TOUT EST DIT

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vendredi 9 mars 2012

Le monde de la culture grecque appelle au secours

Face à l'austérité, le monde culturel grec monte lui aussi au front. Le berceau de la démocratie européenne est en train de perdre des pièces inestimables, faute de moyens.
«Notre patrimoine culturel est gravement en danger», s'insurge Despina Koutsoumba, archéologue. Deux ans après le début de la crise économique, le milieu culturel grec tire la sonnette d'alarme. «Le budget de la culture est aujourd'hui de 12 millions d'euros. C'est l'un des plus faibles de l'Union européenne. Comment voulez-vous travailler et protéger 19.000 sites archéologiques quand nous ne sommes que 870 archéologues et 2 000 gardiens?, ironise-t-elle. C'est pour cela que le musée d'Olympie s'est fait voler 63 objets d'une valeur inestimable. De même pour le Picasso qui s'est envolé de la Pinacothèque d'Athènes. Ce à quoi il faut rajouter les fouilles archéologiques clandestines et le trafic d'antiquités. Personne ne contrôle plus rien. On risque le pire !», prévient-elle en évitant volontairement le sujet sensible de la restauration de pièces archéologiques, devenue trop coûteuse pour l'État.
Coupes dans les revenus des fonctionnaires du ministère de la Culture et de ses antennes, retards de plusieurs mois dans le paiement des salaires, les acteurs de la vie culturelle hellénique ne supportent plus les sacrifices faits en raison de l'austérité. «Certains compositeurs ou chanteurs se font payer - quand ils arrivent à se faire payer - avec des chèques virtuels», renchérit Giorgos Tsevrenis, agent d'artiste. «Cela signifie que les chèques sont encaissables dans huit mois ou un an. Pourtant tous les artistes ont baissé leurs cachets», explique-t-il.

Des artistes changent de métier

Toutes les semaines, Giorgos Tsevrenis reçoit des artistes de renom se plaignant de ne pas être payés par les mairies ou les festivals. «Il n'y a même pas d'allocation-chômage pour eux, donc la plupart cherchent à récupérer leurs droits d'auteur et les autres changent de métier, s'ils y parviennent…», dit-il, très sceptique sur les bienfaits du nouveau plan d'aide de 130 milliards d'euros, accordé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international.
Dans le nord du pays, le Théâtre national de Thessalonique demande même aux spectateurs de payer leurs billets en paquets de pâtes, de riz ou de farine. «Après, cela devient difficile de payer les acteurs en euros…», note Giorgos Tsevrenis.
La célèbre actrice Zeta Douka lance un appel au secours à l'Europe. «On ne peut pas jeter la Grèce, berceau de la civilisation, aux gémonies à cause de ses politiques qui ont mal dirigé le pays pendant quarante ans. La Grèce a légué une richesse culturelle de plusieurs siècles au monde, et on doit la détruire à cause des spéculateurs? Il y a urgence et il faudrait aussi que les Européens ouvrent les yeux au plus vite !», s'enflamme-t-elle.
Certaines associations ont décidé de se mobiliser pour le sauvetage du patrimoine grec via les réseaux sociaux et espèrent être entendues au plus haut niveau.

IVG: "méconnaissance" de Hollande, selon NKM

Les propositions jeudi de François Hollande sur les IVG témoignent d'une "méconnaissance du sujet" et sont "un peu démagogiques", a estimé vendredi sur Europe 1 la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet. M. Hollande a préconisé que tous les établissements hospitaliers publics du pays soient dotés d'un centre IVG et que cette opération soit remboursée à 100%. Soulignant que "la moitié des mineures" ayant subi une IVG prenaient un moyen de contraception, elle a estimé que l'"urgence" résidait plutôt dans

QUELLE PRESSE DE MERDE !
NOUS AVONS LA PRESSE LA PLUS LAMENTABLE DU MONDE.
ELLE EST TOUTE À GAUCHE, CIRAGE DE GAUCHISTES, ANALYSES IMMONDES, IL N'Y A RIEN À RETENIR DE VALABLE, NI DANS LE FIGARO, ET ENCORE MOINS DANS CES DEUX TORCHONS QUE SONT LIBÉ ET LE MONDE, AUX MAINS TOUS TROIS DE MILLIONNAIRES.
NE PARLONS PAS DE L'EXPRESS DE BARBIER QUI N'EST QU'UN TAS DE FAUSSES NOUVELLES.
LE POINT NE TOURNE PLUS ROND, QUANT AU NOUVEL OBS DEPUIS QUE CE CONNARD DE JOFFRIN Y SÉVIT, POINT DE SALUT !!!

Carla Bruni-Sarkozy sur France 5 : "J’ai peur pour mon mari"

Carla Bruni-Sarkozy a répondu très détendue aux questions de l’animatrice Allessandra Sublet sur France 5 jeudi soir. Elle s’est confiée sur sa vie privée, sur ses rapports avec la presse, sur son rôle de première dame de France. Carla Bruni-Sarkozy est d’abord revenue sur ses activités de model et d’auteur-compositeur, évoquant le succès de son premier disque, « Quelqu’un m’a dit » auquel elle ne croyait pas au départ : « J’ai été stupéfaite ». 

Interrogée sur la manière dont elle est traitée dans les médias, elle a minimisé l’impact des attaques dont elle peut faire l’objet. « Un magazine comme Marianne, en vérité ce n’est pas contre moi, c’est pour attaquer mon homme. Mais je crois que la liberté de la presse c’est ça. Il vaut mieux ça que vivre sous une dictature ». Elle explique que les journalistes sont en réalité très agressifs vis à vis de son mari mais pas contre elle : « Vous en connaissez des journalistes qui sont pour mon mari ou même neutres ? (…) ce qu’on raconte sur mon mari est toujours faux et c’est grave car ça peut avoir un impact sur le pays (ndlr : s’il n’est pas réélu à cause de cela). Parfois il est touché, ému (ndlr : par les critiques), mais jamais abattu. C’est un homme comme les autres. Il a du courage ».

"J'ai peur pour sa santé"

A la question sur l’après mandat de Nicolas Sarkozy, s’il n’est pas élu, ou bien dans 5 ans après un second mandat, Carla Bruni-Sarkozy répond : « Qu’est-ce que vous voulez qu’il fasse ? Il sera obligé d’arrêter la politique. Mon mari est un homme qui donne tout. Après la politique il changera de vie. » On sent que si Nicolas Sarkozy n’était pas réélu en mai, son épouse ne serait pas obligatoirement fâchée car elle confie qu’elle est inquiète pour lui : « J’ai peur pour lui, pour sa santé. Il travaille tout le temps. J’ai peur qu’il meure tout d’un coup ».

Sur les années passées à l’Elysée, Carla Bruni-Sarkozy évoque enfin des années de bonheur : « Ces 5 ans ont été les années les plus extraordinaires de mon existence ». Elle évoque ses rencontres avec les grands de ce monde, Nelson Mandela, la reine d’Angleterre ».

À la recherche du vrai Nicolas Sarkozy

Alors, comme ça, Sarko arrêterait si d'aventure... Cela ne lui ressemble pas d'évoquer un retrait avant d'avoir livré bataille, lui qui aime répéter qu'il a surmonté bien des épreuves dans sa vie publique et qu'il est animé par un déterminisme : en politique, quand on veut, on peut ! Comment appréhender cette singulière confession sans verser dans la psychanalyse de comptoir ? On a envie de dire que Nicolas Sarkozy est en train de devenir un président-candidat normal, même s'il est de plus en plus difficile de suivre les méandres de ses multiples personnages. Il s'était déjà épanché de la sorte mais là, il sort du registre de la confidence. Il reste cependant dans la séquence des contritions où il se met à nu. Sans qu'il faille être dupe : le candidat veut faire oublier le président. On est obligé de dire ensuite qu'elle intervient alors qu'il joue son va-tout. S'il doit retrouver son second souffle, c'est maintenant. Envisager sa propre défaite peut être un pari mobilisateur comme une astuce démoralisante. Parions sans risque que dimanche à Villepinte il saura faire de ce signe d'authenticité un levier pour galvaniser les troupes. Elément d'une stratégie d'humanisation ou coup de blues, une chose est sûre : Autant le Sarkozy de 2007 était conquérant, séducteur, autant le Sarkozy de la reconquête a perdu de sa superbe. On sent que lui-même ressent s'être éloigné des cœurs des Français. Toujours aussi combatif pour éreinter François Hollande mais, lorsqu'il s'agit de regarder son bilan en face ou de nous regarder au fond des yeux, la flamme s'est estompée. Cette solennité, ce doute, c'est grave docteur ? Aux Français de le dire.

