TOUT EST DIT

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ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

lundi 7 décembre 2009

Changements climatiques : le grand tournant

Lundi 7 décembre 2009 s’ouvrira la conférence de Copenhague. Organisée par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), elle regroupera les 193 nations membres, plus d’une soixantaine de chefs d’Etat et nombre d’institutions internationales et d’organisations non gouvernementales qui tenteront de trouver un accord et de nouveaux objectifs pour poursuivre les efforts (modestes) engagés en 1997 lors de la création du Protocole de Kyoto. Ratifié par 175 pays (tous sauf les Etats-Unis…), il viendra à expiration en 2012. Les participants auront deux semaines pour s’entendre sur un nouveau chiffre de réduction pour les émissions de gaz à effet de serre, et surtout sur la répartition des efforts entre les pays riches et les pays pauvres.

Le président des Etats-Unis, M. Barack Obama, qui sera de la fête, a annoncé fin novembre, à la surprise générale, des objectifs chiffrés : une réduction de 17 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 par rapport au niveau de 2005. Cette annonce a déjà été jugée insuffisante par les mouvements écologistes qui ont demandé aux Etats-Unis de faire plus d’efforts. En réponse, Washington s’est dit prêt à s’engager sur 30 % de réduction en 2025 et 42 % en 2030. Quasi simultanément, Pékin dévoilait ses propres chiffres : une réduction de 40 % à 45 % de son « intensité carbonique » (émissions polluantes par unité de PIB) d’ici 2020 par rapport à 2005, soit un objectif beaucoup plus ambitieux. Par ailleurs, l’Union européenne s’est engagée sur une réduction de 20 % et s’est dit prête à aller jusqu’à 30 %.

Les scientifiques, par la voix du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), estiment qu’une réduction de 25 à 40 % d’ici 2020 par rapport au niveau de 2005 est indispensable pour contenir l’élévation de la température à moins de 2 degrés, chiffre au delà duquel les dérèglements climatiques vont s’aggraver de manière irréversible.

Les responsables onusiens restaient pessimistes jusqu’à l’annonce surprise des objectifs chiffrés des deux plus gros pollueurs de la planète.

Comme pour mieux préparer le public à ce sommet qui promet d’être le plus médiatisé de la planète, nombreuses ont été les sorties de livres et de films promettant le chaos — sinon l’apocalypse —, confirmant ou infirmant la réalité du réchauffement climatique. Puis, le spectaculaire piratage du serveur du prestigieux centre de recherche sur le climat de l’université britannique d’East Anglia, avec la mise à disposition du public d’une sélection de courriels qui prétendaient montrer que les scientifiques manipulaient les données. Tout cela aura fait long feu : quelles que soient les tentatives de désinformation des climato-sceptiques, il est indéniable aujourd’hui que les activités humaines contribuent pour une part non négligeable à l’augmentation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et de ce fait, entraînent un réchauffement global de la planète.

Ci-dessous, une série de cartes, figures et explications essentielles pour comprendre les enjeux du Sommet.

L'objet du jour : l'ampoule à LED

L'éclairage électronique a la réputation d'être économe en énergie, donc très propre. En réalité, les diodes peinent à endosser l'habit de lumière.

Première étape : travailler l'apparence

Au rayon éclairage, l'ampoule à LED joue à cache-cache. La loupiote à diodes électroluminescentes, jeunette sur le marché, n'a pas encore trouvé le culot de détrôner ses voisines. De fait, la petite dernière des ampoules basse consommation ne fait pas recette pour le moment : "Les ventes d'ampoules à LED pour l'éclairage domestique sont difficiles à mesurer, parce qu'elles sont très disparates, indique Pierre-Yves Monleau, de l'Association française de l'éclairage (AFE), mais il est certain que ce sont des broutilles sur les 250 millions d'ampoules vendues en France chaque année."
Et celles à LED disponibles pour la maison seraient, selon Pierre-Yves Monleau, "atroces". Le rendu de la couleur blanche, plutôt froid, donnerait une mine cadavérique. Et gare à l'effet "chambre mortuaire" car côté puissance d'éclairage, la LED rivaliserait… avec la veilleuse. Georges Zissis confirme : "Vous risquez d'être fortement déçue, explique ce chercheur spécialisé dans les sciences de la lumière à l'université de Toulouse. D'autant que ce type d'ampoule coûte trois à quatre fois plus cher qu'une fluocompacte." Comptez ainsi une douzaine d'euros sans parler du réhausseur de teint !

Pourtant, sur le papier, les performances de l'ampoule à LED font pâlir de jalousie toutes ses voisines. Une durée de vie de 50 000 heures minimum, soit cinq fois plus qu'une fluocompacte. Côté efficacité énergétique, elle affiche un flatteur 40 % quand une ampoule à incandescence ne convertit en lumière que 5 % de l'énergie électrique qu'elle consomme.

Enfin, les LED possèdent un rendement lumineux supérieur à toutes les technologies existantes. Pour un seul watt consommé, les meilleures sur le marché fournissent un flux lumineux de 100 lumens (lm), et ce n'est qu'un début selon les fabricants. Les "fluos", elles, vivotent entre 60 lm/W et 100 lm/W. Quant aux antiques ampoules à incandescence, elles stagnent de 12 lm/W à 20 lm/W. Trop gourmandes en énergie, ces dernières sont d'ailleurs condamnées par Bruxelles à s'éteindre dès septembre 2009. Place donc aux éclairages écolos. Place aux fluos. Place aux LED !

Deuxième étape : muscler ses performances

Au vu de ses exceptionnelles qualités, imaginez les économies d'énergie que les ampoules à LED permettraient de réaliser. "Si les Etats-Unis remplaçaient la moitié de leurs ampoules actuelles par des LED, ils pourraient fermer 16 centrales nucléaires", s'enthousiasme un mensuel scientifique. "Mais le pays perdrait 70 % de sa luminosité. On ne le verrait même plus du ciel, remarque Georges Zissis. Pour garder le même niveau d'éclairage, il faudrait multiplier les LED. Au final, ce sont de nouvelles centrales qu'on devrait ouvrir…"

Pourtant, on nous avait fait miroiter que les ampoules à LED affichaient un meilleur rendement lumineux. Sur le papier, certes… mais en conditions réelles, elles ne tiennent pas toutes leurs promesses. "Une LED requiert une alimentation adaptée et de qualité, sans quoi ses performances sont fortement dégradées", lit-on sur le site spécialisé de Benjamin Monteil, un ingénieur accro aux LED. "Des 50 000 heures de durée de vie promises, on peut tomber à 2 000 lorsque le système est vraiment mal intégré", insiste Georges Zissis.

