TOUT EST DIT

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dimanche 5 août 2012

Mimétisme : pour que vos enfants se tiennent bien à table, commencez par faire de même !

La tenue d'un enfant à table pose souvent problème. Laurence Haurat donne quelques conseils pour être plus autoritaire et pour améliorer le comportement de l’enfant. Extraits de "C'est l'enfer table" (1/2).

Cadrer son enfant

Avant tout, il faut savoir si votre enfant a faim. S’il a grignoté moins d’une heure avant de dîner, il n’y a rien d’étonnant au fait qu’il ne soit pas pressé de venir à table et encore moins content d’y rester. Il est primordial de faire en sorte que votre enfant ait faim au moment des repas. Donc supprimez tout grignotage avant les repas. Globalement, l’enfant a goût au jeu et n’est pas forcément très intéressé par la nourriture. Il ne se force pas à faire plus que ce dont il a envie. Pour lui, dont la vie est pleine de jeux, de dodos, de câlins, rester assis à table est vécu comme une contrainte. C’est un moment qu’il expédie souvent rapidement parce qu’il est attiré par tout le reste.
Par exemple, si le « à table ! » de sa mère vient interrompre un moment imaginaire ou un jeu, l’enfant le perçoit comme une intrusion dans son univers. Mieux vaut introduire en douceur le moment des repas. Vous pouvez commencer par le prévenir que « dans cinq minutes, on passe à table » pour l’aider à quitter son jeu et éviter la négociation. Vous pouvez aussi lui demander de vous aider à mettre la table ou lui proposer de mettre la salade dans le saladier avant de s’asseoir. Ainsi, l’acte d’autorité ne se manifeste pas contre l’enfant, mais dans un climat d’harmonie.

La table, lieu d’apprentissage

La table est l’occasion d’appliquer de nombreuses règles : « Mets tes mains sur la table, tiens-toi bien, ferme la bouche quand tu mâches, ne parle pas la bouche pleine, dis merci », toutes sortes de consignes qui ne plaisent pas forcément à l’enfant. Au-delà de l’apprentissage de nouvelles règles, l’enfant apprenant par mimétisme, il n’est pas rare qu’il copie un geste ou une attitude parentale. Par exemple, un enfant qui mâche la bouche ouverte est certainement un enfant auquel on n’a pas dit de fermer la bouche ou qui a vu ses parents mâcher la bouche ouverte.
De même, un enfant qui tient son couteau en l’air est un enfant à qui on n’a pas expliqué qu’il fallait poser son couteau lorsqu’on ne l’utilise pas. Guider un enfant pour qu’il se tienne bien à table va lui permettre de s’adapter à toutes les situations : chez ses camarades lorsqu’il sera invité à goûter, chez les parents de sa petite copine quand il sera ado, et dans son milieu professionnel lorsqu’il sera adulte. En effet, on a tendance à penser qu’un enfant qui ne sait pas se tenir à table est un enfant mal élevé, au même titre qu’un enfant qui ne dit pas bonjour ou merci. Ces leçons de bonnes manières doivent être données dès l’enfance, car il n’y a rien de plus dévalorisant, déplaisant et frustrant de participer à un repas professionnel et ne pas savoir comment se tenir.

Apprendre à poser son autorité

Une mère qui n’arrive pas à poser son autorité est une mère qui a peur de ne plus être aimable pour son enfant. En réalité, c’est une réminiscence de ce qu’elle a vécu dans son enfance : un conflit d’autorité entre ses deux parents, comme des parents trop autoritaires qui l’auraient fait souffrir. Dans ce cas, se produit un effet balancier extrême : par peur de reproduire le même schéma éducatif, elle entre dans un schéma opposé. Cela peut aussi être dû à une éducation trop laxiste. Dans ce cas, la mère ne sait pas agir autrement qu’en reproduisant le modèle parental.
En effet, on s’inspire beaucoup de l’éducation donnée par nos parents pour éduquer un enfant. Il est encore plus difficile d’élever un enfant quand, soi-même, on a l’impression d’avoir reçu une éducation inappropriée. Parfois, le manque d’autorité résulte d’un désaccord sur l’éducation à donner entre les deux parents. Ainsi, une mère ne voit pas l’intérêt d’imposer une règle à son enfant alors que le père ne la tient pas, et inversement. Un tel dialogue est fréquent : une mère dit : « À 6 ans, il est capable de manger ses épinards tout seul », et le père réplique : « Non, mais ça va, si lui donner la cuillère le fait manger ses épinards, je le fais. » Résultat : le père apparaît comme le sauveur tandis que la mère se retrouve en porte-à-faux et dans le jugement. Malgré ce désaccord, la mère doit toujours montrer à l’enfant qu’elle assume sa position : « Papa te donne la cuillère malgré tout mais sache que ce n’est pas normal qu’il t’aide à manger alors que tu as 6 ans ».
Mieux vaut prendre le parti de ne pas entrer en conflit devant l’enfant. Bien sûr, il est impossible d’être tout le temps d’accord sur l’éducation de l’enfant, mais il ne faut pas le lui montrer. Les parents doivent installer ce postulat : « À partir d’aujourd’hui, je respecte ce que l’autre parent dit, je le laisse faire, et si cela ne me convient pas, on en discute ensemble en dehors des oreilles de mon enfant. » Pour que cela fonctionne, il faut admettre au préalable que l’autre n’est pas soi et va forcément mettre en place des fonctionnements que l’on désapprouve. La clé de l’autorité est le dialogue. Sauf si l’enfant est témoin des disputes, entre ses parents par exemple, la difficulté de rester à table est souvent liée à un manque d’autorité. L’autorité se construit dans le temps et se traduit par des actes et des paroles calmes et efficaces. Aussi, si votre enfant n’obéit pas, il faut lui adresser un message clair, parler distinctement et calmement dans une tonalité grave. « Je t’ai dit de t’asseoir sur ta chaise. Ta chaise, elle est là. » Inutile de crier. D’une part, vous ne lui montrez pas comment bien se tenir à table, d’autre part, vous lui donnez la possibilité de s’énerver et d’être moins à l’écoute.
Si malgré tout, votre enfant n’obéit toujours pas, il est également conseillé de le contenir physiquement. Vous pouvez le porter, l’asseoir et le maintenir assis pendant quelques secondes en captant son regard. Mettez-vous à sa hauteur tout en gardant votre calme. L’objectif est de lui faire comprendre que la table n’est pas un terrain de jeu, que ce qui s’y passe est important et qu’il doit obéir.

Pourquoi Marilyn Monroe ne peut avoir d'équivalent à l'ère d'Internet

Elvis, Brigitte Bardot ou Marilyn Monroe avaient en commun d'éclore à la faveur de la libération des moeurs. Alors que déhanchés rock'n'roll et silhouettes féminines dénudées ont perdu de leur intérêt, de qui célèbrera-t-on l'anniversaire demain ? 
Ce dimanche, nous fêterons les cinquante ans de la mort de Marilyn Monroe. Avec la « pipolisation » des mœurs et la production massive de stars par internet ou la téléréalité, une icône d’une telle envergure peut-elle exister encore aujourd’hui ?
Jean-Michel Espitallier : Je ne pense pas. Marilyn Monroe est liée à une époque : l’après-guerre, la reconstruction… Il y a une forte dimension contextuelle, historique. Ce n’est pas pour rien que le rock’n’roll apparaît à ce moment-là.
Depuis une vingtaine d’années, les stars qui émergent sont éphémères. Elles sont devenues des produits de grande consommation portés par des opérations marketing. Sauf pour quelques exceptions, leur ascension est très rapide.
Le culte voué à Marilyn et à d’autres célébrités cristallise une propension de la société contemporaine à commémorer les choses, comme si l’on regardait vers un paradis perdu. On pleure toujours sur le passé et ses grandes figures.
Marilyn a un parcours sans faute : la jeune américaine un peu éthérée, qui pourtant fréquente les plus grands – puisqu’elle a même entretenu une relation avec Kennedy, et surtout une mort tragique, énigmatique. Un vrai conte de fée, ou plutôt une tragédie grecque (le conte de fée finit très mal), qui plaît forcément.

Quel a été l’impact d’internet et des réseaux sociaux, qui rendent les stars plus accessibles ?