Bayrou, retour au classique 

Pour la présidentielle de 2007, à la même époque du mois de mars, François Bayrou culminait à 24 % chez CSA. C’était son meilleur sondage de toute la campagne. Il faisait alors presque jeu égal avec Ségolène Royal (25 %-26 % selon les instituts), tous deux talonnant Nicolas Sarkozy (27-28 %). À l’arrivée, le 22 avril, l’actuel président franchissait la barre des 31 %. Ségolène Royal n’avait pas bougé (26 %) et François Bayrou était descendu à 18,5 %. Nicolas Sarkozy avait clairement vidé une partie du centre pour creuser l’écart, tout en drainant une grosse partie des suffrages lepénistes.
Cinq ans après, le président sortant n’est plus en mesure de rééditer ce genre de campagne. Il est en retard sur le candidat socialiste et les courbes n’accréditent pas de basculement immédiat. Pour ne rien arranger, Marine Le Pen est plus haut que son père. Face à la menace qu’elle incarne, Nicolas Sarkozy doit reconstituer d’abord le noyau dur de son électorat. D’où ses clins d’œil marqués envers la droite de la droite sur l’immigration et l’assistanat.
Par la force des priorités, le candidat-président laisse de l’espace au centre, et François Bayrou espère bien s’y engouffrer. Il cherche à se poser en recours, dans l’hypothèse où le chef de l’État resterait scotché à la deuxième place, voire s’il se mettait à dévisser.
François Bayrou joue la rigueur contre la crise, accuse le candidat socialiste de faire marcher le « déconnomètre à plein tube » en proposant un taux d’imposition de 75 % pour les super-riches. Alors qu’en 2007, il voulait faire exploser le système médiatico-politique, il se veut aujourd’hui modéré et rassembleur pour faire la différence avec Nicolas Sarkozy, auquel il reproche sa propension à « diviser ». Il se fait chantre de la lucidité et de la vérité, même si celle-ci est dure à entendre, pour se distinguer de François Hollande qu’il dépeint comme le candidat de « l’illusion ». Il réenfourche également un vieux cheval de bataille centriste, l’Europe, celle des six fondateurs de l’UE, grâce à laquelle il tente de se démarquer de la gauche et de ses tentations germanophobes.
Le positionnement du président du MoDem est cohérent, peut-être plus qu’il y a cinq ans, où il avait beaucoup dansé sur son pied gauche. Son problème, c’est qu’il est loin des scores que les sondages lui accordaient alors.

Retrait 

 Si je perds, je pars, a dit Monsieur Sarkozy, et cela a fait l’étonnement du jour… Mais l’étonnant est bien que cela nous étonne ! Quoi de plus normal, que de partir quand on perd ? Il n’y a rien d’infamant à perdre une élection, mais la moindre des choses est d’en tirer les conséquences. Ainsi font les dirigeants des pays voisins : quand ils sont battus, ils se mettent en retrait pour laisser la place à d’autres, plus jeunes. En France, nous élisons François Mitterrand et Jacques Chirac à la troisième tentative, au risque d’une fin de présidence dominée par la maladie. Et nous voyons aujourd’hui, à droite et à gauche, des quadragénaires priés de patienter parce qu’ils seraient trop jeunes… La bonne question, ce n’est pas : pourquoi partir ? Mais : pourquoi rester ? Donc : et vous, Monsieur Hollande, si vous perdez, à 58 ans, vous retirerez-vous de la politique active ?

Crise, quelle crise ? 

Mille deux cent vingt-six milliardaires (en dollars) sont répertoriés cette année dans le classement du magazine américain Forbes ! Le premier est un Mexicain, Carlos Slim, roi des télécommunications dans son pays. Le premier Français, quatrième de la liste, est l’empereur du luxe, Bernard Arnault, propriétaire et patron de LVMH. Seize petits nouveaux entrent dans ce club qui gagne chaque année des adhérents.
Crise, quelle crise ?
À nos portes, Baselworld, le rendez-vous planétaire de l’horlogerie et de la bijouterie, a ouvert ce jeudi. Mille huit cents exposants prestigieux de 41 pays y ont loué des stands hors-de-prix pour capter quelques-uns des 200 000 visiteurs attendus. La plus chère de ces toquantes, avec ses 1 282 diamants, est affichée à Bâle pour la bagatelle de 5 millions de dollars.
Crise, quelle crise ?
Le secteur du luxe a le sourire sur les Bourses européennes. À Zurich, à Londres, à Paris, les valeurs du secteur ont fait des petits sauts de joie mercredi. À l’origine de cette gaîté, un entrefilet du quotidien chinois China Daily : il s’y chuchote que Pékin pourrait baisser les taxes à l’importation des produits de luxe. De quoi doper un marché asiatique, aujourd’hui de 30 milliards de dollars, et qui grimpe au rythme enthousiaste de 25 % l’an.
Crise, quelle crise ?
Ces trois petites informations, glanées en un tour de planète, peuvent faire hurler, méditer ou rêver. De doctes économistes professeront que l’argent que dépensent quelques riches fait vivre une multitude de pauvres. Des nostalgiques du Grand Soir évoqueront ce qu’il faudrait faire subir au dernier des capitalistes avec les tripes du dernier bureaucrate. D’autres, plus sobrement, estimeront que sur une petite planète aux ressources limitées, les humains devraient peut-être trouver façon plus intelligente de se les partager.

Thessalonique montre la voie pour s’en sortir

Pendant qu’Athènes se sclérose dans la complainte de la récession et des manipulations de l’étranger, près de la deuxième ville du pays de nouveaux projets bourgeonnent, faisant germer l’espoir. Die Zeit est allé à la rencontre de ces Grecs qui n'espèrent plus rien de l’Etat et qui ont retroussé leurs manches.

Le liquide rose clair remplit le verre jusqu’au bord. Remuer, sentir, goûter, rouler dans la bouche – et recracher. Stellios Boutaris goûte la dernière cuvée des caves Kir-Yanni. "Là, on tient quelque chose !", s’enthousiasme-t-il au sujet du mousseux rosé en gestation avec lequel il entend conquérir l’Europe du Nord. "L’Allemagne est un pays à mousseux, on y trouvera des clients", assure-t-il.
Dans le petit village de Yannkohori, à une heure à l’ouest de Thessalonique, un tel optimisme se comprend. Un timide soleil d’hiver flotte au-dessus du domaine viticole de Kir-Yanni. On aperçoit de la neige au sommet des coteaux verts et gris aux formes douces.
C’est ici que prend naissance ce que Stellios Boutaris tient pour être le modèle économique de la Grèce : "Faire vraiment bien ce que nous savons faire". Un bon vin, par exemple. Le Retsina, le fameux vin de table que l’on achète dans les petites épiceries grecques – c’était hier. Kir-Yanni fournit aujourd'hui les restaurants étoilés d’Athènes ou de Thessalonique – et de plus en plus de clients à l’étranger.
Kir-Yanni devient une marque de cette Grèce nouvelle qui affleure dans ce petit village de Macédoine et dans les rues du chef-lieu de la région, Thessalonique. Elle est portée par ces Grecs qui n’espèrent plus rien de l’Etat. Peut-être est-ce la raison pour laquelle elle reste introuvable dans les rues d'Athènes, occupées par les syndicats d’hier. Par les élus corrompus qui font capoter les réformes par clientélisme ou par les députés qui planquent des millions à l’étranger. Rendons visite à ces Grecs qui veulent travailler pour leur propre compte.

Antithèse de l'homme politique

L’homme a attendu d’arriver à l’âge de la retraite pour poser sa candidature à la mairie de Thessalonique. Yannis Boutaris, 69 ans, est le père de Stellios. Voilà quelques années encore, il dirigeait lui-même le domaine viticole qu’il a fondé en 1996. Puis il est entré en politique et a été élu, voilà un peu plus d’un an, au fauteuil de maire de la deuxième ville de Grèce. En homme d’affaires qui a réussi mais aussi en homme qui ne doit rien à personne : l'antithèse de l’homme politique.
Grâce aux réformes qu’il a entreprises, Yannis Boutaris est apprécié de ses citoyens et des visiteurs de l’Union européenne. Il a fait le ménage dans les services de la ville, a réduit le nombre de directions, a fait préparer, chose inédite, un descriptif des postes de chaque employé municipal. Pour que l’on sache qui fait quoi. "C’est mon plus grand défi !", reconnaît-il. On attend de lui qu’il ouvre de nouveaux horizons à des Thessaloniciens frustrés.
Cette ville riveraine de la Méditerranée était autrefois le Manchester de la Macédoine. Mais les usines de textiles, les tanneries, les filatures, les usines de teinture de laine ont émigré vers l’ex-Yougoslavie et la Bulgarie après la chute du Rideau de fer. Les propos publics de certains ministres allemands suggérant une sortie de la Grèce de la zone euro n’ont rien arrangé. Car Thessalonique n’exporte pas de produits bon marché de grande diffusion.
De quoi la deuxième ville de Grèce est-elle donc censée vivre à l’avenir ? "Small is beautiful !", s’exclame Yannis Boutaris. Les Grecs doivent se concentrer sur les petites choses, celles qu’ils maîtrisent bien, et parvenir à l’excellence dans leur fabrication. "Nous ne nous vendons pas assez, et nous ne vendons pas assez nos produits". Yannis Boutaris suggère de prendre modèle sur les Italiens qui soignent la qualité et leurs marques.
Beaucoup partagent cet avis. Un congrès économique organisé non loin de la mairie a réuni des entrepreneurs du nord du pays. Ici, on entend peu les jérémiades athéniennes sur les plans de l’Union européenne et du Fonds monétaire international. C’est un congrès contre Athènes, la capitale figée, contre un Etat central apathique, une critique libérale d’une administration percluse dans sa graisse.

