trottoirs et de fréquenter les débits de boisson situés à proximité de la base maritime, a prononcé l'annulation. Il se fondait sur la liberté d'aller et de venir de ces dames, et sur la liberté du commerce et de l'industrie pour les tenants de ces débits de boisson. C'était le célèbre arrêt dame Dol et Laurent, le 28 février 1919.
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Surendettement public : ce que nous dit l’Histoire
Un petit regard sur les épisodes historiques de surendettement
public peut nous offrir quelques leçons pour la France qui a vu cette
année sa dette publique dépasser le cap des 90% du PIB.
Cette année, la dette publique de la France a franchi le cap des 90%
du PIB. Si la crise européenne est inédite à de nombreux égards, c’est
loin d’être la première fois que des économies avancées atteignent un
tel niveau d’endettement. Aussi un petit regard sur les épisodes
historiques de surendettement public peut-il nous offrir une perspective
sur les conséquences du franchissement de ce cap.
Carmen Reinhart (Harvard), Vincent Reinhart (Morgan Stanley) et
Kenneth Rogoff (Harvard) ont répertorié 26 occasions au cours desquelles
des économies avancées avaient franchi le seuil des 90% et présentent
les caractéristiques de ces épisodes dans le Journal of Economic Perspectives de cet été [1].
Trois grands enseignements sont à retenir de ce retour sur l’histoire des deux derniers siècles :
- Lorsque la dette publique dépasse les 90% du PIB, la croissance économique est significativement affectée.
- Ce ralentissement économique n’est pas empêché par le maintien de taux d’intérêts faibles, tels qu’en bénéficient actuellement des pays comme l’Allemagne ou la France.
- Enfin, et surtout, lorsque la dette publique franchit le seuil des 90%, c’est en moyenne pour une durée proche du quart de siècle !
Les précédents historiques
La frise historique droite représente les épisodes de surendettement (>90% du PIB) des économies avancées depuis deux siècles. Si ni l’Allemagne, ni la Suisse, ni le Danemark ou ses voisins scandinaves n’y figurent, c’est qu’ils n’ont à ce jour jamais atteint ce niveau de dette. Au contraire, certains pays comme l’Italie ou la Grèce semblent être abonnés au surendettement depuis leur existence moderne. Cela laisse songeur quant aux effets pervers du secours que nous leur portons en nous imaginant naïvement que cela n’impactera pas la bonne tenue de leurs comptes publics dans le futur.D’autres nations comme la France et le Royaume-Uni ont connu pendant de longues périodes de tels niveaux d’endettement, en grande partie de par leur engagement dans les affaires du monde. D’ailleurs, il semble qu’avant la Seconde Guerre mondiale, la guerre perpétuelle entre les nations européennes les condamnait éternellement à l’endettement massif.
La première source du surendettement, c’est donc les guerres, les conflits napoléoniens et mondiaux représentant trois épisodes importants. L’« avantage », c’est que pour les pays n’étant pas soumis aux réparations de guerre (comme la France de 1870, ou l’Allemagne de 1918), les dépenses à l’origine de l’endettement disparaissent d’elles-mêmes. La durée de ces endettements est assez variable. Les pays du Benelux, très fortement touchés par la Grande Guerre se sont pourtant débarrassés de leur dettes en quelques années tandis que le Royaume-Uni a maintenu un endettement public supérieur à 90% du PIB de 1917 à 1964, soit pendant près d’un demi-siècle ! Les guerres de plus faible ampleur peuvent aussi créer de forts niveaux endettements : j’évoquais dans un autre article la dette d’indépendance des États-Unis.
L’autre source évidente de dette, ce sont les crises économiques : la dépression de 1873-1896, la crise des années 1930, la crise des subprimes. Elles se conjuguent d’ailleurs assez souvent avec les conflits armés. Je vous avais en revanche montré que la dette actuelle n’était pas une conséquence de la fin des Trente Glorieuses, mais en était en grande partie l’héritage.