De plus, les LED apprécient la fraîcheur. Alors, à moins de conserver la lampe au frigo, le rendement lumineux "exceptionnel" dépassera rarement les 40 lm/W. Et comme ces diodes ne fonctionnent qu'à des puissances faibles, 7 W en moyenne, cela donne un flux lumineux de 280 lm contre 720 lm pour une ampoule à filament de 60 W. Au final, deux LED éclairent moins qu'une incandescente ! "Les LED constituent une très bonne technologie, mais elles ont encore du chemin à faire. Il ne faudrait pas que des fabricants peu scrupuleux lui barrent la route en décevant les consommateurs avec des produits médiocres", avertit Georges Zissis.

Etape 3 : devenir toute propre

Si les LED font pâle figure à l'utilisation, elles virent au bleu pétrole en phase de production. Car ces diodes sont constituées de semi-conducteurs dont la production s'avère "plus gourmande en énergie que celle des lampes classiques", précise le chercheur toulousain. Et pour doper les performances du silicium, matière première de cette industrie, on y ajoute de l'indium, un métal dont les dérivés sont dangereux pour la santé des employés qui le manipulent. "J'ose espérer que les précautions nécessaires sont prises par les fabricants, indique-t-il, mais c'est vrai qu'il y a des amateurs, spécialement en Asie" où sont produits la majorité des systèmes d'éclairage.

Le secteur mène d'ailleurs des expérimentations sur des matériaux alternatifs, moins dangereux et moins polluants, tel que l'oxyde de zinc. Ces solutions ne seront cependant pas au point avant plusieurs années. En attendant, les industriels utilisent des métaux rares qui ne sont pas aisément récupérés au recyclage.

Etape 4 : penser à la récupération

Soumises à la directive européenne sur les déchets d'équipements électriques et électroniques (D3E), les ampoules à diodes doivent elles aussi être retraitées. "La collecte est organisée par la même filière que les lampes fluocompactes avec une écocontribution de 0,18 centime incluse dans le prix d'achat. Mais, à ce jour, les LED ne représentent qu'une infime partie des volumes récupérés, à peine quelques centaines de kilos en 2008 sur un total de 4 000 tonnes de lampes récoltées", détaille Anne Esnault, de Récylum, l'éco-organisme agréé pour l'élimination des lampes usagées. Normal, car les ampoules à LED, disponibles dans le commerce seulement depuis deux ou trois ans, ne sont pas encore grillées. Et si elles brillaient les 50 000 heures promises par les fabricants, on ne les verrait pas dans un bac de collecte avant cinquante ans (pour trois heures d'activité par jour en moyenne).

Mais à vrai dire, dans le cycle de vie, les phases de recyclage et de production additionnées ne représentent que 15 % de l'impact environnemental des LED, selon Georges Zissis. "En réalité, 90 % de l'énergie consommée par les lampes, tous types confondus, l'est pendant leur utilisation", explique-t-il. Alors, pour faire des économies d'énergie, le meilleur moyen est encore d'éteindre la lumière.

Louise Allavoine

Notre génération face au jugement de l’histoire

Aujourd’hui, 56 journaux dans 44 pays font un geste sans précédent : parler d’une seule voix par le biais d’un éditorial commun. Nous le faisons parce que l’humanité se trouve confrontée à une situation d’extrême urgence.A moins d’unir nos efforts pour prendre des mesures décisives, le changement climatique va ravager notre planète et, ce faisant, perturber fortement notre prospérité et notre sécurité. Les dangers sont devenus tangibles en une génération. Maintenant, les faits commencent à parler : sur les quatorze dernières années, onze ont été les plus chaudes jamais enregistrées, la calotte glaciaire de l’Arctique est en train de fondre et, l’an dernier, la flambée des prix du pétrole et des produits alimentaires a donné un avant-goût des terribles bouleversements à venir. Dans les revues scientifiques, la question n’est plus de savoir si l’homme en est le grand responsable, mais combien de temps il lui reste pour limiter les dégâts. Cependant, à ce jour, le monde a réagi avec mollesse et sans enthousiasme.

Le changement climatique résulte d’une action sur plusieurs siècles, il aura des conséquences qui dureront pour toujours, et nos chances de le maîtriser vont être déterminées dans les quatorze jours qui viennent. Nous demandons aux représentants des 192 pays réunis à Copenhague de ne pas hésiter, de ne pas se lancer dans des discussions, de ne pas se faire de reproches mutuels, mais de saisir la chance d’échapper au plus grand échec politique de l’époque moderne. Cela ne devrait pas être une lutte entre le monde riche et le monde pauvre, ou entre l’Est et l’Ouest. Le changement climatique nous concerne tous et doit être résolu par tous.

La science est complexe, mais les faits sont clairs. Le monde a besoin de prendre des décisions pour limiter les hausses de température à 2 °C, un objectif qui exigera que les émissions de la planète culminent et commencent à diminuer dans les cinq à dix prochaines années. Une hausse plus importante de 3 à 4 °C - la progression la plus faible que nous puissions espérer en cas d’inaction - dessécherait des continents, transformant la terre cultivable en désert. La moitié de toutes les espèces serait vouée à l’extinction, des millions et des millions de personnes seraient déplacées et des peuples entiers seraient submergés par la mer.

Date butoir. Peu de gens croient que Copenhague soit en mesure d’aboutir à un traité totalement finalisé ; les véritables progrès en ce sens n’ont pu commencer qu’avec l’arrivée du président Obama à la Maison Blanche et le renversement de tendance après des années d’obstruction de la part des Etats Unis. Aujourd’hui encore, le monde se trouve à la merci de la politique intérieure américaine, car le Président ne peut pas totalement s’engager dans l’action nécessaire tant que le Congrès américain ne l’a pas fait.

Mais les responsables politiques présents à Copenhague peuvent et doivent s’entendre sur les éléments essentiels d’un accord juste et efficace et, ce qui est d’une importance capitale, sur un calendrier solide devant aboutir à un traité. La réunion de l’ONU sur le climat à Bonn, en juin prochain, devrait être une date butoir. Comme l’a exprimé un négociateur : «Nous pouvons jouer les prolongations, mais nous ne pourrons pas nous permettre de rejouer le match.»