Il me semble que cette ambition de proximité ne fait que tuer les idoles. Car ce qui est important pour une idole, c’est qu’on ne peut pas l’atteindre. Dans les années 1930, Walter Benjamin parlait de la fin de l’« aura » au sujet de la photographie, estimant que la possibilité de tout reproduire favorisait une proximité et que cette proximité effritait la distance qui justement crée une sorte d’aura. Jadis, pour voir la Joconde, il fallait aller au Louvre. Aujourd’hui, elle est partout. Désormais, grâce à Facebook, on peut être ami avec Justin Bieber, Claude Debussy, John Lennon, Marilyn Monroe, etc. Même si cela n’est qu’une fiction, c’est une fiction qui donne l’illusion d’une proximité, et presque d’une intimité.

Vous estimez que, demain,  c’est le titre d’« illustre inconnu » qui sera convoité. A-t-on tué notion même de « célébrité » ?

L’émergence de Marilyn Monroe, Elvis ou les Beatles correspond à l’émergence des médias de masse. Enfant, lorsque j’étais fan des Beatles, on avait beaucoup de mal à trouver des photos. Il y avait une pénurie d’images qui favorisait une espèce de manque. Alors qu’aujourd’hui, avec internet, les photographies et les vidéos les plus inédites sont accessibles en deux clics, ce qui amoindrit le désir. Car le désir est une tension qui n’existe que parce que l’objet du désir est ailleurs. La téléréalité a tué ce lieu de désir qu’étaient les médias, lieu magique parce qu’inaccessible. La prophétie warholienne du quart d’heure de célébrité pour chacun d’entre nous est devenu une réalité.

Quelles seraient les équivalents de Marilyn Monroe aujourd’hui ? De qui fêterons-nous l’anniversaire dans cinquante ans ?

On ne peut pas trouver un remplaçant. Ce sont des époques qu’on fête, pas des personnes. Il n’y a pas de qualité intrinsèque des vedettes. Nous sommes continuellement en demande de stars. Marx disait que ce ne sont pas les hommes qui font l’histoire mais l’histoire qui fait les hommes. L’idée est ici la même : c’est l’époque qui génère les idoles. Ressentira-t-on encore ce besoin, dans cinquante ans, de commémorer ? Je n’en suis pas sûr. En tout cas, pas de cette façon…

J’ai l’impression que les grands héros de la culture populaire - de la culture pop, en fait – ont existé dans les années 1950, 60, 70. C’est Elvis, John Lennon, Marilyn, à la limite les Sex Pistols, Marlon Brando, les grands réalisateurs ou acteurs hollywoodiens… Bizarrement, ils ont tous émergé au même moment. De même pour le rock’n’roll : pour moi, l’histoire du rock s’arrête avec les punks, et si on veut aller plus loin, on peut dire qu’elle s’arrête en 1994 à la mort de Kurt Cobain. Je m’intéresse particulièrement à la musique, et s’il existe aujourd’hui beaucoup de groupes intéressants, il s’agit surtout de redite, de réchauffé. C’est quasiment de la parodie : sur scène, on adopte des postures, on veut ressemble aux Who, aux Beatles, aux Stones ou aux Clash. On dirait qu’il y a eu un âge d’or et que la société contemporaine n’est plus capable que de le célébrer. On adopte des postures qui ne font plus sens aujourd’hui.
En juillet 2011 dernier, j’étais interviewé par un journaliste sur une chaîne en ligne qui me disait que ces gens qui pleurent à la mort de leurs idoles sont ridicules. A ce moment-là, une dépêche d’agence nous informa de la mort d’Amy Winehouse. Le journaliste nous a alors proposé de faire une minute de silence, se contredisant totalement. Cela montre bien qu’on est tous concernés, qu’on ne peut y échapper.

Alors, en 2061, on ne fêtera pas l’anniversaire de la mort d’Amy Winehouse ?

En tout cas, je peux vous dire qu’Amy Winehouse ne s’inscrit pas comme Marilyn Monroe dans une mythologie historique aussi forte. Marilyn c’est la Guerre froide, les Trente glorieuses, Kennedy, l’âge d’or d’Hollywood… Elle représente la libération des mœurs.
Ce qui a marqué les gens avec Elvis Presley, au-delà de sa musique, c’est qu’il se déhanchait sur scène. A l’époque, c’était carrément pornographique.
On a connu une révolution de l’image qui est liée à l’après-guerre, quand le monde se colorise, à partir des années 1950, pour simplifier. La télévision a rendu les artistes plus visibles : on ne les voit plus seulement sur scène, mais aussi à la télévision.
Au contraire, aujourd’hui, la libération des mœurs, c’est fini. Même si, bien sûr, il y a toujours des choses à gagner.
C’est un peu comme pour Brigitte Bardot : la femme libre, libérée, un peu iconoclaste, qui ne pouvait exister que dans les années 1960. Une fille qui revendiquerait le droit de montrer ses fesses à la télévision aujourd’hui, ça endormirait tout le monde.




Apparition de monnaies alternatives en Grèce boostées par le Net et l'Open Source

Les systèmes d’échange local (ou SEL) existent depuis bien longtemps.
Dans la situation actuelle de la crise européenne, ils pourraient bien retrouver une seconde jeunesse grâce au réseau et à son esprit libre.

La montée des monnaies open source en Grèce

Open-source currencies on the rise in Greece
Zachary Caceres - 25 juillet 2012 - Radical Social Entrepreneurs
(Traduction : Amine Brikci-N, brieuc, volk, Tonio, YoDigue, Mnyo, Gatitac, KarmaSama, Uflex)
Dans l’ombre de la crise européenne, les habitants de la ville grecque de Volos prennent leur avenir monétaire en main.
Theodoros Mavridis et d’autres Grecs à court d’euros ont mis en place un système de monnaie locale appelé TEM, acronyme pour « Unité Alternative Locale » en grec.
Même si la Grèce est en panne d’euros, les Grecs ont encore des biens et des services utiles à s’échanger. Mais sans euros sonnants et trébuchants pour les payer sur le marché local, tout le monde est obligé de faire du troc : une semaine de cours de piano contre les ¾ d’une chèvre.
C’est là que le TEM intervient
Après avoir créé un compte, les membres échangent entre eux en utilisant les crédits TEM. Les nouveaux membres ont droit à un découvert d’au plus 300 TEM, ce qui constitue dans les faits un emprunt à taux 0 accordé par la communauté. Ce n’est qu’en proposant des biens demandés et des services en retour que les nouveaux membres pourront renflouer leur compte et continuer à faire des échanges.
Les crédits sont créés suivant ces règles lorsqu’un nouveau membre arrive : nul besoin de banque centrale ou d’autorité de régulation monétaire.
L’idée derrière les sytèmes alternatifs comme TEM n’est pas nouvelle. Les systèmes « clubs de troc » ou « SEL » existent déjà depuis un bon moment déjà. C’est dans des conditions d’extrême disfonctionnement monétaire que ces systèmes fonctionnent le mieux : l’Argentine a ainsi vu un développement national des clubs de troc pendant les différentes crises du peso à la fin des années 90 et au début des années 2000.
Ces systèmes ont néanmoins montré leurs limites par le passé.
Les clubs de troc obligent les gens à se rencontrer physiquement pour un marché du type « foire au bestiaux”. Cela a malheureusement limité les échanges à ceux où l’on pouvait être présent à un endroit précis, à un moment précis. L’utilisation de crédits papier fut une autre faiblesse majeure. La contrefaçon causa des accès d’inflation et éroda la confiance dans les clubs de crédit argentins.
Malgré les difficultés, M Marividis et ses congénères ont résolu la plupart de ces problèmes en hébergeant intégralement le système sur un réseau informatique.
A son arrivée le nouveau membre accède à la base de données de la communauté. Celle-ci a été conçue avec des logiciels open source et est hébergée sur un serveur néerlandais bon marché, ce qui permet de maintenir des frais de gestion faibles.
Le système en ligne permet aux utilisateurs d’accèder à la liste complète des acheteurs et des vendeurs (non sans rappeler Craiglist) ainsi que de noter les autres membres après chaque transaction. Le système de réputation devient particulièrement important compte tenu de la multiplicatiopn par huit du nombre de membres l’année dernière, ce qui a rendu le réseau plus impersonnel
Les transactions réelles ont lieu sous forme de virements d’un compte utilisateur à un autre. Pour éviter la fraude et assurer la transparence, les soldes utilisateur sont archivés dans une base de données accessible à tous. À l’heure actuelle, le TEM reste un complément à l’économie officielle et non pas une alternative. Contrairement à d’autres projets de monnaie alternative comme Bitcoin, les crédits TEM ne constituent pas réellement une monnaie. Ils sont d’un usage limité pour l’épargne puisque les comptes sont plafonnés et que le système n’offre pas de moyen de prêter avec intérêts
Mais si les choses empirent, ce système et les monnaies similaires vont devenir de plus en plus importantes pour les Grecs mis à l’écart de l’économie classique. Ces expériences pourraient aussi servir de base pour de prochaines innovations monétaires.
Et si les choses empirent ?
Les Grecs auront à déterminer en qui ils ont le plus confiance en ce qui concerne leur monnaie : Bruxelles, Athènes ou eux-mêmes.

