TOUT EST DIT

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dimanche 20 février 2011

Maroc : Le pays gagné par la contestation

Jusque là épargné par les mouvements de révolte, le Maroc a subi sa première journée de mobilisation ce dimanche. 

Surfant sur la vague démocratique de la Tunisie et de l'Egypte, les Marocains se sont massivement mobilisés dimanche à Rabat et à Casablanca. Les manifestants réclament davantage de liberté mais contrairement aux Tunisiens et aux Egyptiens, ils ne demandent pas le départ de leur chef d'Etat. Attachés à la monarchie et à leur souverain, Mohamed VI, les Marocains souhaitent simplement voir les pouvoirs du roi restreints. « Le roi doit régner et non gouverner », « Le peuple veut une nouvelle Constitution », pouvait-on lire sur les banderoles brandies par les manifestants qui réclament plus de justice et surtout du travail. Plusieurs milliers de personnes se sont ainsi réunies à Rabat et à Casablanca mais aucun incident n'est à déplorer. Une mobilisation naît d'un appel sur le réseau social Facebook où les organisateurs du mouvement « du 20 février » précisaient le caractère pacifique de cette manifestation.

Le mouvement réprimé en Libye et en Algérie

En Algérie, plusieurs centaines de personnes ont tenté de se rassembler dans la capitale samedi mais ont été repoussées par les forces de l'ordre. Plus vindicatifs que leurs voisins marocains, les Algériens exigent le départ du Président Bouteflika comme en témoigne les slogans, « Algérie libre et démocratique », « pouvoir assassin », entonnés par les manifestants. Un coup de force rapidement réprimé par les autorités à Alger où des dizaines de personnes auraient été blessées dont deux grièvement selon la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD).
En Libye, la situation est encore plus inquiétante avec de nouveaux rassemblements qui ont été refoulés dans le sang, samedi. Les autorités ont dispersé les manifestants en tirant à balles réelles sur la foule faisant au moins douze morts et de nombreux blessés. Un bilan contesté par L'ONG Human Rights Watch, qui parle de 104 décès depuis le début du conflit.
Au Yémen et au Bahreïn, la situation est également préoccupante. De nombreux heurts ont opposé les forces de l'ordre aux manifestants qui refusent tout dialogue avec le gouvernement et exigent la chute de leur régime.

Premières manifestations à Casablanca et à Rabat

Maroc. Dimanche, plusieurs milliers de personnes ont pris part aux manifestations, notamment dans le centre de Casablanca et à Rabat, afin de réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi. 

"Liberté, dignité, justice", scandaient des manifestants à Casablanca, tandis que des groupes de gauche demandaient "moins de pouvoirs à la monarchie". "Le roi doit régner et non gouverner" ou "le peuple veut une nouvelle Constitution", proclamaient des banderoles. A Rabat, sous une pluie fine, plus de 2 000 personnes - 4 000 selon les organisateurs, manifestaient en scandant : "Le peuple veut le changement".
Yémen. Des partisans du président yéménite Ali Abdallah Saleh ont tenté dimanche de s'opposer à une manifestation de l'opposition et des coups de feu ont éclaté, au neuvième jour de la contestation inspirée par les exemples tunisien et égyptien. Une cinquantaine de militants favorables au régime ont attaqué un rassemblement d'un millier d'opposants qui scandaient "Dégage, Ali !" devant l'université de la capitale. L'un des partisans de Saleh a ouvert le feu avec un fusil d'assaut mais on ne fait pas état de victimes. Les activistes pro-Saleh ont ensuite quitté les lieux tandis que les opposants poursuivaient leur manifestation.

Samedi, les deux camps rivaux avaient échangé pour la première fois des tirs devant le campus et il y avait eu plussieurs blessés. Des témoins avaient également fait état d'un mort. Dans le sud du pays, à Cheikh Osman, cinq personnes avaient été blessées par des balles perdues.

Libye. Le bilan de cinq jours de contestation contre le régime du colonel Kadhafi fait état d'au moins 77 morts, la plupart dans la ville de Benghazi. Le nouveau bilan de Human Rights Watch, relayé par la BBC dimanche matin, fait état quant à lui d'au moins 104 morts. Au moins 12 personnes ont été tuées dans des heurts entre militaires et manifestants à Benghazi. Les autorités ont par ailleurs arrêté des dizaines de ressortissants arabes chargés, selon elles, de déstabiliser le pays. "A Benghazi, (...) ce serait des militaires africains qui tireraient à balles réelles sur des civiles : des mercenaires", affirmaient, dimanche matin, des témoins contactés par France Info.
Bahrëin. L'opposition bahreïnie a annoncé, dimanche, aborder avec prudence le dialogue avec le prince héritier sur des réformes politiques et continue de poser comme préalable la démission du gouvernement responsable selon elle de la répression sanglante de la contestation populaire.

Sur le terrain, des milliers de protestataires affluaient sur la place de la Perle, au centre de Manama, reconquise samedi après le retrait de l'armée et de la police, et où des syndicats envisagent d'organiser un rassemblement dans l'après-midi.
L'union générale des syndicats de Bahreïn a annoncé, en fin de matinée dimanche, avoir levé son mot d'ordre de grève générale, estimant que ses demandes d'un retrait de l'armée de Manama et du droit de manifester ont été satisfaites. "A la suite des derniers développements (...), l'union a décidé (...) d'appeler à la reprise du travail à partir de lundi", a indiqué la centrale syndicale dans un communiqué.
Tunisie. Quelques milliers de Tunisiens manifestaient, dimanche à Tunis, pour réclamer la démission du gouvernement de transition dirigé par Mohamed Ghannouchi, l'élection d'une assemblée constituante et un système parlementaire en criant "Gouvernement de Ghannouchi dégage !"

Algérie: Une révolution impossible?

