TOUT EST DIT

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mardi 6 décembre 2011

Parrainages : Boutin en appelle à la gauche

La candidate du Parti chrétien-démocrate dénonce l'attitude de l'UMP. 

Candidate pour 2012, Christine Boutin se demande si Jean-François Copé n'a pas tenu des propos que la justice peut considérer comme préjudiciables à sa campagne. La présidente du Parti chrétien-démocrate a indiqué lundi, lors de la présentation de son programme au Press Club, son intention «de saisir le Conseil d'État» en raison des consignes données par le secrétaire général de l'UMP de ne pas soutenir de petits candidats. «C'est antidémocratique», a lancé l'ex-ministre de la Ville qui totalise 150 parrainages d'élus et doit en obtenir 500 au 16 mars. Christine Boutin ne peut pas imaginer «que dans la France des droits de l'homme, il n'y ait pas de diversité dans la vie démocratique». «Si nous n'avions pas nos signatures, a-t-elle prévenu, ce serait excessivement inquiétant.»
Déterminée à aller jusqu'au bout, «à moins d'une menace d'un nouveau 21 avril», l'ex-députée des Yvelines, «inquiète», ne se prive d'aucune perspective de parrainage. «Je vais demander à la gauche de m'aider», a-t-elle dit en précisant que «le parrainage, c'est un soutien à la démocratie et pas au candidat». Déjà candidate en 2002 (1,2%), Christine Boutin «ne s'interdit pas de rencontrer des responsables socialistes», signale son entourage. En marge du Salon des maires, un conseiller régional PS avait indiqué son intention de la soutenir tout en préférant, pour le moment, conserver l'anonymat.
Boutin a bâti son programme sur trois piliers -«résister, transmettre, construire»- posés sur la base «des valeurs chrétiennes». Elle sait qu'elle fera «moins de 5%» si elle se présente en avril. Mais elle espère «les 3% qui sont faiseurs de roi». «En dessous de 3%, ce serait synonyme d'échec.» Quelque 36.000 courriers de demande de parrainage, avec un exemplaire du journal de rue L'Itinérant qui lui est consacré, ont été adressés aux élus.
CETTE FEMME EST HAÏSSABLE, SOUS SES COUVERTS DE CHRÉTIENTÉ, ELLE DÉVELOPPE UN EGO SUR-HYPERTROPHIÉ.

Nogent plus urgent que le bois de Boulogne

Le scénario de Greenpeace, experte en désobéissance civile, était réglé comme du papier à musique. Son coup d'éclat, après que ses militants se sont introduits dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, a réussi. L'image fait le tour du web. Le défi lancé par l'organisation écologiste, selon laquelle « le nucléaire sûr n'existe pas », ébranlera quelques certitudes. On n'est pas loin de penser en effet qu'on entre dans une centrale comme dans un moulin ! Cette intrusion révèle a minima une faille dans le dispositif, si l'on veut bien songer que neuf militants se sont promenés pas très loin du cœur de la centrale, certes sans pénétrer dans le saint des saints, surprotégé quant à lui. EDF, comme à son habitude, minimise l'incident mais ne convainc pas : on a compris qu'elle ne voulait pas créer un phénomène de victimisation mais pourquoi diable ont-ils été interpellés un quart d'heure après avoir été repérés ? Car au final, l'électricien contribue à alimenter le doute autour de l'idée de vulnérabilité du nucléaire. Cette opération soulève aussi une contradiction spectaculaire entre un discours officiel sur une sécurité à toute épreuve et les moyens folkloriques de visiteurs armés de pinces et banderoles. Elle arrive à point nommé après Fukushima qui oblige à s'interroger - imaginer l'inimaginable - et à réévaluer les risques et les normes. Prévoir l'imprévisible, n'est-ce pas au fond ce que le commando a déjoué ? Cette action aura enfin montré au ministre de l'Intérieur un autre sens des priorités : il y a mieux à faire et plus urgent à Nogent-sur-Seine qu'à commenter un contrôle de police au bois de Boulogne !

Les socialistes dénoncent un traité "de pure contrainte budgétaire pour plus tard" et "rien pour maintenant"

Les propositions de nouveau traité, conjointement lancées lundi 5 décembre par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, n'ont fort logiquement pas convaincu les socialistes. A commencer par leur candidat François Hollande. "Face à une crise de confiance, ce n'est pas l'annonce d'un traité quel qu'il soit, à 17 ou à 27, qui peut être de nature à redonner aux citoyens et aux marchés une vision, explique au Monde M. Hollande. La réponse doit être immédiate. Ce qui est attendu par les marchés, c'est une intervention massive de la BCE [Banque centrale européenne], la mise en place des eurobonds ou un renforcement du fonds de stabilité financière qui deviendrait une banque. Aucune de ces mesures n'ayant été prise, l'annonce d'un traité ne peut être le règlement d'un problème immédiat."