L’été à étaler 


Les statistiques disent, d’apparence, un peu ce qu’elles veulent. Des études alertent sur la baisse du nombre de Français qui partent en vacances. Tandis que les comptages routiers, chaque week-end d’été, et hier encore de manière caricaturale, s’affolent de ces embouteillages causés par des départs massifs.
À se demander qui se retrouve coincé dans ces bouchons. Pas que des Français, sûrement. Tout juilletiste l’aura constaté, les vacanciers du Benelux, entre autres, ont retrouvé le chemin du Midi. L’Espagne, si chère naguère aux touristes du Nord, inquiète visiblement.
De manière moins conjoncturelle, si les estivants se trouvent piégés en telles quantités sur les autoroutes du Sud, c’est aussi parce que demeure sacré dans l’Hexagone le principe de grandes vacances synchrones.
D’autres pays font varier les périodes de congés selon les régions : on ne ressort pas sa serviette de plage au même moment à Berlin, à Karlsruhe ou à Hambourg. Pour parer à la saturation des stations de ski, la France elle-même se divise l’hiver en trois zones.
Mais, en été, pas question. Les professionnels du tourisme ont beau observer une concentration croissante et irraisonnée des séjours entre la mi-juillet et la mi-août. On ne touche pas en France aux dates de grandes migrations, censées mettre tous les Français dans le même bain. Trop de risque politique à chambouler le calendrier scolaire.
Les bouchons d’été ont donc de l’avenir. Et l’étalement des congés reste une chimère. Durablement, si l’on en juge par la persistance de certains réflexes. Au plus haut sommet de l’État également, tout le monde a fait ses valises en même temps. Une manière comme une autre de serrer les rangs avant le grand embouteillage de réformes, d’arbitrages et d’ajustements que l’on promet pour la rentrée.

Le mythe Marilyn 

Marilyn est devenue un mythe en forme de prénom. Cinquante ans après sa disparition, le monde entier parle de Marilyn avec cette familiarité que l’on réserve aux êtres chers. Franchement, qui se souvient de Norma Jeane Baker ou Norma Jeane Mortenson, ses deux noms officiels, hérités d’une mère à la dérive ?
En revanche, tout le monde a dans les yeux le diamant pur qu’était chaque apparition de Marilyn. De sa robe blanche, soulevée par un souffle du métro, à la star emmitouflée dans une veste en laine sur une plage, Marilyn avait l’art de semer les pierres blanches sur le chemin de notre mémoire. Nul ne songeait que chacun de nos bonheurs était une part de souffrance arrachée à sa vie.
Elle chantait, jouait la comédie et éclairait un monde chiche en lumières d’espoir. Elle était la plus belle des étoiles de la bannière américaine. Les Russes avaient le Spoutnik. Les Américains avaient leur star. Aujourd’hui, qui se souvient vraiment de ce drôle d’engin qui faisait bip-bip au-dessus de nos têtes, alors que Marilyn brisait les cœurs de ses admirateurs en chantant que le sien appartenait à son papa. Elle était là, jaillissant de l’écran avec des rondeurs aveuglantes, surtout pour tous les premiers rangs des cinémas du monde.
Même ses malheurs la rendaient plus proches de ceux qui l’adulaient. Elle volait d’un mari à un amant. Ses larmes étaient toujours des diamants, même si leurs pointes lui arrachaient un peu plus le cœur à chaque séparation. Marilyn était grande, jusque dans sa tragédie personnelle. Et le feuilleton de sa descente aux enfers était suivi de New York à Paris.
Les Français l’aimaient bien. Elle avait tenté un improbable rapprochement entre l’Amérique et notre pays en séduisant Yves Montand. Elle fit du compagnon de route de Moscou, un boy friend d’un été. Un retournement à rendre jalouse la CIA !
À force de monter toujours plus haut, de chercher « l’inaccessible étoile » que chantera Brel, elle s’est brûlé les ailes en frôlant l’autre mythe américain : John F. Kennedy. Cette collision entre deux étoiles fut formidable. Marilyn avait épuisé son énergie. Elle choisit de tirer elle-même l’ultime rideau que nous déchirons depuis cinquante ans avec émotion.

Il faut un système fiscal flottant

Le millésime 2012 des hausses d'impôts est arrivé! Et si, pour trouver un système enfin efficace et juste, on inventait une toute nouvelle fiscalité flottante, suggère Christophe Barbier?

L'Assemblée nationale a adopté le premier texte fiscal et budgétaire de l'ère Hollande-Ayrault, avec son lot de hausses d'impôt. Demander aux plus riches de payer plus en période de crise est normal... mais risqué. Car trop d'impôt peut tuer l'impôt. C'est l'éternel problème des gouvernements: s'ils ne ponctionnent pas assez, ils font des cadeaux aux riches; s'ils ponctionnent trop, on les accuse de brider la créativité économique du pays, que les plus fortunés fuient. Il faut trouver un juste milieu, estime Christophe Barbier qui émet une proposition: et pourquoi pas inventer un système fiscal flottant? En période de crise, les riches contribuent plus. Quand l'économie va mieux, on descend la barre. Ainsi on conjuguerait efficacité et justice, chacun contribuant selon les besoins de la nation et ses propres capacités.

École : 30% d’illettrés en France

Les statistiques des Journées Défense et Citoyenneté (ex-JAPD) sont formelles : 30% des jeunes de 17 ans ne savent pas lire correctement. Des chiffres alarmants qui mettent en question les qualités de l’Éducation nationale.
Chaque année, lors de la Journée Défense et Citoyenneté (ex JAPD), des tests de lecture sont effectués parmi les appelés afin de tester le niveau national. Le cru 2011, d’après un document officiel de l’Éducation nationale, indique que 30% de ceux qui l’ont passé sont illettrés ; sachant que ces jeunes ont 17 ans et qu’ils ont passé 12 ans dans le système éducatif français, qui engloutit chaque année 17% du budget de l’État. Belle performance ! Pourtant, les auteurs du rapport se congratulent de satisfécits mutuels, à tel point que l’on pourrait passer à côté de cet échec cuisant, et croire à une belle victoire de l’équipe olympique française de lecture. Le rapport annonce en effet 80,3% de lecteurs efficaces, ce qui fait tout de même 19,7% de lecteurs inefficaces, car il ne faut pas dire illettrés.
Mais parmi ces 80%, 10,3% sont des profils 5c, c’est-à-dire « une population de lecteurs qui, malgré des déficits importants des processus automatisés impliqués dans l’identification des mots, réussit les traitements complexes de l’écrit, et cela en s’appuyant sur une compétence lexicale avérée. Leur lecture est fonctionnelle grâce à une stratégie de compensation fructueuse. Ils ont su adapter leur vitesse de lecture, relire et maintenir un effort particulier d’attention en dépit de leur mauvaise automatisation des mécanismes de base de la lecture. » Voilà une présentation plutôt bienveillante pour signifier que ces profils ne savent pas lire correctement mais qu’ils arrivent à corriger leurs lacunes grâce à une compréhension globale du texte. Le texte qui était lu étant soit un article de magazine télé, soit un texte basique. On n’ose imaginer les résultats avec des textes littéraires, voire même des articles de journaux.
La suite de la présentation du profil 5c est nettement moins positive :