Il y a enfin les endettements qui surgissent au milieu de la paix et de la prospérité. Dans le cas de l’Italie et de la Grèce contemporaines, la convergence de l’inflation en vue de l’intégration monétaire a pu y participer. La chute soudaine de l’inflation fait s’envoler les taux réels sur l’ancienne dette. Certains y verront le signe que l’inflation est la solution pour faire disparaître la dette… En vérité cela montre que l’inflation est une forme d’imposition pernicieuse, qui en disparaissant, plombe le budget des États.
La principale cause de la dette de paix et de prospérité est l’État-Providence. On peut dire qu’il s’agit de la dette la plus douloureuse, car ses causes ne disparaissent ni avec l’armistice ni avec le retour d’une conjoncture favorable.
Mais au-delà de l’origine des surendettements, ce qui frappe, c’est leur durée. Reinhart(s) et Rogoff calculent que la durée moyenne de ces épisodes de surendettement au-delà de 90% du PIB est de 23 ans. Cela signifie qu’au regard de l’histoire, 2035 paraît une date consensuelle pour un retour de la dette publique française en-deçà de 90% du PIB.
Effets sur la croissance et les taux d’intérêts de la dette publique
Ce quart de siècle de surendettement qui semble nous être promis a-t-il une importance ? Les données recueillies montrent que oui, et surtout que les désagréments ne dérivent pas seulement de la hausse des taux d’intérêts. Autrement dit, ce n’est pas parce que la France et l’Allemagne ont vu paradoxalement leurs taux d’intérêt chuter qu’elles n’ont pas lieu de s’inquiéter pour l’effet de la dette publique sur leur activité économique.Le tableau qui suit indique, pour chaque pays, ses taux de croissance annuels moyens et ses taux d’intérêt moyen, en distinguant les années où la dette publique était inférieure à 90% du PIB et celles où elle les dépassait. On remarque que l’effet sur les taux d’intérêts est historiquement beaucoup moins clair que l’effet sur la croissance économique. Ainsi, en période de surendettement, les États-Unis empruntent généralement à des taux très inférieurs, mais leur croissance est pourtant extrêmement affectée.
Si l’on tente d’organiser cette analyse par épisode, on constate que s’il n’est finalement pas si rare que les périodes de surendettement coïncident avec des taux d’intérêt réels plus faibles, elles s’accompagnent en revanche dans l’immense majorité des cas d’un ralentissement de la croissance économique. La matrice qui suit indique, pour chaque épisode de surendettement, si les taux d’intérêts et les taux de croissance se trouvaient en-dessous ou au-dessus de la moyenne historique du pays considéré.
Pour prendre pleinement conscience de la gravité du problème, essayons de mettre un chiffre par habitant pour le coût d’un ralentissement de la croissance économique lié au surendettement. Le tableau suivant représente la perte par habitant et par année, au terme d’une période de surendettement public, selon sa durée et la perte de croissance annuelle occasionnée. Je prends le cas du français moyen de 2011, et je prends l’hypothèse que sans dette publique nous aurions une croissance annuelle réelle de 2% par habitant. Si je lis donc la première case en haut à gauche, j’obtiens « si l’épisode de surendettement dure 15 ans et occasionne une croissance annuelle par habitant de 0,50%, alors le français moyen aura un revenu de 6 973€ inférieur à si la croissance avait été de 2% ». 6 973€, c’est plus du quart du PIB français par habitant…
Un tableau plus haut vous montrait que le surendettement pouvait facilement coûter un bon point de pourcentage à la croissance économique, et ce sur une période dépassant souvent les vingt années. Vous constaterez de cette analyse de sensibilité que cela à un coût final énorme sur le niveau de vie.
Les aspects inédits de l’épisode actuel
Par rapport aux antécédents historiques, la crise européennes de la dette publiques a au moins deux caractéristiques inédites : le déclin démographique et la pression fiscale qui s’exercent sur nous.Commencez par réfléchir à ce petit problème : si l’État a un déficit égal à 5,2% du PIB (France 2011), quelle part du pouvoir d’achat des citoyens doit-il prélever pour résoudre ce déficit ? Une réponse spontanée pourrait-être 5,2%, mais cela néglige l’existence d’impôts préalables.
