jeudi 18 octobre 2012
Futur Président sortant
Merkel veut un droit de veto de l'UE sur les budgets nationaux
Pour la chancelière allemande, cette prérogative devrait être confiée, à Bruxelles, au commissaire aux Affaires économiques.
Dans un discours au Bundestag, la chambre des députés allemande, elle a aussi écarté la possibilité de mettre rapidement en place une union bancaire. Angela Merkel s'est ouvertement positionnée contre le président François Hollande et d'autres dirigeants européens qui sont réticents à céder à l'Europe un droit de regard sur leur politique budgétaire et veulent voir la Banque centrale européenne devenir d'ici la fin de l'année le superviseur bancaire.
«Nous avons fait beaucoup de progrès dans le renforcement de la discipline budgétaire grâce au pacte budgétaire, mais nous pensons - nous, c'est-à-dire l'ensemble du gouvernement allemand - qu'il faudrait aller plus loin en conférant à l'Europe de réels droits d'intervention dans les budgets nationaux», a déclaré Angela Merkel.
Dans cette optique, elle a jugé envisageable la proposition du ministre des Finances Wolfgang Schäuble de créer un poste de commissaire aux Affaires monétaires disposant de vastes pouvoirs sur les budgets nationaux.
Cette idée a également reçu le soutien dans la matinée du ministre français du Budget, à condition, a précisé Jérôme Cahuzac, qu'il ne s'agisse pas d'un transfert de souveraineté.
Un satisfecit à la Grèce
Concernant le projet de supervision bancaire, Angela Merkel a de nouveau estimé qu'il n'était pas souhaitable de précipiter les décisions et qu'il était donc préférable de ne pas forcément s'en tenir à l'objectif de mise en œuvre prévue pour janvier 2013. Elle a rappelé qu'il ne serait pas possible de refinancer directement les banques via le Mécanisme européen de stabilité (MES), le fonds de secours permanent de la zone euro, tant que la nouvelle instance de supervision ne sera pas totalement opérationnelle. «Que ce soit clair, l'élaboration du cadre légal de la supervision bancaire n'est pas suffisante en soi, a-t-elle affirmé. Cette supervision bancaire doit être effectivement en mesure d'agir».Évoquant l'Espagne, Angela Merkel a estimé qu'il appartenait uniquement au gouvernement espagnol de décider de l'opportunité d'une aide supplémentaire au-delà des 100 milliards d'euros offerts par ses partenaires européens pour recapitaliser les banques locales. «Il revient à l'Espagne seule de décider si elle a besoin d'une aide du MES, et de combien, en plus (de l'aide aux banques)», a-t-elle dit. La chancelière a également réaffirmé vouloir voir la Grèce demeurer au sein de la zone euro. «De nombreux pays ont mis en œuvre des réformes et des programmes d'ajustement difficiles pour résoudre leurs problèmes spécifiques (...). C'est également vrai pour la Grèce. J'ai pu le constater moi-même en Grèce lors de ma visite la semaine dernière», a-t-elle ajouté.
Se prononçant par ailleurs en faveur d'un renforcement du Parlement européen, Angela Merkel a défendu la création d'un fonds européen pour investir dans des projets spécifiques au sein de la zone euro, qui pourrait être financé par une taxe sur les transactions financières.
De Berlin à Athènes, comment les Européens jugent Hollande ?
C’est aujourd’hui que le président retrouve ses 26
partenaires européens à Bruxelles. Son style est plus apprécié que celui
de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, mais sa vision de l’Europe fait
elle des sceptiques.
Les 27 partenaires de l’UE sont réunis à Bruxelles aujourd’hui et
demain avec en ligne de mire un renforcement de l’Europe monétaire.
François Hollande apparaît comme proche et moins expéditif avec les pays
du Sud que Sarkozy, mais sa relation avec l’Allemagne, partenaire
historique de la France, laisse à désirer selon les experts.
