mardi 13 décembre 2011
Le FMI exclut un nouveau prêt à la Grèce
LA GRÈCE DOIT FAIRE DÉFAUT
Aussi étonnant que ça puisse paraître, la Grèce vient de voter un budget 2012 d’une extrême rigueur en net excédent, avec des recettes supérieures de plus de 1 % aux dépenses. Pourtant, chaque fin de mois, l’État grec dépensera plus d’argent qu’il n’en gagnera et devra donc emprunter. Comment cela est-il possible ?
Le différentiel se situe dans la charge de la dette qu’il faut rembourser. L’État a certes un budget de fonctionnement excédentaire de 1 %, mais ce chiffre ne prend pas en compte le remboursement de la dette contractée, qui le fait passer à -5,4 %. Ceci signifie que si l’État grec décidait de ne pas rembourser ses créanciers, il n’aurait plus besoin d’eux.
Le principal argument des opposants au défaut de paiement est que ne pas rembourser ses dettes pour un État l’expose à la défiance logique et absolue des investisseurs à l’avenir. Le problème de la Grèce est qu’elle a déjà la défiance absolue des investisseurs, qui l’oblige à bénéficier de mécanismes de compensation de la part des autres pays de la zone Euro – qui voient par conséquent leur propre dette gonfler d’autant. Se mettre en défaut, de la part de la Grèce, aurait donc plusieurs conséquences.
Tout d’abord, l’ensemble de ses créanciers deviendraient instantanément hystériques et crieraient au scandale. Certains, comme les banques françaises, verraient leurs bénéfices grandement amputés, d’autres se trouveraient carrément en difficultés. Mais quand on prête à un pays surendetté, on connaît le risque, donc tant pis pour eux. La deuxième conséquence est que, avec son budget fonctionnellement excédentaire, la Grèce n’aurait plus besoin d’emprunter, ce qui résoudrait le problème de confiance des investisseurs. Elle n’aurait également plus à faire d’efforts supplémentaires, comme c’est prévu aujourd’hui, dans les années à venir, puisqu’elle est à l’équilibre. Enfin, elle devrait sortir de l’Euro, ce qui n’aurait pas de grandes conséquences budgétaires mais pourrait booster ses exportations et son économie. Ce qui signifie que les fonctionnaires pourraient voir la baisse de leurs salaires se terminer, que les impôts pourraient se stabiliser, donnant la base d’une reprise économique que la rigueur a complètement anéanti.
Le salut de la Grèce passe donc naturellement par un défaut immédiat. Dans le cas contraire, sa charge de dette est si immense qu’elle ne pourra pas la rembourser : au rythme prévu par le dernier plan de redressement, il faudrait des décennies avant qu’elle sorte de la rigueur. Difficilement tenable, donc complètement stupide !
Rome déclare la guerre aux chewing-gums
A Rome, la guerre contre le chewing-gum est déclarée. La municipalité a lancé, mardi 13 décembre, une opération spéciale de nettoyage dans le centre historique de la capitale où sont jetées sur la voie publique 15 000 gommes à mâcher chaque jour.
Ce nettoyage exceptionnel qui a eu lieu au Largo Argentina, au cœur de la Ville Eternelle, a été effectué par des bénévoles et des employés de la société municipale Ama qui ont retiré des centaines de chewing-gums accumulés sur les murs, les bancs en travertin ou à même le goudron.
CINQ ANS POUR SE DÉGRADER
Selon M. Benvenuti, le chewing-gum est "très polluant car il met cinq ans à se dégrader de lui-même dans la nature". En outre, "pour l'Ama, chaque intervention pour retirer un chewing-gum nous coûte 1 euro", ce qui signifie environ 5,5 millions d'euros par an, a-t-il ajouté.
"Nous cherchons à faire passer le message qu'il ne faut pas salir et détruire Rome. Nous voulons impliquer tout le monde, les citoyens comme les associations, dans le nettoyage et l'entretien de la ville", a souligné M. Benvenuti.