Au cœur des négociations, il faudra trouver un accord entre le monde riche et le monde en développement pour établir comment répartir le poids de la lutte contre le changement climatique, et comment partager une ressource devenue précieuse : les quelques milliards de tonnes de carbone que nous pouvons émettre avant que le mercure n’atteigne des niveaux dangereux.

Les nations riches aiment souligner la vérité arithmétique qu’il n’y a pas de solution tant que les géants en développement tels que la Chine ne prendront pas de mesures plus radicales. Mais le monde riche est responsable de la plupart du carbone accumulé dans l’atmosphère, à savoir les trois quarts de tout le dioxyde de carbone émis depuis 1850. C’est à lui de montrer l’exemple et chaque pays développé doit s’engager à de fortes réductions pour que ses émissions retombent en dix ans à un niveau très inférieur à ce qu’elles étaient en 1990.

Justice sociale. Les pays en développement peuvent faire remarquer qu’ils ne sont pas responsables de la majeure partie du problème et aussi que les régions les plus pauvres du monde seront les plus difficiles à sensibiliser. Mais ils vont participer de plus en plus au réchauffement et doivent de ce fait s’engager de leur côté à une action significative et quantifiable. Bien que les deux plus grands pollueurs du monde, les Etats-Unis et la Chine, n’aient pas répondu aux espoirs que certains avaient placés en eux, leurs récents engagements sur des objectifs concernant les émissions ont représenté des pas importants dans la bonne direction.

La justice sociale exige que le monde industrialisé racle ses fonds de poche et promette des liquidités pour aider les pays les plus pauvres à s’adapter au changement climatique et aux technologies propres qui leur permettront de développer leur économie sans augmenter leurs émissions. Il faut également définir l’architecture d’un futur traité, avec un contrôle multilatéral rigoureux, des compensations correctes pour protéger les forêts et une évaluation crédible des «émissions exportées», afin que le poids soit finalement réparti plus équitablement entre ceux qui produisent des produits polluants et ceux qui les consomment. Et l’honnêteté exige que la charge placée individuellement sur les pays développés prenne en compte leur capacité à la supporter ; par exemple, les derniers entrants dans l’Union européenne, souvent plus pauvres que les membres de la «vieille Europe», ne doivent pas souffrir davantage que leurs partenaires plus riches.

Espoirs. La transformation va coûter cher, mais beaucoup moins que la note à payer pour renflouer les finances mondiales. Et beaucoup moins encore que les conséquences du laisser-faire. Beaucoup d’entre nous, en particulier dans le monde développé, devront changer leur mode de vie. L’époque des vols pour l’aéroport moins chers qu’un trajet en taxi touche à sa fin. Nous devrons faire nos courses, manger et voyager plus intelligemment. Nous devrons payer davantage pour notre énergie et en utiliser moins.

Mais le passage à une société à faible émission de carbone porte en elle la perspective de plus d’espoirs que de sacrifices. Déjà, certains pays ont reconnu que cette transformation peut apporter la croissance, des emplois et une meilleure qualité de vie. L’afflux de capitaux parle de lui-même : l’année dernière, pour la première fois, il a été investi davantage dans les formes d’énergie renouvelable que dans la production d’électricité à partir des carburants fossiles. Chasser le carbone de nos modes de vie en quelques petites décennies sera, sur le plan de la technique et de l’innovation, comparable aux grandes révolutions de l’histoire. Mais, tandis que le fait d’envoyer un homme sur la Lune ou de fissurer l’atome résulte des conflits et des rivalités humaines, la future course au carbone doit être menée en un effort commun pour parvenir à un sauvetage collectif.

Vaincre le changement climatique passera par une victoire de l’optimisme sur le pessimisme, d’une vision de l’avenir sur une vue à court terme, ce qu’Abraham Lincoln appelait «les meilleurs anges de notre nature».

C’est dans cet esprit que 56 journaux du monde entier se rassemblent derrière cet éditorial. Si nous, avec nos optiques nationales et politiques si différentes, pouvons nous mettre d’accord sur ce qui doit être fait, nos dirigeants devraient pouvoir en faire autant.

Les représentants politiques à Copenhague ont le pouvoir de façonner le jugement de l’histoire sur notre génération : celle qui a vu le défi et l’a relevé, ou celle qui était si stupide qu’elle a vu la calamité qui s’annonçait mais n’a rien fait pour l’éviter. Nous les conjurons de faire le bon choix.

Traduit de l’anglais par Edith Ochs.

Quelques événements du 7 DÉCEMBRE

7 décembre 43 av. JC
Cicéron est égorgé. La scène atroce se déroula dans les jardins de la villa du grand orateur à Caiète. C'est là qu'arrivèrent les assassins commandés par Herennius. Ils ne découvrirent pas tout d'abord leur victime qui, à leur approche, s'était hâtée de faire porter sa litière vers la mer. Ses cheveux en désordre et souillés, son visage altéré par les inquiétudes inspiraient tant de pitié que les soldats se couvrirent les yeux tandis que Herennius l'égorgeait. Il avait lui-même tendu la tête hors de la litière. Il était âgé de soixante-quatre ans. Herennius, d'après l'ordre d'Antoine, lui coupa la tête ; il lui coupa aussi les mains, ces mains avec lesquelles il avait écrit les Philippiques...

7 décembre 1542
Naissance de Marie Stuart, future reine d'Ecosse. Fille de Marie de Guise et de Jacques V d'Ecosse, elle fut fiancée très jeune au dauphin et élevée en France. La mort de son époux François II l'obligea à regagner l'Ecosse après un court règne. Son catholicisme ne l'empêcha pas d'avoir les faveurs des chefs protestants, mais la situation changea lorsqu'elle épousa Darnley, qui fut bientôt assassiné par un de ses favoris, Bothwell. Ce dernier épousa Marie et la révolte éclata, contraignant la reine à abdiquer en faveur de son fils Jacques VI. Elle tenta de reprendre le pouvoir en 1568, mais son armée fut écrasée et elle dut se réfugier en Angleterre, où elle vécut dix-huit années en prison, traitée avec méfiance par la reine Elisabeth Ière qui voyait en elle une rivale potentielle. Fomentant quelques complots pour accéder au trône, elle fut condamnée à mort. Son exécution, par décapitation, eut lieu en 1587.

7 décembre 1726
Mort de Dancourt, acteur renommé et auteur de plusieurs comédies qui obtinrent, dans leur temps, de grands succès ; par exemple le Chevalier à la mode.

