TOUT EST DIT

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mardi 13 août 2013

Paris-Match : de la politique entre les orteils

L’hebdomadaire Paris-Match avait jadis pour slogan : “Le poids des mots, le choc des photos”. C’était réjouissant car cela ouvrait la porte à toutes les railleries imaginables autour de la prose pachydermique de certains articles et de l’aspect parfois racoleur des images publiées. Le nouveau slogan, lui, fait songer par sa niaise fadeur au titre d’un mauvais film de Claude Lelouch : “La vie est une histoire vraie”. On trouve de tout dans Paris-Match : des actrices sur le retour, des acteurs sur le départ, des faits divers abominables, de la romance à quatre sous, de l’actu showbiz à deux balles, une pincée d’art de vivre, une grosse dose de pub et de la politique. Même beaucoup de politique.Paris-Match a d’ailleurs été un des premiers magazines français à traiter la politique comme une actualité people à part entière. On a vu défiler Ségolène Royal à la maternité avec son bébé, Ségolène Royal sur un quai de gare avec son “compagnon”, Nicolas Sarkozy dans à peu près toutes les postures possibles (“À pied à cheval en voiture et en bateau à voiles” comme chantait Prévert), et tant d’autres…


Cette semaine, c’est un feu d’artifice. Au cœur de l’été, alors que les lecteurs se prélassent sur les plages océanes ou urbaines, ou bien pantouflent en congés payés, le magazine en papier glaçant propose non pas un, non pas deux, non pas trois, mais pas moins de quatre sujets politiques. Tout d’abord l’indispensable Anne Hidalgo, candidate socialiste à la mairie de Paris dont la dernière pitrerie en date est l’idée de créer un adjoint au maire en charge de la nuit, nous raconte son arrivée en France dans les années 60 puis sa naturalisation, photos noir et blanc à l’appui. La belle de Cadix omet de parler de son projet de rendre les voies sur berges aux « usagers » de la nuit. Dommage.
En page 22, Stéphane Le Foll – ministre de l’agriculture (le ministre le moins cité après Sylvia Pinel) – nous reçoit en sandales, son « golden retriever » au pied. Il se prétend dans les « starting-blocks ». En sandales. Passons.
Sous le titre « Le feu et la glace », Paris Match propose aussi un portrait de Marine Le Pen et de son compagnon de route Louis Aliot. Ils regardent dans la même direction depuis 2009. «  Fatiguée depuis qu’elle s’est fracturée le sacrum, lors du week-end de l’Ascension, en tombant dans une piscine vide, Marine Le Pen compte bien se reposer au mois d’août ». On imagine qu’elle va s’assoir…
À la Une du magazine, la « sirène » italienne Carla exhibe son sourire absolu. « Depuis juillet, les vacances avaient pourtant mal commencé avec le refus du Conseil constitutionnel de valider ses comptes de campagne. Il avait alors rompu avec ses vœux de discrétion, appelant ses sympathisants à l’aide. L’affluence des dons a transformé l’épreuve en démonstration de soutien. L’amour de Carla et les sourire d’une petite fille font le reste ». Et la France est fébrile… « L’ex première dame n’a pas pu résister à l’envie d’emmener son mari écouter Julien Clerc. (…) Lorsque Carla et son Raymond comme elle l’appelle dans une de ses chansons, sont arrivés au théâtre de verdure les applaudissements ont fusé ». Et puis soudain Paris Match s’emballe, et ose l’humour… « Depuis le temps, les apparitions de Nicolas Sarkozy sont, avec le Corso fleuri et la grande roue, l’attraction numéro un du Lavandou. »
Plus loin on voit l’ex-locataire de l’Élysée en train de se promener avec un exemplaire de L’Équipe. « Nicolas Sarkozy se promène en lisant L’Équipe, commande des pizzas et déguste ses beignets de courgette chez Ginette, soutien indéfectible »…
Nicolas Sarkozy c’est bien, mais Manuel Valls c’est mieux. On apprend – après une photo de bisou anthologique – qu’Anne Gravoin « refuse d’habiter Place Beauvau ». La concubine ajoute à l’oreille de son amant : « Tu me vois travailler mon violon sous les lambris ? » Le ministre de l’Intérieur est venu écouter sa femme en concert à Menton. L’hymne à l’amour des Beatles – All you need is love – l’aurait inspiré. On attend de voir.
Tout cela fleure bon 2017, et les élections présidentielles du même métal. Les newsmag sont en pilote automatique. Attention au crash.

La droite assume ses vacances

Tandis que le gouvernement redouble d'initiatives pour montrer qu'été ne signifie pas oisiveté, l'opposition se fait rare. Une mise en retrait volontaire ?

L'adage "pas de repos pour les braves" semble être le leitmotiv estival du gouvernement. François Hollande a multiplié les déplacements sur le thème de l'emploi - "le chômage ne prend pas de vacances", déclarait-il le 8 août à Marly-le-Roi -, Jean-Marc Ayrault s'apprête à faire de même et réfléchit déjà à "la France de 2025", Manuel Valls, ministre le plus actif de la saison, se veut sur tous les fronts sécuritaires (noyades et vols de bijoux y compris)... Bref, la gauche s'applique à respecter la consigne donnée tacitement par le président de la République : "Montrez-vous."
Et la droite ? La droite se repose. L'Opinion évoque ainsi, dans sa une de lundi, une opposition "aux abonnés absents" ayant abandonné le terrain médiatique estival. "Aucun des ténors de la droite n'aura voulu interrompre ses vacances pour réagir à l'omniprésence présidentielle", affirme le journal. 

