TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

vendredi 12 octobre 2012

Ce que disent les banquiers quand les micros sont coupés

Dans le jargon journalistique, on appelle ça le "off". Challenges vous propose un florilège de propos tenus par des dirigeants de banques françaises dont ils ne souhaitent pas qu'on leur en attribue la paternité.

Respecter le sacro-saint "triple off", c’est une règle de base pour tout journaliste qui souhaite établir, puis maintenir, des relations de confiance avec ses sources. Des petites phrases peuvent alors être dites, si l’interlocuteur est absolument certain que lecteur ne pourra lui en attribuer la paternité. J’ai toujours respecté la règle que je ne trahis pas aujourd’hui. Les propos que vous allez découvrir ci-dessous ont bel et bien été tenus mais rien ne vous permettra d'en deviner ni l'auteur ni même l'établissement qu'il dirige.
Depuis quatre ans que je cherche à comprendre quelque chose aux sujets financiers, j’ai toutefois entendu des propos savoureux et, souvent, pertinents prononcées par des banquiers dont on peut dire, comme Adam l’a sans doute dit à Eve, qu’ils vivent "une époque de transition".
Voici donc un petit florilège de choses entendues. Dans le genre des "brèves de comptoir"…
"C’est chaque fois pareil, quand un nouveau gouvernement arrive, il veut changer le calendrier des vacances scolaires et le Scellier, et en fait, rien ne change."
"HSBC, quand il y aura une bonne crise immobilière en Chine, ils feront moins les malins."
"La banque de détail, ça va être un massacre dans les dix ans qui viennent. Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire de mes gars dans les agences."
"Bâle III ? C’est tout con, avant quand on avait 38,5°C on ne pouvait pas sortir, maintenant, quand  t’as 37,3°C,  tu  ne  bouges pas. Pourquoi ? Parce que c’est comme ça."
"Un bon trader est un trader mort."
"Les francs-maçons ? Tant qu’ils font leurs conneries le soir ou en dehors des heures de travail, je m’en fous."
"La Banque Publique d’Investissement ? Si on régionalise le bouzin, ça va être un bain de sang de soutiens abusifs et de pertes sèches."
"Les mutualistes, ils ont l’air sympa, mais il vaut mieux sortir à reculons si on ne veut pas se retrouver avec un couteau dans le dos en arrivant à l’ascenseur."
"Les petits actionnaires, c’est les plus emmerdants. Ils posent tout un tas de questions, c’est tout juste s’il ne faut pas leur sortir notre comptabilité analytique. Qu’ils achètent plus d’actions, et on leur répondra."
"Chez nous on est mauvais sur le nombre de femmes à des postes de responsabilité, en revanche - et je ne fais aucun rapprochement - sur les handicapés, on est très bons."

Bientôt des profs roumains dans les collèges et lycées français?

Le gouvernement a doublé le nombre de professions que peuvent exercer en France les ressortissants roumains et bulgares. Parmi elles, plusieurs métiers de la fonction publique dont celui d’enseignant.
Après les plombiers polonais et les infirmières espagnoles, voici peut-être venu le temps des professeurs roumains ? Sur le papier en tout cas, les ressortissants de ce pays de 22 millions d'habitants m vont pouvoir passer, comme les autres citoyens des Etats membres de l’Union Européenne, la plupart des concours organisés par l’Education Nationale.
Le gouvernement vient effet d'établir une liste de 291 métiers désormais ouverts aux Roumains ainsi qu'aux Bulgares. Le document doit prochainement paraître au Journal Officiel et dans cette liste à la Prévert figure les métiers de professeurs (enseignement général du second degré, enseignement artistique, enseignement technique et professionnel). Et cela tombe fort bien puisque la France connaît une pénurie sans précédent de vocations.
Le gouvernement le reconnaît d’ailleurs sans détour. Dans leur communiqué commun, Manuel Valls, le ministère de l’Intérieur et Michel Sapin, le ministre du Travail de l’Emploi de la Formation professionnelle et du Dialogue social, écrivent que la liste des 291 métiers concernés "a été élaborée à partir d’un critère objectif, le degré de tension (offres rapportées aux demandes) dans chacun des métiers et a été arrêtée après consultation des partenaires sociaux et des services déconcentrés du ministère du Travail" (cliquez ici pour lire le document complet).
43.000 postes à pourvoir en 2013

Les besoins de l’Education nationale sont réels. En dépit de la montée du chômage, les difficultés à recruter des professeurs perdurent. Le métier d’enseignant, mal payé et de moins en moins bien considéré par les élèves et leurs parents, fait moins rêver les Français. Dans le primaire, certains départements ne parviennent plus à satisfaire leurs besoins. Les inspecteurs de l’Education nationale de la Seine Saint-Denis ont même écrit le mois dernier à leur ministre pour réclamer la création immédiate de 250 postes.
Pour tenir l’objectif fixé par François Hollande, Vincent Peillon a prévu de créer 43.000 postes en 2013. Mais comment parvenir à ce chiffre alors que les concours sont loin d’attirer les foules ? Le site Rue89 a montré, appli à l'appui, que dans certaines matières, et notamment les mathématiques, le taux de réussite au Capes atteignait 40%. Signe non pas que les candidats sont meilleurs. Ils ne sont simplement pas assez nombreux. Résultat : certaines années, toutes les créations de postes prévues n’ont pu être pourvues. D’où le besoin d’élargir les possibilités de recrutement.
1 Roumain sur 5 est réputé francophone
Or les Roumains sont, de tous les citoyens de l’Union Européenne, potentiellement, les plus à même de réussir les concours. En Roumanie, 20% de la population parlent le français. Plus de 80% des collégiens l’apprennent comme première langue au collège. La France accueille d’ailleurs déjà un grand nombre de médecins roumains dans le secteur hospitalier. Et ces derniers émigrent d’autant plus volontiers que les salaires dans leurs pays sont parmi les plus faibles d’Europe. Un professeur gagne en Roumanie autour de 5.500 euros… par an alors qu’en France les revenus des enseignants débutent à 22.430 euros et plafonnent à 44.518 euros pour un agrégé en fin de carrière.