L'atout du tourisme

"Notre crise, c’est l’Etat", confie le professeur d’économie Moïse Sidoropoulos. "Ce ne sont pas des hommes d’affaires qui recherchent la protection de l’Etat que nous voulons, ce sont des entrepreneurs qui vont sur le marché et qui se battent". Voilà qui semble vraiment courageux. Reste à savoir quels marchés sont faits pour les Grecs.
Moïse Sidoropoulos en énumère un certain nombre. Les grandes flottes des armateurs grecs doivent être ramenées au pays par le biais d’une baisse des impôts et des taxes. La production d’énergie renouvelable doit être favorisée : la Grèce a du soleil et du vent à revendre. Le pays possède une industrie pharmaceutique modeste mais néanmoins vigoureuse qui s’est spécialisée dans la fabrication de médicaments génériques.
L’agriculture doit exporter davantage de produits de qualité, les exploitations piscicoles doivent soulager les mers victimes de la surpêche. Le premier secteur de l’économie reste néanmoins le tourisme. L’atout numéro un du pays est sa beauté.
Yannis Boutaris ne voit pas les choses autrement. Depuis sa mairie, il tente de redorer le blason de Thessalonique à l’étranger. Il a convaincu des compagnies aériennes de créer des liaisons directes. Les taux de fréquentation grimpent rapidement. Il tente également d’attirer les navires de croisière et s’est déplacé récemment à Hambourg pour s’inspirer du succès de la ville dans l’accueil des navires de grande dimension.
Le domaine viticole de Kir-Yanni symbolise également ce mélange de paradis préservé et de modernité. Son fils ne ressemble en rien aux paysans bourrus d’autrefois. Il court les salons des vins d’Europe et d’Amérique. Et caresse le projet de vendre ses vins en Chine. Voilà belle lurette qu’il s’est lancé dans le commerce en ligne. A l’avenir, le Kir-Yanni arrivera chez vous en un clic de souris. Voilà à quoi pourrait ressembler la Grèce du futur. Si elle a bien calculé son coup.

Lutte des classes

Demandez à un Allemand ce qu’il pense du super-impôt à 75 %, il vous dira : votre M.Hollande est en train de se tirer une balle dans le pied. Parlez-en à Ed Miliband, le leader travailliste britannique – qui vient de la gauche du parti – , il vous dira : nous n’avons pas l’intention de dépasser les 50 %.
Il suffit d’ailleurs de comparer les barèmes de l’impôt sur le revenu de nos voisins européens : aucune tranche ne dépasse le taux français de 45 %. Et encore celui-ci doit-il être augmenté de la CSG et de la CRDS qui portent le prélèvement à 53 % – avec François Hollande, ce serait donc 83 %. Eh bien, là où l’Allemand juge que c’est une sottise, où le travailliste anglais estime que l’on ne doit pas franchir les 50 % de prélèvements, que pensent les Français ? On peut faire un référendum sur le sujet ; le résultat est connu d’avance, les sondages vous le disent : ce sera au moins 60 % de oui.
Les Français applaudissent à l’impôt quand il est payé par un autre. Or un contribuable sur deux ne paie pas d’impôt sur le revenu. Les Français sont donc toujours hostiles à toute hausse de la TVA qu’ils paient, et toujours favorables à la hausse des tranches supérieures de l’impôt sur le revenu, du barème de l’ISF ou des plus-values dès lors qu’ils ne les paient pas. On peut leur opposer des arguments rationnels et de bon sens (lire notre dossier  ainsi que le Rendez-vous d’Olivier Dassault), cela ne modifie les jugements qu’à la marge. Démagogie ? En France, le discours “antiriches” relève de l’idéologie de la lutte des classes et de la mythologie révolutionnaire avec ses préjugés et ses invectives. Et ça marche, même sur une opinion surinformée.
Sur quel argument François Hollande s’est-il fondé pour annoncer son super-impôt ? Sur la hausse de 34 % que les dirigeants du Cac 40 se seraient accordée sur leurs rémunérations de 2010. La source de cette information est-elle fiable ? En réalité, elle mélange salaire, rémunération variable et valeur des stock-options. Là où les salaires n’ont pas bougé, ce sont les rémunérations variables qui ont augmenté – en raison de la hausse des bénéfices des sociétés cette année-là par rapport à l’année précédente, qui était un exercice de crise. Les patrons ne se sont donc pas augmentés de manière indécente – c’est leur rémunération variable dont ils ne sont pas maîtres qui a progressé. Qui le dit ? Même le patronat français, tétanisé à l’idée de venir au secours des grands patrons, alors qu’il s’agissait de redresser les erreurs et d’expliquer les chiffres, est resté discret. Il faut être président de la Ligue ou d’un club de football pour être audible.
François Hollande n’est ni Saint-Just ni Robespierre. Il est allé à Londres expliquer aux Français expatriés, pour cause de liberté et de fiscalité (ils sont 300 000), qu’il n’était pas « dangereux ». Mais après avoir déclaré que la finance était son « ennemie », il a voulu frapper plus loin et plus fort : en transformant Nicolas Sarkozy, “président du peuple”, en “président des riches”. Une méthode déjà utilisée avec succès à deux reprises par François Mitterrand. En 1981, celui-ci avait attaqué au canon les “accapareurs”, les “châteaux”, et à travers eux, Giscard, “l’homme des diamants”. Cette affaire, une plaquette de “diamants” de 1 ou 2 carats offerts par un potentat africain, Bokassa, avait éclaté dix-huit mois avant la présidentielle. Giscard avait traité cette histoire par le mépris. Mais le mot “diamant”, reconnaîtra-t-il, était « magique ». Cela devait défigurer son image. Un poison que Mitterrand sut habilement utiliser pendant sa campagne. Les “diamants” de Sarkozy, c’est cette soirée du Fouquet’s organisée par sa femme (Cécilia) pour sa victoire avec des célébrités et des grands patrons. Un autre poison que Hollande sert dans chacun de ses discours.
En 1988, lorsque Mitterrand fut candidat à sa réélection, il avait en face de lui son premier ministre, Jacques Chirac, et son parti, le RPR : il dénonça « les partis, les clans, les bandes » qui voulaient s’emparer du pouvoir, les « intérêts particuliers égoïstes » qui allaient « déchirer le tissu social » ; il accusa Chirac d’avoir abrogé l’impôt sur la fortune – et celui-ci fut convaincu qu’il devait à cette décision sa défaite à la présidentielle. Ni Lionel Jospin en 2002 ni Ségolène Royal en 2007 n’ont remis la lutte des classes à leur programme. François Hollande y revient en comptant bien rééditer les succès de Mitterrand. Le tout est de savoir, si les socialistes cumulaient à la fois tous les organes de l’exécutif (État et collectivités locales) et ceux du législatif (Assemblée et Sénat), ce qu’ils feraient de cette suprématie sur un tel fond de lutte des classes. François d'Orcival, de l'Institut

Les riches, salauds ou héros ?