La faible vitesse avec laquelle ils traitent les écrits marque la différence entre eux et les lecteurs du profil 5d. Les lecteurs du profil 5c sont efficaces mais plus lents : en moyenne, les jeunes du profil 5c mettent 2,5 secondes à déchiffrer une paire de mots, contre 1,3 seconde pour les jeunes du profil 5d. La question qui se pose pour ces jeunes reste celle des effets d’un éventuel éloignement des pratiques de lecture et d’écriture : les mécanismes de base étant insuffisamment automatisés, s’ils s’éloignent de toute pratique, l’érosion de la compétence peut les entraîner vers une perte d’efficacité importante dans l’usage des écrits. Les sollicitations de leur environnement professionnel et social seront donc déterminantes.
Les auteurs ont beaux essayé de cacher l’échec derrière un optimisme de façade, ils sont quand même obligés de dire que les 5c lisent deux fois moins vite que les 5d pour déchiffrer une paire de mots. Imaginons les résultats avec une phrase de littérature. Quant à leur devenir, leur manque de pratique va provoquer une érosion de la compétence (qui n’est déjà pas bien grande) et donc « une perte d’efficacité importante. » Donc ces semi-illettrés à l’adolescence seront des illettrés complets à l’âge adulte. Il n’y a donc que 69,7% de lecteurs complets, et 30,3% d’illettrés en France. Ce taux nous fait revenir au milieu du XIXe siècle.
Une langue de bois soviétique
La culture soviétique qui emplit ce rapport est consternante. On cherche vainement à dissimuler l’échec derrière des euphémismes et des litotes qui ne prennent pas : le mot « illettré » n’apparaît jamais dans le rapport, et on ne parle pas « d’illettrisme » mais de « situation d’illettrisme », terme auquel les rédacteurs sont bien obligés de recourir une fois. On évoque sinon « des jeunes aux acquis limités » et « des jeunes en difficulté de lecture ». Pour ceux qui liraient le rapport sans savoir lire les sous-entendus, cela pourrait peut-être passer.
Un déni de réalité
Dernier satisfecit, les résultats s’améliorent : « La comparaison des données de 2011 avec celles de 2009 et 2010 indique une légère baisse du pourcentage de jeunes en difficulté de lecture : ils sont 10,4 % en 2011 contre 10,6 % en 2009 et 10,8 % en 2010. » Plus que d’une baisse, il faudrait surtout parler de fluctuation statistique dont on ne peut tirer aucun réconfort. La comparaison avec les années antérieures à 2009 n’est d’ailleurs pas possible puisque les tests ont été modifiés : « Les tests ayant changé à partir de 2009, ces résultats ne sont pas directement comparables avec les années précédentes. »
Si on s’y essaye malgré tout on arrive à la conclusion que la situation s’améliore puisqu’il y a moins d’élèves en situation de difficulté de lecture. Le niveau est-il en train de monter ? Non. Mais constatant que les résultats obtenus étaient trop négatifs, il a été décidé de revoir la modalité de passage des tests en les rendant plus faciles. Casser le thermomètre est une excellente façon de ne pas mesurer la fièvre.
Il semble que la nouvelle modalité de passation, beaucoup moins scolaire, a fait notablement diminuer les mauvaises performances dues à des refus de répondre sérieusement aux exercices proposés. D’une part, l’interactivité du procédé rend l’interrogation plus ludique, d’autre part, la pression temporelle exercée par le déroulement automatisé et commun des épreuves nécessite une certaine attention, même sur des tâches d’apparence simple.
Si le niveau continue de baisser, on veillera à produire d’autres tests. Le chiffre de 30% d’illettrés en France serait-il donc minoré ?
Pour un paternalisme du XXIe siècle
Les chefs d’entreprise devraient s’effrayer de ces résultats, car même s’ils recrutent dans des métiers manuels il leur faudra obligatoirement du personnel sachant lire et écrire convenablement. Devant la faillite de l’école, et ne pouvant rien attendre des réformes à venir, il leur est indispensable de financer des écoles indépendantes, afin de former convenablement les futurs employés dont ils ont besoin. Puisque l’État n’est pas en mesure d’apprendre à lire à 30% de la jeunesse de France, c’est aux entreprises à recréer un paternalisme du XXIe siècle et à financer leurs propres établissements, comme l’ont fait Michelin, Wendel, Schneider et tant d’autres avant eux. Ce sont ces patrons qui ont permis de vaincre l’illettrisme en France au XIXe siècle, et non pas les lois Ferry.
Si 30% des jeunes de France ne savent pas lire à 17 ans, il ne faut pas croire que les 70% autres sont des génies. Quel est leur capacité à disserter, à analyser un document, à produire un rapport écrit, à avoir une ouverture sur les cultures du monde, quand ils ne sont pas capables de lire un manuel destiné aux Terminales de 1963 ?
L’école est à financer par les entreprises, mais aussi les collèges et les lycées. Il est trop facile aux chefs d’entreprise de se retrancher derrière ces piètres résultats pour dénoncer l’étatisme français et la faillite de l’école. Que font-ils pour remédier à ce scandale ? Que font les entreprises du CAC 40 et du SBF 120 pour lutter contre l’illettrisme ? Que ne voit-on des fondations d’entreprise se créer pour financer des écoles libres en France ? Ce sera beaucoup plus utile que de financer un art contemporain douteux ou de gaspiller des bénéfices dans du mécénat fumeux. C’est à vous, chefs d’entreprise, de prendre les choses en main, il y va de la survie de votre entreprise, et de l’économie française.

Bienvenue au "Hollande tour" en Corrèze : le premier président normal canonisé avant sa mort

Je savais, comme tout le monde, que François Hollande avait disparu des écrans de ”SOS Crise ! La France coule ”, mais j’ignorais  qu’on l’eût déjà embaumé et que ses saintes reliques reposent à présent  sous  la voûte de la cathédrale Notre Dame de Tulle.
A la suite d’une initiative  - citoyenne - de l’office de tourisme de la capitale corrézienne (la ville la plus endettée de France - 362 millions d’euros fin 2011- qui a donc besoin de se refaire une santé) – la foule des pèlerins, accourue du monde entier, tant est immense la réputation du saint homme,  a été conviée à marcher “sur les pas d’un président “. Une opération sans précédent dans l’histoire de la République, dont même le général de Gaulle et François Mitterrand ne furent pas honorés.
Je viens de prendre un billet “normal”(de seconde classe) pour Tulle, départ 11h 53, arrivée  quatre heures quarante neuf minutes plus tard , ce qui n’est pas excessif  si l’on songe qu’un Paris-Avignon en TGV dure quand même deux heures trente sept minutes. La semaine prochaine, je raconterai ma journée à nos amis d’Atlantico. En attendant, après avoir pris connaissance des détails du programme, je me régale déjà  à la pensée du beau périple qui m’attend (prix : 35 euros,  gratuit pour les enfants de moins de 12 ans et 50% aux membres du PS,  sur présentation de la carte).
Le tour débute à l’hôtel Marbot, siège du conseil général que l’illustre défunt présida de 2008 à 2012. Malheureusement, on ne pourra voir le bureau où il attendit, le 6 mai, les résultats de l’élection, celui-ci étant momentanément hors d’accès, avant que ce haut lieu de mémoire ne fasse l’objet de travaux  de réfection sous la direction des Monuments Historiques. En revanche , les pèlerins seront invités à se recueillir dans l’ancienne chapelle qui sert de salle plénière aux travaux de l’assemblée. Une précision qui traduit l’état d’esprit convivial et ouvert à l’autre qui, tout du long, anime le pèlerinage : c’est dans le fauteuil de Mme Bernadette Chirac, conseillère générale UMP de Corrèze, que prendra place la guide chargée de la visite, Mme Marie Bouchet, afin de répondre  à toutes les questions des participants qui promettent d’être nombreuses. Ensuite, Mme Bouchet  les dirigera vers les jardins de la mairie, autre lieu de mémoire où ils pourront se recueillir, car c’est là que François Hollande exerça sa magistrature de 2001 à 2008.
Viendra ensuite le moment du déjeuner au “Central”  où, en ce fameux 6 mai, le saint homme prit son dernier repas de citoyen « normal ». La patronne, Mme Yvette Poumier , qui l’a accueilli maintes fois pendant ces vingt-cinq ans, fera visiter le coin de la salle où il avait coutume de s’installer, à sa table préférée qui offre une vue imprenable d’un côté sur la porte d’entrée et de l’autre sur celles des toilettes. Elle se fera une joie et un honneur de proposer le menu “ Devoir de mémoire “, à 22 euros 50 (crevettes mayo, carré d’agneau  et fraisier de printemps ), celui-là même qui fut servi, le 6 mai, à celui qui quelques heures plus tard, allait prendre en mains les destinées de la patrie, pour, hélas, les lâcher plus vite qu’on aurait su l’imaginer .