Pour le candidat socialiste, le traité pose "deux problèmes": "Le premier, c'est que le traité ne pourra être ratifié que bien après la présidentielle. Le second, c'est qu'il n'y aura pas de majorité pour voter la révision constitutionnelle" qu'il implique.
"TOTALE IMPUISSANCE" DE SARKOZY

Argument repris par Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale: "Nicolas Sarkozy est un président en fin de mandat qui fait campagne: il n'a pas la légitimité politique pour demander au Parlement actuel de modifier la Constitution." Pour le député et maire de Nantes, "face à la gravité de la crise, Nicolas Sarkozy montre une totale impuissance. Le traité qu'il propose va demander du temps".
Voilà la principale critique adressée par les socialistes: l'incapacité présumée du dispositif Sarkozy-Merkel à faire face en temps et en heure à la gravité de la crise économique. "Un traité de pure contrainte budgétaire pour plus tard et rien pour maintenant", regrette Michel Sapin. Pour le conseiller de François Hollande, "malheureusement, il n'y a aucune surprise. Cela ressemble à un alignement complet, total et absolu sur la position de l'Allemagne".
"POUR LA FRANCE, C'EST UNE DÉFAITE, UN KO"
Les socialistes trouvent, dans les annonces du président français et de la chancelière allemande, la justification a posteriori de leurs récentes attaques sur l'hégémonisme allemand. "Si on dresse les colonnes crédit et débit, Mme Merkel rentre à la maison avec une victoire", résume Benoît Hamon. "Sur le fond, l'Allemagne voulait un nouveau traité, elle l'a", poursuit le porte-parole du PS, y ajoutant le contrôle moins avéré que pourrait exercer la Cour de justice européenne sur les parlements nationaux. Et de conclure: "Nicolas Sarkozy, je vois mal ce qu'il a à vendre. Pour la France, c'est une défaite, un KO."
Sur la règle d'or, au chapitre de laquelle le chef de l'Etat a remis la pression sur le PS, "cette question sera traitée après l'élection présidentielle", rappelle François Hollande. Le candidat socialiste estime que " si la règle d'or était prévue, il ne s'agit plus de la même: elle est renforcée, c'est-à-dire qu'elle ne dit pas simplement que les budgets doivent être conformes aux engagements européens, mais ajoute des dates. Cela en dit long sur le caractère improvisé de ces annonces". "Incapable de la faire accepter par les Français, Sarkozy réimpose la règle d'or sous couvert de Merkel", estime Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national du PS à l'international.
Quant aux menaces de dégradation de l'agence Standard and Poor's, "les agences ne pouvaient ignorer qu'il y avait une réunion qui se tenait ce lundi", indique M.Hollande, pour qui ces menaces "ne sont pas une réaction à l'accord mais à une situation qui dure depuis plusieurs semaines, avec un ralentissement de la croissance et des banques en situation difficile". Alors que pour M.Cambadélis, "Sarkozy et Merkel ne rassurent ni les peuples, ni les marchés".
QUE PEUVENT-ILS DIRE D'AUTRE ? ILS SONT SI DÉPOURVU DE SOLUTION.

"Standard and Poor's est allée trop loin"

L'agence de notation américaine menace de dégrader quinze des dix-sept membres de la zone euro, dont la France et l'Allemagne. Selon Norbert Gaillard, spécialiste des agences, elle sort ainsi de son mandat en pariant sur l'implosion de la zone euro. 

L'annonce de Standard and Poor's est-elle politique comme on l'affirme en Allemagne à trois jours d'un sommet européen ?
Les agences ne font pas de politique. Elles observent si les Etats ont de bonnes institutions, et une politique économique crédible. Ici Standard and Poor's intervient à trois jours du sommet de Bruxelles, mais il faut savoir qu'en ce moment il y a tout le temps des réunions des ministres des Finances européens ou de chefs d'Etats et de gouvernements. C'est une volonté légitime des Etats de dire "vous ne pouvez pas nous menacer, nous préparons quelque chose", mais ils ont eu des opportunités d'agir en juillet, en octobre et lors des différents G20. Il faut maintenant prendre la balle au bond et l'Allemagne doit prendre ses responsabilités.
Mais pourquoi cela arrive-t-il alors que plusieurs mesures ont été annoncées et que les marchés semblent les apprécier?Les agences ont fait des efforts pour limiter les risques d'annonces au mauvais moment. Depuis quelques mois, elles les font en dehors des heures d'ouverture des marchés et lors des rebonds boursiers, lorsque les impacts sont plus faibles. Et c'est le cas ici puisque les bourses européennes ont gagné 12% en une semaine, et les spreads se sont fortement resserrés. Imaginez le tollé si elle avait fait cette annonce il y a quinze jours au moment où les bourses chutaient... Certes aujourd'hui on dit qu'elle menace de casser l'embellie.
C'est une menace exagérée ?Standard and Poor's est allée trop loin en menaçant de dégrader l'ensemble des pays de la zone euro. Car après les menaces sur le risque souverain, l'agence donne un signal clair sur la pérennité de la zone euro et envisage l'implosion dans une échéance de trois à six mois. Tant que les agences sont en retard sur les crises, à la limite ce n'est pas gravissime. Mais si une agence fait naître une crise comme celle qui pourrait suivre la dégradation de l'ensemble des Etats européens si le sommet de vendredi accouche d'une souris, là c'est beaucoup plus grave. Les agences ont déjà aggravé des crises mais elles n'ont jamais été directement responsables de leur naissance. Car aujourd'hui l'éclatement de la zone euro n'est pas envisagé par les investisseurs, tant sur les taux d'intérêt que sur le niveau du taux de change. Ce qui pourrait même amener à terme à la disparition des notations souveraines.
Qu'aurait dû faire l'agence alors ?Elle aurait dû trier parmi les Etats de la zone euro en en plaçant une partie seulement en perspective négative, et pourquoi pas, menacer uniquement les pays notés triple A. Sauf qu'ici, elle a même mis l'Espagne, l'Italie ou la Belgique, des Etats qui se sont récemment fait dégrader et chez qui il ne s'est rien passé de grave depuis. Là c'est trop massif, trop global. Et la conséquence c'est qu'on se retrouve dans une situation où l'agence ne peut pourra pas dégrader certains Etats sans toucher aux autres.
Les Etats risquent vraiment de se faire dégrader ?Il suffit de voir les statistiques de l'agence. Pour Standard and Poor's, 70% des mises sous perspectives négatives se sont soldées par une dégradation dans les trois mois qui ont suivi. Avec le stress qui entoure la zone euro depuis plusieurs mois, on est à un niveau bien supérieur à ces 70%.
Derrière cette menace y-a-t-il un appel du pied à la BCE ?Il est clair que si ce week-end les chefs d'Etats et de gouvernements annoncent que la BCE sera préteur en dernier ressort, que le FMI est prêt à intervenir et qu'on a trouvé un accord avec des fonds souverains, alors on pourra éviter une dégradation. Ce qui pourrait convaincre l'Allemagne de réagir même si on peut encore en douter. En revanche il ne faut pas oublier que la BCE est indépendante et peut aussi agir de son côté. En dehors de la baisse éventuelle du taux directeur de la BCE à la réunion du Conseil des gouverneurs ce jeudi, Mario Draghi pourrait décider d'une action spécifique étant donnée l'urgence de la situation.