La face cachée de François Fillon

PORTRAIT Pour grimper, l'ex-Premier ministre de Sarkozy n’a pas hésité à changer d’alliés, au risque de sembler sans convictions. Aujourd’hui, il doit convaincre les militants de l’UMP qu’il a bien l’étoffe d’un chef. Avant le 18 novembre.
Enfin, la possibilité de devenir premier de cordée, lui qui a toujours été numéro deux sous la coupe de fortes personnalités, de Philippe Séguin à Nicolas Sarkozy en passant par Edouard Balladur ou Jacques Chirac. Parfois humilié, abaissé. Le voilà champion de la droite. Et même l’homme politique le plus populaire de France, selon le dernier baromètre Ipsos ! L’Elysée n’est plus un mirage. La voie est libre.
Il n’en fut pas toujours ainsi. Une telle -ambition était réservée aux poids lourds de son camp, aux énarques appartenant aux grands corps. Philippe Séguin, Alain Juppé, Dominique de Villepin… François Fillon, qui a débuté comme simple assistant parlementaire, un diplôme de droit en poche ? On le regardait de haut.

Un grand orgueilleux
Désormais, il ne cache plus son appétit. Ses proches sont persuadés qu’il y pense depuis toujours. Parce qu’il a un immense orgueil. Parce que ce serait l’aboutissement d’un cursus honorum des plus classiques et des plus complets : conseiller municipal, député, président de conseil général, de conseil régional, ministre, Premier ministre… "Oui, comme tout le monde, j’ai envie de gravir les marches", avouait-il en 2003, du temps où il s’aguerrissait au ministère des Affaires sociales. "En cas de victoire, je sais exactement ce qu’il faudrait faire, confiait-il, à quelques semaines de la présidentielle de 2012. Au lendemain de l’élection, il faudrait un énorme tour de vis. Cela crierait pendant quelques semaines et après, plus rien."
Commander, il y pense depuis longtemps. Il s’en sent l’étoffe. Retraites, universités, recherche, technologies, flexibilité, 35 heures, dialogue social… Tous les fondamentaux de son programme pour la présidence de l’UMP étaient déjà dans son livre La France peut supporter la vérité, publié en 2006. "Ce qui a changé chez François Fillon, c’est le sentiment d’urgence, explique son fidèle collaborateur et ami Igor Mitrofanoff. Et la dimension européenne, devenue centrale." Un ancien conseiller, haut fonctionnaire, témoigne : "Il est habité par la conviction qu’il faut réformer, que la France est au bord du décrochage."
"Le charisme d'une huître"
Adversaires, concurrents, ténors passés de mode s’esclaffent. "Fillon ? Ce n’est pas un dominant !". "Il a le charisme d’une huître." "C’est la perfidie incarnée. Il est sournois." Nombre de ses petits camarades de l’UMP ont la dent dure. Ils le décrivent fermé, opportuniste. Il est vrai que sa carrière démontre une indéniable habileté. Et pas mal d’élasticité intellectuelle. Quand il entre en politique auprès de Joël Le Theule au début des années 1980, François Fillon est barriste et soutient VGE en raison de l’inimitié que voue son mentor à Jacques Chirac. En 1986, à la recherche d’une autre option que Chirac, il s’allie, aux côtés de Philippe Séguin, aux jeunes rénovateurs de la droite Michel Noir, Michel Barnier, François Bayrou… Aventure sans lendemain.
Dans les années 1990, il rejoint le duo Séguin-Pasqua qui tente de ravir le leadership de Jacques Chirac. En vain. En 1992, alors que le chef du RPR fait campagne pour le oui à Maastricht, François Fillon milite pour le non au côté de Philippe Séguin. En dépit de cet engagement, l’année suivante, il entre au gouvernement d’Edouard Balladur, libéral et européen ! Et il tombe sous le charme.
Cette politesse exquise, cette façon de se maîtriser ! Quand il accédera à son tour à Matignon, l’élu de Sablé adoptera son style, allant même jusqu’à arborer les mêmes chaussettes rouges de cardinal. De cette époque date sa conversion au libéralisme, à la rigueur budgétaire.
Un manœuvrier aguerri
En 1995, nouvelle chicane qu’en excellent pilote, il va négocier avec doigté. Alors que Philippe Séguin soutient Jacques Chirac, lui fait campagne pour son nouveau mentor, Edouard Balladur. Mauvaise pioche ! C’est Chirac, l’homme qu’il a toujours combattu, qui l’emporte. Fillon réussit encore à se tirer de ce mauvais pas. Et entre dans le gouvernement Juppé. Hier, il était la caution souverainiste, cette fois, il sera l’adjuvant balladurien.
En 2000, il poursuit sa mue et entame un rapprochement avec Jacques Chirac par l’intermédiaire de Jérôme Monod. Il participe à la rédaction du programme de 2002, et fait figure de premier ministrable. Jusqu’au jour où Jacques Chirac le vire du gouvernement sans ménagement. Et sans motif. Cette fois, Fillon se révolte, critique ouvertement le conservatisme du président, et se met au service de Nicolas Sarkozy. "J’ai su saisir les opportunités", dit-il avec un grand sens de l’understatement. "Sa carrière s’est déroulée tranquillement, sans grandes trahisons, avec des petits virages", commente un de ses amis.
Pactes et alliances se font et se défont, c’est la vie politique. François Fillon a su se faufiler habilement, mais ce parcours laisse planer un doute sur l’homme et la solidité de ses convictions. D’autant que, durant ses cinq ans à Matignon, il n’a cessé de composer. Certes, il a eu cette saillie historique sur l’"Etat -en faillite", mais c’était une gaffe. Aux réunions hebdomadaires des dirigeants de la majorité, en face de Nicolas Sarkozy, le Premier ministre ne s’est jamais opposé. Nombre de ministres se sont plaints de ne pas avoir été soutenus. En septembre dernier, Jean-Marc Ayrault a dit tout haut ce que beaucoup ont pensé à droite : "Il y a cinq ans, il avait dit : “Je suis à la tête d’un Etat en faillite.” Et qu’est-ce qu’il a fait ?"
Le dévoué soldat de Sarko
