dimanche 20 février 2011
Maroc : Le pays gagné par la contestation
Premières manifestations à Casablanca et à Rabat
Maroc. Dimanche, plusieurs milliers de personnes ont pris part aux manifestations, notamment dans le centre de Casablanca et à Rabat, afin de réclamer des réformes politiques et une limitation des pouvoirs du roi.
Samedi, les deux camps rivaux avaient échangé pour la première fois des tirs devant le campus et il y avait eu plussieurs blessés. Des témoins avaient également fait état d'un mort. Dans le sud du pays, à Cheikh Osman, cinq personnes avaient été blessées par des balles perdues.
Libye. Le bilan de cinq jours de contestation contre le régime du colonel Kadhafi fait état d'au moins 77 morts, la plupart dans la ville de Benghazi. Le nouveau bilan de Human Rights Watch, relayé par la BBC dimanche matin, fait état quant à lui d'au moins 104 morts. Au moins 12 personnes ont été tuées dans des heurts entre militaires et manifestants à Benghazi. Les autorités ont par ailleurs arrêté des dizaines de ressortissants arabes chargés, selon elles, de déstabiliser le pays. "A Benghazi, (...) ce serait des militaires africains qui tireraient à balles réelles sur des civiles : des mercenaires", affirmaient, dimanche matin, des témoins contactés par France Info.
Bahrëin. L'opposition bahreïnie a annoncé, dimanche, aborder avec prudence le dialogue avec le prince héritier sur des réformes politiques et continue de poser comme préalable la démission du gouvernement responsable selon elle de la répression sanglante de la contestation populaire.
Sur le terrain, des milliers de protestataires affluaient sur la place de la Perle, au centre de Manama, reconquise samedi après le retrait de l'armée et de la police, et où des syndicats envisagent d'organiser un rassemblement dans l'après-midi.
L'union générale des syndicats de Bahreïn a annoncé, en fin de matinée dimanche, avoir levé son mot d'ordre de grève générale, estimant que ses demandes d'un retrait de l'armée de Manama et du droit de manifester ont été satisfaites. "A la suite des derniers développements (...), l'union a décidé (...) d'appeler à la reprise du travail à partir de lundi", a indiqué la centrale syndicale dans un communiqué.
Tunisie. Quelques milliers de Tunisiens manifestaient, dimanche à Tunis, pour réclamer la démission du gouvernement de transition dirigé par Mohamed Ghannouchi, l'élection d'une assemblée constituante et un système parlementaire en criant "Gouvernement de Ghannouchi dégage !"
Algérie: Une révolution impossible?
Des conditions qui rappellent l’insurrection tunisienne
Une méfiance qui touche tous les partis
Débat sur l'islam : Pour Bayrou l'UMP veut "exciter les Français les uns contre les autres"
Le président du MoDem, François Bayrou, a estimé dimanche qu'en lançant un débat sur la laïcité et la pratique de l'islam, le camp présidentiel et l'UMP "veulent exciter" les Français "les uns contre les autres".
Le numéro un de l'UMP Jean-François Copé doit réunir le 5 avril une convention de son parti sur l'exercice des cultes, une initiative critiquée au sein même de la majorité, certains n'y voyant qu'une volonté de prendre de vitesse le Front national à 14 mois de la présidentielle.
Interrogé par Le Parisien sur ce débat lancé par le parti présidentiel à la demande de Nicolas Sarkozy, François Bayrou juge que "le pouvoir et son parti croient pouvoir trouver un bénéfice électoral et se refaire en surfant sur (...) la peur de l'islam, le rejet des musulmans".
"NOUS ALLONS PERDRE LE PLUS PRÉCIEUX: L'UNITÉ DU PAYS"
"Tous ceux qui poussent à la division de la France, en ciblant les musulmans, veulent plaire à une partie de l'opinion, mais ils font prendre au pays un risque immense", insiste le député des Pyrénées-Atlantiques, probable candidat à la présidentielle de 2012.
"Dans cette flambée, nous allons perdre le plus précieux: l'unité du pays, l'union de ses forces. Il faut donc parler au pays un autre langage, sans concession, et lui dire, les yeux dans les yeux, ceci: 'Nous allons vivre ensemble ! Nos enfants vivront ensemble, ils s'en sortiront ensemble, et seulement ensemble'", ajoute-t-il.