La sale victoire de Russie unie

Vladimir Poutine sera, selon toute vraisemblance, réélu président en mars 2012. Mais c'est une énorme gifle que les électeurs russes ont assénée à l'homme fort du Kremlin. À peine levé le secret de Polichinelle du retour de Poutine au sommet pour un troisième mandat, son parti a subi ce qui, au regard des moyens déployés, s'apparente à une Berezina : non seulement Russie unie a perdu 15 points et 77 sièges de députés, mais il a gagné pour de bon le titre de « parti de la triche ».

Les opposants, soigneusement muselés durant la campagne, ont beau jeu de monter en mayonnaise les irrégularités qui ont émaillé le dépouillement. Mais leurs accusations sont corroborées par les observateurs de la très sérieuse Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui parle de violations de procédure dans le décompte des voix et de « bourrage des urnes ». Et elles alimentent la méfiance à l'étranger, où, de Washington à Berlin en passant par Paris, on demande que la lumière soit faite sur cette élection sur mesure.


Poutine, dont la popularité reste enviable, parle d'un résultat « optimal ». En un sens, c'est vrai : sans être hégémonique ni même majoritaire en voix, son parti parvient, ô miracle, à garder la majorité absolue à la Douma, sans pouvoir cependant modifier seul la Constitution. Que demande le peuple ?

Cela ne suffira pas à sauver les apparences démocratiques dans un pays habitué depuis très longtemps à la propagande officielle. Avec un tiers de ses habitants connectés à Internet - la plus belle progression récente en Europe -, la Russie n'est pas plus dupe des manigances de ses gouvernants que les peuples arabes en révolte ne l'étaient ou ne le sont chez eux. On notera ce que cette extension du domaine de la Toile doit au passionné de nouvelles technologies qu'est Dmitri Medvedev. Et on ne jurerait pas que l'actuel président, obligé de céder son fauteuil après l'avoir gardé au chaud, soit fâché du camouflet que ses concitoyens viennent d'administrer au tandem qu'il forme avec son puissant Premier ministre.

La sale victoire de Russie unie n'a sans doute pas changé le scénario rêvé de Vladimir Poutine, qui se voit déjà de retour au sommet jusqu'à 2020 et au-delà. Mais les électeurs, qui supportent de plus en plus mal la démocratie de façade, ont déjà rebattu les cartes.

Le «bourrage» des urnes sauve la face de Russie unie

De multiples irrégularités constatées par les observateurs de l'OSCE permettent au parti de Poutine de garder la majorité. 

Le système politique mis en place par Vladimir Poutine il y a dix ans est en train de prendre l'eau. En dépit de multiples irrégularités en sa faveur, le parti Russie unie n'a pas réussi à atteindre la barre des 50% des voix lors des législatives. Naguère hégémonique, la formation du premier ministre n'obtient que 238 sièges sur les 450 que compte la Douma. Si elle parvient à conserver sa majorité absolue, elle perd la majorité des deux tiers nécessaire pour modifier la Constitution.
C'est le plus mauvais score pour Vladimir Poutine depuis son accession au pouvoir en 1999. Si médiocre soit-elle, cette performance n'a pu être réalisée que grâce à de «fréquentes violations du processus électoral» , a déclaré lundi la mission de l'OSCE déployée dans le pays à l'occasion du scrutin -au total 330 observateurs. «Le vote était bien organisé, mais la qualité du processus s'est considérablement détériorée durant le décompte des voix, notamment avec de sérieuses indications de bourrage des urnes», écrit l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. «Sur 115 bureaux de vote, 34 ont été le théâtre d'un très mauvais décompte» , ajoutent les observateurs. L'un des responsables de la mission, Petros Efthymiou a dénoncé la «collusion existant entre l'État et le parti» et «l'interférence des pouvoirs publics à tous les niveaux de la vie politique». La partialité de la commission électorale, noyautée par Russie unie, a été mise en cause. Lundi, la France a demandé que «toute la lumière soit faite» sur les violations.
À Perm, la grande ville de l'Oural, des électeurs ont été déposés en bus dans un bureau de vote et ont voté malgré l'absence de certificats adéquats, affirme l'ONG Golos. À Moscou, selon les journalistes sur place, dans l'arrondissement de Khorochevo-Mnevniki, une quarantaine de personnes ont été invitées dans un bureau de l'administration et se sont vu proposer 1.000 roubles (24 euros) en échange de leur vote pour Russie unie. Prévenus de leur visite, les chefs des bureaux de vote avaient préparé à chacun un paquet de dix bulletins en faveur du parti de Poutine. Dans le bureau 55 du boulevard Sadovaya Spasskaya, «tous les observateurs -sauf ceux de Russie unie- ont été renvoyés au moment de la clôture du scrutin, au prétexte qu'ils s'étaient mal comportés, en prenant des photos», raconte Maxime Bolotin, qui représentait le parti Iabloko. Résultat, au petit matin, Russie unie obtenait 71% des voix. La veille, tous les électeurs de ce bureau interrogés par Le Figaro avaient exprimé leur mécontentement à l'égard du parti dominant.