Pourquoi est-il resté cinq ans ? Pourquoi n’a-t-il pas tiré la sonnette d’alarme ? "Une démission, c’est un one shot. On se fait plaisir, et puis rien !" commente son ami Jean de Boishue. Ce qui compte en politique, c’est durer. "Une rupture aurait été un acte fondateur, admet son ancienne conseillère en communication, Myriam Lévy. Mais ce n’est pas sa façon de faire de la politique." François Fillon n’est pas homme à provoquer des bras de fer. "En réalité, sur le fond, il n’y avait pas de grandes divergences. Sur la forme, le rythme, le dosage, les points de vue divergeaient, mais pas sur l’orientation, explique Igor Mitrofanoff. François Fillon a toujours su se rappeler quel était son statut : Premier ministre !" Et puis lui et Sarkozy entretenaient, malgré tout, des relations d’estime. En -dépit des agacements. Rien à voir avec la haine Chirac-Giscard.
Enfin, François Fillon estime avoir contribué à accomplir un certain nombre de réformes. "Sur de nombreux sujets, il a laissé son empreinte, affirme Myriam Lévy. L’autonomie des universités, la RGPP, la réforme des retraites. Il s’est aussi battu sur la limitation des dépenses en valeur, et plus seulement en volume. Avec des alliés comme Eric Woerth ou Xavier Musca." Un constat qui fait hurler certains de ses rivaux, comme Bruno Le Maire : "Il a réussi une vraie prouesse : faire croire qu’il était le réformateur et que c’était Nicolas Sarkozy qui bloquait !" Mais certains proches de l’ex-président confirment. Le Premier ministre a bien instillé une petite -musique à lui. Igor Mitrofanoff rappelle le contexte : "En 2009, il y avait encore des débats très vifs sur la relance. Les efforts de rigueur, c’est en grande partie lui."
Si en public, dans les réunions, il s’est toujours gardé d’affronter le chef de l’Etat, François Fillon affirme que c’était pour ne pas déstabiliser son camp, ne pas alimenter les rumeurs sur sa démission. Pas par manque de courage ? René Ricol raconte : "C’est Nicolas Sarkozy qui me l’a présenté. On a beaucoup travaillé ensemble sur le grand emprunt. Il a été nickel. Il m’a toujours soutenu. Et en petit comité, avec le président, il a souvent fait prévaloir son point de vue." Un proche précise : "Il n’est pas hypocrite. Il ne soutient que les causes gagnables."
A la fois progressiste, conservateur et libéral
En première ligne, saurait-il résister ? Qui triompherait, le gaulliste social ou le libéral ? "François Fillon n’aime pas trop les mots en “isme”, assure Igor Mitrofanoff. Il est pragmatique." Jean de Boishue précise : "C’est un progressiste. Un conservateur libéral." Pas clair ! "Mais les étiquettes, les filiations, cela n’a plus aucun sens, s’insurge Dominique Reynié, du think tank de droite Fondapol. Tous les leaders politiques sont propulsés par la mondialisation. Ce qui compte, c’est la capacité à adapter la France à cet enjeu." Et si François Fillon est un vrai conservateur sur le plan sociétal, il est plutôt réformateur sur le plan économique. Tentative de réforme des universités – censurée par le Conseil constitutionnel – en 1993, au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. -Libéralisation de France Télécom en 1995, au ministère de la Poste et des Télécommunications. Assouplissement des 35 heures et première réforme des retraites en 2002, quand il est aux Affaires sociales.
"Si François Fillon demeure une énigme, c’est parce qu’il ne verbalise pas", explique Myriam Lévy. Jamais de confidences, de tapage. Il est lisse, discret, ennuyeux. Quand Chirac, comme tant d’autres, arrosait de témoignages affidés et électeurs à l’occasion des anniversaires, naissances ou décès, lui, rien. Ou très rarement. D’où sa réputation d’égoïste autocentré et suffisant. "Il s’y met", tempère Igor Mitrofanoff. "Oui, il est orgueilleux, solitaire, reconnaît sa grande amie Roselyne Bachelot. Mais ce qui explique sa résilience, sa capacité à tout supporter stoïquement, c’est l’absence d’affect dans le domaine politique. Avec, en appui, une vie privée très riche. Sa famille, c’est un phalan-stère ! Il vit en autarcie affective." Ses cinq enfants, sa femme, ses frères, constituent sa véritable tribu.
Un énorme déficit affectif
Aujourd’hui, François Fillon recueille les fruits de sa constance. Sa longévité à ce poste, son sang-froid lui ont permis de se forger une stature d’homme d’Etat. Le voilà donc présidentiable. Avec ce principal atout : la capacité à rassembler son camp et à grignoter le camp adverse. "Il incarne une droite -sereine. La face sympathique du sarkozysme", avance Jean de Boishue. "C’est quelqu’un de sérieux. Et par les temps qui courent, les Français vont avoir besoin de sérieux", ajoute Myriam Lévy. Mais il a aussi un sacré handicap : un énorme déficit affectif. Ses proches le reconnaissent : "Il devra fendre l’armure, créer un lien avec les Français, s’engager plus." C’est d’ailleurs son point faible dans la campagne qui l’oppose à Jean-François Copé pour la présidence de l’UMP.
Il a une image de sage, raisonnable, mais pas celle d’un meneur d’hommes. Or l’élection à la tête du parti est cruciale. Quasiment un passage obligé. D’abord, une défaite entamerait son crédit. Ensuite, tenir l’appareil est un atout majeur, dans la perspective de la primaire de 2017. Enfin, c’est le seul moyen de disposer des moyens nécessaires pour bâtir un programme, constituer des équipes, voyager, entretenir un réseau international. Bref, préparer la présidentielle.
Prêt à affronter Sarkozy ?
Or, en dépit des apparences, rien n’est joué. Certes, les sondages lui donnent une large avance, et la plupart des barons de l’UMP lui ont apporté leur soutien. Mais la lutte est âpre, et le vote des militants peut réserver des surprises. D’ailleurs, François Fillon a créé une société de conseil, 2F Conseil, juste avant son élection au Parlement, en juin dernier, afin de pouvoir exercer une activité privée. Au cas où.
Et si Nicolas Sarkozy revenait ? Saurait-il l’affronter ? Sans doute. Mais l’ancien Premier ministre refuse d’évoquer une telle hypothèse. La politique des petits pas, toujours.