Alors que l’opposition peine à rassembler, malgré la colère sociale, le régime a de nouveau réprimé une manifestation hier à Alger 

Cela devait être comme en Egypte ou en Tunisie: un nouveau rassemblement pacifique pour demander un changement de système. Cela aura été une nouvelle démonstration de force du régime. Samedi, dans les rues d’Alger, les autorités ont choisi, comme la semaine passée, la répression en déployant des milliers de CRS pour quadriller la capitale. Les manifestants, répondant pour le deuxième samedi d’affilée à l’appel de la Coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNDC), n’ont même pas pu atteindre la place du 1er-Mai, point de départ de leur marche. C’est dans la grande rue Belouizdad et les ruelles adjacentes que quelques centaines d’entre eux ont dénoncé le "pouvoir assassin", hurlé que "le peuple veut la fin du régime". Ils n’ont pas crié bien longtemps. Avec une science certaine du maintien de l’ordre, les CRS les ont dispersés. N’hésitant pas à les molester, selon des organisateurs de la marche qui dénombrent dix blessés dont un député du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie, parti d’opposition membre de la coordination).
A première vue, le gouvernement est parvenu à ses fins: tuer la contestation dans l’œuf. Mais cette démonstration de force se révèle aussi un bel aveu de faiblesse. "S’ils n’ont pas peur de nous, pourquoi nous envoyer autant de flics?", s’interroge un des contestataires.

Des conditions qui rappellent l’insurrection tunisienne

Le régime n’ignore pas que le pays est en pleine ébullition. Pas un jour sans conflit social, sans critique du régime. Ras le bol de la corruption, des passe-droits, de ces fortunes bâties en quelques années alors que la majorité ne voit pas la couleur des 150 milliards de dollars de réserve dont le pays dispose grâce à la rente pétrolière. Des conditions qui rappellent les débuts de l’insurrection tunisienne. "Des similitudes existent entre les deux situations, confirme l’historien Benjamin Stora. En Algérie aussi, il y a un président âgé et usé, une vraie demande de liberté, le sentiment que le système est totalement bloqué."
Début janvier, le pays a cru qu’il allait lui aussi plonger dans le grand bain de la révolution. Des émeutes ultraviolentes avaient fait cinq morts et plus de 800 blessés. Un déversement de rage que le pouvoir est parvenu à contenir en revenant sur des décisions économiques impopulaires. Pour autant, la haine n’a pas disparu. Chez Djamel, elle est même restée intacte. Le jeune homme de 33 ans a été de ceux qui, en janvier, ont "balancé pendant quatre jours des pierres et des bouteilles sur les CRS". Cet enfant de Bab el-Oued, le quartier populaire d’Alger, est à l’image d’une jeunesse algérienne sinistrée: sans boulot après avoir été cantonnier au noir pendant dix ans. Il vit chez ses parents, "un F3 où on s’entasse à sept". Pour vivre, il fait comme les autres: du commerce informel, "de la débrouille". Pour le reste, il y a le "football et la drogue. Le pouvoir voudrait qu’on se contente de ça". Sauf que Djamel, qui déteste l’Etat mais en attend tout, a d’autres désirs: "Pas grand-chose, juste un boulot, un logement, me marier… S’ils ne font rien, dans quatre ou cinq ans il y aura la guerre civile."
Quatre ou cinq ans? Pourquoi ne pas profiter de la contestation actuelle? "Ces gens ne se battent pas pour nous mais pour leurs propres intérêts." Les jeunes d’Algérie pacifique, ce groupe sur Facebook qui appelle à un changement de régime? "Facebook, on sait même pas ce que c’est", coupe Sofiane, l’un de ses copains qui aussi a caillassé du flic en janvier.
Difficile, dans ces conditions, de voir émerger un vrai mouvement de masse. Le constat est indéniable: la contestation menée par la CNDC reste embryonnaire. "Mais c’est le début de quelque chose", affirment en chœur ses membres, convaincus que le vent de la révolte va bientôt souffler ici.
Mais l’Algérie n’est pas la Tunisie ni l’Egypte. Ici, aucune classe moyenne n’a véritablement émergé. Ici, Internet n’a pas pénétré la société. Ici, les combats sociaux n’ont pas tous vocation à remettre en cause le régime. "C’est une tradition algérienne: rarement les jacqueries ont été converties en combat politique", assure le sociologue Nasser Djabi.

Une méfiance qui touche tous les partis

Et puis la révolution, les Algériens ont déjà donné. C’était il y a plus de vingt ans, en 1988. S’en sont suivis un pluralisme de façade et une guerre civile de vingt ans qui a fait 200.000 morts et laminé toute la société. "Je ne veux pas revivre ces années-là, explique Djamel. J’ai vu des gens se prendre des balles dans la tête, des personnes égorgées."
Depuis, la priorité est donc de se concentrer sur son seul destin. "Les jeunes nés pendant cette guerre civile sont totalement dépolitisés, confirme Benjamin Stora. Ils se méfient de l’Etat autant que des politiques." La plupart des Algériens sont convaincus qu’aucun parti n’a échappé à une infiltration des services de renseignement et que toute initiative cache forcément des objectifs inavouables. Cette règle vaut aussi pour la CNDC. "Pour regagner leur confiance, il va falloir faire un vrai travail de terrain. Cela va prendre du temps", prédit Idir Achour, du CLA, un syndicat de profs non reconnu.
D’autant que cette culture du soupçon a aussi contaminé la CNDC, déjà affaiblie par la non-participation de certains partis d’opposition comme le FFS (Front des Forces socialistes). "Chacun tente de tirer la couverture à soi", confie l’un de ses membres. Selon un autre, elle pourrait exploser dans les prochains jours.
Cela signera-t-il la fin du combat? "Pas du tout, assure Amine Menadi, un jeune manager d’une multinationale, blogueur, devenu l’un des leaders d’Algérie Pacifique. Un nouveau mouvement va se créer, sans parti politique. Et là, les jeunes nous rejoindront."
Le gouvernement est cependant prêt à la parade. Le Premier ministre a promis la fin de l’état d’urgence mis en place en 1992. De nouvelles mesures sociales devraient aussi être annoncées. "C’est toujours ça de gagné, affirme Amine. Mais on ne perd pas notre objectif: que ce système tombe." D’autres membres de la coordination sont moins optimistes. Comme Samir Larabi, représentant du Comité pour la défense des droits des chômeurs. "Si on n’arrive pas à mobiliser davantage avant le début de l’été, ce sera un échec. Nous serons alors face à une nouvelle occasion ratée, une vraie défaite."

