TOUT EST DIT

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mardi 17 janvier 2012

Le Royaume-Uni redoute d'être le prochain pays à perdre son AAA

La dégradation, par Standard & Poor's (S&P) de neuf membres de la zone euro, dont la France, inquiète le Royaume-Uni. Sur le thème : l'île d'Albion sera-t-elle la prochaine sur la liste des pays qui perdent leur triple A ?

De fait, l'une des faiblesses invoquée par l'agence américaine de notation à l'appui de sa décision d'abaisser la note de la France d'un cran est l'anémie de la croissance. Ce même critère pourrait mettre en péril le maintien du AAA britannique, sésame garant de sa solvabilité qui lui permet de s'endetter à bas coût.
Londres s'inquiète de voir ses partenaires européens mettre en cause la légitimité de son AAA. Après les attaques récentes de Paris sur son économie, l'Allemagne a, à son tour, attaqué. Ainsi, pour Michael Fuchs, numéro deux du groupe parlementaire de la CDU, la formation politique de la chancelière Angela Merkel, "si l'on veut être cohérent, il faudrait aussi dégrader le Royaume-Uni" dont la dette et le déficit budgétaire structurel sont plus élevés qu'en France.
A lire le rapport alarmiste publié ce week-end par le cabinet comptable Ernst & Young, la reprise économique outre-Manche est "paralysée" par la crise de la zone euro qui absorbe deux cinquièmes des exportations du royaume. Le document prévoit une récession au dernier trimestre 2011 et au premier trimestre 2012.
Tout en applaudissant la cure d'austérité draconienne poursuivie sans relâche par Londres, les agences de notation s'inquiètent des perspectives peu réjouissantes de croissance. Les exportations et l'investissement du secteur privé n'ont pas pris le relais de la consommation et des dépenses publiques, affectées par la crise. La productivité est pénalisée par la baisse des crédits bancaires aux petites et moyennes entreprises, moteurs traditionnels de l'innovation et de la création d'emplois ainsi que par la réduction du budget de la formation professionnelle.
La politique de la Banque d'Angleterre - qui fait marcher la planche à billets et achète sans retenue de la dette souveraine britannique - milite pour sa part pour le maintien du AAA. Mais, l'injection de liquidités par l'institut d'émission présente des risques d'aggravation d'une inflation déjà élevée, à 4,8 % pour l'heure.
Comme le fait remarquer Liam Halligan, économiste auprès du gestionnaire de patrimoine Prosperity Capital Management, à cette dette officielle s'ajoutent les engagements, selon ses propres termes, "cachés" de l'Etat britannique : le poids des retraites dans le secteur public et la facture des projets défaillants du partenariat privé-public.
Il cite également le coût colossal de la nationalisation de plusieurs banques et organismes de prêts hypothécaires, dont Royal Bank of Scotland et Lloyds, à la suite de la crise financière de 2008-2009. Et à voir la vente au rabais de Northern Rock à Virgin Money, les revenus tirés de la cession future des établissements publics pourraient être bien inférieurs aux prévisions optimistes du Trésor.
Enfin, l'agence Moody's a publié fin décembre 2011 une mise en garde sur le triple A du Royaume-Uni, en raison, notamment, de la montée du déficit budgétaire et de la croissance quasi nulle (Le Monde du 23 décembre 2011).
Reste que malgré ces nuages, Richard McGuire, analyste obligataire auprès de la Rabobank, est persuadé que l'économie britannique garde deux atouts de poids pour conserver le AAA : "Sa propre devise et une politique fiscale crédible."

Télescopage

S’il fallait se résigner à opposer les règles de l’économie contemporaine à la démocratie, la journée d’hier serait un modèle. Le discours volontiers caricatural d’un Jean-Luc Mélenchon aura eu de quoi faire son miel du galimatias que les agences de notation nous ont imposé. L’une dégrade, l’autre pas. La gauche embraye sur les prévisions de la première, et le surlendemain la droite se surexcite, à la limite, sur la seconde. « Le peuple » n’y comprend rien. La presse fait semblant de trouver un ordre immanent à l’anarchie des analystes financiers mais la plume hésite à se noyer dans les marécages de calculs dérisoires qui lui échappent.