Ces hausses d'impôts qui ne visent pas que les riches

Redevance télé pour les résidences secondaires, forte hausse des contributions au titre de l'électricité, augmentation des prix du tabac, de la bière... les augmentations de prélèvements obligatoires sont loin de ne concerner que les ménages les plus aisés Bien sûr, les riches paieront beaucoup, sous le gouvernement Hollande. Entre le retour à un ISF doté d'un barème allant jusqu'à 1,5% du patrimoine, la création d'une tranche d'impôt à 45%, sans parler de la contribution exceptionnelle qui fait grimper les impôts directs à 75%, au-delà d'un million d'euros...
Mais ce sont pas les seuls mis à contribution. Quand Jean-Marc Ayrault déclare que 90% des Français seront épargnés par la hausse des impôts en 2013, il oublie à la fois le gel du barème -voté sous Sarkozy, et maintenu en l'état- qui fait grimper la facture fiscale de tous ceux dont les revenus ont seulement suivi l'inflation. Et surtout, il n'évoque pas la série de taxes et contributions qui seront relevées l'an prochain. Ou même créées. Dernière idée en date: la création d'une redevance audiovisuelle pour les résidences secondaires.
Redevance télé sur les résidences secondaires
Le groupe socialiste à l'Assemblée nationale a approuvé le principe du paiement de la redevance télé (contribution à l'audiovisuel public, selon la terminologie officielle) pour tous les propriétaires de résidence secondaire. Celle-ci serait toutefois réduite de moitié, à 64 euros. Par ailleurs, le tarif de la redevance télé passe, pour tous, de 127 euros à 129 euros.
40 euros de plus pour le service public d'électricité
Considérée par Bercy comme un prélèvement obligatoire, la contribution au service public de l'électricité rapporterait 1,3 milliard de plus en 2013, selon le ministère des Finances. Cela représente une hausse moyenne par abonné EDF dépassant les 40 euros.
Hausse des taxes sur la bière
Compte tenu d'un relèvement des taxes de l'ordre de 50%, le prix de la bière pourrait augmenter jusqu'à 50%.
Relèvement des prix du tabac
Il a eu lieu dès le premier octobre (+6 à 7%). Une nouvelle tarification sera mise en place en juillet, qui pourrait donner lieu à une hausse supplémentaire.

Nouvelle cotisation pour les retraités
Une contribution de 0,15% de leurs pensions est instituée, en faveur de la dépendance, que devront acquitter tous les retraités assujettis à la CSG, soit plus de deux tiers d'entre eux. Cette contribution passera à 0,3% en 2014.

