TOUT EST DIT

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dimanche 5 février 2012

Hongrie, anatomie de la méthode Orban

Budapest, envoyé spécial - Comment ne pas éprouver une impression de déjà-vu ? A vingt ans d'intervalle, deux hommes, dans le même lieu, tiennent un même discours. Mais, aujourd'hui, tout les sépare. Benedek Javor est l'un des meneurs de la contestation contre Viktor Orban. Pourtant, ce biologiste de 39 ans, qui en paraît dix de moins, fait immédiatement penser à celui dont il dénonce la conduite.

Tout comme Orban il y a une vingtaine d'années, Benedek Javor incarne une certaine fraîcheur et un renouveau. Son parti écologiste, le LMP ("Il est possible de faire la politique autrement"), a fait son entrée au Parlement lors des dernières législatives, en avril 2010, avec 7,48 % des voix. Tout comme la Fidesz (Fédération des jeunes démocrates) de Viktor Orban au moment des premières élections démocratiques en mai 1990, la formation de Benedek Javor exprime une soif de changement.
Hier comme aujourd'hui, l'apparence des deux hommes tranche avec le décor poussiéreux de la "Maison Blanche", surnom perfidement attribué par les Magyars au gros bloc de béton, posé sur les bords du Danube, qui abritait naguère le Comité central du Parti communiste, reconverti en siège des députés de cette jeune démocratie.
Affalé sur le canapé fatigué de son bureau, au premier étage de la "Maison Blanche", Benedek Javor - jean froissé et veste flottante sur un tee-shirt - joue sur son image décontractée pour mieux faire passer son message. "La vie politique dans ce pays est devenue une guerre civile froide, où l'objectif n'est pas de remporter les élections mais de détruire l'adversaire. Depuis vingt ans, l'élite hongroise n'a pas réussi à enraciner une culture démocratique", se désole-t-il.
La tonalité du propos diffère à peine de la manière dont s'exprimait jadis Viktor Orban dans ce même bâtiment, les mains calées derrière la nuque et les pieds négligemment posés sur son bureau. Il définissait alors la Fidesz comme un parti "libéral, radical et alternatif".
Viktor Orban, jeune avocat de 26 ans au moment du changement de régime, cultivait, lui aussi, l'impertinence, l'humour et un franc-parler rafraîchissant après des décennies de charabia communiste. L'image de la Fidesz était alors à son zénith, portée par une dream team de trois garçons d'une vingtaine d'années, dont les visages recouvraient les murs du pays : Viktor Orban, le bateleur de province au verbe tranchant, l'étudiant Tamas Deutsch, le beau gosse qui faisait chavirer les coeurs des midinettes, et l'avocat Gabor Fodor, l'intellectuel policé qui charmait l'élite urbaine. Avec son groupe parlementaire de 22 députés, le plus jeune du monde après les élections de 1990, où la Fidesz a recueilli 8,95 % des voix, ce trio battait tous les records de popularité.
Comme tant d'autres, Benedek Javor a été séduit par Viktor Orban et a même voté à plusieurs reprises pour la Fidesz. A l'époque, Orban symbolisait le nouvel élan de la Hongrie : une relève énergique et joyeuse, un pays ouvert et confiant. Aujourd'hui, aux yeux de ses détracteurs, il représente tout le contraire : un pays crispé et replié sur lui-même, un dirigeant dogmatique et intolérant.
Etrange évolution pour cette figure du combat contre la dictature, maintenant traitée de "Viktator" par ses adversaires. Comment la Hongrie, le pays dont l'avenir paraissait le plus prometteur au moment de l'effondrement de l'ancien bloc soviétique, est-il devenu le mouton noir de l'Europe ? Jamais la Hongrie n'a été aussi vilipendée et isolée depuis la fin du communisme.
Viktor Orban est le miroir de cette évolution. Il a incarné toutes les phases de la démocratie hongroise depuis plus de vingt ans. Orban est d'ailleurs une exception en Europe centrale : il est le seul responsable politique à avoir survécu aux tumultes qui ont balayé, partout ailleurs, les dirigeants de la transition. Son parti, la Fidesz, est l'unique rescapé de l'opposition magyare. Seul Viktor Orban a survécu à l'épreuve des urnes depuis deux décennies. Une endurance qui en dit long sur son enracinement.
Dès le début, la Hongrie se distingue. Les premières élections de 1990 sont déjà un affrontement entre les différentes familles de l'opposition alors que, chez ses voisins, de larges coalitions (Solidarité en Pologne, le Forum civique en Tchécoslovaquie) se présentent face à l'ancien régime. D'entrée de jeu, le combat politique se déroule entre les nouvelles forces démocratiques magyares. Elles ne tarderont pas à diverger. Au terme du mandat du premier gouvernement (1990-1994), dirigé par le chrétien-démocrate Jozsef Antall, la Hongrie innove à nouveau.
Les dissidents de la première heure font le pari du "compromis historique" et entrent en coalition avec leurs ennemis de jadis, les communistes, hâtivement reconvertis en socialistes, revenus au pouvoir en 1994. L'Europe applaudit et respire : l'alternance est réussie, le pays évite de sombrer dans le chaos qui règne à ses frontières, dans l'ex-Yougoslavie et l'ex-URSS. Pour stabiliser les nouvelles démocraties d'Europe centrale, Bruxelles engage les négociations sur l'élargissement.
Cette première étape sera un tournant pour Viktor Orban. Elle marque la rupture avec ses compagnons de l'opposition. Ils ont choisi l'alliance avec les héritiers de l'ancien régime, lui misera sur le rassemblement de la droite, fondé sur un réflexe souverainiste et anticommuniste. Sa stratégie est payante : la Fidesz abandonne ses accents libertaires des débuts et devient une sorte d'UMP magyare, fédérant tous les courants hostiles à la gauche postcommuniste.