Entre communication et action

Il est vrai que, depuis sa sortie sur les violences de Trappes et la micro polémique sur les conférences rémunérées, fin juillet, on n'entend plus parler de Jean-François Copé. Malgré les nombreuses occasions de réagir (déclarations hyper-optimistes sur la relance de l'économie française, affaire des délinquants relâchés à Dreux, débat sur le voile à l'université...), le président de l'UMP est resté silencieux. Le cafouillage juridique révélé par Le Canard Enchaîné et mettant en cause Dominique Perben, garde des Sceaux du temps de Jacques Chirac, comme responsable de la libération de détenus n'aura pas réussi à le faire sortir de sa réserve. Idem pour François Fillon, qui ne s'est plus exprimé publiquement depuis le 11 juillet (en réaction au "retour" de Nicolas Sarkozy), pas même pour commenter les "35 propositions" mises en ligne sur son site internet le 24 juillet. L'ancien Premier ministre n'a fait qu'une exception, pour le magazine... Sports Auto ! Dans un entretien de trois pages, il s'épanche sur sa passion pour l'automobile, "totalement incomprise" parmi les dirigeants politiques. Interview loisir donc.
"L'opposition reprend force et couleur", confie Brice Hortefeux au Point.fr. Et de rappeler qu'en 2010, alors au gouvernement, il n'était parti que cinq jours, week-end compris. "Jean-François Copé a décidé de prendre de longues vacances, notamment parce que, l'an dernier, il était resté en permanence sur le pont. Et François Fillon est toujours resté très discret." "Il y a un rythme de l'été, ce n'est pas quelque chose d'anormal", confirme de son côté Hervé Mariton. Soit, mais n'est-ce pas laisser le champ libre à une gauche plus zélée ? "Les Français savent faire la différence entre communication et action. La droite ne fait pas dans la méthode Coué et dans les déambulations stériles", rétorque le député de la Drôme, citant les propositions autour de la réforme des retraites qu'il a récemment présentées à la presse comme preuve de ce que l'UMP ne reste pas oisive pour autant. 

Préparer la rentrée

Seule personnalité majeure à avoir opposé une voix médiatique aux déclarations de Christiane Taubirasur "le laxisme de la droite", Brice Hortefeux dit comprendre la stratégie de communication d'un gouvernement qui "tente de faire oublier le côté catastrophique de 2012", où les vacances de François Hollande avaient été jugées trop longues par beaucoup de Français. "La gauche espère sans doute que la profusion d'images fera oublier le fond, juge l'ancien ministre de l'Intérieur. Cela fonctionne dans une certaine mesure puisque, par exemple, en multipliant les allées et venues, Manuel Valls parvient à se faire interroger sur tout sauf sur le très mauvais bilan de la délinquance. Mais ils en font un peu trop, cela finit par sonner artificiel. L'opposition est vigilante, mais pas frénétique."
Si absence de la droite il y a, elle est donc assumée. Chacun profite du calme estival pour se préparer aux combats à venir. L'accalmie sera d'ailleurs de courte durée puisque commence, dès le 18 août, la valse des rentrées politiques. Laurent Wauquiez sera le premier à se lancer sur la piste, depuis son fief du Puy-en-Velay. Jean-François Copé prendra ensuite le relai, le 25 août à Châteaurenard, suivi de François Fillon le 28 dans la Sarthe. Côté UDI, la date du 31 août est programmée, avec la venue de Jean-Louis Borloo à Angers. Enfin aura lieu, le 2 septembre, la rencontre militante des Amis de Sarkozy à Arcachon. "Que la gauche se réjouisse de notre absence tant qu'elle le peut, ça ne va pas durer, prévient Brice Hortefeux. Nous allons la retrouver épuisée à la rentrée, alors que nous serons en pleine forme."

Ils dénoncent "l'opération de communication" d'Ayrault


A droite comme à gauche, plusieurs responsables politiques ont vu dans la rentrée de Jean-Marc Ayrault une opération de communication "cynique" et "indécente".
En à peine 24 heures Jean-Marc Ayrault a reçu 250 enfants à Matignon et rendu visite aux ouvriers d'un chantier dans les Yvelines. Pendant les brèves vacances de François Hollande, le Premier ministre a pris le devant de la scène médiatique. Et provoqué par la même occasion une salve de critiques, de droite comme de gauche. Interrogé par RTL sur le lundi d'après congé estival du Premier ministre qui a reçu à Matignon 250 enfants défavorisés, le député UMP Eric Ciotti y a vu "de la com' poussée à l'extrême". "J'ai trouvé cette rentrée du Premier ministre quelque peu indécente", a ajouté le proche de François Fillon, en critiquant "une forme d'instrumentalisation des enfants".
Critiques acerbes également sur Twitter de Christian Estrosi et Nadine Morano.

A la gauche du PS, la rentrée du Premier ministre ne convainc pas non plus. La co-présidente du Parti de gauche, Martine Billard s'en est même amusée sur Twitter :

Dans un communiqué publié lundi, le Parti communiste français (PCF) a aussi dénoncé le "cynisme" dans "l'exercice de communication auquel se livre le gouvernement". "On ne peut effectivement pas servir d'une main une collation dans les jardins de Matignon à des gamins privés de vacances et de l'autre poursuivre une politique régressive de baisse des dépenses publiques utiles aux familles", écrit Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF. "Plutôt qu'une occupation médiatique frénétique" les Français attendent du pouvoir "une action courageuse, résolue et déterminée pour le changement, pour une amélioration rapide des conditions de vie", poursuit-il. 

