TOUT EST DIT

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vendredi 13 août 2010

"Sans impôt européen, l'UE risque de ne plus fonctionner"

Alain Lamassoure, président de la commission des Budgets au Parlement européen, explique ce que pourrait être concrètement un impôt européen, un projet annoncé par Bruxelles.

Le commissaire au budget Janusz Lewandoswky évoque la possibilité d'un impôt européen pour constituer un vrai budget communautaire. La France comme l'Allemagne et le Royaume-Uni s'y opposent. Quelle est votre position ?

D'abord, ce refus français ne vient pas du plus haut niveau (ndlr : mais du secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche), il ne faut donc pas enterrer le sujet trop tôt. Le Parlement réclame une ressource propre pour l'Union européenne depuis déjà trois ans. Ensuite, un petit rappel historique : l'impôt européen existait déjà en 1951, à travers la CECA qui avait créé une taxe communautaire sur le chiffres d'affaires des industries sidérurgiques et minières. Le traité de Rome établit aussi des ressources propres à l'Union avec les droits de douane aux frontières de l'Europe. Aujourd'hui, cette manne est devenue dérisoire. Le budget européen ne fonctionne pratiquement qu'avec des contributions nationales. Or les Etats-membres contraints à la rigueur répugnent à mettre la main au pot communautaire. Sans un impôt européen, ou du moins une nouvelle ressource, le budget de l'Union risque de fondre et l'Europe de ne plus fonctionner.
Comment remettre à l'ordre du jour cette idée d'impôt européen ?

Une occasion formidable se présente en octobre. Les 27 chefs d'Etats se réunissent pour coordonner leur politique budgétaire, ils pourraient penser au 28ème budget, celui de l'Union européenne. Les commissions des Finances des parlements nationaux pourraient s'assoir autour de la table et cet aéropage débattrait de manière publique. Je dois rencontrer prochainement le président du conseil européen Herman Van Rompuy pour lui soumettre cette idée.

Mais concrètement sur quoi porterait cet impôt communautaire ?

Il faut avant tout partir du principe de constance. L'impôt européen se substituerait aux contributions nationales. Ce serait pour les citoyens de l'Union un jeu à somme nulle. Il existe plusieurs pistes de réflexion pour arriver à alimenter un budget européen de 130 milliards d'euros. On pourrait baisser les TVA nationales et créer à proportion une TVA européenne dont le produit partirait à Bruxelles. Facile techniquement mais pas très populaire. Les impôts verts semblent plus acceptables par la population. Normal, ils font du bien à la planète et frapperaient surtout les industriels. Le Conseil européen a déjà décidé de créer une nouvelle ressource publique : à partir de 2013, la vente aux enchères des droits d'émission de CO2 devrait rapporter plus de 30 milliards par an. Pourquoi cette recette tirée d'une politique entièrement européenne n'alimenterait-elle pas le budget européen, alors que les ministres des finances veulent s'en réserver le bénéfice ? La taxe carbone aux frontières de l'Union payée par les industriels tiers sans normes environnementales fait aussi partie des pistes possibles même si beaucoup de nos partenaires européens s'opposent au retour des droits de douanes. Il y a bien-sûr le gisement bancaire avec un impôt sur les transactions financières qui a l'heur de plaire à Paris, Londres et Berlin. Il reste une dernière option : l'affectation directe au budget européen de la TVA prélevée sur les produits importés des pays tiers, comme c'est le cas pour les droits de douane qui grèvent ces mêmes produits.

Drogue, un vrai débat

Faut-il ouvrir en France des centres où, supervisés par des professionnels, des toxicomanes pourraient s’injecter la drogue dont ils sont dépendants ? Des « salles de shoot », selon une formule qui fait frémir. Des associations et des spécialistes de santé jugent que ce peut être un moyen – expérimenté déjà dans plusieurs pays – de limiter les risques supplémentaires encourus par les toxicomanes (infection par le virus du sida ou de l’hépatite C) et d’entrer en contact avec certains d’entre eux, qui échappent à tout suivi sanitaire. Ce peut être aussi une manière d’éviter que, publiquement, dans la rue, des gens se droguent sans un minimum d’hygiène.