Dans un pays où les recettes de l’État représentent 50,7% du PIB, les citoyens ne disposent en moyenne, pour leur propre consommation, que de 49,3% du PIB. Aussi si on leur prélève 5,2% supplémentaire, c’est 5,2%/49,3%=10 ,5% de leur pouvoir d’achat dont on doit les priver. Soit le double. Donc, à niveau de déficit égal, plus les impôts existants sont forts, plus la facture est douloureuse pour le pouvoir d’achat du contribuable. En 1912, l’État représentait environ 10% des dépenses de la nation, contre cinq fois plus aujourd’hui. Le poids de 5,2% de déficit dans les consommations privée a donc quasiment doublé !
Pour revenir sur la démographie, depuis le XVIIIème siècle, la population européenne a quintuplé. La dette publique est un processus de Ponzi, et il est évident qu’elle est moins douloureuse quand une personne emprunte mais que deux remboursent. Ainsi que le montrent les projections de l’ONU sur la population mondiale, la population active européenne va décroître dans les décennies futures. C’est la première fois que le poids de la dette par travailleur va croître non seulement sous l’effet de la dégradation des finances publiques mais aussi par déclin de la population active.
Qu'est-ce que le laissez-faire ?
Le laissez-faire ne consiste pas à laisser chacun faire
n’importe quoi. À ce nihilisme capricieux, le libéralisme oppose une
délimitation claire des droits de chacun, y compris les hommes de
l’État.
Le terme laissez-faire a été popularisé par les économistes du XVIIIe
siècle qui demandaient notamment la libre circulation des grains, par
opposition au mercantilisme et au protectionnisme du roi. Vu l’ampleur
du protectionnisme actuel, même ce combat-là est encore loin d’être
gagné...
D’après un dialogue rapporté par Turgot, il proviendrait d’une réponse du marchand Legendre à Colbert (le Colbert de « colbertisme ») qui lui demandait « que peut-on faire pour vous aider ? ». Le marchand aurait répondu simplement « laissez-nous faire ».
Liberté et tolérance
Le laissez-faire est principalement une injonction aux hommes de l’État : laissez-nous faire, laissez-nous vivre, laissez-nous produire, laissez-nous créer, nous enrichir, nous aider les uns les autres, cessez de chercher à diriger nos vies et guider nos comportements par la force.Lorsqu’il n’y a pas de nécessité absolue de légiférer et que la société n’est pas menacée d’être renversée, et à chaque fois, que la législation n’apporte qu’une amélioration hypothétique, elle doit alors s’abstenir, laisser faire, et garder le silence.Mais il s’adresse aussi aux simples citoyens : c’est un message de tolérance.
Benjamin Constant
Un homme libre doit être capable de supporter que ses concitoyens agissent et vivent différemment que ce qu’il considère comme bon, et doit se retenir d’appeler la police au moindre comportement qui lui déplaît.Rappelons ici que bon nombre de « crimes sans victimes » sont punis sur dénonciation d’un tiers qui n’est pas une partie lésée, qui pratique la délation à propos d’une pratique qui ne le concerne en rien. C’est souvent le cas pour la délation concernant les « plantations clandestines de chanvre », les « tournois illégaux de poker » ou les rapports sexuels entre adultes consentants (homosexualité dans une grande partie du monde...).
Ludwig von Mises, Liberalismus, publié en 1927.
De quel droit une personne prétend-elle se mêler des agissements strictement privés d’une ou plusieurs autres personnes ? Reconnaître autrui comme être humain implique pourtant de lui reconnaître les mêmes droits que chacun admet pour soi : toute personne qui parle, agit, décide comment s’habiller le matin, reconnaît ipso facto le droit de disposer de son corps pour elle-même. Et pourtant, elle le nie aux autres : en prétendant imposer des « uniformes scolaires », en punissant les « tenues indécentes », en restreignant le droit de parole et la liberté d’expression.