François Bayrou estime enfin que sur la question de l'exercice des cultes en France "nous avons l'arme la plus efficace et la plus rodée pour régler tous les problèmes qui se posent: la loi de 1905 sur la laïcité!" "Tout est dans la loi, y compris l'interdiction des prières dans l'espace public. Il suffit de l'appliquer sereinement", fait-il valoir.
La contestation en Libye violemment réprimée
L'armée libyenne aurait tué 12 personnes samedi à Benghazi, portant à au moins 104 le nombre total de morts en cinq jours selon Human Rights Watch. Les manifestations ont repris samedi à Alger, au Bahreïn, au Yémen et à Djibouti. Les Marocains sont appelés à défiler pacifiquement ce dimanche.
• La répression en Libye aurait fait entre 77 et 104 morts
Le bilan des émeutes des quatre derniers jours en Libye atteint au moins 77 morts, selon un décompte tenu par l'AFP. Le bilan s'est encore alourdi samedi après que l'armée a ouvert le feu sur des opposants au régime qui attaquaient une caserne à Benghazi. Des témoins interrogés par la BBC ont fait état de tirs à l'arme lourde par les militaires, notamment des tirs d'obus de mortier. Au moins douze personnes auraient perdu la vie, et de nombreuses autres on été blessées. Selon la chaîne de télévision al-Jezira, les hôpitaux manquaient de sang pour les soigner.
L'ONG Human Rights Watch (HRW), qui se base sur des sources médicales et des témoins, affirme de son côté que le nombre total de morts depuis le début du mouvement dépasse les 100 morts, selon la BBC.
Le mouvement contre Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, semble se transformer en véritable insurrection dans l'est du pays. Pour tenter de limiter les appels à la mobilisation via les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, l'accès à internet à été coupé dans la nuit de vendredi à samedi, puis de nouveau dans la nuit de samedi à dimanche.
Le procureur général a ordonné l'ouverture d'une «enquête» sur les violences et a appelé «à accélérer les procédures pour juger tous ceux qui sont coupables de mort ou de saccages». Le colonel Kadhafi n'a toujours pas fait de déclaration officielle, mais les comités révolutionnaires, pilier du régime, ont promis vendredi aux «groupuscules» à l'origine des manifestations une riposte «foudroyante».
Parallèlement, les autorités libyennes ont annoncé avoir arrêté dans «certaines villes» des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un «réseau» ayant pour mission de déstabiliser le pays, a rapporté l'agence de presse officielle libyenne Jana.
» ZAPPING VIDÉO - Face à la colère, Kadhafi s'offre un bain de foule
• Appel à des manifestations pacifiques au Maroc
Des manifestations «pacifiques» sont convoquées dans plusieurs villes du pays à l'appel sur Facebook d'un groupe de jeunes, pour exiger des réformes politiques «urgentes et profondes». Le royaume du Maroc a jusqu'à présent été épargné par le vent de fronde populaire qui s'est levé en Tunisie pour s'étendre à l'Egypte et à de nombreux pays arabes.L'un des fondateurs de l'Appel du 20 février, Rachid Antid, a décidé samedi de se retirer de cette manifestation «à cause de l'entrée en jeu de certains mouvements avec lesquels ne ne sommes pas d'accord sur le plan idéologique, comme le mouvement islamiste Justice et bienfaisance et certains groupes de l'extrême gauche».
• Bahreïn : nuit calme pour les manifestants à Manama
Des centaines de protestataires ont passé une nuit sans encombres sur la place de la Perle, dans le centre de la capitale Manama. L'armée, qui était déployée dans la ville depuis jeudi en réaction à une manifestation contre le régime, s'était retirée la veille de ce centre névralgique de la contestation.C'est le prince héritier Salman ben Hamad Al-Khalifa qui a ordonné à la police et aux militaires de rester à l'écart des manifestants. Il a ainsi satisfait partiellement les voeux de l'opposition. Mais cette dernière exige également la démission du gouvernement actuel avant d'entamer le dialogue politique proposé par le prince héritier.