« La notion de couple avec l’Allemagne est dépassée. Nous n’utiliserons plus ce terme. Mieux vaut parler de… partenariat » estime un conseiller de la République. « Le temps où l’Allemagne et la France se mettaient d’accord avant un sommet pour imposer leur solution aux autres est révolu », assure-t-on, dans le même esprit, à l’Élysée. Le pari tenté par le président Hollande est en effet risqué. L’ancien
patron du Parti socialiste préfère une Europe avec un plus grand nombre
de pays intégrés au processus de décision, ce qui ne va pas sans
remettre en cause le leadership jusque là incontesté d’Angela Merkel.
« Tous les présidents français ont voulu faire les malins au
début de leur mandat avant de revenir à la raison : l’Europe a besoin du
moteur franco-allemand pour avancer. Vu de Berlin, il y a une très
grande inquiétude sur ce qui se passe en France. On considère que c’est
le flou total » avance Jean-Dominique Giuliani, président de la fondation Robert Schuman. Quant à Peter Heusch de la Sudwest Presse, il juge que Hollande doit reprendre la main : « Merkel ne veut pas exercer seule le leadership politique de l’Union, ce qui est pourtant en train de se passer. Cela l’expose davantage. Elle n’est pas à l’aise. Elle voudrait que la France se ressaisisse« .
Une vision qui tranche avec celle des pays du Sud, que les mauvaises langues appellent avec mépris « Club Med ».
Portugal, Italie, Grèce ou Espagne jugent, autant dans la politique du
président que dans son style, d’une bien meilleure façon le locataire de
l’Elysée. Ses efforts pour négocier un volet croissance en complément
du traité européen, conjugué à ses prises de distance avec Merkel et son
dogme de la rigueur ont été appréciés, surtout au début de son mandat.
La cote du président est visible à Athènes. Gerassismos Georgatos,
membre de l’un des partis de coalition au pouvoir, affirme que « toutes ses déclarations sont positives en ce qui concerne la Grèce et l’eurozone »
et que sa position favorable à l’eurobond (comprendre un moyen
d’aboutir à une mutualisation de la dette) est reçue de façon optimiste
par les helléniques. L’italien Alberto Mattioli , journaliste à La Stampa, compare Hollande à son prédécesseur : « L’Italie est désormais mieux considérée. Berlusconi avait vécu plusieurs épisodes humiliants. A la fin, on a frôlé la crise diplomatique avec l’affaire des immigrés tunisiens et libyens qui transitaient par notre pays ».
Le même Albeto Mattioli conclut de façon modérée : « La France
emprunte a des taux très bas parce que son économie est liée à celle de
l’Allemagne. Paris ne peut pas durablement l’oublier. En Italie, on considère que la France défend les pays du Sud, mais que sa politique, fondamentalement, ne peut pas changer« . Même au niveau européen, François Hollande reste ainsi fidèle à son idéologie de l’entre-deux.
Budget : le gouvernement dans l'improvisation permanente
À l'origine, le ministre délégué au Budget était contre la redevance TV pour les résidences secondaires, estimant que c'était à France Télévisions de faire des économies. Mais sa collègue de la Culture, Aurélie Filippetti, comme les députés socialistes, y était très favorable. Cahuzac a donc dû défendre la mesure dimanche soir sur BFMTV, mais le lendemain soir, à Matignon, il a été désavoué par le premier ministre qui s'est opposé à cette nouvelle taxe.
Mercredi matin, le rapporteur général du budget a évoqué la «piste» d'une reconduction de l'impôt sur les grandes sociétés, pour compenser le manque à gagner sur les concessions, devenues inévitables après la levée de boucliers des «pigeons», sur la taxation des plus-values de cessions. «Il va falloir trouver de l'argent pour remplacer ce qui était prévu comme une recette», a insisté le député de Meurthe-et-Moselle sur LCI. Le président de la commission des finances, l'UMP Gilles Carrez, approuve la reconduction de l'impôt sur les grosses sociétés, qui avait été décidé sous le précédent quinquennat. Mais, pour lui, la taxation des plus-values de cessions est «une usine à gaz, car le gouvernement va devoir différencier des catégories d'entreprises, et des catégories de cessions». «Le gouvernement va réécrire entièrement l'article 6. Et on pourrait le sous-amender sur certains points», reconnaît Eckert. L'opposition demandera, jeudi, une suspension de séance pour permettre à la commission des finances d'examiner le fameux amendement… «Des “pigeons” reçus à Bercy sont dans l'inconnu le plus complet», témoigne Jérôme Chartier, spécialiste budgétaire de l'UMP, qui affirme que ce projet de loi de finances «n'a pour la première fois aucune colonne vertébrale».