7 décembre 1740
La Seine déborde. Certains magasins de blé sont inondés et l'on se vit sur le point de manquer de pain. L'attention des magistrats pour ménager la farine alla jusqu'à défendre aux pâtissiers et aux boulangers de fabriquer des gâteaux des Rois. Dans le dispositif de l'arrêt du Parlement, le procureur général, qui s'était fait instruire de la quantité de farine que l'on employait à faire ces gâteaux, avait été surpris d'apprendre qu'en huit jours on employait cent muids de farine pour les seuls gâteaux des Rois. Pour faire cesser le fléau, le Parlement rendit un arrêt qui ordonna qu'on découvrirait la châsse de sainte Geneviève et qu'on ferait des prières publiques. Il fallut néanmoins attendre le 18 février 1741 pour voir la Seine totalement rentrée dans son lit.

7 décembre 1815
Exécution du maréchal Ney. Après la bataille de Waterloo, il ne fit rien pour échapper à la Terreur blanche. Ce 7 décembre, le verdict tombe : la mort. Devant le peloton d'exécution, il refuse de se faire bander les yeux, rétorquant : Ignorez-vous que depuis vingt-cinq ans, j'ai l'habitude de regarder en face la balle et le boulet ?

7 décembre 1894Mort de Ferdinand de Lesseps, qui mena à bien la réalisation du Canal de Suez et fut à l'origine de la construction du Canal de Panama.

Réchauffement : quel scénario pour 2030 ?

INFOGRAPHIE - Les économies d'énergie contribueront plus à la lutte contre le réchauffement que les énergies renouvelables ou le nucléaire. La facture globale pourrait toutefois atteindre les dix mille milliards de dollars.
L'équation est simple. Si la consommation mondiale d'énergie poursuit sa trajectoire actuelle, sans modifier ses sources, les émissions de CO2 qu'elle génère doubleront d'ici à 2050. Les chercheurs préconisent de réduire de moitié les rejets de CO2 à cette même échéance de 2050. Qu'il s'agisse de freiner le réchauffement climatique ou plus prosaïquement de sécuriser les approvisionnements énergétiques fondés sur des ressources fossiles limitées, une révolution est indispensable. L'énergie représente les deux tiers des rejets de gaz à effet de serre d'origine humaine.

«Si tous les protagonistes s'accordent sur la nécessité de l'action contre le changement climatique, la réticence des pays à s'engager s'explique par le coût supposé de cette action», résume Benoît Leguet, directeur de la mission climat de la Caisse des dépôts. La perception du coût par les responsables politiques a été en partie bouleversée par la publication, fin 2006, du rapport Stern.

Chargé par le gouvernement britan­nique d'évaluer le prix économique du changement climatique, Sir Nicholas Stern, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, estime que l'inaction pourrait coûter 5 % de PNB mondial par an. Voire 20 % dans le scénario le plus pessimiste. Par opposition, une politique de réduction des rejets de gaz à effet de serre coûterait 1 % du PNB par an. Comme toute prévision, le rapport Stern est contestable et contesté, mais c'est l'étude économique la plus poussée sur le sujet.

Comment réduire les rejets de gaz à effet de serre à un coût raisonnable ? Les chefs d'État du G8 ont demandé à l'Agence internationale de l'énergie (AIE) d'apporter des réponses. L'AIE a présenté en octobre son scénario, baptisé «450». En référence à la limite de concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère de 450 parties par million (ppm) que le Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur le climat) préconise de ne pas dépasser. Au-delà, les savants estiment que la hausse des températures mondiales pourrait dépasser les 2 °C et devenir incontrôlable.

Toute prospective a ses limites

Suivre le «scénario 450» de l'AIE, c'est atteindre un pic d'émissions annuelles anthropiques de 30,9 milliards de tonnes dès 2020. Cela suppose que les pays industrialisés respectent leurs engagements et que les grands pays émergents appliquent les politiques volontaristes annoncées avec plus ou moins de précision. En examinant, secteur par secteur, région par région, la panoplie des outils disponibles, l'AIE chiffre à 10 500 mil­liards de dollars l'investissement nécessaire pour limiter le réchauffement. Chaque année d'attentisme ajouterait à la facture 500 milliards.

L'AIE compare son scénario vertueux avec un scénario attentiste («business as usual», disent les économistes). Le scénario 450, baptisé dans notre infographie ci-dessous «scénario Copenhague», permettrait d'épargner à l'atmosphère 14 milliards de tonnes de CO2 en 2030 par rapport au scénario «statu quo». Soit plus que les rejets actuels cumulés de la Chine et des États-Unis. Toute prospective a ses limites, mais une certitude demeure : il n'y a pas de solution miracle qui s'appellerait éolien, solaire ou énergie de la mer. Il faudra agir sur tous les leviers à la fois.

La révolution des mœurs au bout du pot d'échappement


Et si un simple gadget électronique fixé à votre pot d'échappement, conçu en Inde, provoquait une révolution chez le conducteur que vous êtes ainsi qu'une baisse massive des émissions de gaz à effet de serre ? Experts et décideurs prévoient les effets des grands choix énergétiques. Mais des innovations, non prévues dans leurs scénarios, peuvent apporter leur petite pierre, voire bouleverser la donne.

GBS Bindra (les Indiens se désignent par les initiales de leurs prénoms), directeur du centre d'innovation de la société d'informatique Logica, à Bangalore, est convaincu que l'«EMO», conçu par ses équipes, est l'une de ces pépites révolutionnaires. Il s'agit d'un capteur de CO2 qui s'ajuste au pot d'échappement. L'appareil est connecté à un calculateur qui mesure les rejets en temps réel. C'est à l'étape suivante que le concept innove vraiment : lorsque vous arrivez à la pompe à essence, celle-ci, dûment équipée, enregistre automatiquement par transmission radio vos performances.

Une des innovations de l'année

Vous avez conduit vertueusement, sans trop appuyer sur le champignon ni pousser les rapports ? La pompe vous calcule une ristourne sur le litre d'essence. Avec la même voiture, vous avez la conduite polluante ? La pompe vous facture le litre plus cher. «Nous sommes en pourparlers avec des compagnies pétrolières et des autorités en Europe et aux États-Unis», assure GBS Bindra, par téléphone depuis Bangalore. «Des pays scandinaves semblent intéressés.» «Le conducteur, en voyant que son voisin paie son essence moins cher, changera de comportement», prédit l'ingénieur, convaincu qu'un prix variable peut agir sur le comportement, bien mieux qu'une taxe fixe. Selon ses calculs, les émissions de CO2 liées aux voitures pourraient baisser de 12 à 16 % si l'EMO était généralisé. Les transports représentent 13 % du carbone rejeté par l'homme. L'invention a été distinguée par The Economist comme l'une des innovations de l'année.