Usant avec gourmandise de ce nouveau droit de sortir les sortants, les Hongrois portent au pouvoir la Fidesz en 1998. A 34 ans, Viktor Orban est l'un des plus jeunes premiers ministres d'Europe. Un vent de renouveau souffle alors sur le pays. Après une décennie d'austérité, une nouvelle génération arrive aux commandes et la Hongrie se remet à rêver. Orban est la coqueluche des dirigeants européens, qui voient en lui une relève. Le président Chirac l'adopte rapidement. Comble du bonheur pour Orban, un mordu de football, Chirac l'invite à ses côtés, au Stade de France, pour assister à la victoire des Bleus face au Brésil lors de la finale du Mondial en 1998.
Une fois au pouvoir, Viktor Orban s'attelle à deux grandes priorités : le développement de la classe moyenne et la réhabilitation nationale. Son gouvernement multiplie les crédits pour favoriser l'accès à la propriété, aux prêts étudiants et pour aider les PME, dans un pays où la modernisation économique a largement été menée par des multinationales. L'accent est aussi mis sur l'histoire nationale. Une thématique incontournable dans des Etats privés de leur souveraineté pendant plus de quarante ans. On oublie trop rapidement que les pays d'Europe centrale ont été colonisés jusqu'au début des années 1990. En Hongrie, comme chez ses voisins soviétisés, la seconde guerre mondiale ne s'est vraiment achevée qu'en 1991, avec le départ de l'Armée rouge de son territoire. Les blessures de l'Histoire y sont plus prégnantes qu'ailleurs en Europe.
Malgré l'effondrement du marché russe, en 1998, et l'éclatement de la bulle Internet, en 2001, la Hongrie se redresse, intègre l'OTAN en 1999 et commence à dompter ses finances publiques ; l'inflation baisse et l'endettement, qui était l'un des plus élevés au monde par habitant à la fin du communisme, recule, pour atteindre 52 % du produit intérieur brut (PIB). Fort de ce bilan, Viktor Orban est donné gagnant aux élections de 2002. Il sera battu de quelques milliers de voix.
Jusqu'à son retour au pouvoir, en avril 2010, le pays sera à nouveau gouverné par une coalition d'anciens communistes et de dissidents libéraux. Le Viktor Orban d'aujourd'hui, tant décrié en Europe, ne s'explique qu'à la lumière de ces huit dernières années. Des années de déclin, marquées par un laxisme budgétaire, des affaires de corruption en cascade et un discrédit massif de l'élite au pouvoir.
Le premier ministre socialiste, Peter Medgyessy, membre du dernier gouvernement communiste à la fin des années 1980, est obligé de jeter l'éponge, en 2004, après des révélations sur sa collaboration avec les services secrets de l'ancien régime. Son successeur, Ferenc Gyurcsany, ex-dirigeant des Jeunesses communistes, devenu millionnaire, provoque lui aussi un tollé national lorsque ses propos, enregistrés à son insu, sont rendus publics. Il reconnaît avoir "menti le matin, menti l'après-midi et encore menti le soir" sur l'état du pays, aux Européens et à ses compatriotes, pendant plusieurs années, pour assurer sa réélection en 2006.
Face à ces mensonges, le sang des Hongrois n'a fait qu'un tour. En septembre 2006, des manifestations de colère éclatent dans tout le pays. Le mouvement s'apparente à une insurrection de la classe moyenne contre le clientélisme éhonté et le retour en force des "anciens camarades" qui peuplent tous les échelons de l'Etat. Le point d'orgue est atteint le 23 octobre, date anniversaire du soulèvement de 1956 contre l'occupation soviétique, lorsque les manifestations sont réprimées avec une violence inédite depuis la fin du communisme. Pis : les responsables de la répression sont couverts et même décorés. Après tant d'excès, les anciens dissidents, totalement discrédités, finissent par quitter le gouvernement.
Mais le mal est fait. Il est aggravé par la crise économique mondiale de 2008 qui frappe la Hongrie, alors que ses comptes publics sont en piteux état. Le pays plonge dans la récession (- 6,5 % en 2009), le FMI est appelé à la rescousse et la population subit, à nouveau, une sévère cure d'austérité. Le désenchantement est général, la gauche postcommuniste laisse un pays à genoux et l'extrême droite fleurit sur ce terreau de frustration. "Seuls 15 % des Hongrois se disent aujourd'hui satisfaits de leur vie", note avec inquiétude le politologue Andras Lanczi, proche du gouvernement. "Orban, dit-il, veut modifier l'atmosphère de ce pays."