Depuis dix jours, on ne parle que d’eux. La France est divisée en deux camps. Doit-on – ou pas – les taxer à 75 % au-delà de un million d’euros de revenus ? Mais qui sont-ils ? Combien gagnent-ils ? Quelle est leur contribution réelle à l’impôt ? Voyage au pays des très gros salaires.
Peut-on imaginer une campagne électorale, en France, sans empoignade sur les riches ? Évidemment non. Plus qu’un classique, c’est presque un rendez-vous. Depuis que François Hollande a lancé sur TF1 sa proposition de taxer à 75 % tous ceux qui gagnent plus de un million d’euros par an, c’est parti. La France s’étripe sur les riches, les uns pour les montrer du doigt et dénoncer leurs salaires indécents, les autres pour défendre ces “créateurs de richesse”, leur importance dans l’appareil productif. Une bonne polémique comme on les aime, qui, inévitablement, divise la France en deux camps. Évidemment irréductibles.
« La richesse fascine ceux qui en sont privés. Elle est tout à la fois objet de désir et de ressentiment, modèle de réussite et symbole d’injustice », résume le journaliste économique Thierry Pech dans son dernier ouvrage, le Temps des riches (Seuil).
4 000 euros par mois ? 8 000 euros ? 15 000 euros ? À partir de quel salaire est-on riche ? Les Français ont répondu à la question dans un sondage, réalisé en août 2011. En moyenne, ils considéraient qu’un ménage composé de deux adultes pouvait être considéré comme riche avec un revenu mensuel de 8 300 euros. Hasard ?
Ce seuil ressenti rappelle le chiffre de 4 000 euros évoqué en 2006 par François Hollande, alors premier secrétaire du Parti socialiste, pour désigner les riches. Encore plus étonnant, il correspond presque, selon l’Insee, au revenu mensuel moyen des 10 % des ménages les plus aisés (7 700 euros, avec deux salaires).
Des sommes considérées comme énormes pour les uns, et permettant à peine de vivre pour les autres. Le riche, pour la majorité des personnes interrogées, c’est celui qui gagne le double de leurs propres revenus. C’est ainsi que, pour 24 % des Français, un ménage est riche lorsqu’il gagne entre 4 000 et 5 000 euros.
Bien loin de la réalité… et des revenus des super-riches.
Il a fallu attendre 2010 pour que l’Insee réalise – enfin – une étude détaillée sur les très hauts revenus. Le “top 10”, constitué des 10 % des Français les mieux rémunérés. Effectivement, on entre dans ce top 10 à partir d’un peu moins de 4 000 euros imposables par mois. Avec 5 400 euros, on est éligible au club des 5 %. Pour pénétrer dans celui des 1 % les mieux payés, il faut franchir la barre symbolique de 10 000 euros, qui compte tout de même 580 000 Français.
Ensuite, l’échelle des revenus explose littéralement. Quand on entre dans le club, cette fois très restreint, des 0,01 %, celui des vrais “super-riches”, on doit gagner en moyenne 82 000 euros par mois. Là encore, il s’agit de moyenne. Leur revenu par unité de consommation (le premier adulte d’un ménage compte pour un, chaque personne de plus de 14 ans pour 0,5 et chaque enfant plus jeune pour 0,3) varie de 688 000 à plus de 13 millions d’euros annuels.
Ce sont ces 0,01 % qui sont au coeur de toutes les polémiques : comme les grands patrons du Cac 40 dont les revenus ont augmenté de 34 % en 2010, pour s’établir à un peu plus de 4 millions d’euros annuels. Même ceux dont les entreprises n’avaient pas été performantes. Sur le podium : Jean-Paul Agon, le PDG franç ais le mieux payé (L’Oréal) : 10,7 millions d’euros ; suivi de Bernard Arnault (LVMH) et Carlos Ghosn (Renault), à égalité : 9,6 millions.
Un quart des PDG du Cac 40 touche plus de 240 smic. Aberrant ? Les gains des PDG français sont dans la moyenne des salaires des patrons européens, qui s’élève à 3,9 millions, selon le rapport annuel du cabinet Proxinvest. Et la moyenne française n’atteint que 50 % de celle des Britanniques, 70 % des Italiens, 80 % des Espagnols et des Allemands. « Ces salaires n’en sont pas moins indécents », reconnaît l’entrepreneur Charles Beigbeder, fondateur du fournisseur d’électricité Poweo, qui rappelle, néanmoins, que les dirigeants des 250 plus grandes entreprises françaises, hors Cac 40, ont vu leur rémunération baisser de 17 % en 2010, pour s’établir en moyenne à 500 000 euros. Autre réalité que les quarante salaires hors norme du Cac ne doivent pas masquer : les patrons de PME gagnent en moyenne 4 000 euros par mois.
À part les grands patrons, qui sont les super-riches ? Un chercheur, Olivier Godechot, a étudié à la loupe l’évolution de la sociologie des super-riches. Ceux qui entrent dans la catégorie des 0,01 %. En 1976, les capitaines d’industrie se taillaient la part du lion : 38 % de ces très hauts revenus. Les secteurs des services aux entreprises (10 %) et de la finance (6 %) arrivaient loin derrière.
Trente ans plus tard, les cartes ont été rebattues. Parmi les plus hauts revenus, 26 % viennent dorénavant du secteur des services aux entreprises, 24 % de la finance, alors que les industriels ne re présentent plus que 14 % des effectifs.
Les sportifs de haut niveau sont entrés dans le palmarès, même s’ils ne re présentent que 1 % des super-riches. Au premier rang des quels on trouve bien sûr les stars du ballon rond, qui signeraient la mort du football français si, surtaxés, ils préféraient partir à l’étranger.
Les dirigeants d’entreprise sont les plus nombreux (25 %) pour un salaire brut annuel moyen de 225 000 euros. En revanche, les sportifs sont bien mieux payés : 445 000 euros.
Autre question cruciale : les riches sont-ils de plus en plus riches ? Olivier Godechot a également examiné attentivement l’évolution des salaires. Entre 1996 et 2007, les rémunérations des acteurs ont été multipliées par 1,5, celles des sportifs et des PDG par 3,3… et celles des cadres de la finance par 8,7. Les 0,1 % les mieux payés gagnaient 19 fois le salaire moyen en 1980. En 2007, ils percevaient 65 fois plus. Une approche contestée par certains économistes, qui soulignent qu’une comparaison entre le salaire moyen des Français avec une infime minorité, les quelques centaines d’hyperriches, n’a aucune va leur scientifique.
L’autre grande question, celle qui concentre toutes les polémiques et donne lieu aux plus belles empoignades, c’est bien sûr : “Les riches payent-ils suffisamment d’impôts ? ” Une chose est sûre, les super-riches sont loin d’atteindre le seuil de 50 % fixé par le bouclier fiscal. Selon l’Insee, avancent les “antiriches”, le seuil d’imposition moyen du club des 1 % les plus riches ne serait que de 25 %. Seuls 9 % d’entre eux reverseraient plus de 35 % de leurs revenus. Le tout, grâce aux réductions et aux déductions d’impôts permises par les niches fiscales. Mensonge, hurle le camp adverse, qui explique comment les chiffres sont truqués pour faire croire que les riches finissent, proportionnellement, par payer moins d’impôts que les pauvres.
Le ressentiment des “pro” riches est d’autant plus grand qu’ils rappellent que François Hollande, dans un débat avec l’économiste Thomas Piketty, le 28 janvier 2011 sur Media part, expliquait que l’idée d’un taux de prélèvement confiscatoire, sur une toute petite fraction des contribuables, ne produirait aucune recette et accentuerait les délocalisations fiscales. Peu lui importe de se contredire. Le candidat a réussi son coup. Depuis dix jours, sa proposition a effacé tout autre sujet de débat. Mieux, 57 % des Français se déclarent favorables à sa mesure, porteuse, selon eux, de “plus grande justice sociale”. Elle réussit même à emporter l’adhésion de 31 % de sympathisants UMP.
Quid des riches qui s’en iraient sous d’autres cieux fiscaux plus cléments ? Ils n’ont pas attendu la proposition de Hollande pour préparer leurs bagages, commencent à prévenir les fiscalistes. Nombre d’entre eux sont persuadés que les finances françaises sont tellement dégradées que, quoi qu’il arrive, la pression fiscale augmentera après la présidentielle. Quelque soit le nom du nouveau président.