Le repas terminé, on se rendra sur la place de la cathédrale  où en ce fameux soir de gloire fut prononcé, sous une violente averse, devant plus de 7000 parapluies, le discours magistral dont on ne saurait trouver l’équivalent dans l’histoire de notre pays, bien que certains se soient aventurés  à opérer une rapprochement avec une allocution prononcée, un 18 juin , sur une radio étrangère par un militaire en congé . 
Je me suis informé de savoir, si même au prix d’un petit supplément, il ne serait pas possible de faire une halte au studio- salle de bains - WC qu’occupait le saint homme lors de ses brefs passages. Il semble que pour le moment ce ne soit pas possible. Peut-être a-t-il déjà été sous-loué.
PS : Je suis absolument désolé mais je viens d’apprendre que, faute de réservations suffisantes, le Tour Hollande est momentanément suspendu  et que la guide, Mme Bouchet, part en vacances pour Saint-Tropez.




Christian Estrosi : "Supprimons les 35 heures et laissons les partenaires sociaux négocier branche par branche"

Faut-il relancer le débat sur les 35h ? Interview de Christian Estrosi, ancien ministre de l'Industrie, proche de Nicolas Sarkozy et potentiel candidat à la présidence de l'UMP.

Vous avez déposé ce mardi une proposition de loi visant à supprimer les 35 heures. Pourtant, la loi a été assouplie depuis leur instauration en 2000. Invité ce vendredi matin sur BFMTV, Hervé Mariton, faisant référence aux amendements successifs à la loi Aubry, a même déclaré que « les 35 heures étaient mortes ». La question demeure-t-elle pour vous d'actualité ?

Christian Estrosi : Les 35 heures étaient mortes en 2007 avec l’exonération et la défiscalisation sur les heures supplémentaires. On pensait en avoir définitivement fini avec ce fléau de la compétitivité. Puis, durant ce mois de juillet, les socialistes ont pu revenir simplement aux 35 heures, ce qui repose de nouveau la question. A cette question je réponds clairement : nous devons maintenant supprimer définitivement les 35 heures et laisser les partenaires sociaux négocier branche par branche.

Selon le rapport 2007 de la commission sur l’emploi dans l’Europe, le temps plein moyen est resté à 41 heures hebdomadaires après 2000. Douze ans après, ne faut-il pas se tourner vers d’autres moyens pour améliorer la compétitivité des entreprises françaises ?

Ce rapport démontre tout le paradoxe dans lequel nous vivons. Les 35 heures ne sont plus un paquet hebdomadaire qu’on ne peut dépasser mais juste la frontière entre une heure payée normalement et une heure payée 25 à 50% plus chers, avec des charges plus lourdes. Le temps plein moyen est resté le même mais son coût a crû de manière importante : c’est ici que le bât blesse. Les 35 heures gangrènent la compétitivité de notre pays.

Mettre fin à la semaine de 35 heures suppose un bouleversement certain dans l’organisation des entreprises. Cette instabilité législative n’est-elle pas nuisible à ces dernières ? 

Cela ne suppose aucun bouleversement. Les partenaires sociaux devront négocier branche par branche la nouvelle frontière entre les heures supplémentaires et les heures normales. C’est à ce niveau-là que ce positionne le débat, pas sur un terrain idéologique. Vous citez d’ailleurs vous-même un rapport qui indique que nous faisons déjà 41 heures par semaine.
Les entreprises auront donc une masse salariale qui travaille autant ou plus pour un coût plus bas. Les salariés seront eux toujours payés aux nombres d’heures réalisées. Afin qu’il trouve aussi un intérêt dans cette réforme, je propose de répartir la moitié des 23 milliards d’euros que représentent les réductions dites « Fillon » en fonction de la nouvelle limite horaire négociée. Cela permettra de rapprocher le salaire net du salaire brut.

N’est-ce pas pour vous une manière, avant l'élection du président du parti, de convaincre les militants UMP, parmi lesquels les 35 heures sont impopulaires ?

Les militants UMP n’ont pas à être convaincus, Nicolas Sarkozy avait essayé la méthode douce pour supprimer les 35 heures, il avait voulu apaiser le débat. Aujourd’hui les socialistes sans rien apprendre de leurs erreurs ont purement et simplement supprimés les avancées de Nicolas Sarkozy. Cela signifie que nous devons prendre le mal à la racine et maintenant supprimer définitivement les 35 heures

Vous justifiez votre proposition par un changement de contexte, notamment la refiscalisation des heures supplémentaires. Quel sera l’impact selon vous de cette mesure prise par le nouveau gouvernement ?

La suppression des heures supplémentaires défiscalisées et exonérées est une véritable catastrophe pour les entreprises ainsi que pour 9,5 millions de salariés qui gagnaient en moyenne 500 euros de plus par an. Ces salariés sont ceux du secteur privé et du secteur public sans distinction. Le coût du travail va donc encore augmenter en France alors que nous devrions nous orienter vers une baisse, comme nous l’avions fait voter avec la TVA compétitivité.

Etant donné la progression actuelle du chômage, le slogan de M. Sarkozy « travailler plus pour gagner plus » est-il toujours d’actualité ?

Le slogan « travailler plus pour gagner plus » sera toujours d’actualité. Toute personne qui veut travailler plus afin de pouvoir épargner un peu chaque mois pour assurer son avenir ou celui de sa famille doit pouvoir le faire. C’est l’objectif des heures supplémentaires, c’est aussi l’un des objectifs du régime de l’auto-entrepreneur ou encore de la loi sur la modernisation du marché du travail.
Notre économie doit se mesurer, non pas en montrant du doigt les personnes qui ont réussi comme peuvent le faire les socialistes, mais en regardant si quelqu’un, avec une bonne idée, peut prendre un risque et lancer une nouvelle entreprise : une économie qui honore la dignité du travail.