Humanisme et identité des droits
Le libéralisme est donc un humanisme : il reconnaît chaque être humain en tant qu’être humain, agent responsable de sa propre vie. Tout le contraire du constructivisme, qu’il soit d’ordre économique ou social, qui nie l’humanité des gens dont il prétend orienter la vie, en construisant une société selon un Plan donné auquel tous sont censés se conformer, Plan qui détermine aussi bien la structure économique d’un pays que la religion ou la culture de ses habitants.La véritable distinction n'est pas la distinction habituelle entre les socialistes et les conservateurs (ou la droite et la gauche), mais entre les constructivistes et les libéraux, c'est-à-dire entre ceux qui pensent possible de « construire » une société et ceux qui pensent qu'il faut laisser agir les individus sans que l'on puisse savoir ce qu'il en résultera.Reconnaître à ses semblables la même humanité qu’on reconnaît à soi-même implique de reconnaître qu’ils ont les mêmes droits que nous : le principe de l’universalité du Droit, de l’identité des droits de tous, de « l’égalité en droit ». La notion de « droits de l’homme » en découle : les êtres humains ont des droits par le simple fait qu’ils sont des êtres humains (droit naturel), et non parce qu’un État les leur accorderait (droit positif) :
Pascal Salin, Libéralisme.
We hold these truths to be self-evident, that all men are created equal, that they are endowed by their Creator with certain unalienable Rights, that among these are Life, Liberty and the pursuit of Happiness.Alors que ces droits naturels sont nécessairement des droits négatifs (le droit de ne pas subir d’agression), qui seuls peuvent être véritablement universels et opposables à tous, les constructivistes les balaient d’un revers de main au profit de pseudo-droits façon « lettre au père Noël », tel que le « droit à l’alimentation », le « droit au logement », ou même, plus récemment à Genève, le « droit à une vie nocturne ». Alors que le Droit se découvre, alors que le rôle d’une procédure de justice devrait être de découvrir ce qui est juste et celui d’une constitution de rappeler les droits, de véritables bibliothèques de lois ont fait de la pénalisation ou non d’un acte une question de lois arbitraires, injustifiées et absurdes variant du jour au lendemain et d’un pays à l’autre. De principes qu’on peut connaître a priori, avant d’agir, nous passons à une « justice » où la légitimité d’un acte sera décidée a posteriori alors que la personne ne savait même pas qu’elle était dans l’illégalité au moment où elle agissait. Cela devient vrai dans des domaines aussi variés que l’antitrust aux États-Unis ou la répression du « viol » en Suède.
Déclaration d’indépendance américaine
Droit, morale et goûts personnels
Les lois sont ainsi devenues une affaire d’opinion, de préférences personnelles. Des considérations d’ordre purement subjectif, psychologique ou esthétique viennent ainsi se mêler au débat politique.Or, qu’on le veuille ou non, la politique consiste à déterminer les lois. Les lois déterminent quels actes sont punis de prison. Les actes punis de prison impliquent de forcer la personne condamnée à se rendre en prison, en dernier recours sous la menace de policiers armés. Autrement dit, la politique consiste à déterminer contre quels actes il est légitime d’utiliser la violence.
Utiliser la violence n’est pas un acte anodin et doit donc être réservé à des cas bien définis, et le débat politique ne devrait pas oublier la réalité des êtres humains qui seront menacés à la suite des décisions prises.
Exemples.
- Lors du débat sur l’expulsion des étrangers criminels, un membre du parti « libéral » défendait le contre-projet en se vantant que son catalogue de délits passibles de l’expulsion était plus large, comme s’il nous vendait des crèmes hydratantes par correspondance, sans aucune réflexion portant sur la justice ou les conséquences pour les personnes expulsées.
