Aujourd'hui, le défilé des partenaires sociaux au ministère du Travail va permettre de prendre note des positions de chacun. Cette réforme majeure et indispensable est périlleuse pour le gouvernement.
Ce matin, dès 8 h 30, FO ouvre le bal avec Éric Woerth. Le marathon d'entretiens bilatéraux, qui concernera toutes les centrales syndicales et le patronat, prendra fin au ministère du Travail, à 17 h, avec la CGC. Ces rendez-vous vont permettre à chacun d'affirmer officiellement ses positions à l'heure où la polémique sur le bouclier fiscal est toujours d'actualité, à gauche comme au sein même de la majorité.
Nicolas Sarkozy l'a rappelé dans son discours du 12 mars. Il a la volonté de « tout mettre sur la table » sur la question des retraites, « notamment la durée de cotisation, l'âge de départ, la pénibilité... »
Son entourage a évoqué, jeudi, la piste d'un financement par l'impôt via « un prélèvement spécifique sur une catégorie de la population » (en raccourci, les plus riches seraient visés). Les syndicats et le patronat attendent d'en connaître davantage sur les intentions de l'Élysée. Mais ce ne sera pas pour aujourd'hui. Le gouvernement n'a prévu de dévoiler son projet que « fin mai, début juin » pour déposer un texte au Parlement en septembre. Et ce, même s'il n'a pas caché qu'il voulait trouver le moyen de « faire travailler plus longtemps » les Français, vu la progression constante de l'espérance de vie.
Rapport du Cor mercredi
Le scénario pourrait passer par un nouvel allongement de la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein (au-delà des 41 ans prévus d'ici 2012) et/ou par un recul de l'âge légal minimal pour partir en retraite, fixé aujourd'hui à 60 ans.
Sur ce dernier point, à part la CFE-CGC, les syndicats, y compris la CFDT, ont fait des 60 ans un symbole à ne pas toucher. Ils redoutent aussi l'allongement de la durée de cotisation et veulent que soit prise en compte, pleinement, la pénibilité des métiers. Reste par ailleurs que tous s'accordent sur l'idée d'augmenter les prélèvements pour trouver des nouvelles ressources, alors que la diminution des pensions a été catégoriquement écartée par le gouvernement.
Hausse des cotisations retraites compensée par une baisse des cotisations chômage ? Harmonisation des régimes public-privé ? Ces sujets crispent aussi et seront âprement discutés dans les prochaines semaines alors que démarre le compte à rebours de la réforme la plus périlleuse du quinquennat. Les syndicats l'ont compris. Ils envisagent déjà des actions courant avril et le 1er mai.
D'ici là, le rapport tant attendu du Conseil d'orientation des retraites (Cor) doit être dévoilé mercredi, même si les scénarios supplémentaires pour réformer les retraites « seraient repoussés à début mai », a indiqué, hier sur RTL, Laurence Parisot, la présidente du Medef, qui veut lever « le tabou symbolique » des 60 ans. Ce rapport doit fournir au débat sa toile de fond et les projections financières pour les décennies à venir. Si rien n'est fait, l'hypothèse d'un déficit de 100 milliards par an à l'horizon 2050 est probable. À ce tarif-là, c'est dire s'il est grand temps de trouver des solutions. Pour éviter d'aller dans le mur.
Pierre CAVRET.
lundi 12 avril 2010
Retraites : le compte à rebours est lancé
Voici l'heure de postuler au "job de l'été 2010", promu avec grand tapage. Soit six semaines de travail en juillet-août, contre une rémunération de 5000 euros. Un tel niveau de salaire réclame évidemment des compétences singulières. Les recruteurs ciblent les universités et hautes écoles "liées à la santé". Soyons simple, visons l'élite. Comme disait le père Hugo : "Ces choses-là sont rudes, il faut pour les saisir avoir fait des études".
Des candidats, on exige à la fois "connaissances médicales et capacités d'animation". Moitié Club Med, moitié Val-de-Grâce... le profil du poste intrigue. Peut-être pour œuvrer en maison de retraite, entre canules et canicule ? Vous brûlez, mais ce n'est pas ça.
L'emploi offert par les cadors du marketing vendéen se veut totalement inédit. Puisque la France se désindustrialise, on imagine de nouveaux "services à la personne". Celui-ci vaut son pesant de cacahuètes. Il s'agit d'aller "tartiner", sur la plage des Sables d'Olonne, la peau trop blanche des estivants. C'est "l'aide au bronzage", une main tendue vers le boulevard des allongés. Aux touristes, non content de "passer la pommade", on propose désormais l'étalage de crème solaire. Du jamais vu.
Deux étudiants, triés sur le volet, vont ainsi essuyer les plâtres. Un sévère cahier des charges limite leur champ d'intervention : "le haut du dos et les avant-bras". Histoire d'éviter de fâcheux dérapages...
