lundi 22 novembre 2010
Bruxelles élabore un catalogue pour la sécurité intérieure de l'Union
Ces diverses formes de criminalité sont évidemment déjà réprimées au niveau des Etats. Ou visées par plusieurs mesures coordonnées au niveau européen (le mandat d'arrêt européen, les équipes conjointes d'enquêteurs, la coordination judiciaire, policière ou antiterroriste, etc.). "Toutefois, il n'y a jamais eu de tentative pour relier toutes ces pratiques et les inclure dans une stratégie cohérente et globale", affirme la Commission. D'où sa proposition, qui sera discutée avec le Conseil et le Parlement européens.
Elle suggère aussi, à l'instar de ce qui existe aux Etats-Unis, une banque de données sur les passagers (PNR) et entend mieux aider les Etats membres à lutter contre la corruption.
Dans le domaine du terrorisme, en s'inspirant aussi de l'exemple américain (le programme TFTP), la stratégie évoque la mise en place d'un programme européen de repérage des flux financiers et d'un nouveau réseau censé coordonner et promouvoir la lutte contre la radicalisation. Une nouvelle politique sur la sécurité des transports (aériens et terrestres) devrait également voir le jour.
Le contrôle des frontières extérieures devrait être également renforcé, avec la création d'un système commun de surveillance (Eurosur) dès 2011, une meilleure prévention de certain trafics et la possibilité pour Frontex, l'actuelle agence de surveillance, d'accéder à un réseau de données sur les personnes entrant et sortant de l'UE.
Enfin, la Commission veut développer les capacités de riposte commune en cas de désastre naturel ou de catastrophe avec, à la clé, une clause d'assistance mutuelle qui obligerait tous les Etats à aider celui qui, parmi eux, serait en difficulté.
A Bruxelles, "l'égérie du Web djihadiste" condamnée à huit ans de détention
Malika El-Aroud, principale inculpée dans un procès de terrorisme islamiste a été condamnée, lundi 10 mai, à huit années de détention par le tribunal correctionnel de Bruxelles. Les complices de celle qui a été appelée "l'égérie du Web djihadiste", pour ses appels à la guerre sainte et son soutien à Oussama Ben Laden, était jugée en même temps qu'un groupe de huit personnes dont la plupart ont écopé de peines s'échelonnant de quarante mois à huit années de détention.
Comme Mme El-Aroud et son époux, ce jeune homme qui a séjourné en Afghanistan et en serait rentré "déçu" a été jugé coupable d'avoir co-dirigé et financé une filière d'envoi de combattants islamistes dans la zone frontalière entre le Pakistan et l'Afghanistan.
LIENS DIRECTS AVEC AL-QAIDA
Deux autres membres du groupe ont admis avoir subi un entraînement militaire au Pakistan, mais ont nié tout projet d'action terroriste. Un seul prévenu a été relaxé, sa participation consciente aux actions de la cellule n'ayant pu être prouvée.
Mme El-Aroud, une Belge d'origine marocaine, avait affirmé, durant les audiences qu'elle était " ontre le terrorisme sous toutes ses formes mais pour le djihad". Ses avocats avaient évoqué un "djihad défensif", un "devoir des musulmans". Ils niaient que leur cliente ait fourni de l'argent ou apporté une quelconque aide logistique à des combattants d'Al-Qaida.
Dans son réquisitoire, le procureur avait en revanche estimé qu'il ne s'agissait pas, pour le groupe, de défendre le peuple afghan mais de mener la guerre sainte à l'échelle mondiale. Et pour le magistrat, la propagande virulente de Mme El-Aroud avait bel et bien contribué au conditionnement de combattants, dont Hamza El-Alami, un jeune homme de 20 ans, originaire d'Annecy et mort en Afghanistan.
Huit années de détention "au minimum" avaient donc été réclamées contre la militante islamiste, connue depuis 2001 pour avoir été, par ailleurs, l'épouse de l'un des assassins du commandant Ahmed Shah Massoud, leader de la résistance antitalibans en Afghanistan. La peine maximale prévue par le droit belge dans des affaires d'appartenance à un groupe terroriste est de dix années.
Jean-Pierre Stroobants
Primaire socialiste : la longue liste des prétendants
● Les favoris
Dominique Strauss-Kahn. Candidat malheureux à l'investiture socialiste pour l'élection présidentielle de 2007, DSK est aujourd'hui le grand favori des sondages. L'actuel directeur du FMI se voit toutefois très contesté au sein de la gauche, où de nombreux cadres et militants lui reprochent des positions trop libérales. Astreint à un devoir de réserve, Dominique Strauss-Kahn ne devrait lever le voile sur ses intentions qu'au tout dernier moment, lorsque le dépôt des candidatures sera officiellement ouvert, en juin 2011.
Martine Aubry. Patronne des socialistes depuis deux ans, la maire de Lille n'exclut rien pour la présidentielle. Une chose semble toutefois acquise : à moins d'un rebondissement de dernière minute, Martine Aubry ne devrait pas être candidate si DSK décide de se présenter. «Ce sera Aubry ou Strauss-Kahn, Strauss-Kahn ou Aubry», a ainsi indiqué à plusieurs reprises l'un de ses proches, le député Claude Bartolone. Selon un sondage Ifop, elle est en tout cas perçue comme la présidentiable «la plus fidèle aux valeurs de la gauche».
Ségolène Royal. En s'inclinant face à Martine Aubry au Congrès de Reims de 2008, l'ex-candidate à la présidentielle de 2007 a considérablement perdu du terrain face à sa rivale, mais conserve de nombreux adeptes au sein du Parti, et continue de cultiver son jardin personnel, «Désirs d'avenir». Si elle n'exprime pour l'instant que peu d'envie de se représenter, Royal n'a encore rien écarté, et espère remonter dans les sondages en jouant le jeu de l'unité prôné par Martine Aubry.François Hollande. Il n'a pas encore déclaré officiellement sa candidature, mais l'ancien numéro un du PS ne fait que peu de mystères de ses intentions, et tente pour l'instant de soigner son image. «Je ne suis pas dans le calcul des probabilités. Je fais en sorte de pouvoir être candidat», affirme-t-il sans détour. Son pari : jouer une musique différente de celle de Martine Aubry, qu'il rêve d'affronter si Dominique Strauss-Kahn ne se présente pas.