Une seule certitude : ça va mal, comme l’a confessé, à Strasbourg, et le plus gravement du monde, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, et toutes les petites manœuvres pour exploiter les oscillations positives ou négatives du désastre n’y pourront rien changer. Que Moody’s et Fitch conservent le triple A deux jours après que Standard & Poor’s l’eut ramené à un simple double (plus) suffit à démontrer l’inanité des spéculations sur ce nouveau symbole qui ridiculise de grandes et vieilles nations au gré de ses humeurs. À quoi bon perdre du temps en vaines conjectures sur ces thermomètres approximatifs quand, de toute façon, il apparaît indiscutable — hélas — que la situation de la France est mauvaise, sinon critique ? Le petit jeu de ping-pong entre le clan Sarkozy et l’équipe Hollande est d’un pathétique navrant. Un président de la République qui refuse de répondre à une question simple sur la première lettre de l’alphabet. Une opposition qui fait semblant de croire, contre toute raison, que le programme du candidat PS est insensible à la crise. Et les amis de l’un qui accusent les amis de l’autre de se réjouir du malheur national… Tant d’intelligence réduite à tant de mesquinerie infantile c’est un spectacle affligeant. Assez ! Quel mépris pour eux-mêmes. Quel mépris pour nous ! Quel mépris à l’égard des électeurs ! Quel cadeau fait aux extrêmes !

Faut-il que les candidats à la présidentielle soient à ce point aveuglés par les lumières du pouvoir pour se ruer comme des affamés vers la sombre pénitence de l’Élysée ? Récupérer une note dégradée pourra prendre dix-quinze ans. De quoi user deux ou trois mandats… et couper l’appétit. Mais non. Il faut croire que les ministères protègent du réel pour rester autant convoités. Hier soir, à l’heure de la rédaction de cet éditorial, mon fils de 17 ans révisait un cours d’économie sur Tocqueville. Je ne sais pas pourquoi, l’ironie du télescopage m’a fait sourire…

On espère toucher le fond

La campagne présidentielle va-t-elle enfin s'attaquer aux questions qui intéressent les électeurs ? Les candidats – déclarés ou non – peuvent-ils redescendre dans la «France d'en bas » ? Tous ces capitaines ne montrent pas de cap, ne semblent pas avoir de boussole. Ou alors celle des agences de notation. D'accord, les conséquences d'une dégradation peuvent se ressentir dans la vie courante. Quels sont ses effets ? Les connaissent-ils ? Et comment les combattre ? Rigueur, austérité, relance... ça veut dire quoi, bon sang !
À Maubeuge, des médias ont décidé d'ouvrir des carnets de campagne. Les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses, mais ont de moins en moins les moyens de vivre. Quelle fantastique sujet pour un homme politique postulant au premier rang de l’État ! Nos vieux sont-ils une charge ou un atout pour la société ? Comment changer notre relation aux personnes fragilisées d'une manière générale ?
Ce sera sans doute plus facile de « rebondir » sur l'affaire Élodie Kulik. L'auteur du viol a été confondu dix ans après les faits et alors qu'il est mort entretemps. Grâce à quoi ? À une technique ultramoderne reposant sur un fichier d'empreintes génétiques. La Justice - et donc la sécurité – serait à ce prix, en contradiction avec la notion de liberté individuelle. Qu'en pensent les candidats ? Au petit jeu de qui tirera le premier sur le contenu, on risque d'attendre longtemps les favoris. Les challengers ont le champ libre : qu'ils s'en emparent !

Et si la faillite de la Grèce était LA solution ?


Vendredi, alors que Standard & Poor's se préparait à annoncer la dégradation de la France, les négociations sur la dette grecque tournaient au vinaigre. La Grèce, qu'on aurait presque oubliée, risque de nouveau de faire défaut.

