Retour sur une campagne faite d'erreurs
de timing et de casting mais aussi d'un dénigrement sans précédent et
d'une intimidation intellectuelle médiatique qu'une partie de la droite a
fini par intérioriser.
Ainsi, le président vilipendé aura été battu
sur le fil du rasoir. Ainsi, c’était pour rire, Nicolas Pétain, ne
méritait pas, finalement, autant d’indignité, mais du respect, comme l’a
indiqué hier soir son victorieux rival dans un discours dont la hauteur
n’était pas qu’habileté.
Ceux qui, surtout à
gauche, veulent, évidemment pour son bien, empêcher la droite d’être la
droite, expliquent doctement sa défaite par l’ignoble « droitisation »
et les clins d’œil aux électeurs du Front National, auront du mal à le
faire croire au regard du résultat final.
En
dépit d’une campagne de dénigrement rarement observé depuis le général
De Gaulle, en dépit d’une crise économique et financière qu’il serait
euphémique de qualifier d’exceptionnelle et qui a sanctionné tous les
sortants en Europe, le nouveau président élu l’aura été à la minorité
des électeurs votants.
Bien au rebours,
si ce retour au peuple avait été à la fois moins tardif et plus franc,
donc plus crédible, il est permis de penser que le pari impossible
aurait été tenu.
Si l’on décide d’organiser un
débat sur l’identité nationale, on ne choisit pas pour le tenir un
transfuge du PS qui en avait honte.
Si l’on décide
de mener une campagne électorale décomplexée, on ne choisit pas comme
porte-parole une femme, certes gracieuse et élégante, mais dont le
principal titre littéraire aura été de morigéner la représentante de la
droite extrêmement décomplexée.
Il est des erreurs de casting et de timing que comprend le Français.
Il
n’empêche, le petit homme tant raillé, y compris pour sa taille, n’aura
pas été dégagé par la fenêtre, mais sorti par la porte.
La grande.
Avec
la bienveillance qui la caractérise, on peut imaginer, sans grande
spéculation intellectuelle, la réflexion de la gauche et de ses relais,
si d’aventure le président sortant l’avait emporté avec une majorité
aussi étroite : « un président légal sans doute, mais vraiment
légitime ? »
Fort heureusement, ce qui
caractérise le camp vaincu, c’est précisément, son légitimisme
démocratique qui fait de François Hollande, désormais, le président de
tous les Français.
Il faut lui
reconnaitre une habileté politique dont le mérite est à peine diminué
par la complicité de la classe médiatique idéologisée.
Il
faut reconnaître également à la gauche d’avoir su, elle, mener cinq
années un combat culturel que son camp adverse n’aura finalement mené
qu’un trimestre.
François Hollande, il l’a dit, ne pratiquera pas d’ouverture à droite.
A l’aune de l’intelligence politique et de la cohérence intellectuelle, sa victoire est méritée.
A ce stade, il faut, encore et encore, écrire que la
droite française aura été la victime docile d’une escroquerie
intellectuelle légale que je n’aurais cessé de dénoncer vainement.
Alors
que le camp des droites, le premier tour l’aura encore montré, est plus
nombreux que son antipode, c’est un président de gauche qui l’aura
emporté.
L’explication réside toute entière dans
le surmoi qu’aura réussi à imposer la classe médiatique à une partie de
la droite française tout en décomplexant la gauche de ses propres
liaisons autrement moins platoniques.
Alors que
Gérard Longuet aura été tancé pour avoir suggéré que Marine Le Pen,
contrairement à son père, était une interlocutrice possible, François
Hollande remercie publiquement et impunément son interlocuteur
Mélenchon et s’apprête à mener campagne avec un PCF, dans le cadre d’une
alliance que même les représentants de la droite démocratique ont
oublié hier soir de critiquer dans son principe.
Lorsque la victime est aussi sottement dupe, ce n’est plus, juridiquement, une escroquerie.
Mais
il est une autre escroquerie, récidivante, qui aura été commise
délibérément et impunément dans la dernière quinzaine : celle de
dénoncer la dérive vichyssoise du président aujourd’hui battu.
J’aurais passé une bonne partie de ma vie d’homme à dénoncer et démonter cette escroquerie trentenaire en bande organisée.
Dans sa dernière séquence, il a été reproché à Nicolas Sarkozy de marcher sur les plates-bandes minées de Marine Le Pen.
Le
Monde, alors que les jeux étaient faits, dans un article du samedi 5
mai, a reconnu, mais sans le critiquer le « glissement idéologique du
PS ». : « Force est de constater que sous la double pression du score de
Marine Le Pen au premier tour et d’un Nicolas Sarkozy décidé à faire de
cette question le champs majeur de l’affrontement présidentiel, les
socialistes, depuis le premier tour, usent d’un registre lexical
jusqu’ici plutôt inhabituel ».
« Il y a trop
d’immigrés en situation irrégulière » a déclaré le candidat socialiste «
celui qui aurait dit ça dans un congrès se serait fait étriper. Jamais
personne n’aurait osé, même pas Manuel Valls » déclare un responsable de
la rue de Solferino.
Et pourtant, qui a osé dire que Hollande devrait désormais s’appeler Allemagne ?
Un
dernier mot : Il ne s’est pas trouvé, un journaliste, un commentateur,
un responsable politique pour protester contre la sortie de nombreux
drapeaux turcs, marocains et algériens, à la Bastille.
Je le fais. En Français et en républicain.