L'Agence internationale de l'énergie n'attend pas un décollage du marché des voitures électriques avant 2015. Moteurs électriques et hybrides représenteraient la moitié du marché à partir de 2050 seulement. Le moteur à combustion a encore de beaux jours devant lui. Il n'est donc pas vain de continuer à plancher pour en réduire les émissions, comme le font les constructeurs et l'ingénieur Bindra.

LA POLITIQUE DU COUCOU : ILLUSTRATION

Copenhague : l'heure des choix pour la planète

A partir de ce lundi et jusqu'au 18 décembre, la dirigeants de la planète seront au chevet du climat à Copenhague, la capitale danoise. Quelque 192 pays plancheront sur un sujet qui touche tous les humains de l'Arctique, à l'Antarctique, en passant par les pays tropicaux ou tempérés, comme la France, avec un objectif majeur : éviter une hausse de la température moyenne de plus de deux degrés.
A quelques heures de la 15e conférence des Nations unies sur les changements climatiques , le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré «très optimiste pour Copenhague».« Nous aurons un accord – et je crois qu'il sera signé par tous les pays membres de l'ONU, ce qui serait historique», a-t-il confié au quotidien danois «Berlingske Tidende». Interrogé par ailleurs lors d'une émission sur les chaînes TV5Monde et RFI sur le contrôle du respect des décisions prises à Copenhague, Ban Ki-moon a annoncé son intention de créer un groupe «de haut niveau», composé notamment de chefs d'Etat, d'universitaires et d'experts capables de décider éventuellement de sanctions.

La présence d'Obama de bon augure

Parmi les signes de bon augure, l'annonce de la Chine, premier émetteur mondial de CO2 , fin novembre, qui souhaite réduire ses émissions de carbone. Et puis, la présence du président américain, Barack Obama, au Danemark à la fin du sommet. En 1997, son prédécesseur George W. Bush, n'avait pas ratifié le protocole de Kyoto. Trente-huit pays industrialisés s'engageaient alors à réduire de 5,2 % des gaz à effet de serre d'ici à 2012. Ce serait aux accords de Copenhague de prendre le relais. Parmi les priorités du sommet de Copenhague, justement l'élargissement du protocole de Kyoto aux Etats-Unis et aux pays la Chine, le Brésil ou l'Inde.

Limiter la hausse de la température à deux degrés

Ban Ki-moon a appelé à ne «pas perdre de temps, parce que tous les gouvernements du monde sont d'accord sur le fait que la température moyenne ne doit pas augmenter de plus de deux degrés». Un seuil maximal qui est aussi la priorité de l'Union européenne. Ce dimanche, le ministre allemand de l'Environnement Norbert Röttgen (CDU) a estimé que le sommet de Copenhague sera un échec s'il ne débouche pas sur un engagement à cette limitation.

Un tel réchauffement aurait de très fâcheuses conséquences : la fonte des glaciers, par exemple, une baisse des précipitations sur le bassin méditerranéen, un risque d'extinction plus important pour 30% des espèces végétales et animales.

Y arriver n'est pas aisé. Selon les experts du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat), cités par «Le Monde» les pays développés devraient avoir réduit leurs propres émissions dans une fourchette de 25 % à 40 % d'ici à 2020 et de 80 % d'ici à 2050. Or les engagements annoncés à ce jour représentent une baisse de seulement 12 % à 16 % d'ici à 2020. Il faudra également que les pays du Nord aident les pays du Sud. A quelle hauteur financière ? Via quel organisme ? Des questions qui devront trouver une réponse au Danemark.

L'UE devrait cette semaine se dire prête à offrir entre «1 et 3 milliards d'euros» d'aide immédiate aux pays en développement pour les trois prochaines années (2010-2012), afin de les aider à lutter contre les effets du changement climatique, a annoncé dimanche le Financial Times Deutschland (FTD).

L'inquiétante arrivée du « poisson lapin " près de nos côtes

C'est l'une des (nombreuses) espèces dites « invasives », qui étendent leur habitat en profitant du réchauffement climatique ou du développement des échanges intercontinentaux. Avec des conséquences plus ou moins néfastes pour les équilibres naturels des espaces nouvellement colonisés. Ainsi le « poisson lapin » (Siganus luridus), un herbivore apparu récemment près de nos côtes, serait à classer parmi les envahisseurs particulièrement redoutables. Tant son aptitude à se multiplier pourrait menacer les végétaux de notre littoral et notamment les précieux herbiers de posidonie.

Les prairies sous-marines en danger

Originaire des mers chaudes, ce poisson de couleur brune et d'une vingtaine de centimètres de long est muni d'épines dorsales le protégeant des prédateurs. Après la seconde guerre mondiale, il a traversé le canal de Suez. Il s'est alors répandu dans le bassin oriental de la Méditerranée où il a proliféré. « 70 % des poissons fréquentant les côtes libanaises sont des Siganus luridus » souligne à Nice le professeur Patrice Francour, du Laboratoire environnemental marin littoral de la faculté des Sciences. « Lors de plongées dans les eaux turques, j'ai observé des bancs de 10 000 individus... »

Jusqu'ici, le poisson lapin ne s'était pas aventuré en Méditerranée occidentale. « Sans doute parce que la température de l'eau descendait trop bas en hiver - 13° - pour cette espèce d'origine tropicale » explique Patrice Francour, qui prépare une publication scientifique sur le sujet. Toutefois, cette barrière thermique ne semble plus opérante. En juillet 2007, un Siganus luridus fut ainsi découvert dans les filets d'un pêcheur de Carry-le-Rouet, près de Marseille. Deux explications sont avancées : « La température chute toujours à 13° mais sur une période plus courte. Et puis, de l'eau chaude est drainée de l'est vers l'ouest de la Méditerranée, à la suite d'une modification des courants, vraisemblablement engendrée par une élévation du mercure en Europe orientale ».

Bref, les conditions seraient réunies pour favoriser l'installation sur nos côtes du poisson lapin. Celui-ci va jeter son dévolu sur les algues brunes (cystoseires) et surtout sur les herbiers de posidonies. Au point de mettre en péril ces prairies sous-marines servant de réservoirs de biodiversité, d'amortisseurs de houle et donc de protection contre l'érosion des rivages ? Toute la question est là.