Les engagement de François Hollande, épisode 1 - "Redresser la France"


Le projet de François Hollande se déclinait selon 4 axes : "redresser la France", "rétablir la justice", "redonner espoir aux nouvelles générations" et mettre en place "une république exemplaire et une France qui fasse entendre sa voix". Où en sommes-nous ? Sous le poids d'un État toujours plus obèse, la France semble plutôt s'écrouler que se redresser.

Certes, si on regarde de très près avec une grosse loupe, les courbes en progression régulière à la hausse (chômage, taux d'intérêt, déficit, dette) et à la baisse (croissance, popularité) marquent de petites inflexions passagères ; ça frémit. Pour autant, la France est bien loin de se redresser.
En dehors des quelques spasmes qui ponctuent son coma, l'activité économique en France est de plus en plus calme et les Français sont, eux, de plus en plus agités. Et pour cause : ils sont de plus en plus lucides, aussi bien sur l’État de la France – 84% d'entre eux ne croient pas à l'inversion de la courbe du chômage d'ici la fin de l'année – que sur ce dont elle a besoin : moins d’État.
Ces Français qui demandent une trêve, la même trêve que le FMI demande au gouvernement dans sa rage taxatoire, ne sont pas entendus. Sont entendus en revanche, et depuis des décennies, les Français qui demandent plus d’État ; soit pour partager la richesse des autres, soit pour maintenir leurs rentes sans être trop inquiétés par des concurrents meilleurs, plus efficaces ou moins chers. On retrouve ici les patrons de presseaccros aux subventions, les taxis qui mènent une opération escargot sur la croissance, et toute une foule d'intermittents de la contestation qui veulent bien laisser à l’État le contrôle de leurs activités pourvu qu'il leur laisse une confortable rente et des privilèges d'autant plus appréciables en ces temps difficiles.
En maintenant et renforçant les barrières à la croissance, le président ne risque pas de redresser la France. Même le redressement des finances publiques n'y est pas, alors que c'est un domaine sur lequel il pouvait clairement intervenir : le projet de campagne du président, dans lequel les plus téméraires se replongeront avec tendresse, prête encore plus à rire un an après qu'avant l'élection : contrôle des déficits, développement de l'économie numérique, production et emploi en France...
À rire jaune, certes. Toujours selon le programme, selon les "hypothèses de croissance de notre économie, à la fois prudentes et réalistes. La croissance, très dégradée par la politique menée ces dernières années, pourra atteindre de 2 à 2,5% en fin de mandat". Elle devrait atteindre 1,7% en 2013 si on en croit des prévisions "prudentes et réalistes" finalement revues à la baisse pour s'élever à un plus prudent 0% - sans doute pas encore réaliste.
La croissance à 0% pourrait encourager la lutte contre les matières grasses au sein des multiples échelons de l’État français ; il n'en est rien. La cure d'austérité jamais menée est déjà tenue pour responsable de l'échec français, alors que la France, croulant sous le poids d'un État obèse qui nourrit de gras politiciens, a toutes les peines du monde à se redresser.
La situation va empirer. Nous n'avons pas touché le fond et n'allons pas rebondir de sitôt. Nous sommes dans une bulle qui enfle, enfle, sans que la croissance ne reparte ; les réflexes du gouvernement dans une situation atone n'augurent rien de bon dans la situation, vraiment mauvaise, qui s'annonce.
La croissance au point mort ne permet pas à l’État de générer de recettes suffisantes pour faire face à des dépenses qui augmentent sous l'effet de la hausse continue de la masse salariale de l’État et du nombre croissant de bénéficiaires de l’État-providence. La réponse du gouvernement est de taxer plus lourdement le secteur privé, qui finance déjà tout ce beau monde, ce qui réduit mécaniquement la croissance.
Si, comme il l'a affirmé, François Hollande veut redresser la France, il ferait bien de changer de méthodes ; ce n'est pas en alourdissant le fardeau qui pèse sur les Français qu'ils renoueront avec la croissance et la prospérité.

Flanby s'accorde des vacances bien méritées après le forcing médiatique. "Coucou c'est moi à la télé que je vous montre que je ne vous oublie pas". Faut dire que c'est un vrai Hercule, pépère, avec ses douze travaux de destruction de la France, son économie, sa société. (Jeu de vacances : amusez-vous à retrouver les dits-douze travaux. Le gagnant  remporte un bob rose.)
Je ne sais pas si la rentrée sera chaude, comme le proclame rituellement nos syndicalistes d’État, parce que ce serait se tirer une balle dans le pied, mais les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît, comme disait Lino dans Les tontons flingueurs, dialogues d' Audiard. 




 Donc, espoir !

Initiative individuelle, prise de risque et responsabilité


Initiative individuelle, prise de risque et responsabilité : ces notions sont à l'opposé de ce qui, aujourd'hui, détruit la France : le collectif, la société sans risques et l'irresponsabilité.

