TOUT EST DIT

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mardi 15 juin 2010

Réforme des retraites : le coup d’épée dans l’eau de Force ouvrière

Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière, a manqué son pari. En faisant cavalier seul pour une journée de grève interprofessionnelle, mardi 15 juin, contre la réforme des retraites, FO a fait la démonstration qu'elle était dans l'incapacité, alors que son nombre d'adhérents est estimé à 300 000, de mobiliser en solitaire. Sa "grève franche" est passée quasiment inaperçue.
A l'exception de Marseille, où les employés municipaux de la ville constituent le premier syndicat de FO, qui a connu des perturbations dans les tunnels routiers, aggravées par de mauvaises conditions climatiques, et les cantines scolaires, les perturbations ont été extrémement limitées ou inexistantes. Les transports n'ont pas été affectés, sauf à Toulon, FO admettant un "suivi proche de zéro" à la RATP. Même chez Airbus, à Toulouse, où FO est le premier syndicat, il n'y a pas eu d'impact.

FO se console en estimant que sa manifestation parisienne – 23 000 manifestants selon la police, plus de 70 000 selon les syndicats – a été, selon la formule de M. Mailly "un succès". "Nous avons mobilisé au-delà de nos rangs", n'a pas hésité à assurer le leader de FO. Mais le "succès" est là aussi plus que relatif.

Le défilé a été visible, quatre heures durant, mais pas massif. Et il s'agissait d'une manifestation nationale, pour laquelle la centrale avait affrêté des cars et des trains spéciaux, en profitant au passage qu'à la SNCF, où le syndicat n'est plus représentatif, le trafic était normal.

Décidé vaille que vaille à empêcher ce qu'il appelle "un projet injuste et inacceptable, dangereux et inefficace socialement " - "les retraites, a-t-il dit, c'est la mère des revendications, car le gouvernement en a fait la mère des contre-réformes" - , M. Mailly s'est enhardi, dans son discours place de la Nation, à trouver des actions obamiens : "Oui, une grève est nécessaire, ‘'grève we can'', mes chers camarades". Mais au final l'action de FO est un coup d'épée dans l'eau, guère susceptible d'impressionner le gouvernement…

FIN DE NON RECEVOIR DES AUTRES SYNDICATS

C'est le 7 avril que M. Mailly a relancé son idée, dans un courrier adressé aux sept autres organisations de l'Intersyndicale, dont elle boudait déjà les réunions, d'un "appel commun à 24 heures de grève interprofessionnelle, au moment opportun". "Une telle situation, expliquait-il, placerait le gouvernement dans une situation délicate : ne pas répondre aux attentes alors que le pays aurait été ‘'bloqué'' pendant 24 heures serait, pour lui, un risque important ".

Cette proposition avait été accueillie par une fin de non recevoir des autres syndicats, la CGT maniant l'ironie et Solidaires, pourtant favorable à un "mouvement de grève interprofessionnel reconductible", lui reprochant de "boycotter les intersyndicales". Qu'importe, FO qui a boudé les journées de mobilisation intersyndicale du 23 mars, du 1er mai et du 27 mai, décidait, suite à une décision votée à l'unanimité par son comité confédéral national, de se lancer seule dans une grève interprofessionnelle le 15 juin.

Ce coup d'épée dans l'eau peut toutefois permettre à M. Mailly de se libérer de la pression de ses militants trotskystes qui le poussaient depuis un an à se lancer dans une "grève franche". Démonstration est faite qu'une telle action, si tant est que les conditions de mobilisation soient réunies, ne peut être menée que dans un cadre unitaire.

FO va-t-elle rejoindre maintenant les six syndicats – CGT, CFDT, CFTC, FSU, Solidaires, Unsa – qui organisent une journée de grèves et de manifestations, à laquelle elle a refusé de s'associer, le 24 juin ? Une telle hypothèse n'est pas exclue. Elle permettrait à FO de rejoindre le giron syndical et de préparer la vraie bataille contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy qui, pour la plupart des syndicats, se jouera à l'automne. Toutes les organisations demanderont alors le retrait du projet.

Michel Noblecourt


RÉTROGRADE, SEUL MOT POUR QUALIFIER LA MENTALITÉ DE CE SYNDICALISME PRIMAIRE, SANS PERSPECTIVE ARC-BOUTÉ SUR DES CERTITUDES D'UN AUTRE ÂGE. AVEC DES MENTALITÉS COMME CELLES-LÂ, LA FRANCE EST VRAIMENT DANS LA MERDE.

Dominique de Villepin dénonce les "entraves" à la création de son parti

L'ancien premier ministre, farouche opposant à Nicolas Sarkozy, doit lancer samedi 19 juin à Paris un mouvement qu'il présente comme une "alternative" dans le paysage politique français. "A l'heure où se multiplient les entraves, les pressions et les manœuvres pour empêcher la naissance de notre mouvement, notre rendez-vous du 19 juin prend une importance politique encore plus grande", écrit-il dans une lettre manuscrite. "L'enjeu est essentiel puisqu'il s'agit d'une alternative", ajoute-t-il.
Des élus villepinistes ont été reçus ces derniers temps à l'Elysée, ce que certains considèrent comme une manœuvre. D'autres pensent que le déjeuner, mardi 15 juin, entre Nicolas Sarkozy et l'ancien président Jacques Chirac, proche de Dominique de Villepin, n'était pas dû au hasard. "C'est de bonne guerre mais on sent quand même des petites manœuvres, et on sent aussi que ce n'est pas fini, sans être parano", dit-on dans l'entourage de Dominique de Villepin.