Ce qu'il y a de bien avec la crise européenne, c'est que c'est sans fin.

Que s'est-il passé ?

Vous vous souvenez qu'en novembre dernier, les banques qui avaient prêté de l'argent à la Grèce acceptaient gracieusement une décote de 50%. Ce qui signifiait que si elles avaient prêté 100 euros à l'Etat grec, elles acceptaient – avec le sourire – de n'en retrouver que 50 à la fin du prêt.

En pratique, elles doivent échanger les obligations grecques qu'elles détiennent contre de nouvelles obligations à 30 ans et d'un taux d'intérêt (le coupon) inférieur.

Cette opération dite de haircut doit permettre à la Grèce d'effacer près de 100 milliards d'euros de dettes.

D'où l'importance d'accepter de perdre avec le sourire
L'acceptation des banques est fort importante : elle doit éviter une faillite désorganisée – du moins sur le papier. Les dirigeants européens ont essayé de faire croire aux marchés que :
1. la Grèce ne faisait pas faillite ;
2. ce n'était pas un accident de crédit mais un abandon volontaire de créance.

L'important était de ne pas déclencher les assurances contre le risque de défaut de la Grèce, les CDS (credit defaut swap) qui ne s'enclenchent qu'en cas d'accident de crédit. Or une décote volontaire n'est pas considérée comme un défaut.

Ces CDS sont détenus par des banques européennes mais vendus par les banques américaines. Or ces dernières n'ont ni l'envie ni la santé financière de sortir sans sourciller ces milliards.

Voilà donc ce qui était prévu sur le papier.

Quelques semaines plus tard, cette mascarade vole en éclat.

Crispation autour d'un coupon
Vendredi dernier, les banques et autres créanciers particuliers de la Grèce (fonds de pension, fonds d'investissement, etc.), répondant aussi au doux nom de PSI (private sector involvement), ont quitté la table des négociations.

Le coeur du problème : cette fameuse décote évidemment. Ou plutôt le taux d'intérêt des nouvelles obligations. Le secteur privé penche pour 5%, le FMI pour 2% et les gouvernements européens pour 4%. Or ce n'est pas un point de détail : selon le taux d'intérêt fixé, la réduction de dettes pourrait atteindre 80%. On comprend donc pourquoi le secteur privé s'accroche à ses points de pourcentage – et qu'il ait quitté la table des négociations la semaine dernière.

Le problème est qu'un accord doit être trouvé rapidement. La Grèce est censée rembourser 14,5 milliards d'euros de dettes en mars prochain. Milliards qu'elle n'a évidemment pas. Le FMI doit donc fournir à la Grèce de quoi faire face à ses créanciers. Mais avant de payer, le Fonds préférerait que les conditions de la restructuration de la dette grecque soient acceptées par toutes les parties concernées.

Que va-t-il se passer ? Il y a de grandes chances qu'un accord soit finalement trouvé. Mais c'est un signe de plus que la restructuration de la dette grecque ne va pas si bien se passer que cela. Jusqu'à quand les banques vont-elles accepter d'oublier l'argent que la Grèce leur doit ?

Faut-il laisser la Grèce faire faillite ?
Et surtout, ces tergiversations risquent de rendre plus séduisante la perspective d'un vrai défaut de la Grèce.

Pourquoi ?

Pour l'opinion publique allemande, la perspective d'un défaut – et même d'une sortie de la zone euro de la Grèce – présente certains avantages. N'oubliez pas que l'Allemagne se sent maintenant bien isolée au sein de l'euro : elle est un des seuls pays à avoir conservé son AAA.

La dégradation récente de la note française pèse, comme nous l'avions prévu, sur la note du Fonds européen de stabilité financière. Hier, Standard & Poor's a dégradé le FESF, de AAA à AA+. Ce qui va limiter sa capacité d'emprunt et donc d'action. Comme le rappelle Le Figaro, l'agence de notation avait prévenu qu'à moins que l'Allemagne augmente sa participation financière au FESF, celui-ci serait dégradé dans la foulée de la France.