Promesses envolées

La campagne ne répond pas aux attentes des Français. Ils n’apprécient pas le ton agressif entre les candidats. L’abstention risque d’être forte. La crise et l’endettement pèsent sur la campagne.
Pour la première fois, l’espoir comme le rêve sont absents des discours : 2012 est un cru sans promesses. Les politiques ne sont pas des magiciens. Mais l’ont-ils jamais été ?
“Tout est possible”, proclamait en 1981 le candidat Mitterrand. Élu, il a ouvert les vannes : smic +10 %, allocations familiales + 25 %, allocation vieillesse + 20 %. C’était “l’autre logique”, 1936 dans une version XXL, avec les nationalisations. « Je serai en mesure de recruter, sur les plans public et privé, un million de jeunes dans l’année », promettait le candidat. En voyage en Lorraine, il assurait : « Aucune entreprise ne devra fermer. » Laurent Fabius annonçait pour octobre une croissance à 3,3 ! Elle n’atteindra jamais la moitié du chiffre. Un an plus tard, c’était l’heure des révisions déchirantes. Bientôt deux plans de rigueur : blocage des prix et des salaires, hausse des tarifs publics, gaz, électricité, SNCF, limitation à 2 000 francs par personne et par an de devises pour les voyages à l’étranger. Autant fermer les frontières, le franc est dévalué de 2,5 % alors que le mark est réévalué de 5 %. C’est la fin de la sidérurgie et aussi le glas de la magie distributive. François Mitterrand voulait rompre avec le capitalisme, il a rompu avec le socialisme.
1995. “La France pour tous”. Jacques Chirac choisit le thème de la fracture sociale, promet une grande loi-cadre contre l’exclusion. Il veut revaloriser le smic, les retraites, promet de réinsérer un million de chômeurs de longue durée. Une orientation très sociale inspirée par Philippe Séguin. Elle coexiste avec le libéralisme d’Alain Madelin : la baisse des impôts. Une fois élu, il nomme Alain Juppé, « le meilleur d’entre nous », à Matignon. Façon de consacrer la poursuite de l’engagement européen de la France. Mission impossible car Jacques Chirac a promis tout et son contraire. Trop d’impôts tuent l’impôt, disaitil. Six mois plus tard, les Français devront payer 30 milliards d’impôts et de cotisations supplémentaires. La TVA passe de 18,6 à 20,6. Nécessité fait loi : il faut préparer l’entrée de la France dans l’euro. Six mois après son élection, Jacques Chirac le démontrait avec brio : les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent.
Mai 2007. Nicolas Sarkozy parie sur le volontarisme : “travailler plus pour gagner plus”. Il sera le président du pouvoir d’achat. Il ira chercher la croissance avec les dents. Août : les premiers nuages noirs, qui se déverseront en orage mondial durant l’été 2008, se profilent déjà à l’horizon. Le 16 août, la Bourse chute de 5 points. On connaît la suite : crise financière, récession en 2009 qui hypothèquent sa stratégie de relance. Septembre : le cours mondial du blé atteint des records historiques. Cette envolée se répercute sur le prix du pain et de tous les produits alimentaires : entre 7 et 10 % d’augmentation sur le panier de la ménagère. Le prix du pétrole dépasse les 100 dollars le baril en décembre.
Morale de l’histoire : les promesses ? Mieux vaut ne point trop en faire.                  

Démagogue et médiocrate

Décidément, François Hollande n’a pas changé depuis qu’il disait qu’il n’aimait pas « les riches » en situant la barre à 4 000 euros. Faute d’imagination pour sortir la France de la crise, il prend délibérément le risque de l’y enfoncer davantage par des propositions démagogiques.
Témoin, cette mesure que les esprits sensés comme François Fillon trouvent « imbécile », mais qui fait mouche : taxer les “gros” revenus, à partir de un million d’euros, à 75 %! Une proposition approuvée par une majorité d’électeurs : peu de gens se sentent concernés par des montants qui, comparés à un revenu médian de 2 400 euros par mois, peuvent sembler astronomiques.
En procédant ainsi, le candidat socialiste commet une double faute. Il se prétendait rassembleur, porteur d’une autre vision de la France qu’il peine à préciser. Se contredisant de meeting en meeting, s’avérant incapable de formuler un idéal dans lequel les Français pourraient se reconnaître, il préfère flatter la jalousie, la rancoeur, la volonté de revanche de la part de victimes de la crise qui cherchent un coupable. François Hollande leur désigne un bouc émissaire : “les riches”, alliés à son ennemie “la finance”, qu’ils pourront punir de leurs malheurs.
Deuxième faute de celui qui prétend gouverner la France : renforcer les Français dans leur préjugé hérité de la Révolution de 1789 selon lequel les inégalités sont toujours le résultat d’une injustice, jamais la récompense d’un talent créateur de richesses pour le pays.
Il y a certes des rentiers, qui n’ont d’ailleurs pas forcément démérité. Mais les quelques milliers de contribuables visés par la mesure Hollande sont d’abord des entrepreneurs, des dirigeants d’entreprise, des chercheurs, des artistes, des sportifs de haut niveau qui contribuent à la notoriété de notre pays, font progresser son économie, sa culture et son prestige. En confisquant le fruit de leur talent, en les privant d’une légitime récompense financière pour leur mérite, on risque d’achever de décourager l’effort et de stériliser la création sous toutes ses formes, à commencer par la création d’emplois dont on a tant besoin.
Il est légitime de parler de confiscation quand s’ajoutent aux 75 % les prélèvements sociaux (8 %) et l’ISF rétabli dans son ancien barème sans plafond. Ceux dont le revenu se situe au-dessous du seuil du million d’euros auraient d’ailleurs bien tort de croire qu’ils seront épargnés par cette folie spoliatrice. Qui peut sérieusement croire que l’on passerait directement de la tranche de 45 % à celle de 75 % sans tranches intermédiaires dans le barème de l’impôt ?
En réalité, c’est tout l’encadrement de nos entreprises qui se trouve menacé par cette volonté de nivellement. Et toute la compétitivité de notre appareil productif qui serait ainsi compromise, non seulement par un coût trop élevé de la main-d’oeuvre non qualifiée mais aussi par l’impossibilité de rémunérer en France à sa juste valeur la main-d’oeuvre hyperqualifiée. Du bouclier fiscal tant critiqué, nous passerions ainsi sans transition au boulet fiscal pour tous ceux qui ont le grand tort de se distinguer par leurs qualités exceptionnelles.
Sans doute n’est-il pas dans l’air du temps de parler de mérite, de talents et de récompenses financières. Mais la France vit dans un monde où prévaut l’économie de marché, où circulent librement les capitaux et les hommes. On voit déjà bien des artistes mais aussi des sportifs français, footballeurs, tennismen et autres, exercer leurs talents soit à l’étranger, soit même en France en étant fiscalement domiciliés ailleurs. La capitale belge prospère en partie grâce aux exilés fiscaux français. Nos jeunes sont de plus en plus nombreux à songer à s’expatrier dans des pays où l’initiative et l’enrichissement ne sont pas regardés comme un péché.
La taxe Hollande sur les “riches” non seulement ne rapporterait rien à l’État mais l’affaiblirait par la diminution de créations de richesses. Car contrairement à ce que voudraient nous faire croire les socialistes, l’enrichissement de quelques-uns grâce à leur valeur reconnue par le marché ne s’oppose en rien à la solidarité nationale. Au contraire, elle la rend possible par les investissements qu’elle attire. Les Français qui se pressaient nombreux aux portes des Apple Stores pour rendre hommage à Steve Jobs au lendemain de son décès l’avaient bien compris : un créateur génial peut contribuer à changer le monde et à créer des milliers d’emplois chez lui et ailleurs. Rien d’anormal à ce qu’il devienne l’un des hommes les plus riches du monde, même si ce n’était pas son but premier. Avec François Hollande, on ne risque pas de voir une telle aventure se reproduire chez nous.

Rama Yade assure qu'elle n'ira pas à Villepinte

L'élue radicale, qui cherche toujours à obtenir le soutien de l'UMP aux législatives, n'a pas encore décidé de faire campagne pour Sarkozy. 

Rama Yade n'a pas (encore) dit "oui" à Sarkozy. Après les rumeurs qui ont circulé en début de semaine sur sa venue, ce week-end, lors du grand meeting du président-candidat à Villepinte, la vice-présidente du Parti radical le jure : "Il n'est pas question que j'y aille. On ne me l'a même pas proposé." Elle enfonce le clou : "De toute façon, dimanche, j'ai un planning chargé à Asnières..." Elle a beau y être allée de son communiqué louangeur, la semaine dernière, au sujet des propositions en matière d'éducation du président sortant, l'ex-secrétaire d'État aux Droits de l'homme assure donc que rien n'est décidé. Première raison, la plus formelle : le congrès du Parti radical aura lieu samedi, la veille du meeting de Villepinte. Officiellement, les radicaux doivent décider à cette occasion, et seulement à cette occasion, de la position qu'ils adopteront pour 2012, à savoir soutenir Sarkozy ou pas. En réalité, l'issue du scrutin ne fait que peu de doute, mais les cadres du parti font, pour l'heure, mine de se ranger derrière le choix des militants.
La deuxième raison est plus prosaïque. Rama Yade brigue aux élections législatives de juin la circonscription d'Asnières-Colombes-Sud, la deuxième des Hauts-de-Seine, actuellement détenue par Manuel Aeschlimann. Candidat à sa réélection, ce proche du chef de l'État a été réinvesti par l'UMP, après avoir été condamné en appel à un an d'inéligibilité pour favoritisme. Parce qu'il s'est pourvu en cassation, sa sanction est en suspens, mais elle pourrait être confirmée avant les législatives. C'est la raison pour laquelle Rama Yade, bien qu'elle-même en proie à des démêlés avec la justice à cause de son adresse de domiciliation, espérait un soutien du parti majoritaire pour sa candidature. Elle a évoqué la question avec Nicolas Sarkozy à la mi-janvier, selon Paris Match. Sauf qu'Aeschlimann, particulièrement déterminé à ne pas laisser sa place à l'enfant chérie des sondages, a bien fait comprendre que son épouse, l'élue régionale Marie-Dominique Aeschlimann, pourrait être candidate à sa place...