Chaque premier week-end de juillet, le Cercle Frédéric Bastiat organise des conférences à Dax avec le concours de l'Aleps, de Contribuables associés, de Liberté chérie, de l'Institut Coppet et de l'iFRAP. Cette année, le thème était "Initiative individuelle, prise de risque et responsabilité". Ces notions sont à l'opposé de ce qui, aujourd'hui, détruit la France : le collectif, la société sans risques et l'irresponsabilité.

Damien Theillier
Liberté, responsabilité et prise de risque

En guise d'introduction, le Cercle Frédéric Bastiat a fait appel à un philosophe, Damien Theillier, qui préside aux destinées de l'Institut Coppet.Et c'est en philosophe que l'orateur a défini liberté, responsabilité et prise de risque et les relations qui existent entre elles.
Qu'est-ce que la responsabilité ?
"Être responsable c'est étymologiquement répondre de ses actes et de leurs conséquences." Suivant que les conséquences sont bonnes ou mauvaises, le responsable encourt éloge ou blâme, sanctions morales ou juridiques qu'il se doit d'anticiper. Il doit donc être lucide et vigilant et s'assurer individuellement pour en supporter éventuellement les coûts.
Dans son Éloge de la liberté (1958) Isaïah Berlin distinguait deux conceptions de la liberté, la liberté négative et la liberté positive. La liberté négative est la conception libérale de la liberté. Elle se résume à une seule question : "Quel est le champ à l'intérieur duquel un sujet devrait pouvoir faire et être ce qu'il veut, sans l'ingérence d'autrui ?" La liberté positive est la conception romantique de la liberté. Elle "découle du désir d'un individu d'être son propre maître". L'individu désire agir avec sa propre raison, s'affranchir de ses pulsions irrationnelles. La liberté négative est celle de LockeBenthamMill en Angleterre, de MontesquieuConstantTocqueville en France, deJefferson et Paine en Amérique. La liberté positive est celle de RousseauMably, Herder, FichteHegelMarx, et des socialistes français tels que Fourrier ou Jaurès.
La liberté négative est celle énoncée par l'article 4 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 : "La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui." La liberté n'est donc pas absolue et la première contrainte, c'est autrui. Si l'on admet qu'un individu est propriétaire de lui-même et n'est pas esclave d'autrui, il faut admettre qu'il est également propriétaire des fruits de son activité. Dans la tradition libérale, c'est donc le droit de propriété qui délimite la liberté. Il se fonde sur le travail et l'innovation. Liberté et droit de propriété sont indissociables.
La liberté étant délimitée, toute responsabilité ne peut qu'être limitée et ne peut donc pas être collective. Il en résulte que la responsabilité ne peut être bien définie que si les droits de propriété le sont. À partir de la liberté, de la propriété et de la responsabilité peut émerger l'ordre social, et l'autorité peut se contenter d'être juste, chacun s'occupant de son propre bonheur. Benjamin Constant disait que "les fonctions du gouvernement sont purement négatives" :  "Il doit réprimer les désordres, écarter les obstacles, empêcher en un mot que le mal n'ait lieu. On peut ensuite se fier aux individus pour trouver le bien."
Pour Karl Marx, la liberté négative n'est qu'une liberté formelle. Elle favorise l'antagonisme entre les hommes et le triomphe de l'individualisme. Pour Keynes, il n'y a pas d'harmonies économiques, pas de lois naturelles, pas d'ordre spontané. Pour l'un comme pour l'autre, il faut donc une organisation politique qui régule les intérêts particuliers pour les orienter vers l'intérêt général.
Cette autre conception de la liberté, la liberté positive, revient à dire que je ne suis libre que si j'ai un minimum de biens garantis. Il faut que je sois libéré des besoins, de ce qui m'aliène, des déterminismes, de tout ce qui diminue ma capacité à agir. Les libertés positives sont ainsi par exemple le droit au logement, à la santé ou au crédit... Dans cette conception de la liberté, la solidarité se substitue à la responsabilité individuelle. Les maux économiques et sociaux résultent des dysfonctionnements de la société. L'action publique doit donc la transformer pour y remédier. L'assurance est transférée à l’État : maladie, chômage, retraite... L'environnement économique et social est imparfait : celui qui se retrouve au chômage n'est pas responsable, c'est une victime. En résumé la main visible de l'autorité est plus efficace et plus juste que la main invisible du marché. Autrement dit les décideurs publics – ceux que Frédéric Bastiat appelle les publicistes – sont plus éclairés que nous. Le problème est qu'ils ne supportent pas les conséquences de leur choix.
La thèse de Frédéric Bastiat, dans Les harmonies économiques, est que la responsabilité individuelle permet seule par un processus de découverte, de progresser et de réduire les maux sociaux. C'est pourquoi on peut dire qu'elle est la grande éducatrice des peuples. Car, en supportant les conséquences, bonnes ou mauvaises, de ses décisions, l'homme tend à s'améliorer et à tirer les leçons de ses expériences.
Le monde social n'est pas parfait et ne le sera jamais, mais il est perfectible. La responsabilité, par la sanction naturelle, est le ressort du progrès social. La souffrance qu'engendre le mal fait comprendre ce qu'est le mal et remet celui qui le commet dans le droit chemin. Connaître le mal fait progresser vers le bien. Le libre arbitre est éclairé par la responsabilité. L'initiative et la prise de risque développent en chacun l'autodiscipline et la vertu de prévoyance.
Il y a une incontestable solidarité naturelle entre les hommes. Mais ils ont tendance à faire en sorte que les conséquences utiles de leurs actes leur reviennent et que les conséquences nuisibles retombent sur autrui. Aussi la réprobation sociale peut-elle avoir un effet correcteur de cette tendance. C'est ce que Bastiat appelle la loi de solidarité qui est une force de résistance de la masse aux actes qui lui nuisent. Le danger est cependant de faire de cette réprobation un instrument pour multiplier les interdits législatifs et amoindrir, voire détruire, la responsabilité.
Comment renforcer la responsabilité ? En dehors de la liberté, il y a deux moyens :
1) La morale religieuse et philosophique qui agit par purification et correction de l'action humaine. Elle s'adresse au cœur. C'est la plus noble.
2) La morale économique qui agit de façon indirecte en faisant connaître à l'homme les effets de ses actes. C'est la plus difficile d'accès.
Comme disait Jean-Baptiste Say, pour faire cesser le désordre introduit par l'hypocrisie dans une famille honorable, il faut "corriger Tartuffe ou déniaiser Orgon" : il y aurait moins de Tartuffe s'il y avait moins d'Orgon pour les écouter. C'est dans cet esprit que, grâce à la science économique, il faut dénoncer les sophismes économiques afin de dépouiller la classe spoliatrice de sa justification et de son pouvoir.
La morale, la religion, la science économique sont les auxiliatrices de la liberté et de la responsabilité, qui est le remède à l'imperfection humaine :
La responsabilité, mais c'est tout pour l'homme : c'est son Moteur, son professeur, son rémunérateur et son vengeur. Sans Elle, l'homme n'a plus de libre arbitre, il n'est plus perfectible, il n'est plus un être moral, il n'apprend rien, il n'est rien. Il tombe dans l'inertie et ne compte plus que comme une unité dans un troupeau." (Frédéric Bastiat, Harmonies économiques, "Services privés, services publics").