- Le débat sur la légalisation des drogues se retrouve pollué par des considérations d’ordre médical sur les effets bénéfiques ou nocifs de ces produits, au demeurant hors-sujet.
- L’argumentaire du Parti socialiste suisse en faveur de l’initiative « Pour la protection face à la violence des armes », qui impliquerait notamment une interdiction du fusil à pompe, justifie cette dernière notamment par le fait qu’il « provoque des contusions sur l’épaule du tireur ».
- L’interdiction du travail le dimanche est généralement défendue avec des arguments du type « le dimanche il y a autre chose à faire », « moi le dimanche je fais ceci ou cela, donc pas besoin d’ouverture des magasins » ou encore, slogan-choc des Jeunesses socialistes, « faites l’amour pas les magasins ».
- La pétition « ras la fraise » demandant aux grandes surfaces de ne plus proposer de fruits importés d'Espagne, avec comme premier argument qu'ils « ne sont pas bons »...
- Des hommes s’étant comportés de façon vaguement immorale en viennent à être accusés de viol (agression contraire au Droit).
Le droit répond à la question : dans quel cas est-il justifié d’utiliser la force physique contre une autre personne ?
La morale, qui ne concerne déjà plus la politique, implique un jugement de valeur sur nos comportements vis-à-vis des autres. Elle peut être discutée rationnellement, justifiée, logique et cohérente, mais c’est un autre débat. Comme principe de morale communément admis mentionnons la règle d’or « comporte toi envers ton prochain comme tu aimerais qu’il se comporte envers toi ». Relevons que nous sommes déjà dans le domaine positif, de ce qu’il « faut » faire, et non plus seulement dans ce qu’il doit être interdit de faire comme pour le droit.
Le reste des opinions concerne généralement des goûts, choix, préférences, orientations qui concernent comment une personne se comporte avec les autres sans que cela relève ni d’une agression, ni d’un acte pouvant être qualifié de « bien » ou « mal », ainsi que tout ce qui ne concerne que la personne elle-même.
Il apparaît dès lors comme aberrant que des domaines comme la sexualité ou les stupéfiants, qui ne concernent généralement même pas la morale, en soient venus à être traités comme des questions de droit. C’est pourtant une évidence même grammaticale : une agression, une injustice, est toujours commise par quelqu’un contre quelqu’un d’autre. Même des règles de droit aussi primitives que « œil pour œil, dent pour dent » étaient déjà plus civilisées que nos législations actuelles, car elles reconnaissaient qu’on ne peut infliger un dommage à une personne comme acte de justice qu’en réponse à un dommage qu’elle a causé à quelqu’un.
De même, on ne peut être immoral qu’envers quelqu’un. S’il est immoral de mentir, c’est mentir à quelqu’un, immoral de ne pas aider une personne, c’est immoral envers cette personne, etc. Des déclarations telles que « l’homosexualité/la drogue/la prostitution/etc est immorale » apparaissent donc comme dénuées de tout fondement – et leurs auteurs se gardent d’ailleurs bien d’en fournir une justification rationnelle. Tout aussi irrationnel est le passage d’une activité, même si elle était immorale, dans le cadre du Droit alors qu’elle respecte strictement les droits d’autrui.
D’autres contraintes étatiques ne passent même pas par l’intermédiaire de la morale comme prétexte : pour la télévision étatique, on passe d’une simple préférence culturelle, « je veux une télé Suisse », au prélèvement de plus de 400 francs d’impôt sur le patrimoine, prélevé sur la simple possession de téléviseurs, par la contrainte et le contrôle.
Tant qu'une distinction entre les vices et les crimes ne sera pas clairement établie et reconnue par les lois, il ne pourra exister sur terre aucun droit, liberté ou propriété individuels ; rien qui ressemble de près ou de loin au droit d'un homme de contrôler sa propre personne et ses biens, ni aux droits correspondants et équivalents d'un autre à disposer librement de sa personne et de ses biens.