Si la gauche dans son ensemble se dit favorable au dispositif, au sein de la majorité les avis sont partagés. Un communiqué de Matignon a jugé, mercredi, que de telles salles n’étaient « ni utiles, ni souhaitables ». On suppose que le gouvernement, engagé dans une campagne de fermeté affichée sur la sécurité, n’a guère envie d’apparaître laxiste sur un tel sujet. Une fin de non- recevoir plus électorale que politique. Pourtant, n’en déplaise au collectif d’associations qui militent en faveur de tels centres, s’y opposer, comme le font le premier ministre ou la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, ne relève pas d’une « démagogie obscurantiste ». On peut légitimement s’interroger sur la banalisation que représenterait un tel encadrement organisé, sur la contradiction qu’il peut y avoir à lutter contre la toxicomanie tout en l’accompagnant. Il est naturel de se demander si ce ne serait pas un premier pas vers la dépénalisation, si cela permet réellement de mieux suivre les personnes et de les conduire vers un éventuel sevrage…

Un sujet si douloureux devrait être abordé sans idéologie. Or, la France s’est lancée dans un de ces affrontements dont elle a le secret, où sont assénés des arguments aussi définitifs qu’excessifs. L’idée de la ministre de la santé, Roselyne Bachelot, était de lancer une concertation avec quelques collectivités locales pour étudier la possibilité d’ouvrir de tels centres. Concertation, expérimentation, évaluation, et puis, après un vrai débat, décision. L’enjeu le vaut bien.



Dominique Quinio

Hausse de 0,4% du salaire de base en France au 2e trimestre

Le salaire mensuel de base a augmenté de 0,4% en France au deuxième trimestre 2010, soit une hausse de 1,9% sur un an, a annoncé vendredi le ministère de l'Economie.
Ce chiffre concerne les entreprises de dix salariés ou plus de l'ensemble de l'économie hors agriculture et hors emplois publics.
Au premier trimestre, l'augmentation avait été de 0,7% par rapport aux trois mois précédents.
Sur le même champ, l'indice du salaire horaire de base des ouvriers (SHBO) a progressé également de 0,4% sur le trimestre et de 1,9% sur un an.
"Ces évolutions doivent être mises au regard de l'inflation sur la période : les prix à la consommation (pour l'ensemble des ménages et hors tabac) ont augmenté de +0,4% au cours du trimestre et de +1,4% entre juin 2009 et juin 2010", souligne le ministère dans un communiqué.
La durée hebdomadaire collective moyenne du travail était de 35,6 heures à la fin du mois de juin, ajoute-t-il.

"La France n'est pas sortie de la crise", selon le PS

Le PS a estimé vendredi que les données sur la croissance française au deuxième trimestre sont "contrastées" et révèlent notamment un recul "inquiétant" des exportations, ce qui montre que "la France n'est toujours pas sortie la crise".
"Les chiffres que vient de publier l'Insee sont contrastés et ne pourraient être l'occasion pour la ministre de l'Economie Christine Lagarde d'entonner son air favori +tout va très bien+", a déclaré à l'AFP Michel Sapin, secrétaire national du PS à l'Economie.
Selon lui, en analysant "plus finement" les données, "on relève deux éléments très inquiétants: premièrement le recul de l'exportation qui démontre que la France ne profite pas de la forte croissance des pays émergents, contrairement pas exemple à l'Allemagne".
Par ailleurs, une donnée "purement statistique", liée au "destockage et restockage", est "la cause principale de la croissance de 0,6% qui a été enregistrée au deuxième trimestre", ajoute-t-il.
"Le chiffre d'aujourd'hui est plus le produit d'un effet statistique que d'une réalité économique", estime le député.
"La réalité est que la croissance prévisionnelle reste très faible pour cette année", aux alentours de 1,4%, et que, "pour l'année prochaine la ministre de l'Economie a refusé délibérément de commenter et ce sera beaucoup plus faible que ce que prévoit le gouvernement" (2,5%).
"En fait, la France n'est toujours pas sortie de la crise", affirme-t-il.
Le Produit intérieur brut (PIB) de la France a crû de 0,6% au deuxième trimestre, a annoncé l'Insee vendredi.

COMME TOUJOURS, LES ANALYSES DU PS SONT INCOMPLÈTES, TRONQUÉES, FRAPPÉES PAR UN MANQUE ÉVIDENT DE BON SENS ÉCONOMIQUE.