L'union générale des syndicats de Bahreïn a de son côté appelé à une grève générale illimitée à partir de ce dimanche pour exiger la liberté de manifester pacifiquement sans intervention des forces de l'ordre.
Vendredi soir, l'armée a tiré sur des manifestants à Manama, faisant des dizaines de blessés parmi les opposants au régime. La répression de leur mouvement a fait six morts en moins d'une semaine, et au moins 95 blessés, selon un responsable de l'opposition chiite, Abdel Jalil Khalim Ibrahim.
» FOCUS - Le Bahreïn, un petit archipel sous tension communautaire
» BLOG - La France forme la Garde royale de Bahreïn
• A Alger, les manifestants, repoussés et dispersés par la police, promettent de revenir exprimer leur colère tous les samedis D'importantes forces de sécurité et des dizaines de véhicules blindés ont repoussé samedi les manifestants venus exprimer à Alger leur volonté de faire tomber le pouvoir en place. Aux cris de «Pouvoir assassin» ou de «Vive l'Algérie libre et démocratique», les opposants au régime ont à nouveau promis de revenir tous les samedis manifester leur colère. Il s'agissait samedi de la deuxième mobilisation de ce type en huit jours.
Environ un millier de manifestants ont été bloqués dans une rue adjacente au lieu de rendez-vous par un cordon de policiers. La manifestation de la semaine passée avait été bloquée de façon similaire. Mais quelque 200 personnes ont néanmoins réussi à atteindre la place du 1er-Mai à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Les manifestants ont scandé «Algérie libre et démocratique», «Pouvoir assassin» ou «Le peuple veut la chute du régime».
Alors que les différentes sources faisaient état d'un rassemblement moins violent que samedi dernier, un député du parti Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Tahar Besbes, a été blessé pendant un affrontement avec la police. Il a été «agressé par au moins deux policiers», a affirmé le chef du groupe parlementaire du RCD. «L'un d'eux lui a donné un coup de pied au ventre et un autre au visage. Il s'est écroulé à terre et sa tête a heurté le sol». Tahar Besbes «souffre d'un traumatisme crânien avec perte de connaissance, d'un polytraumatisme très probablement de plusieurs membres. La direction de la protection civile d'Alger a affirmé de son coté que Tahar Besbas n'avait «absolument rien» et qu'il avait été pris d'un malaise. Il y aurait également eu une dizaine d'autres manifestants blessés, selon la CNCD.
Face aux contestataires, une vingtaine de jeunes gens favorables à Abdelaziz Bouteflika brandissaient des portraits du président en scandant : «Policiers, laissez-nous en découdre avec eux».
La CNCD, constituée de membres de la société civile et de syndicats autonomes, a été créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes meurtrières du début de l'année en Algérie qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés.
» BLOG - La manifestation à Alger entravée
• Un étudiant et un adolescent tués par balles au Yémen
Un étudiant a été tué par balle et cinq autres ont été blessés lors d'une bataille rangée entre des manifestants et des partisans du régime à Sanaa. Ce décès, démenti samedi par le ministère de l'Intérieur, porterait à plus de dix le nombre de morts dans le pays depuis le début de la contestation contre le régime du président Ali Abdallah Saleh, il y a neuf jours.Lors des heurts samedi matin, les partisans du régime ont tenté d'entrer de force dans l'enceinte de l'université de Sanaa, d'où partent régulièrement les défilés contre le président Saleh. Certains ont tiré à balles réelles sur les étudiants qui leur bloquaient l'accès.
Un peu plus tôt, trois personnes avaient été blessées, dont deux fillettes de 9 et 11 ans, lorsque la police avait ouvert le feu pour disperser un rassemblement de centaines de personnes, venues défiler à Aden après les funérailles d'un manifestant.
Le président Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a tenté sans succès de désamorcer la contestation en promettant dès le 3 février, en pleine crise égyptienne, de ne pas briguer un nouveau mandat en 2013 et de ne pas se faire succéder par son fils.
» Au Yémen, le président Saleh joue sa survie
• Reprise des troubles à Djibouti
Des troubles ont également eu lieu à Djibouti où des affrontements ont repris samedi matin dans une banlieue populaire entre forces de l'ordre et partisans de l'opposition, qui réclament la fin du régime du président Ismaël Omar Guelleh. La situation dans la capitale elle-même, quadrillée par les forces de l'ordre, est cependant restée calme tout l'après-midi.