Lysander Spooner, Les Vices ne sont pas des crimes
Ordre et règles
Le laissez-faire ne consiste donc pas à laisser chacun faire n’importe quoi. Au contraire, à ce nihilisme capricieux où de simples goûts ou déclarations pseudo-morales deviennent prétextes à la contrainte, le libéralisme oppose une définition stricte du Droit, et donc une délimitation claire des droits de chacun, y compris les hommes de l’État. Chacun est libre de faire ce qu’il veut avec ce qui est à lui, tout ce qui est à lui et rien que ce qui est à lui, et une violation des droits de propriété n’est justifiée que pour empêcher ou répondre à une autre violation des droits de propriété.Le libéralisme n’implique en aucun cas l’absence de règles, mais au contraire un respect accru de règles fondamentales, applicables de façon universelle. Car légaliser certaines activités revient à en interdire d’autres : permettre une activité commerciale entre adultes consentants, par exemple, équivaut à exclure l’usage de la force pour l’empêcher.
Au chaos d’une économie dirigée ou manipulée par l’État, le laissez-faire oppose l’ordre spontané du marché, soit la coordination volontaire et harmonieuse des producteurs, acheteurs et commerçants. Contre la jungle des règlements et des délations, le laissez-faire prône un ordre juridique basé sur des règles universelles et connues de tous. À la loi du plus fort (ou du plus nombreux), le laissez-faire répond par des droits de l’homme fondés sur un humanisme bien compris. Au lieu de la guerre de tous contre tous destructrice qu’implique la répartition des subventions et faveurs étatiques, le laissez-faire propose l’enrichissement mutuel par la coopération volontaire.
Modern civilization is a product of the philosophy of laissez faire. It cannot be preserved under the ideology of government omnipotence.
Ludwig von Mises
Le TGV Borloo
Gaspi
Un idéal pour nos temps de récession ?
Élections américaines : tous concernés
Nouveau temps fort de la présidentielle américaine, ce soir, avec le troisième et dernier débat Obama-Romney à la télévision. En raison du rôle économique et politique des États-Unis, et malgré l'affaiblissement de leur hégémonie passée, cette campagne électorale ne peut nous laisser indifférents.
Trois scénarios sont possibles :
Le premier, crédibilisé par de récents sondages, verrait la victoire du candidat républicain. Romney a pour lui sa capacité à mettre en ordre de bataille un parti profondément divisé, marqué par l'influence croissante de la droite conservatrice, radicale et religieuse. Le risque serait non seulement le retour à une politique extérieure plus agressive, à la George Bush, mais aussi à une politique profondément réactionnaire sur le plan économique, social et sociétal. Sa stratégie est simple : il faut « affamer la bête », diminuer radicalement les ressources de l'État, de façon à obliger la puissance publique à tailler dans ses dépenses sociales car les États-Unis ont un endettement encore plus grave que celui de l'Europe.
Par comparaison, le programme de notre Front national semble d'une grande modération ! Cette radicalisation a été le prix à payer pour rallier les extrémistes du Tea Party, mais pourrait être la source de l'échec. Une victoire de Romney fait peur à beaucoup de gens et le candidat est le meilleur repoussoir dont pouvait rêver Obama pour rassembler les déçus de sa présidence. Toutefois, un événement international grave (par exemple, l'Iran bombardé par Israël) pourrait modifier le paysage électoral.
Le second scénario, incertain, serait celui d'une double victoire des démocrates, à la présidence et au Congrès où les républicains sont actuellement majoritaires. L'Amérique est familière de ce type de cohabitation. Elle ne pose pas de problème constitutionnel, mais oblige le Président à des négociations permanentes (et souvent stériles) sur tous les sujets hormis la politique étrangère et la sécurité du pays. Obtenir une majorité démocrate n'a rien de garanti, même en cas de victoire nette d'Obama, tant les résultats sont affectés par les manipulations multiples des règles électorales régies par les législations différentes des cinquante États. Une victoire totale permettrait d'espérer qu'Obama puisse enfin mettre en oeuvre son programme qu'il n'a pas eu vraiment la possibilité d'appliquer.
