TOUT EST DIT

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jeudi 3 février 2011

Les Etats-Unis, une attitude incertaine

« Nous souhaitons voir une transition en bon ordre. Nous demandons instamment au gouvernement Moubarak, qui est toujours au pouvoir (...), de faire ce qui est nécessaire pour faciliter ce genre de transition », a affirmé la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton pour dire qu’enfin, les Etats-Unis ont décidé d’être plus fermes et plus présents.

Auparavant, des réunions ont eu lieu sans cesse à la Maison Blanche. Objectif : discuter la crise politique en Egypte. Des meetings qui durent pour de longues périodes. Samedi dernier, durant deux heures, Hillary Clinton, le conseiller du président américain pour l’antiterrorisme John Brennan, le directeur du renseignement américain James Clapper, le patron de la CIA Leon Panetta et le conseiller à la Sécurité nationale Tom Donilon. L’ambassadrice américaine en Egypte Margaret Scobey et le vice-président américain Joe Biden ont également participé à cette réunion par liaison vidéo. Des déclarations qui montrent toujours une position confuse mais souple de l’Administration américaine. « J’appelle le gouvernement égyptien à profiter de l’occasion pour faire des réformes sur le plan social et économique (…) les USA espèrent que l’Egypte pourra récupérer rapidement sa stabilité et sa sécurité car elle représente une force équilibrée dans la région », dit le président Barak Obama. Des hésitations même dans les déclarations. La chef de la diplomatie, Hillary Clinton, a qualifié au début des manifestations le régime Moubarak de « stable ». Quatre jours après, devant les manifestations toujours violentes, elle change un peu de ton, demandant au régime de « faire tout ce qui est en son pouvoir pour réfréner les forces de l’ordre ».

Des positions qui ne sont pas suffisantes aux yeux des manifestants. En effet, il y a une grande différence entre la position américaine envers les événements qui ont eu lieu en Tunisie et ce qui se passe en Egypte. Le ton américain était très fort envers Ben Ali pour réaliser des réformes. Obama a même envoyé plusieurs délégués américains en Tunisie lors des manifestations, pour discuter de la crise. Pour l’Egypte, ces délégués ont été jusqu’à ces jours absents.

Les USA à la recherche de compromis

Pour plusieurs analystes, Obama tente un compromis. Hosni Moubarak est le principal allié des Etats-Unis dans le monde arabe. Le rôle régional de l’Egypte est toujours accusé qu’il est au service des intérêts américains dans la région. L’armée égyptienne a bénéficié l’an dernier de subventions américaines à hauteur d’1,3 milliard de dollars.

Les organisations représentant la communauté arabe aux Etats-Unis ont même critiqué cette position américaine. « Il est temps pour le gouvernement américain de se mettre du côté du peuple (...) M. Moubarak partira, c’est une question de temps ».dit l’imam Aly Lela, membre d’une organisation islamique de Detroit, où vit la plus importante communauté arabe aux Etats-Unis. Emad Hammad, le responsable du Comité arabo-américain contre la discrimination, indique : « J’espère que les Etats-Unis soit sensible aux intérêts et aux besoins du peuple égyptien, et pas seulement à ceux de son gouvernement ».

Selon Yousri Al-Ezabawy, politologue au Centre des Etudes Stratégiques et Politiques (CEPS) d’Al-Ahram, la position de Washington est très ambiguë. Il est évident que les Etats-Unis insistent à soutenir le régime jusqu’à la dernière minute.

« Il y a plusieurs déterminants qui précisent la relation entre Washington et l’Egypte ».

Le déterminant principal, selon Ezabawy, c’est la sécurité d’Israël. Le lobby israélien mène des pressions en faveur du régime actuel. Son changement représente un cauchemar pour l’Etat hébreu. Un haut responsable sécuritaire cité par la radio publique a exprimé sa préoccupation devant une « montée en force d’éléments extrémistes en Egypte », en allusion aux Frères musulmans, opposés aux accords de paix entre ce pays et Israël.

« Un tel développement obligerait Israël à réviser de fond en comble ses conceptions stratégiques militaires », en déployant des forces sur la frontière avec l’Egypte.

L’alternance c’est la confrérie. C’est la propagande avec laquelle le régime actuel a tant effrayé Washington. Il existe, selon les spécialistes, des craintes du gouvernement de l’après-Moubarak, surtout s’il comprend des figures des Frères musulmans qui refusent catégoriquement la politique américaine. Donc, l’Administration américaine ne se positionne pas complètement contre le régime de Moubarak, peut-être dans l’espoir que celui-ci puisse se rattraper.

La nomination de Omar Soliman au poste de vice-président d’Egypte les rassure un peu. C’est l’homme-clé qui a joué un rôle clé dans les contacts israélo-palestiniens et qui est hautement considéré par Israël, ce qui leur a donné du soupir.

Mais de l’autre côté, un autre camp exerce des pressions inverses sur Obama pour la part de la rue. Selon Hussein Abdel-Razeq, secrétaire général du parti du Tagammoe, le Congrès et le Parti républicain exercent des pressions continuelles sur Obama pour prendre des positions sévères contre le régime égyptien.

Alors, soutenir ces révoltes du peuple égyptien ou soutenir un allié assez important dans la région, il est actuellement difficile de décider.

Moustapha Kamel Al-Sayed, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire, explique le comportement américain actuel comme étant diplomatique : « Les Etats-Unis agissent de manière assez diplomatique entre le gouvernement et les manifestants. Sans faire des déclarations directes contre Moubarak, les USA appellent à respecter les libertés, à ne pas accéder à la violence et critiquent la coupure des services de communications ».

Sans aucun doute, la chute du régime égyptien est la chute de toute la politique étrangère. Selon les spécialistes, aucun nouveau régime ne réalisera des gains pour les Américains.

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