La reine déchue des potagers

C'EST UN JARDIN TRÈS ORDINAIRE, un petit jardin à la française. Il y a là, derrière la maison, quelques fleurs, un petit abri pour le matériel et les boissons fraîches, un banc ombragé pour les siroter et, vers le fond du jardin, un potager. Quelques rangs de haricots, un carré de pommes de terre, des carottes, des salades, des fraises peut-être. Uniquement des fruits et légumes vivant sous terre ou au ras du sol. Si bas que leur entretien et leur récolte provoquent quelque gêne dans le bas du dos du jardinier. Qui le leur reproche souvent, in petto ou chez le médecin. Et puis il y a ces plants, bien accrochés à leur tuteur, qui s'élèvent à hauteur de jardinier, bonne idée pour se faire apprécier. Pour ne rien gâcher, les tiges et les feuilles sont comme un délice pour le nez, et les fruits très agréables à la vue : arrondis comme des pommes, souvent rouge vif, parfois ornés d'une belle collerette verte ; plus rarement jaunes ou orange, voire zébrés. Des tomates. Pommes d'or en italien, ketchup en américain.
"Elles sont les reines du potager. Un potager sans tomates, ça ne ressemble à rien !", explique fièrement Nicolas Toutain, chef jardinier du château de la Bourdaisière, à Montlouis-sur-Loire. "On en trouve dans le monde entier, leur consommation n'est contraire à aucune religion et, en France, elles ont été l'apport de l'acidité dans la cuisine", ajoute Christian Etienne, restaurateur d'Avignon surnommé "le pape de la tomate" depuis qu'il propose, chaque été, un succulent menu 100 % tomates, de l'entrée au dessert. "C'est le seul aliment que tout le monde sait cuisiner, car tout le monde sait encore que l'on peut faire une salade avec des tomates", ironise pour sa part Pascal Poot. Ce cultivateur alternatif possède un catalogue de plus de 300 variétés anciennes et propose des stages "savoir-faire et découverte" consacrés au fruit rouge, sur les hauteurs d'Olmet-et-Villecun, près de Lodève, dans l'Hérault. Si la tomate est à la mode, assure-t-il, c'est surtout pour "une question de besoins".
Populaire, reine du potager, la tomate est aussi, hélas, la reine des déceptions. Tous les malheureux qui se contentent de l'acheter au supermarché, au marché ou au rayon fruits et légumes d'une petite épicerie de quartier, en savent quelque chose. Son goût n'est plus ce qu'il était. Chaque été, cette année un peu plus tard que d'habitude, météo oblige, c'est la même histoire. Des experts patentés, vous et moi, radotent la même chansonnette que les moins de 30 ans ne peuvent pas comprendre. Ils dissertent sur son "vrai" goût, celui qu'elle avait dans ce grand jardin qu'est l'enfance. Avec le peu de mots que la langue française propose pour évoquer goûts, saveurs et odeurs, ils décrivent ce fruit sucré, ses quelques notes plus ou moins acidulées, et sa pulpe, ah ! sa pulpe, d'une incomparable texture, douce et charnue à la fois.  
ILS ONT PATIENTÉ JUSQU'AUX BEAUX JOURS, dédaignant les tomates hors saison - comme Alain Juppé avec les cerises, ils ont décidé de ne plus manger de tomates en hiver. Et alors, quand vient l'été, on les voit flâner devant les étals des commerçants et les terrasses de restaurants, où ils tentent de débusquer ce souvenir qui hante leurs papilles et leurs cerveaux : sous les rondelles de mozzarelle, dans ces salades dites "italiennes" ; sous un mélange de mie de pain, d'ail et de persil, recette hâtivement baptisée "à la provençale" ; sur la croûte aillée des bruschettas. Déception garantie, fadeur assurée, goût introuvable. Il aurait été égaré, prétend la légende urbaine, dans le laboratoire de quelque ingénieur agronome malfaisant. Ou dans une serre hollandaise, pays champion de la tomate "high-tech". Ou encore sur un de ces lits de laine de roche où les tomates hors sol poussent en abondance, quelque part en Bretagne, qui doit être l'autre région du soleil, puisque de là proviennent la grande majorité des tomates consommées en France.
La complainte a longtemps été sourde, réservée. Mais depuis que les melons ont retrouvé leur goût sucré et que les fraises semblent un peu moins trafiquées (odeur maximale, saveur minimale), la colère monte chez les défenseurs du "vrai goût" de la tomate. L'impatience se fait entendre jusque dans les beaux quartiers. Tendez l'oreille. En 2001, dans son livre Les Plats de saison (Seuil), Jean-François Revel fulminait contre des tomates vendues au supermarché Unico de Plougastel sous l'étiquette "la saveur retrouvée". Elles avaient, écrit-il, "encore moins de goût que celles de [son] petit maraîcher, qui en ont quand même un petit peu". Aujourd'hui, c'est une collègue de bureau qui "ne prend plus jamais de salades avec des tomates au restaurant". Ou une voisine, "intoxiquée par les tomates belges" quand elle vivait à Lille il y a quelques années. Le bataillon des déçus ne cesse d'enfler. Résultat, la consommation de la reine du potager est en baisse : - 6,2% en France en 2010, même si 95,1 % des foyers français ont acheté des tomates fraîches cette année-là, selon les statistiques de FranceAgriMer.
Que s'est-il passé pour que les Français prennent ainsi leurs distances avec cette pomme d'or qui reste leur fruit favori (consommation moyenne de 12 à 13 kilos par personne et par an) ? Un peu d'histoire. La tomate a fait son apparition en Europe au début du xvie siècle, emprunt des conquistadors espagnols aux Incas et aux Aztèques. Cette plante de la famille des solanacées a longtemps fait l'objet d'une certaine méfiance. Elle était seulement appréciée sous une forme médicinale ou pour ses qualités décoratives, avant d'être reconnue comestible (début du xviiie siècle) et de gagner sa place à table (début xixe siècle en France). Principale qualité du nouveau fruit, "toutes les variétés de tomates ont la faculté de s'adapter en trois générations à leur nouvel environnement", souligne Pascal Poot. Ainsi sont apparues la Marmande, la Montfavet ou la Roma, mais aussi la noire de Crimée, la cornue des Andes, la géante d'Orenbourg, la rose de Berne, la Grégory Altaï, la Paul Robeson... Impossible de recenser toutes les variétés existant à travers le monde. Plusieurs milliers, disent les spécialistes.
LONGTEMPS, LA DIVERSITÉ DES FORMEs et des couleurs fut la norme. On mangeait la tomate du coin, soit la variété la mieux adaptée aux conditions locales. "Avant les années 1880, les semenciers n'existaient pas, rappelle Pascal Poot. Paysans et villageois faisaient leur sélection en fonction du goût du fruit, de ses qualités nutritionnelles et de sa résistance aux maladies." Problème, les variétés anciennes se conservent mal après la cueillette, elles ont la peau fine, sont fragiles et difficilement transportables. Bref, pas très adaptées à la consommation de masse qui s'est imposée après la seconde guerre mondiale. Or, avec le progrès est apparu le goût de l'uniformité : semenciers, cultivateurs et distributeurs se sont mis d'accord, la tomate devait être rouge et ronde ou ne pas être. Les premières tomates hybrides ont commencé à pousser sous serre dans les années 1960, des variétés offrant de meilleures capacités de résistance et des rendements nettement supérieurs. Rondeurs et décadence.
"Au fil des générations, écrivait il y a quelques années la revue Semences et Progrès, on a cherché à introduire plusieurs gènes contrôlant la structure du fruit, l'épaisseur des parois et des cloisons internes, de la peau." Et c'est ainsi qu'ont été créées les tomates dites "long life" et le concept de "désaisonnalisation" : en rationalisant les cycles de production sous serre, en accélérant et en sécurisant les modes de transport, on pourrait manger des tomates tout au long de l'année. "Dans les années 1980, on a travaillé sur l'aptitude à la conservation et c'est là que les choses ont commencé à se dégrader", explique Mathilde Causse, chercheuse à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) à l'unité Génétique et amélioration des fruits et légumes de Montfavet (Vaucluse). On a créé des variétés longue conservation grâce à la mutation du gène RIN (ripening inhibitor). Leur maturation va être plus lente, leur texture va évoluer différemment pour devenir plus farineuse, moins aromatique. Et la production va se développer à grande échelle, sous les serres du Nord et du Sud : des tomates cultivées au Maroc et en Espagne pourront atteindre les marchés d'Europe du Nord en hiver dans un bon état de conservation ; celles de Belgique et des Pays-Bas prendront le relais au printemps, celles de Bretagne en été pour la consommation française. Il suffit de les cueillir avant maturité et de les charger dans des camions frigorifiques et on aura des tomates toute l'année.

Parfait, sauf que manque de soleil et chaîne du froid égalent blocage des arômes et perte de goût. Mais qui se souciait alors des saveurs de la tomate ? Selon Pascal Poot, "le goût n'a pas été pris en compte. Au contraire, c'est plutôt l'absence de goût qui était recherchée, une forme de neutralité." Sur la terrasse de son restaurant qui voisine le Palais des papes, à Avignon, Christian Etienne se souvient de sa première conversation avec une spécialiste de l'INRA, lorsqu'il envisagea de créer son menu tomates, voilà une vingtaine d'années : "Elle m'a dit que j'étais la première personne à lui poser des questions sur le goût !" "Pendant longtemps, on n'a pas sélectionné en fonction du goût, on pensait qu'il était inhérent à la tomate", reconnaît d'ailleurs Mathilde Causse. Selon cette chercheuse, le goût est devenu un sujet de préoccupation pour les consommateurs – et donc pour les producteurs – voilà une quinzaine d'années, lorsque tomates hollandaises et daniela israéliennes, toutes plus "élaborées" les unes que les autres, avaient envahi les marchés. "Les hybrides F1 sont obtenus à partir de lignées pures, précise Eric Marchand, producteur de semences, de plants et de légumes à Boug-lès-Valence (Drôme). Dans ce mode de sélection, on appauvrit le caractère génétique des deux parents jusqu'à obtenir le gène voulu, avec le caractère voulu. Or, favoriser la stabilité et l'homogénéité, c'est le contraire du vivant. Donc du goût."
Dans leurs potagers et dans leurs laboratoires, jardiniers et chercheurs se sont donc remis au travail. D'Italie est venue une idée brillante. Puisque l'odeur de la tomate participe largement du plaisir qu'il y a à la consommer, proposons donc des tomates odoriférantes. Comment ? En les présentant sous forme de grappes, attachées à leurs tiges, là où se niche l'odeur de la tomate, que tout un chacun confond avec son goût. Un plaisir apparemment retrouvé, mais un non-sens botanique, puisque les fruits d'une grappe ordinaire, normale, mûrissent progressivement, jamais en même temps, rappelle Nicolas Toutain, le jardinier-chef de La Bourdaisière. Comme les autres variétés longue conservation, la tomate grappe a donc perdu une partie de ses qualités gustatives. Et déçu ses amateurs. Prochaine sur la liste des désillusions, la tomate cerise, la plus prisée des plus jeunes – "elle ressemble à un bonbon et elle est sucrée", relève Nicolas Toutain. Longtemps aveuglée par son traumatisme dû aux tomates belges, la cliente du marchand de Belleville vient de réaliser qu'en plein été, les minitomates lui coûtent 19,95 euros le kilo. Nouvelle déception. Eternel recommencement.