99,47% des voix en Tchétchénie 

Contrairement aux sondages sortie des urnes qui accordaient 26% à Russie unie, le parti a obtenu 46% à Moscou, connue comme l'une des villes les plus rebelles à la domination du parti majoritaire. À l'inverse, dans la République caucasienne de Tchétchénie, tenue d'une main de fer par Ramzan Kadyrov, protégé de Poutine, la participation a atteint 99,51%, et Russie unie a recueilli 99,47%! Compte tenu des irrégularités, des experts évaluent à 30% maximum le soutien en faveur de Russie unie dans le pays…

La tentation de la planche à billets

La politique est l'art du possible. Mais ce possible ne se présente pas sous le même visage à toutes les époques. Nos dirigeants ont aujourd'hui le choix entre des solutions douloureuses tout de suite ou douloureuses demain, des décisions impopulaires ou très impopulaires. Tout ça n'empêche pas notre président de vouloir rester président et ceux qui ne le sont pas de vouloir le devenir.

L'ambition demeure, mais les impétrants se crispent. La crise économique et ses injonctions les poussent à bout, alors ils craquent et parlent de l'Allemagne comme on n'osait plus le faire. « Le péril teuton est de retour, le nationalisme allemand menace, Bismarck mobilise ! » Pourquoi ne pas lancer un grand emprunt pour financer une nouvelle ligne Maginot ? Voilà qui relancerait la croissance et paierait la dette.Sauf qu'on se demande qui veut encore prêter. L'Allemagne si vertueuse, qui sert les salaires et les dépenses publiques, l'Allemagne si compétitive, qui exporte comme jamais, l'Allemagne si attachée à son triple A, a eu bien du mal, ces derniers jours, à placer sa dette sur les marchés. L'Allemagne, comme un pays alangui au bord de la Méditerranée, fait peur aux créanciers.

Au lieu de pointer les différences culturelles et de cultiver les clichés désobligeants, la classe politique européenne, ou plutôt la classe politique des nations qui tentent de composer l'Europe, pourrait pointer la dette comme dénominateur commun à la situation qui règne dans nos États pour mieux trouver des solutions efficaces parce que communes.

Dans la zone euro, on trouve des pays dont la (faible) croissance repose sur la consommation, d'autres sur la production, des pays qui ont fait le pari de l'industrialisation, d'autres qui ont laissé partir les usines, des pays qui s'appuient sur un tissu de PME, d'autres sur des mastodontes, des pays qui croient à la solidarité, d'autres à l'initiative individuelle. Mais tous ou presque connaissent un problème de dettes.

L'Allemagne n'a pas toutes les vertus économiques, mais elle mesure les effets dévastateurs de l'inflation, qui fut l'une des causes de l'arrivée au pouvoir des nazis. Elle sait aussi que son avenir est menacé par le vieillissement d'une population qui devra pouvoir compter, quand les bras et les cerveaux manqueront, sur des actifs solides et non rongés par la dépréciation de la monnaie.

On peut comprendre alors sa peur de la planche qui multiplie les billets en même temps qu'elle détruit leur valeur, et donc de ce qu'on appelle aujourd'hui pudiquement « la monétisation de la dette ». Voilà pourquoi Angela Merkel rechigne à ce que la Banque centrale européenne achète les dettes des pays les plus menacés par leurs créanciers et cède à la facilité de créer de la monnaie pour les rembourser.

Nucléaire : le zéro défaillance

L’opération commando des pacifistes de Greenpeace ne va pas refroidir le débat entre opposants et partisans du nucléaire civil qui anime ce début de campagne électorale. Les activistes de Greenpeace n’ont certes pas atteint le cœur des réacteurs. Mais ces parties de cache-cache dans deux centrales du pays éclairent l’opinion sur des failles insoupçonnées dans la surveillance des installations : dans ce monde encore dangereux et souvent déraisonnable, cette « défaillance » technologique et humaine peut se révéler aussi peu rassurante et aussi dangereuse que les fuites façon Fukushima actuellement colmatées avec des sacs de sable. La preuve du zéro défaut n’est pas apportée. Cela ne constitue pas une raison suffisante pour jeter le bébé atomique avec l’eau du circuit de refroidissement. Greenpeace rappelle une vérité : la sécurité dans le nucléaire ne se brade pas, ne se calcule pas en terme de rentabilité. La seule réponse valable à ces intrusions, c’est davantage de moyens et de personnels pour protéger les centrales. Cela tombe bien : les partisans du nucléaire se gaussent de créer des emplois. Voilà le moment de le montrer.