Là encore, cette décision augmente les crispations allemandes. Nos voisins d'outre-Rhin n'ont aucune envie de sauver à eux seuls la zone euro.

Pour certains investisseurs privés (comme les fonds d'investissement), une telle solution impliquerait le déclenchement des CDS – ils pourraient donc retrouver une plus grande partie de leur argent.

Ne reste donc plus que les banques. Evidemment, elles préféreraient ne pas avoir à payer ces CDS. Mais au pire, que feraient-elles ? Les banques européennes iraient chercher des liquidités supplémentaires auprès de la BCE. C'est ce qu'elles font depuis le début de la crise : elles échangent des dettes pourries ou douteuses contre de la liquidité auprès de l'Institution de Francfort.

Tout cela pour quoi ?
Si vous n'êtes pas encore convaincu de la nécessité de préparer votre portefeuille à ce que nous réserve les semaines et les mois qui viennent, voici une dernière information d'importance.

Même si les investisseurs privés acceptent la décote de 50%, la dette publique grecque atteindra toujours 120% du PIB en... 2020 !

Voix

Beau sujet, au menu aujourd’hui d’une réunion du parti présidentiel : la France silencieuse. La France des Français qui ont des choses à dire mais n’ont pas la parole. La classe moyenne, dirait Monsieur Wauquiez, soit tous les Français à l’exception des très pauvres et des très riches, ce qui permet d’embrasser une large majorité, silencieuse ou pas. L’UMP entend évidemment opposer sa France silencieuse à la France de l’opposition qui parle pour ne rien dire. Mais l’opposition prétend justement porter la voix des Français qui, n’ayant pas le pouvoir, n’ont pas la parole. Nonobstant, François Bayrou dit s’exprimer pour ceux qui veulent renverser la table, et Marine Le Pen au nom des oubliés de la démocratie… Franchement, pour nous tous qui ne causons pas dans le poste, c’est flatteur d’entendre tous ces politiques jurer de nous donner la parole. Serait-ce pour nous prendre notre voix ?

L'histoire en crise

Un jour, on vote une loi sur le génocide arménien de 1915 ; un autre, on célèbre Jeanne d'Arc sur tous les tons... L'histoire devient une ressource symbolique instrumentalisée par certains acteurs politiques ¯ pas tous, heureusement ! ¯ s'arrogeant le droit de décider de la vérité historique.

Il fut un temps où l'histoire était presque sacrée. Elle permettait aux écoliers d'accéder à un récit ponctué de grandes dates : 732, 1515, 1789... Elle offrait aux instituteurs un facteur puissant d'intégration. L'histoire des chercheurs rayonnait bien au-delà de nos frontières ; la France, nation universelle, adressait au monde entier un message chargé de valeurs et de connaissances que ses historiens contribuaient à produire et à diffuser.

Au milieu du XXe siècle, l'École des Annales a constitué une forte inflexion et l'apogée de cette période où l'histoire était prééminente en France. Les historiens français occupaient une place internationale de premier plan. Marc Bloch, Lucien Febvre, puis Fernand Braudel et Ernest Labrousse, ont incarné une historiographie renouvelée, reliée aux autres disciplines des sciences de l'homme, qui apparaissaient un peu comme les demoiselles d'honneur de la reine de beauté qu'elle était.

Les historiens français, dans l'ensemble, produisent aujourd'hui des connaissances d'excellente facture. Ils constituent un milieu nombreux, dense et actif. Mais leur prépondérance mondiale n'est plus ce qu'elle était et leur importance dans la vie intellectuelle et scientifique de notre pays pas davantage. Les professeurs d'histoire éprouvent souvent, comme d'autres, le sentiment d'une chute sociale exacerbée par l'attitude des pouvoirs publics, qui réduisent la place de leur discipline dans certains programmes, ou le comportement d'élèves qui contestent le contenu des cours au nom de leur mémoire familiale.