ALORS QUE FAIRE ? Premièrement, savoir raison garder. Se demander avec Christian Etienne si cette histoire du "vrai goût" disparu ne relèverait pas de l'ordre du fantasme : "On cherche aussi le bon pain d'avant et il y a toujours eu du bon et du moins bon pain, comme il y a toujours eu des bonnes et des mauvaises tomates", rappelle le chef avignonnais. Ensuite, savoir que le goût est chose extrêmement subtile – celui de la tomate met en jeu 300 à 500 molécules (sucre, mais aussi tanins, terpène, flavonoïdes, acides aminés...) – et très personnelle. "Chacun de nous a ses propres références. Si vous avez été content de découvrir un goût, vous allez essayer de le retrouver", souligne Patrick Mac Leod, retraité de la recherche en neurophysiologie sensorielle et fondateur de l'Institut du goût, à Paris. "La mémoire du goût, cela n'existe pas, la mémoire existe et il n'y en a qu'une et elle est associative, reprend M. Mac Leod. Par exemple, je ne me souviens pas très bien du goût des tomates que j'ai mangées il y a dix ans, je me rappelle mieux le goût de celles que j'ai mangées il y a deux ou trois ans."
De nos cinq sens, ajoute-t-il, la vision est prioritaire : "Nous avons 1,5 million de canaux sensoriels qui envoient leurs informations au cerveau. Un million concernent la vision, 500 000 les quatre autres sens. Pour vendre leurs tomates, les producteurs s'adressent en priorité à leur aspect. Et les gens qui ont acheté un beau fruit sont contents de le manger puisque c'est beau. Jusqu'à ce que quelqu'un se lasse et se demande pourquoi il n'y a pas de goût là-dedans." Après la vision vient le temps du toucher, "la texture va avoir son importance", puis l'odeur. Une fois en bouche, "il n'y aura plus que le goût, poursuit le chercheur. Le cerveau combine alors les images sensorielles du goût et de l'odeur pour n'en faire plus qu'une, laquelle sera associée à celle que j'avais fabriquée avec mes yeux. Au final, j'aurai une image unique dans le cerveau, associée au mot tomate." Et la quête du "vrai goût" peut commencer si cette combinaison évoque un certain plaisir.
Enfin, plutôt que de désespérer ou de pester contre les progrès de la recherche, ne pas oublier que partout des producteurs et des institutions se démènent pour faire revivre des variétés malmenées par la recherche. Journées et fêtes de la tomate connaissent un succès grandissant. Chez Jardin'Envie, à Bourg-lès-Valence, Eric Marchand promet qu'en revisitant les méthodes ancestrales et en les enrichissant des connaissances nouvelles, on peut obtenir des tomates qui peuvent se conserver jusqu'à trois mois à température ambiante, tout en gardant un goût agréable. A Olmet-et-Villecun, Pascal Poot assure qu'il réussit à redonner aux enfants l'envie d'en manger. Et Christian Etienne défend vigoureusement la cause des tomates provençales, toujours les meilleures à ses yeux. "Il n'y a jamais eu autant de diversité de goûts qu'aujourd'hui, plaide Mme Causse, à l'INRA. Mais les mêmes consommateurs qui exigent plus de goût veulent en acheter en toute saison, même en hiver, tout en réclamant qu'elles ne soient pas trop chères ! Beaucoup d'autres fruits et légumes ont perdu de leur saveur, mais personne n'écrit sur le goût perdu des haricots." Revers de la gloire, on ne pardonne rien à la reine des potagers.