● Les candidats déclarés
Manuel Valls. Pour combler son important déficit médiatique sur ses probables concurrents, le député maire d'Evry a fait un choix : se déclarer candidat dès juin 2009, soit près de trois ans avant l'échéance. Classé dans «l'aile droite» du PS, Valls, 48 ans, veut représenter «une nouvelle génération à gauche, moderne et imaginative». L'élu essonnais espère se démarquer en convaincant les Français que son projet est «plus crédible» que ceux de ses concurrents.Arnaud Montebourg. Ardent promoteur de la primaire socialiste,le député de Saône-et-Loire ne se contentera pas d'en être le principal architecte. Après quinze années passées à l'Assemblée nationale, celui qui s'était interrogé en 2007 sur ses chances personnelles, avant de rallier le camp Royal, «rêve» cette fois de passer à l'étape supérieure.
Jean-Louis Bianco. Ancien lieutenant de Ségolène Royal, le député plaidait en début d'année en faveur d'une «vaste coalition de progrès» dans la perspective de 2012. «Le temps n'est plus aux pusillanimités politiciennes», écrivait-il notamment dans un texte cosigné par dix-sept personnalités socialistes. Quelques mois plus tard, ses intentions personnelles ont quelque peu évolué. Jugeant qu'«il n'y a pas d'idées fortes dans le projet d'Aubry», l'auteur de Si j'étais président n'exclut pas de se présenter. J'ai «une voix à faire entendre pour développer des idées et une méthode qui me sont propres», répète l'ancien secrétaire général de l'Elysée.
Benoît Hamon. Principal représentant de «l'aile gauche» du PS avec Henri Emmanuelli, le porte-parole de la Rue de Solférino n'a aucune envie de devoir soutenir DSK si celui-ci venait à se présenter à la primaire socialiste et à en sortir gagnant. A tel point que si le directeur du FMI se porte candidat et que Martine Aubry lui laisse le champ libre, Hamon pourrait décider de l'affronter lui-même, assurent ses proches. En attendant, les strauss-kahniens reprochent à Martine Aubry d'inciter en coulisses Benoît Hamon à mettre la barre à gauche, pour compliquer la candidature de son rival et ainsi de faciliter sa tâche.
Pierre Moscovici et Gérard Collomb. Ils sont les plus ardents défenseurs d'une candidature Strauss-Kahn, mais le député du Doubs et le maire de Lyon ont déjà annoncé chacun que si leur favori renonçait à revenir en France, il faudrait compter sur eux. Et Moscovici d'accuser la direction du PS de «faire des promesses que l'on sait ne pas pouvoir tenir», ou Collomb d'appeler DSK à «envoyer des signaux maintenant» pour «faire bouger la ligne du PS, pour ne pas qu'elle soit trop proche de Besancenot».
Daniel Le Scornet. Initiateur de la Couverture maladie universelle (CMU), cet ancien président des Mutuelles de France s'est déclaré candidat dans une étonnante vidéo postée début octobre sur Youtube. Son ambition, elle, semble encore floue : «Sortir d'une certaine hypocrisie» et «prendre part à une véritable révolution démocratique».
Hacène Mezrag. Militant à Tourcoing, il se dit prêt à «symboliquement» se porter candidat «s'il n'y a pas de candidature de la diversité». Ancien partisan de Ségolène Royal, Hacène Mezrag, 34 ans, dit avoir reçu le soutien d'élu locaux et d'un député européen, et tente de combler son déficit de notoriété en mettant en avant dans la presse lilloise ses études à la London Business School, «la meilleure école du monde selon le Financial Times».
Jean Mallot. Député de Saint-Pourçain-sur-Sioule, en Allier, il est le candidat du web. Dans une vidéo postée fin septembre sur Dailymotion et titrée «Jean Mallot 2012», l'élu socialiste raillait sur un ton improbable la politique de Nicolas Sarkozy, et se présentait comme «un grand président pour la France». Début novembre, Jean Mallot récidive en postantune seconde vidéo, dans laquelle il affirme cette fois n'avoir «aucun humour». «Les médias ne s'intéressent pas encore au candidat sérieux. Et pourtant, je suis prêt à me dévouer, pour vous», lançait-t-il. Alors est-une simple blague ? L'intéressé a beau démentir, les observateurs en sont persuadés.
Montebourg candidat au PS : Audrey Pulvar privée d'i-TELE
Audrey Pulvar doit composer avec les ambitions nationales de son compagnon, Arnaud Montebourg. Son émission politique sur i-TELE, «Audrey Pulvar Soir», a été suspendue par la chaîne «en raison de la déclaration de candidature d'Arnaud Montebourg (ndlr, son compagnon) aux primaires du PS » pour la présidence de la République en 2012, a annoncé lundi i-TELE.
Sur le site de l'Express.fr, Pierre Fraidenraich, directeur général d’i-TELE, assure que «l’impartialité d’Audrey Pulvar ne peut être, naturellement, mise en cause, mais il était de notre responsabilité d’éviter une confusion des genres préjudiciable, tant pour l’intéressée que pour la chaîne». Dans un communiqué, la chaîne indique également travailler à «l'élaboration d'un nouveau format pour la chaîne» et la présentatrice.
Dans le passé, Anne Sinclair avait elle aussi abandonné la présentation de l’émission 7/7 de TF1 en 1997, avec l’arrivée de son époux Dominique Strauss-Kahn au ministère des Finances du gouvernement de Lionel Jospin. Plus récemment, Béatrice Schönberg, épouse de Jean-Louis Borloo, avait quitté la présentation du journal de 20 heures de France 2 lorsqu'il était devenu ministre.
Audrey Pulvar s'est déjà défendue de tout conflit d'intérêt peu après son arrivée à France Inter l'été dernier. Pour l'heure, la radio - sur laquelle travaille également la journaliste - n'a pas exprimée de position quant à un possible retrait de l'antenne d'Audrey Pulvar.
Benoît XVI est un habitué des petites phrases qui font tilt. Celle qu’il glisse dans son livre d’entretiens sur l’utilisation du préservatif « dans certains cas » est retentissante. C’est aussi la première, depuis son élection en 2005, qui choquera les fondamentalistes et non la frange de l’Église ouverte sur le monde. Jusqu’à présent, le pape avait toujours heurté de front les progressistes, en réhabilitant des évêques intégristes, voire négationnistes, en fustigeant l’Islam ou, à l’inverse de ce qu’il prône désormais, en affirmant que l’utilisation du préservatif aggravait l’épidémie de sida. Le changement de ton n’est pas anodin, même si le petit pas effectué est hésitant.
Pas d’homélie, pas de bulle : à Rome, on refuse – explicitement – de parler de « tournant révolutionnaire ». Rien, dans les propos du pape, ne permet d’ailleurs d’entrevoir un assouplissement de la morale officielle de l’Église, ce qui oblige le Vatican à un grand écart inconfortable : le préservatif n’est pas admis en tant que moyen de contraception, mais seulement pour protéger la vie de l’autre. C’est spécieux, comme pourrait dire un exégète… jésuite.