Henri Lepage
La propriété privée
Sous l'angle de l'économiste, Henri Lepage, ancien président de l'Institut Turgot aborde la complexité du concept de propriété privée. Tout part du monde de rareté dans lequel l'homme vivait et qui générait des conflits. La solution pour résoudre ce problème de rareté a été de créer les droits de propriété.
De quoi s'agit-il ? Il s'agit de régler les rapports des hommes entre eux quant à l'usage des choses et de répondre à la question de qui décide de cet usage. Il existe une infinité de systèmes juridiques qui règlent ces rapports. Le système juridique de la propriété privée est un système où les droits sont personnels et individuels. Ces droits sont exclusifs, transférables et en conséquence négociables. Mais il existe d'autres formes de propriété. L’État est le véritable propriétaire, alors les droits sont collectifs. Au Moyen-Age, le propriétaire des terres est le seigneur et les paysans les cultivent. Jusqu'au XIXe siècle les prés peuvent être communaux. Il y a encore comme autre système juridique l'autogestion.
Quoi qu'il en soit, la propriété privée s'identifie à l'Occident. Les droits subjectifs qui sont relatifs aux individus se distinguent des droits positifs qui le sont à l’État. Ce système de propriété y est devenu dominant. Il s'y est étendu et approfondi.
Les droits de propriété peuvent en effet se subdiviser en une infinité de droits élémentaires. Un terrain, par exemple, peut être loué sous forme de fermage moyennant le paiement d'un loyer ou sous forme de métayage moyennant une partie du fruit de la récolte. Mais il est également possible de céder la perception des loyers, c'est-à-dire une partie de la propriété. À propos de la propriété privée, Henri Lepage parle donc d'un "panier de droits" qu'il est possible de segmenter et de tronçonner à l'infini. C'est une innovation propre à la société occidentale. Et il y a un lien entre ce processus de marchandisation et le développement économique. La révolution industrielle est en effet liée à cette innovation juridique. Auparavant la justice s'occupait d'équité, elle s'occupe désormais de faire appliquer les contrats.
Dans le système de propriété privée, les droits de propriété sont exclusifs. L'avantage de l'exclusivité est qu'on gère bien sa propriété. Les droits sont transférables. L'avantage de la transférabilité est qu'elle permet de magnifier l'exclusivité, en agitant la carotte du profit et le bâton de la concurrence. Les droits sont négociables. L'avantage de la liberté des contrats est de démultiplier les droits. Henri Lepage donne l'exemple de la pêche et de la rareté de ses produits. Quand les zones de pêche sont mises en commun, l'épuisement s'ensuit. Une manière de l'empêcher est de créer des quotas et de les rendre négociables comme cela s'est fait en Islande. Il est évidemment possible de passer au mécanisme du marché pour différents autres usages.
Les droits de propriété permettent en conséquence de liquéfier le capital et, maintenant, grâce à Internet, de le segmenter à l'infini ou presque.