Débat sur l'islam : Pour Bayrou l'UMP veut "exciter les Français les uns contre les autres"

Le président du MoDem, François Bayrou, a estimé dimanche qu'en lançant un débat sur la laïcité et la pratique de l'islam, le camp présidentiel et l'UMP "veulent exciter" les Français "les uns contre les autres".

Le numéro un de l'UMP Jean-François Copé doit réunir le 5 avril une convention de son parti sur l'exercice des cultes, une initiative critiquée au sein même de la majorité, certains n'y voyant qu'une volonté de prendre de vitesse le Front national à 14 mois de la présidentielle.

Interrogé par Le Parisien sur ce débat lancé par le parti présidentiel à la demande de Nicolas Sarkozy, François Bayrou juge que "le pouvoir et son parti croient pouvoir trouver un bénéfice électoral et se refaire en surfant sur (...) la peur de l'islam, le rejet des musulmans".

"NOUS ALLONS PERDRE LE PLUS PRÉCIEUX: L'UNITÉ DU PAYS"

"Tous ceux qui poussent à la division de la France, en ciblant les musulmans, veulent plaire à une partie de l'opinion, mais ils font prendre au pays un risque immense", insiste le député des Pyrénées-Atlantiques, probable candidat à la présidentielle de 2012.

"Dans cette flambée, nous allons perdre le plus précieux: l'unité du pays, l'union de ses forces. Il faut donc parler au pays un autre langage, sans concession, et lui dire, les yeux dans les yeux, ceci: 'Nous allons vivre ensemble ! Nos enfants vivront ensemble, ils s'en sortiront ensemble, et seulement ensemble'", ajoute-t-il.

François Bayrou estime enfin que sur la question de l'exercice des cultes en France "nous avons l'arme la plus efficace et la plus rodée pour régler tous les problèmes qui se posent: la loi de 1905 sur la laïcité!" "Tout est dans la loi, y compris l'interdiction des prières dans l'espace public. Il suffit de l'appliquer sereinement", fait-il valoir.

PAUVRE CRÉTIN ! QU'IL AILLE SE BRANLER AILLEURS, C'EST ÇA L'EXCITATION...
LAMENTABLE BAYROU...PETTES

Le G20 accorde ses violons

Le forum du G20 sous présidence française, qui s’est tenu avant-hier et hier à Paris, a accouché, comme prévu par nombre d’analystes, de résultats limités, mais de résultats tout de même. Par chance, ce sont ceux qui étaient considérés comme cruciaux pour poursuivre, à vingt partenaires, cette grande tentative d’introduire plus d’ordre et de transparence dans la sphère économique et financière.

La réunion de Paris s’est achevée par un compromis, arraché de haute lutte à la Chine par Christine Lagarde et Wolfgang Schäuble, pour l’harmonisation de cinq critères de mesure des déséquilibres économiques. C’est technique, mais une image peut illustrer la situation actuelle : imaginons des médecins réunis autour d’un patient qui a la fièvre ; pour mesurer cette dernière, chacun utilise un procédé différent et annonce des unités qui lui sont propres. Il sera difficile aux praticiens de s’accorder sur un diagnostic. Pareillement, tous les États n’avaient pas accordé leurs instruments pour mesurer l’état de leurs économies, pour des questions de différences de priorités, parfois aussi d’intérêts nationaux.

Par l’accord réalisé à Paris, ils s’engagent à recourir aux mêmes outils et aux mêmes unités pour détecter, par exemple, les dérives qui peuvent être génératrices de grandes crises, aux répercussions sociales et politiques profondes, et parfois durables.

Chacun sent de quoi il retourne : nous vivons dans le sillage de la crise financière de 2008. Au siècle dernier, la Grande Dépression de 1929-1930 avait également laissé dans l’Histoire une marque mémorable. Il y avait donc quelques motifs à ce que les partenaires du G20 s’entendent sur une sorte de système d’« alerte précoce », comme disent les militaires, des dégradations et des crises.

Le compromis de Paris était un préalable absolu pour ouvrir la voie vers des objectifs plus ambitieux, mais il ne marque que le début de la route. Quand les « grands argentiers » se retrouveront, en avril, il leur faudra entamer la concrétisation de leurs projets ; or, celui de réguler les prix des matières premières prend une urgence dramatique. Sous leur poussée, les cours alimentaires ne sont plus qu’à 3 % de ceux qui avaient déclenché des révoltes de la faim, en 2008.

DSK FACE AUX LECTEURS DU PARISIEN (extrait-très court)



La contestation en Libye violemment réprimée

L'armée libyenne aurait tué 12 personnes samedi à Benghazi, portant à au moins 104 le nombre total de morts en cinq jours selon Human Rights Watch. Les manifestations ont repris samedi à Alger, au Bahreïn, au Yémen et à Djibouti. Les Marocains sont appelés à défiler pacifiquement ce dimanche.