C'est dans ce contexte morose que Viktor Orban revient au pouvoir. La Fidesz est plébiscitée (52,73 % des voix, deux tiers des sièges). Pour la première fois depuis 1990, un parti est en mesure de gouverner tout seul. Le diagnostic posé par Orban est limpide : la Hongrie est épuisée, le pays est las d'une transition qui n'en finit plus, l'ancienne élite a failli, il faut jeter les bases d'une nouvelle architecture constitutionnelle pour remettre la nation sur les rails. Il est grand temps d'atteindre, enfin, le rêve de 1990 : rattraper le niveau de vie de l'Autriche, alors que les Hongrois ont l'impression que leur destin s'apparente de plus en plus à celui d'un pays balkanique. Après vingt ans de changements, la Hongrie se retrouve avec "une démocratie boiteuse, une économie défaillante et une société désintégrée", constate le sociologue Elemer Hankiss, un des acteurs de la transition à la fin des années 1980.
Une fois de plus, Orban se présente comme l'homme du renouveau. Mais la donne a changé : il dispose des pleins pouvoirs, l'opposition est laminée, son seul adversaire est l'extrême droite (Jobbik), qui a raflé 16,67 % des voix aux élections de 2010.
Viktor Orban pose sans doute le bon diagnostic : le pays a soif d'un nouveau départ après des années de dérives. En revanche, sa méthode est inquiétante. Depuis son retour au pouvoir, le pays connaît des chamboulements sans précédent. En dix-huit mois, plus de 300 lois ont été adoptées, soit près d'une par jour ouvrable, dans un Parlement entièrement soumis à l'exécutif. Ces bouleversements tous azimuts génèrent de l'anxiété et le pays est plus divisé que jamais. "La vie politique se réduit à une guerre de religion", se lamente Benedek Javor.
Toutes les grandes institutions sont réformées à la hâte (justice, médias publics, banque centrale, etc.). Prises une à une, les mesures adoptées ne sont pas forcément critiquables. Mais leur passage en force et leur adoption en masse "vont dans la même direction, celle d'une forte concentration du pouvoir", regrette Peter Akos Bod, ancien ministre dans le premier gouvernement démocratique de droite. Et ce dans un pays où, après quarante ans de communisme, les habitants se méfient instinctivement de l'Etat, jugé ni impartial ni efficace. Le résultat de cette frénésie législative, constate Elemer Hankiss, est clair : "Un népotisme remplace l'autre."
La Hongrie n'est pas pour autant devenue une dictature. Même les adversaires de Viktor Orban le reconnaissent. A commencer par le journaliste Attila Mong, pourtant l'une des premières victimes des purges à la radio publique. "Qualifier Orban de fasciste, d'antisémite ou de nazi est une absurdité, dit-il. La diversité d'opinions continue de s'exprimer dans les médias, les partis politiques existent et les élections sont libres. En revanche, la mainmise clientéliste sur les institutions censées agir comme des contre-pouvoirs fragilise la vitalité du débat démocratique."
Un signe ne trompe pas : dans ce climat d'incertitude, les Magyars doutent de leur avenir et se mettent à transférer leur épargne à l'étranger. A commencer par les classes moyennes, qui se ruent sur les banques en Autriche. Elles ont toutes ouvert des agences à la frontière hongroise. L'afflux est tel qu'il faut désormais patienter deux semaines pour ouvrir un compte...
Le principal atout de Viktor Orban réside dans le fait qu'il représente, pour le moment, l'unique rempart face à l'extrême droite, l'opposition de gauche ayant été totalement disqualifiée. Mais sa méthode, au lieu de soigner les divisions du pays, ne fait que les exacerber. La Hongrie a besoin de renouveau, c'est indéniable. Mais elle a aussi besoin d'être apaisée et rassurée. Viktor Orban a démontré qu'il est un redoutable bateleur. Saura-t-il aussi être un guérisseur ?
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 "Nous devons renforcer le dialogue avec l'opposition"