Pour habiller le tout, les initiateurs du projet se targuent de pédagogie. Le "creamer", licencié es cloques, éduquera le vacancier sur les dangers de l'ultra-violet. Ses employeurs, en revanche, ne craignent pas le coup de pub. La surexposition médiatique, ce serait même plutôt leur rayon...
Gilles DEBERNARDI
Sarkozy au plus bas à 31% (-7), Fillon chute aussi, selon OpinionWay
La cote de satisfaction de Nicolas Sarkozy a chuté de sept points par rapport à mars pour s'établir à 31%, chiffre le plus bas depuis son élection, et celle de François Fillon recule de huit points à 39%, selon le Baromètre Métro-Krief Group réalisé par OpinionWay et publié lundi dans Métro.
Selon cette enquête, 31% des Français (-7) se déclarent "très satisfaits" ou "assez satisfaits" de l'action de Nicolas Sarkozy comme président de la République. 64% (+5) se disent "mécontents" de son action et 5% (+2) ne se prononcent pas.
"Rien ne semble pouvoir arrêter la dégringolade du taux de satisfaction à l'égard du chef de l'Etat", écrit Métro, qui l'attribue "aux élections régionales et aux variations désordonnées de cap qui ont entouré le scrutin".
"Une nouveauté", souligne Métro, "cette fois, le président de la République entraîne son Premier ministre dans sa chute". Le taux de satisfaction de M. Fillon recule de huit points, à 39%, tandis que, pour la première fois depuis son arrivée à Matignon, il franchit la barre de 50% de mécontents (52%, +4).
A la question "si Nicolas Sarkozy décidait de ne pas se représenter à la présidentielle de 2012, laquelle de ces personnalités préféreriez-vous comme candidat de la majorité?", 38% des personnes interrogées préfèrent toutefois François Fillon, contre 23% Dominique de Villepin et 20% Alain Juppé. M. Fillon a la préférence de 63% des électeurs de droite, M. Juppé de 31% d'entre eux et M. de Villepin de 12% seulement.
Dans l'opposition, le maire de Paris Bertrand Delanoë (-3) et la première secrétaire du PS Martine Aubry (+5) font jeu égal (53%), suivis de Daniel Cohn-Bendit (51%, -2) et Cécile Duflot (47%, inchangé). Ségolène Royal, à la dixième place, gagne trois points à 34%. François Bayrou perd 12 points (28%).
Bernard Kouchner (57%, -3) garde la tête du palmarès de l'action gouvernementale, suivi de Frédéric Mitterrand (53%, -2). Jean-Louis Borloo enregistre la plus forte baisse (49%, -11), semblant ainsi payer son absence sur le terrain après la tempête Xynthia et son silence après l'annonce de l'abandon de la taxe carbone. Michèle Alliot-Marie vient ensuite (47%, -3), devant Hervé Morin (42%, -7).
Par ailleurs, 28% des personnes interrogées affirment qu'elles préfèrent l'allongement de la durée de cotisation pour préserver le système de retraite actuel, suivi par l'augmentation des cotisations (25%), le développement de fonds de pension privés (23%), le recul de l'âge de la retraite (16%) et la diminution des pensions versées (2%).
Enquête réalisée par téléphone du 1er au 7 avril auprès d'un échantillon de 1.011 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.
Après la folle semaine de « l'affaire de la rumeur », l'intensité va-t-elle enfin baisser sur la scène politique pour laisser les discussions sur la réforme des retraites commencer dans un minimum de sérénité ? Rien n'est moins sûr. La tension n'est pas encore retombée que des révélations au conditionnel sur la stratégie du président de la République pour faire remplacer, plus tôt que prévu, Patrick de Carolis par Alexandre Bompard, le patron d'Europe1, à la tête de France Télévisions, ont pris de la consistance tout au long du week-end. Il apparaît clair, en effet, que le chef de l'État n'attendra pas la mi-août pour user de son nouveau pouvoir de nomination au risque de se voir reprocher, une fois encore, une pratique très impatiente de ses fonctions.
Une fois encore, en effet, « l'hyperprésidence » bouscule sans trop d'état d'âme des équilibres qui semblaient avoir apaisé les relations entre le pouvoir et la télé. Le président ne semble pas vouloir admettre que ce type de comportement, justifié par un souci d'efficacité, finit par agacer un nombre grandissant de Français, si on en croit les enquêtes d'opinion et leurs courbes descendantes.
Mais plus encore que la personnalité présidentielle, c'est son style et avec lui le fonctionnement du régime qui sont en question. « Personne ne comprend plus qui fait quoi », confessait carrément, hier matin, le président de l'Assemblée nationale dans le JDD en avouant sa gêne devant la confusion qui règne dans les relations entre l'Élysée, Matignon, les députés UMP et leur parti.
La chute de popularité du président de la République a stimulé les contestations. Même le principe de la rupture, ouvertement critiqué hier par Alain Juppé, a trouvé ses limites, et certains prétendants n'hésitent plus à se mettre sur les rangs pour la candidature en 2012... au cas où...