• La répression en Libye aurait fait entre 77 et 104 morts


Le bilan des émeutes des quatre derniers jours en Libye atteint au moins 77 morts, selon un décompte tenu par l'AFP. Le bilan s'est encore alourdi samedi après que l'armée a ouvert le feu sur des opposants au régime qui attaquaient une caserne à Benghazi. Des témoins interrogés par la BBC ont fait état de tirs à l'arme lourde par les militaires, notamment des tirs d'obus de mortier. Au moins douze personnes auraient perdu la vie, et de nombreuses autres on été blessées. Selon la chaîne de télévision al-Jezira, les hôpitaux manquaient de sang pour les soigner.
L'ONG Human Rights Watch (HRW), qui se base sur des sources médicales et des témoins, affirme de son côté que le nombre total de morts depuis le début du mouvement dépasse les 100 morts, selon la BBC.
Le mouvement contre Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, semble se transformer en véritable insurrection dans l'est du pays. Pour tenter de limiter les appels à la mobilisation via les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, l'accès à internet à été coupé dans la nuit de vendredi à samedi, puis de nouveau dans la nuit de samedi à dimanche.
Le procureur général a ordonné l'ouverture d'une «enquête» sur les violences et a appelé «à accélérer les procédures pour juger tous ceux qui sont coupables de mort ou de saccages». Le colonel Kadhafi n'a toujours pas fait de déclaration officielle, mais les comités révolutionnaires, pilier du régime, ont promis vendredi aux «groupuscules» à l'origine des manifestations une riposte «foudroyante».
Parallèlement, les autorités libyennes ont annoncé avoir arrêté dans «certaines villes» des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un «réseau» ayant pour mission de déstabiliser le pays, a rapporté l'agence de presse officielle libyenne Jana.
» ZAPPING VIDÉO - Face à la colère, Kadhafi s'offre un bain de foule


• Appel à des manifestations pacifiques au Maroc

Des manifestations «pacifiques» sont convoquées dans plusieurs villes du pays à l'appel sur Facebook d'un groupe de jeunes, pour exiger des réformes politiques «urgentes et profondes». Le royaume du Maroc a jusqu'à présent été épargné par le vent de fronde populaire qui s'est levé en Tunisie pour s'étendre à l'Egypte et à de nombreux pays arabes.
L'un des fondateurs de l'Appel du 20 février, Rachid Antid, a décidé samedi de se retirer de cette manifestation «à cause de l'entrée en jeu de certains mouvements avec lesquels ne ne sommes pas d'accord sur le plan idéologique, comme le mouvement islamiste Justice et bienfaisance et certains groupes de l'extrême gauche».

• Bahreïn : nuit calme pour les manifestants à Manama

Des centaines de protestataires ont passé une nuit sans encombres sur la place de la Perle, dans le centre de la capitale Manama. L'armée, qui était déployée dans la ville depuis jeudi en réaction à une manifestation contre le régime, s'était retirée la veille de ce centre névralgique de la contestation.
C'est le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa qui a ordonné à la police et aux militaires de rester à l'écart des manifestants. Il a ainsi satisfait partiellement les voeux de l'opposition. Mais cette dernière exige également la démission du gouvernement actuel avant d'entamer le dialogue politique proposé par le prince héritier.

L'union générale des syndicats de Bahreïn a de son côté appelé à une grève générale illimitée à partir de ce dimanche pour exiger la liberté de manifester pacifiquement sans intervention des forces de l'ordre.
Vendredi soir, l'armée a tiré sur des manifestants à Manama, faisant des dizaines de blessés parmi les opposants au régime. La répression de leur mouvement a fait six morts en moins d'une semaine, et au moins 95 blessés, selon un responsable de l'opposition chiite, Abdel Jalil Khalim Ibrahim.
» FOCUS - Le Bahreïn, un petit archipel sous tension communautaire
» BLOG - La France forme la Garde royale de Bahreïn



• A Alger, les manifestants, repoussés et dispersés par la police, promettent de revenir exprimer leur colère tous les samedis D'importantes forces de sécurité et des dizaines de véhicules blindés ont repoussé samedi les manifestants venus exprimer à Alger leur volonté de faire tomber le pouvoir en place. Aux cris de «Pouvoir assassin» ou de «Vive l'Algérie libre et démocratique», les opposants au régime ont à nouveau promis de revenir tous les samedis manifester leur colère. Il s'agissait samedi de la deuxième mobilisation de ce type en huit jours.
Environ un millier de manifestants ont été bloqués dans une rue adjacente au lieu de rendez-vous par un cordon de policiers. La manifestation de la semaine passée avait été bloquée de façon similaire. Mais quelque 200 personnes ont néanmoins réussi à atteindre la place du 1er-Mai à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Les manifestants ont scandé «Algérie libre et démocratique», «Pouvoir assassin» ou «Le peuple veut la chute du régime».
Alors que les différentes sources faisaient état d'un rassemblement moins violent que samedi dernier, un député du parti Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbes, a été blessé pendant un affrontement avec la police. Il a été «agressé par au moins deux policiers», a affirmé le chef du groupe parlementaire du RCD. «L'un d'eux lui a donné un coup de pied au ventre et un autre au visage. Il s'est écroulé à terre et sa tête a heurté le sol». Tahar Besbes «souffre d'un traumatisme crânien avec perte de connaissance, d'un polytraumatisme très probablement de plusieurs membres. La direction de la protection civile d'Alger a affirmé de son coté que Tahar Besbas n'avait «absolument rien» et qu'il avait été pris d'un malaise. Il y aurait également eu une dizaine d'autres manifestants blessés, selon la CNCD.
Face aux contestataires, une vingtaine de jeunes gens favorables à Abdelaziz Bouteflika brandissaient des portraits du président en scandant : «Policiers, laissez-nous en découdre avec eux».
La CNCD, constituée de membres de la société civile et de syndicats autonomes, a été créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes meurtrières du début de l'année en Algérie qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés.
» BLOG - La manifestation à Alger entravée



• Un étudiant et un adolescent tués par balles au Yémen

Un étudiant a été tué par balle et cinq autres ont été blessés lors d'une bataille rangée entre des manifestants et des partisans du régime à Sanaa. Ce décès, démenti samedi par le ministère de l'Intérieur, porterait à plus de dix le nombre de morts dans le pays depuis le début de la contestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, il y a neuf jours.
Lors des heurts samedi matin, les partisans du régime ont tenté d'entrer de force dans l'enceinte de l'université de Sanaa, d'où partent régulièrement les défilés contre le président Saleh. Certains ont tiré à balles réelles sur les étudiants qui leur bloquaient l'accès.

 


Aden, grande ville du sud où la répression est plus violente, a connu de son côté une nouvelle journée d'émeutes, marquée par la mort d'un adolescent. Ce dernier a été tué samedi soir par une balle perdue lors de la dispersion par les forces de sécurité d'une manifestation contre le régime, selon une source hospitalière. Dix personnes ont été tuées dans cette ville depuis le début du mouvement le 13 février, et douze au total dans tout le pays.