Un des principaux débiteurs de l'Etat grec serait un berger de 65 ans

Une des mécanismes mis en place par le gouvernement grec pour récupérer l'argent que lui doivent certains citoyens a été de publier, au mois de janvier, une liste nominative de plus de 4 000 personnes. Réunies, ces personnes devraient à l'Etat près de 30 milliards d'euros. 

photo: Bernard Legros
Depuis la publication de cette liste, la plupart de personnes arrêtées pour ce motif ont été libérées sous caution ou condamnées à de faibles peines. Près de 500 font encore l'objet d'un mandat d'arrêt.
Le journal grec Ethnos a annoncé, dimanche 5 février, avoir retrouvé l'un des principaux débiteurs de l'Etat grec, un homme qui devrait à lui seul, selon les calculs du ministère des finances, pas moins de 10,8 millions d'euros.
Il s'agit de Stelios Parasyris, un berger crétois de 65 ans, qui possède une cinquantaine de moutons et, assure-t-il, pas beaucoup d'argent.
L'Etat grec affirme que Parasyris a frauduleusement empoché 30 millions de drachmes, soit près de 88 000 euros, en 1995. La somme qu'il doit est obtenue en y ajoutant les amendes, pénalités et autres intérêts. Le berger assure avoir déjà remboursé l'équivalent de trois fois ce qu'il avait détourné. "Si tous les gens sur la liste sont aussi pauvres que moi, je ne vois guère d'avenir pour ce pays", a-t-il déclaré au quotidien.

Le printemps reviendra, forcément 

Parmi ceux qui n'applaudissaient pas au Printemps arabe, les plus cyniques cachent mal aujourd'hui une certaine jubilation. Ils nous l'avaient bien dit que les islamistes étaient en embuscade ! En Tunisie, en Égypte, les religieux ont remporté les premières élections démocratiques ; en Libye, la loi coranique est de retour. Avec les précédents, on était en terrain connu, et même conquis pour certains. Avec leurs successeurs, on n'est plus sûr de rien. Or c'est un point commun aux Bourses et à la diplomatie que de ne pas aimer les surprises. Le monde est plus dangereux depuis ce Printemps arabe qu'il ne l'était avant. Les sceptiques devant ces révolutions et les ennemis de ces prises de pouvoir « intempestives » nous avaient donc prévenus. En quelque sorte, nous n'avons, et ces peuples arabes en premier lieu, que ce que nous méritons. Ces observateurs « lucides » sont persuadés d'incarner le versant réaliste de la diplomatie, qui s'opposerait à une interprétation romantique et sentimentale de la marche du monde. Soutenir les peuples, c'était prendre le risque de faire arriver au pouvoir des régimes pires encore que les autocraties précédentes, c'était ouvrir la boîte de Pandore dans une région que regarde le monde entier. Difficile de nier qu'un renversement simultané de la plus grande partie des régimes proche-orientaux présentait une part de risques, pour les peuples eux-mêmes et pour l'équilibre du monde. Mais est-il bien « réaliste » de dire à ces peuples que, s'ils souffrent d'un régime autoritaire, injuste et corrompu, c'est pour leur bien et pour celui de l'humanité ? En réalité, c'est la notion de démocratie et d'universalité de ses valeurs qui sont remises en cause par certains de ceux qui ne croyaient pas vraiment au Printemps arabe. Selon eux, le suffrage populaire ne pouvait déboucher que sur un vote favorable aux islamistes. Pour eux, l'arrivée des islamistes, modérés ou pas, est incompatible avec la démocratie. Quand les peuples votent, ils se trompent peut-être, mais ils sont souverains. Personne ne peut gommer leur décision et leur demander de revoir leur copie. Ils empruntent leur propre voie. Est-on d'ailleurs si sûr qu'elle soit différente de la nôtre ? On se souvient qu'il fallut un siècle et demi pour asseoir vraiment la République en France. Les Syriens, qui se battent depuis presque un an contre un régime sanguinaire, ne pensent pas à l'équilibre du monde, pas plus qu'ils ne font de la philosophie politique ils veulent être libres dans une société plus juste. S'ils sont prêts à mourir pour ça, comme le firent tant de peuples avant eux, c'est sans doute la preuve que cette aspiration-là est irrésistible et universelle. Elle s'imposera donc, même aux sceptiques. Quand les peuples votent, ils se trompent peut-être, mais ils sont souverains. Personne ne peut gommer leur décision et leur demander de revoir leur copie.