«Rétropédalages»
Un pas en avant, deux pas en arrière. «Je constate à la fois l'improvisation et l'inconséquence des mesures annoncées, qui convergent toutes vers une avalanche de prélèvements fiscaux et sociaux», dénonce Bernard Accoyer (UMP), l'ancien président de l'Assemblée nationale. Le spécialiste budgétaire du groupe UDI, le centriste Charles de Courson, ne mâche pas non plus ses mots: «La majorité va exploser en vol. Ses choix vont conduire à des gouffres de révolte dans la population. On voit aussi que le rapporteur du budget en a assez de ne pas être tenu au courant des derniers arbitrages.» Parmi les «rétropédalages», Courson cite l'abattement de 8 points sur les charges sociales pesant sur les particuliers qui emploient des personnes à domicile, décidé mercredi par deux commissions de l'Assemblée (finances et affaires sociales).Certaines niches fiscales sont montrées du doigt à droite, notamment la Sofica, destinée au financement du cinéma français. «On ne gouverne pas un pays en privilégiant telle ou telle catégorie. La cible du cinéma est éminemment politique», dénonce Étienne Blanc (UMP, Ain), qui considère que le gouvernement «adapte la cure d'amaigrissement de l'État en fonction de ses intérêts électoraux».
Pour ne pas mécontenter les députés PS qui ont envie d'en découdre sur la loi de finances, Pierre-Alain Muet, vice-président de la commission des finances, a trouvé un «système intermédiaire» entre le refus d'un amendement et son acceptation. «Quand je sentirai qu'il n'y a pas de consensus au sein du groupe, je laisserai les députés s'exprimer en séance pour donner de la souplesse aux débats.» Une cinquantaine d'amendements, qui n'ont aucune chance d'être adoptés, seront ainsi défendus, pour faire plaisir aux intéressés. Ce qu'on appelle de la thérapie de groupe!
Sapin annonce 40.000 emplois aidés supplémentaires en 2012
Le ministre du Travail a annoncé une rallonge de
40.000 emplois aidés pour 2012, après l'effort de 80.000 contrats
subventionnés de plus décidé en juin.
Le ministre du Travail, Michel Sapin, a annoncé jeudi sur France
inter une rallonge de 40.000 emplois aidés pour 2012, après l'effort de
80.000 contrats subventionnés de plus décidé en juin. "En plus des 80.000 emplois aidés
que j'avais autorisés juste avant l'été, il va y en avoir 40.000
supplémentaires en cette fin d'année", "40.000 de plus à partir
d'aujourd'hui", a dit le ministre.
Le précédent gouvernement
avait financé 390.000 emplois pour 2012 (dont 340.000 pour le secteur
non marchand) mais une grande partie du budget avait été consommé avant
la présidentielle, conformément aux directives passées par le
prédécesseur de M. Sapin. "Ils ont été utilisés de manière incroyable
par le précédent gouvernement qui les a utilisés pour la quasi-totalité
d'entre eux dans la première moitié de l'année et pour une très courte
durée", s'est indigné M. Sapin.
Alors que les économistes
prédisent une poursuite de la montée du chômage dans les prochains mois,
"il n'y en a pas suffisamment", constate-t-il, notamment pour réinsérer
les chômeurs de très longue durée. Cette nouvelle rallonge permettra
"le maintien du rythme actuel de mobilisation" et concernera les
Contrats d'Accompagnement dans l'Emploi (CAE, secteur non-marchand), a
souligné dans un communiqué le ministère. "Au total ce seront 440.0000
contrats aidés non marchands qui seront mobilisés en 2012, et environ
500.000 en incluant les contrats aidés dans le secteur marchand", a
précisé le ministère.