Environnement

Quand, en septembre 2008, la faillite de Lehmann Brothers plongea brutalement le monde dans sa plus grande crise financière depuis la seconde guerre mondiale, chacun comprit instantanément que c’était aussi une très mauvaise nouvelle pour la cause écologique. Depuis, les symptômes inquiétants montrés par la planète sont repassés au second plan, avant de s’estomper de plus en plus derrière les urgences d’une économie très malade. La conférence de Durban s’en désespère et en France la peur du chômage et d’une baisse du niveau de vie a relégué la question de l’énergie en… dernière position des thèmes majeurs qui préoccupent spontanément les Français à l’approche de la prochaine campagne présidentielle.

Au moment même où l’humanité n’avait que quelques années devant elle pour conserver une chance de ralentir le réchauffement climatique, la voilà tout entière mobilisée pour sauver coûte que coûte le modèle économique qui lui a permis de se développer. L’environnement attendra… « Ça commence à bien faire », même, selon certains…

Le nucléaire, qui ne libère pas de CO² dans l’atmosphère, a donc pu s’acheter une nouvelle virginité au point d’être labélisé « propre » et même « sûr » par ses promoteurs. Fukushima ? Un simple accident isolé qui ne doit pas, selon eux, générer des fantasmes au motif que la France, forcément exemplaire, n’a pas eu à déplorer le moindre incident grave dans ses centrales.

L’impossibilité de traiter les déchets ultimes, qui restent contaminants pendant des siècles, contredit d’emblée, pourtant, l’argument de la propreté. Restait la sûreté : les intrusions des militants de Greenpeace, qui s’ajoutent aux négligences constatées ces derniers jours par les enquêtes parlementaires, ont fait exploser les rodomontades rassurantes, et les explications piteuses de la gendarmerie semblent plutôt relever du registre gesticulatoire de l’adjudant-chef Cruchot/Louis de Funès en pleine bavure.

Il ne s’agit pas de prédire l’apocalypse tous les quatre matins et personne ne doute que la production nucléaire est bien protégée sur notre territoire, mais le risque zéro n’existe pas et les catastrophes précédentes ont prouvé que les défaillances humaines pouvaient mettre en péril les systèmes les mieux sécurisés. Ne reste alors que le cas de conscience, simple et universel : accepte-t-on, oui ou non, la présence de cette épée de Damoclès, suspendue au-dessus de nos têtes, et surtout au-dessus de celles de nos descendants ?

Vers une Europe à deux vitesses

Une Europe à deux vitesses est-elle sur le point de naître dans l'urgence ? Les jeux ne sont pas faits, mais beaucoup d'indices permettent de le penser. À commencer par le ton employé, hier, par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy à l'issue de leur entretien à l'Élysée. Le couple franco-allemand a annoncé avoir trouvé un accord sur la rédaction d'un nouveau traité censé renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro. Ce projet sera soumis au prochain Conseil, jeudi. « Notre préférence va vers un traité à vingt-sept », mais, a averti le président français, « nous sommes prêts à passer à un traité à dix-sept ». La zone euro ferait dès lors bande budgétaire à part.

L'idée d'un traité est, initialement, venue de Berlin. Elle comporte deux inconvénients majeurs : l'énorme machinerie institutionnelle qu'elle met en route et l'issue toujours incertaine du processus de ratification, comme on a pu le constater à deux reprises depuis 2005 avec le projet de Constitution rejeté par la France et les atermoiements irlandais sur le traité de Lisbonne.

En relançant la machine à traité, l'Allemagne n'ignore pas ces deux écueils. Mais on estime, outre-Rhin, que ce pas est nécessaire. Pour plusieurs raisons qui tiennent à l'histoire du siècle passé, à la culture juridique allemande et à la lecture de la crise en cours. À une méfiance aussi. La vision allemande confirme, en fait, le verdict quotidien des marchés : on ne peut plus faire confiance aux États européens en matière de discipline budgétaire, puisqu'ils n'ont pas respecté leurs propres règles. Il faudrait donc renforcer cette discipline, et les sanctions qui vont avec.

Tout le débat qui a eu lieu depuis l'été, et qui s'annonce très dense à Bruxelles, c'est le fonctionnement de cette discipline. Berlin voulait un traité fixant des sanctions automatiques contre les pays dont le déficit dérape. Sur ce point, Paris a finalement accepté. Berlin semblait vouloir confier la surveillance du mécanisme à la Commission européenne, donc à un niveau supranational. Paris s'y est opposé. On remarquera que, dans son discours de Toulon, Nicolas Sarkozy a exclusivement défendu la méthode intergouvernementale et n'a même pas cité la Commission européenne, gardienne pourtant, et longtemps moteur, de la construction européenne.

Ainsi, un compromis aurait été trouvé avec des sanctions automatiques et une règle d'or introduite dans chacun des pays signataires au nouveau traité. Ce texte confierait en outre à la Cour de justice de Luxembourg non pas un droit de regard sur les budgets, mais sur le respect de ces règles. Le calendrier annoncé parle d'un accord d'ici mars. Autrement dit avant la présidentielle. Sarkozy, par traité européen interposé, imposerait la règle d'or au prochain locataire de l'Élysée, quel qu'il soit.