La fin d'une place privilégiée

À l'étranger, en dehors de milieux professionnels spécialisés, nos meilleurs historiens sont moins connus et célébrés qu'à l'époque, pourtant relativement proche, où l'on s'enthousiasmait dans de larges cercles pour les travaux de Jacques Le Goff, Georges Duby, Emmanuel Le Roy Ladurie, François Furet, Jean-Pierre Vernant, et tant d'autres. Et, en France, l'histoire a perdu son aura. Des mémoires la contestent, portées par des groupes réclamant la reconnaissance de leurs souffrances passées. Des lois « mémorielles » sont votées qui donnent l'impression que les politiques prennent la place des historiens. À l'école publique, une partie de l'enseignement sur des dossiers sensibles, la Shoah par exemple, est confiée à d'autres que des historiens de métier. Et dans la vie scientifique, l'histoire n'occupe assurément plus la place privilégiée qui était la sienne parmi les autres disciplines des sciences de l'homme et de la société.

Plus la société devient multiculturelle et moins il est possible de promouvoir un récit national oublieux des différences, qu'elles soient anciennement présentes sur le territoire national ou apportées par l'immigration. De plus, la globalisation pèse sur la vie sociale et économique de notre pays, le monde devient multipolaire : dès lors, l'idée d'une historiographie rayonnant comme un soleil depuis Paris apparaît comme singulièrement dépassée. Le changement affaiblit nos vieilles conceptions de l'histoire et nos façons de l'enseigner. Certains acteurs politiques s'engouffrent dans l'espace ouvert par ces carences.

(*) Sociologue.

Nadine et Marine : Y’a pas photo !

La ministre de l’Apprentissage, Nadine Morano, a illustré une nouvelle fois dimanche combien les dirigeants de l’UMP obéissent toujours servilement au principe dialectique du « pas d’ennemi à gauche », faisant bien mériter à cette formation son surnom d’« UMPS » comme machine à perdre de « la droite piégée », au service idéologiquement et stratégiquement de la gauche.

Lors de l’émission Le Grand Jury-RTL/Le Monde/LCI, si la ministre a réitéré sa charge contre François Hollande qu’elle avait qualifié récemment d’« homme dangereux pour la France », elle a accusé Marine Le Pen d‘être dangereuse « à un degré beaucoup plus élevé que François Hollande ». Selon elle, la vague bleu Marine « c’est cataclysmique pour la France et d’autant plus pour les personnes les plus fragiles et les plus modestes ».

Marine Le Pen « parle de patriotisme, alors que ce n’est pas une patriote, c’est une nationaliste », a tenté d’expliquer sommairement Nadine Morano. Et d’enchaîner pathétiquement : « Ce qui me fait de la peine, c’est le discours qu’elle tient aux ouvriers, elle les berne. Elle leur fait croire que leur niveau de vie va augmenter si elle arrivait au pouvoir, elle leur fait croire qu’en fermant les frontières nous serions plus protégés, elle leur fait croire que avec tout irait mieux si nous sortions de l’euro. Alors que si nous sortions de l’euro, ce seraient eux qui en pâtiraient le plus, ce seraient les ouvriers, les personnes qui ont les revenus les plus modestes. »

A court d’arguments, elle a repris le couplet éculé déjà entonné par le très établi Laurent Joffrin, à gauche de la gauche caviarde : « Marine Le Pen vit dans un château sur les hauteurs de Saint-Cloud » et « elle utilise les ouvriers, leurs peurs, leurs angoisses, je ne le laisserai pas faire », a lancé la brave ministre.