Jacques de Guenin
Les risques encourus par l'entreprise
Jacques de Guenin, fondateur du Cercle Frédéric Bastiat, parle des risques encourus par l'entreprise et des menaces qui pèsent sur elle.
Il y a trois sortes de risques : l'insuffisance ou le changement de nature de la demande des biens produits par l'entreprise ; les risques matériels ; les risques dus à l'intervention de l’État dans la vie économique. Par exemple, HP et Dell ont souffert de la concurrence japonaise. Par exemple, la catastrophe d'Icmesa à Seveso (1976) et l'explosion à l'usine d'AZF à Toulouse (2001), les naufrages de l'Exxon Valdez (1989) ou du Concordia (2012) sont des risques matériels. Les risques dus à l'intervention de l’État se traduisent par un accroissement des charges fiscales et des prélèvements sur les salaires, mais aussi, en France, par un harcèlement administratif (10 000 pages de réglementation), par un Code du Travail toujours plus gros (2700 pages en 1990, 3200 pages plus serrées en 2008). Dans l'édition du 1er juin 2013 de The Economist on peut lire que c'est la bureaucratie et non pas la gravité qui empêchent les entreprises de s'envoler...
Malgré tous ces risques, toutes ces difficultés qui les attendent, des personnes tentent de créer des entreprises. Car l'esprit d'entreprise, même s'il est rare, reste chevillé au corps et sauve l'humanité. Ces entrepreneurs ont des responsabilités à l'égard des actionnaires (qui peuvent être des caisses de pension, des personnes qui y mettent de l'argent pour leurs vieux jours, des institutions financières etc.), des prêteurs, du personnel, des fournisseurs (qui peuvent subir les défauts de paiement de leurs clients).
Contrairement aux idées reçues, l'objectif numéro un des entreprises n'est pas le profit immédiat, mais leur survie à long terme. Jacques de Guenin peut en témoigner en tant qu'ancien cadre dirigeant d'Exxon et de PSA. Alors que les politiques ne voient pas au-delà de la durée de leur mandat...
Quelles sont les armes pour se prémunir contre le risque ? La prévision, la prévention et l'adaptation. A contrario, la précaution n'est pas une arme contre le risque, mais un refus du risque. Il en est ainsi des OGM (dont on ne connaît aucune conséquence néfaste depuis 12 ans et qui ont été autorisés dans 20 pays) et des gaz de schiste.
Il faut essayer de prévoir et si un risque se produit l'analyser pour qu'il ne se reproduise pas. L'entreprise se doit d'engendrer plus de richesses qu'elle n'en consomme. Elle doit s'adapter ou mourir. Jacques de Guenin donne l'exemple de l'entreprise Radiall, fondée par Yvon Gattaz et son frère Lucien en 1952. Cette entreprise spécialisée dans les connecteurs coaxiaux pour la télévision et les radars, a commencé à connaître des difficultés en 1989, qui se sont aggravées en 1992, avec la réduction des budgets militaires. L'actuel dirigeant est Pierre Gattaz, qui vient d'être élu président du MEDEF. Ingénieur Télécom et titulaire d'un Certificate in Administrative Managementde l'Université George Washington, il travaille tout d'abord chez Dassault pendant cinq ans puis dans deux autres entreprises. Il rejoint l'entreprise familiale en 1992 et en devient le président deux ans plus tard. Pierre Gattaz repositionne l'entreprise dans les domaines de l'électronique professionnelle, du médical, du spatial et de l'aéronautique (Airbus, Eurocopter etc.). Après 3 ans de recherche et développement, Radiall met au point un connecteur rectangulaire qui est adopté par Boeing pour son 787, après 3 ans de qualification (il y en a 3 500 par appareil ...). En 2012 Radiall a retrouvé son chiffre d'affaires de l'année 2000 : l'entreprise s'est adaptée, envers et contre tout.
Tout en effet s'oppose en France au développement d'une entreprise : l'enseignement, l’État, les syndicats. Plus particulièrement, l’État freine les initiatives individuelles, accroît les risques, cultive l'irresponsabilité et freine l'adaptation. Il n'y a au fond rien d'étonnant à cela :
  • la quasi totalité des politiques n'ont jamais mis les pieds dans une entreprise ;
  • la culture économique est nulle ou biaisée : lutte des classes ou Keynes (ce dernier disait qu'il fallait dépenser pendant la crise et économiser pendant la prospérité, mais quand l'Etat commence à dépenser, il ne sait pas s'arrêter) ;
  • tout emploi créé par l’État engendre la destruction de 1,1 emploi ailleurs dans l'économie ;
  • on ignore qu'une personne ne sera embauchée que si son coût marginal (salaires + charges) est inférieur au revenu marginal qu'elle apporte à l'entreprise (en régime de plein emploi la négociation entre employeur et salarié est favorable à ce dernier).
Il ne faut pas oublier que les employeurs doivent faire des efforts pour être meilleurs et que les moins bons d'entre eux sont obligés de s'améliorer. C'est un cercle vertueux. Comme le montre l'Indice de Liberté Économique de l'Heritage Foundation, publié chaque année, les performances des entreprises sont d'autant plus élevées qu'elles se trouvent dans un pays à l'indice de liberté économique élevé. Selon cet indice, en 2013, la Suisse est au 5e rang mondial et au 1er rang européen, tandis que la France se situe au 62e rang mondial...