Le Parti radical à la rescousse

Yade avait été prévenue. Fin 2010, alors qu'elle sondait tous les barons des Hauts-de-Seine en espérant succéder à Aeschlimann, le chef de l'État lui avait donné plutôt raison : "Politiquement et intellectuellement, c'est sensé", avait-il jugé, comme l'écrivait Le Point. Avant que Claude Guéant ne complète : "Mais psychologiquement délicat." Pourtant, Yade, toujours populaire et donc courtisée par l'UMP, ne lâche rien. Au mois de février, lorsqu'elle avait fait mine de s'intéresser au candidat centriste, François Bayrou, l'enfant terrible de la sarkozie avait été jusqu'à prévenir qu'elle "ne soutiendrait pas le candidat" à l'Élysée "qui couvrirait les agissements" d'Aeschlimann, qu'elle accuse de s'être ligué avec le maire socialiste de Colombes contre elle.
Aujourd'hui, le scénario d'un rapprochement avec le MoDem s'éloigne, mais le Parti radical prétend faire du sort de Yade l'une des conditions de son ralliement à Sarkozy. "Les conditions d'une investiture unique de Rama Yade dans les Hauts-de-Seine restent en suspens", fait valoir l'influent Patrice Gassenbach, président de la fédération de Paris du Parti valoisien, dans un communiqué, écrit à la suite des déclarations de Jean-François Copé sur la présence de Jean-Louis Borloo, à Villepinte, dimanche, jugées "prématurées". Et de conclure par cette formule délicieusement... radicale : "Adepte du partenariat, le Parti radical, s'il accepte de répondre à des invitations, refuse toujours de donner suite à des convocations." Traduire : la forme, ça compte. Tout comme pour Yade, d'ailleurs, qui a peu apprécié d'être comparée à Rachida Dati - l'ancienne ministre de la Justice a fait un retour en grâce remarqué lors du meeting de Nicolas Sarkozy à Lille. L'ex-secrétaire d'État aux Droits de l'homme juge réducteur d'être éternellement étiquetée "icône de la diversité". "De la diversité d'opinions, oui...", lâche celle qui préfère s'exprimer sur les questions d'éducation. Une "diversité d'opinions" qui est loin d'être regrettée par tous les membres de la majorité...
RAMA YADE N'APPORTERAIT RIEN AU SOUTIEN  À SARKOZY, IL N' A PAS BESOIN DE GIROUETTE.

Grande braderie ! Cherche entreprises étrangères pour racheter Grèce, état usagé, prix à débattre

La Grèce n'est pas à vendre ! C'est ce que proclamait une banderole devant le Parlement grec, sur la place de la constitution en mai 2010.
Reprise en mains des secteurs stratégiques par les gouvernements, politique volontariste pour créer de nouveaux secteurs industriels, nationalisations et prise en charge d'entreprises en faillite... En 1997, le secteur appartenant à l'État produit en Grèce 60% du PIB, 60% de la production industrielle et occupe près de 20% des actifs.

C'est alors que le gouvernement dans sa course à l'euro, comprend que la privatisation, au moins partielle des entreprises publiques est indispensable. Quand au début de l'année 2000 les ministres européens décident d'accepter la Grèce dans l'euro, tout en se félicitant des efforts accomplis, ils demandent néanmoins « la poursuite plus soutenue des privatisations pour alléger un secteur public peu performant, la libéralisation des marchés de l'électricité, de l'énergie et des transports, la réorganisation des caisses d'assurance-maladie, de retraites et la réalisation de profondes réformes structurelles ». C'est ce que vont exiger les différents plans « de sauvetage » de la Grèce depuis 2010.

En 2010, la Troïka fixe à 7 milliards d'euros le montant des privatisations à atteindre dans l'année, au printemps 2011 la somme passe à 50 milliards d'euros à trouver d'ici 2015, en janvier 2012, revenus à plus de réalisme, les Européens fixent des buts plus limités : 4,5 millions d'euros d'ici juin 2012, 7,5 millions d'ici la fin 2013, 15 millions à la fin 2015.

Vendre tout ou partie de quoi ?

Parmi les entreprises en difficultés, il y eût : 
  • Les chantiers navals de Syros, Skaramanga et Elefsina, les Olympic Airways, feuilleton célèbre d'une dizaine d'années jusqu'à ce que la compagnie, divisée et démembrée puisse trouver acheteurs (4 airbus restent encore à vendre) ;
  • Des banques... La Banque de Crète, la Banque de Macédoine et Thrace, la Banque de Grèce centrale, maintenant la Banque Postale, le Mont de Piété ;
  • Énergie et des mines... Compagnie d'électricité, compagnie du gaz naturel, société d’exploitation du nickel, unités de production de lignites, gisement de gaz naturel et mines d'or de Macédoine ;
  • Services publics... Les compagnies des eaux d'Athènes et de Salonique, Télécom, poste, la compagnie ferroviaire (elle aussi divisée), concessions d'autoroutes ou des grands ponts, extension du métro d'Athènes ;
  • Concession de droits de gestion sur tous les aéroports du pays, les ports du Pirée, de Salonique et d'Héraklion, certaines marinas, la Société de la Foire de Thessalonique, la société nationale des parcs d’exposition ;
  • La Société des jeux, les casinos, fréquences radio ;
  • Société immobilière d'État dont il faut déjà établir la liste exacte, la Société des sites olympiques, la chaîne publique d’hôtels XENIA et les nombreux sites possédés par l'Office du Tourisme concédés en plages privées ;
Au total, plus de 2 000 entreprises publiques vont ouvrir leur capital aux investisseurs privés, avec comme conséquence le licenciement de plus de 50 000 salariés en CDI et une augmentation des tarifs. L'accumulation des mesures provoquera un tollé d'autant plus que les journaux allemands, en manière de provocation, proposaient en juillet 2010 de vendre quelques-unes des 2 000 îles grecques désertes ou même le Parthénon !

Qui achète ?

Depuis deux ans, l'État, les fonctionnaires traînent les pieds, et la bureaucratie ralentit à plaisir la procédure. Par ailleurs, les acheteurs ne se pressent guère, attendant la baisse des prix.

Ce n'est plus une privatisation, mais une braderie. Les candidats au rachat sont le plus souvent des entreprises allemandes, hollandaises ou françaises (Vinci), rarement des consortiums grecs et souvent, le Qatar et la Chine. La Cosco Pacific ltd, a obtenu la concession de 2 terminaux au Pirée et veut en faire sa porte principale vers l'Europe, un nouveau Singapour ou Rotterdam, disait-elle.  De nouveaux investissements chinois sont prévus, dans les télécommunications, l'audiovisuel,  le tourisme et toujours au port du Pirée. Le Qatar investit dans les mines d'or, dans la nouvelle banque 1ère banque grecque, les terrains de l'ex-aéroport d'Hellinikon, des investissements immobiliers.
Cette mise en vente du pays va de pair avec un recul vertigineux des acquis sociaux :  baisse des retraites puis des retraites complémentaires, recul des services médicaux, suppression de classes ou même d'écoles dans les montagnes (70% du pays) du transport scolaire (l'État n'ayant pas payé les compagnies depuis longtemps), suppression des conventions collectives, baisse du salaire minimum à 440 euros/net par mois, baisse des salaires de 25 à 40% depuis deux ans au nom de la concurrence dont on vient de voir les effets sur Air Méditerranée.

Recette applicable à tous les Européens pour faire concurrence aux salaires moldaves ou chinois ?

Pourquoi certains créanciers de la Grèce pourraient préférer une faillite du pays au plan de sauvetage européen

Les créanciers de la dette grecque doivent décider ce jeudi s'ils acceptent de renoncer à leur mise de départ en échange de créances garanties par l'Union Européenne. Un arrangement moins alléchant qu'un défaut de paiement du pays.

C'est le jour J pour la Grèce... Son avenir financier est désormais entre les mains des créanciers privés détenteurs de sa dette. Ils devront au plus tard ce soir à 21 heures se prononcer sur un élément clé pour le sauvetage du pays : l'effacement de 105 milliards d'euros de dette sur un montant total de 355 milliards d'euros.

Concrètement, les gouvernements européens ont demandé au secteur privé de renoncer à 53,5 % de ses créances grecques en échange de nouvelles obligations à très long terme et d’obligations du FESF (Fonds européen de stabilité financière) pour les 46,5 % restants, avec une part de garantie européenne.

Quels sont les détenteurs de la dette grecque ?

Rappelons quels sont à ce jour les possesseurs des 355 milliards d'euros de la dette grecque :
  • environ 155 milliards d'euros sont détenus par le “secteur public international”, et ne seront pas décotés ;
  • environ 200 milliards d'euros sont détenus par des investisseurs privés, à qui on propose une décote.
 
Ces 200 milliards d'euros détenus par des privés se décomposent ainsi :
  • 50 milliards d'euros pour des banques et des assureurs internationaux ;
  • 80 milliards d'euros pour les banques et fonds de pensions grecs ;
  • 70 milliards d'euros pour des fonds d’investissements internationaux.