Les violences avaient éclaté vendredi soir à l'issue d'un rassemblement de plusieurs milliers de partisans de l'opposition exigeant le départ du président Guelleh, faisant deux morts. De source officielle, il s'agit d'un manifestant et d'un policier. Neuf autres policiers ont été blessés, dont un se trouve dans un état critique, selon la même source.
Le gouvernement a dénoncé ces «actes de violences et de vandalisme», accusant les protestataires d'avoir «attaqué» les forces de l'ordre, alors «dans l'obligation de faire usage de gaz lacrymogènes pour se protéger contre une foule surexcitée et violente». Trois des principaux dirigeants de l'opposition djiboutienne ont par ailleurs été arrêtés samedi et placés en garde à vue, a annoncé le Procureur de la république Djama Souleiman. Deux d'entre eux ont été libérés samedi soir, selon la télévision d'Etat.
Au moins douze personnes tuées samedi, des dizaines d'arrestations
Les protestataires ont jeté des cocktails Molotov en direction de la caserne et les militaires ont riposté à balles réelles, a précisé le rédacteur en chef du journal, Ramadan Briki, en citant des sources des forces de sécurité.
«Au moins 12 personnes ont été tuées et de nombreuses autres ont été blessées», a-t-il indiqué à l'AFP, en se basant sur des sources hospitalières.
La chaîne qatarie Al-Jazira, citant des médecins, a évoqué un bilan de 15 morts et affirmé que les hôpitaux manquaient de sang pour soigner les blessés. Des habitants cités par la BBC ont affirmé que les militaires avaient tiré à l'arme lourde, lançant notamment des obus de mortier.
Selon un décompte de l'AFP établi à partir de différentes sources libyennes, le bilan de cinq jours de contestation contre le régime du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans s'élevait à au moins 77 morts, la plupart à Benghazi, deuxième ville du pays et bastion de l'opposition.
Samedi matin, avant les nouveaux affrontements à Benghazi, Human Rights Watch (HRW) avait annoncé un bilan d'au moins 84 manifestants tués. D'après cette organisation de défense des droits de l'Homme, 49 personnes ont été tuées jeudi (20 à Benghazi, 23 à Al-Baïda, 3 à Ajdabiya et 3 à Derna) et 35 vendredi à Benghazi.
Le procureur général Abdelrahmane Al-Abbar a ordonné l'ouverture d'une «enquête» sur les violences et a appelé «à accélérer les procédures pour juger tous ceux qui sont coupables de mort ou de saccages», selon une source sûre.
Parallèlement, les autorités libyennes ont annoncé avoir arrêté dans «certaines villes» des dizaines de ressortissants arabes appartenant à un «réseau» ayant pour mission de déstabiliser le pays, a rapporté l'agence de presse officielle libyenne Jana.
Selon Jana, «les personnes arrêtées sont de nationalités tunisienne, égyptienne, soudanaise, palestinienne et syrienne» ainsi que «turque».
«Des sources proches des enquêtes en cours n'écartent pas l'hypothèse qu'Israël soit derrière ce réseau», a ajouté l'agence.
Ce matin, il était toujours impossible d'accéder à Twitter et Facebook, site par lequel ont transité les appels à la mobilisation, et les connections aux autres sites étaient très lentes ou impossibles, selon des internautes.
Les médias officiels continuaient à occulter les protestations, l'agence Jana et la télévision n'évoquant que les rassemblements pro-régime.‘A l'étranger, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a dénoncé samedi les« violences inacceptables et effroyables» en Libye et a demandé aux autorités de «cesser de recourir à la force». Il a aussi regretté que «l'accès des médias» soit «sérieusement limité».
Strauss-Kahn n'a "rien d'autre à l'esprit que le FMI"
Dominique Strauss-Kahn doit s'exprimer dimanche au 20 heures de France 2. Il a par ailleurs accordé un entretien aux lecteurs du journal Le Parisien, à paraître lundi. Mais alors que les spéculations vont bon train sur sa candidature à la primaire du Parti socialiste avant l'élection présidentielle de 2012, son entourage laisse déjà filtrer l'idée qu'il ne faut pas s'attendre à une déclaration de candidature, ni même à une allusion à la politique française. Le président du FMI reste tenu à un devoir de resérve.