La complexité de ce processus sera-t-elle du goût des autres partenaires ? Des marchés ? Le rôle marginal confié à la Commission n'est-il pas à l'opposé de la tradition franco-allemande elle-même ? La semaine apportera certaines réponses. Cette complexité cache mal, toutefois, la nature punitive de la discipline budgétaire si aucun moteur énergique pour relancer la croissance n'est réellement mis en place en parallèle. La rigueur s'installe déjà un peu partout. La relance, elle, exigera une impulsion collective. À dix-sept ou à vingt-sept.

Sarkozy-Merkel : les détails du nouveau traité européen

Les deux chefs d'Etat ont enfin parlé d'une même voix. Découvrez le détail de l'accord.

Le discours de ce lundi, à 15 heures, a finalement permis de combler le fossé qui les sépare. Qui a gagné le bras de fer ? A vous de juger.
Voici les principaux points sur lesquels Angela Merkel et Nicolas Sarkozy avaient émis de fortes divergences dans leurs discours de jeudi et vendredi dernier. De quoi aider à décrypter les décisions de ce lundi.
1 - Le style
La mise en scène et le style volontairement dramatisant du texte, tout contribuait à donner au discours de Nicolas Sarkozy un aspect solennel. En s'adressant directement aux Français, le président de la République a donné à cette intervention une forte dimension de politique intérieure. À la fois pédagogue et chef politique, Nicolas Sarkozy a réecrit à sa façon l'histoire économique des trente dernières années, insistant sur des sujets sensibles en politique intérieure. Une sorte d'enseignement préparatoire à une nécessaire réforme de la zone euro, sans fournir plus de détails.
Angela Merkel, elle, s'adressait aux députés allemands. Une obligation avant tout sommet européen pour "informer" la représentation nationale. Le propos a été logiquement plus technique, plus court et plus précis. Ainsi, omises par Nicolas Sarkozy, la place de la Cour de justice de l'Union européenne ou la recapitalisation des banques ont été abordées en détail.
2 - Les euro-obligations
Absente du discours français, l'idée des emprunts communs des pays de la zone euro a été clairement repoussée par la chancelière qui n'y voit pas une solution durable à la crise. Il n'est pas pensable pour Angela Merkel d'accepter une responsabilité pour les dettes contractées par les autres pays.
Résultat des courses : Nicolas Sarkozy s'est finalement rangé au discours d'Angela Merkel : "Les eurobonds ne sont en aucun cas une solution à la crise".
3 - Le rôle de la BCE
Le président de la République a évité la confrontation avec l'Allemagne sur le rôle de la banque centrale, en particulier sur la notion de « prêteur en dernier ressort ». Angela Merkel a donc eu la voie libre pour défendre une BCE « ancrée dans sa tâche de stabilité monétaire ». Et la dirigeante chrétienne-démocrate de rejeter toute comparaison avec les banques centrales américaines ou britanniques « dont les tâches ne sont pas les mêmes ».
Résultat des courses : Les deux dirigeants ont réaffirmé leur confiance en la Banque centrale européenne et leur promesse de s'abstenir de commentaires sur la politique de la BCE.
4 - L'union budgétaire
Le terme a été prononcé par Angela Merkel. Pour elle, l'Europe n'a "jamais été aussi près d'une telle union", désormais "nécessaire". La chancelière a cependant assuré que dans ce cas le droit du Bundestag serait préservé, notamment celui de définir le budget fédéral. Mais l'Union devra reposer sur des "règles strictes communes, au moins dans la zone euro".
Nicolas Sarkozy, lui, s'est bien gardé d'être aussi clair. Ne prononçant pas le mot d'union budgétaire, il a appelé à "examiner" et à "discuter ensemble" les budgets. Quant au contenu de cette union, Angela Merkel a très clairement défendu l'automatisation des sanctions pour les pays à déficit excessif, tandis que Nicolas Sarkozy a seulement défendu l'étrange idée de "sanctions plus automatiques". En revanche, les deux dirigeants s'accordent sur la nécessité de règles d'or s'appliquant à tous les pays membres et sur la nécessité de réformer les traités.
Résultat des courses : le mot d'Union budgétaire n'a pas été prononcé. Concernant la règle d'or, en revanche, Paris et Berlin veulent "une règle d'or renforcée et harmonisée". Merkel : "La règle d'or doit être un véritable engagement national de chaque pays"
5 - Les contrôles
C'est encore le grand point de divergence entre Paris et Berlin. À Toulon, Nicolas Sarkozy a défendu une Europe des gouvernements pour dépasser le débat entre "partisans de l'Europe des nations et partisans de l'Europe fédérale". "C'est par l'intergouvernemental que passera l'intégration européenne", a-t-il martelé. Ce n'est pas l'avis de la chancelière qui a réclamé la possibilité d'une plainte devant la cour de justice européenne contre les mauvais élèves. Une idée que Paris rejette et qui n'a même pas été évoquée à Toulon.
Résultat des courses : La cour de justice de l'Union européenne vérifiera si les budgets respectent la régle d'or. Sarkozy : "La cour de justice ne pourra annuler les budgets nationaux, c'est impossible. En revanche, on peut demander à respecter la règle d'or et la cour de justice peut vérifier"
6 - L'axe franco-allemand
Le président de la République a insisté sur la nécessité de la convergence franco-allemande. Mais, en fait, il s'agit plutôt d'un chemin français. Angela Merkel n'a pas évoqué un travail en commun spécifique avec Paris. Elle a indiqué que le projet sera présenté par Herman Van Rompuy, et affirmé que si la République fédérale voulait développer la "culture de la stabilité" en Europe, elle ne voulait pas "dominer".
Résultat des courses : L'accord franco-allemand fera l'objet d'une lettre mercredi à Van Rompuy. Sarkozy :  "Il y a entre nos deux pays 70 ans d'affrontements et 70 ans de paix. Où voulons-nous que soit l'avenir ?"
Rappel des principaux points de ce traité à l'initiative du couple franco-allemand :