Jean-Philippe Delsol
Les impôts tuent l'initiative individuelle
Jean-Philippe Delsol, avocat, contributeur de l'IREF, à la création duquel il a participé, expose comment les prélèvements obligatoires tuent l'initiative individuelle et la croissance.
C'est Angela Merkel qui a mis en lumière les disproportions intenables qui caractérisent l'Europe et expliquent son déclin. Dans le monde, l'Europe représente 7% de la population, 17% de la production et... 50% des dépenses sociales. Sans parler du taux spoliateur de 75%, la France détient le record avec 57% de dépenses publiques en 2013. Alors que le taux de l'impôt sur les sociétés baisse en Slovénie, au Royaume-Uni, il augmente au Portugal et en France. En Irlande il est de 12,5% et représente 2,8% du PIB, en France il est supérieur à 34% et représente 2,9% du PIB... En France le poids des charges sociales est égal à 70 ou 80% du salaire net, alors qu'il est de l'ordre de 20% en Suisse, au Luxembourg ou au Royaume-Uni. Le coût horaire moyen du travail est de 34€ en France, de 30€ en Allemagne, de 26€ en Italie et de 20€ au Royaume-Uni. Le taux de marge brut des entreprises est en moyenne de 28% en France et de 40% en Allemagne...
À cela s'ajoute que la loi change sans cesse en France et que le poids élevé des prélèvements obligatoires est imprévisible. Les droits de cession d'actions, par exemple, ont varié entre 2011 et 2012. Les plus-values mobilières devaient être exonérées au bout de la période 2006/2011, mais une loi a supprimé l'exonération avant l'échéance des 6 ans. Les plus-values immobilières ont été successivement exonérées au bout de 15 ans, puis de 30 ans sous Nicolas Sarkozy, et devraient l'être au bout de 22 ans sous François Hollande...
En Allemagne 1/3 ne paient pas d'impôts sur le revenu et 1/4 des 2/3 restants ne paient que 7% du total. En France 50% ne paient pas d'impôts sur le revenu et 10% seulement paient 74% du total.
Officiellement les emplois publics représentent 23% de l'emploi total en France. En réalité c'est beaucoup plus. En effet il y a 5,2 millions de personnes qui travaillent dans le secteur public, 2 millions dans le secteur parapublic. Comme 60% des recettes des associations proviennent de subventions, en réalité, sur le 1,8 million d'employés des associations il faut compter 1,08 million d'emplois payés par l’État. Les bénéficiaires de contrats aidés sont au nombre de 0,5 million, les apprentis de 0,2 million, les contrats de génération de 0,05 million, les agriculteurs de 1 million, les chômeurs de 3,22 millions et les bénéficiaires du RSA "socle" de 1,3 million. Au total cela représente 14,55 millions de personnes sur une population active de 28 millions de personnes, sans compter les entreprises concessionnaires et les chômeurs de catégories B et C (environ 1,2 million). C'est pourquoi, en France, le public devient la norme des coûts et du niveau des rémunérations... et que l'esprit du public l'emporte.
Il y a toutefois des différences entre le public et le privé. Dans le public l'horaire hebdomadaire moyen est de 35 heures, dans le privé de 39,6 heures. L'absentéisme dans le public s'élève en moyenne à 23 jours par an et à 9 jours par an dans le privé. L'âge moyen de départ à la retraite est de 58 ans dans le public, de 62 ans dans le privé. Se vérifie ce que disait déjà Frédéric Bastiat il y a un siècle et demi : "L’État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde."
Pendant un an, en 1987, en Islande, à la faveur de la transition entre l'impôt déclaratif et l'impôt à la source, aucun impôt sur le revenu n'a été prélevé. La même année la croissance est passée de 3,29% du PIB à 8,55%... Plus on taxe, moins l'argent rentre dans les caisses. Un ministre du roi Henri IV, Barthélémy de Laffemas, l'avait déjà constaté : "Les hauts taux tuent les totaux." Ce qu'Arthur Laffer a illustré par sa célèbre courbe... Il ne faut pas chercher plus loin les 14 milliards d'euros qui manquent au budget de la France (TVA -4,5 ; IS -2 ; IR -1 ; droits de mutation - 2 ; recettes sociales -3 etc.). Cela prouve, s'il en était besoin, que plus de dépenses publiques se traduit par moins de croissance : "À force de taper sur la bête, elle ne bouge plus..." Grosso modo 10% d'augmentation des dépenses publiques se traduisent par une baisse de 1% de la  croissance. L'exemple de la Suède est éclairant. Sur la période 1984-1993, les dépenses publiques ont augmenté de 13% et la croissance n'a été que de 1%. Sur la période de 1995-2010 les dépenses publiques ont baissé de 19,58% et la croissance a été de 3%.
En France l'IR paie tout juste les intérêts de la dette ! En France toujours, les dépenses en faveur de l'emploi s'élèvent à 1,1% du PIB et ailleurs à moins de 0,3%. Le taux d'emploi est de 63,8% en France et supérieur à 70% ailleurs.
Tous ces chiffres et ces exemples montrent qu'en France le citoyen est déresponsabilisé par l'intrusion publique dans toutes les relations sociales et les rapports économiques. Ils montrent également la multiplication d'emplois qui ne répondent pas à la logique économique mais à des sujétions politiques et parfois syndicales. L'Etat réprime, nivelle, se substitue aux personnes. Alors que les entrepreneurs privés font des erreurs et les corrigent, l’État pérennise les siennes. Il est en conséquence impératif que les dépenses publiques baissent pour libérer l'économie. La seule solution, pour que l'austérité soit positive, est d'amaigrir l’État, de réduire la dette et le déficit.
Après sa nomination par le roi Louis XVI, dans une lettre adressée à ce dernier le 24 août 1774, Anne Jacques Robert Turgot résumait son programme en trois points : "Point de banqueroute; point d'augmentation d'impôts, point d'emprunts." Ce programme devrait être celui de tout gouvernement.
(À suivre)

Les acteurs de l'avenir

Les acteurs de l'avenir


Après les Journées Mondiales de la Jeunesse de Rio de Janeiro, c'est au tour de l'Onu de réfléchir à l'avenir du monde avec des jeunes des différents continents. « La génération la plus nombreuse que le monde ait jamais connue », suivant l'expression du secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-Moon, a un rôle important à jouer. Il faut dire qu'elle n'a pas attendu.