Le troisième scénario serait celui d'un régime affaibli par ses divisions, c'est-à-dire un Président vraisemblablement démocrate avec l'une ou les deux Chambres dans l'opposition. C'est une hypothèse non seulement probable, mais aussi appréciée par de nombreux Américains hostiles à la concentration du pouvoir. Contrairement aux Français, qui y verraient un désastre et une source de désordre et de faiblesse, une large fraction de l'électorat américain est fondamentalement hostile au « big government ».
Quelle que soit l'issue, la France en subira les retombées positives ou négatives. Depuis quasiment un siècle, nous sommes dépendants des débats idéologiques ou sociétaux et des évolutions technologiques qui s'épanouissent outre-Atlantique : consommation, modes de vie, intégration des minorités, droits des femmes, discrimination positive, Internet, etc. Nous y mettons des couleurs tricolores, mais les vents dominants viennent toujours de l'Ouest.
Les capitaux chinois débarquent dans le transport aérien français
Le montant de l'opération reste inconnu
Selon nos informations, le groupe chinois va enter dans le capital de la compagnie française à hauteur de 48%, pour un montant pour l'heure inconnu et dont il n'est pas sûr qu'il soit communiqué lors de la conférence de presse qui se tiendra mardi matin à Paris à en présence d'Arezki Idjerouidene, président d'Aigle Azur, de son fils Meziane Idjerouidene, directeur général, du président du groupe HNA Cheng Fen, accompagné de son vice-président Wang Jian et d'un membre du conseil d'administration. Pour rappel, un investisseur non communautaire ne peut détenir plus de 49,9% du capital d'une compagnie européenne. L'actionnaire majoritaire, Gofast, détenu à 100% par Arezki Idjerouidene, gardera le contrôle d'Aigle Azur. La gouvernance ne doit pas changer non plus.
Aigle Azur lancera des long-courriers vers la Chine
Cet accord capitalistique se double d'un volet opérationnel avec le lancement par Aigle Azur de vols long-courriers entre la France et la Chine. Un A330-200 va d'ailleurs intégrer la flotte prochainement. Jusqu'ici la compagnie française n'assurait que des vols moyen-courriers. Grâce à cet accord, la compagnie aérienne française, qui emploie plus de 1000 personnes en saison estivale, pourrait embaucher plus de 400 personnes supplémentaires en France dans les 15 prochains mois.
Un peu comme le Club Med?
C'est accord intervient après plus de 18 mois de discussions. « Il traduit plus la volonté d'Aigle Azur de se développer vers l'énorme marché chinois et de pérenniser ainsi les emplois sur le long terme que de vouloir faire un coup. Aigle Azur n'est pas en difficulté. La compagnie est bénéficiaire et n'est pas endettée », explique un connaisseur du dossier. Une démarche qui ressemble à celle du Club Méditerranée, dont le premier actionnaire n'est autre que le groupe chinois Fosun, avec plus de 10% du capital.
HNA, un conglomérat qui possède 270 avions
Le groupe HNA détient des actifs dans la logistique, la gestion aéroportuaire, le tourisme, l'hôtellerie... et le transport aérien, sa plus grosse activité. Hainan Airlines (coté à Shanghai et actionnaire de Hongkong Airlines) est le plus gros morceau du groupe HNA. Elle possède plus d'une centaine d'appareils, transporte 20 millions de passagers et dessert plus de 90 destinations. Hainan détient 45% de Hongkong Airlines. D'autres compagnies font partie du groupe. Au total, les compagnies dans la sphère de HNA totalisent plus de 270 avions.