Une telle audace aurait été impensable il y a seulement quelques mois. Elle montre à quel point l'autorité du président s'est effritée rapidement dès le lendemain des régionales, bien au-delà d'un résultat catastrophique et des sentiments à l'égard du locataire de l'Élysée. Maintenant, chacun parle, boude publiquement, critique... y compris sur des textes emblématiques. C'est nouveau.
En déstructurant systématiquement nombre de précautions anciennes de la République, jugées poussiéreuses, le président a fini par en subir l'effet boomerang. La mécanique du quinquennat, qui met une pression permanente sur la vie politique, se retourne aujourd'hui contre lui. Elle a amplifié certains travers de la Ve République en court-circuitant, plus souvent que d'ordinaire le rythme parlementaire, perturbé par les pulsations de la présidentielle suivante. Plus que jamais, ce régime est en surrégime.
MIVILUDES - Un régime sans sectes
On connaissait la Scientologie, les Témoins de Jéhovah, les Raëliens ou encore Krishna. Ce sont pourtant de bien plus petites structures qui sont pointées du doigt par le dernier rapport de la Miviludes. Plus insidieux, les néo-chamanes prennent l'apparence de nutritionnistes, mettant en danger adultes comme enfants
Déstabilisation mentale, exigences financières, désocialisation et soumission absolue aux dirigeants, les dérives sectaires sont multiples. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) vient de rendre public son rapport annuel, et soulève, au-delà du problème de l'emprise sociale, celui de la prolifération d'une médecine fantaisiste et bien dissimulée, qui pourrait tous nous concerner.
La soumission jusqu'à la mort
Le dernier rapport est très alarmant. C'est tout un système de malnutrition et de ''voyages'' sans retour qui est dénoncé. Des nutritionnistes fantaisistes n'hésitent pas à pousser au jeûne excessif, à imposer des régimes végétaliens censés guérir tous les maux, y compris le cancer et le SIDA. Ces pratiques ''ont révélé leur redoutable efficacité dans les processus d’emprise ayant conduit au suicide, ou à une mort prématurée d’adeptes.'' Le phénomène est connu mais n'empêche pas les gourous d'avoir régulièrement de nouveaux adeptes, attirés par les prétextes de l'épanouissement spirituel, du développement personnel, ou de la purification du corps. Des témoignages d'anciens membres de mouvements sectaires montrent que les gourous persuadent leurs adeptes d'être des élites, de véritables êtres divins, jusqu'à prendre possession de leur liberté. L'adhésion est tout aussi rapide que le message est fort. Les personnes adoptent des pratiques de santé irrationnelles, menant parfois jusqu'à la mort. Le ''respirianisme'' par exemple, est une technique qui consiste à ne se nourrir que d'air et de lumière. D'autres techniques consistent à rétablir la force vitale garante de bonne santé par l’imposition des mains du médium. Le recours aux plantes hallucinogènes, telle que la ''sauge des devins'' entraîne folies, comas, et mort.
La désocialisation touche aussi les enfants
Le rapport de la Miviludes se penche aussi sur les risques encourus par les mineurs dans les milieux sectaires. Ces régimes nutritionnels ont des effets dévastateurs sur leur santé, tout comme la déscolarisation et la ''désocialisation'' sur leur équilibre mental. D'après l'étude, 13.547 enfants sont instruits à domicile et 1.883 enfants n'ont pas de programme scolaire. La Miviludes dénonce parallèlement les mauvais traitements et abus sexuels que subissent ces proies faciles. En 2003, un gourou de l'Essonne avait été condamné à quinze ans de réclusion criminelle pour viols, viols aggravés et corruption de mineurs. Aussi, la privation de soins et de nourriture avait récemment entraîné la mort d'un enfant de 16 mois, son poids était équivalent à celui d'un nourrisson de quatre mois.
Préserver l'autonomie de l'enfant, sa capacité d'apprendre, son droit de jouer, c'est aussi l'un des objectifs de la mission. D'ailleurs, le rapport soulève la difficulté de la justice, notamment en cas de divorce, de faire la part entre protection de l’enfant et respect du droit de garde. Selon Amélie Cladière, secrétaire générale de la Miviludes, elle-même magistrate, le juge ''ne doit pas se laisser enfermer dans un présupposé ''secte=restrictions des droits parentaux'', comme l'y invitent souvent les conclusions des avocats.''
Le seul moyen de lutter activement contre le phénomène sectaire semble devoir se limiter à l'intervention politique. Aucun profil type de personne susceptible d'entrer dans une secte n'a jamais pu être établi, et les groupes les moins connus sont certainement les plus violents : les sectes ''apocalyptiques'' par exemple, parlent de lutte finale, construisent des bunkers et détiennent des armes. Escrocs et gourous prolifèrent dans une nébuleuse facilitée par Internet, compliquant le travail judiciaire réduit au cas par cas.