S'agissant des emplois d'avenir, également
subventionnés par l'Etat mais à destination spécifiquement de jeunes non
qualifiés, le ministre a ouvert la porte à plus de 100.000 contrats en
2013. "S'il y a encore plus (d'entreprises) qui veulent faire cet effort
d'accueillir des jeunes (...) tant mieux, il n'y a pas de limite
budgétaire en faveur de cette politique en faveur des jeunes qui sont
sans emploi et sans formation", a-t-il assuré. "La question dans le
domaine des politiques de l'emploi n'est pas de la limitation
budgétaire. Il faut faire les choses non pas pour faire de la
statistique mais pour résoudre des vraies difficultés", "faire de la
qualité", a-t-il ajouté.
Scénario catastrophe en cas d'abandon de l'euro par la Grèce
Si la Grèce renonçait à l'euro, l'onde de choc pourrait générer une crise économique mondiale. La fondation Bertelsmann a étudié les différents scénarios.
Faillite de l’État, dépréciation massive de la nouvelle monnaie grecque, propagation du chômage et chute de la demande toucheraient instantanément une Grèce dépourvue de l'euro. Prognos évalue à 164 mrds € les pertes de croissance soit 14 300 € par habitant d'ici à 2020.. "Les quarante deux puissances économiques les plus importantes de la planète devraient supporter une perte globale de 674 mrds €" précise l'étude.
Encore plus préoccupant, le rapport précise que ce scénario prévu pour la Grèce s'appliquerait également dans le cas de tout autre pays en crise abandonnant l'euro, mais avec des conséquences encore plus dramatiques. Les partenaires commerciaux subissant de plein fouet l'onde de choc.
Un retrait de la zone euro de la Grèce et du Portugal impacterait immédiatement l'Espagne et l'Italie, également en pleine crise. Si Madrid abandonne la monnaie unique, la fondation Bertelsmann affirme que "les pertes de croissance en Allemagne d'ici à 2020 s'élèveraient à 850 mrds €, en tenant compte d'une annulation de créances d'un montant global de 266 mrds €. Par effet de contagion, les États-Unis subiraient une perte de croissance estimée à 1,2 billion €, et à 7,9 billions € pour le reste des 42 pays étudiés. Dans ce scénario, les pertes de croissance par habitant atteignent également des niveaux impressionnants. En Allemagne, la conséquence se chiffrerait à une perte de 10 500 € par an sur huit ans d'ici à 2020, aux États-Unis de 3 700 €, en France de 18 200 € et en Espagne de 16 000 €."
Pire, si l'Italie emboitait le pas, "la situation finirait même par devenir incontrôlable.... l'Allemagne devrait se priver de 1,7 billion € de recettes et d'un total de 455 mrds € de créances. Dans ce cas, avec plus de 21 000 € par habitant, le coût économique supporté par l'Allemagne serait en partie plus élevé que dans les pays sortants : la Grèce avec plus de 15 000 €, le Portugal et l'Italie avec près de 17 000 €, ainsi que l'Espagne avec 20 500 €. La population serait elle aussi touchée par la montée inexorable du chômage. Pour le seul exemple de l'Allemagne, le nombre de personnes sans emploi augmenterait ainsi de plus d'un million jusqu'à l'année 2015."
"Un retrait, dans un premier temps isolé, de la Grèce et la mise en faillite de son État pourraient s'avérer supportables sur le plan économique. Mais les répercussions économiques sont tellement complexes à évaluer qu'un tel scénario serait susceptible de faire plonger l'économie mondiale dans une profonde récession, qui ne se limiterait pas aux économies européennes. En plus des conséquences purement économiques, il faudra compter sur de graves tensions sociales et instabilités politiques, particulièrement dans les pays quittant l'euro, mais également dans d'autres puissances économiques. Les conséquences de la mise en faillite de l'État grec et de son retrait de la zone euro, aussi bien sur le plan économique que politique ou social, constituent une réelle menace de mettre le feu à la poudrière. C'est pourquoi la communauté internationale -hors de l'Europe également - doit éviter l'un comme l'autre" affirme cette étude alarmante qui s'avère un véritable plaidoyer à la solidarité dans la zone euro.
Voir l'étude de Bertelsmann