"C'est évidemment une opération symbolique, qui ne résout pas le problème, mais a un impact culturel notable. Vu le temps que met un chewing-gum à se décomposer, les gens qui les collent sur du marbre ou les jettent par terre devraient y réfléchir à deux fois avant de le faire", a estimé Isabella Rauti, directrice de l'association Noi per Roma (nous pour Rome), qui participe à l'opération de nettoyage.
Une certaine idée de la solitude
Tout va bien. C’est Monsieur Pépy son président qui nous le dit, le big bang de la SNCF a été réussi, à 95 % — un score soviétique. Nous voici donc invité à saluer les trains qui arrivent à l’heure. Et nous le ferions volontiers, au risque même de lasser le lecteur. Mais on nous confie, en Franche-Comté, que les trains sont à l’heure… quand ils roulent. Car il y a grève, là-bas, depuis bientôt trois semaines. C’est pire encore du côté de la Loire, où la grève dure depuis plus de quarante jours… A Saint-Etienne, la question n’est plus de savoir à quelle heure partira le train, mais s’il y en aura un. La question est aussi d’avoir une réponse à sa question, face à une SNCF muette. Alors il a raison, Monsieur Pépy, de se féliciter de son big bang. Mais qu’il n’oublie pas le petit train de chacun, celui de chaque matin, vieilli, usé, fatigué — et trop souvent en grève.
"Nicolas Sarkozy devrait convaincre Angela Merkel de faire un geste"
Emma Marcegaglia : la rigueur est en effet juste mais l'Europe entre en récession. En Italie nous avons du adopter cette année des plans d'économies pour un total de 75 milliards d'euros et nous entrons donc avec certitude en récession. Et en Europe les prévisions font état au moins d'un fort ralentissement de la conjoncture. Aussi l'idée de ne faire que de l'austérité ne tient pas. Il faut certes plus de contrôles sur les budgets, des sanctions, une véritable Union budgétaire : nous y sommes favorables car une simple coordination ne suffit plus. Mais il faut aussi mettre en place ce Fonds monétaire européen, c'est-à-dire augmenter la capacité du fonds de sauvetage (le FESF et bientôt le MES), comme demandé par le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, jusqu'aux 1000 milliards d'euros évoqués et aussi introduire les euro-obligations ("eurobonds") pour financer un peu de croissance. Une Europe qui ne ferait que de l'austérité est en effet promise à une récession prolongée. Surtout les populations ne comprendraient pas pourquoi sont prises toutes ces dures mesures qui touchent directement leur vie en termes de réduction de leurs revenus, de hausse du chômage.
Comment jugez-vous l'action des gouvernements depuis le début de la crise de la dette souveraine ?
Cette action n'a pas été bonne. En effet s'il y avait eu une action assez énergique et immédiate face à la Grèce, qui ne représente tout de même que 2,5% du PIB de la zone euro et une dette en volume somme toute limitée, nous n'en serions pas là. Les gouvernements ont toujours agi avec retard, sans jamais anticiper et toujours avec des solutions partielles, jamais définitives. Certes cette situation est inédite, c'est la première grande crise de l'euro, mais de là à en arriver à parler d'un effondrement de la monnaie unique c'est incroyable!
Que pensez vous de la position allemande ?