Aigle Azur, une compagnie de niche
Née en 1946, Aigle Azur est la plus ancienne compagnie aérienne française privée. Au début des années 2000, moribonde, elle a été reprise par le groupe Gofast, créé en 1983 par Arezki Idjerouidene. Cantonnée dans les vols charters moyen-courriers, elle se spécialise sur des marchés de niche en lançant des vols réguliers vers l'Algérie. Cherchant également à se faire une place sur des destinations sensibles mais à fort potentiel, Aigle Azur avait prévu de se poser à Bagdad (un premier vol avait été réalisé) puis à Tripoli, deux projets qui n'ont pas abouti. L'été dernier, la compagnie a surpris en annonçant l'ouverture de vols vers Moscou en partenariat avec la russe Transaero.
La compagnie assure également des vols vers le Mali, la Tunisie et le Portugal. Au final, Aigle Azur propose 23 destinations. Aujourd'hui Aigle Azur compte 13 avions moyen-courriers de la famille A320.
Rapport Gallois: la pression s'accentue sur le gouvernement
Un rapport dont les conclusions sont guetées avec impatience depuis que Jean-Marc Ayrault a confié en juillet à l'ancien patron d'EADS le soin de d'étudier la compétitivité des entreprises françaises. Il doit être rendu le 5 novembre. Ce alors que le déficit commercial de la France a atteint un niveau record de plus de 70 milliards d'euros en 2011 et sa part du marché mondial est tombée depuis 1990 de 6,2% à 3,6%.
Pour y remédier, Louis Gallois préconise, selon Le Figaro, "un choc de compétitivité sur deux ou trois ans de 30 milliards" d'euros. Vingt milliards seraient dégagés par une baisse des cotisations patronales, les dix autres par une réduction des cotisations salariales. Les réductions de cotisations concerneraient les salaires jusqu'à 3,5 fois le Smic, selon le quotidien qui ne cite pas ses sources.
Hausse modérée de la CSG et de la TVA
Pour financer ces baisses, Louis Gallois proposerait d'une part une "réduction massive de la dépense publique", au delà des 10 milliards déjà prévus dans le projet de loi de finance débattu au Parlement. Et d'autre part, une hausse modérée de la CSG et de la TVA. Le rapport souhaiterait également "une nouvelle fiscalité écologique sur le diesel". Pour s'assurer le soutien des syndicats, M. Gallois proposerait "que les représentants des salariés aient une voix délibérative dans les conseils d'administration des entreprises".
"Pas besoin d'un rapport de plus"
"Il faut traiter ce problème, on n'a pas besoin d'un rapport de plus", a averti samedi Carlos Ghosn, le PDG du constructeur automobile Renault. "Si nous voulons créer des emplois en France et si nous voulons que l'industrie n'émigre pas de manière massive hors de France, nous avons besoin de réduire les charges qui pèsent sur le travail", a-t-il insisté. Et la CGPME, qui représente les petites et moyennes entreprises, s'est dite de son côté "tout à fait favorable à une baisse importante du coût du travail".
Minimiser l'importance du rapport
Le gouvernement, pourtant commanditaire du rapport, s'est, semble-t-il, efforcé d'en atténuer la portée, via le ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici. "Je suis ici avec Louis Gallois qui m'assure qu'il ne s'agit même pas de fuites mais de déformation", a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances en marge d'un forum économique à Berlin où l'ancien patron d'EADS était aussi présent. Si ce rapport "sera une contribution importante" pour appuyer les choix du gouvernement, "ce sera à nous de définir ce que sera la politique de compétitivité pour le pays", a insisté le ministre, relevant la nécessité de protéger le pouvoir d'achat des Français.
Vendredi déjà, lors de premières fuites dans la presse, François Hollande avait pris ses distances. "C'est un rapport qui engage son auteur, qui n'engage pas le gouvernement, pas le président de la République", avait-il dit, tandis que son Premier ministre préfère parler à présent de "plan d'ensemble", plutôt que de "choc de compétitivité. Ce changement de ton a fait dire samedi au secrétaire général et candidat à la présidence de l'UMP Jean-François Copé que François Hollande se trouvait pris "à son propre piège", "après avoir nié l'enjeu de la compétitivité", tandis que Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière dénonce des milliards d'euros qu'"on volera aux travailleurs".