En résumé, l’ouverture papale consiste à entrebâiller une petite lucarne sur le monde plutôt que d’écarter en grand les portes du Vatican. C’est un geste contraint : Benoit XVI a pu constater, lors de ses voyages, que les positions les plus fermées ne sont pas tenables. En Afrique australe, où le sida fait des ravages, ses propos anti-préservatif avaient choqué jusqu’aux plus fervents chrétiens ; en Grande-Bretagne, les progressistes ont mobilisé des milliers de personnes pour exiger l’assouplissement de la doctrine vaticane, et même dans le fief catholique espagnol, il a été pris à partie. De toute façon, la grande majorité des Européens, même croyants, ne tient plus aucun compte, depuis belle lurette, des consignes religieuses prétendant régenter la vie privée.
Il était temps de donner un peu d’air à l’Église et de redorer le blason d’un pape qui a du mal à rassembler. L’exercice, même très prudent, est cependant risqué : il suffit parfois d’ouvrir un tout petit peu une fenêtre pour qu’un coup de vent vous l’envoie dans la figure. Pour les traditionnalistes purs et durs, le pape en a déjà trop fait, alors que pour les progressistes, il est urgent d’aérer en grand la doctrine de l’Église. Entre les deux, Benoît XVI se prépare des arbitrages délicats.
La verte Irlande broie du noir. Ses rugbymen ont pris hier une déculottée contre les Blacks néo-zélandais. Et son économie est au bord du chaos. Et alors ? direz-vous, c'est loin, l'Irlande. Sans doute, mais puisque nous partageons la même monnaie, l'Irlande, c'est la France, et ses malheurs risquent à tout moment de devenir les nôtres. Ils se résument d'un mot, rigueur. On connaît, répondrez-vous… Certes, mais la rigueur « irlandaise » n'a rien de commun : baisse des salaires de fonctionnaires et du salaire minimum, hausses des impôts, réductions des allocations familiales et chômage… L'Irlande est loin, mais déjà plus proche que la Grèce, première touchée. Et après, dans la file des dominos, il y a le Portugal, l'Espagne, puis la France. « Nous sommes confrontés à une crise pour notre survie », dit le président de l'Europe, Herman Van Rompuy. Ce n'est malheureusement pas exagéré.
C'est bien connu, en France, nous sommes portés à nous dénigrer nous-mêmes. « Les Français se méprisent eux-mêmes », notait, il y a trente ans, l'écrivain Maria-Antonietta Machiocchi. Les choses n'ont guère changé. Ce trait révèle moins de la modestie qu'une réelle difficulté à estimer justement notre situation et nos capacités à relever les défis. Est-ce de l'idéalisme ou la marque d'un infantilisme qui susciterait une perpétuelle insatisfaction ? Difficile de dire. Le fait est que l'air du « tout va mal » revient comme une complainte.
Là, vous provoquez, dira-t-on. Oubliez-vous la gravité des temps actuels ?
Au contraire. C'est justement l'ampleur inédite des problèmes qui empêche de gémir sur tout. Car, ainsi, on confond la situation des personnes qui ont de vraies raisons de se plaindre de leur sort et celle des groupes, les plus nombreux, qui sont, eux, totalement ou relativement épargnés ? Si chacun s'érige en victime, sous quelque prétexte que ce soit, que deviennent les vraies victimes : les jeunes piétinant à la porte de l'emploi, les sans-emploi ou menacés de le perdre, les 12 millions de travailleurs pauvres et les mal-portants dont l'avenir risque de se clore... ? Si l'on mélange les catégories et les problèmes, on ne prêtera pas attention aux cas justifiant une mobilisation. À propos des retraites, par exemple, si la protestation avait porté exclusivement sur la pénibilité et non sur les 60 ans pour tous, elle eût été beaucoup plus efficace. Car c'était bien cela le vrai problème, tout de même !
Alors, faut-il adopter la devise du bon docteur Coué - « Tous les jours et à tout propos, tout va de mieux en mieux » - ou se convaincre que « tout va très bien, madame la marquise » ?
On a dit de l'optimiste que c'est quelqu'un qui manque d'informations. Il est aussi vrai que le pessimiste en sait trop jusqu'à s'en accabler. Et à force de s'obnubiler des problèmes, à commencer par les siens, il est du genre à regarder des deux côtés avant de traverser une rue à sens unique. Bref, la prudence désabusée finit en paralysie. L'optimiste de méthode, lui, n'est pas un bisounours. Le tragique ne lui échappe pas. Mais il en relève le défi en se disant, avec Péguy, que « ça ira mieux demain, demain matin », à condition de s'y mettre.
Ce qui suppose de faire la part des choses, de voir aussi ce qui marche et apporte de l'air frais, et de savoir relativiser nos problèmes par empathie (1), altruisme (2) et tout simplement décence. Satisfait ? Non. Inquiet ? Oui, mais de cette vraie inquiétude qui faisait dire à Newman : « Quand je suis heureux, je commence à être inquiet. » Et a fortiori lorsque les « conditions du bonheur » ne suffisent plus. Selon une enquête publiée en 2008, le revenu réel par habitant a triplé aux États-Unis depuis 1950, mais le pourcentage des personnes se disant heureuses a à peine augmenté. Au-delà de 15 000 dollars de revenu annuel, le taux de satisfaction n'augmente plus, voire régresse.
(1) Serge Tisseron, L'empathie au coeur du jeu social, Albin Michel.
(2) Philippe Kourilsky, Le temps de l'altruisme, Odile Jacob.
La phrase s'affiche ces temps-ci sur les frontons des cinémas : « On ne peut pas avoir 500 millions d'amis sans se faire quelques ennemis. » C'est l'accroche de « The Social Network », le (remarquable) film retraçant la genèse de Facebook. Elle prend une nouvelle résonance au moment où un tribunal des prud'hommes vient de valider le licenciement de deux salariés d'Alten pour avoir « dénigré leur entreprise » sur le réseau social. Ce jugement est une première - le nombre d'articles et l'émoi qu'il suscite en sont la preuve -, mais, comme le rappelle un avocat spécialisé dans le droit du travail, « Facebook ne ressemble à rien d'existant ». Et avec lui tous les réseaux, de Twitter à Linkedin, en passant par Foursquare et d'innombrables autres. Au-delà de la problématique du droit ou non de critiquer ou de dénigrer son entreprise (qu'on se gardera bien de trancher ici en quelques lignes), ce jugement livre un enseignement majeur. Il rappelle l'impérieuse nécessité pour n'importe quel salarié, notamment d'une SSII, et plus largement pour n'importe quel citoyen, adulte, adolescent ou enfant, non pas tant de mesurer sa parole - chacun a heureusement le droit de penser ce qu‘il veut du président, de son patron, de son prof, de ses parents -, mais de savoir la livrer au bon endroit et aux bons interlocuteurs. Mes amis sont mes amis, mais les amis de mes amis peuvent parfois être mes ennemis, donc autant anticiper les risques… N'importe quel « surfer » sur Internet doit déjà, en permanence et en priorité, se poser une question simple mais fondamentale : qui me parle ? Tout « facebooker » ou « twitto » doit également se poser une deuxième question : à qui je parle ? L'usage du Web et des nouvelles technologies, celles-là même qui ont aboli nombre de frontières entre vie professionnelle et vie privée, ne peut se faire intelligemment sans le souci permanent de répondre à ces deux questions. Cette bonne pratique du Web et des réseaux sociaux, encore plus cruciale avec le développement de la géolocalisation, peut servir à nous rendre plus responsables et moins vulnérables, on l'espère. Donc je fais et dis ce que je veux entre les murs et sur les murs (intérieurs) de ma maison. Mais sur mon « wall », comme on dit en langage Facebook j'essaie de réfléchir avant de parler. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle, finalement. Qui a dit qu'Internet n'était qu'une machine à décérébrer ?