Entre Marine et Nadine, y’a pas photo, comme on dit, pour discerner laquelle est l’intruse dans le camp de l’anti-gauche. Pas besoin d’un dessin de Chard non plus pour comprendre que, lorsqu’on tient ce langage pavlovien, lorsque « le plus dangereux » est toujours sur sa droite et jamais sur sa gauche, on obéit plus ou moins (in)consciemment à une praxis subliminale qui est celle de la gauche, à une logique de la continuité révolutionnaire qui contredit assurément la candidature de rupture que prétendait incarner Sarkozy. Rappelons, par exemple (au moment où le « débat » ressort curieusement à « droite »), que c’est Nadine Morano (avec Roselyne Bachelot) et non pas Christine Boutin qui est restée au gouvernement, devenant secrétaire d’Etat à la famille (sic), alors qu’elle n’a jamais caché ses positions en faveur de la reconnaissance des familles homoparentales !

Face à de tels ministres UMP, mentalement de gauche, Marine Le Pen n’a pas de mal à dénoncer, elle, « le mensonge devenu industriel sous Nicolas Sarkozy », en se présentant comme la seule candidate possible et crédible pour la rupture, à travers la sortie de l’euro, le protectionnisme national et le nationalisme à la française. Sur l’euro, la dette, l’immigration, le mariage homosexuel, l’industrie, les racines chrétiennes de la France…, « le boomerang des mensonges est en train de revenir à toute vitesse » sur sa tête, a-t-elle déclaré dimanche en meeting près de Rouen.

« Le mondialisme n’est pas seulement un système économique sauvage et dépassé » mais aussi une « idéologie » visant à « encourager le nomadisme », à rendre les hommes « interchangeables », « anonymes », et à affaiblir les cultures, a-t-elle affirmé, en invoquant « ce violent amour de la France » grâce auquel l’oublié, l’anonyme retrouverait une voix, un visage… « Se souviennent-ils seulement, a-t-elle lancé à l’adresse de ses concurrents, ou sûrement en ont-ils honte, que la France plonge aussi ses racines dans le christianisme ? C’est pourtant notre histoire, notre identité, que ça leur plaise ou pas ! »

Si Marine Le Pen reprend significativement le slogan de Jean le Bon (« Père gardez-vous à droite, père gardez-vous à gauche ! »), c’est que la (fausse) droite en France est foncièrement à gauche et qu’à sa manière, la fille de Jean-Marie Le Pen propose en effet une alternative nationale ou bien un « pas d’ennemi à droite » bien compris qui est le contraire du « pas d’ennemi à gauche ». Cela mérite considération.

S&P abaisse la note du Fonds européen de stabilité financière à AA+

L'agence de notation Standard & Poor's a annoncé lundi 16 janvier qu'elle abaissait la note à long terme du Fonds européen de stabilité financière (FESF), la dégradant de AAA à AA+. S&P confirme la note à court terme A-1+ et précise que la perspective est en développement.