L'État croque-mort et sa sordide paperasse

Il y a deux choses certaines, dit-on : les impôts et la mort. Ce que beaucoup ignorent, c'est qu'au-delà des impôts et par delà la mort, la paperasserie que la bureaucratie étatique impose à tous, morts y compris, est devenue en France une incroyable machine à broyer minutieusement les familles.
On se souvient, il y a quelques années déjà, que les sénateurs avaient décidé que la crémation devait être fermement régulée, parce que, comprenez-vous, si on laisse les familles s'occuper de leurs morts, on aboutira forcément à des gens qui font n'importe quoi avec les cendres (les sniffer, les répandre partout dans leur jardin, les jeter en pleine mer sans autorisation de polluer les poissons et tout ça). Bref : devant l'abominable vide juridique qui laissait ainsi les gens libres de faire ce qu'ils pensaient le mieux pour leurs défunts (quelle horreur !), les sénateurs, n'écoutant que leur courage et leur besoin compulsif de fourrer leurs doigts boudinés dans les affaires des autres, avaient pondu une magnifique loi tatillonne qui avaient rapidement mis de l'ordre dans tout ce bazar libre et auto-organisé.
Grâce à leur rapide intervention, il ne fut bientôt plus possible en France d'organiser ses funérailles et sa crémation comme on l'entendait. Ouf ! Il était temps ! Un peu plus, et des milliers de familles se seraient empressées d'aller répandre les cendres de leurs chers disparus depuis des ponts surplombant des autoroutes, provoquant des accidents graves. Sans même compter les petits comiques qui n'auraient rien trouvé de mieux à faire qu'à distribuer les restes de leurs défunts dans des préparations culinaires amusantes, et autres inventions géniales pour se débarrasser d'encombrants souvenirs avec des méthodes que la loi et la morale réprouvent.
On pourrait croire que les pénibleries bureaucratiques ne concernent que les originaux qui choisissent - bêtement - le mode de la crémation pour des raisons forcément troubles (comme, par exemple, s'éviter des frais de mise en bière, d'enterrement, et de concession) et qu'après tout, puisque ces familles font ce choix pour s'éviter des impôts et des taxes - quels rapiats, quand on y pense - au moins, par contraste, on n'enquiquinerait pas trop les familles qui ont, elles, choisi de procéder de la manière normale (à savoir, du bon enterrement stato-compatible et bien reconnu en République du Bisou Égalitaire).
Le récent témoignage d'une de mes lectrices m'a permis d'ajouter quelques intéressantes informations sur le douloureux chapitre de la Gestion Étatique de la Mort. Force est de constater que ce sujet, très très mal couvert par les médias, pour lequel il n'existe qu'assez peu d'information, a été largement laissé au bon vouloir du législateur qui s'en est donné à cœur joie, probablement parce que n'ayant senti aucun frein de la part des médias. Eh oui : en république laïque, les morts n'intéressent pas, on peut donc leur faire subir tous les derniers outrages légaux, ça ne provoquera aucun tollé d'aucun journaliste pas du tout conscientisé.
Si, on le sait, les ennuis commencent en réalité dès la naissance, pour le cas qui nous occupe, c'est au moment où la personne rend son dernier soupir que le Niagara d'emmerdements paperassiers débute. Et si jamais le défunt a eu la très mauvaise idée de claboter loin de son lieu normal de résidence, alors là, vous décrochez la timbale.
En effet, dans ce cas, vous avez 48 heures (et pas une de plus) pour rapatrier le corps (d'où qu'il vienne). Sinon, quoi que le défunt ait décidé pour ses funérailles, il sera mis en bière. On imagine que, avec ce genre de délais, le rapatriement depuis certains pays doit donner un délicieux parfum d'aventure dont la famille doit apprécier toute la valeur à ce moment là.
Mais même sans parler de cas pénibles où le défunt n'est pas dans son pays d'origine, lorsqu'il s'agit simplement d'une mort hors de sa commune, ce délai de 48 heures est rapidement passé. En effet, peu importe son choix, il devra être inhumé dans sa commune d'habitation. Ce qui veut dire qu'il faut donc contacter les pompes funèbres du lieu d'habitation afin de faire rapatrier le corps et obtenir les papiers et autorisations nécessaires, autorisations que l'on obtient auprès de la mairie où la personne est décédée. Ici, on comprend qu'on va devoir faire travailler de concert deux administrations complètement étrangères, puisque de deux communes différentes. Le langage administratif étant ce qu'il est, la famille servira d'interprète entre les deux entités.
Eh oui : c'est bien à la famille de faire les petits papiers nécessaires au rapatriement du défunt ; les pompes funèbres ne s'en occupent pas (elles sont, pour rappel, dans la commune de destination). Évidemment, on s'en doute, ces petits papiers sont à la fois simples et peu nombreux : l'original de l'acte de décès, dont on devra aussi fournir une photocopie, l'autorisation écrite de tous les parents directs du défunt pour le rapatriement, avec la photocopie de leur carte d'identité, bien sûr. Et on y ajoutera la photocopie du livret de famille, parce que oui, on a tous, toujours, sur soi, son livret de famille prêt à servir, avec une ou deux photocopies récentes pour la joindre à toutes les demandes judicieuses d'une administration pour laquelle la mort n'est, rappelons-le, qu'une petite étape rapide, et une série de cases à cocher dans une douzaine de cerfa. Pas plus.
Muni de ces papiers indispensables (sans lesquels il va de soi que les familles détourneraient le cadavre pour le manger en petits morceaux goûtus, marinés dans une sauce maison, ou en barbecue, entre voisins), on peut aller à la mairie y faire les actes de décès pour les registres civils. Si tout se passe bien (mairie ouverte, horaires idoines, personnel compréhensif, démarches simples, papiers tous corrects), la mairie donne l'autorisation pour le transport du corps. On imagine assez bien que dans une petite commune, on doit faire face aux horaires judicieusement ciselés pour éviter toute praticité. Et dans une grande commune, on peut y ajouter l'inévitable distributeur de tickets, la queue interminable et la probabilité non nulle d'arriver devant le guichet pour entendre "Ah désolé revenez plus tard là c'est fermé". Parce que, rappelez-vous bien que personne ne meurt un samedi soir d'août à 500 km de son lieu d'habitation. Personne. On est en France, merde. Les gens, bien élevés, meurent chez eux le mardi, entre 10h et midi !
Vous ne le savez sans doute pas, mais il y a un acte de décès civil, qui vous sera remis, après quelques péripéties bureaucratiques, par la municipalité où aura eu lieu le décès. Enfin, si elle est ouverte. Et il y a aussi un acte de décès médical, qui vous sera remis, après quelques autres péripéties bureaucratiques sans rapport avec les précédentes, par l'hôpital ou la clinique qui aura constaté le décès. L'original de cet autre acte vous sera indispensable pour que le croque-mort puisse trimbaler le défunt. Et comme personne (ni à la mairie, ni à l'hôpital) ne vous remettra le précieux certificat si vous ne le demandez pas (ce qui suppose de savoir qu'il existe et qu'il vous est indispensable, hein, bien sûr), vous serez bon, à un moment ou un autre, pour trotter dans l'établissement médical afin de le réclamer.
Heureusement, là encore, ce sera facile puisque les services administratifs de ces endroits sont ouverts de façon extensive, que leur personnel y sera, comme d'habitude, charmant, compréhensif et prêt à se mettre en quatre pour atténuer la douleur de la perte d'un proche. Mais faut pas pousser. Ce sera le mercredi, entre 14:00 et 15:30, et encore, si Simone n'a pas pris ses congés d'août. Sachons
vivre
mourir. 35h et tout ça. Non mais.
Tout ceci, évidemment, est un parcours possible. On imagine sans mal qu'il peut y avoir quelques embûches supplémentaires qui ajouteront au côté épique. Tout le monde ne meurt pas forcément dans sa commune de résidence ou dans la commune avoisinante. Tout le monde n'a pas forcément une famille nombreuse et débrouillarde, dont chaque membre, fonctionnaire ou assimilé, peut prendre plusieurs jours de congé au débotté. Tout le monde n'a pas forcément des membres de sa famille libres de leurs mouvements, motorisés ou disposant d'un salaire souple et large (ou, à défaut, d'un banquier compréhensif ou d'une assurance en béton armé) permettant d'organiser tous les déplacements.
Pour les naïfs qui s'imagineraient encore que la mort est, finalement, une délivrance, ne rêvez pas : dans la patrie des Droits de l'Homme, les droits sont millimétrés, et lorsqu'on vient de mourir, on n'est plus un Homme et on n'a donc plus que le droit de subir la paperasserie étatique, en long, en large, en travers. On ne fait pas ce qu'on veut avec le corps d'un défunt. Même pas lui rendre hommage sans le cerfa 27B-7 tamponné ici et là.


Et non, vous n'aurez pas le droit de vous faire enterrer là où vous voulez (chez vous par exemple), sauf dans des conditions très particulières, encadrées par une palanquée d'articles législatifs taillés au cordeau pour, en définitive, rigoureusement écarter la plèbe de ce genre de facilités (on pourra se rappeler du cas de Jean Gabin, dont la famille avait dû subir un parcours administratif "rigolo" pour que les cendres de l'acteur soient bien répandues en mer selon sa volonté). Quant à la dispersion, justement, elle doit faire l'objet d'une autorisation explicite de la mairie de la commune où la cérémonie aura lieu, sans doute pour éviter le cas où cela se fait de façon amusante, sur des pare-brises de voitures, au milieu d'un match de foot avec l'urne, ou je ne sais quoi d'autre. Il est indispensable, là encore, que l’État y mette son nez. Il en va de la
vie
mort de ses administrés, quoi !
Bref.
Si l'on ajoute les lois sur la crémation à ces parcours administratifs innovants et jouissifs lorsqu'un décès survient, si l'on n'oublie pas que viennent ensuite tous les organismes d’État à commencer par le fisc pour grignoter un peu le corps froid, on comprend que la mort n'est, depuis bien longtemps, plus une affaire intime, la cérémonie n'est plus ce dernier moment privilégié de salutation, d'adieu à un être cher, c'est, avant tout, une simple étape de plus que nous fait subir le plus froid des monstres froids, avec une bonne quantité d'avanies et de vexations pour bien nous faire comprendre qu'il nous possède, de la naissance à la mort, et au-delà.



La pièce syrienne

La mission de Kofi Annan était impossible. Sans surprise, l’ancien secrétaire général de l’Onu a reconnu son échec. Pour une fois, ce diplomate chevronné, unanimement décrit comme quelqu’un de pondéré, a laissé pointer son amertume. Évoquant le « manque de soutien » et « les divisions de la communauté internationale » qui ont provoqué son échec, Kofi Annan a mis en évidence la responsabilité des grandes puissances dans la tragédie syrienne.
Moscou et Washington ont choisi leur camp, qui n’est pas forcément celui du peuple syrien. Barack Obama engage de plus en plus son pays dans la fourniture d’armes aux rebelles, alors que Vladimir Poutine aide Assad à s’accrocher au pouvoir.
Plus que jamais, la Syrie est un pion sur l’échiquier compliqué du Proche-Orient. Kofi Annan risquait de renverser les pièces savamment manipulées par les puissances qui jouent à la guerre froide. La Syrie est devenue un de ces conflits périphériques qui renvoient au temps de Brejnev et de Nixon.
Et, comme au pire moment des relations URSS-USA, l’Onu se contente de jouer le rôle de dernier salon où l’on cause de la guerre ou de la paix. Les résolutions se suivent, se ressemblent, et sont superbement ignorées par les belligérants.
Cela, évidemment, est plus ou moins habilement camouflé dans les ors des conférences régionales, ou sous les lambris du bâtiment des Nations unies. Sans rire, Vladimir Poutine déclare que la démission de Kofi Annan est « très regrettable ». Assad la regrette aussi. Si l’hypocrisie était une épreuve olympique, les deux hommes mériteraient une médaille, comme la prudente Chine, et les Américains ne termineraient pas loin du podium, sous les encouragements des pays arabes qui veulent contrôler ce nouvel épisode d’un printemps aux bourgeons explosifs et aux fleurs si fragiles.
Le président américain engage de plus en plus la CIA dans ce conflit, en toute discrétion, histoire de ne pas gêner le candidat Obama.
Et les Syriens ? Ils souffrent, meurent et s’enfuient, car ils ne peuvent pas démissionner.

LE DESTIN DE LA FRANCE EN UNE CHANSON : "DEPT BOMB"

"Salauds de riches" par Frédéric Georges-Tudo 

 L'analyse du mal Français exploité par le gauche