Corruption, détournement de fonds, racket, arrestation illégale, voire meurtre. Les crimes commis en Russie, en toute impunité, par des fonctionnaires mafieux qui semblent phagocyter l'Etat chaque jour davantage pourraient ne préoccuper que la population et les seuls entrepreneurs, locaux ou étrangers, menacés de voir confisquer à tout moment le fruit de leur travail. Mais la criminalisation d'un Etat bureaucratique et policier devenu le prédateur de sa propre nation peut affecter aussi ses relations avec des pays occidentaux pourtant enclins à une certaine indulgence envers le principal exportateur mondial d'hydrocarbures. Ainsi, Barack Obama, qui tenait à appuyer sur le bouton « remise à zéro » des relations avec Moscou, endommagées par la période Bush, doit tenir compte d'une démarche inhabituelle : Ben Cardin, un sénateur démocrate, vice-président de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), demande que pas moins de 60 officiels russes impliqués dans la mort en prison d'un juriste de trente-sept ans, Sergueï Magnitski, soient interdits de visa aux Etats-Unis. Première mondiale dont la Russie se serait bien passée : un documentaire sur cette affaire a été projeté simultanément devant les Parlements européen, britannique, allemand, canadien et américain (mais pas en France, pourtant prompte d'habitude à s'inquiéter des violations des droits de l'homme). Et, entre deux discussions sur le traité START de désarmement nucléaire, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a même demandé à Dimitri Medvedev de faire toute la lumière sur l'affaire.
Rappel des faits. Ce défenseur d'Hermitage Fund, le premier fonds d'investissement occidental à avoir misé sur la Russie, est décédé il y a exactement un an en prison, où il avait été jeté en novembre 2008 et privé de soins et de visites depuis lors, malgré un cancer. Son crime ? Avoir témoigné peu auparavant contre des juges, fonctionnaires du fisc et officiers du ministère de l'Intérieur dirigés par un colonel, Artyom Kuznetsov, liés sans doute au département K (renseignement économique) du FSB. Il les accusait d'avoir soutiré 230 millions de dollars au fisc russe via un montage complexe (« Les Echos » du 7 août 2008) à grand renfort de registres d'actionnaires falsifiés, d'actions en justice lancées par des détenteurs de passeports volés et de documents, sceaux et ordinateurs dérobés lors de perquisitions illégales au siège russe d'Hermitage. On n'est jamais mieux servi que par soi-même : l'enquête lancée suite aux dépositions de Sergueï Magnitski avait été confiée… aux policiers mis en cause, lesquels s'étaient empressés d'arrêter leur accusateur.
Apparemment, le président russe, Dimitri Medvedev, est conscient du problème que représente la criminalité des « hommes à épaulettes », « principale menace pour la Sécurité nationale », lui qui reconnaissait candidement il y a un an que « des officiels corrompus mènent le pays. Ce sont eux qui ont le vrai pouvoir. La corruption est de nature systémique, avec de profondes racines historiques ».
Lors de son entrée en fonctions, en mai 2008, le président, qui est un juriste de formation, avait présenté un programme limpide visant à lutter contre la corruption, faire « respecter véritablement la loi et surmonter le nihilisme juridique qui entrave gravement le développement du pays ». Si le dynamisme de la Russie, où sont lancés régulièrement de nouveaux chantiers, est indéniable, toutefois le courage commence à manquer chez les entrepreneurs devant les atteintes au droit de propriété. Les flux d'investissements étrangers ont chuté l'an dernier au quart du niveau atteint avant la crise mondiale, à 15,9 milliards de dollars, un niveau décevant pour la 10 e économie de la planète.
Aujourd'hui, l'engagement de Dimitri Medvedev contre le « nihilisme légal » sonne de plus en plus creux. Il ne peut se targuer que de la mise en place d'un Conseil national anticorruption et d'un projet de loi obligeant les proches des hauts fonctionnaires à divulguer leur patrimoine (projet d'ailleurs retoqué par le ministère des Finances). Les enquêtes d'opinion confirment une aggravation de la corruption dans ce pays où tout, contravention, diplôme ou permis de construire, se monnaie. La Russie figure désormais au 154 e rang sur 178 dans l'index de Transparency International, au même niveau que la PapouasieNouvelle-Guinée ou le Kenya. Elle a reculé de 8 places en un an.
Ceux qui dénoncent la corruption risquent leur vie : 6 journalistes ont ainsi été tués depuis le début de l'année et aucun de leurs meurtriers n'a été retrouvé. Le dernier tabassage en date visait un collaborateur du quotidien économique « Kommersant », Oleg Kachine, au demeurant courtois avec le régime mais « coupable » d'avoir enquêté sur un chantier controversé d'autoroute. Le fait qu'il ait été attaqué devant des caméras de surveillance à dix minutes à pied du Kremlin révèle le sentiment d'impunité de ses agresseurs, voire sonne comme un défi à Dimitri Medvedev.