La croissance française accélère

Le PIB a crû de 0,6% au deuxième trimestre par rapport au précédent, après +0,2% sur les trois premiers mois de 2010. Une croissance tirée par la demande intérieure.
Embellie sur le front de l'économie française. Le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,6% au deuxième trimestre par rapport aux trois mois précédents, après +0,2% au premier trimestre. Une dynamique alimentée par la demande intérieure. L'Insee souligne ainsi que, «pour la première fois depuis début 2008», l'investissement total a renoué avec la croissance. Sa progression, qui atteint 0,8%, provient essentiellement des entreprises, l'investissement des ménages retrouvant à peine une orientation positive. La consommation des ménages a également été bien orientée, enregistrant une hausse de 0,4% après être restée stable au premier trimestre. Le dynamisme retrouvé des dépenses en services et le moindre recul des achats de biens manufacturés ont permis le retour à meilleure fortune des dépenses des particuliers.

Au total, la contribution de la demande intérieure hors stocks à la croissance du deuxième trimestre s'est établie à 0,5 point. Une performance légèrement moindre que celle des variations de stocks des entreprises, qui a atteint 0,6 point. Les sociétés ont en effet moins déstocké qu'au cours des premiers mois de l'année, tout particulièrement dans les secteurs des biens de consommation et des biens intermédiaires. A l'inverse, les échanges extérieurs ont pesé sur la croissance -à hauteur de 0,4 point -, alors qu'ils l'avaient soutenue au premier trimestre.
Léger mieux sur le marché de l'emploi

Autre embellie enregistrée au deuxième trimestre : selon des données encore provisoires de la Dares, les effectifs salariés du secteur privé hors agriculture ont progressé de 0,2% -soit environ 35.000 emplois supplémentaires -par rapport aux trois premiers mois de l'année. Une croissance tirée exclusivement par le secteur tertiaire, dont l'effectif a crû de 53,5 milliers de personnes. A l'inverse, le secteur de l'industrie a perdu 17 milliers d'emplois en trois mois, portant à près de 47 milliers les pertes cumulées depuis le début de l'année.

L'emploi salarié en France enregistre son deuxième trimestre consécutif de hausse. Sa croissance trimestrielle reste néanmoins loin du pic qu'elle avait atteint dans la seconde partie de l'année 2007. Et sur le seul deuxième trimestre 2010, l'emploi salarié affiche un recul de 0,2% sur un an, soit 35.600 emplois en moins.
Acquis de croissance de 1,2%

Au total à l'issue des six premiers mois de l'année, l'acquis de croissance en France atteint 1,2%. La reprise est bien là, après une année 2009 qui avait connu une chute de 2,5% du PIB. Si les dépenses de consommation des ménages sont plutôt bien orientées, avec un acquis de 1,3%, la situation des entreprises est plus difficile. Malgré la reprise constatée au deuxième trimestre, leur investissement affiche un acquis de croissance de -2,1%.

Christine Lagarde s'est dite «convaincue» que la croissance atteindrait 1,4% cette année, conformément aux prévisions du gouvernement. Quant à savoir ce qui se passera en 2011, la ministre de l'Economie a jugé que «ce n'[était] pas l'actualité du jour»... Les économistes jugent peu crédibles les 2,5% de croissance du PIB qu'anticipent les pouvoirs publics. Les statistiques les plus récentes publiées en France avaient quelque peu refroidi les prévisionnistes, qui tablent en moyenne sur un rythme limité à 1,5%.


Marianne Bliman

France : la reprise de l'économie s'accélère

L'économie française a enregistré une croissance de 0,6% entre avril et juin, soit trois fois plus qu'au premier trimestre. Dans la zone euro, la croissance du PIB atteint 1% sur la même période.

L'économie française a enregistré une croissance de 0,6% au deuxième trimestre après une croissance de 0,2% au premier trimestre, a annoncé vendredi la ministre de l'Economie Christine Lagarde au micro d'Europe 1. Un résultat très loin de 2,2% annoncés par l'Allemagne vendredi matin, et du 1% affiché par la zone euro dans son ensemble. La ministre de l'Economie, a par ailleurs indiqué qu'une révision de la croissance en 2011, jusqu'ici estimée par le gouvernement à 2,5%, n'était «pas l'actualité du jour». Le Fonds monétaire internationale (FMI) estime pourtant ces prévisions trop optimistes.

Ces deux trimestres consécutifs de croissance, même faible, devrait conforter le gouvernement qui prépare le budget pour 2011. «A partir du moment où il y a de la croissance économique, les recettes fiscales sont plus importantes», expliquait l'économiste Nicolas Bouzou plus tôt dans la matinée. Selon lui la croissance est une bonne nouvelle à double titre. En offrant de nouvelles entrées d'argent, elle va permettre de moins solliciter les contribuables. Ensuite, dans un pays où le taux de chômage atteint 10%, la croissance est nécessaire pour que les entreprises se remettent à créer des emplois.
Des signes de fatigue, notamment dans l'industrie

La ministre s'est d'ailleurs réjouie que l'économie française continue à créer des emplois. Pour le deuxième trimestre consécutif 35.000 emplois ont été créés après 23.900 au 1er trimestre.


Lagarde : "notre croissance se porte bien"
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«Nous avons un redressement au niveau de la consommation des ménages et puis surtout (...) la reprise de l'investissement des entreprises», a expliqué la ministre, «si la France n'enregistrait que 0,2% de croissance par trimestre aux 3ème et 4ème trimestres, la prévision de croissance du gouvernement pour l'ensemble de 2010 (+1,4%) se réaliserait», a-t-elle précisé. «L'acquis de croissance pour l'ensemble de 2010 s'établit désormais à 1,2%», confirme Alexander Law, chef économiste chez Xerfi. Il reste néanmoins prudent et continue à estimer que la croissance sur l'ensemble de l'année 2010 tournera autour de 1%, du fait des signes de fatigue montrés par l'industrie - notamment dans l'automobile qui chute de 4,7% après une croissance de 3,8 % au trimestre précédent.

La consommation des ménages reste aussi comprimée. Après une stabilité au premier trimestre cette dernière s'est un peu redressée (+0,4%).En outre, les importations en hausse (+4,2 % après +1,8 %), croissent toujours plus vite que les exportations, (+2,7 % après +4,2 %). Autant de signes qui font craindre un second semestre 2010 moins dynamique.

France: prix à la consommation -0,3% en juillet, +1,7% sur un an (Insee)

Les prix à la consommation en France ont baissé de 0,3% en juillet en évolution mensuelle mais sont en hausse de 1,7% sur un an, a annoncé l'Insee vendredi.

En juin, les prix étaient restés stables sur un mois, rappelle l'Institut national de la Statistique.

Le repli de l'indice des prix de juillet "provient en grande partie de la baisse des prix de l'habillement - chaussures et des autres produits manufacturés, liée aux soldes d'été et au recul saisonnier des prix des produits frais", explique l'Insee.

"Ces baisses sont en partie compensées par la hausse saisonnière des prix des services liés au tourisme et par certains relèvements tarifaires. Les prix de l'énergie sont stables, la hausse du prix du gaz de ville étant compensée par la baisse des prix des produits pétroliers", souligne l'institut dans son communiqué.

"On a un peu d'inflation, mais très contenue", a réagi la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, interrogée sur Europe 1.

L'inflation est actuellement comprise entre 1,5% et 2,0% "au maximum" et "nous la surveillons de très près", a-t-elle ajouté.

Malgré cette tendance des prix à la hausse, "les Français consomment, épargnent, et le soutien de la croissance par la consommation (au deuxième trimestre) est une excellente nouvelle", a conclu Mme Lagarde.

La croissance française a progressé de 0,6% au deuxième trimestre, après +0,2% au premier, selon les premiers chiffres publiés vendredi par l'Insee.

France - hausse de l'emploi salarié au deuxième trimestre

L'emploi salarié des secteurs marchands a progressé de 0,2% en France au deuxième trimestre par rapport au premier trimestre avec 35 000 postes créés selon une estimation flash publiée par l'Insee. Au premier trimestre, 23 900 postes avaient été créés, soit une hausse de 0,2% également.

Shoot politique

Encore une injection de passion ! Et sur certains dossiers comme celui qui agite la scène politique depuis hier, elle est particulièrement nocive.
Peu de débats peuvent susciter autant de polémiques que les « espaces surveillés de consommation de drogue ». L'exactitude de l'intitulé a son importance tant l'expression « salle de shoot », utilisée avec complaisance par certains médias, véhicule un imaginaire glauque qui suggère à lui seul la relégation.
Pour traiter d'une question de société aussi sensible, il faut - paradoxalement - évacuer les a-priori moraux, les préjugés et les convictions trop tranchées. L'examiner froidement, avec autant d'humanité que de lucidité. Discuter. Écouter tous les experts, les médecins, les consommateurs. Réfléchir sans être paralysé par trop de rigidités intellectuelles. On peut comprendre à la fois les réserves du président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues - qui estime philosophiquement discutable la création de tels centre - et les espérances des psychologues qui voient dans ces lieux le moyen d'organiser l'accueil des drogués et de surveiller l'hygiène de leurs pratiques.
Le problème qui est posé n'est pas celui d'une tolérance, d'une facilité ou même d'une indulgence à l'égard des addictions. C'est une affaire de santé. Vaut-il mieux laisser les toxicomanes se mettre en péril en se piquant n'importe comme au fond d'une cave ou affronter la réalité de leurs vies ?
La solution de facilité consisterait à se voiler la face sur une réalité de nombre de quartiers difficiles au nom de l'ordre et des principes. Mais nier que l'ouverture de telles salles pourrait créer un appel d'air pour le trafic serait une démarche tout aussi aveugle et irresponsable.
La solution, on le voit bien, c'est une réponse pragmatique, humaine, savamment dosée. Pas le couperet d'un décret d'interdit ou de généralisation. Et voilà que les politiques se déchirent sur un sujet aussi grave, là où ils devraient conjuguer leurs intelligences, car il n'est ni de droite, ni de gauche. On reste stupéfait devant la dureté et la brutalité avec lesquelles François Fillon a rejeté sans appel les propositions ouvertes de Roselyne Bachelot et Nadine Morano, ses ministres, suivies par des grands maires, courageux et réalistes, comme l'UMP Jean-Claude Gaudin. Le gouvernement ne pourrait-il pas prendre le temps d'étudier sereinement un phénomène qui concerne, et ruine la vie, de tant de jeunes ? Ou préférera-t-il asséner une idéologie fermée qui flatte l'aile la plus dure, et au delà, de son électorat ?

Olivier Picard

Bachelot dans la seringue

Roselyne Bachelot n’a pas pressenti le danger.

Elle pensait jouer sur du velours en prônant l’ouverture de “centres supervisant la consommation de drogues”. Le toxicomane, qui se pique d’ordinaire à la va comme je te pousse, bénéficiera ainsi d’un encadrement sanitaire. Le monde médical n’y voit que des avantages. L’initiative permettra, études à l’appui,

“une baisse des comportements à risque.”

L’Allemagne, la Suisse, l’Espagne et les Pays-Bas éprouvent le système depuis longtemps.

Partout, grâce aux “injections sous contrôle”, les overdoses mortelles ont fortement diminué. Tout comme la transmission sauvage, par manque d’hygiène, du sida ou de l’hépatite C.

Que la France se modernise, ici, paraît donc raisonnable. La ministre de la Santé, ce faisant, s’attendait sans doute à des compliments. Las, ses patrons lui tombent sur le paletot. Des “salles de shooting”, quelle horreur !

“Ni utiles, ni souhaitables”, tranche aussitôt Matignon tandis que gronde le gros des troupes UMP.

Pourquoi un rejet si abrupt ? Parce que le discours estival du gouvernement penche vers le “tout sécuritaire”.

Il ne saurait s’accommoder d’une mesure intelligente… mais permissive.

Les voyous, qu’on veut déchoir de leur nationalité, pourraient prendre ça pour un signe de faiblesse.

Et l’électeur aussi, ce qui est plus grave.

L’ONU tacle la France

La France a été clouée au pilori hier et avant-hier par les experts du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU (CERD). Ils dénoncent un “manque de volonté politique” face à une “recrudescence” des actes racistes dans ce pays.

La politique française envers les minorités était passée au crible dans le cadre d’un examen périodique. Habituellement très technique, le débat a pris un tour politique après les annonces fracassantes de ces dernières semaines du chef de l’État français.
Le discours de Sarkozy taxé d’incitation à la haine

Dans ce contexte chargé, la délégation française a présenté un rapport énumérant les mesures mises en place depuis son dernier examen de 2005. Elle a surtout annoncé le lancement très attendu d’un plan national de lutte contre le racisme. Une annonce, saluée par les 18 experts du comité, qui n’a pas amoindri une salve de critiques virulentes, notamment sur les déclarations du Président, qui constituent selon un expert “une incitation à la haine”.
Les Roms et la déchéance de nationalité en toile de fond

La question du renvoi des Roms, (lire par ailleurs), a été évoquée à plusieurs reprises : “Comment comprendre que les Roms (...) puissent être extradés comme s’ils n’appartenaient pas à l’Union européenne ?”, s’est interrogé l’expert algérien Nourredine Amir. Sur la déchéance de la nationalité, le Turc Gun Kut a déclaré qu’il ne comprenait pas ce qu’était “un Français d’origine étrangère”.

Surprise par la vigueur de ces critiques, la délégation française s’est attachée à défendre bec et ongles les positions du gouvernement. Une défense poursuivit hier après-midi par le secrétaire d’État aux Affaires européennes, Pierre Lellouche : “La France s’attache à garantir les libertés publiques et préserver le droit à la sécurité, premier des droits de l’Homme”.

OUI, MAIS LA FRANCE EST UNE DÉMOCRATIE, CE QUI N'EST PAS LE CAS DE TOUS LES PAYS PRÉSENT À L'ONU.

Les dividendes de la peur

Margaret Chan, directrice de l'Organisation mondiale de la santé, vient de l'annoncer officiellement : la pandémie due au virus grippal H1N1 est terminée. Elle a fait 18 500 morts, quand la grippe saisonnière en provoque 250 000 à 500 000. Mme Chan paraît satisfaite de l'OMS qui, selon elle, n'a pas « surréagi ». Elle a toutefois incité les États à « revoir leurs plans de réponse », précisant qu'« il faudra peut-être plus de flexibilité ». Mme Chan parle d'or...

Elle devrait aussi parler d'argent. En France, on estime que la « bataille » contre l'effroyable virus a coûté un milliard d'euros, plus un second milliard si l'on intègre les dépenses territoriales. À l'heure où les hôpitaux sont terriblement rationnés, où les postes et les lits sont chichement comptés, où l'on fait la queue aux urgences, on est en droit de s'interroger sur le bon usage des finances publiques.

C'est ce qu'a fait, précisément, un rapport du Sénat (troisième rapport parlementaire, mais le plus dense et le plus informé). Il pointe d'abord les défaillances de l'OMS, organisation « politique » et « opaque » dont le financement est à 80 % d'origine privée, soit, directement ou indirectement, l'apport des grands laboratoires. Au demeurant, la composition de son Comité d'urgence était tenue secrète et n'a été dévoilée que le 10 août. Sur seize membres, six ¯ à tout le moins ¯ entretiennent avec l'industrie des rapports ambigus. Le British Medical Journal avait déjà relevé qu'un de ces derniers, le professeur Monto (Université du Michigan), réussit l'exploit de travailler à la fois pour GSK, Novartis, Roche, Baxter et Sanofi. On y trouve les quatre principaux fabricants de vaccins. Mais l'OMS n'y décèle pas de conflit d'intérêts...

Les « sages » du Sénat examinent ensuite le comportement de la France. L'Institut de veille sanitaire y avait prédit jusqu'à 96 000 morts. On en a dénombré 312. Tout le monde peut se tromper. Mais pourquoi les modestes praticiens, eux, ne s'y trompaient-ils point ? Pourquoi, en octobre 2009, l'excellente revue Prescrire (qui a pour originalité d'être financièrement indépendante) mettait-elle en garde contre une surestimation manifeste, et contre « des actions préventives aux conséquences démesurées » ? Bref, pourquoi une logique, et une seule, a-t-elle prévalu, quand les faits incitaient à la réflexion et à la souplesse ?

Il y a pire. Nous avons commandé 94 millions de doses, facturées quelque 670 millions d'euros. Tout le monde peut se tromper. Les délais étaient courts, la concurrence vive, la crainte de manquer le coche manifeste. Qui plus est, on pensait, à cette date, que deux injections étaient nécessaires, alors qu'il n'en fallait qu'une. Mais pourquoi l'État a-t-il signé avec les laboratoires des ordres de commande « ferme et non révisable » ? En 2005, lors de la grippe aviaire, on avait commandé des « traitements » et non des « doses ». Interrogée par les sénateurs, Roselyne Bachelot a répondu que « les industriels ont besoin de visibilité pour leur production ». Commentaire sénatorial : « Les producteurs, dans quelque secteur que ce soit, sont rarement assurés par avance du volume de leurs ventes... »

La puissance publique s'est soumise à des intérêts privés, allant jusqu'à accepter la responsabilité des dommages subis par les victimes d'accidents pharmaceutiques. Ni le bien commun ni le principe de précaution n'y trouvent leur compte.

(*) Écrivain, auteur de Nos médecins (Éditions du Seuil).

Crise du lait : le dialogue reprend

Après plusieurs jours de manifestations et de boycott, les producteurs de lait ont annoncé la tenue de négociations interprofessionnelles avant la fin de semaine prochaine pour résoudre la question du prix du lait. Certains groupes industriels se sont par ailleurs entendus avec eux pour rehausser leur prix d'achat du lait.
Les signes de détente se multiplient dans la filière laitière. Les producteurs ont annoncé ce jeudi la fin des opérations de boycott et l'ouverture de négociations interprofessionnelles réunissant l'ensemble des acteurs de la filière (producteurs et transformateurs privés et coopératifs) d'ici la fin de la semaine prochaine.

Le but de cette réunion sera, entre autre, de fixer le prix du lait pour l'année 2010 et plus particulièrement pour le troisième trimestre, que les producteurs jugent bien trop bas.

"(Cette réunion) devra permettre de conclure sur le prix (du lait) annuel en 2010, la prise en compte de l'indicateur de compétitivité avec l'Allemagne. Elle devra aussi travailler sur la problématique des coûts de production des éleveurs et sur celle des volumes à mettre en production" ont expliqué les syndicats agricoles FNSEA, Jeunes Agriculteurs et FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait) dans leur communiqué commun.

"Les éleveurs se sont mobilisés pour sticker les produits des industriels qui remettaient en cause leurs engagements de juin 2009. Cette mobilisation a payé" ajoute le communiqué. Les syndicats agricoles restent cependant "mobilisés et vigilants (quant à) l'évolution des négociations".

Premiers accords avec les industriels

Dans la foulée, le groupe agroalimentaire Bell, qui exploite notamment la marque "La vache qui rit", s'est engagé ce jeudi à rehausser de près de 10% le prix du lait en 2010 par rapport à 2009 comme l'exigeait les producteurs.

"Afin de sortir du contexte de crise actuel, Bel propose d'anticiper les négociations (prévues au mois de septembre, ndlr) et annonce dès aujourd'hui un prix du lait de 301 euros les 1.000 litres de lait sur l'ensemble de l'année 2010" et pour le mois de juillet, le prix a été fixé à 330 euros les 1.000 litres, explique le communiqué du groupe.

"C'est une bonne chose pour les producteurs, une avancée", a expliqué Thierry Roquefeuil, secrétaire de la FNPL, branche laitière de la FNSEA à la sortie d'une réunion avec le groupe laitier, à Paris.

De son côté, l'industriel Lactalis, propriétaire des marques Président et Lactel, a annoncé accepter une hausse de 10% du prix du lait sous certaines conditions.

Pour sa part, le président du groupe coopératif Sodiaal (Yoplait), François Iches, a déclaré "Nous n'avons pas d'engagement précis sur tel ou tel point, nous avons dit que nous étions d'accord pour une négociation interprofessionnelle, mais pas uniquement sur les prix".

L'Etat confirme son soutien aux producteurs

Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, avait demandé dans la matinée que les "négociations s'ouvrent" et "qu'elles aboutissent rapidement". "Il y a urgence" à sortir d'une "situation ubuesque" où les producteurs n'ont pas de visibilité à court et moyen terme, a-t-il dit dans une interview publiée jeudi par Ouest France.

Il a annoncé un plan de développement "de plusieurs millions d'euros" à la rentrée pour les filières lait et élevage, mais à condition qu'un accord soit trouvé en leur sein.

IL NE RESTE QU'À ESPÉRER QUE CE DIALOGUE NE COMPTE PAS POUR DU BEURRE.

Sueurs d'été

Une fois de plus, le déplacement de quelques décimales fait perler la sueur au front des marchés. Alertée par une croissance affaiblie, la Fed a plafonné ses taux et annoncé des injections de liquidités. Sur quoi les analystes transpirent, et certains en extrapolent déjà une déflation américaine… Il faut s'armer d'un certain sang-froid pour démêler les tendances probables de la conjoncture, aux Etats-Unis et aussi en Europe.

La publication du taux de croissance américain du deuxième trimestre, 2,4 %, a inspiré la prévision d'une croissance molle. Il est vrai que ce taux est inférieur au seuil de réponse aux seuls besoins de l'accroissement démographique, que le chômage frise les 10 %, et que la consommation peine du fait de la stagnation des revenus et de l'accès au crédit. Mais les trimestres vont et viennent : si l'on fait la moyenne arithmétique des quatre derniers, la croissance américaine vogue sur les 3,5 % - un taux dont l'Europe n'oserait pas rêver.

En Europe, pourtant, les analyses d'hier exsudaient plutôt un relatif optimisme. Parce que les statistiques attendues du deuxième trimestre 2010 annoncent une croissance de 0,6 à 0,7 %, que l'indice de confiance est élevé, les exportations dopées par le cours de l'euro, la consommation résistante. Là-dessus, les bons résultats des banques européennes ont enivré un temps le CAC 40 et jusqu'au Dow Jones. Aveuglés par ces faibles lueurs, certains sont allés jusqu' à prédire un rattrapage des Etats-Unis par l'Europe - prophétie risquée.

Conclusions rustiques de ces analyses raffinées : s'il y a un rattrapage, c'est celui de l'Europe par les Etats-Unis pour le taux de chômage (10 %). Pour le reste, ils continueront de croître deux à trois fois plus vite que nous, mais pâtiront comme nous du ralentissement de la demande des émergents et de l'essoufflement des plans de relance. Et s'il nous faut transpirer, nous, Français, c'est sur les métiers de l'industrie.

Le froissement de Shanghai

La France des universités fait davantage penser à celle du foot qu'à celle de la natation ou de l'athlétisme. Dans la dernière édition du désormais célèbre classement de l'université de Shanghai, révélé en exclusivité par " Les Echos ", elle place à peine trois établissements parmi les cent premiers mondiaux (Pierre-et-Marie-Curie, Paris-Sud et l'Ecole normale supérieure de Paris). Un score aussi médiocre que les années précédentes, malgré le déplacement en Chine de la ministre de l'Enseignement supérieur, Valérie Pécresse, pour expliquer les subtilités de notre système universitaire aux responsables du classement, malgré les regroupements opérés ces dernières années pour rassembler les forces académiques sous des marques ombrelles plus faciles à capter par le radar de Shanghai.

Ces efforts pour progresser dans un classement fragmentaire peuvent paraître vains. Ils sont au contraire essentiels. Le travail des chercheurs chinois s'est imposé comme la référence planétaire en moins d'une décennie. Des jeunes du monde entier le prennent en compte au moment de choisir leur lieu d'études. C'est donc une arme majeure dans la guerre pour les talents, mère de toutes les batailles économiques dans l'économie du savoir. Beaucoup de diplômés parmi les plus brillants restent dans le pays où ils ont étudié (un quart des Américains distingués par le Prix Nobel d'économie sont par exemple nés ailleurs qu'aux Etats-Unis). Et ceux qui rentrent chez eux gardent souvent des liens privilégiés avec la communauté universitaire qui fut la leur.

Ce classement a pourtant bien des défauts que ses concepteurs reconnaissent volontiers. Il porte sur la recherche et non sur l'enseignement (ce qui désavantage la France, où la recherche est largement logée au CNRS, qui n'est pas une université). Il favorise les publications anglophones (la première université ni américaine ni britannique, celle de Tokyo, se trouve au vingtième rang). Il est trop sensible aux Prix Nobel (si Berkeley grimpe cette année sur la deuxième marche du podium, loin derrière Harvard mais en dépassant Stanford d'une tête, c'est parce que l'un de ses professeurs, Oliver Williamson, a obtenu le Nobel d'économie en 2009). Mais il n'y a pas d'autre choix : il faut faire avec. Les gouvernants français l'ont compris.

Les réformes et les démarches menées par Valérie Pécresse devraient finir par exercer des effets positifs sur le rang des universités tricolores dans le classement, comme on l'a vu pour d'autres pays. Mais il faudra mener encore bien d'autres actions pour développer l'excellence universitaire. Bien au-delà du classement de Shanghai.



JEAN-MARC VITTORI