jeudi 30 juin 2011
Deux hommes, trois femmes, quatre possibilités
«Qu’est-ce que c’est doux !» Prononcée doctement en caressant le poussin jaune d’un élevage de volailles, hier à Sablé-sur-Sarthe, l’immortelle parole présidentielle fait figure d’antithèse modèle dans une campagne où la brutalité n’épargnera rien ni personne. Une merveilleuse surprise à l’image de cette visite du couple de l’exécutif – miracle de l’agenda élyséen – sur les terres du chef du gouvernement. De bien belles images bucoliques qu’on aimerait voir plus souvent, destinées à montrer comment ces deux-là, dont on dit qu’ils s’agacent souvent, forment, en définitive, un duo de choc. Une trouvaille de communication pour occuper un peu de terrain médiatique en ce jour qui devait laisser la part du lion à la très solennelle déclaration de candidature de la première secrétaire du PS.
Si on se place dans cette perspective, Martine Aubry n’aura pas eu de chance. Il faut dire qu’elle ne l’a pas forcée non plus avec ses… 13 (aïe !) minutes de discours sans originalité, ni inspiration, débitées laborieusement sans passion ni flamme. Des formules standard, des images éculées et un réquisitoire attendu contre le régime de Nicolas Sarkozy. Des mots, des phrases, des concepts qu’on aurait pu entendre il y a cinq, dix ou dix-sept ans tant ils étaient prévisibles, hélas. Le train-train de la fin du XX e siècle politique – dans une vieille gare du nord superbement réhabilitée tout de même – quand le suivant est déjà passé depuis onze ans. On soupire. La rhétorique électorale de celle que ses adversaires hautement spirituels persistent à nommer finement « la dame des 35 heures » est semblable à la mécanique d’une Pacific 231: bien huilée et souvent efficace mais pas franchement moderne. Ses amis, eux, l’auront complimentée, c’est humain. Mais au fond – lui dira-t-on ? – c’est une occasion ratée à laquelle nous avons assisté. Et la tentative d’ignorer l’obstacle des primaires pour parler directement aux Français avait la légèreté d’un char d’assaut AMX 30 (d’ancienne génération, donc).
Une autre femme lui aura même – un peu – volé la vedette. Un luxe à saluer dans une France politique qui demeure si sexiste. Christine Lagarde élue à la tête du FMI par 24 administrateurs masculins, c’est tout de même une bonne nouvelle en espérant qu’elle mettra «moins de testostérone» (l’expression est d’elle) que tous ses prédécesseurs dans les traitements de choc que son institution administrera aux pays en difficulté. Mais hier, c’était bombance à Paris avec une troisième femme en passe de forcer la main à l’actualité : Eva Joly, qui serait sur le point de l’emporter dans la primaire écologiste, face à Nicolas Hulot. Une probabilité qui, si elle se vérifiait, rendrait bien service à Jean-Louis Borloo. Addition, additions: l’addiction générale pour 2012?
«Qu’est-ce que c’est doux !» Prononcée doctement en caressant le poussin jaune d’un élevage de volailles, hier à Sablé-sur-Sarthe, l’immortelle parole présidentielle fait figure d’antithèse modèle dans une campagne où la brutalité n’épargnera rien ni personne. Une merveilleuse surprise à l’image de cette visite du couple de l’exécutif – miracle de l’agenda élyséen – sur les terres du chef du gouvernement. De bien belles images bucoliques qu’on aimerait voir plus souvent, destinées à montrer comment ces deux-là, dont on dit qu’ils s’agacent souvent, forment, en définitive, un duo de choc. Une trouvaille de communication pour occuper un peu de terrain médiatique en ce jour qui devait laisser la part du lion à la très solennelle déclaration de candidature de la première secrétaire du PS.
