Ne rien laisser passer, c'est le mot d'ordre, au sein de la majorité, face à François Hollande. Les chefs de file de la droite se sont ainsi élevés, vendredi 11 novembre, contre les déclarations du candidat socialiste à l'élection présidentielle. A Clermont-en-Argonne (Meuse), non loin de l'ossuaire du Bois de la Gruerie, où il venait de rendre hommage aux poilus de la Grande Guerre, M. Hollande a "constaté que les marchés ont déjà anticipé" une dégradation de la note française.
"Nous payons nos emprunts d'Etat avec un taux d'intérêt supérieur aux Allemands. D'une certaine façon, c'est comme si nous étions déjà dégradés", a expliqué le député de la Corrèze aux journalistes qui l'interrogeaient sur l'annonce erronée, faite jeudi par l'agence Standard and Poor's, d'une perte par la France de son triple A.MOUCHE DU COCHE
Pour M. Hortefeux, "M. Hollande parle à contretemps" et "il est très mauvais". "Quand il devait s'exprimer sur la crise grecque, on ne l'a pas entendu et quand il ferait mieux de se taire, il parle. Jouer la mouche du coche comme il le fait ne sert à rien", assène le député européen.
Le manque supposé de crédibilité du candidat socialiste est l'axe d'attaque majeur des dirigeants de la droite, qui se concertent, depuis plusieurs semaines, dans diverses réunions hebdomadaires à l'Elysée et au siège de l'UMP. La porte-parole du gouvernement et ministre du budget, Valérie Pécresse, s'en est également prise à M.Hollande. "La gauche spécule sur l'aggravation de la situation et ce n'est pas très respectueux des Français à qui sont demandés des efforts", a-t-elle estimé.
François Hollande "l'irresponsable", c'est aussi la petite musique qu'entend faire entendre Jean-François Copé. Sur un autre sujet, celui du nucléaire, le secrétaire général de l'UMP a ainsi demandé "au nom de la France" à M. Hollande "d'arrêter les négociations avec les Verts sur le nucléaire".
S'exprimant en marge de l'inauguration du Musée de la Grande Guerre construit dans sa ville de Meaux (Seine-et-Marne), où il recevait Nicolas Sarkozy, M. Copé a confié à la presse être "très inquiet" des discussions ouvertes entre le PS et les Verts dans la perspective de 2012, estimant que les deux partis étaient "en train de négocier sur le dos des Français" au sujet du nucléaire.
Interrogé par Le Monde, vendredi soir, François Hollande a refusé de réagir aux critiques de la majorité, préférant laisser ses lieutenants mener la contre-attaque. En ce 11 novembre propice aux envolées patriotiques, l'ancien ministre de l'économie Michel Sapin a ainsi rétorqué que les négociations entre les socialistes et les écologistes servaient bel et bien "les intérêts fondamentaux de la France".
"COMBAT DE COUR DE RÉCRÉATION"
"Accoyer n'est pas à la hauteur de sa fonction et Copé est pétri de mépris : laissons-les à leur arrogance et à leur vulgarité et à leur grossièreté", estime quant à lui Pierre Moscovici. Le député du Doubs, probable futur directeur de campagne de M. Hollande, explique que "la droite est mal placée pour faire passer la gauche pour l'anti-France".
Et s'emporte : "Qui est Nicolas Sarkozy sinon le président d'un groupe ou d'une classe, qui n'a cessé de diviser et n'a jamais voulu unifier les Français ?" Face à une droite qui n'hésite pas à faire flèche de tout bois contre lui, le candidat socialiste n'a-t-il pas, jusqu'alors, manqué de répondant ? Restant lui aussi dans un registre très "11-Novembre", M. Moscovici assure que "François Hollande a raison d'opposer à ses adversaires le calme des vieilles troupes et de refuser d'entrer dans un combat de cour de récréation".
Imposée par les circonstances de l'après-primaire socialiste, marquée à la fois par un rééquilibrage du temps de parole médiatique au profit de la droite et par une certaine désorganisation du camp Hollande, cette stratégie défensive devrait bientôt prendre fin.
Mercredi 16 novembre, l'équipe de campagne du candidat devrait être connue. "Il y aura alors une division des rôles très claire : le candidat fera ses propositions, les principaux dirigeants seront là pour les grands débats, et, pour répondre aux snipers de la droite, nous aurons nous aussi nos combattants", assure M. Moscovici.
Vanessa Schneider et Thomas Wieder