Jean-paul Fronzes

Climat: les ONG "montent le son" à deux jours du sommet de Copenhague

Des centaines de personnes ont battu le tambour et tapé sur des casseroles et boîtes de conserve dans une dizaine de villes françaises samedi, pour "monter le son" à deux jours de la conférence de Copenhague sur le climat (7-18 décembre).

Ces "flash-mob" étaient organisées à 12H18 pétantes, en référence à la date de clôture de la conférence des Nations Unies sur le climat, le 18 décembre (12/18 en anglais).

Devant l'église Sainte-Eustache, dans le quartier des Halles à Paris, plusieurs centaines de personnes habillées d'orange, noir et blanc, aux couleurs de l'Ultimatum climatique qui rassemble onze ONG, ont bravé la pluie pour ce concert rythmé par les tambours. L'arrivée du soleil a été accueillie avec enthousiasme par les militants, venus "monter de son pour faire pression
sur Nicolas Sarkozy" à deux jours de la conférence climat.

"J'ai le sentiment que les choses bougent et qu'il y a une forme de ressaisissement collectif et c'est une bonne nouvelle", a déclaré la secrétaire nationale des Verts Cécile Duflot. "Et c'est pour cela qu'il faut que les citoyens continuent et continuent durant toute la durée du sommet de se mobiliser, parce qu'avec cette pression citoyenne, on peut aussi faire bouger nos dirigeants pour qu'ils se sentent comptables vis-à-vis de la population de notre planète".

A Bordeaux, devant une banderole proclamant "Climat : Urgence J-2" tendue sur les marches du Grand théâtre, plusieurs militants de Greenpeace, vêtus de combinaisons orange auxquelles étaient fixés des ballons noirs, arboraient des plastrons rappelant les rejets annuels de gaz à effet de serre dans différents pays (0,1 T/an pour un Malien, 8,7 T/an pour un Français et 24,5 T/an pour un Américain).

"Il faudrait réduire de 40% d'ici 2020 les émissions de gaz à effet de serre alors que l'Europe s'est engagée sur seulement 20%, voire 30% en cas d'accord mondial", a regretté Patrick Maupin, responsable local de l'association.

Une trentaine de militants de l'"Ultimatum climatique" ont manifesté bruyamment samedi dans le centre de Marseille, à renfort de tambours, casseroles et sifflets. "Nous serons mobilisés pendant tout Copenhague", a affirmé l'un des militants présents, convaincu que "les engagements pris seront inférieurs aux chiffres du Giec" (Groupe d'experts intergouvernemental sur le changement climatique).

L'Ultimatum climatique a été lancé par onze organisations écologistes et humanitaires françaises (WWF, Greenpeace, Amis de la Terre, Fondation Nicolas Hulot, Médecins du Monde, Action contre la Faim, Secours Catholique, Oxfam...).

Une journée internationale d'action a lieu samedi avant la négociation de Copenhague, où la communauté internationale doit aboutir à un accord en vue de contenir le réchauffement de la planète et d'aider les pays du sud à faire face à ses conséquences.


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La conférence de Copenhague s'ouvre avec davantage d'espoirs

La venue du président américain en fin de négociation est un signal positif. Le secrétaire général des Nations unies demande aux chefs d'Etat de mettre en place une aide annuelle de 10 milliards de dollars pour les pays en développement.
A priori, la nouvelle paraît banale. Vendredi, la Maison-Blanche a annoncé la décision du président Barack Obama de retarder son arrivée à Copenhague, prévue normalement mercredi, et de la reculer à la fin de la semaine prochaine. Mais pour les quelque 20.000 négociateurs, représentants des ONG, des milieux d'affaires ou syndicalistes à peine arrivés dans la capitale danoise, cette décision vient confirmer le sentiment que les lignes sont en train de bouger. Et que la conférence des Nations unies sur le climat a une petite chance d'aboutir sur un texte politique ayant du sens.

Traditionnellement, ces conférences se déroulent en deux parties. La première semaine, les diplomates négocient et rédigent un texte. Lequel est encore modifié puis approuvé lors de la deuxième semaine par les ministres de l'Environnement. Mais pour la première fois, le sujet est devenu mondial, de la responsabilité directe des chefs d'Etat.
La présidence danoise estime que 105 présidents ou Premiers ministres feront le déplacement. Le dernier, et non des moindres, à avoir répondu positivement est le Premier ministre indien Manmohan Singh, dont le pays a fait savoir la semaine dernière qu'il s'engage volontairement à réduire l'intensité carbone de son économie de 25 % en 2020 par rapport à 2005. Une annonce similaire à celle de la Chine qui a mis sur la table un chiffre de réduction de son intensité carbone de 45 %.

« Le président estime que le rôle d'entraînement des Etats-Unis sera sans doute plus efficace s'il participe à la fin du sommet de Copenhague. Il reste des questions importantes qui doivent être négociées pour parvenir à un accord, mais cette décision illustre son engagement de président à faire tout ce qu'il peut pour aboutir à un résultat positif », a fait savoir son entourage avant de préciser qu'il s'est entretenu dans le courant de la semaine avec le Premier ministre australien, la chancelière allemande, le président français et le Premier ministre britannique.

La question du financement de l'aide aux pays en développement a été discutée lors de ces échanges. La Maison-Blanche a affirmé, vendredi, que les Etats-Unis assumeraient leur « juste part » du programme de 10 milliards de dollars d'aide par an jusqu'en 2012 demandé par les Nations unies. « Les pays développés devront faire savoir de quelle manière ils comptent mettre en place des financements dont on puisse être certain. Cet argent doit être bien réel, important, immédiat et additionnel. Ensuite, d'ici à 2020 ou 2030, il nous faudra des sommes beaucoup plus significatives, de l'ordre de centaines de milliards de dollars, pour faire face à l'atténuation du changement climatique et à l'adaptation dans les pays en développement », a affirmé dimanche, Yvo de Boer, le secrétaire de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques.
Les ONG vont donner de la voix