Si on se place dans cette perspective, Martine Aubry n’aura pas eu de chance. Il faut dire qu’elle ne l’a pas forcée non plus avec ses… 13 (aïe !) minutes de discours sans originalité, ni inspiration, débitées laborieusement sans passion ni flamme. Des formules standard, des images éculées et un réquisitoire attendu contre le régime de Nicolas Sarkozy. Des mots, des phrases, des concepts qu’on aurait pu entendre il y a cinq, dix ou dix-sept ans tant ils étaient prévisibles, hélas. Le train-train de la fin du XX e siècle politique – dans une vieille gare du nord superbement réhabilitée tout de même – quand le suivant est déjà passé depuis onze ans. On soupire. La rhétorique électorale de celle que ses adversaires hautement spirituels persistent à nommer finement « la dame des 35 heures » est semblable à la mécanique d’une Pacific 231: bien huilée et souvent efficace mais pas franchement moderne. Ses amis, eux, l’auront complimentée, c’est humain. Mais au fond – lui dira-t-on ? – c’est une occasion ratée à laquelle nous avons assisté. Et la tentative d’ignorer l’obstacle des primaires pour parler directement aux Français avait la légèreté d’un char d’assaut AMX 30 (d’ancienne génération, donc).
Une autre femme lui aura même – un peu – volé la vedette. Un luxe à saluer dans une France politique qui demeure si sexiste. Christine Lagarde élue à la tête du FMI par 24 administrateurs masculins, c’est tout de même une bonne nouvelle en espérant qu’elle mettra «moins de testostérone» (l’expression est d’elle) que tous ses prédécesseurs dans les traitements de choc que son institution administrera aux pays en difficulté. Mais hier, c’était bombance à Paris avec une troisième femme en passe de forcer la main à l’actualité : Eva Joly, qui serait sur le point de l’emporter dans la primaire écologiste, face à Nicolas Hulot. Une probabilité qui, si elle se vérifiait, rendrait bien service à Jean-Louis Borloo. Addition, additions: l’addiction générale pour 2012?
La remplaçante
Un insoutenable suspense s’est achevé hier avec la déclaration de candidature de Martine Aubry aux primaires socialistes. L’adversaire de Nicolas Sarkozy sera donc Mme Aubry ou François Hollande. Hier, en treize minutes, la candidate s’est efforcée de gommer ses deux principaux déficits : l’envie et la carrure.
Le déficit d’envie est lié aux circonstances : il y a deux mois, la question était tranchées, Dominique Strauss-Kahn serait le candidat et Martine Aubry sa suppléante, son numéro deux, son futur Premier ministre en cas de victoire. Aujourd’hui, par nécessité et par devoir politique, Martine Aubry remplace Dominique Strauss-Kahn au pied levé. L’obligation va-t-elle engendrer l’envie forcenée, la rage de vaincre, celle qu’ont eue en leur temps Giscard, Chirac, Mitterrand et Sarkozy, et que n’ont pas su avoir MM. Barre, Balladur, Rocard et Delors ? On le verra très vite : si l’opinion répond à son appel, si une dynamique se crée, Martine Aubry aura de plus en plus l’envie de gagner 2012.
Le déficit de carrure et de « présidentialité » est une autre affaire : outre les 35 heures, Martine Aubry est très marquée comme un apparatchik socialiste et, même s’ils n’étaient pas sur l’estrade, les éléphants du PS n’étaient pas loin d’elle. Saura-t-elle s’en dégager et démontrer que le bon maire, la bonne ministre des années 1990 peut être une présidente de la République crédible, une femme d’Etat au service des Français ? Autrement dit : même portée par l’antisarkozysme ambiant, peut-elle faire le poids face au président sortant ? Voyons d’abord si elle est capable de rattraper et de battre François Hollande.
Un vote sur des charbons ardents
Ces 29 et 30 juin, les députés grecs doivent voter le plan d'austérité réclamé par l'UE et le FMI pour éviter la faillite du pays. Un choix sans précédents dans l'histoire de la démocratie grecque, qui alimente les tensions dans le pays.