Cotisations en hausse pour les auto-entrepreneurs...
Les auto-entrepreneurs verront leur cotisations sociales augmenter de 2 à 3,3 points selon le régime social dont ils dépendent. Pour ceux relevant de l'activité de prestations de services et artisanat, les cotisations passeront ainsi de 21,3% à 24,6% du chiffre d'affaires. Nombre d'auto-entrepreneurs gagnent à peine le smic.
... et les professions libérales
Pour tous les indépendants dont les revenus annuels, dépassent les 36.732 euros, la cotisation maladie sera relevée de 0,6 point. Au-delà de 181.600 euros, la hausse est encore plus forte : +6,5 euros, soit le taux standard de cotisation maladie qui ne s'appliquait pas, jusqu'à maintenant, au-delà de ce seuil.
Fin du forfait pour les emplois à domicile
Les employeurs qui déclaraient les cotisations sociales d'un salarié à domicile selon le régime du forfait ne seront plus autorisés à le faire. D'où une hausse des cotisations à payer. Un amendement parlementaire devrait prévoir une baisse de 9 point des cotisations employeurs, mais, en contrepartie, la réduction d'impôt pour emploi à domicile serait ramenée de 50% à 45%.

Nicolas Sarkozy à New York: «Je veux maintenant une nouvelle vie»

Nicolas Sarkozy est intervenu jeudi devant des banquiers à New York lors d’une conférence privée, leur parlant de la crise européenne mais aussi de son aspiration à «une nouvelle vie», cinq mois après avoir quitté l’Elysée.

«Je veux maintenant une nouvelle vie, mais pas seulement pour faire des conférences (...) ce que j’aime ce n’est pas la politique, c’est faire, faire dans la politique ou ailleurs», a déclaré l’ancien président français, selon de larges extraits de son intervention publiés par le site d’information new-yorkais «French Morning».
S’exprimant en anglais au début de son discours, qui était le premier, a-t-il souligné, depuis son départ de l’Elysée, Nicolas Sarkozy, 57 ans, s’est présenté comme «un jeune retraité. Jeune peut-être, retraité sûrement. Je n’ai pas travaillé depuis cinq mois, je n’ai jamais eu des vacances aussi longues de ma vie, et le pire c’est que je suis heureux de cette situation», a-t-il ajouté.
M. Sarkozy a également évoqué la crise en Europe, estimant que «les conditions de la sortie de la crise ne seront pas réunies avant deux ans».
«C’est complexe, mais l’Europe n’éclatera pas et l’euro ne disparaîtra pas», a également déclaré l’ancien président.
Replaçant l’Europe dans un contexte historique, il a estimé que «s’il n’y a pas l’Union européenne, il y aura la guerre. L’Allemagne et la France n’ont pas d’autre choix que de se rapprocher, si l’Allemagne et la France ne se rapprochent pas, elles s’affronteront», a-t-il insisté.
«Il était assez détendu, bronzé», a raconté à la sortie Jean-Michel Raynaud, l’un des banquiers invités. «Il a replacé la crise européenne dans un contexte historique que les financiers oublient parfois, et a aussi parlé des pays émergents», a déclaré un autre participant sous couvert d’anonymat.
«Il est très charismatique», a estimé aussi une participante.
M. Sarkozy, qui a choisi de s’éloigner de la vie publique depuis cinq mois, était l’orateur d’une conférence privée, fermée à la presse, organisée sur trois jours par la banque d’investissement brésilienne BTG Pactual, au Waldorf Astoria, luxueux hôtel de Manhattan. Il a parlé pendant environ 50 minutes devant quelque 400 banquiers à l’heure du déjeuner.
Ce genre d’intervention est en général très bien payé.
Barbe de trois jours et costume bleu marine, l’ancien président n’a accordé que quelques secondes à la presse, le temps d’une photo à l’entrée de l’hôtel. «Merci, merci beaucoup», ont été ses seuls mots aux journalistes.
Sa venue avait été entourée de la plus grande discrétion.
Jeudi matin, il est allé faire un jogging à Central Park, mais loin des caméras. Rien d’autre n’a filtré de son emploi du temps à New York, d’où il doit repartir samedi.
«Il est très honoré d’avoir été invité à cette conférence», a simplement commenté son entourage.
Dans le «circuit» des conférences internationales privées, certains anciens présidents ou chefs de gouvernement sont payés des dizaines de milliers de dollars par intervention, voire plus. L’un des mieux payés, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, gagnerait jusqu’à 250000 livres (environ 300000 euros) par prise de parole.

L’autre discours

L’autre discours


Les pressions étaient fortes pour que François Hollande ne se rende pas en République démocratique du Congo. Opposants au régime de Kabila, ONG et jusque dans sa propre majorité, on lui demandait de ne pas cautionner le régime de Kinshasa et une élection présidentielle entachée par les fraudes. Sa réponse est du Hollande pur. Il va à Kinshasa en expliquant qu'il s'agit du sommet de la Francophonie et non d'une visite officielle et il ajoute à cet argument une dose de diplomatie hôtelière. Non seulement il ne passera pas la nuit en République du Congo, mais il fera aujourd'hui une halte à Dakar, en démocratie, dans le seul pays africain francophone qui n'a jamais vécu un coup d'État et dans lequel l'alternance a toujours joué.
L'occasion est belle d'un contre discours de Dakar qui permette à François Hollande d'affirmer, lui, que l'homme africain est entré dans l'histoire bien avant nous. Il soulignera aussi l'importance de l'Afrique sur le marché de l'énergie et dans l'économie mondiale, ce qui avait manqué aussi au propos inaudible et sans objectif lisible de son prédécesseur dont la phrase malheureuse avait été perçue comme une double faute morale et éthique.
Aujourd'hui le monde entier est dans la salle d'attente de l'Afrique qui va exploser économiquement et démographiquement. La France n'a pas, ou mal, profité de sa connaissance du continent et de son hyperprésence politique, militaire et financière. Résultat elle est confrontée à une concurrence venue ici dire à la France qu'elle n'est plus le gendarme de l'Afrique. L'Afrique n'est pas un pays, c'est un continent, bien plus divers que nous ne le voyons en général. En 2050, ce n'est qu'un exemple, le Nigeria aura autant d'habitants que les États-Unis si l'on en croit les prévisionnistes.
François Hollande pourrait avoir son discours de Dakar, comme il y avait eu celui de Cancun pour Mitterrand, et repositionner la France sur ses valeurs humanistes et le partage de notre histoire commune entre les berges de la Méditerranée. Manière de donner une valeur concrète à son action en faveur de la paix au Mali.