Un peu plus tôt, trois personnes avaient été blessées, dont deux fillettes de 9 et 11 ans, lorsque la police avait ouvert le feu pour disperser un rassemblement de centaines de personnes, venues défiler à Aden après les funérailles d'un manifestant.

Le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a tenté sans succès de désamorcer la contestation en promettant dès le 3 février, en pleine crise égyptienne, de ne pas briguer un nouveau mandat en 2013 et de ne pas se faire succéder par son fils.

» Au Yémen, le président Saleh joue sa survie

• Reprise des troubles à Djibouti

Des troubles ont également eu lieu à Djibouti où des affrontements ont repris samedi matin dans une banlieue populaire entre forces de l'ordre et partisans de l'opposition, qui réclament la fin du régime du président Ismaël Omar Guelleh. La situation dans la capitale elle-même, quadrillée par les forces de l'ordre, est cependant restée calme tout l'après-midi.

Les violences avaient éclaté vendredi soir à l'issue d'un rassemblement de plusieurs milliers de partisans de l'opposition exigeant le départ du président Guelleh, faisant deux morts. De source officielle, il s'agit d'un manifestant et d'un policier. Neuf autres policiers ont été blessés, dont un se trouve dans un état critique, selon la même source.

Le gouvernement a dénoncé ces «actes de violences et de vandalisme», accusant les protestataires d'avoir «attaqué» les forces de l'ordre, alors «dans l'obligation de faire usage de gaz lacrymogènes pour se protéger contre une foule surexcitée et violente». Trois des principaux dirigeants de l'opposition djiboutienne ont par ailleurs été arrêtés samedi et placés en garde à vue, a annoncé le Procureur de la république Djama Souleiman. Deux d'entre eux ont été libérés samedi soir, selon la télévision d'Etat.

Au moins douze personnes tuées samedi, des dizaines d'arrestations

Au moins 12 personnes ont été tuées samedi en Libye dans des heurts entre militaires et manifestants à Benghazi, alors que les autorités ont arrêté des dizaines de ressortissants arabes chargés, selon elles, de déstabiliser le pays.

A Benghazi (est), les affrontements ont eu lieu après qu'une foule, qui participait aux obsèques de manifestants tués vendredi, a pris d'assaut une caserne militaire se trouvant sur l'itinéraire du cimetière, a expliqué le journal Quryna, proche du réformiste Seïf el-Islam Kadhafi, un des fils du numéro un libyen Mouammar Kadhafi.
Les protestataires ont jeté des cocktails Molotov en direction de la caserne et les militaires ont riposté à balles réelles, a précisé le rédacteur en chef du journal, Ramadan Briki, en citant des sources des forces de sécurité.
«Au moins 12 personnes ont été tuées et de nombreuses autres ont été blessées», a-t-il indiqué à l'AFP, en se basant sur des sources hospitalières.
La chaîne qatarie Al-Jazira, citant des médecins, a évoqué un bilan de 15 morts et affirmé que les hôpitaux manquaient de sang pour soigner les blessés. Des habitants cités par la BBC ont affirmé que les militaires avaient tiré à l'arme lourde, lançant notamment des obus de mortier.
Selon un décompte de l'AFP établi à partir de différentes sources libyennes, le bilan de cinq jours de contestation contre le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans s'élevait à au moins 77 morts, la plupart à Benghazi, deuxième ville du pays et bastion de l'opposition.
Samedi matin, avant les nouveaux affrontements à Benghazi, Human Rights Watch (HRW) avait annoncé un bilan d'au moins 84 manifestants tués. D'après cette organisation de défense des droits de l'Homme, 49 personnes ont été tuées jeudi (20 à Benghazi, 23 à Al-Baïda, 3 à Ajdabiya et 3 à Derna) et 35 vendredi à Benghazi.
Le procureur général Abdelrahmane Al-Abbar a ordonné l'ouverture d'une «enquête» sur les violences et a appelé «à accélérer les procédures pour juger tous ceux qui sont coupables de mort ou de saccages», selon une source sûre.
Parallèlement, les autorités libyennes ont annoncé avoir arrêté dans «certaines villes» des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un «réseau» ayant pour mission de déstabiliser le pays, a rapporté l'agence de presse officielle libyenne Jana.
Selon Jana, «les personnes arrêtées sont de nationalités tunisienne, égyptienne, soudanaise, palestinienne et syrienne» ainsi que «turque».
«Des sources proches des enquêtes en cours n'écartent pas l'hypothèse qu'Israël soit derrière ce réseau», a ajouté l'agence.
Ce matin, il était toujours impossible d'accéder à Twitter et Facebook, site par lequel ont transité les appels à la mobilisation, et les connections aux autres sites étaient très lentes ou impossibles, selon des internautes.
Les médias officiels continuaient à occulter les protestations, l'agence Jana et la télévision n'évoquant que les rassemblements pro-régime.‘A l'étranger, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a dénoncé samedi les« violences inacceptables et effroyables» en Libye et a demandé aux autorités de «cesser de recourir à la force». Il a aussi regretté que «l'accès des médias» soit «sérieusement limité».

Le ciel et la rue

Longtemps, la vie politique arabe a été captée par des partis monolithiques (le FLN algérien, le RCD tunisien, le PND égyptien, le parti Baas en Syrie et en Irak), eux-mêmes appuyés sur de solides relais syndicaux, associatifs et militaires. Il faut se souvenir de toute cette architecture enchevêtrée pour mesurer l’étonnant dégel de ce début d’année. La priorité n’est plus de conspuer rituellement Israël ou les Etats-Unis (ce qui évitait de balayer devant sa porte) mais de revendiquer, ici et maintenant, une politique soucieuse des urgences populaires.