Des milliers de représentants d'ONG ont bien l'intention de rappeler les chefs d'Etat à leurs responsabilités. Le bateau de Greenpeace, l'Arctic Sunrise, s'est ancré dimanche face au Parlement danois. Et un forum alternatif est prévu près de la gare centrale afin de rendre visibles les victimes actuelles du changement climatique. Les ONG vont crier que depuis 1992, date de l'adoption de la convention des Nations unies sur les changements climatiques à Rio, les émissions mondiales ont augmenté de 30 %. Et qu'il est impossible d'imaginer que le protocole de Kyoto prenne fin en 2012, date de la fin de la première période d'engagement. L'enjeu de la conférence de Copenhague est de trouver une suite, de construire un nouvel instrument international capable d'orchestrer les engagements de chacun. Yvo de Boer a reconnu ces dernières semaines qu'il n'est plus possible d'adopter un traité tant les positions des uns et des autres sont encore éloignées. Mais il espère être en mesure de faire signer aux chefs d'Etat un accord politique. Dans une interview accordée, hier, au journal danois « Berlingske Tidende », le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a affirmé :« Je suis très optimiste pour Copenhague. Nous aurons un accord -et je crois qu'il sera signé par tous les pays membres de l'ONU, ce qui serait historique ». Réponse le 18 décembre.
JULIE CHAUVEAU, Les Echos

Thibault : «Je n'ai passé aucun deal avec Sarkozy»

INTERVIEW - A quelques heures de l'ouverture du 49e congrès de la CGT, à Nantes, le secrétaire général répond à la tendance «dure» du syndicat, qui juge qu'il «fréquente» trop l'Elysée.

LE FIGARO. - Les syndicats ne sont plus capables de parler d'une seule voix alors que le chômage grimpe toujours. L'unité est-elle morte ?

BERNARD THIBAULT- Le premier semestre 2009 a été caractérisé par des journées de mobilisation exceptionnelles et par de nombreux conflits disparates. Nous avons ensuite buté sur un problème structurel : la faiblesse de l'implantation syndicale dans les entreprises. Et l'attitude de certaines centrales, FO en tête, n'a pas aidé à maintenir l'unité. Mais aucune organisation n'a aujourd'hui la capacité d'inverser seule le cours des choses. Nous avons donc intérêt à poursuivre dans cette démarche d'unité pour peser face au gouvernement et au patronat.

Que retenez-vous de votre action, depuis dix ans à la tête de la CGT ?

Une grande majorité pensait en 1999 que la mort, même lente, de la CGT était inscrite. Non seulement nous avons démenti les pronostics les plus sombres d'une CGT marginalisée et symbolique, mais nous avons au contraire réussi au fil des ans à affirmer notre statut de syndicat français de salariés le plus influent. Cela ne doit pas pour autant nous rendre euphoriques. J'annoncerai aujourd'hui en introduction du congrès que nous sommes 654 500 adhérents, soit autant qu'il y a dix ans. Nous ne pouvons pas nous en satisfaire. Cela veut dire néanmoins que, compte tenu des changements intervenus dans l'économie depuis dix ans, nous avons réussi à nous implanter, même faiblement et insuffisamment, dans de nouveaux secteurs.

Pourquoi avez-vous du mal à vous implanter dans le privé et les PME ?

La trouille reste le principal obstacle à un salarié qui songe à se syndiquer ! On ne reproche jamais à un médecin, un avocat ou une entreprise d'adhérer à un syndicat, mais on ne l'admet pas d'un salarié. La discrimination syndicale est un frein objectif. Par ailleurs, l'écart se creuse de plus en plus entre les lieux où nous sommes implantés et ceux où le salariat se développe. Nous devons donc revoir notre organisation interne pour coller mieux à la réalité du terrain. Tous nos syndicats devront réfléchir à leur périmètre. L'avenir n'est pas à un corpora­tisme poussé à l'extrême mais à la définition d'un rapport de forces plus large qu'aujourd'hui.

Vous parlez de réforme de structures, mais ne faut-il pas surtout changer les pratiques syndicales ? Une nouvelle grève commence samedi à la SNCF : comment le salarié du privé bloqué sur un quai de gare peut-il avoir envie de se syndiquer ?

Je vous rassure tout de suite : le même salarié s'adressera à la CGT dès que son emploi sera menacé ! Et ce, même s'il subit parfois les conséquences d'une grève qu'il lui arrive de comprendre et de soutenir.

La CGT s'affiche de plus en plus avec la CFDT. Jusqu'où ira votre duo avec François Chérèque ?

C'est la CGT qui se rapproche de la CFDT ou l'inverse ? La CFDT m'a invité à débattre de l'avenir du syndicalisme lors de son université d'été. Il y a quelques années, elle était persuadée d'incarner seule cet avenir… Peut-être se dit-elle que la CGT n'a pas tout faux dans ce qu'elle dit et fait.

Le rendez-vous 2010 sur les retraites ne va-t-il pas faire exploser cette entente, comme le précédent, en 2003 ?

Les retraites ont toujours été un sujet de clivage entre nous et il est possible qu'elles le soient encore. À chaque fois que les organisations syndicales se sont présentées en ordre dispersé, l'addition a été salée pour les salariés. Jamais la CGT n'acceptera une remise en cause de la retraite à 60 ans, comme le souhaite le Medef. Les retraites sont un sujet qui a toujours mobilisé les Français, et les gouvernements y ont laissé parfois plus que des plumes. Nous serons donc présents au rendez-vous, avec des propositions.

L'équité entre retraites du public et du privé va revenir en débat. Quelle sera votre position ?

Le président de la République, qui se félicite d'être le premier à avoir retouché les régimes spéciaux, a vendu cette réforme à l'opinion en se basant sur le principe d'équité. Il ne pourra pas nous faire deux fois le même coup, la cartouche a déjà été utilisée.

Nicolas Sarkozy a déclaré mardi que la France pouvait être «fière de son mouvement syndical» qui n'a pas «cédé à la démagogie». Vous le prenez comme un compliment ou cela vous gêne ?

Le chef de l'État aurait tort de croire que le climat social s'est amélioré en se basant uniquement sur l'absence de grandes mobilisations nationales. Il y a aujourd'hui un vrai climat revendicatif dans notre pays, même s'il est plus diffus qu'au premier semestre. Et il s'en rendra compte tôt ou tard.

Les propos du président sous-entendent que vous avez efficacement canalisé la colère des salariés. Considérez-vous que c'est votre rôle ?

Notre boulot est de faire en sorte que les salariés ne se cantonnent pas à exprimer leur colère mais qu'ils l'expriment en revendications et obtiennent des résultats.

Certains militants vous reprochent de négocier sans réserve avec Nicolas Sarkozy. Que leur répondez-vous ?

Certains pensent qu'il ne faut pas discuter avec le président actuel parce qu'aucune de nos revendications ne peut, par principe, trouver de réponse satisfaisante. Dois-je attendre 2012 ou plus tard, qu'un autre occupe le poste, pour essayer d'améliorer la situation des salariés ? Ce n'est pas l'his­toire ni l'identité de la CGT. En même temps, le président raisonne en termes de rapport de forces sur tous les sujets. Si on veut que nos propositions soient examinées avec sérieux, il faut afficher une mobilisation de haut niveau.