La question qui se pose désormais aux Russes comme à leurs partenaires étrangers est de savoir simplement si ce pays peut se doter d'un Etat de droit. On peut en outre se demander si le président russe n'est pas finalement qu'un leurre, chargé de conserver la place au chaud pour Vladimir Poutine jusqu'à l'élection présidentielle dans dix-huit mois. Un indice ? Suite à l'affaire Magnitski, après avoir limogé quelques responsables… des services pénitentiaires, Dimitri Medvedev a ordonné une enquête, qui n'a abouti à rien. La veille de l'anniversaire de la mort du juriste, cinq des principales personnes qu'il accusait ont été promues par le ministère de l'Intérieur pour services exceptionnels…
Le piège du Livret A va-t-il se refermer sur les banques ? Il y a près de deux ans maintenant, elles ont obtenu de haute lutte de pouvoir vendre dans leurs agences le placement préféré des Français, un privilège réservé jusqu'alors à trois d'entre elles (La Banque Postale, les Caisses d'Epargne et le Crédit Mutuel). Et le succès a été au rendez-vous. Mais elles risquent aujour-d'hui de payer cette conquête au prix fort. Le temps est en effet venu de trancher définitivement la question du taux de centralisation du Livret A, c'est-à-dire la part de la collecte que les banques doivent reverser à la Caisse des Dépôts et Consignations, fixée actuellement à 63 %. Réglé de manière temporaire en 2008, le sujet peut paraître technique. Il est pourtant primordial. A en croire les protagonistes, en fonction de l'endroit où sera placé le curseur - au minimum 70 %, demande la CDC, 50 % au maximum, réclament les banques -, ce sera soit la solidité du secteur bancaire qui en sera gravement affectée, soit le financement du logement social qui en pâtira.
A première vue, le combat est inégal. Que peuvent bien peser les arguments de quelques établissements de crédit prospères et à la popularité incertaine face à l'une des priorités nationales, le logement des Français ? Car les 160 milliards d'euros centralisés actuellement à la Caisse des Dépôts sont destinés au financement des organismes HLM. Que l'on réduise le taux, explique sur tous les tons le patron de la Caisse, et l'institution n'aura plus les moyens de remplir sa mission. La crise du logement s'aggravera encore. L'établissement public joue donc sur du velours. D'autant qu'il peut compter sur la bienveillance de l'Etat. Une part non négligeable des sommes centralisées est placée en obligations françaises…
Les pouvoirs publics auraient toutefois tort de se précipiter. D'abord, il y a de la marge avant que le financement du logement social soit en danger. La moitié seulement des fonds d'épargne y est investie. En clair, une baisse limitée du taux de centralisation n'aurait pas les effets dévastateurs redoutés. Mais, surtout, augmenter ce taux reviendrait à coup sûr à siphonner les dépôts du Crédit Agricole, de BNP Paribas, Société Générale et autres au profit de la CDC. L'essentiel des sommes déposées sur leurs Livrets A provient en effet de comptes déjà ouverts dans leurs agences. Après tous les efforts déployés depuis deux ans pour s'assurer que nos banques continuent à financer correctement l'économie, il y aurait quelque chose d'aberrant aujourd'hui à les « saigner ». Certes, les nouveaux réseaux distributeurs ont échoué à faire du Livret A une machine à conquérir des parts de marché. Ce n'est pas une raison pour leur appliquer une double peine dont le pays dans son ensemble subirait les effets.
L'euro grimpe après l'annonce du soutien à l'Irlande
Les investisseurs attendent désormais la réaction des marchés européens avant de décider ou non de prolonger la hausse de l'euro. L'Union européenne et le Fonds monétaire international ont accepté dimanche soir de fournir un soutien financier à l'Irlande sous la forme de prêts.
L'Irlande a officiellement demandé dimanche une aide financière internationale pour faire face à sa crise bancaire et budgétaire, ce qui constituera le deuxième renflouement d'un pays de la zone euro en un an, après celui de la Grèce en mai dernier.
"Les autorités européennes ont accédé à notre demande", a déclaré dans la soirée le Premier ministre irlandais, Brian Cowen. "J'espère que l'accord sera finalisé prochainement, dans les semaines à venir".
Le montant de l'aide financière qui sera débloqué par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) devra être négocié, mais il est vraisemblable qu'il sera inférieur à celui du plan de renflouement de la Grèce en mai.
"Je dirais que nous parlons d'une somme comprise entre 80 et 90 milliards d'euros", a-t-on déclaré de source européenne haut placée, à Bruxelles, en ajoutant que cette somme comprendrait des fonds destinés à soutenir le secteur bancaire irlandais.
Des experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne et du FMI devront boucler d'ici la fin novembre un plan de prêts à l'Irlande, qui sera échelonné sur trois ans, a déclaré le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn.
"Accorder une aide à l'Irlande est justifié par le besoin de préserver la stabilité financière de l'Europe", a dit Rehn à Reuters. "Le plan en préparation devra répondre de façon décisive aux défis budgétaires de l'économie irlandaise et aux besoins potentiels en capitaux à l'avenir dans le secteur bancaire", a-t-il ajouté.
La Banque centrale européenne, qui a favorablement accueilli la demande irlandaise, a fait savoir que l'aide financière serait assortie de conditions strictes.
Les dirigeants européens craignent que les problèmes de l'Irlande ne se propagent à d'autres membres de la zone euro ayant un déficit budgétaire important, comme l'Espagne ou le Portugal, menaçant l'UE d'une crise systémique.
Contagion ou pas contagion ?
Mais à Berlin, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a minimisé le risque d'une contagion à d'autres membres affaiblis de la zone euro. "Si nous apportons maintenant la bonne réponse au problème irlandais, nous aurons de grandes chances d'éviter des effets de contagion", a-t-il dit à la chaîne allemande ZDF.
Certains, comme l'économiste portugais Filipe Garcia, de la société de consultants Informaçao de Mercados Financeiros, ne sont pas du même avis: "Je pense que cela veut dire (le plan d'aide) que le Portugal sera le prochain (à demander une aide). J'ignore si cela se produira avant la fin de l'année ou après, mais c'est presque inévitable, maintenant".
En mai dernier, l'UE et le FMI ont mis en oeuvre un plan d'un montant de 110 milliards d'euros, le premier du genre dans la zone euro, pour éviter à la Grèce une faillite. En échange, Athènes s'est engagé à mettre en oeuvre des mesures d'austérité draconiennes, qui ont provoqué d'importantes manifestations.
Brian Cowen a indiqué dimanche soir que le gouvernement irlandais allait annoncer désormais un plan d'austérité sur quatre ans, qui visera à réduire le déficit budgétaire de 15 milliards d'euros d'ici 2014.
"La prochaine étape dans le processus sera la publication du plan de quatre ans du gouvernement (irlandais) pour résoudre les problèmes des finances publiques", a poursuivi Cowen.
"Le plan sur quatre ans permettra une réduction du déficit budgétaire de l'ordre de 15 milliards d'euros d'ici 2014", a-t-il continué. L'objectif assigné à l'Irlande est de ramener son déficit budgétaire à 3% du PIB en 2014.
Selon des médias irlandais, les mesures d'austérité devraient comprendre une nouvelle taxe foncière, une réduction du salaire minimum, des allocations familiales et des indemnités aux demandeurs d'emploi. Certaines exonérations fiscales dont bénéficient les hauts revenus pourraient également être supprimées.