Un défaut de la Grèce n'est pas à exclure, selon Jean-Claude Juncker

On ne peut exclure que la Grèce fasse défaut sur sa dette souveraine, déclare Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, dans l'édition à paraître du magazine allemand Der Spiegel.tabler sur la solidarité des autres membres de la zone euro si elle n'applique pas les réformes qui ont été négociées dans le cadre du plan de sauvetage du pays. "Si nous devions établir que tout s'est mal passé en Grèce, il n'y aurait pas de nouveau programme [d'aide] et cela signifierait qu'ils devraient se déclarer en banqueroute en mars", dit le président du groupe des ministères des finances des pays de la zone euro. La Grèce, poursuit-il, ne peut pas

Cette possibilité très réelle de défaut, ajoute-t-il, doit encourager Athènes à "muscler" la mise en oeuvre des réformes. Les négociations entre le gouvernement grec et ses bailleurs de fonds internationaux sur le versement d'un deuxième plan d'aide de 130 milliards d'euros, crucial pour éviter qu'Athènes se retrouve en cessation de paiement à la fin du mois de mars, se sont poursuivies samedi sans permettre de sortir de l'impasse.
Les discussions avec la troïka (Fonds monétaire international, Union européenne et Banque centrale européenne) devraient reprendre ce dimanche matin. Dans ses déclarations au Spiegel, Jean-Claude Juncker cite le programme de privatisations et la lutte contre la corruption rampante dans la fonction publique grecque comme deux domaines qui nécessitent une attention particulière.
La gigantesque double négociation en cours entre le gouvernement grec et ses créanciers doit se conclure d'ici dimanche soir pour que la Grèce évite un défaut de paiement en mars, a prévenu samedi le ministre grec des finances, selon lequel les discussions sont "sur le fil du rasoir". "Le moment est très critique. Tout doit être conclu d'ici demain soir (...) afin de respecter le calendrier, étant donné l'arrivée à échéance des obligations du mois de mars", a déclaré samedi le ministre Evangélos Vénizélos, à l'issue d'une téléconférence avec ses pairs de la zone euro qu'il a qualifiée de "très difficile".

Claude Guéant et les civilisations : La polémique de trop ?

Claude Guéant a considéré samedi que « toutes les civilisations ne se valent pas ». Ce n'est pas la première fois que le ministre de l'Intérieur est au cœur d'une polémique déclenchée par ses propos. 

Le ministre de l'Intérieur est devenu un symbole, celui d'une frange dure de la droite, Depuis sa nomination place Beauvau en février 2011, Claude Guéant a, il est vrai, multiplié les phrases-chocs, déclenchant les polémiques avec la régularité d'un métronome.
Cela n'avait pas tardé. Le 15 mars, un peu plus de deux semaines après sa nomination en lieu et place de Brice Hortefeux, Claude Guéant avait détonné. Interrogé par Le Monde, le tout nouveau ministre de l'Intérieur avait affirmé que « les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux, ou bien ils ont le sentiment de voir des pratiques qui s'imposent à eux et qui ne correspondent pas aux règles de notre vie sociale ».
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Quelques jours plus tard, il évoquait le début de l'intervention en Libye sous le terme bourré de sous-entendus de « croisade ». « Le monde entier s'apprêtait à contempler à la télévision des massacres commis par le colonel Kadhafi, heureusement, le président a pris la tête de la croisade pour mobiliser le Conseil de sécurité des Nations unies et puis la Ligue arabe et l'Union africaine », avait déclaré Claude Guéant lors du Talk Orange-Le Figaro.