La liberté de parole devient une revendication élémentaire ; on s’encourage du Caire à Benghazi et d’Alger à Aden malgré les brutalités policières. C’est le choc de deux univers conceptuels, de deux façons de penser le rapport à l’autorité ; on est très près de ce qu’a vécu l’Europe centrale il y a un peu plus de vingt ans.

C’est aussi le choc de deux classes d’âge. En Afrique du nord et au Proche-Orient, les moins de 25 ans forment grosso modo la moitié de la population. A l’heure d’internet et des médias interactifs qui ridiculisent définitivement les indigentes télévisions d’Etat, les jeunes adultes sont d’autant moins disposés à la discrétion que la crise économique a cassé le fragile essor du début des années 2000. Ce sont eux qui ont entraîné leurs aînés dans le mouvement.

Les révoltes d’aujourd’hui sont transversales. C’est leur force, par leur remarquable capacité d’agglomération, et leur faiblesse, faute de leaders affirmés. Il n’y a pas de Lech Walesa, comme dans la Pologne des années 1980. Les islamistes tâtonnent. Ils n’ont pas été les déclencheurs de la révolte mais commencent à sortir du bois. On l’a vu vendredi à Tunis lors d’une manifestation contre la prostitution, qui est une façon commode d’imposer une norme sociale sous couvert de morale et de décence féminine.

L’euphorie de la victoire remportée contre deux autocrates ne cachera plus très longtemps les rapports de force. Avec cette grande question : la réponse religieuse a-t-elle gardé la force de séduction qu’elle avait en Algérie quand le Front islamique du salut était derrière chaque éruption socio-politique ? En vingt ans, les priorités et les méthodes ont beaucoup changé. C’est pourquoi certains, aujourd’hui, se détournent ouvertement des exhortations mystico-politiques et lorgnent vers l’habileté tactique des islamo-conservateurs installés en Turquie.

On sent bien que les mollahs iraniens et les salafistes du Maghreb voudraient orienter cette redistribution des cartes, mais ce sont les pragmatiques de l’AKP au pouvoir à Ankara qui, tranquillement, contemplent ces bouleversements où le ciel tient décidément moins de place que la rue.


Scandale de Boris Boillon dès son arrivée en Tunisie



Strauss-Kahn n'a "rien d'autre à l'esprit que le FMI"

Le week-end parisien, et donc fort médiatique, de l'hypothétique candidat à la primaire socialiste suit son cours. Dominique Strauss-Kahn a assuré, samedi 19 février, qu'il n'avait "rien d'autre à l'esprit" que le FMI qui l'occupe "à plein temps", coupant court à une question sur ses intentions pour la présidentielle de 2012.
"Je vais donc vous répéter ce que j'ai répété 25 fois", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue d'une réunion des ministres des finances du G20 à Paris: "Aujourd'hui, je dirige le FMI et la tâche m'occupe à plein temps et plus qu'à plein temps". "Je n'ai rien d'autre à l'esprit", a-t-il enchaîné.
Dominique Strauss-Kahn doit s'exprimer dimanche au 20 heures de France 2. Il a par ailleurs accordé un entretien aux lecteurs du journal Le Parisien, à paraître lundi. Mais alors que les spéculations vont bon train sur sa candidature à la primaire du Parti socialiste avant l'élection présidentielle de 2012, son entourage laisse déjà filtrer l'idée qu'il ne faut pas s'attendre à une déclaration de candidature, ni même à une allusion à la politique française. Le président du FMI reste tenu à un devoir de resérve.
Pour en savoir plus :
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Questions à la révolution égyptienne

La chute de Moubarak ; cette foule désarmée, pacifique, prenant le risque de mort pour abattre un régime mortifère ; cette démonstration de force par des hommes et femmes prouvant, une fois de plus, qu'il n'y a qu'une superpuissance en ce monde et que c'est celle du peuple rassemblé ; la grandeur de ces gens trouvant dans la "fusion" (Sartre) la source d'une impensable énergie ainsi que, dans l'"espérance" (l'autre Jean-Paul, Wojtyla...), l'invitation à n'avoir plus "peur" ; l'apparition, sortie de rien ou sortie, plus exactement, d'un espace que l'on croyait virtuel et qui est celui des réseaux sociaux du Web, de cette nouvelle agora que fut, dix-huit jours durant, la place Tahrir du Caire ; ces revendications républicaines et modérées ; cette absence d'illusion lyrique ; cette maturité politique sidérante car surgie, elle aussi, on ne sait d'où ; cette discrétion, plus frappante encore, des agitateurs islamistes qui, d'abord, se turent, puis rallièrent le mouvement à contrecoeur, puis, à la dernière minute, tentèrent, main dans la main avec le flic en chef Souleiman, de replâtrer un régime en train de se dissoudre ; le fait, encore, que tout cela se soit opéré, pour la première fois dans l'histoire arabe moderne, sans un slogan anti-américain ou anti-occidental, sans que soit brûlé un drapeau israélien ni que l'on nous ressorte les slogans éculés sur l'origine "sioniste" de toutes les plaies d'Egypte ; l'incroyable spectacle, enfin, de ces manifestants qui, quand ils ont eu chassé le tyran, ont eu le réflexe civique, citoyen,citadin de nettoyer la place où ils l'avaient assiégé et de dire en quelque sorte au monde : "balayer l'ancien régime n'est pas un mot d'ordre abstrait, le balayage commence là, maintenant, dans la vie et la tête de chacun" - tout cela forme une des séquences politiques les plus émouvantes qu'il m'ait été donné de vivre ; il y a là, quoi qu'il arrive, un stock d'images impérissables et qui rejoignent, dans mon esprit, celles des révolutions de l'an de grâce 1989 ; et c'est le signe de ce prodige que Maurice Clavel appelait un Evénement et qu'aucune crainte, aucune réserve, aucun sombre pressentiment ne doivent, pour le moment, dissuader d'applaudir.