Cowen sur la sellette
Les ministres des finances de l'UE ont accueilli favorablement la demande d'aide irlandaise, tout comme le FMI dont le directeur général, Dominique Strauss-Kahn, a indiqué que les experts du FMI d'ores et déjà présents en Irlande allaient entamer "sans attendre" des discussions avec les autorités du pays.
Les ministres des Finances de l'UE ont indiqué pour leur part que le plan d'aide à l'Irlande devrait être financé via le mécanisme européen de stabilité financière et le Fonds européen de stabilité financière (FESF), et qu'il pourrait être renforcé par des prêts bilatéraux négociés par les Etats membres de l'UE. La Grande-Bretagne et la Suède ont indiqué qu'elles étaient disposées à envisager un prêt bilatéral avec Dublin.
La BBC a rapporté dimanche soir que la Grande-Bretagne fournirait une aide de 8,15 milliards d'euros, au titre de l'assistance à "un ami dans le besoin".
L'officialisation de la demande d'aide irlandaise est intervenue dans un contexte de crispation alors que de plus en plus de voix souhaitent que la gestion de la crise change de mains à Dublin.
Les critiques ne viennent désormais plus seulement de l'opposition et l'unité du parti du Premier ministre Brian Cowen, le Fianna Fail, se lézarde tandis que la presse relaye l'inquiétude grandissante des irlandais.
"Vous avez menti, vous nous avez laissé tomber. Pour le salut de l'Irlande, partez maintenant", réclame le Sunday Independant en une.
Le mécontentement populaire s'est accentué au cours de la semaine dernière, l'opinion publique reprochant au gouvernement sa communication sur la question de la crise. A plusieurs reprises, le gouvernement a assuré qu'il n'y avait aucune négociation alors que des discussions informelles se déroulaient.
Karachi: les démons de la droite
Nicolas Dupont-Aignan candidat pour 2012
Le président de Debout la République entend «rendre le pouvoir aux Français» en sortant la France de la zone euro.
«Mes chers compagnons…» Voilà des mots qu'on n'avait plus l'habitude d'entendre. Nicolas Dupont-Aignan a recouru à ce vocabulaire gaulliste, dimanche, lorsqu'il s'est déclaré candidat à l'élection présidentielle de 2012. Le président de Debout la République, qui s'efforce de construire un parti entre l'UMP et le Front national, est la première personnalité politique à annoncer officiellement qu'il brigue l'Élysée.
Lorsqu'une présidentielle pointe à l'horizon, les outsiders, qui ont tout à gagner à une campagne longue, se dévoilent en général les premiers. Lors du discours de clôture du deuxième congrès de son parti, qui s'est déroulé à Paris devant environ mille personnes, Nicolas Dupont-Aignan a justifié sa décision par sa volonté de «rendre le pouvoir aux Français». «Je veux symboliquement vous présenter le poison qui est en train de tuer la France : l'euro !», a lancé le candidat à l'Élysée.
Soignant ses effets, Dupont-Aignan a alors montré à l'assistance une effigie de la monnaie européenne. «L'euro, c'est la vie chère, a accusé le président de Debout la République. L'euro, ce sont les délocalisations ! L'euro, c'est le chômage ! L'euro, c'est la misère ! Et bien moi, je serai candidat à l'élection présidentielle de 2012 pour en finir avec ce poison !» Aux sceptiques, Dupont-Aignan a lancé : « Ne vous laissez pas impressionner par ceux qui vont prédire l'apocalypse. La Suède, le Danemark, la Grande-Bretagne, la Pologne et bien d'autres (qui ont conservé leur monnaie nationale, NDLR), sont-ils en enfer ?»
Les faux rebelles
Le député de l'Essonne a ensuite fustigé «une classe politique misérable tant elle a oublié ses devoirs vis-à-vis du peuple». Il a renvoyé dos à dos Nicolas Sarkozy, «au service de cette mondialisation inique», et Ségolène Royal, Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn, «mondialistes convaincus solidaires de la purge infligée aux Grecs par le FMI».Dupont-Aignan s'est distingué de François Bayrou et Dominique de Villepin, qui ambitionnent eux aussi de s'adresser à un électorat contestataire. Le candidat à l'Élysée a regretté que ces deux hommes «épousent les choix européistes» de l'UMP et du PS. En somme, des personnalités «attachantes», mais, à l'en croire, des faux rebelles, contrairement à lui. Le député de l'Essonne a ensuite tendu la main aux «républicains des deux rives» et a salué la présence, dans l'assistance, d'ex-proches de Jean-Pierre Chevènement ou de Philippe de Villiers.
Le président de Debout la République a tenu à se démarquer du FN. Il a jugé que le parti fondé par Jean-Marie Le Pen «puise son énergie dans la faiblesse de la classe politique. Une énergie qu'il dit mettre au service de la France. Mais il n'a pas compris qu'on ne redresserait pas la France en opposant les Français les uns aux autres».
Mais qu'est-ce qui a poussé Charles Millon, ancien ministre de la Défense de Jacques Chirac et acteur de premier rang de ce dossier des rétrocommissions, à balancer une grenade dégoupillée dans les allées du pouvoir en place ? En attendant une improbable réponse, le lien direct entre les financements occultes et l'attentat de Karachi s'éclaire d'une lumière encore plus crue. On entend d'ici Édouard Balladur pousser des cris d'orfraie et renvoyer ces sordides questions d'argent aux mécanos de sa campagne électorale. Et l'on se souvient aussi que Nicolas Sarkozy, son trésorier d'alors, s'en est tiré en criant à la fable inventée de toutes pièces. La nuance c'est que toujours dans une fable il y a une morale. Celle-ci pourrait bien se finir par un scandale.
Un scandale d'État, sur fond de rivalités et de règlements de comptes au RPR, que l'omerta véreuse des marchands d'armes et des bénéficiaires de leurs pots de vin aura désormais bien du mal à étouffer. Tout est à peu près connu de cette affaire que onze Français ont payé de leur vie à Karachi, dans un attentat par rétorsion de la décision de la France de couper le robinet des commissions. Le lien est établi formellement. Les traces de la corruption légalisée et de l'existence de sociétés opaques pour faire transiter les rétrocommissions vers les caisses noires de la campagne sont dans le dossier des juges.
En faisant exploser le fragile parapluie des immunités et des validations un peu hâtives des comptes de campagne, Charles Millon se fait accusateur et vient en appui de la rébellion des familles de victimes qui cherchent à briser l'épais carcan de la raison d'État.
Louis XIV est mort, ceux qui font la loi ne peuvent se placer au-dessus d'elle. Pourtant la presque indifférence des Français capables de passer en quelques jours de l'affaire Bettencourt à celle des sous-marins de Karachi sans presque sourciller, est un sujet d'étonnement permanent. Tout juste si nous ne contentons pas de plaisanter sur l'effet « sparadrap du capitaine Haddock » des rebondissements de cette enquête, quand nous devrions nous demander si la guerre dans le clan Chirac-Balladur valait vraiment onze morts ?