Je comprends la peur des Allemands de devoir payer pour des pays dépensiers. Depuis les années 2000, ils ont fait beaucoup d'efforts et réduit les salaires. Beaucoup de gouvernements ont toutefois changé : en Irlande, au Portugal, en Grèce, en Italie et bientôt en Espagne. L'Italie a dopté un plan d'économies très sévère et très structurel. L'Allemagne peut être rassurée : nous sommes tous prêts à accepter l'union budgétaire et ses sanctions automatiques. Mais à ce stade, la chancelière Merkel doit comprendre qu'elle ne peut rester sur sa position rigide. Sa peur de devoir payer pour les autres est nettement moins justifiée. D'ailleurs dans ce contexte, je comprends que le président Sarkozy tienne beaucoup à cette approche franco-allemande mais il devrait pousser beaucoup plus pour convaincre la chancelière Merkel d'accepter de faire, elle aussi, un geste. Le président français devrait chercher à transférer l'attention sur la croissance économique et des instruments européens communs comme les eurobonds, sinon au bout du compte cela restera une position allemande. Paris et Berlin sont certes le moteur de l'Europe mais à un moment aussi complexe, cette relation bilatérale doit s'ouvrir à une discussion plus large, plus européenne, notamment aussi à l'Italie, dirigée désormais un président du Conseil au profil très européen
Les trois principaux syndicats italiens (CGIL, UIL et CISL) ont protesté ensemble ce lundi contre des aspects du plan de rigueur de Mario Monti. La paix sociale est-elle menacée en Italie ?
Il est évident que les syndicats protestent quand on touche aux retraites. Mais ils n'ont pas convoqué une grève générale mais une grève de trois heures. Des éléments du plan de rigueur qui, socialement, posent plus problème et pourraient être modifiés, comme la suspension pendant deux ans de l'indexation des retraites sur l'inflation. Il y aura des protestations : c'est normal mais je ne vois pas des risques très importants pour le climat social en Italie, surtout si ces modifications au plan d'austérité sont réalisées. En soutenant la rigueur, nous avons une vision certes différente de celle des syndicats mais le dialogue reste ouvert.
Craignez vous un resserrement du crédit, un "credit crunch" ?
Beaucoup. C'est notre préoccupation principale en ce moment. En Italie ce resserrement du crédit est déjà en cours. Si cette restriction devait se confirmer et qu'il n'y ait plus l'argent pour financer les activités des entreprises et des ménages ce serait très grave. Il faut absolument l'empêcher. L'essentiel est une réduction des écarts de taux entre les obligations italiennes et celles de l'Allemagne. Et donc il faut des décisions fortes au niveau européen. Ce qu'a fait la BCE, notamment pour le financement des banques comme annoncé jeudi dernier par Mario Draghi, ainsi que l'action concertée récente des banques centrales a servi en ce sens. Mais tant qu'il n'y aura pas de solution définitive à la crise en Europe cela peut déboucher sur un credit crunch. Il faut donc absolument en sortir avec une solution définitive et très crédible.
Après les législatives en Italie prévues au printemps 2013, la politique habituelle reprendra ses droits ?
Le gouvernement Monti a réussi un plan de rigueur qu'aucune coalition de droite ou de gauche n'aurait réussi à faire. Il marque aussi une phase de "pacification" entre les camps politiques antagonistes. Ils sont obligés de coopérer en ce moment de crise et cela est positif. D'ici 2013 une décomposition et une recomposition de quelques forces politiques pourraient se produire. Tant la gauche que la droite étaient jusqu'ici en leur sein très diverses, peu homogènes. Cette période d'urgence nationale pourrait amener à des changements dans les coalitions et déboucher sur des forces politiques plus homogènes. Cela augmenterait du coup la gouvernabilité du pays.
La perte du triple A ne serait "pas insurmontable", dit Sarkozy
L'agence de notation Standaard and Poor's a annoncé vendredi qu'elle prendrait dans les prochains jours sa décision d'abaisser ou non la note de 15 membres de la zone euro et Moody's a fait savoir qu'elle réexaminerait ces notes au premier semestre 2012, après avoir évalué les décisions du dernier Conseil européen.
"Pour l'instant, elles ont maintenu le triple A", souligne le président français. "Si elles devaient nous le retirer, nous affronterions cette situation avec sang-froid et calme. Ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable."
"Ce qui compte avant tout, c'est la crédibilité de notre politique économique et notre stratégie déterminée de réduction de nos dépenses. Nous respecterons scrupuleusement les engagements que nous avons pris", ajoute-t-il.