"IRRÉCUPÉRABLE"

Pour Jean-Pierre Grand, "les députés proches de Dominique de Villepin qui sont convoqués un à un à l'Elysée, c'est quand même énorme. Et c'est difficile de ne pas y aller car un député villepiniste est un républicain, bien sûr". Lui-même n'a pas été convoqué, car il se dit "irrécupérable". Parmi les députés récemment reçus à l'Elysée figurent François Goulard et Hervé Mariton, qui n'adhérera pas au mouvement de Dominique de Villepin.

"C'est un choix un peu délicat mais c'est un choix de liberté", a dit Hervé Mariton. "J'ai considéré qu'il y avait des différences qui ne me permettaient pas d'arriver dans un parti au moment de sa création, dans des conditions où évidemment je devais être appelé à prendre des responsabilités importantes", a-t-il ajouté. Pour Jean-Pierre Grand, le déjeuner entre Chirac et Sarkozy peut être interprété de diverses façons. "Que le président Chirac déjeune avec Nicolas Sarkozy, ça me paraît normal. Mais en le médiatisant comme ça, ils veulent montrer que Chirac est proche de Sarkozy, et tout le monde sait que ce n'est pas vrai, donc il n'y a pas de problème", a-t-il dit.


Pour en savoir plus :

- la lettre de Dominique de Villepin adressée aux membres de son club.

UN AMI M'A PASSÉ CE MAIL : LE VOICI.

Objet :Leçon d'économie.

Ça se passe dans un village qui vit du tourisme, sauf qu'à cause de la crise il n'y a plus de touristes.
Tout le monde emprunte à tout le monde pour survivre. Plusieurs mois passent, misérables.
Arrive enfin un touriste qui prend une chambre. Il la paie avec un billet de 100€.
Le touriste n'est pas plutôt monté dans sa chambre que l'hôtelier court porter le billet chez le boucher, auquel il doit justement cent euros.
Le boucher va aussitôt porter le même billet au paysan qui l'approvisionne en viande.
Le paysan, à son tour, se dépêche d'aller payer sa dette à la prostituée à laquelle il doit quelques passes.
La prostituée boucle la boucle en se rendant à l'hôtel pour rembourser l'hôtelier qu'elle ne payait plus quand elle prenait une chambre à l'heure.
Comme elle dépose le billet de 100€ sur le comptoir, le touriste, qui venait dire à l'hôtelier qu'il n'aimait pas sa chambre et n'en voulait plus,
ramasse son billet et disparaît.

Rien n'a été dépensé, ni gagné, ni perdu.

N'empêche que plus personne dans le village n'a de dettes.

N'est-ce pas ainsi qu'on est en train de résoudre la crise mondiale ?

Bonne méditation !

Angela Merkel refuse le gouvernement économique limité à la zone euro voulu par Nicolas Sarkozy

Il en est toujours ainsi en Europe, tout finit en compromis. "On a fait chacun un pas vers l'autre", a déclaré lundi 14 juin Nicolas Sarkozy, à l'issue de sa rencontre avec la chancelière allemande à Berlin. Mais le pas français était peut-être plus grand que le pas allemand, à trois jours d'un Conseil européen sur la gouvernance économique.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a accepté l'importance du gouvernement économique en Europe. "Nous avons besoin d'un gouvernement économique fort. C'est seulement ainsi que l'Europe repartira de l'avant", a-t-elle assuré ; mais ce gouvernement se fera à vingt-sept, et non pas au niveau des seize pays de la zone euro dotés d'un secrétariat économique, comme le souhaitait initialement le président français. M. Sarkozy, qui envisageait de présider lui-même ce forum, a fait bonne figure, en expliquant que le débat institutionnel avait été clos lors de l'adoption du traité de Lisbonne, sous présidence allemande en 2007. "On doit être opérationnel et sortir du débat institutionnel", a déclaré M. Sarkozy, en précisant que des réunions auront lieu, si nécessaire, au niveau de la zone euro, comme cela a été le cas trois fois depuis le début de la crise grecque. La priorité selon M. Sarkozy est au "pragmatisme".

MAINTENIR LE MARCHÉ UNIQUE UNI POUR CONTRER LA FRANCE

La chancelière ne veut pas diviser le marché unique, séparer les pays européens en pays de première et de deuxième classe. En réalité, Mme Merkel s'est vu reprocher en Allemagne de subir une tentative hégémonique française. La crise grecque a permis à un trio de Français, M. Sarkozy, le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, et le directeur général du FMI d'imposer que l'on viole l'esprit du traité de Maastricht, en renflouant les Etats du sud de l'Europe avec l'aide de la BCE. Toutes les garanties données aux Allemands depuis vingt ans pour qu'ils abandonnent le deutschemark ont été de facto bafouées en un trimestre. Ajoutons-y un Eurogroupe composé essentiellement du pays du sud de l'Europe, et la France dominerait le jeu européen.

Au contraire, Mme Merkel veut d'une Europe élargie aux pays de l'Est, dont la Pologne, sa zone d'influence directe, et aux pays d'Europe du Nord, hors de l'euro mais tellement plus sérieux comme le Danemark et la Suède. Elle veut un gouvernement assis sur le marché unique, très important alors que les Français s'affranchiraient volontiers des règles de concurrence.

Côté français, on fait le reproche inverse, celui d'une Allemagne égoïste, qui ne vivrait que pour la croissance de ses exportations, au risque de faire plonger l'Europe dans la récession. A Berlin, Mme Merkel a réfuté ces attaques. D'abord, son plan d'économies, qui atteindra 80 milliards d'euros d'ici à 2014 et 11 milliards d'euros en 2011 ne menace pas la croissance : "L'Allemagne a un produit intérieur brut de 2 000 milliards d'euros. Si nous économisons 10 milliards, il ne faut pas croire que l'on change ou ralentit la croissance." Au contraire, avec des finances saines, on rend confiance aux Allemands, qui puiseront plus volontiers dans leur épargne. Mme Merkel a expliqué que son pays devait absolument avoir une politique budgétaire rigoureuse pour faire face à son vieillissement démographique. Elle n'a pas fait de commentaires sur la politique économique française, mais M. Sarkozy a indiqué qu'elle était au courant de la réforme des retraites et du budget français pour 2011.

L'ALLEMAGNE REFUSE D'ÊTRE TAXÉE D'ÉGOÏSME

Au second reproche adressé à l'Allemagne, celui de l'égoïsme, Mme Merkel a rétorqué qu'il existait de la "solidarité à travers l'Europe". "Sinon, il n'y aurait pas d'aides régionales, de concept de contributeur net, etc." Mais pour elle, cela ne signifie pas que l'on doive faire des "chèques en blanc". D'ailleurs l'Allemagne a finalement accepté le plan de sauvetage si les difficultés menacent. L'Espagne y aura droit si besoin, mais, se méfiant des "prophéties auto-réalisatrices", Angela Merkel a estimé qu'il ne servait à rien d'en parler si cela n'est pas encore une nécessité.

Interrogés à deux reprises sur la possibilité de restructurer la dette d'un pays de la zone euro, Mme Merkel qui y était favorable n'a pas répondu, pas plus que M. Sarkozy. "Cela ne se fera pas, Angela Merkel le sait. Le président y est fermement opposé. Et en parler, c'est accréditer l'idée que ce serait possible", décryptait une source française. Les deux pays ont aussi accepté de priver de droits de vote les pays qui violeraient durablement les règles de l'euro.

Mme Merkel et M. Sarkozy ont pu sans difficulté afficher leur entente sur les sujets qui concernent le G20. "Nous ne sommes pas encore satisfaits", a affirmé Mme Merkel. Avec M. Sarkozy, elle va envoyer une lettre au premier ministre canadien, Stephen Harper, qui présidera la réunion à Toronto fin juin. Les deux pays ont annoncé qu'ils mettraient en œuvre la création d'une taxe sur les transactions financières, ainsi qu'une taxation des banques, pour éviter selon Mme Merkel "que les contribuables aient de nouveau à les renflouer".
Arnaud Leparmentier

Les dirigeants européens critiquent l'agence de notation Moody's

es dirigeants européens ont vertement critiqué la décision de l'agence de notation Moody's d'abaisser la note de la dette souveraine de la Grèce, mardi 15 juin. "Cette décision de Moody's arrive à un moment assez étonnant et malheureux suite à l'accord conclu sur un programme d'ajustement macro-économique entre la Grèce, la Commission, la Banque centrale européenne et le FMI", a déclaré le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, à Strasbourg. Moody's a toutefois persisté dans sa voie, en annonçant mardi avoir dégradé la note des principales banques grecques.
"Les mesures adoptées par le gouvernement grec traduisent bien son engagement à réformer son système statistique, stabiliser ses finances publiques et restaurer une croissance économique durable et à long terme", a poursuivi Olli Rehn lors d'un débat devant le Parlement européen. Selon lui, "la décision de Moody's ne correspond pas du tout au rendement des obligations grecques et aux différentes conséquences négatives qui se sont considérablement réduites depuis l'adoption de ce programme".

Peu après, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a également parlé d'un geste "irrationnel", estimant que les marchés financiers s'apercevraient "dans quelques mois qu'ils ont eu tort". "Je ne comprends pas pourquoi cette nouvelle dégradation est intervenue", a déclaré M. Juncker à quelques journalistes après un séminaire sur l'Europe à Oslo. "Ces abaissements de note ne sont pas, dans chaque cas, compréhensibles et rationnels", a-t-il affirmé lors de son intervention.

DÉBAT SUR LES AGENCES DE NOTATION

M. Juncker a aussi souligné la difficulté de trouver "le juste équilibre" entre la lutte contre l'envolée de la dette publique et la nécessité de soutenir la reprise de la croissance. "Nos fondamentaux sont en fait bien meilleurs que ceux des Etats-Unis et du Japon", a-t-il dit, en soulignant que le taux d'endettement et les déficits publics en Europe était moins élevé que dans ces deux pays. "Mais nous sommes la cible des marchés financiers parce que nous avons été incapables de (...) réduire les déséquilibres" entre pays européens, au sein desquels l'état des finances nationales est très variable, a-t-il estimé.

En abaissant la note de la Grèce de quatre crans (de"A3" à "Ba1"), Moody's a relégué le pays dans la catégorie spéculative pour un risque de non-remboursement de sa dette publique. L'agence de notation s'était notamment justifiée en arguant des risques liés au mécanisme de soutien apporté à Athènes par la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI). Athènes avait jugé cette sanction sans fondement. La Grèce a déjà subi des baisses de notation par les deux autres agences. Elle est notée BB+ par Standard and Poor's, qui la range également dans la catégorie des investissements spéculatifs, et BBB- par Fitch.

Olli Rehn, qui a précisé qu'il s'était entretenu de ce sujet avec le président de la Commission, José Manuel Barroso, et avec le commissaire au marché intérieur, Michel Barnier, a estimé que la décision de Moody's "relance le débat sur la question des agences de notation. (...) La commission va se pencher sur la question du niveau de concurrence dans ce secteur où il y a une très forte concentration. Nous allons également réfléchir à la transparence en matière de méthodes et à la question de conflits d'intérêt", a-t-il assuré.

Retraites : l'épargne pourrait être taxée

La taxation des revenus du capital évoquée par Nicolas Sarkozy pourrait concerner tous les épargnants, croit savoir la Tribune dans son édition de mardi.

Alors que les derniers arbitrages concernant la réforme des retraites seront pris ce soir, entre Nicolas Sarkozy, François Fillon et Eric Woerth, la presse se fait l'écho ce mardi des dernières pistes envisagées pour taxer les hauts revenus. La Tribune révèle notamment qu'une taxation de l'épargne pourrait contribuer au financement de la réforme. Nicolas Sarkozy avait évoqué à la mi-mai une taxation des hauts revenus et des revenus du capital, confirmée ce lundi par François Fillon. Le quotidien économique précise que ce sont finalement tous les épargnants qui pourraient se voir appliquer une taxe supplémentaire.

«Tout le monde sait que les plus aisés sont les premiers bénéficiaires des revenus du capital. En taxant les revenus de l'épargne, on ne vise donc pas les plus modestes, mais les ménages des tranches supérieures», justifie dans la Tribune un expert gouvernemental. Quant au dispositif mis en place, il pourrait prendre la forme, soit «d'une nouvelle contribution retraite dont la base de calcul serait proche de celle de la CSG», soit une batterie de mesures visant certains revenus issus du patrimoine, tels que les stocks options ou le prélèvement forfaitaire libératoire. La première option concernerait un nombre bien plus important de contribuables, même si les recettes attendues ne devraient représenter que quelques centaines de millions d'euros.

Les Echos et le Figaro, en revanche, relayaient plutôt, hier et ce matin, l'idée d'un relèvement du taux de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu, actuellement fixé à 40%. Une mesure qui toucherait cette fois quelques 342.000 foyers fiscaux. Voire, selon les Echos, la création d'une nouvelle tranche d'imposition. Cette option pourrait, mécaniquement, faire croître significativement le nombre de bénéficiaires du bouclier fiscal.

Sondage : Fillon favori de la droite à Paris

François Fillon ferait un bon maire de Paris. Selon un sondage Ifop pour La Lettre de l'opinion, 57% des habitants qui connaissent le chef du gouvernement -soit 98% des 800 parisiens interrogés la semaine dernière- en sont assurés. Ce sondage vient confirmer l'analyse de la plupart des maires UMP de la capitale. Il y a dix jours, six d'entre eux se sont en effet dit convaincus que le premier ministre était le plus à même d'incarner la reconquête de la droite. Le sondage indique en outre que près de 65% des sondés ont une bonne opinion de lui, en deuxième position derrière l'actuel maire PS de Paris, Bertrand Delanoë, qui recueille 71% de bonnes opinions. La «dauphine» socialiste Anne Hidalgo arrive derrière François Fillon avec 62%.

En revanche, et surprise du sondage, Rachida Dati, ex-garde des Sceaux et maire du VIIe arrondissement, ne recueille que près de 33% d'opinions favorables. Et seuls 18% des sondés qui la connaissent (98%) pensent qu'elle pourrait faire «un bon maire de Paris ». Quatre personnalités de droite ont été testées auprès des Parisiens et devant Rachida Dati, Claude Goasguen, le député maire du XVIe est jugé comme possible bon maire par 29% des sondés qui le connaissent (62%), derrière le député du XVe et président du groupe UMP au Conseil de Paris, Jean-François Lamour (31% avec 72% de notoriété).

«Nous étions très curieux de le vérifier mais on entend bien, dans la capitale, un véritable écho de la popularité nationale de François Fillon», indique Jérôme Fourquet, directeur adjoint du département opinion de l'Ifop. «Nous avons aussi constaté que les sympathisants de droite parisiens attendent un poids lourd national plutôt qu'un élu de la droite locale», ajoute-t-il. Ces sympathisants sont 88% à juger que Fillon ferait un bon maire contre 43% pour Lamour, 42% pour Goasguen et 33% pour Dati. Fillon apparaît aussi comme le seul capable de séduire au-delà du camp de la droite : 37% des sympathisants de gauche pensent qu'il peut faire un bon maire contre 20% pour Lamour et 7% pour Dati.

Sur le mauvais score de cette dernière, Jérôme Fourquet estime que «son implantation à Paris n'est pas réussie». «Déjà, en 2008 et malgré sa notoriété, son parachutage dans le VIIe arrondissement, pourtant l'un des plus beaux fiefs de la droite à Paris, s'était traduit par un score inférieur à celui de ses prédécesseurs.» Il juge que «son image s'est abîmée» et que «le travail qu'elle effectue au parlement européen ne paye pas à Paris où elle n'est pas identifiée».

Une faille entre l'Est et l'Ouest

Le travail que Chantal Jouanno a réalisé dans la capitale lors des régionales semble en revanche avoir porté ses fruits. La secrétaire d'État à l'Écologie, qui fut tête de liste UMP à Paris, obtient 60% de bonnes opinions derrière le député Bernard Debré (62%) mais devant Jean-François Lamour (59%). Elle serait d'ailleurs disposée à se présenter à la présidence de la fédération UMP de Paris, à l'automne. «Son approche écologique et concrète des grands dossiers parisiens a marqué au-delà du cercle de droite et au-delà, surtout, des arrondissements de l'Ouest dans lequel la droite reste forte alors qu'à l'Est, elle devient inaudible », juge encore Fourquet.

Cette faille entre l'Est et l'Ouest inquiète la droite même si Fillon obtient tout de même, comme plus bas score, 53% de bonnes opinions, dans les XVIIIe, XIXe, et XXe, contre 29% pour Dati et 65% pour Hidalgo. Dans les arrondissements allant du Ier au VIIIe, la popularité de Fillon (73%) étouffe encore plus celle de Dati (36%). Un score qui réjouit ceux qui imaginent une implantation de Fillon à Paris aux législatives de 2012, dans la 2e circonscription (Ve, VIe et VIIe ). Celle-là justement où Dati entend bien se présenter.

Nicolas Sarkozy déjeune avec Jacques Chirac

Nicolas Sarkozy doit retrouver Jacques Chirac, mardi 15 juin, pour partager un déjeuner dans un des restaurants asiatiques préférés de l'ancien chef de l'Etat. Il y a quelques semaines encore, Nicolas Sarkozy avait distribué des piques à l'encontre de son prédécesseur.
On a souvent traité l'agriculture de façon folklorique, avait-il ironisé devant des agriculteurs, lors d'une visite dans le Lot-et-Garonne le 21 mai. Et devant des militants UMP de l'Oise, réunis à huis clos le 25 mai , il avait lancé : "Il n'y a pas de fatalité à la trahison de nos engagements électoraux."

Cependant, le président de la République a besoin de rassembler son camp, la réforme des retraites intervient dans un climat difficile, l'Europe est en crise et le couple franco-allemand à peine rabiboché. Les deux hommes devraient parler du conseil européen du 17 juin, de la préparation du G20 et du 70e anniversaire de l'Appel du 18 juin.

Leur tête-à-tête intervient alors que Dominique de Villepin tient, samedi 19 juin, le congrès fondateur de son nouveau mouvement.


Frères inséparables

Le résultat des élections en Belgique n’est pas réjouissant mais il a au moins une vertu de démystification. Non, les querelles communautaires entre les Flamands et les Wallons ne sont pas seulement le fait d’une classe politique coupée de la réalité tandis que la population resterait profondément attachée à l’unité du royaume. Ce sont bien les électeurs belges qui ont placé en tête des formations ayant des visions assez radicalement opposées de l’avenir du pays : la Nouvelle Alliance flamande (N-VA) et, côté wallon, le Parti socialiste. Ainsi au moins les positions sont-elles claires et c’est peut-être, paradoxalement, une chance.

Partant de positions très différentes, Bart De Wever et Elio di Rupo, chefs respectifs du N-VA et du PS, vont pouvoir négocier cartes sur table. D’autant plus que les deux hommes ne sont pas liés par le passif de coalitions passées. Le leader flamand atteint pour la première fois le premier rang sur la scène politique belge, tandis que le socialiste wallon s’est concentré, ces dernières années, sur des fonctions régionales. Que peut-il sortir de leurs discussions ? Sans doute un degré supplémentaire de séparation entre les deux communautés avec une frontière linguistique encore plus marquée. Demain, ou après-demain, la Belgique deviendra une confédération de deux quasi-États.

Pour autant, risquons le pronostic, il n’y aura pas à proprement parler un éclatement de la Belgique, au moins à court ou moyen terme. Pour une première raison majeure : Bruxelles. Cette grande et attachante cité, symbole d’Europe de bien des manières, est historiquement flamande mais, très majoritairement, francophone. Elle est en somme inséparable. D’une manière ou d’une autre, les deux communautés devront veiller ensemble sur leur capitale commune. L’autre raison qui ne laisse pas présager une issue séparatiste, ce sont ces décennies d’interminables discussions qui sont devenues comme une sorte de mode de vie entre les deux parties du pays. Un peu comme ces repas de famille où l’on reprend pour la énième fois la même dispute sur les impôts ou le football. Chacun regretterait d’y mettre fin !


Guillaume Goubert

PME : les grains de sable de la reprise


Plusieurs milliers de chefs d’entreprise (plus de 10.000 patrons peut-être) vont se retrouver aujourd’hui à Paris pour Planète PME, l’événement de la CGPME. Nicolas Sarkozy va s’adresser à eux – une première pour un président – , et devrait leur dire tout le bien qu’il pense d’eux – eux qui ont été les victimes de la crise et dont l’image est bien meilleure que celle... des banques. Il va leur annoncer quelques mesures (par exemple pour maintenir les médiateurs du crédit).
Mais dans les couloirs, il y a fort à parier que ces chefs d’entreprise ne parleront pas de la politique économique, du couple franco-allemand et même des retraites. Ils parleront de leurs carnets de commandes et de la conjoncture encore incertaine. Et certains se plaindront d’un phénomène qui monte et dont pour le coup on parle peu : leurs problèmes d’approvisionnement. Parce que la reprise créé un peu partout des goulots d’étranglement (en France et ailleurs).

Il y a un peu partout des pénuries de matières premières, de pièces, qui empêchent les productions et ralentissent la reprise. Je vous donne quelques exemples. Faute de composants électroniques, le fabriquant allemand d’autoradios qui équipe les Audi et les Porsche ne peut les livrer. Résultat : les modèles de ces marques sont disponibles avec retard. Autre exemple, faute de dioxyde de titane, un produit chimique qui donne de la blancheur au papier, la fabrication de papier a des ratés. Faute de produits de base, les sous-traitants de l’automobile qui utilisent du plastique (pare-chocs), livrent Renault avec retard. Et c’est la même chose dans l’imprimerie ou dans l’électronique, où les « puces » manquent cruellement. Les fabricants de téléphones s’arrachent les cheveux alors que les ventes explosent.

La cause de ces pénuries est à la fois simple et inextricable. Confrontées à la crise, les industriels ont massivement réduit leurs stocks et leurs capacités de production, en fermant des usines. Ils l’ont fait tellement que maintenant que çà redémarre, ils n’arrivent pas à desserrer assez vite les boulons, surtout s’ils craignent que la reprise ne soit un trompe l’œil. Rouvrir les usines, relancer les chaînes, recruter du monde, cela prend du temps.
Voilà pourquoi les fabricants d’encres d’imprimerie sont sur les nerfs, voilà pourquoi il est difficile sur l’ensemble de la planète aussi de trouver certains composants électroniques, de l’acide acrylique, du pigment violet ou encore du nylon. Le résultat est que les prix montent, que les délais de livraison s’allongent, et qu’il faut parfois fixer des contingents.
Cela n’est pas anecdotique : aux Etats-Unis, certains chantiers routiers sont menacés faute de deux produits chimiques clefs pour fabriquer la peinture utilisée pour la signalisation …

Cela n’est sans doute pas grave… mais cela montre l’imbrication de l’économie, sa complexité, comment des grains de sable peuvent enrayer la mécanique de production. Une voiture, ce sont des milliers de pièces, un iPhone des centaines. L’économie c’est la macroéconomie, les grands équilibres mais aussi des petites choses qui font le quotidien de la vie des entreprises – celles dont nous parlons peu mais dont parlent les patrons quand ils se rencontrent.
DOMINIQUE SEUX

Europe, régulation financière : Sarkozy et Merkel décident d'agir en commun

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel réclament ensemble au G20 des mesures plus ambitieuses d'encadrement des marchés. Sur la gouvernance de l'Union européenne, Paris soutient Berlin sur de nouvelles sanctions pour les pays laxistes mais n'obtient pas de nouvelle structure formelle pour le pilotage de la zone euro.
Une semaine après leur rendez-vous manqué du 7 juin, le président Sarkozy et la Chancelière Merkel ont voulu démontrer, à Berlin, leur capacité à agir de concert, à la fois pour réclamer un encadrement plus fort des marchés financiers et pour améliorer la gouvernance de l'Union euiropéenne.

A deux semaines du sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement du G20 de Toronto, les deux dirigeants ont indiqué leur intention d'adresser au premier ministre canadien, Stephen Harper, pour lui demander, selon les mots de Nicolas Sarkozy, «d'être plus ambitieux sur la régulation financière». Paris et Berlin demanderont l'instauration d'une taxe sur les transactions financières et d'une taxe bancaire, «que la France et l'Allemagne appliqueront de la même manière», a souligné le Président.

Alors que Paris et Berlin s'opposaient jusqu'ici sur la gouvernance de l'Union européenne, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont par ailleurs annoncé l'envoi d'une lettre commune à Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen, qui dirige actuellement un groupe de travail sur le sujet. Ils lui demanderont de prévoir de nouvelles sanctions pour les Etats laxistes en matière de finances publiques, à qui leurs droits de vote pourront être retirés provisoirement. Un sujet auquel tenait Angela Merkel. Faudra-t-il pour cela modifier les traités européens ? Selon le Président français, les juristes ne sont pas unanimes. Mais si des modifications sont nécessaires, alors Paris et Berlin sont prêts à les introduire.

Sur la question de la coordination des politiques économiques des pays de la zone euro, Paris et Berlin ont décidé d'en rester à un niveau informel : les dirigeants des seize pays qui partagent la monnaie unique pourront se rencontrer, an cas de besoin, de manière pragmatique. Nicolas Sarkozy a insisté sur la nécessité d'avoir une Europe «réactive, au besoin pro-active même, capable de répondre à des marchés qui eux réagissent au millionième de sonde». Paris à l'origine souhaitait une structure plus formelle. Hier matin encore, dans la «Süddeutsche Zeitung», la ministre de l'Economie, Christine Lagarde expliquait : «nous devons réfléchir sérieusement à la nécessité d'un gouvernement économique qui aurait une réelle fonction de pilotage et ne soit pas seulement un contrôleur des banques et des marchés, mais un exécutif efficace et coordinateur». Mais Angela Merkel craignait que cela n'affecte l'indépendance de la Banque Centrale Européenne, un sujet très sensible outre-Rhin. Elle voulait en outre éviter de créer une Europe à deux vitesses.

Alors que les rumeurs se multiplient sur un prochain appel à l'aide financière de l'Espagne, Angela Merkel a simplement rappelé que «les Européens ont mis en place un mécanisme de soutien dont les conditions de déclenchement sont très claires». Plus tôt, un porte-parole de la Commission européenne avait indiqué qu'«il n'y a pas de plan pour fournir une aide financière à quelque Etat-membre que ce soit». Le porte-parole du ministre allemand des Finances, a lui rappelé que pour activer le mécanisme d'aides, «il faut qu'un pays ait des difficultés de paiement et qu'il y ait danger pour la stabilité de l'ensemble de la zone euro. A l'heure actuelle, il est évident que ces conditions ne sont pas réunies».

Taxe bancaire: l'offensive Sarkozy-Merkel

Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont militer au G20 pour la création d'une taxe bancaire et sur les transactions financières. L'idée d'un gouvernement économique des 27 a également été évoquée.

«C'était un entretien très important. Merci à Nicolas Sarkozy d'être venu». Ce lundi à Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel a souhaité mettre un terme aux rumeurs persistantes de mésententes entre la France et l'Allemagne dans le cadre de la lutte contre la crise financières européenne. Lors de sa conférence de presse commune avec le président français à Berlin, Angela Merkel a rappelé la nécessité pour les deux pays de donner «un élan» à l'Union européenne pour «agir de façon opérationnelle» et «tirer les conséquences de la crise financière à répétition».

Décidés à «parler d'une même voix», les deux chefs d'Etats ont annoncé qu'il porteraient ensemble, lors du G20 de Toronto, l'idée d'une taxe sur les transactions financières et d'une taxe bancaire, «qui sera appliquée de la même façon en France et en Allemagne», a précisé Nicolas Sarkozy.

Avec Angela Mergel, le président français a rappelé la nécessité de renforcer le pacte de stabilité et de croissance. Pour les pays les plus laxistes en matière de dette souveraine, les deux pays proposent une sanction qui se traduirait par la suspension de leurs droits de votes au Conseil européen. Cette proposition, qui sera soumise au président du Conseil européen Herman Van Rompuy, pourrait donner lieu à des modifications de traité qui se feront «dans un avenir proche», selon Angela Merkel.

Un gouvernement économique européen

Enfin, l'Allemagne et la France ont évoqué leur souhait de mettre en place «un gouvernement économique des 27» qui se réunirait rapidement «de façon opérationnelle et pragmatique». Les deux chefs d'Etats veulent également pouvoir, «en cas de nécessité», réunir uniquement les 16 seuls chefs d'Etats de la zone euro. «Il n'y aura pas de pays de première et de deuxième classe. L'idée est juste de coopérer rapidement en cas de problèmes concernant la zone euro», a insisté Angela Merkel.

«L'Europe n'est pas le continent le plus dynamique contrairement aux ambitions du traité de Lisbonne. Il ne faut pas créer de nouvelles institutions mais être plus opérationnels», a souhaité la chancelière. Nicolas Sarkozy a réitéré son souhait de «sortir des débats idéologiques pour faire bouger les choses rapidement».

Interrogés sur leurs visions respectives des plans de rigueurs annoncés dans les deux pays, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy sont restés évasifs. La chancelière allemande a précisé que l'«Allemagne avait fait le pas qu'il fallait et que la France aussi». Pour sa part, le président français a évoqué «une question de responsabilité commune, de confiance et de proximité».

Avant le G20, l'Allemagne et la France défendront leurs initiatives communes lors de la réunion du Conseil européen, ce jeudi.

Le commentaire politique de Christophe Barbier du 15 juin



Bayrou: "nulle envie" d'un rapprochement avec Sarkozy, mais pourquoi pas DSK

Le président du MoDem François Bayrou a réaffirmé lundi soir qu'il n'"avait nulle envie" d'un "rapprochement" avec Nicolas Sarkozy, mais n'a pas exclu un dialogue avec Dominique Strauss-Kahn.

"Je n'ai nulle envie d'avoir quelque rapprochement politicien que ce soit avec Nicolas Sarkozy", a-t-il affirmé lors de l'émission Mots Croisés sur France 2.

"Je suis un opposant au régime de Nicolas Sarkozy depuis la première minute (de sa présidence) et même depuis avant la première minute", a-t-il souligné.

Interrogé sur la possibilité d'un "dialogue" ou d'un "rapprochement" avec le PS et en particulier Dominique Strauss-Kahn, il a répondu: "oui, je pense que Dominique Strauss-Kahn est plus près de ce que j'évoque comme conscience ou en tout cas comme une vision d'un certain monde". "Mais on aura le temps d'en parler, si débat il y a", a-t-il ajouté.

"En tout cas, sur cette conscience-là qui cherche à marier bon sens et justice, je crois qu'il (DSK) est plus près", a-t-il ajouté.

BAYROU N'EST PLUS UN HOMME POLITIQUE C'EST UNE PUTE ! A COMBIEN LA PASSE ? ET POUR CE PRIX QUE FAIT-IL ?

Le penalty de Sarkozy

Ainsi il n'y aurait pas l'ombre d'une feuille de papier à cigarette entre la position de Nicolas Sarkozy et celle de son Premier ministre sur la question de l'âge légal de la retraite qui devrait être tranchée aujourd'hui. Le couple exécutif aurait pourtant le droit de marquer quelques divergences de sensibilité sur cette question politique explosive sans être taxé pour autant d'indécision. L'un sera comptable devant les électeurs, dans moins de deux ans, de l'orientation qui sera prise quand l'autre a davantage intérêt à camper sur une ligne dure pour marquer son tempérament autant que son territoire. En prenant l'engagement solennel de réduire le déficit public de la France de 100 milliards d'euros d'ici à 2013 -un objectif jugé, jusque-là, impossible à atteindre par la plupart des économistes- c'est bien le chef du gouvernement qui fait montre de la plus grande audace. En s'imposant une telle contrainte, il prend un risque considérable. Que restera-t-il de sa crédibilité dès 2011 si la tendance contredit son volontarisme ? L'Élysée, de son côté, demeure réticent à jouer à contre-emploi sur un registre aux antipodes de sa campagne allégorique de 2007. S'il dictera lui-même les grands paragraphes de l'avant-projet du gouvernement, c'est qu'il compte bien en arrondir les formules, et en adoucir quelques aspérités. L'exemple des difficultés rencontrées par Angela Merkel après la présentation de son plan de rigueur l'incite à une certaine prudence : il voit bien que l'autorité de la chancelière pourrait être -paradoxalement- érodée par sa très grande fermeté, mais aussi par la clarté avec laquelle elle a annoncé la couleur aux Allemands. Sans fioritures. Rien de commun, en effet, entre les méthodes de communication des deux côtés du Rhin. Berlin a choisi le style direct et une méthode extrêmement carrée, sans la moindre zone d'ombre sur sa détermination. Paris, en revanche, n'a cessé de recourir à des procédés allusifs pour habituer peu à peu l'opinion, petite dose par petite dose, à des changements majeurs du système des retraites. Jusqu'à présent, Matignon a parfaitement géré le calendrier pour contourner avec le meilleur timing les dangereuses chicanes posées sur la route de la réforme. Les derniers arbitrages seront donc rendus aujourd'hui et demain, en pleine Coupe du monde et à la veille d'un deuxième match décisif pour l'équipe de France contre le Mexique. Autant dire que l'attention des Français est un peu distraite, et leur capacité de mobilisation très émoussée. En bon professionnel Nicolas Sarkozy sait fort bien que si ce sursis permettra au texte d'arriver au Conseil des ministres de juillet sans trop de ratures, il lui faudra bien l'assumer pleinement à la fin du match. Le voilà saisi par l'angoisse du tireur au moment du penalty.

Olivier Picard

Vuvuzelas

Le fond de l'air n'est pas frais. Mais alors pas frais du tout. Temps de crise et d'exaspération, qui nous jette les uns contre les autres. Les extrémistes donnent la main aux imbéciles dans la provocation. A Paris se prépare un apéro « saucisson et pinard » dans un quartier habité par de nombreux musulmans. A Villeneuve-Saint-Georges brûle un drapeau français, remplacé par un drapeau algérien. Et demain, on mange quoi ? On brûle quoi ? Non, ça ne sent décidément pas bon. Déjà monte le vieux fumet du populisme anti-politique : tous nantis, tous pourris. Bien sûr qu'ils exagèrent parfois, nos politiques, qu'ils nous sidèrent par leur inconscience dans le registre : j'ai trois métiers et trois salaires, où est le problème ?…. Mais prenons garde à ne pas jeter le bébé de la démocratie avec l'eau sale de nos frustrations. Embouchons nos vuvuzelas et klaxonnons bien fort : attention, danger !

Francis Brochet

La Belgique et le risque du divorce

Dans une Belgique idéale, tous les Wallons parleraient flamand. Et réciproquement. Or, il n'en est rien. Dans une Belgique écartelée et se résignant au divorce de ses deux principales communautés, une nouvelle frontière surgirait au coeur de l'Europe. Or, il n'en est pas question car la légitimité d'autres frontières serait inévitablement remise en cause. C'est entre ces deux extrêmes, l'union parfaite ou le divorce, que la vie politique belge se démène, comme elle peut, depuis toujours, depuis la naissance du Royaume, en 1830.

Longtemps, l'État unitaire, forgé sur le modèle français, a prévalu, au bénéfice d'une économie wallone plus développée. Depuis les années 1960 et le déclin industriel de la partie francophone, le rapport de forces s'est renversé. Donnant naissance à une authentique frontière linguistique. Accroissant le fossé culturel entre les deux communautés. Aiguisant les tensions politiques pour le gouvernement de la chose publique.

Dimanche, cette tension vient de toucher un nouveau sommet avec l'affirmation historique des séparatistes flamands aux élections anticipées. Bart de Wever, le leader de la Nouvelle Alliance flamande, a réussi une percée impressionnante auprès de l'électorat flamand. Il réclame haut et fort la mort de la Belgique, tout en plaisantant volontiers en usant de l'arme médiatique. Et il est tellement persuadé du caractère inexorable de cette issue fatale, qu'il se déclare prêt à un statut intermédiaire. Le processus de fédéralisation serait poussé au point de faire naître une confédération. Stade minimal du vivre ensemble.

Singulière, la crise belge nourrit, dans l'immédiat, un paradoxe. Le résultat de dimanche risque de déboucher sur le retour d'un Premier ministre wallon et socialiste, Elio di Rupo, pour la première fois depuis 1974. La Flandre a voté à droite, la Wallonie à gauche. La négociation, qui va porter inévitablement sur le degré de décentralisation demandé par la partie flamande, va exiger plus que jamais la pratique du grand écart.

Plus profondément, la victoire électorale du séparatisme confirme la poussée résurgente du nationalisme au coeur même de l'Europe. On a pu évoquer, ces derniers mois, l'affirmation de mouvements populistes ou d'extrême droite en Hongrie, en Slovaquie ou aux Pays-Bas. La Belgique de Bart de Wever concentre plusieurs tendances, puisqu'il manie le fédéralisme fiscal et le repli identitaire comme levier de rupture institutionnelle. Un peu comme la Ligue du Nord, en Italie, qui s'y exerce depuis plus de vingt ans, sans avoir, jusqu'ici, pu ébranler totalement le cadre unitaire.

Un peu partout en Europe, ce vent de crispation identitaire s'incarne selon les spécificités culturelles de chaque pays. Tous ces mouvements ont toutefois en commun de réaffirmer un attachement au droit du sol, qui ne manque pas de préoccuper.

L'écho de la crise belge est d'autant plus retentissant, que le royaume abrite les institutions européennes. Le 1er juillet, une Belgique sans gouvernement, et presque sans raison d'être, assumera la présidence tournante de l'Union Européenne. On se serait volontiers passé de ce signal de faiblesse. Le rôle de plus en plus obsolète de cette présidence tournante n'est qu'une maigre consolation.