Dans les semaines, sinon les mois qui viennent, on ne manquera sans doute pas de vous raconter l’histoire de cette nation courageuse, qui s’est arrachée à un passé fait d’oppression coloniale, de misère et d’émigration massive et a connu une ascension vers la richesse aussi spectaculaire que sa chute. Et qui, mieux que les Irlandais eux-mêmes, pourrait nous la conter. Le jour où les experts de la Commission européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International atterrissaient à Dublin pour prendre en mains l’économie de l’Irlande, l’éditorial du Irish Times se lamentait : “C’est bien là toute la honte de l’affaire. Ayant obtenu notre indépendance de la Grande-Bretagne afin d’être les maîtres de notre sort, nous venons maintenant d’abandonner notre souveraineté."
La cause ? “Ayant passé les dix dernières années dans les brumes enivrantes de l’autosatisfaction face à notre réussite économique, nous sommes désormais confrontés à la réalité de son caractère illusoire”, écrit le romancier Joseph O’Connor dans le Guardian. “Des politiciens ineptes, des banquiers cupides et des spéculateurs immobiliers ont torpillé les certitudes sur lesquelles était fondée la vision que nous avions depuis peu de nous-mêmes.”
Mais le naufrage de la nef économique irlandaise est-il un phénomène purement local, que l’on pourrait attribuer à l’ineptie de ses politiciens et à l’avidité des spéculateurs ? Quand on porte son regard vers la marche sud-ouest de l’Europe, vers le Portugal, que la rumeur désigne comme le prochain candidat susceptible de confier les clés de sa souveraineté économique au triumvirat de la Commission, de la BCE et du FMI, c’est une autre version de l’histoire qui se dessine. “Le problème du Portugal est différent, commente le New York Times. Ses banques ne sont pas particulièrement en danger, mais l’Etat lui-même affiche un fort taux d’endettement et une faible croissance. Quant à la dette, tant publique que privée, elle est considérable.”
Si l’on ajoute à ce malheureux duo le cas récent de la Grèce, dont le peuple était il y a peu, qualifié “de ruseurs indécrottables” par le Financial Times Deutschland pour son apparente propension au clientélisme et à la fraude, il n’en est pas moins surprenant de constater que trois destins aussi fondamentalement différents ont tous abouti exactement au même résultat : effondrement, renflouement, perte de souveraineté.
Dans l’affaire, tout le monde semble avoir oublié une chose plus connue sous le nom de “marché”. Depuis la crise de la fin 2007, quand le gouvernement a nationalisé la dette monstrueuse qui pesait sur ses banques toxiques, le taoiseach Brian Cowen, avec ses homologues, ne cesse d’entonner le même mantra : le marché est un dieu mystérieux qu’il faut apaiser et se concilier, secteur public et niveau de vie doivent lui être offerts en sacrifice sur son autel.
Or, trois budgets d’austérité plus tard (sans parler d’une nouvelle série époustouflante de coupes sombres d’un montant de 15 milliards d’euros), le marché, alors que chômage et émigration augmentent en flèche, n’a pas l’air de meilleure humeur. A vrai dire, alors que le rendement de la dette irlandaise franchissait le seuil des 9 % la semaine dernière, telle est son ire que la prochaine génération irlandaise consacrera l’essentiel de ses efforts à éponger ses taux d’intérêt usuraires. En fait, on pourrait même soupçonner qu’il est dans l’intérêt du marché de prendre le peuple irlandais au piège d’un tel mécanisme, puisqu’il lui garantit de si juteux retours à l’avenir.
Pourquoi le travail d’un Irlandais vaudrait-il moins que celui d’un Français ou d’un Allemand ? Cela devrait être le cas, me diriez-vous, si vous pensez que toute entreprise humaine doit se soumettre à des forces qui la dépassent. Et avec un fatalisme qui frise la dévotion, les personnages falots qui président aux destinées d’un demi-milliard de personnes partagent entièrement cet avis.
Pour accentuer encore cet aspect froid et impersonnel, la Commission européenne et la BCE ont déclaré que les experts chargés de superviser le budget de l’Irlande n’avaient pas à être des personnalités publiques. Que le cœur économique d’une société démocratique soit désormais géré par une entité anonyme n’a apparemment rien de choquant à leurs yeux.
Il y a plus de vingt ans, Margaret Thatcher proclamait l’avènement de la doctrine TINA [There Is No Alternative], selon laquelle il n’y a pas d’alternative à l’économie de marché. Nul ne peut nier l’élan libérateur que cette politique a pu représenter pour les pays d’Europe Centrale et Orientale à peine débarrassés du morne joug soviétique ; ni l’attrait qu’elle exerce encore sur des économies dynamiques comme la Pologne, forte de liens historiques et géographique avec une Allemagne d’une solidité à toute épreuve.
Mais pour de plus en plus d’Européens, la main invisible des marchés est devenue une main de fer qui broie tout espoir de réalisation personnelle, de progrès et de qualité de vie. Vous aurez beau parler de croissance économique, si cette dernière ne s’accompagne pas d’un supplément de civilisation, elle est inutile. Et tous les tableaux Excel cherchant à démontrer le contraire n’y changeront rien : nous savons que notre civilisation a plus à y perdre qu’à y gagner.
L'UE doit rééquilibrer son économie, juge Dominique Strauss-Kahn
"Comme nous nous inquiétons des déséquilibres mondiaux, nous devrions également nous inquiéter des déséquilibres au sein de la zone euro", a-t-il dit.
"Les déficits des comptes courants dans certains pays européens vont devoir être réduits, et dans le même temps dans d'autres pays tels que l'Allemagne la croissance devra être davantage alimentée en interne", a-t-il ajouté.
A propos du marché européen du travail, Dominique Strauss-Kahn a estimé que des réformes nécessaires pourraient être accélérées en harmonisant les législations au sein de la zone euro.
"La zone euro ne peut atteindre son véritable potentiel avec un patchwork déroutant de marchés du travail segmentés", a-t-il expliqué.
"Il est temps de mettre sur un pied d'égalité les travailleurs européens, notamment en ce qui concerne la taxation de la main-d'oeuvre, les systèmes de prestations sociales et de portabilité et les législations sur la protection de l'emploi."
Là où il y a des pénuries de travailleurs qualifiés, les pays européens devraient recourir à l'immigration pour combler leurs besoins, a-t-il en outre estimé.