Nous avons vécu et nous vivons, en tout cas jusqu'à demain soir, 48 heures d'incertitude. Pour la Grèce et pour la zone euro. Même si le scenario d'un rejet du plan d'austérité par les députés semble s'éloigner, il ne faut rien exclure.
C'est la première fois qu'une telle situation se produit depuis le retour de la démocratie dans le pays [en juillet 1974]. Parce que nous sommes arrivés à la limite. C'est ce qui ressort de la pression qui pèse sur les députés qui sont appelés à se prononcer sur le plan d'austérité.
Bien entendu, le gouvernement se trouve confronté à une crise imprévisible. Parce que même si le plan d'austérité est voté (et ce sera grâce aux voix des députés de l'opposition vu la réticence des députés de la majorité socialiste), l'équilibre du gouvernement sera remis en cause.
Et ça, les députés du PASOK [le Parti socialiste au pouvoir, qui dispose d'une majorité de 155 députés sur 300] le savent bien. Ils sont sous pression : avec d'un côté leurs électeurs qui refusent les mesures drastiques prévues par le plan d'austérité, de l'autre ils ont le devoir de soutenir le gouvernement.
On sait cela aussi au siège du gouvernement, d'où est partie l'entreprise de persuasion du nouveau ministre des Finances Evangelos Venizelos pour convaincre la majorité parlementaire par la promesse d'un dialogue social.
Mais le problème grec perturbe aussi les centres du pouvoir européen. Tous concentrent leur attention sur la place Syntagma [où se déroulent les principales manifestations contre le plan d'austérité]. Les déclarations de Van Rompuy ou Barroso, d'Olli Rehn ou Wolfgang Schäuble expliquant que notre pays "n'a pas d'autre alternative" et qu'il "n'y a pas de plan B" peuvent comporter un élément de chantage. Mais aussi accroître l'incertitude.
D'un côté, il y a les dénégations catégoriques de responsables institutionnels que "il n'y a pas de plan B" pour la Grèce. De l'autre, des initiatives naissent comme en France et en Allemagne, sans que l'on en connaisse les détails, ni que l'on puisse déterminer quelle sera la réaction des marchés, que tout le monde craint.
Dans ce climat d'incertitude, et de retenue, les députés sont invités à dire simplement oui ou non…
Commentaire
Bruxelles ne plaisante pas
"L'Union européenne ne plaisante pas et met sur la table un dilemme de taille. Ce sera soit l'adoption du nouveau plan de rigueur, soit la faillite. Un danger de taille", écrit To Ethnos. L'heure est importante et le vote crucial.
"Mais les tensions dans la rue continuent et s'intensifient et les Grecs sont décidés à s'insurger contre l'injustice des mesures imposées dans le deuxième plan de rigueur", écrit le quotidien.
Le Parlement grec adopte le nouveau plan d'austérité
Athènes, correspondant - Le Parlement grec a adopté, mercredi 29 juin, le nouveau plan d'austérité proposé par le gouvernement sur l'insistance du FMI et de l'Union européenne. Le texte a obtenu 155 voix pour, 138 contre et cinq abstentions.
Les députés ont voté à main levée, égrénant chacun un "oui" ou un "non", dans une ambiance silencieuse au début, qui est devenu plus chahutée quand l'un des principaux opposants au plan, Alexandros Athanasiadis, est revenu sur son choix et a pris la parole pour annoncer qu'il votait oui, sous les applaudissements de ses collègues. (Retrouvez le récit du vote en direct)
"Faisons tout pour éviter au pays ce que signifie un défaut de paiement" avait demandé le premier ministre Georges Papandréou avant le vote. Plusieurs responsables européens avaient prévenu que la Grèce ne toucherait pas la prochaine tranche de 12 milliards d'euros, début juillet, si le plan de rigueur était rejeté.
Les députés doivent voter demain sur les lois d'application de ce plan à moyen terme qui prévoit de dégager 28 milliards d'euros d'économie d'ici 2015. Nouvelle Démocratie pourrait voter en faveur des lois mettant en œuvre les privatisations qui suscitent des réserves au sein du Pasok.
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