Pour en savoir plus :
- Lire l'éclairage : Se montrer sans trop en dire, le subtil exercice de DSK
1. Roger Pol-Droit. 2. Olivier Roy.
ALGÉRIE - Alger quadrillé par la police face à la marche pour la démocratie
L'opposition algérienne restait déterminée, samedi, à marcher pour le changement et la démocratie, malgré la présence des forces de sécurité.
D'importantes forces de sécurité et des dizaines de véhicules blindés ont repoussé, samedi, les premiers manifestants venus exprimer en plein centre d'Alger et pour la seconde fois en huit jours leur détermination à en finir avec le régime, à l'instar de l'Égypte et de la Tunisie. Aux cris de "Algérie libre et démocratique", "pouvoir assassin", "le peuple veut la chute du régime", quelque 200 personnes avaient néanmoins réussi à atteindre la place du 1er-Mai à l'appel de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD). Toutefois, deux manifestants, dont le secrétaire général du Snapap (Syndicat national autonome du personnel d'administration publique) Rachid Malaoui, se sont évanouis sous la pression exercée contre eux par l'important cordon policier et ont dû être évacués par les pompiers, a constaté un journaliste.Toutes les voies menant à la place du 1er-Mai ont été bouclées et des barrières métalliques disposées sur le site lui-même empêchaient l'arrivée de manifestants. Nombre d'entre eux, cartons rouges à la main, étaient bloqués dans la rue adjacente de Belouizdad, tentant en vain de forcer le cordon policier en place depuis plusieurs heures. Les manifestants étaient censés emprunter depuis cette grande aire et dès 11 heures un parcours délimité jusqu'à la place des Martyrs, soit environ quatre kilomètres plus loin.
Tout comme samedi dernier où une marche de la CNCD avait été bloquée, des cars avec des policiers casqués, munis de matraques et de boucliers, ainsi que des véhicules blindés ont quadrillé la capitale. Au-dessus tournoyait au moins un hélicoptère. Les forces de l'ordre étaient postées quasiment à chaque mètre, un dispositif similaire à celui qui attendait la semaine dernière les manifestants ayant répondu à l'appel de la CNCD. De source officielle, on a indiqué que "neuf unités de police avaient été mobilisées sur la place, une unité comprenant entre 90 et 120 éléments" pour cette manifestation, interdite, comme elles le sont toutes dans Alger depuis 2001.
"Les Algériens ont le droit de marcher dans leur capitale"
Parmi les manifestants, on reconnaissait le président de la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH), Moustapha Bouchachi, et Abdenour Ali-Yahia, président d'honneur de cette organisation, âgé de 90 ans. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, membre de cette coordination, devait revenir de France dans la matinée et participer à la marche. La circulation sur route menant de l'aéroport jusqu'au centre d'Alger, sur le bord de mer, était considérablement ralentie par d'importants barrages policiers et une des voies rapides avait été bloquée, selon un correspondant.
Face aux manifestants, une vingtaine de jeunes gens favorables à Abdelaziz Bouteflika sont arrivés brandissant des portraits du président en scandant "policiers, laissez-nous en découdre avec eux (les opposants, ndlr)". "On s'attend à ce que les Algériens soient nombreux pour dire à ce système qu'ils ont droit de marcher dans leur capitale", déclarait peu auparavant Khalil Moumène, membre de la LADDH.
Fodil Boumala, un fondateur de la Coordination, a réitéré les mots d'ordre de l'opposition. "Il faut une rupture définitive avec ce régime incarné depuis 1999 par le pouvoir lui-même composé de forces militaro-civiles, parmi lesquelles le président Abdelaziz Bouteflika", a-t-il déclaré. Abdelaziz Bouteflika, le 3 février, puis son Premier ministre Ahmed Ouyahia, jeudi dernier, ont pourtant fait des promesses d'ouverture, dont la levée de l'état d'urgence. La CNCD, forte de membres de la société civile et de syndicats autonomes, a été créée le 21 janvier dans la foulée des émeutes meurtrières du début de l'année en Algérie qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés.