vendredi 9 janvier 2015
Par trois mots
« Je suis Charlie »… En trois mots, par trois mots, une grande partie du monde se retrouve aujourd’hui unie. Des peuples, pourtant si éloignés les uns des autres, ressentent le besoin de partager la même émotion et éprouvent la même envie de le faire savoir. Au point que le slogan n’est plus seulement l’expression de la solidarité et la manifestation de la tristesse mais aussi un cri de guerre pour la paix et contre le terrorisme. Voilà ce que confirme également la tragédie de Paris : par l’instantanéité d’internet et la puissance des réseaux sociaux, nous ne sommes plus jamais seuls. Là où hier encore, il aurait fallu des semaines pour mobiliser, désormais, en à peine quelques heures, une cause parvient à s’imposer.
Encore faut-il, et heureusement, qu’elle soit juste.
Charlie Hebdo massacré
Aujourd’hui 7 janvier 2015, des hommes armés ont massacré 12 personnes dans le bureau parisien du magazine satirique Charlie Hebdo. Quatre des dessinateurs les plus connus du magazine et deux policiers font partie des victimes.
Les assaillants masqués sont entrés avec des fusils d’assaut dans le bâtiment, ont ouvert le feu lors de la réunion éditoriale hebdomadaire du magazine et ont échangé des tirs avec la police dans la rue avant de s’enfuir en voiture.
Des témoins ont entendu les hommes armés crier « Nous avons vengé le prophète Mahomet » et« Dieu est grand » en langue arabe. Ces assaillants sont les mêmes qui ailleurs – en Afghanistan, en Algérie, en Arabie, en Irak, en Libye, au Mali, au Niger, en Syrie, au Yémen – assassinent hommes, femmes et enfants parce qu’ils pensent différemment. Ce qui est visé ici, ce n’est pas spécifiquement la branche de la liberté de la presse, ni même son tronc, la liberté d’expression mais bien sa racine, le droit qu’a chaque individu de penser librement.
Et la défense de cette liberté de penser est l’un des combats originels du libéralisme classique. Le libéralisme émerge pour lutter contre l’absolutisme dans une Europe déchirée par les guerres de religion aux XVIème et XVIIème siècles. La liberté de penser et de communiquer est la condition de la libre investigation donc du progrès de la connaissance, écrit John Milton en 1644. La faillibilité de la conscience étant le propre de l’homme, il est inutile de la combattre par la contrainte, développe Pierre Bayle en 1686. C’est de cette liberté de conscience que découle la liberté de pensée, qui est nulle sans la liberté de parole, qui est elle-même nulle sans la liberté d’imprimer et de diffuser ses idées.
Cet arbre de la liberté individuelle ne peut prospérer sans un terrain propice. C’est pour cela queContrepoints, jour après jour, article après article, tente de faire comprendre au grand public l’extraordinaire importance de la liberté et de la responsabilité individuelle. C’est pour cela queContrepoints combattra les appels à des mesures sécuritaires liberticides qui ne manqueront pas de surgir suite aux événements d’aujourd’hui.
La liberté est ce qui fait de nous des Hommes. Notre attachement à elle se doit d’être viscéral. Le massacre écœurant d’aujourd’hui doit nous rappeler l’importance vitale de sa défense.
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