 

Quels sont les impacts de la restructuration de la dette ?

En réalité, ces nouvelles obligations proposées aux créanciers privés ont un taux si faible que cela revient pour eux à une perte finale d’environ 70 % (et non 50% comme tout le monde semble le laisser entendre).
 La vérité est que le ballon d’oxygène pour la Grèce est fort limité. En effet, dans un premier temps, la participation est censée être « volontaire ». On peut donc estimer que 100 % des banques grecques et 90 % des banques internationales participeront - car les gouvernements ont "tordu le bras" de leurs banques.
 

Certains détenteurs privés de la dette grecque n'ont aucun intérêt à accepter le plan de sauvetage européen

La question porte donc sur les 70 milliards d'euros détenus par des fonds d’investissements. Les fonds d'investissement ont en fait racheté ces derniers mois cette dette sur le marché secondaire à des banques bien heureuses de s’en débarrasser, même avec des pertes. Beaucoup de ces fonds font le pari suivant : ils ne se porteront pas volontaires, et du coup, la Grèce, utilisant les fonds européens, les remboursera à 100 %.  En fait, la plupart possèdent des CDS (contrats d'assurance) grecs, qui les protègeront en cas de défaut.
 
Ces derniers investisseurs n’ont donc aucun intérêt à être volontaires - ils ont même un fort intérêt au défaut grec... 40 % de participation serait donc un bon résultat, ce qui ferait autour de 77% de participation totale, soit une réduction colossale de 105 milliards d'euros.


L'objectif de la Grèce...

Le but de la Grèce est d'atteindre au moins 66 % de participation totale. En dessous, elle a déclaré qu'elle ne lancerait pas l'opération d'échange - on rentrerait alors dans un défaut brutal.
 
Au delà de 75 % de participation, elle a déclaré qu'elle pourrait appliquer des clauses d'actions collectives, ce qui revient à dire qu'elle forcera les non-volontaires à appliquer, et décottera donc 100 % de sa dette.
 
Nous avons vu que le taux de 75 % semble atteignable sous les hypothèses retenues. Toutefois, des rumeurs font état d'une participation à ce jour de 40 à 50 % de créanciers privés favorables à un effacement volontaire partiel de la dette.
 
Nous connaîtrons dans la nuit le résultat final de l'opération.

Tout ça pour ça...

Malheureusement, l'opération ne soldera pas par un effacement final de 105 Md€.
 
En effet, la participation des banques grecques entraînera leur faillite. Au moment de la restructuration, l’Union européenne va donc re-prêter de l’argent pour recapitaliser ces banques : environ 40 milliards d'euros de dette nouvelle, plus 23 milliards d'euros de prêts nouveaux du FESF pour aider le pays.
 
On aboutirait ainsi à un effacement de 42 milliards d'euros (= - 105 + 40 + 23), auquel il faut rajouter les 20 milliards d'euros de déficit public 2012.
 
Le bilan de toute cette opération sera au final un allègement de la dette d'environ 20 milliards d'euros au 31 décembre 2012, ne faisant passer le ration Dette / PIB que de 161 % à 159 % - le pays étant en plus en récession... En revanche, la part des prêts publics internationaux (et donc du risque) passera en un an de 155 à 242 milliards d'euros…


Attention au véritable montant des contrats d'assurance !

Ainsi, si la participation atteint 75 %, la Grèce obligera les non-volontaires à participer.

Dès lors, il y aura un vrai défaut qui déclenchera les fameux CDS. On essaie de faire croire que les montants sont limités - on parle de 3 milliards d'euros en net - mais le souci est qu’il convient de ne pas perdre les montants bruts, qui semblent avoisiner les 50 milliards d'euros et qui ne se compenseront peut-être pas facilement entre banques mises en difficulté....
 
Comme souvent - marchés boursiers, produits dérivés, bilans bancaires, bilan BCE (Banque centrale européenne), engagements hors-bilan -, l’opacité règne en maître, ce qui n’est jamais la meilleure façon de sortir d'une situation dangereuse…

Et l'objectivité ? Comment les médias ont été incapables d'analyser le débat Sarkozy/Fabius

Certes, tout est subjectif. Mais nul individu de bonne foi ne saurait nier la pugnacité remarquable, l’énergie et la capacité à maîtriser les dossiers démontrés par Nicolas Sarkozy. Sur France 2 mardi soir, il a enjambé les embûches des questions sur son comportement et les pièges des graphiques mettant en cause sa politique économique. Bien sûr, il ne fallait pas trop "gratter" ses réponses, notamment en matière de réduction des déficits, où le maintien de la règle de non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite est sans commune mesure avec les économies qui restent à faire. Mais, d’un simple point de vue technique et cynique, il faut saluer la maestria de l’occupant actuel de l’Elysée pour retourner les questions à son bénéfice. 
Face à Laurent Fabius, ce succès a viré à la victoire par KO technique. Sonné dès les premiers échanges par un Sarkozy décidé à ne faire aucun cadeau à des dignitaires du PS peu habitués à se faire cogner de la sorte, Fabius était à la limite de l’inaudible. N’ayant aucunement adapté son intervention à ce qui avait été dit sur le plateau avant qu’il arrive, il a donné l’impression d’un rabâchage mou et fatigué de critiques éculées. A la fin, il a même dû concéder à Sarkozy des mérites sur la question prioritaire de constitutionnalité, hommage en total décalage avec le propos virulent et la condamnation sans appel du début de son intervention.
Face à ce que tout observateur un peu neutre devrait qualifier de victoire sarkozyste sans appel, comment ont réagi les médias acquis à François Hollande, et pas seulement eux ? 
D’abord, par ce qu’il y a de plus simple, de plus radical : l’évacuation. Libération.fr se souciait davantage le lendemain matin des primaires américaines et des scores de Mitt Romney que de Fabius et Sarkozy ! La "une" de la version papier du journal revenait sur la question de l’abattage rituel en présentant Sarkozy sous forme de poulet écorché.
Sur le Nouvel Obs.fr, là aussi, le sujet est vite noyé au milieu de thèmes aussi importants que "sous la droite dix ans de casse du sport français", les états d’âme de Jean-Louis Nadal, ancien procureur général de la cour de cassation, nommé par un gouvernement de droite et qui pourtant couine sa peur d’une justice soumise et d’affaires enterrées dont il ne dit rien de précis, ou encore le sort putatif de Nathalie Kosciusko-Morizet comme porte parole de Sarkozy.
Des déboires de Laurent Fabius, le Nouvel Obs ne dit pas grand chose. "La fin de l’émission est décevante", écrit simplement Baptiste Legrand, chargé de la commenter. Sans doute parce que l’affreux Sarkozy ne s’était pas montré sous un mauvais jour. 
Autre technique : reprocher au candidat-président une situation à laquelle il ne peut rien. "Sarkozy peine à imposer un duel avec Hollande", titre rapidement le Monde.fr. Sauf que ... c’est avec Fabius que Sarkozy débattait. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant qu’il ait peiné à en découdre avec un absent !
Le Monde explore également une piste prometteuse, qui devrait dissiper toute crainte de son lectorat : de toute façon, la dynamique de la victoire de Hollande est engagée, elle ne peut être arrêtée et donc, au fond, cette émission ne pouvait servir à rien.

Depuis son discours du Bourget, nous apprend le quotidien du soir : "le candidat socialiste semble comme en apesanteur. Il a réussi la mobilisation et chaque sondage vient renforcer le nombre de ceux qui croient que la victoire est possible. C'est l'effet boule de neige. Par ricochet, se crée dans le camp d'en face une forme de dépression ... La défaite redoutée crée une spirale négative qui renforce la possibilité d'une défaite". Telle est la mise en perspective rassurante que Le Monde fait du débat de mardi soir.
Face à  pareil a priori, une bonne performance de Fabius eût signé l’arrêt de mort de Sarkozy. Mais, hélas pour Le Monde et son effet boule de neige, la bête sarkozyste bouge encore ! Dommage, dommage …
Les médias moins systématiquement favorables à Hollande semblent eux-mêmes sensibles à ce tropisme. Pour le Point.fr, Sylvie Pierre-Brossolette, chargée de commenter le duel à chaud, concède à Sarkozy une combativité intacte mais reprend la formule de Fabius sur le boulet du bilan et conclut sur la difficulté, pour Sarkozy, de reconquérir le vote "à défaut du coeur" des Français. Il n'y a pas loin à nous expliquer que les dés sont jetés.
Résumons-nous : la victoire de Hollande est programmée, elle est donc souhaitable car, sinon, les médias, et pas seulement ceux de gauche, seraient pris en défaut, leur capacité prédictive démentie par le vote populaire. François Hollande, depuis les primaires socialistes, a toujours bénéficié d’un soutien journalistique évident. Faut-il y voir son talent pour s’attirer la sympathie de la presse par son sens de la petite phrase ? La conséquence de son compagnonnage avec une consoeur ?
La raison est plus profonde et classique. La presse teste, avec la candidature Hollande et, plus encore, avec le dénigrement de Sarkozy, l’étendue de sa propre puissance. Faiseuse de roi, elle conforte sa légitimité intellectuelle, politique et morale. Il faut la lire et l'écouter attentivement, puisqu’elle est capable de dire qui sera le vainqueur ! Cette dérive est inquiétante. Elle suffirait à donner envie de voter Sarkozy à quelqu’un qui n’est pas pour autant pleinement convaincu de le faire.