Dans de nombreux pays, les jeunes générations sont à l'oeuvre dans des mouvements pour transformer la société : dans les révolutions arabes, par exemple ; mais aussi au Brésil, dans la révolte contre la corruption, ou encore en Espagne, où elle a manifesté son indignation. Cependant, une partie importante de la jeunesse du monde ploie sous le poids des esclavages modernes : la faim ; le travail forcé ou abusif favorisé par le manque d'éducation et l'extrême pauvreté ; la guerre et le terrorisme où des jeunes sont enrôlés de force ou abusés car on paye leur famille en échange de leur vie, eux croyant ainsi soulager leur misère ; le mirage du monde riche, qui conduit tant de jeunes à mourir sur les routes de l'exil...

Dans l'hémisphère nord, la situation est certes moins dramatique. Mais les jeunes ont, dans certains pays comme la France, du mal à trouver du travail et donc à prendre leur envol dans la vie. Cette situation, qui dure depuis beaucoup d'années, s'est accompagnée en parallèle d'une évolution étonnante : plus il était difficile pour les jeunes de trouver du travail, plus la société a développé la « culture des loisirs ». Comme s'il s'agissait, pour contenir l'énergie de la jeunesse, de la faire vivre dans un éternel présent de fête, signe d'une vie sans entrave et du bonheur absolu ! Mais les jeunes ne sont pas dupes et luttent, au bout du compte, contre ce sentiment de vide qui gagne bien des coeurs. Cette énergie que les institutionnels croyaient avoir endormie à coup d'artifices se réveille.

En invitant les jeunes à devenir les acteurs clés d'un monde plus juste et plus fraternel, le pape François montre qu'il a parfaitement compris la situation. Et que rien ne l'empêchera de porter son regard vers l'avenir, de redonner confiance et espoir aux jeunes du monde : oui, ils portent cet avenir, ils ont les talents pour le faire advenir, ils ne sont pas seuls... C'est l'occasion de s'interroger dans notre pays : n'y a-t-il pas mieux à faire que d'infantiliser la jeunesse, en tentant de l'enfermer - à grand renfort de communications en tous genres - dans la « culture » du vide et de l'immédiateté ?

« Lueur d'espérance ? »

« Lueur d'espérance ? »


« Il se passe quelque chose », a déclaré le président de la République lors de son voyage à La Roche-sur-Yon. Comme un petit vent de reprise. Certes, le signal est faible, + 0,2 % de croissance, mais il est positif.
Est-ce suffisant pour créer l'optimisme chez les Français dont on connait la forte tendance à voir le négatif dans les événements qui les concernent ?
« La reprise est là », avait déjà annoncé le Président lors de sa dernière prestation télévisée. On ne la voit pas encore, mais les entreprises ont fini par liquider leurs stocks, par conséquent, elles vont se remettre à produire pour satisfaire la demande, même si celle-ci est encore faible. Et puis la balance du commerce extérieur est moins négative. C'est un bon point, même si cette amélioration est due moins aux exportations qu'au ralentissement de nos importations...
Malheureusement, le chômage continue à augmenter et peu nombreux sont ceux qui pensent, comme le Président, que la courbe de ce fléau va s'inverser dès cette année. Les emplois aidés y contribueront, c'est déjà un petit pas, mais bien insuffisant pour assurer un réel changement.
La réalité qui s'impose à tous et qu'il convient de considérer en priorité pour sortir de la crise est la compétitivité des entreprises. Faciliter celle-ci doit être la priorité absolue de tous. Les acteurs économiques font tout ce qu'ils peuvent à tous les niveaux dans ce sens, mais ils doivent inscrire leurs efforts dans les règles et les normes existantes et celles-là dépendent principalement du gouvernement.
Conflits sociaux destructeurs
On comprend les difficultés qu'il rencontre car il doit à la fois faire face à une dette écrasante et à des réformes de structures qui vont souvent directement à l'encontre des désirs, des habitudes, des intérêts privés de nombreuses catégories de Français.
Ces réformes - le marché du travail, la fiscalité, la protection sociale, la formation, le fonctionnement de l'État et des collectivités locales - sont pourtant indispensables. Même si elles sont demandées tour à tour par le président de la Cour des comptes et par le Fonds monétaire international (FMI), elles suscitent des réactions négatives.
Déjà pour la rentrée, on nous annonce des blocages sociaux à propos de la réforme des retraites. Il faudra pourtant parvenir à une véritable réforme pour assurer l'avenir et sans ponctionner à nouveau les entreprises si on veut qu'elles retrouvent ou améliorent leur compétitivité. Les imposer de nouveau ferait revenir le pessimisme et paralyserait d'autant les embauches.
Quant aux conflits sociaux, ils feraient douter tout le monde de la réussite de la politique actuelle. Faute de confiance, l'économie replongerait dans le marasme. Il serait totalement irresponsable d'ajouter une crise sociale à la crise économique bien loin encore d'être résolue. Ce serait le meilleur moyen d'éteindre les petites lueurs d'espérance et d'enfoncer davantage notre pays.

UNE LUEUR ? TOUT ÇA, C'EST DE LA BLAGUE ! 
COMME AURAIT DIT MON DÉFUN PÈRE.