La pierre et le fruit

La pierre et le fruit 


La taxe foncière sur les terrains bâtis s’envole. Une hausse de 21% en cinq ans, deux fois le rythme de l’inflation. Rien d’étonnant: le bâti, lui, ne s’envole pas. Les historiens de l’impôt savent qu’il est plus facile de taxer des pierres immobiles que des numéraires fugaces.
Qui est coupable? La taxe foncière, une des quatre «vieilles» de la Révolution française, est un impôt aujourd’hui partagé: les régions n’en profitent plus, mais les départements, les intercommunalités et les communes en touchent chacun sa part, en fixent chacun son taux. L’Etat relève l’assiette (la base de calcul), le fisc sort sa calculette et le contribuable paie la note.
Les collectivités alsaciennes, notons-le, sont plutôt moins gourmandes que d’autres. Les départements sont sobres: 11,41% dans le Haut-Rhin, 11,27% dans le Bas-Rhin, à comparer à la moyenne nationale de 18,23%. Les «blocs communaux» (commune + intercommunalité) le sont un peu moins: Mulhouse est 24 e et Strasbourg 38 e dans la liste des 50 plus grandes villes de France, classées en fonction de ces taux.
Pour autant, ces chiffres ne rassureront pas ceux qui, occupants ou bailleurs, voient «s’évanouir» l’équivalent d’un ou deux loyers en impôts. La crise pèse, l’activité ralentit, l’Etat resserre les boulons et les autres impôts locaux s’assèchent. Le foncier bâti devient donc une variable d’ajustement pour des collectivités qui jonglent pour boucler leurs budgets.
Est-ce injuste? Il n’est pas choquant qu’un bien, valorisé par les investissements de tous, soit taxé pour les financer. Tout est affaire de doigté: en matière fiscale, qui force sur un taux vendangera, avec les fruits mûrs de l’impôt, les raisins verts de l’impopularité.

Marque

Marque 


« Génération Sarkozy » est désormais une marque, déposée à l’Institut national de la propriété industrielle par de jeunes zélotes. Utilisation interdite sans rémunération. Et cela s’annonce très rentable, l’adhésion à la Génération Sarkozy devenant très tendance. A l’UMP, tous les prétendants se défient à « plus sarkozyste que moi, tu meurs ! ». A l’Elysée, notre nouveau Président paraît vouloir singer l’ancien avec ses pantalonnades conjugales. Jusqu’au ministre de l’Intérieur, le jeune Valls, qui joue les épigones sécuritaires… Et l’homme de la marque, que fait-il ? Il discourt à New York devant les invités d’une banque d’investissement, contre des honoraires qu’on devine conséquents. A propos, l’autre invité de la banque était le Péruvien Alan Garcia Pérez, qui fut deux fois président de son pays, à seize ans d’intervalle : la marque Génération Sarkozy tiendra-t-elle jusqu’en 2028 ?

Les paradoxes de la productivité

Les paradoxes de la productivité


Qu'est-il arrivé à l'emploi industriel de nos régions de l'Ouest, elles qui ont perdu plus de 30 000 emplois entre 1998 à 2010 ? Pour expliquer cette évolution, les raisons ne manquent pas : externalisation des fonctions industrielles au profit des services, délocalisations, perte de compétitivité face à une concurrence mondialisée, comme on le voit dans la faillite de Technicolor...
Mais ces raisons ne rendent compte que d'une partie de la situation. Car il est une autre raison, confirmée par maintes études concordantes. Elle explique à elle seule 40 à 50 % des pertes d'emplois durant la dernière décennie : c'est la croissance de la productivité, c'est-à-dire du nombre d'objets produits par heure travaillée.
Ce phénomène découle de la diffusion accrue des progrès technologiques : les usines sont pleines de robots, ordinateurs et autres machines automatisées qui exécutent bien des tâches humaines. Le résultat de cette diffusion, surtout quand la demande pour les biens des secteurs concernés n'augmente pas, c'est une diminution des emplois nécessaires. Qui n'a constaté la hausse impressionnante du nombre de voitures, de tonnes de pétrole ou de bateaux produits sur tel ou tel site, alors qu'en même temps, on assistait à un effondrement des effectifs employés ? Le paradoxe de l'emploi industriel est que sa réussite provoque progressivement sa disparition !
Tel fut, hier, le sort de l'agriculture dans l'Ouest. Elle représentait 50 % à 60 % des emplois après-guerre. De nos jours, elle n'en occupe directement qu'à peine 5 %. Pourtant, sa production n'a pas baissé. Tel est, aujourd'hui, le sort de l'industrie de nos régions de Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire : leurs effectifs ont baissé de 7 % en douze ans, alors même que le volume de leur production n'a cessé de croître...
Ce remplacement de l'homme par la machine s'accélère, surtout quand les charges augmentent et la pression de la concurrence se renforce. Ne pas réussir à y faire face, c'est transformer à terme la victoire d'une croissance à forte productivité en tragédie sociale.
Dans le passé, on a régulièrement réussi à compenser la baisse des emplois industriels par le transfert des personnels : soit vers les activités de services, soit vers certaines activités traditionnelles qui ont su se réorienter, soit vers des activités innovantes qui ont pu émerger... Mais, aujourd'hui, ce passage d'une activité à une autre s'opère de plus en plus difficilement : les services ne peuvent absorber, du moins rapidement, tous les emplois industriels... Et bon nombre d'activités d'avenir (énergies renouvelables, santé, économie numérique, recherche...) ne vont probablement pas exercer sur l'emploi les effets d'entraînement qu'on a pu espérer...
Certaines régions, certaines zones d'emploi, arrivent toutefois mieux que d'autres à préserver leurs emplois industriels. C'est que leurs activités se sont orientées vers des demandes vraiment porteuses ou qu'elles ont su réussi à l'exportation... On aura beau vouloir « fermer les frontières », « stopper les délocalisations », on n'évitera pas une réduction des emplois manufacturiers ! C'est le destin de l'emploi industriel de décliner sous la pression des gains de productivité qui réduisent largement les besoins en travail