ET ENCORE, NICOLAS SARKOZY N'A PAS ÉVOQUÉ LE " RESPONSABLE MAIS PAS COUPABLE"

Sarkozy interpelle Hollande sur son salaire de président de conseil général

Nicolas Sarkozy a interpellé, jeudi 8 mars, son rival socialiste, François Hollande, sur son salaire de président du conseil général de la Corrèze, en se demandant pourquoi il ne l'avait pas réduit alors qu'il propose, en cas de victoire, de réduire de 30 % celui de chef de l'Etat.
"J'ai vu que François Hollande proposait de baisser les salaires. Ce que je ne comprends pas, c'est qu'alors qu'il est président du département le plus endetté de France, il ne l'a pas fait pour lui-même", s'est interrogé le président-candidat de l'UMP sur RMC/BFMTV. "Pourquoi dire qu'il le fera dans les années qui viennent ? Qu'il le fasse tout de suite", a-t-il lancé. Considérée comme une indemnité de fonction, la rémunération d'un président de conseil général, de 5 400 euros brut par mois, est fixée par la loi. Toutefois, si cet élu détient également un mandat de parlementaire, comme c'est le cas pour François Hollande, le total de ses indemnités est plafonné à hauteur de 1,5 fois l'indemnité parlementaire.

"SOLUTION"
Par ailleurs, M. Sarkozy rappelle au passage que le département présidé par M. Hollande est le département le plus endetté de France. Une précision destinée à décrédibiliser celui qui préside le conseil général de la Corrèze depuis 2008.
> Lire à ce sujet : Le mauvais exemple corrézien de l'UMP
"Même si chacun peut avoir son opinion là-dessus, je ne pense pas que c'est la solution. La solution, c'est d'avoir des responsables politiques honnêtes, compétents et qui s'engagent", a poursuivi M. Sarkozy. "Je ne pense pas que la rémunération du personnel politique dépasse en quoi que ce soit la rémunération des autres catégories", a-t-il conclu.
"François Hollande ne s'est pas auto-accordé, comme Nicolas Sarkozy au début de son mandat, une augmentation de salaire de 172 % !", a répliqué dans un communiqué Delphine Batho, l'une des porte-parole du candidat socialiste. L'indemnité nette mensuelle du président de la République était passée de 7 084 euros à 19 331 euros, à partir du 1er janvier 2008.
"CONTRE-VÉRITÉ"
Selon elle, Nicolas Sarkozy a également énoncé une "contre-vérité" en déclarant que son salaire avait été fixé sur celui du premier ministre, et que celui-ci avait été déterminé par Lionel Jospin, lorsqu'il était à Matignon.
Delphine Batho rappelle que M. Jospin avait déjà démenti en février 2008 de telles déclarations, en indiquant notamment que son salaire de premier ministre avait été fixé, comme celui des ministres, par un décret du président de la République.
"La République exemplaire que propose François Hollande commencera par une première décision : la baisse de l'actuelle rémunération du président de la République et des ministres", a souligné la porte-parole.
"Si je suis élu président de la République (...), il y aura une baisse de 30 % du salaire du président de la République et des ministres", avait promis M. Hollande le 7 novembre 2011.

Le keynésianisme devient-il hors-la-loi ?

L’Irlande sera le seul pays à soumettre le pacte fiscal de l’Union européenne au vote populaire. Mais ce qui se joue, en réalité, dénonce l’éditorialiste Fintan O’Toole, c’est la transformation de l’idéologie néolibérale en loi immuable.

“… le crime fondamental qui contenait tous les autres. Crime par la pensée, disait-on.
George Orwell, 1984
Dans le référendum que l’on nous annonce, la question est … ah, mais au fait, c’est quoi, la question ?

Il ne s’agit pas, comme Michael Noonan [le ministre irlandais des Finances] l’a affirmé à tort l’an dernier, d’un référendum pour savoir si l’Irlande devrait quitter la zone euro. (Ils ne peuvent pas nous flanquer dehors.) Ni, comme l’a clamé à diverses reprises le Taoiseach la semaine dernière, de parler de “reprise économique”, “d’emplois” ou de savoir si nous “souhaitons dorénavant participer à la communauté européenne, à l’euro et à la zone euro”. Il ne s’agit certainement pas non plus de définir un déficit structurel de 0,5 %. Si c’était le cas, ce serait la chose la plus étrange à soumettre à une consultation populaire.

Economies en surchauffe

Ce qui est en jeu, en revanche, c’est la création de l’idée de crimepensée. Il faut que soit proscrite une certaine façon de pensée. Cette dernière n’est pas le nazisme, ni le racisme ou quelque idéologie incitant à la haine. Non, c’est une façon de penser qui, pendant trente ans après la Seconde Guerre mondiale, a été le “sens commun” dominant d’une grande partie du monde développé : la philosophie de John Maynard Keynes. Cadre intellectuel du centre gauche européen et des démocrates du New Deal aux Etats-Unis, elle est sur le point d’être interdite par un traité international, au même titre que le trafic d’êtres humains ou la guerre chimique.
Interdire le keynésianisme dans le sillage du grand krach de 2007, c’est un peu comme réagir à une fusillade sanglante en interdisant les gilets pare-balles. L’Irlande en est un exemple parfait. Keynes considérait que les gouvernements devaient appliquer des politiques contre-cycliques, consentir à des déficits pour regonfler des économies chancelantes et réduire les dépenses pour calmer les économies en surchauffe.
Or, au cœur du traité fiscal se trouve la notion qu’un gouvernement devrait fonctionner comme un ménage, jeter l’argent par la fenêtre quand tout va bien et resserrer les boulons quand les temps sont durs. Dans cette optique, il est recommandé de ne même pas envisager une économie à la Keynes. Les politiques fiscales contre-cycliques sont taboues.

Orthodoxie à la mode

Même si l’on estime que l’approche keynésienne est erronée, est-ce vraiment une bonne idée d’accorder à une orthodoxie à la mode le statut de loi immuable ? C’est la preuve de la stupidité d’une idéologie qui refuse d’admettre l’ombre de l’éventualité qu’elle puisse se tromper. C’est du vulgaire opportunisme idéologique, qui profite de la crise pour transformer une vision partisane de l’économie en un fait incontestable.
Le traité fiscal n’a rien à voir avec les “faits”. C’est une opinion de droite à laquelle on confère force de loi. Le “déficit structurel” est une interprétation extrêmement controversée de données complexes – vouloir en faire un concept légal est une absurdité. Mais surtout, la question de savoir s’il existe ou non un niveau acceptable de dette publique est largement sujette à caution. La réponse dépend toujours de circonstances comme la croissance économique, la démographie, la stabilité politique.
Au Japon, la dette publique représente 230 % du PIB – près de quatre fois plus que le plafond de la zone euro. Les marchés, dont les avis sont censés être pour nous parole d’évangile, n’ont pas l’air de s’en soucier : le rendement des obligations japonaises à dix ans est inférieur à 1 %. Ce sont les circonstances, et non le niveau absolu de la dette, qui déterminent si l’on est ou non en crise.

Règles arbitraires

Le traité fiscal, lui, part du principe que les circonstances sont sans importance. Il adopte des règles pour l’essentiel arbitraires sur la dette et les métamorphose en idoles devant lesquelles il nous oblige à tous nous prosterner. Il prétend que les circonstances et le contexte n’existent pas  – un seul niveau de dette est adapté à toutes les époques et tous les pays. Il ne se donne même pas la peine d’expliquer la logique supposée des limites particulières qu’il sacralise. En gros, le consensus parmi les économistes est qu’une dette publique supérieure à 80 % du PIB porte tort à la croissance. Or, la limite de la zone euro est de 60 %  – chiffre choisi uniquement parce qu’il sonne bien.
En d’autres termes, on nous demande de voter pour une tentative mal ficelée de s’arroger le pouvoir tout en réduisant au silence l’une des deux voix du dialogue sur la politique fiscale. C’est le même genre de paradoxe que la “der des ders” – un débat démocratique pour mettre hors-la-loi le débat démocratique sur l’une des questions fondamentales de la politique, un vote afin de limiter le sens même du vote.