- L'accord devrait entrer en vigueur en mars prochain
- Jeudi, si aucun accord n'est trouvé à 27, la France et l'Allemagne iront "à marche forcée" vers un traité à 17. Il pourra donc être approuvé avec une majorité de 85%.
- Le principe des euros-obligations est rejetté
- Sanctions automatiques pour des déficits supérieurs à 3%
- Mise en place d'une réunion tous les mois durant la crise
- Mise en place d'une règle d'or
- Rôle de la BCE : "confiance dans la BCE et indépendance".
- Pérenniser le FESF, le mettre en place dès 2012 avec une majorité de 85% pour les décisions importantes.
- La cour de justice de l'Union européenne vérifiera si les budgets respectent la régle d'or.


Conférence de presse commune d'Angela Merkel et... par publicsenat

Un Français sur trois veut revenir au franc

Faut-il sacrifier l'Europe et l'euro pour sortir de la crise ? La majorité des Français ne le pensent pas, mais ils sont de plus en plus nombreux à être tentés par cette solution, proposée aux deux extrêmes de l'échiquier politique. Selon un sondage Ipsos pour l'association Lire la société, qui sera présenté mercredi 7 décembre à l'occasion de la remise du Prix 2012 du livre d'économie, 44 % des Français pensent que l'euro est un "handicap" pour faire face à la crise actuelle et 45 % qu'il l'est pour l'économie française en général, alors que respectivement 33 % et 34 % pensent que la monnaie unique est un "atout".

"Ce différentiel de 11 points montre qu'il y a incontestablement une fragilisation de l'euro dans l'opinion française", constate Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos.


Le fait que 62 % des Français jugent que l'euro est un handicap pour le pouvoir d'achat n'est en revanche pas nouveau, selon lui, l'opinion imputant la hausse des prix à l'euro depuis sa naissance.
Au crible des préférences partisanes, le sentiment que l'euro demeure un atout pour l'économie française est, de très peu, majoritaire dans tout l'éventail politique, y compris au Front de gauche, mais à l'exception du Front national : la position inverse est partagée par les trois quarts des sympathisants du Front national, ce qui suffit à faire basculer le jugement global du côté négatif.
Cette dénonciation des effets de l'euro ne se traduit cependant que partiellement en volonté de revenir au franc. Une majorité souhaite toujours le maintien de la France dans la zone euro. Mais l'opinion inverse a gagné "environ 10 points en six à huit semaines" par rapport aux sondages antérieurs équivalents, pour atteindre 36 %, note M. Teinturier.
On peut aussi interpréter ce souhait de maintien dans l'euro, qui est majoritaire dans tous les partis - y compris au Front de gauche (80 %) - sauf au Front national (22 %), comme la conviction qu'un retour au franc rendrait la situation encore pire.
Un clivage social
Sur cette question, le clivage est moins partisan que social. Ainsi, une majorité d'ouvriers (65 %) et d'employés (53 %) sont favorables au retour au franc, quand les cadres (8 2 %) et les professions intermédiaires (69 %) restent attachés à l'euro. "La fracture sociale est ici beaucoup plus forte que, par exemple, lors du référendum de Maastricht", note M. Teinturier.
Paradoxalement, la défiance vis-à-vis de l'euro ne se traduit pas par une défiance envers les institutions européennes. M. Teinturier se dit même "étonné" de voir 49 % des Français souhaiter un renforcement des pouvoirs de l'Union européenne, contre 37 % un renforcement du pouvoir des Etats, cette position étant cependant majoritaire aux deux bouts "souverainistes" de l'échiquier politique.
De même, les Français se divisent sur une taxation des produits aux frontières de l'Union. Si une majorité, quelle que soit la position partisane, pense que cela permettrait de "protéger" l'économie française, une majorité est également consciente des effets négatifs potentiels sur les exportations françaises, et surtout sur les prix.

La Macédoine gagne une bataille contre la Grèce sur son nom

D’après l’arrêt rendu lundi 5 décembre par la Cour internationale de justice, la Grèce a eu tort de s’opposer à l’adhésion de la Macédoine à l’Otan. 

Sommet de Bucarest, avril 2008. L’Otan ouvre ses portes à l’Albanie et à la Croatie mais les referme pour la Macédoine. Cette dernière se retrouve en état de choc :  la Grèce a joué de son veto pour interdire à son voisin l’accès à l’organisation internationale, en raison du conflit homérique (1) qui oppose les deux pays sur le nom du jeune état né de l’implosion de la Yougoslavie en 1991.
Athènes veut que soit associé à son nom un qualificatif, tel que « Macédoine du Nord », pour distinguer son voisin du patrimoine historique héllénique et de sa province qui porte le nom de Macédoine.
En raison de ce différend qui dure depuis vingt ans, la Macédoine garde l’appellation provisoire d’ex-République yougoslave de Macédoine (Erym), parfois dénommée Ery Macédoine, ou encore ancienne République yougoslave de Macédoine (Arym, Fyrom en anglais) et reste marginalisée sur la scène internationale, le processus d’adhésion à l’Union européenne étant suspendu depuis son accès au statut de candidate en 2005.

Obligation de négocier pour les deux Etats

Econduite, l’Erym avait dénoncé en 2008 « la violation flagrante » de l’accord intérimaire de 1995 qui régit les relations gréco-macédoniennes. La Cour internationale de justice lui a, lundi 5 décembre, partiellement donné raison.
Elle juge en effet que la Grèce « ne s’est pas conformée » à ses obligations, notamment celle de l’article 1 de l’accord intérimaire qui dispose qu’Athènes « ne s’opposera pas à la demande d’admission  (de l’Erym) dans des organisations et institutions internationales, multilatérales ou régionales ».
Pour autant, la Cour n’a pas répondu favorablement à l’autre requête de l’Erym, qui voulait que la Grèce ne puisse plus s’opposer à l’avenir à toute demande d’adhésion sur la scène internationale. Car le même accord intérimaire réserve à la Grèce « le droit d’élever des objections » si une telle demande est faite sous une autre appellation que celle d’ex-République yougoslave de Macédoine.
En dernier lieu, la cour rappelle aux deux états leur obligation de négocier et juge bon de préciser qu’il ne s’agit « pas seulement d’entamer des négociations » mais qu’il convient « de les poursuivre autant que possible, en vue d’arriver à des accords »…

Standard & Poor's place les pays de la zone euro sous perspective négative

Standard and Poor's (S&P) accentue ses menaces sur les pays de la zone euro. Lundi 5 décembre, l'agence de notation américaine a placé la note de 15 pays de l'Eurozone sous surveillance avec perspective négative, en raison de l'accroissement des tensions systémiques au cours des dernières semaines.
Elle menace par ailleurs de dégrader ces notes d'endettement à long terme, si rien n'est fait pour endiguer la crise. Six pays, la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, l'Autriche, la Finlande et le Luxembourg, perdraient ainsi leur "AAA", la meilleure note possible. Si la rumeur concernant une dégradation de la note française gonflait ces derniers temps, c'est la première fois que l'Allemagne, première économie européenne, se voit mise en danger par une agence de notation.

Standard and Poor's a précisé, dans un communiqué, que la note de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Finlande, du Luxembourg, des Pays-Bas et de la Belgique serait abaissée d'un cran maximum. Celle des autres pays, dont la France, pourrait être abaissée d'un maximum de deux crans.
>> Voir notre infographie : La notation des pays européens par S&P
La note de Chypre était déjà sous surveillance avec implication négative, tandis que celle de la Grèce, en défaut de paiement, n'a pas été placée sous surveillance, ce qui explique que les annonces de S&P ne concernent que 15 des 17 pays membres de la zone euro.
AVIS RENDU APRÈS LE SOMMET DE VENDREDI
Une mise sous surveillance avec implication négative signifie en effet que S&P est en train de revoir les notes attribuées aux pays concernés et qu'elle pourrait décider de les baisser dans les trois mois à venir. S&P a cependant précisé qu'elle avait l'intention de conclure sa revue le plus vite possible, dans la foulée du sommet européen de vendredi.
Considéré par certains comme celui de la dernière chance pour sortir de la crise de la dette, ce sommet est censé conclure une semaine faite de rendez-vous importants, dont le premier en date a été la rencontre entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy.
A l'issue de cette dernière, les deux dirigeants ont annoncé un accord franco-allemand "complet" sur le renforcement de la gouvernance de zone euro, passant par la rédaction d'un nouveau traité dès le mois de mars. Cet accord fait suite à des semaines de négociations laborieuses pour tenter de remédier à la crise de la zone euro provoquée par l'endettement de nombreux pays.
Parmi les causes de l'accroissement des tensions systémiques pointées par Standard & Poor's, figurent le durcissement des conditions de crédit, les primes de risque plus élevées demandées pour des obligations souveraines, y compris celles émises par des pays notées "AAA", la persistance des désaccords entre dirigeants européens sur la manière de sortir de la crise, le niveau élevé d'endettement dans une bonne partie de la zone euro et un risque accru de récession dans la zone euro.
"PRENDRE TOUTES LES DÉCISIONS NÉCESSAIRES"
Après cette annonce, la France et l'Allemagne se sont voulues rassurantes et ont déclaré dans un communiqué commun que la stabilité de la zone euro était leur premier objectif. "La France et l'Allemagne, pleinement solidaires, confirment leur volonté de prendre toutes les décisions nécessaires, en lien avec leurs partenaires et les institutions européennes pour assurer la stabilité de la zone euro", indique le texte.
Et de préciser : "La France et l'Allemagne réaffirment que les propositions formulées aujourd'hui conjointement permettront de renforcer la gouvernance de la zone euro afin de rétablir la stabilité, la compétitivité et la croissance."
PAS D'AUGMENTATION DU CAPITAL DES BANQUES
Le ministre de l'économie, François Baroin, a quant à lui assuré que "tout était fait pour protéger les économies des Français". Il a également affirmé que l'Etat n'aurait pas besoin de participer à une augmentation du capital des banques françaises. "Tout est fait pour permettre aux banques de maintenir l'irrigation à l'activité économique. Elles le continueront. Il n'y aura pas besoin de participation publique à l'augmentation du capital des banques", a-t-il déclaré sur France 3.
M. Baroin a malgré tout reconnu que la zone euro n'allait "pas bien", et qu'il lui fallait absolument "restaurer la confiance" auprès des marchés. Mais il a assuré que la France était un "pays sérieux", ce que l'agence de notations reconnaissait.