"La croissance à long terme pourrait également bénéficier d'une approche moins restrictive concernant l'immigration", a-t-il dit. "Cela a du sens d'avoir recours à l'immigration pour gérer des problèmes de qualification comme cela s'est fait en Amérique du Nord."
L'affaire Karachi s'emballe, appels à la retenue
Après le dossier Clearstream, l'affaire Karachi a relancé l'affrontement entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, mais plusieurs membres du gouvernement ont appelé dimanche à la retenue.
L'enjeu est de taille - deux présidents et deux ex-Premiers ministres sont cités - alors que s'insinue le soupçon que 11 Français sont morts lors d'un attentat à Karachi en mai 2002 en raison d'une corruption qui aurait mal tourné.
Dominique de Villepin, qui avait ravivé les attaques contre l'Elysée, s'est efforcé dimanche de calmer le jeu, soulignant qu'il n'y avait pas "de preuve formelle de rétrocommissions" mais seulement des "indices et des soupçons".
Il s'est également réjoui sur TV5 et RFI que le chef de l'Etat ait "marqué sa volonté de transparence" en promettant samedi à Lisbonne de transmettre à la justice française tous les documents nécessaires à l'enquête sur l'attentat.
Pour Magali Drouet, fille d'un salarié de la Direction des constructions navales (DCN) décédé lors de l'attentat, l'engagement de Nicolas Sarkozy "sonne comme un aveu".
Le porte-parole du PS Benoît Hamon a lui aussi estimé que l'annonce de Nicolas Sarkozy revenait à "reconnaître" qu'un "certain nombre de documents n'avaient pas été déclassifiés".
Le ministre de la Défense, Alain Juppé, a cependant jugé cette interprétation erronée.
"Ça ne veut pas dire qu'on a caché quoi que ce soit. Ca veut simplement dire que si les juges d'instruction souhaitent disposer de documents supplémentaires (...) ces documents seront déclassifiés", a-t-il assuré sur Canal +.
Après le député PS Bernard Cazeneuve, Jérôme Cahuzac, président socialiste de la commission des Finances, a réclamé la relance de l'enquête parlementaire sur Karachi.
"COMMENTAIRES POLITICIENS"
La piste d'une vengeance après l'arrêt du versement de commissions a pris de l'ampleur dans l'enquête sur l'attentat suicide qui fit en 2002 15 morts, dont onze Français de la DCN travaillant à la construction de sous-marins vendus par Paris.
Plusieurs témoins-clés, dont l'ancien ministre de la Défense Charles Millon et Dominique de Villepin, secrétaire général de l'Elysée sous Jacques Chirac, ont confirmé que, tout juste élu en 1995, le chef de l'Etat avait demandé de mettre fin aux contrats pouvant donner lieu à des rétro-commissions, dont celui des ventes de sous-marins.
La justice s'interroge sur un possible financement illégal par ces sommes d'argent de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.
Alain Juppé a insisté sur le fait qu'on en était pour le moment "au stade des rumeurs et des allégations." "Est-ce qu'il y a un lien entre l'attentat de Karachi et l'interruption des commissions ? On n'en sait rien", a-t-il dit.
Il a affirmé ne pas avoir entendu parler lui-même de "rétrocommissions" quand il était Premier ministre.
Dominique de Villepin avait lancé la charge vendredi soir en confirmant l'existence de "très forts soupçons de rétrocommissions illégales".
De Lisbonne, en marge du sommet de l'Otan, Nicolas Sarkozy a aussitôt contre-attaqué, dénonçant une "polémique qui n'a pas lieu d'être".
"La justice est saisie, qu'elle fasse son travail et qu'on n'essaye pas de coller dessus des commentaires politiciens qui ne sont vraiment pas à la hauteur de la douleur des familles qui ont perdu leurs proches", a-t-il dit.
Le président du Conseil constitutionnel, Jean-Louis Debré, a refusé de transmettre au juge Renaud Van Ruymbeke les délibérations sur les comptes de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, ces dernières étant couvertes par le secret pendant 25 ans.
Un moment visé par les familles de victimes de l'attentat, Dominique de Villepin a demandé à être entendu comme témoin par le juge Van Ruymbeke le plus vite possible.
En conséquence, les familles ont décidé de surseoir à la plainte envisagée contre l'ex-Premier ministre pour "mise en danger d'autrui" dans l'attente d'éventuelles précisions de sa part.
Dimanche soir, Dominique de Villepin a estimé qu'il n'y avait "aucun lien" entre l'attentat et l'arrêt du versement des commissions décidé par Jacques Chirac.
"A ma connaissance, il n'y a aucun lien. Nous sommes dans un cas en 1995, nous sommes dans l'autre cas en 2002, ce n'est pas le même gouvernement pakistanais, ce ne sont pas les mêmes circonstances au Pakistan", a-t-il dit.
Dominique de Villepin a souligné que l'arrêt des commissions ne visait pas des Pakistanais, mais des intermédiaires d'autres pays. Un Libanais apparaît dans l'enquête judiciaire.
AirPlay, nouveau missile d’Apple
Comme à son habitude, Steve Jobs, le patron d’Apple, n’a pas précisé la date. Aussi, industriels et clients de la marque guettent la moindre mise à jour en provenance de Cupertino. La nouvelle arme secrète promise pour ce mois-ci s’appelle AirPlay. Elle est contenue dans le futur système d’exploitation 4.2 des iPod Touch, iPhone et iPad. Cette technologie inédite permet d’échanger les contenus multimédias (musique et films) d’un produit à un autre au sein des foyers. Steve Jobs veut s’appuyer sur les 125 millions d’iPhone, d’iPad et d’iPod Touch vendus depuis l’origine pour élargir l’écosystème de ses produits et faire en sorte que les industriels soient toujours plus nombreux à signer avec Apple des accords de licence.
AirPlay est l’un des derniers maillons de la chaîne qui fait défaut à Apple. Après avoir gagné la bataille des terminaux avec ses iPod, iPhone et iPad et de la distribution des films et de la musique en ligne avec iTunes, il manquait au groupe de Steve Jobs ce fameux pied sur le marché du "hardware" domestique. Notamment en vidéo. Car si, ces dernières années, un grand nombre de petites chaînes "iPod ou iPhone compatible" ont débarqué dans nos foyers, partager des films ou des séries relevait de l’installation du spécialiste. Pour faire mouche, la marque à la pomme n’a pas manqué de refondre son Apple TV, ce petit boîtier qui permet de visualiser une vidéo téléchargée sur n’importe quel écran de télévision HD. Vendu 119 euros, il est le cheval de Troie de la révolution AirPlay, qui doit inciter les consommateurs à louer ou à acheter un film en toute simplicité pour le regarder ensuite sur grand écran. Et de faire en sorte que la concurrence peine à placer ses produits, faute d’avoir imaginé un "Air- Play killer".