Roms

Fin mai, le locataire de la place Beauvau avait été au cœur d'une grande polémique. En cause, cette fois, une circulaire, signée de sa main, et qui réduit l'accession au statut de salariés les diplômés étrangers.
À la fin de l'été, le ministre de l'Intérieur visait explicitement les Roms. « La délinquance impliquant des ressortissants roumains – organisée en réseaux très perfectionnés avec à leur tête des chefs mafieux (…) s'est largement accentuée ces dernières semaines, à Paris et en Ile-de-France, et dans une moindre mesure à Marseille et à Lyon », avait expliqué Claude Guéant.

Délinquance étrangère

Enfin, le 17 janvier, lors de la présentation des chiffres sur la délinquance, le ministre de l'Intérieur avait une nouvelle fois fustigé la délinquance étrangère. Selon lui, la hausse du nombre de cambriolages de résidences principales et secondaires résulte d'un « phénomène nouveau qu'il est très difficile de combattre », à savoir « les raids menés par des personnes originaires d'Europe centrale et orientale », « des gens qui passent d'un pays à l'autre très rapidement ».
Dernière polémique, donc, avec les mots du ministre de l'Intérieur qui a considéré samedi que « toutes les civilisations ne se valent pas ». Comme à chaque fois, les réactions aux propos de Claude Guéant ont été nombreuses. En témoigne ces mots de Harlem Désir, publiés sur son compte Twitter. Pour le numéro 2 du Parti socialiste, les mots de Guéant illustrent « la provocation pitoyable d'un ministre réduit à rabatteur de voix FN. Une majorité en perdition électorale et morale ».

Intégration : les Européens ont tout faux

Alors qu'en France, François Hollande a relancé le début sur la laïcité en proposant d'inscrire la loi de 1905 ("celle qui sépare les Eglises et l'Etat") dans la Constitution, outre-Atlantique, l'échec des politiques européennes en matière d'intégration est pointé du doigt.
Dans un article récemment paru dans le New York Times, Jonathan Laurence, professeur associé en sciences politiques au Boston College et auteur de "The Emancipation of Europe's Muslims :
The State's Role in Minority Integration" [L'émancipation des musulmans d'Europe : le rôle de l'Etat dans l'intégration des minorités], réagissait notamment aux violences qui ont suivi la mort à Clermont Ferrand de Wissam El-Yamni. Ce routier de 30 ans, arrêté par des policiers la nuit de la Saint Sylvestre, est mort d'un malaise cardiaque pendant le trajet qui le menait au commissariat. 
Pour Jonathan Laurence, l'indignation suscitée par cette mort, souligne l'hostilité des jeunes d'une minorité envers les autorités d'une société qui ne sait pas les intégrer. L'universitaire écrit :
"L'échec de l'intégration musulmane en Europe est souvent attribuée – plus particulièrement par les partis d'extrême droite – à un excès de tolérance envers l'immigration musulmane à grande échelle qui débuta au milieu des années 1970. Selon leur argument, en satisfaisant aux besoins de la religion musulmane, des pays comme la France, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas ont involontairement freiné l'assimilation et ont même, dans certains cas, nourri le radicalisme. Mais le malaise dans les banlieues européennes ne provient cependant pas de la différence religieuse, mais de l'anomie.
Les Européens ne devraient pas avoir peur de permettre aux étudiants musulmans de suivre des cours sur l'Islam dans des écoles et des universités publiques. Reconnaître et accepter les pratiques de la religion musulmane, de la façon de s'habiller à l'éducation en passant par la langue, ne revient pas à céder au fondamentalisme. Au contraire, ce n'est qu'en renforçant les droits démocratiques des citoyens musulmans à former des associations, à se joindre aux partis politiques, et à s'engager dans d'autres aspects de la vie civique que l'Europe pourra intégrer ses immigrés et donner tout son sens à la promesse abstraite de liberté religieuse.
La montée de partis d'extrême-droite anti-immigration, ont conduit plusieurs pays européens à imposer des restrictions au code vestimentaire musulman, à la construction des mosquées et au regroupement familial par des lois d'immigration. Ces politiques sont contreproductives. Paradoxalement, les personnes pour qui la religion n'est en principe pas primordiale deviennent encore plus attachées au code vestimentaire de leur religion, aux symboles et aux traditions lorsqu'elles sentent qu'elles sont pointées du doigt et que les droits fondamentaux leur sont refusés."
Pendant trop longtemps, poursuit le professeur, les Européens : 
Ont caché l'absence de politique cohérente d'intégration sous le couvert du 'multiculturalisme'. L'Etat a délégué le difficile travail de l'intégration aux diplomates étrangers et aux institutions musulmanes – par exemple, certains étudiants en Allemagne lisent des livres fournis par l'Arabie saoudite dans des institutions financées par ce pays.
Pour Jonathan Laurence, l'exclusion institutionnelle a nourri une exigence de reconnaissance religieuse, et a beaucoup contribué à unir et à isoler les musulmans. Elle a laissé le champ libre aux organisations radicales qui sont devenues les défenseurs les plus visibles de la foi.
L'auteur qui rappelle que d'ici 20 ans, la population musulmane d'Europe devrait représenter 7 à 8% des Européens, conclut :
"Accorder aux musulmans la totale liberté religieuse ne lèvera pas les obstacles à leur participation politique et à la création d'emplois. Mais cela permettra au moins de limiter les tensions qui se portent sur la pratique de leur religion. On éviterait ainsi les rivalités sectaires inutiles et ouvrirait la voie aux hommes politiques pour s'atteler aux défis les plus fastidieux et urgents de l'intégration socioéconomique. "

Peuple de gauche : déjeuner 4 étoiles pour Hollande et BHL

François Hollande et Bernard Henri-Lévy se sont retrouvés cette semaine pour un déjeuner en tête à tête au très bling-bling Restaurant Laurent. L’occasion sans doute d’évoquer ce brave « peuple de gauche » autour de l’une des tables les plus chères de Paris, et qui sait peut-être « ré-enchanter le rêve français » autour de la célèbre « salade de mâche » du chefpour la modique somme de 140 euros.
François Hollande l’assure : il « n’aime pas les riches ». Pas de quoi l’empêcher d’organiser ses mondanités avec le prince de l’intelligentsia bobo parisienne dans l’un des restaurants les plus chics… et les plus chers de la capitale. Si la rencontre devait permettre au candidat socialiste de reconquérir le coeur d’un BHL emballé par la fougue guerrière de Nicolas Sarkozy, elle aura surtout mis en évidence la déconnexion de François Hollande avec le quotidien des Français.

Car quelle cohérence peut-on trouver à un politicien qui prononce le dimanche un discours enflammé contre « l’empire de la finance » et une société pervertie par l’argent-roi… et qui déjeune le mardi dans un quatre étoiles parisien (aux prix ridiculement élevés) avec l’un des « intellectuels » les plus emblématiques de la pensée unique germanopratine ?
A lire le menu du restaurant Laurent, le peuple de gauche doit quelque peu tirer la langue en voyant les agapes de son représentant. La salade de mâche à 140 euros ne constitue en effet qu’une entrée. François Hollande et BHL ont ensuite pu déguster un petit carré d’agneau pour 92 euros avant de terminer sur une note sucrée avec un ananas rôti pour la bagatelle de 30 euros. Espérons qu’ils n’aient pas pris de vin…
On ne sait pas si le philosophe des beaux quartiers soutiendra finalement la candidature de François Hollande, mais une chose est certaine : le déjeuner aura été agréable et passé entre personnes de bonnes familles. Reste à savoir si ce sont les contribuables corréziens ou les militants socialistes qui ont réglé l’addition !
GAUCHE, OUI, MAIS CAVIAR

« David Sex King » : le porno sur l’affaire DSK

Après le scandale du Sofitel. Après l’affaire Tristane Banon. Après les amitiés torrides du Carlton de Lille avec Dodo la Saumure… La vie sexuelle de Dominique Strauss-Kahn va être portée à l’écran dans le film porno David Sex King (ou DXK), l’histoire du « patron d’une grande institution financière qui ne résiste pas aux charmes de la femme de chambre ».
David Sex King (ou DSK pour les intimes) sera joué par l’acteur pornographique italien Roberto Malone, tandis que le rôle de Nafissatou Diallo sera tenu par Katya dé Lys. Petite nuance tout de même avec la réalité, la soubrette de la production X est totalement consentante et ne cherche dans le film qu’à soutirer de l’argent (et à prendre du plaisir) avec l’étalon italien.
Et Anne Sinclair dans tout ça ? La version hard de l’ancienne journaliste n’est pas en reste dans cette superproduction érotique (200.000 euros de budget) puisqu’elle rejoint volontiers son mari pour des ébats sans fin et se prend même d’affection pour le garde du corps de DSK… Une Anne Sinclair dont le rôle sera repris par Sandra Romain (spécialiste française du gang-bang).
Ce n’est pas la première fois que l’industrie du X reprend un fait divers ou une histoire vraie pour alimenter ses productions. Récemment, le groupe Hustler avait réinventé la vie sexuelle de Sarah Palin ou les déboires maritaux de Tiger Woods.