Vous parlez de rapport de forces, mais on vous prête des « deals » avec le chef de l'État. Dernier en date : vous auriez validé la nomination d'Henri Proglio à EDF…

On m'attribue des phrases entre guillemets qui sont pur mensonge. J'aurais aussi dit au chef de l'État, lors de la réforme des régimes spéciaux : « Donnez-moi quatre jours et je mets fin à la grève. » C'est totalement faux. Certains cherchent à instaurer du doute sur la loyauté du secrétaire général de la CGT. Je mets au défi quiconque d'en apporter la preuve : j'ai été fidèle aux orientations fixées par le précédent congrès et en aucun cas coupable ou responsable de quelque « deal » que ce soit avec le président de la République, avec un ministre, avec un conseiller de l'Élysée, ou avec quiconque.

Qui voudrait «instaurer le doute» ? L'extrême gauche, le NPA, parfois soupçonné de vouloir infiltrer la CGT ?

Dès lors que vous occupez la première place, on cherche à vous déstabiliser. Mais je n'interprète pas les critiques comme quelque chose de structuré politiquement. Et, de toute façon, je n'ai aucune inquiétude : les premiers qui auraient la tentation de vouloir structurer la vie interne de la CGT sur des bases politiques seraient combattus par la grande majorité de nos militants et de nos adhérents. Il y a à la CGT une pluralité d'opinions qui s'exprime, d'autant plus que la majorité de nos adhérents n'appartient à aucun parti politique. Ce qui fait la force de la CGT est de pouvoir afficher son indépendance vis-à-vis de quelque parti que ce soit. Quant au NPA, il nous est arrivé récemment de faire une mise au point avec Olivier Besancenot, qui, en tant que responsable politique, prétendait s'ériger en professeur syndical. Et je note que ça va beaucoup mieux depuis.

Est-ce votre dernier mandat ?

La question se posera un jour ou l'autre mais pas aujourd'hui.

Vous n'aurez en tout cas que 53 ans à l'issue de votre prochain mandat. Y a-t-il une vie après qu'on a été secrétaire général de la CGT ? Retournerez-vous à la SNCF réparer des trains ?

Les matériels que je réparais n'existent plus ! Cela dit, j'espère bien qu'il y a une vie après, même si je n'ai pas le temps d'y réfléchir pour le moment. J'ai cet avantage d'être issu d'une entreprise à statut public qui assure une reconversion professionnelle à ses syndicalistes. Je ne serai pas à la rue, je demeure cheminot.

EH OUAIS, IL EMMERDE TOUT LE MONDE, MAIS RESTE UN PLANQUÉ DE FONCTIONNAIRE.

"L'Europe doit s'orienter massivement vers les technologies vertes"

L'UE fait figure de bonne élève avec son "paquet climat-énergie", qui prévoit la réduction de 20 % des émissions des gaz à effet de serre à l'horizon 2020. Explications du commissaire européen à la recherche, le Slovène Janez Potocnik.
50 milliards d'euros: c'est le budget que la commission estime nécessaire pour financer la recherche sur les technologies vertes. Est-ce réaliste, alors que la part de la recherche plafonne depuis des années?

Nous n'avons pas le choix. Pour remplir les objectifs environnementaux et garantir son indépendance énergétique, l'Europe doit s'orienter massivement vers les technologies "vertes". La Commission a proposé aux Etats et à l'industrie un plan d'action commun (le SET Plan) afin d'accélérer le développement des alternatives aux énergies fossiles, telles que le solaire, l'éolien, la biomasse, le nucléaire ou les réseaux électriques "intelligents". D'une manière générale, l'Europe s'est fixé comme but d'investir dans la recherche 3% du PIB européen contre 1,9 % aujourd'hui. 3%, c'est aussi le niveau assigné par le président Obama à la recherche américaine. L'important, c'est de mieux coordonner nos efforts, pour que l'espace européen de la recherche soit le plus efficace possible.

Vous misez également sur le solaire - 16 milliards d'euros - alors même que ce secteur concentre au mieux 15% de l'électricité européenne...

Comme je l'ai dit, nous n'isolons plus un secteur ou un budget, mais nous considérons un ensemble d'orientations. Le solaire en fait partie. Ce secteur nécessite plus d'argent que d'autres car les coûts de la recherche, de projets pilotes et du lancement sur le marché sont plus élevés. Mais nous estimons que, à terme, les avancées y seront déterminantes: c'est pourquoi nous proposons de mettre ces coûts en commun. A l'avenir, les principales puissances mondiales seront celles qui auront pris la main dans ces domaines.

Parmi les énergies identifiées, et d'intérêt pour certains pays comme la France ou l'Allemagne, la technique du captage et du stockage de CO2 tient la corde. Avec quels espoirs?

Nous savons aujourd'hui que cette technologie est une réalité et a un potentiel important pour l'Europe. Les résultats de l'un des projets financés par les fonds européens, le projet Castor, sont intéressants. Pendant quatre ans, des chercheurs de dix Etats ont travaillé sur une installation pilote, implantée au Danemark au sein d'une centrale électrique à charbon, et ont démontré qu'il était possible, sous certaines conditions, de récupérer 90% du CO2. Nombre d'Etats auront encore longtemps recours au charbon. Il faut donc apprendre à en réduire les effets néfastes.

Comment l'Europe s'implique-t-elle dans les technologies "propres" les piles à combustible ou l'hydrogène, par exemple?

Nous voulons associer les entreprises. Le coût des énergies fossiles, c'est un fait, reste encore bon marché, comparé à celui des technologies énergétiques alternatives. Du coup, le marché ne montre pas d'inclination naturelle en faveur de celles-ci. D'où la mise en place d'un partenariat privé-public afin d'accélérer la commercialisation des technologies de l'hydrogène et des piles à combustible, utilisées notamment dans les transports, les matériels informatiques, etc. 800 millions d'euros seront partagés entre la Commission et ses partenaires industriels. Un autre exemple est celui de Clean Sky, un projet lancé par la Commission avec l'industrie aéronautique et doté d'un budget de 1,6 milliard d'euros. Il vise à développer des transports aériens moins polluants. Cet investissement sur le futur sera bénéfique: les premiers, entreprises comme Etats, à s'engager dans cette direction seront les leaders de demain. Ne perdons pas de temps: les Etats-Unis ou la Chine l'ont déjà bien compris...