Coca-Cola Hellenic quitte la Grèce

Coca-Cola Hellenic Bottling, principale filiale européenne du groupe américain, basée à Athènes et deuxième société d'embouteillage du monde, va déménager sa direction en Suisse et sera côtée à Londres, a annoncé le groupe aujourd'hui."Le comité exécutif du groupe sera basé en Suisse et la stratégie du groupe sera pilotée depuis la Suisse" a annoncé le Pdg du groupe, Dimitris Lois, lors d'une conférence téléphonique avec des analystes financiers."Nous sommes une société multinationale grecque ayant son siège en Suisse", a-t-il ajouté.


Pour réaliser l'opération, Coca Cola HBC, qui représente actuellement 22% de la capitalisation boursière de la bourse d'Athènes, lance une offre d'échange d'actions avec Coca-Cola AG récemment créée en Suisse, dans l'espoir de "faciliter" son entrée dans l'indice FTSE-100 de la bourse de Londres, a indiqué le groupe dans un communiqué diffusé à Athènes et à Londres.

Polémiques ou politique?

Polémiques ou politique?


Rien n’est plus facile dans ce pays que de mettre le feu au microcosme « socialo-droit de l’hommiste ». Il suffit d’un mot, d’une petite phrase, de n’importe quoi, dans la France d’aujourd’hui, pour déclencher des phénomènes d’hystérie collective. Narguer une meute de roquets en jetant un caillou dans le chenil, c’est amusant mais où cela mène-t-il ? A mon retour de voyage, j’apprends que la dernière crise de nerf procède d’une petite phrase de M. Copé sur une histoire de pains au chocolat pendant le ramadan. Qu’est-ce que cela apporte ? Un homme d’Etat n’a pas vocation à provoquer, à déchirer, mais à construire quelque chose. Il vaudrait mieux que le candidat à la présidence de l’UMP nous dise si oui ou non il reprendrait à son compte les solutions proposées par Nicolas Sarkozy en mai 2012 pour traiter les problèmes de l’immigration et de l’intégration des étrangers : référendum pour permettre la reconduite ou l’expulsion dans leur pays des immigrés clandestins, délinquants ou fanatiques ; réduction du flux migratoire régulier de moitié par l’instauration de quotas, si nécessaire en réformant la Constitution ; rétablissement des contrôles aux frontières nationales en cas d’un afflux migratoire illégal (révision de l’accord de Schengen sinon sortie de la France de l’espace Schengen) ; naturalisations soumises à une parfaite assimilation. (Entre parenthèses, ce sont des solutions que je préconise dans mes livres depuis plus dix ans !) C’est infiniment plus difficile et plus dangereux de s’engager en annonçant ce qu’on propose de concret et de réaliste que d’allumer des polémiques.  Pourtant l’enjeu est vital : celui de la cohésion nationale à long terme, sinon de la paix civile.

Nicolas Sarkozy peut-il changer?


Traité budgétaire et règle d’or

Traité budgétaire et règle d’or


Raison et boniments


C’est donc par une majorité écrasante que l’Assemblée nationale a adopté aussi bien le traité budgétaire européen ou Pacte de stabilité – c’était mardi – que, mercredi, la loi organique qui confie aux lois de programmation pluriannuelle le soin de mettre en œuvre la « règle d’or » que le traité impose : limiter le plus vite possible le déficit public « structurel » à 0,5 % du PIB. Par la même occasion on met en place une nouvelle structure – pas gratuite, forcément –, un Haut conseil des finances publiques.
Le traité a été adopté par 477 voix pour, 70 contre et 21 abstentions, 9 députés n’ayant pas pris part au vote, ce qui veut dire que l’écrasante majorité des élus PS et UMP ont été d’accord pour signer ce texte lourd de conséquences pour le pouvoir de décision de la France et sa souveraineté budgétaire et économique. Cela ne fait pas disparaître les différences d’approche ni la capacité de nuisance, mais montre une convergence de fond.
La règle d’or a rencontré encore moins de résistance : 490 voix pour, 34 contre et 18 abstentions.
François Hollande a salué l’approbation massive d’un traité qui « permet à la fois d’avoir de la stabilité, de la discipline, du sérieux mais aussi de la croissance », ajoutant que « cette majorité ample donnera à la France une capacité supplémentaire de faire entendre sa voix, c’est-à-dire nous permettra d’avancer sur la réorientation de l’Europe qu’(il a) engagée » depuis son élection. Rendons-lui au moins la justice de ne pas croire qu’il croit ce qu’il dit…
Dès mercredi, le traité était présenté au Sénat et devait être adopté ce jeudi avec l’apport des voix de droite. François Rebsamen, chef de file des sénateurs socialistes, a soutenu que « nous sommes dans une autre démarche, une approche nouvelle de l’avenir européen », car, dit-il, le traité « ne comporte aucune contrainte sur le niveau de la dépense publique, autre que celui que la France s’est fixée à elle-même pour redresser notre pays ». Traduisez : l’Europe n’empêchera pas les Etats de dépenser toujours plus, ne mettra pas fin à l’intolérable poids des prélèvements obligatoires qui, sous Hollande, est en train de s’envoler alors qu’il était déjà arrivé à des niveaux « insoutenables », pour reprendre un mot à la mode. Les divers prélèvements obligatoires représentent chaque année près de la moitié de la richesse créée…
A ce niveau-là – en admettant pour un instant l’hypothèse que le contrôle européen là-dessus soit acceptable – rien ne sera donc changé.
L’incantation, elle, aura été le maître mot des débats. On nous annonçait la catastrophe, le cataclysme, l’apocalypse en cas de rejet du traité – même Laurent Fabius qui avait été le chef de file des « nonistes » PS lors du référendum sur la constitution européenne à un moment où d’autres se chargeaient de dire que le « non » à l’Europe serait catastrophique, cataclysmique, apocalyptique.
Le traité lui-même rappelle furieusement les promesses qui avaient accompagné la mise en place de l’euro.
« Par le présent traité, les parties contractantes conviennent, en tant qu’Etat membres de l’Union européenne, de renforcer le pilier économique de l’Union économique et monétaire en adoptant un ensemble de règles destinées à favoriser la discipline budgétaire au moyen d’un pacte budgétaire, à renforcer la coordination de leurs politiques économiques et à améliorer la gouvernance de la zone euro, en soutenant ainsi la réalisation des objectifs de l’Union européenne en matière de croissance durable, d’emploi, de compétitivité et de cohésion sociale » 
, stipule son premier article.
Le lamentable flop de l’euro qui a fait en une décennie de l’euro-zone la région du monde avec la croissance la plus étique va pouvoir se reproduire.
Croyez bien, d’ailleurs, que l’objectif du traité n’est pas de relancer l’économie de l’Europe et de remettre celle-ci sur la voie de la croissance, mais de « renforcer la coordination » des politiques économiques et d’« améliorer la gouvernance de la zone euro », ce qui à la lecture du traité se traduit par une tutelle très alourdie et des pouvoirs de sanction effectifs sur les Etats membres, ainsi qu’un contrôle a priori et a posteriori de leurs décisions et plans économiques, notamment lorsqu’ils s’écartent des normes de déficit mises en place. Il est beaucoup question de « coordination », mais ce sont les institutions de l’Union européenne qui sont chargées de la mener (article 11).
Et, cerise sur le gâteau, l’UE elle-même n’est pas liée par les dispositions du traité : « Le présent traité s’applique dans la mesure où il est compatible avec les traités sur lesquels l’Union européenne est fondée et avec le droit de l’Union européenne. Il ne porte pas atteinte aux compétences conférées à l’Union pour agir dans le domaine de l’union économique. »
Il faut distinguer deux choses dans cette affaire. Le principe d’une saine gestion des budgets nationaux, évitant les endettements excessifs, est une chose : qui peut le contester… sinon les gouvernements successifs qui ont gonflé les dépenses de l’Etat, tout en maintenant une gabegie que le traité n’empêchera pas, et une politique de contraction de population qui est à la racine de la crise. Les moyens pour contrôler, sinon empêcher le recours au déficit en sont une autre : et là l’alignement comme à la parade des économies très disparates de l’Union, doublé d’une confiscation planifiée des indépendances et souverainetés nationales, sont pour le coup hautement contestables, et pas seulement parce qu’ils se sont déjà révélés inopérants.
Devant une Assemblée plus que clairsemée, lundi soir, Marion Le Pen avait souligné ces faits, sous le regard volontairement goguenard des rares députés présents.
Après le vote, Véronique Besse a commenté :
 « L’Assemblée nationale vient de se saborder ; elle vient de perdre un de ses derniers pouvoirs. La France est désormais sous la tutelle financière des technocrates de Bruxelles. Les Français, par la voix de leurs représentants, ne pourront plus décider librement de leur destin. Par ailleurs, le gouvernement s’est trompé de priorité : la priorité, c’était l’équilibre des finances publiques par la lutte contre la fraude, la lutte contre le gaspillage et une cure d’amaigrissement du fonctionnement de l’Etat (…). Nous sommes définitivement liés à la faillite grecque au sein d’une Europe passoire qui ne nous protège pas. »
Devant des besoins en matière de pensions et de dépenses de soins qui ne vont cesser d’augmenter avec le vieillissement des populations et la contraction de la population active au sein de l’Union européenne et spécialement dans la zone euro, l’effondrement se dresse devant nous, et cette UE qui a systématiquement favorisé la réalité et la mentalité du refus de la vie n’a de toute façon aucun crédit – sonnant, trébuchant ou moral – pour nous en sortir.