Sarkozy à égalité avec Hollande si Marine Le Pen est absente au 1er tour

François Hollande et Nicolas Sarkozy feraient jeu égal avec chacun 33 % des intentions de vote au cas où Marine Le Pen ne serait pas présente faute d'avoir les parrainages pour se présenter, selon un sondage IFOP pour le Journal du Dimanche, le 5 février. François Bayrou serait troisième avec 17 % des voix. Cette enquête propose aux personnes interrogées une "offre électorale resserrée" qui retient, explique l'institut, "les seuls candidats avérés et potentiels ayant exprimé leur confiance quant à l'obtention des 500 parrainages nécessaires pour se présenter ou pour lesquels cette formalité administrative ne devrait en toute logique pas poser de problème particulier". Marine Le Pen, créditée de 16 à 20 % des intentions de vote, affirme être en retard dans la collecte des parrainages nécessaires à la validation de sa candidature et dit n'avoir que 350 des 500 signatures requises.

Ce sondage exclut la présidente du Front national qui est créditée dans les différents sondages d'environ 20 % des intentions de vote, ainsi qu'Hervé Morin (Nouveau centre), Christine Boutin (PDC), Dominique de Villepin (RS), Corinne Lepage (Cap21) et Frédéric Nihous (CPNT) qui sont crédités de 1 % ou moins.
Nicolas Sarkozy recueillerait ainsi 33 % des intentions de vote si le premier tour avait lieu dimanche prochain, comme François Hollande. Dans le sondage IFOP en continu pour Paris-Match du 3 février (avec l'offre électorale complète), le chef de l'Etat était crédité de 24,5 % des intentions de vote et son rival socialiste de 29,5 %. François Bayrou (MoDem) arriverait lui en troisième position avec 17 % (12,5 %, le 3 février).
Loin derrière, Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) avec 9 % (8 %) prendrait la quatrième place. Eva Joly (EELV) avec 3 % (2,5 %) ferait jeu égal avec Nicolas Dupont-Aignan (DLR, 1 %). Nathalie Arthaud (LO) recueillerait 1 % (0,5 %) des intentions de vote, comme Philippe Poutou (NPA, 0,5 %).
SARKOZY BATTU SI MARINE LE PEN NE PEUT SE PRÉSENTER
Jean-Marie Le Pen estime dans le JDD que Nicolas Sarkozy serait battu à l'élection présidentielle si sa fille Marine, candidate du Front national, ne peut se présenter à l'élection faute de parrainages.
"Je pense que si ma fille ne peut pas être candidate, ce sont plus de 20 % des électeurs qui ne pourront s'exprimer. Ce serait la fin de M. Sarkozy. Il serait battu. Les électeurs du Front national ulcérés ne le lui pardonneraient pas et ils ne seront pas les seul", dit Jean-Marie Le Pen dans cet entretien. "Je comprends que le candidat Sarkozy soit tiraillé. Il doit se dire, si Le Pen est dans la course, elle peut être devant moi, et si elle n'y est pas, ses électeurs me le feront payer. Pourtant, il faut revenir à l'esprit de la loi, qui n'avait pour but que d'écarter les candidatures farfelues", ajoute le fondateur du FN, arrivé au second tour à l'élection présidentielle de 2002.
Dans un communiqué, Louis Aliot, vice-président du Front national, estime que "ce sondage confirme les rumeurs et documents qui révèlent les calculs politiciens visant à museler la démocratie et à empêcher toute opposition au système". "Après les prises de position scandaleuses de Martine Aubry et François Fillon considérant qu'il n'y a aucun problème avec le système des 'présentations', il semble que le système tente d'imposer l'idée que l'absence de Marine Le Pen ne serait pas un problème", ajoute-t-il.