Cela étant dit, une chose est de saluer, célébrer, embrasser l'aube d'été de ce printemps égyptien en hiver ; une chose est de dire et répéter, comme je le fais, ici, depuis des semaines, qu'une page de l'histoire de la région, donc du monde, est en train de se tourner et qu'il faut s'en réjouir sans états d'âme - une autre est de faire son métier en tentant d'être, non, comme on dit dans les médias, les "partenaires" de l'événement, mais ses témoins exigeants posant les questions mêmes que se posent, à l'heure où j'écris, les démocrates égyptiens les plus lucides et les plus avisés.

La première de ces questions est celle des retombées du mouvement : quid, pour continuer sur le mode sartrien, d'un groupe en fusion qui rechute dans le pratico-inerte ? quid de cet ordre sur la terre qui, comme disait un autre révolutionnaire, chinois celui-là, finit toujours par succéder au désordre sur la terre ? prix de cette succession ? vengeance, ou non, du réel et de sa prose ? ruse, ou pas, d'une Histoire qui a, comme disait Marx, plus d'imagination que les hommes ? et que penser, par exemple, de la déclaration d'Ayman Nour, patron du Hizb al-Ghad et figure historique de l'opposition qui, alors que le Conseil suprême des forces armées annonçait que "les traités et pactes internationaux" seraient respectés, se prononçait, lui, pour une révision du traité avec Israël ?

La deuxième touche à ces Frères musulmans dont je répète qu'ils furent les grands absents du soulèvement, mais dont rien ne permet d'exclure qu'ils tentent, comme le renard de la fable, de le récupérer tout de même après coup - et dont rien, surtout, n'autorise à affirmer qu'ils aient si profondément changé que nous l'expliquent les distingués islamologues qui enchaînent, depuis trente ans, bévues et erreurs d'analyse : car que dit, au juste, le leadership de la confrérie ? que nous révèle-t-il, non de sa décision tactique de passer provisoirement son tour, mais de son idéologie profonde et de son projet de société ? a-t-il renoncé à la charia ? pris ses distances avec le Hamas ? et où en est-il avec Sayyid Qutb, théoricien moderne du djihad en même temps que, jusqu'à plus ample informé, son maître à penser principal ?

Et puis la troisième question, enfin, concerne cette armée qui a, depuis la chute du raïs, pris la direction des opérations et dont on paraît prendre pour argent comptant les professions de foi démocratiques : faut-il préciser que c'est la même armée, commandée par les mêmes généraux, qui forme, depuis cinquante-huit ans, l'ossature du régime honni ? faut-il rappeler que, cette armée, les grandes ONG, type Amnesty International, ne cessent, depuis des décennies, de dénoncer sa brutalité et ses violations répétées des droits de l'homme ? est-on certain, vraiment, d'avoir affaire à une armée type Atatürk ou révolution portugaise des OEillets ? et doit-on complètement écarter l'hypothèse d'une Egypte se retrouvant, à l'arrivée, avec un gouvernement qui, civil ou non, serait une variante du régime instauré jadis par Nasser et dont les bases n'auraient fondamentalement pas changé ?

Poser ces questions, ce n'est ni bouder sa joie ni, encore moins, insulter l'avenir. C'est apporter son modeste concours à une révolution qui n'en est qu'à son premier acte et dont la suite, à l'évidence, concerne, non seulement l'Egypte, mais le monde.

La brèche

Vue depuis notre balcon méditerranéen, l'Histoire, sur la rive d'en face, fait spectacle. Cet embrasement de dictatures, l'une après l'autre, par le cordon incendiaire de la liberté, nous l'aurons contemplé comme un feu d'artifice, comme le 14 Juillet de la rive arabe. Dans l'orage libertaire, nous lisions, nous aimions lire, nous voulions lire des promesses inattendues. Puis, les jours passent ; et l'on se frotte les yeux."Nous voyons le tournant mais nous ne voyons pas la route." (1) Où mène-t-elle au juste ? Qui le sait ? Un grand frondeur suggérait qu'"on ne va jamais aussi loin que lorsque l'on ne sait pas où l'on va"...

En Egypte, le pharaon-général quitte la place, remplacé par un quarteron de militaires. Les rabat-joie disent : "Un raïs chassera l'autre, le régime ne change pas, la démocratie est dans le noir..." C'est lire dans le marc de café. Que sera l'élection présidentielle promise ? Et qu'y pèseront les Frères musulmans ? Ils n'en savent rien et nous non plus !

Le sûr, c'est que le soulèvement aura du moins charrié l'aspiration populaire à la liberté. Il brandit son message dans la plus rétive des civilisations. Il exalte la valeur la plus chère de l'Occident et nous rassure sur son universalité. La liberté, il est possible qu'un proche avenir l'endorme ou l'étrangle. Mais elle aura percé une chape de plomb. L'espérance démocratique, si illusoire soit-elle, aura traversé de ses éclairs un espace stérile."La démocratie n'est pas dans la culture égyptienne", prédit Souleiman, homme lige de Moubarak. Possible ! Mais le souvenir de la révolte rôdera longtemps sous les casquettes des généraux et les keffiehs des princes.

D'autant que cet orage de liberté aura explosé sous la catalyse de trois phénomènes en expansion : une misère populaire aiguisée par la crise ; une jeunesse prolifique où les moins de 30 ans atteignent, ici ou là, la moitié des vivants ; le flux libertaire des télévisions, d'Internet, de Facebook et autres Twitter.

On y voit le monde en mouvement, l'éclosion de peuples délivrés du dénuement en Asie, en Amérique latine. La jeunesse, les femmes, la technologie répandent le mimétisme vertueux de la modernité. Et, du même coup, elles accusent la sclérose du système arabo-musulman. Dans sa culture de la soumission et du fatalisme, elles ouvrent une brèche. Peut-être un tunnel dont on ignore l'issue. Mais la brèche est faite.

Le vent qui s'y engouffre réveille une civilisation brillante mais éteinte et qui inflige à ses peuples le fiasco économique et moral. La loterie pétrolière et la bonne fortune de ses privilégiés n'y font qu'accuser l'incurie générale jusqu'à inventer, en Algérie, en Libye, des pays riches... à peuples pauvres.