Cette décision est la conséquence de l'abaissement de la note de la France et de l'Autriche, qui faisaient partie des Etats notés "AAA" et permettaient au Fonds, par leurs garanties, de bénéficier de la note optimale de S&P. Les deux pays, désormais notés AA+, font partie des neuf pays européens sanctionnés par l'agence vendredi. Depuis, S&P considère donc que les obligations du FESF ne sont plus totalement soutenues, autant par les pays membres du Fonds que par des valeurs mobilières notées AAA.
Standard & Poor's n'exclut toutefois pas de relever la note à "AAA" si des garanties financières supplémentaires devaient lui être accordées. "Si nous constatons que les obligations à long terme du FESF sont pleinement soutenues par les garanties des Etats membres bénéficiant d'un triple A, nous pourrions relever sa note à 'AAA'", indique S&P. L'agence estime qu'il y a une probabilité qu'elle relève la note du FESF ou au contraire l'abaisse dans les deux ans.
LA CAPACITÉ DE PRÊT "PAS REMISE EN CAUSE"
Le patron du FESF, Klaus Regling, a toutefois estimé que la capacité de prêts du Fonds ne sera pas remis en cause par cette décision. "L'abaissement d'un cran de la note du FESF ne va pas réduire sa capacité de prêts de 440 milliards d'euros. Le FESF a les moyens de remplir ses engagements actuels et éventuellement d'autres, d'ici la mise en œuvre du Mécanisme européen de stabilité (MES) en juillet", a affirmé M. Regling.
Quant au président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, il a estimé lundi que l'Europe se trouve dans une situation économique "très grave". "Durant les tout derniers mois de 2011, l'incertitude sur la durabilité de certains souverains et sur la résistance du système financier, combinée à des perspectives de croissance sombres, ont débouché sur de sérieuses perturbations du fonctionnement normal des marchés financiers et de l'économie réelle." Invité par le Parlement européen en qualité de président du comité européen du risque systémique (ESRB), il a toutefois appelé à "apprendre à se passer" des agences de notation, ou à ne les considérer que comme "un paramètre parmi beaucoup d'autres".
Le ministre des finances français, François Baroin, a lui estimé lundi soir qu'il n'y avait "pas besoin d'agir" sur le Fonds européen de stabilité financière. "Le FESF conserve intacte sa capacité de prêt, avec des moyens suffisants et garantis pour remplir l'ensemble de ses engagements présents et à venir", affirme-t-il dans un communiqué.
DÉBATS SUR UN RENFLOUEMENT DU FESF
Mario Draghi a par ailleurs estimé que le Fonds de secours européen, privé de sa note "AAA", devrait être renfloué pour garder sa force de frappe en l'état. Selon lui, "il faut des contributions supplémentaires des pays encore notés AAA" pour que le FESF conserve "la même capacité" ou puisse prêter "au même taux".
Le scénario d'une hausse des garanties est toutefois mal engagé, l'Allemagne – premier contributeur du Fonds – ayant catégoriquement refusé lundi de remettre au pot pour le FESF. Les dégradations par Standard and Poor's de plusieurs pays européens avaient déjà relancé vendredi le débat sur la nécessité d'un renflouement du Fonds de secours de la zone euro (FESF), avec de sérieux clivages entre les capitales européennes.
La chancellière allemande, Angela Merkel, avait notamment indiqué préférer, avant même cette décision de S&P, une dégradation du FESF plutôt que de le renflouer. Les dégradations "ne vont pas torpiller le travail du FESF et je ne vois pas de besoin d'y changer quelque chose", avait-elle assuré. Lundi, le ministère allemand des finances a été dans le même sens, assurant qu'il n'était "pas besoin d'agir sur le FESF actuellement".
La capacité de prêts de l'actuel FESF est de 250 milliards d'euros environ, sur une enveloppe initiale de 440 milliards, un montant insuffisant s'il fallait venir en aide à un pays comme l'Italie. Un fonds permanent de secours, le MES, devrait commencer à fonctionner dès le mois de juillet, remplaçant au bout d'un an cet instrument temporaire qu'est le FESF. Le MES doit avoir une capacité de prêt de 500 milliards d'euros et un capital propre de 80 milliards, apporté par les Etats membres.

De Madrid, Nicolas Sarkozy contre-attaque sur le Triple A et accuse l’opposition d’agitation

Nicolas Sarkozy ne veut pas se laisser déstabiliser par la perte du triple A de la France décidée par Standard and Poor's. Il a ainsi contre-attaqué, lundi 16 février, à Madrid, lors de sa conférence de presse aux côtés du président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. Le chef de l’Etat sait qu’il sera interrogé sur le sujet et le décrochage de la France par rapport à l’Allemagne. Il a préparé son coup et refuse de répondre au journaliste. « Vous n'avez peut-être pas eu les dernières informations ? Donc pouvez-vous me poser une autre question avec les dernières informations ? », demande M. Sarkozy au cours d’un échange aigre doux.
Traduction, le chef de l’Etat veut qu’on donne autant de poids à la décision de Moody’s, qui ne prendra pas de décision sur la France avant avril. Dans la journée, à Paris, ce fut un tir groupé de l’UMP. Derrière la presse, c’est l’opposition qui est visée. « Ceux qui commentent peuvent se laisser aller à des outrances, dire des choses qu’on a oubliées le lendemain. Quand on est au gouvernement, on n’a pas le droit, on ne peut pas se permettre ce genre d’agitation », accuse M. Sarkozy pendant la conférence de presse. Et d’instrumentaliser son voyage en Espagne pour faire la leçon à l’opposition.
L’occasion était rêvée, alors que le roi d’Espagne Juan Carlos avait remis à Nicolas Sarkozy dans la matinée les insignes de chevalier dans l’ordre de la toison d’or. Une première depuis le président Gaston Doumergue en 1926. Cette distinction exceptionnelle a été remise notamment pour le soutien indéfectible de Nicolas Sarkozy dans la lutte contre le terrorisme de l’ETA dès sa nomination au ministère de l’intérieur en 2002. « Il n’y a plus de Pyrénées dans la lutte contre le terrorisme », expliqua le récipiendaire, avant de conclure, ému. « Croyez bien que c’est un jour que je n’oublierai pas. » Et c’est toute l’Espagne qui était effectivement reconnaissante : outre M. Rajoy, tous les premiers ministres espagnols s’étaient déplacés: le socialiste sortant Jose Luis Zapatero, le conservateur Jose Maria Aznar, ami de George Bush, et le socialiste Felipe Gonzalez, qui fit entrer l’Espagne dans l’Union européenne.
Et tous ont posé, tout sourire, aux côtés du roi et de son épouse. « J’admire cette démocratie espagnole qui peut rassembler tous les présidents du gouvernement sans que personne ne se sente atteint dans son identité politique », a salué M. Sarkozy, avant d’attaquer sur la règle d’or, adoptée par consensus avant les élections générales espagnoles, qui ont vu le retour de la droite. « C’est la même maturité qui permis à Mariano Rajoy, président du Partido Popular, de voter aux côtés du gouvernement socialiste de Luis Rodriguez Zapatero une règle d’or », a déclaré le chef de l’Etat.
« Quand on est dans l’opposition et que l’on sait, dans l’intérêt de son pays, faire un geste vers le gouvernement, on se grandit », a déroulé M. Sarkozy, avant de conclure : « Il y a sans doute à s’inspirer de la démocratie espagnole ». Une démocratie où droite et gauche s’affrontent souvent très violemment.
 "Il faut agir tout de suite"
Il n’empêche, après avoir accusé l’opposition de n’avoir soutenu aucune de ses réformes, en particulier celle des retraites, le chef de l’Etat a défendu sa stratégie consistant à multiplier les annonces de réformes à moins de cent jours de la présidentielle. « Pour celui qui est au chômage, pensez vous qu’il ait le temps qu’on attende la campagne électorale ? Il faut agir tout de suite », assuré M. Sarkozy. « Il n’y a jamais de risque à dire la vérité au pays dont on a la responsabilité, les gens sont lucides, très intelligents, ils comprennent tout. »
M. Rajoy a apporté son soutien à l’idée d’une taxe Tobin, défendue par M. Sarkozy et indiqué son souhait de voir son pays jouer tout son rôle en Europe. M. Sarkozy l’a soutenu alors que le sommet tripartite de Rome, qui devait rassembler M. Sarkozy, le président du conseil italien Mario Monti et la chancelière allemande Angela Merkel a été reportée à la fin février.
La campagne électorale s’est poursuivie à l’ambassade de France à Madrid, devant les Français de l’étranger, où M. Sarkozy a vanté son bilan, de nouveau justifié la gratuité du lycée français à l’étranger pour les enfants d’expatriés. Jamais il n’a noté que les expatriés n’étaient pas contribuables français. En revanche, le chef de l’Etat a défendu la double nationalité, combattue par une partie de la Droite populaire. « Les Français qui ont une autre nationalité restent Français et appartiennent pleinement à la communauté nationale ». D’ailleurs, les Français de l’étranger auront le droit de vote aux législatives, M. Sarkozy ayant créé onze circonscriptions à travers la planète.