La petite Tunisie, parce que mieux éduquée, laïcisée, occidentalisée, peut espérer tailler en pionnière sa route vers l'émancipation politique. Mais la bourrasque de liberté ne changera pas de sitôt le sort des 80 millions d'Egyptiens : 50 % d'analphabètes et 70 % de misérables à moins de 3 euros par jour. Du haut des pyramides, cinquante siècles contemplent ce fatal affaissement.

Si "fatal" que nombre d'historiens ont cherché, dans l'islam, sa cause première. Et dans l'empire d'Allah sur le gouvernement des hommes une inclination, en effet fatale, de la prosternation jusqu'à la soumission. C'est ce diagnostic - renforcé par l'avènement de la théocratie iranienne - qui aura présenté l'islam comme la seule solution alternative au despotisme. Un épouvantail pour l'Occident !

Sans optimisme naïf, on constate que l'islamisme radical, celui du djihad et de la guerre à l'Occident, n'a pas investi les luttes sociales et nationales du Maghreb et du Machrek. Et même que la réislamisation impressionnante de toute la région (port du voile, nombre de mosquées, prêches télévisuels) a plus concurrencé que nourri l'islamisme messianique."Le paradoxe de cette réislamisation, c'est qu'elle a largement dépolitisé l'islam", avance un expert réputé (2).

Conclusion : le sort du printemps arabe appartient à l'islam et à ses fidèles. Ils peuvent accueillir ou dévorer les enfants de la Révolution. Les partis islamiques - l'Ennhada tunisienne, les Frères musulmans d'Egypte - abordent un carrefour décisif. Voudront-ils un islam à la turque, apte à composer, sous contrôle militaire, avec la laïcité de l'Etat ? Ou un islam plus radical, qui, sans imposer la loi divine de la charia, en retiendrait l'esprit et divers codes moraux, au grand dam des laïques... et des femmes ? Leur direction se cherchera dans une mêlée encore inextricable. Pèseront les choix du sérail militaire, la dynamique laïque des nouveaux acteurs politiques, l'impatience de la misère populaire, le ressac de l'antisionisme et de la xénophobie, le remue-ménage externe des chiites et sunnites... Autant de tourbillons pour un fleuve jamais tranquille ! Il coule sous notre balcon.

1. Roger Pol-Droit. 2. Olivier Roy.

ALGÉRIE - Alger quadrillé par la police face à la marche pour la démocratie

L'opposition algérienne restait déterminée, samedi, à marcher pour le changement et la démocratie, malgré la présence des forces de sécurité.

D'importantes forces de sécurité et des dizaines de véhicules blindés ont repoussé, samedi, les premiers manifestants venus exprimer en plein centre d'Alger et pour la seconde fois en huit jours leur détermination à en finir avec le régime, à l'instar de l'Égypte et de la Tunisie. Aux cris de "Algérie libre et démocratique", "pouvoir assassin", "le peuple veut la chute du régime", quelque 200 personnes avaient néanmoins réussi à atteindre la place du 1er-Mai à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Toutefois, deux manifestants, dont le secrétaire général du Snapap (Syndicat national autonome du personnel d'administration publique) Rachid Malaoui, se sont évanouis sous la pression exercée contre eux par l'important cordon policier et ont dû être évacués par les pompiers, a constaté un journaliste.
Toutes les voies menant à la place du 1er-Mai ont été bouclées et des barrières métalliques disposées sur le site lui-même empêchaient l'arrivée de manifestants. Nombre d'entre eux, cartons rouges à la main, étaient bloqués dans la rue adjacente de Belouizdad, tentant en vain de forcer le cordon policier en place depuis plusieurs heures. Les manifestants étaient censés emprunter depuis cette grande aire et dès 11 heures un parcours délimité jusqu'à la place des Martyrs, soit environ quatre kilomètres plus loin.
Tout comme samedi dernier où une marche de la CNCD avait été bloquée, des cars avec des policiers casqués, munis de matraques et de boucliers, ainsi que des véhicules blindés ont quadrillé la capitale. Au-dessus tournoyait au moins un hélicoptère. Les forces de l'ordre étaient postées quasiment à chaque mètre, un dispositif similaire à celui qui attendait la semaine dernière les manifestants ayant répondu à l'appel de la CNCD. De source officielle, on a indiqué que "neuf unités de police avaient été mobilisées sur la place, une unité comprenant entre 90 et 120 éléments" pour cette manifestation, interdite, comme elles le sont toutes dans Alger depuis 2001.
"Les Algériens ont le droit de marcher dans leur capitale"
Parmi les manifestants, on reconnaissait le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), Moustapha Bouchachi, et Abdenour Ali-Yahia, président d'honneur de cette organisation, âgé de 90 ans. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, membre de cette coordination, devait revenir de France dans la matinée et participer à la marche. La circulation sur route menant de l'aéroport jusqu'au centre d'Alger, sur le bord de mer, était considérablement ralentie par d'importants barrages policiers et une des voies rapides avait été bloquée, selon un correspondant.
Face aux manifestants, une vingtaine de jeunes gens favorables à Abdelaziz Bouteflika sont arrivés brandissant des portraits du président en scandant "policiers, laissez-nous en découdre avec eux (les opposants, ndlr)". "On s'attend à ce que les Algériens soient nombreux pour dire à ce système qu'ils ont droit de marcher dans leur capitale", déclarait peu auparavant Khalil Moumène, membre de la LADDH.
Fodil Boumala, un fondateur de la Coordination, a réitéré les mots d'ordre de l'opposition. "Il faut une rupture définitive avec ce régime incarné depuis 1999 par le pouvoir lui-même composé de forces militaro-civiles, parmi lesquelles le président Abdelaziz Bouteflika", a-t-il déclaré. Abdelaziz Bouteflika, le 3 février, puis son Premier ministre Ahmed Ouyahia, jeudi dernier, ont pourtant fait des promesses d'ouverture, dont la levée de l'état d'urgence. La CNCD, forte de membres de la société civile et de syndicats autonomes, a été créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes meurtrières du début de l'année en Algérie qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés.