lundi 6 décembre 2010
L'UE menace la Côte d'Ivoire de sanctions
La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, envisage des sanctions contre la Côte d'Ivoire si la crise politique née du second tour de l'élection présidentielle n'est pas rapidement résolue, a indiqué lundi 6 décembre une porte-parole. Laurent Gbagbo et son rival Alassane Ouattara revendiquent toujours la victoire, alors que le Sud-Africain Thabo Mbeki a été dépêché en urgence par l'Union africaine pour servir de médiateur.
De leur côté, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement ont indiqué qu'elles s'interrogeaient sur l'opportunité de continuer à aider le pays. "Nous souhaitons continuer à travailler avec le peuple de Côte d'Ivoire dans le combat contre la pauvreté, mais il est difficile de le faire efficacement dans un contexte d'incertitude et de tension qui se prolonge", ont indiqué les deux institutions.
LE COUVRE-FEU NOCTURNE RECONDUIT
Laurent Gbagbo, qui a reconduit lundi le couvre-feu nocturne instauré avant la présidentielle du 28 novembre, jusqu'au 13 décembre, s'est mis à dos l'ensemble de la communauté internationale. S'il bénéficie du soutien de l'armée, il est totalement isolé sur la scène diplomatique (lire l'entretien avec le chercheur Philippe Hugon). Lors de sa prestation de serment, samedi, seuls deux pays étaient représentés : l'Angola et le Liban. Alassane Ouattara, désigné vainqueur par la Commission électorale, est notamment soutenu par les Nations unies, l'Union africaine, l'Union européenne, les Etats-Unis et la France.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a salué en M. Ouattara le véritable vainqueur du scrutin. Barack Obama lui a adressé ses félicitations dès vendredi soir, et Nicolas Sarkozy a parlé de l'élection "incontestable" de l'ancien premier ministre. L'Afrique du Sud est un des pays qui se sont prononcés avec le plus de prudence sur le coup de force de Laurent Gbagbo.
Discrédité à l’étranger, attaqué par d’ex-alliés de droite qui réclament sa démission et préparent une motion de défiance contre lui, égratigné par les « révélations » de WikiLeaks, le Cavaliere semble jouer le dernier acte d’une tragi-comédie ponctuée de procès et de scandales sexuels.
Malgré cela, le Premier ministre italien garde le moral et a raillé ce week-end, de Sochi (Russie), où il assistait au sommet italo-russe, ses adversaires italiens qu’il juge insignifiants. Répondant aux indiscrétions de WikiLeaks l’accusant de fonder sa relation avec Poutine et Medvedev sur des « intérêts personnels » et le décrivent « déprimé et fatigué par ses excès », il a énuméré en souriant tous ses voyages en cours puis nié tout intérêt privé en Russie, sa fortune étant déjà faite.
Puis il a taquiné ses ex-alliés politiques italiens de droite en donnant « rendez-vous le 14 décembre à ceux qui veulent renverser son gouvernement choisi par une majorité d’Italiens ». Selon lui, le vote de défiance annoncé, un « immense bluff », aura le mérite de « révéler les noms des traîtres ». Une allusion aux députés fidèles au président de l’Assemblée, Gianfranco Fini, ex-leader fasciste, qui a fondé Futur et liberté pour l’Italie (FLI) et mène la fronde. Pour l’heure, Berlusconi refuse de se démettre. Il sait que les 85 parlementaires du centre droit prêts à additionner leurs voix à celles de la gauche pour le faire tomber redoutent des élections anticipées qu’ils perdraient, le Peuple de la liberté (PDL) de Berlusconi étant toujours en tête et plus que jamais uni à la Ligue du Nord (populistes et fédéralistes), en constante progression. Les frondeurs sont connus : 36 députés du FLI de Fini, 35 de l’Union du centre (UDC) de Pier Ferdinando Casini, 6 de l’Alliance pour l’Italie (API) de Francesco Rutelli, cofondateur du Parti démocrate (gauche), et 5 du Mouvement pour l’autonomie (MPA) du président de la région sicilienne, Vincenzo Lombardo. La faiblesse de ce « IIIe Pôle » est qu’il est condamné à mêler ses voix à la gauche, ce qui le discrédite auprès de ses électeurs de centre droite, d’où sa revendication de changer la loi électorale pour renforcer les petits partis et d’où sa demande au président de la République, l’ex-communiste Giorgio Napolitano, de désigner un nouveau Premier ministre sans passer par les urnes.
Mais Napolitano va-t-il « renvoyer à la maison ceux qui ont gagné les élections (Silvio Berlusconi et Umberto Bossi, chef de la Ligue du Nord, NDLR), puis nommer au gouvernement ceux qui les ont perdues ? » questionne le Cavaliere. Le pari est risqué pour Gianfranco Fini, qui depuis quinze ans veut prendre la place du Cavaliere en jouant la carte « centriste ». Quatre scénarios demeurent possibles : 1) un gouvernement de centre droit est mis en place avec quelqu’un d’autre que Berlusconi, ce que veut le IIIe Pôle en cas de succès de la motion ; 2) un nouveau gouvernement naît de l’alliance entre la droite antiberlusconienne et l’opposition de gauche, option fort risquée ; 3) la crise débouche sur des élections anticipées gagnées par la droite berlusconienne, et Fini perd tout, la gauche étant moribonde ; 4) en cas d’échec de la motion, un nouveau gouvernement Berlusconi est reconstitué, mais affaibli par une majorité très étroite, ce qui est déjà le cas, comme le constate le député européen Gabriele Albertini, ex-maire de Milan, pour qui la rébellion des hommes de Fini alliés aux centristes a déjà pénalisé le gouvernement sur le terrain des réformes et qui compare la crise actuelle à l’opposition entre prétoriens et légionnaires sous l’Empire romain…
Tout en soutenant le gouvernement, Albertini, l’une des personnalités les plus cultivées de la classe politique italienne, déplore le non-respect du « code éthique » proposé par Fini (plusieurs membres de la majorité étant en procès pour corruption) et le fait que le parti berlusconien refuse la diversité. D’après lui, un autre scénario consisterait à faire démissionner le Cavaliere puis à le charger de former un nouveau gouvernement rééquilibré. Quant à la Ligue du Nord, qui prône le « fédéralisme fiscal », elle défend Berlusconi, selon lui, « non par amour pour lui mais par amour du projet fédéraliste qu’il soutient ».
Or il ne faut pas oublier que ceux qui veulent la chute de la coalition Berlusconi-Ligue du Nord n’ont pas que des motivations vertueuses ; car cette coalition a voté des lois révolutionnaires, amendées par les frondeurs, visant à introduire en Italie le « fédéralisme fiscal », qui prévoit de responsabiliser et de sanctionner les régions mal gérées, souvent celles des frondeurs, parfois à forte présence mafieuse, et dont les dépenses sont exorbitantes…
Nicolas Sarkozy : «Laurent Gbagbo doit laisser le pouvoir»
La mise au point est intervenue lundi matin d'Inde en plein déplacement présidentiel. Nicolas Sarkozy au cours d'une conférence de presse à New Delhi devant la presse indienne et Française, a ouvertement demandé à Laurent Gbagbo de céder la place au «président élu» en Côte d'Ivoire.
«La décision s'impose à tous, a rappelé le chef de l'Etat français. Un président a été élu. La volonté des Ivoiriens doit être respectée.»
Nicolas Sarkozy a indiqué que sa position n'était pas différente de l'ONU et de la communauté internationale. En s'adressant indirectement à Gbagbo, qui refuse de reconnaître le verdict des urnes qui ont désigné Alassanne Ouatarra comme le vainqueur de l'élection présidentielle, le président français a précisé : «C'est à lui de choisir le rôle qu'il veut tenir dans l'histoire».
«J'ai eu une fois M. Gbagbo au téléphone (NDLR : dans la nuit de vendredi à samedi), je lui ai dit que c'est à lui de choisir le rôle qu'il veut jouer dans l'histoire et (qu')il doit laisser le pouvoir au président qui a été élu», a-t-il insisté.
Le président français Nicolas Sarkozy avait convoqué une réunion lundi à New Delhi «pour faire le point sur la situation en Côte d'Ivoire», en présence de sa ministre des Affaires étrangères Michèle Alliot-Marie, a-t-on appris dans l'entourage du chef de l'Etat.
Après les avoir fermées jeudi soir après l'annonce de la victoire d'Alassane Ouattara, l'armée ivoirienne a annoncé qu'elle rouvrirait ce lundi matin les frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays.
Alors que la situation sur place semble stabilisée, Nicolas Sarkozy a indiqué rester "très vigilant" sur la sécurité des Français résidant en Côte d'Ivoire.
"Les entreprises ont tout à gagner à mieux former les seniors"
Emploi des seniors Guillemard
envoyé par Capital. - L'actualité du moment en vidéo.
La famille Hermès crée une holding pour contrer LVMH
La soixantaine d'héritiers du fondateur Thierry Hermès, réunis en trois branches Dumas, Puech et Guerrand, détiennent aujourd'hui environ 73% du capital du sellier, en direct, sans être liés par des accords de préemption ou des pactes d'actionnaires.
Il s'agissait donc pour eux de trouver la parade face à LVMH, qui pouvait se présenter comme l'acheteur naturel d'actionnaires familiaux arrivant maintenant à la sixième génération, ayant des intérêts divergents et pouvant vouloir céder leurs titres au fil de l'eau.
Réunis vendredi à Paris, les actionnaires familiaux ont finalement opté, à l'issue d'une journée entière de discussions, pour une société holding à laquelle seront apportés plus de 50% du capital et ayant des droits de préemption sur les actions de la famille qui ne lui seront pas présentées.
"La famille a décidé de confirmer son unité à long terme en créant une société holding familiale distincte d'Emile Hermès SARL, dont la vocation sera de détenir des actions apportées par les membres familiaux représentant plus de 50% du capital d'Hermès International", lit-on dans un communiqué diffusé dimanche.
ENGAGEMENT "IRRÉVOCABLE"
Cette nouvelle société aura un droit de préférence sur les titres restés détenus en direct, assurant ainsi la liquidité aux membres de la famille qui voudraient les céder.
Hermès ne précise pas par quel moyen cette liquidité sera assurée. Elle pourrait provenir des dividendes générés par les actions qu'elle détient.
A terme, cette holding aurait ainsi vocation à contrôler la totalité des 73% du capital d'Hermès.
"L'engagement de la famille de constituer ce holding majoritaire est irrévocable", poursuit Hermès.
La famille "veut faire passer un message fort à LVMH sur le fait qu'elle entend conserver le contrôle capitalistique de la société à très, très long terme", a précisé une porte-parole d'Hermès.
Pour sa part, LVMH se refusait dimanche à tout commentaire.
L'opération sera sans effet sur les pouvoirs de l'associé commandité Emile Hermès SARL, contrôlé par la famille et qui a la maîtrise de la gérance du groupe.
En créant une société holding ayant plus de 33% du capital, Hermès devrait faire, dès lundi, une demande de dérogation auprès de l'Autorité des marchés financiers (AMF) afin de ne pas devoir lancer une offre publique d'achat sur le solde du capital.
Mercredi dernier, Colette Neuville, présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), était montée au créneau, en indiquant dans un courrier transmis à l'AMF qu'elle demanderait, dans ce cas de figure, le dépôt d'une OPA et qu'elle ferait appel de toute demande de dérogation.
Dans la vie internationale, une telle unanimité est rare : personne ne met en doute la victoire d’ Alassane Ouattara lors du scrutin présidentiel en Côte d’Ivoire. Laurent Gbagbo a beau s’être fait proclamer chef de l’État par un Conseil constitutionnel à sa main, le représentant local des Nation unies, Barack Obama ou Nicolas Sarkozy ont refusé de temporiser : pour eux, Alassane Ouattara est bien l’élu du suffrage universel. L’Union africaine, pour sa part, n’entérine pas non plus le passage en force de Laurent Gbagbo. Elle a nommé un médiateur, en la personne de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki.
Hier en fin d’après-midi, on ne pouvait se réjouir que d’une seule chose : le calme semblait prévaloir en Côte d’Ivoire. Tout doit être fait pour éviter que le pays n’entre dans un nouveau cycle de violence qui raviverait la coupure en deux du pays entre le Nord, acquis à Alassane Ouattara, et le Sud, fief de Laurent Gbagbo. De ce point de vue, la dignité dont a fait preuve le premier dans les heures qui ont suivi l’autoproclamation de Laurent Gbagbo mérite d’être saluée. La fermeté dont a fait montre le représentant des Nations unies doit également être relevée. Dans d’autres circonstances, par exemple dans les Balkans, ce ne fut pas toujours le cas.
Malheureusement, cela ne suffira pas à mettre fin à l’étrange situation dans laquelle se trouve la Côte d’Ivoire, avec deux chefs d’État, l’un jouant sur l’apparence de légalité, l’autre n’ayant pour lui que sa légitimité. In fine, une seule personne peut résoudre ce problème, sans violence et dans la dignité. C’est Laurent Gbagbo. Il ne serait pas scandaleux qu’avant de quitter le palais présidentiel, il négocie les conditions de son effacement, qu’il s’emploie en particulier à obtenir des garanties afin que ses partisans ne soient pas lésés par l’alternance. En dehors de cela, il se trouve seul face à sa responsabilité, historique. Il s’était solennellement engagé à respecter le verdict des urnes. C’est cette promesse qu’il doit tenir.
On se demandait vraiment où elle était passée. Et on l'a retrouvée un dimanche matin dans le journal. C'est sa façon à elle de dérouter, Martine. Elle a pris un malin plaisir à prendre l'exact contre-pied de son ancienne - et future ? - rivale. A l'insolence de Ségolène Royal, la première secrétaire du PS a répondu par l'indifférence. Au moins apparente. Commencé à Reims, le bras de fer politique entre ces deux femmes déterminées est décidément aussi musclé qu'un mano a mano entre deux costauds. C'est sûr : aucune ne lâchera l'affaire.
Ce n'est pas seulement une rivalité d'ambitions qui les oppose, mais une contradiction de méthode. A l'impatience revendiquée de l'une répond la patience calculée de l'autre. C'est aussi une question d'ordre des choses : l'une place la candidature avant le programme et l'autre l'inverse. C'est enfin une histoire de tempérament : quand la présidente de Poitou-Charentes fonçait à Paris pour se placer, la maire de Lille était loin des caméras, dans sa ville, pour s'occuper officiellement des pauvres et du plan grand froid. Comment être la plus proche du peuple, n'est-ce pas ?
La scénarisation de l'affrontement à la fois feutré et transparent de ce duo infernal a quelque chose de cinématographique. On sait que l'une des deux n'y survivra pas. Mais avant l'épilogue, quelle sera la séquence suivante ? Le problème, c'est qu'il n'y a pas de place pour deux versions.
Sur le papier, le calendrier tranquille de la première secrétaire parait posé et rationnel. Mais s'il veut délibérément échapper aux inévitables échauffements de la course à 2012, il repose aussi sur un périlleux déni des passions. Un pari de la sagesse un peu inconscient quand chacun peut constater tous les jours que la campagne présidentielle a déjà commencé. Car chaque retard sur l'adversaire UMP pourra se payer cher. Les socialistes peuvent-ils prendre le risque de rééditer le calendrier infernal qui a été l'une des causes du naufrage de leur candidate en 2007 ? Il ne suffira pas de prétendre réinventer l'histoire pour qu'elle ne se répète pas.
La partie la plus ingrate du film n'est pas encore montée. Martine Aubry s'est engagée à mettre des moyens de financement en face des projets d'égalité de son parti - à combler ces blancs qui, jusque là, les ont décrédibilisés. Toujours au futur. Il va falloir le présent. Passer à l'acte. Maintenant. Les appels d'un Manuel Valls à dire la vérité sur les épreuves qui, de toutes façons, attendent les Français, ont-ils seulement une chance d'être entendus dans une compétition féroce où les prétendant(e)s tenteront de s'arracher l'étiquette « de gauche » pour empocher le morceau ? L'appétit tranchera dans le vif plus rapidement que prévu. Préparez vos mâchoires.
Dans le monde multipolaire qui, en l'espace de dix ans, vient de s'affirmer, deux tendances lourdes dominent. On assiste, au jour le jour, à un basculement progressif de la richesse au profit d'acteurs émergents, surtout asiatiques. La Chine est désormais la deuxième puissance mondiale, l'Inde la dixième. Dans vingt ans, selon plusieurs études, elles pourraient être respectivement la première et la troisième.
L'autre tendance, c'est la complexité grandissante du jeu diplomatique, dans un monde où les alignements sont, pour l'heure, à géométrie variable. Tout le monde parle à tout le monde, commerce avec tout le monde. Même si l'héritage de la guerre froide se fait encore sentir, ici ou là, le développement notable des échanges entre les pays du Sud contraint les puissances du Nord à n'exclure aucun interlocuteur.
C'est dans ce contexte que s'inscrit la visite de Nicolas Sarkozy en Inde. Souvent éclipsé par l'omniprésence de la Chine sur la scène internationale, le géant indien revêt un enjeu qui n'échappe à aucune grande capitale. À la récente visite d'Obama ¯ qui, sur ce point, poursuit le rapprochement entamé par Bush ¯ suivra bientôt celle de Medvedev. Entre les deux, la France ¯ dont l'actuelle présidence du G 20 offre une raison supplémentaire de renforcer les liens bilatéraux ¯ n'entend pas être en reste. Ceci explique l'imposante délégation de ministres et de chefs d'entreprise qui accompagnent le chef de l'État.
En matière de défense, de nucléaire civil, de transports et d'infrastructures, la France a plusieurs cartes commerciales à jouer. Mais elle a aussi, avec ce partenaire, un retard à combler. Elle n'est actuellement que le cinquième exportateur européen vers l'Inde. La facilité d'échange que devrait fournir l'anglais comme langue de communication n'est quasiment pas exploitée. La précédente visite du président français, en janvier 2008, une visite-éclair, culturellement ressentie comme un manque de respect par l'hôte indien, n'avait pas aidé à resserrer le lien.
Avec une croissance qui continue de dépasser 8 %, malgré la crise, l'Inde est pourtant le deuxième moteur de l'économie mondiale. Avec 1,2 milliard d'habitants, elle demeure la plus grande démocratie du globe. Bangalore, où se trouvait, samedi, Nicolas Sarkozy, est une formidable vitrine du développement de ses nouvelles technologies. Les Indiens n'ont pas seulement inventé le zéro, ils le manient avec science. L'informatique est, depuis vingt ans, leur domaine d'excellence. L'aérospatiale leur nouveau chantier.
Avec une richesse produite par habitant deux fois et demie plus faible qu'en Chine, le deuxième colosse asiatique est toutefois encore très fragile. Ses infrastructures accusent un sérieux retard. Sa politique agraire ne lui permet pas de relever les défis alimentaires à venir. La pauvreté, notamment de sa population rurale, l'expose à des déstabilisations, islamiste ou maoïste.
Renforcer les liens avec l'Inde, c'est non seulement une opportunité économique pour la vieille Europe, c'est aussi une façon de soutenir, face à la puissance chinoise, un acteur démocratique dans le monde asiatique qui s'affirme. Hormis le Japon, ils ne sont pas si nombreux. Le partenariat stratégique sur le nucléaire et le soutien de Paris à l'entrée de l'Inde au Conseil de sécurité de l'Onu sont deux importants gages politiques de bonne entente. C'est maintenant un vrai suivi dont la relation franco-indienne a besoin.
Quatre sur les dix premières, cinq sur les quinze meilleures et dix-huit sur les soixante-dix les plus remarquées : la France n'a pas à rougir de la place de ses écoles de management dans le classement 2010 des Business schools européennes établi chaque année par notre confrère le « Financial Times ». Deux tricolores, HEC et l'Insead, occupent même encore les première et troisième marches du podium tandis que l'ESCP accomplit un véritable bond en avant.
Au-delà des débats infinis sur la pertinence des critères qui conduisent à ces résultats, ces scores peuvent être lus de deux manières. La première concerne la communauté éducative. Est validée la stratégie déployée depuis de longues années par ces écoles, qui consiste à renforcer le corps professoral et à proposer de plus en plus de masters, de MBA et de formation continue pour les cadres dirigeants. La seconde lecture devrait, elle, intéresser l'opinion publique dans son ensemble. Le succès d'établissements qui ont réussi à imposer leur marque à l'international est la preuve que, contrairement à une idée encore trop reçue, les Français ne sont pas définitivement brouillés avec l'économie et le commerce ! L'influence des anciens élèves de ces grandes écoles ne cesse d'ailleurs de grandir, comme le montre - un indicateur comme un autre -le nombre de recensions dans le « Who's Who ». Les HEC talonnent désormais les X, derrière, encore, les énarques…, a relevé, il y a peu, le magazine « Challenges ».
Ces résultats suggèrent cependant une autre question. Pourquoi les grandes écoles françaises, de management ou d'ingénieurs, sont si bien notées dans les classements européens, mais se retrouvent en mauvaise posture dès que l'horizon s'élargit ? Le désormais fameux palmarès de Shanghai en est l'illustration la plus connue. La réponse est en réalité multiple. L'importance donnée aux sciences fondamentales, à la présence de Prix Nobel et au nombre d'articles publiés dans les grandes revues joue en défaveur de l'Europe et de la France. Une autre explication avancée est moins convaincante : c'est « l'effet taille », qui conduit Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur, à demander aux établissements de se regrouper - ce qui est curieux si on constate la notoriété de l'Insead ou de l'ENS Ulm, tous petits. La vérité est aussi que les écoles françaises sont encore des naines sur le plan financier et des moyens qu'elles consacrent aux étudiants par rapport à leurs concurrentes, américaines notamment. Ce n'est, naturellement, pas très politiquement correct de le dire.
le match fiscal
La convergence fiscale entre la France et l'Allemagne, ce n'est pas pour demain. Il ne faut pas s'y tromper, en effet, l'installation, ce soir, par le Premier ministre d'un groupe de travail gouvernement-Parlement sur la réforme de la fiscalité du patrimoine est un moyen de sortir par le haut de l'immense difficulté du projet consistant à harmoniser les régimes fiscaux français et allemand. A cet accès de prudence, il y a d'abord deux raisons de circonstance. La première est qu'il est toujours plus facile de faire un grand nettoyage de ses impôts lorsque la croissance apporte des marges de manoeuvre permettant de compenser des manques à gagner, plutôt qu'en phase de faible reprise et, de surcroît, au sortir d'une crise qui laisse pour longtemps les recettes fiscales dans les basses eaux.
La deuxième raison conjoncturelle est que, pour converger, comme pour convoler, mieux vaut être deux. Or, hormis des pulsions canailles pour notre crédit d'impôt recherche - lequel serait d'ailleurs peu transposable dans une culture du financement de l'innovation qui fait la part belle au privé -, les Allemands ne semblent guère trouver d'attrait à notre fiscalité, et surtout pas à celle du patrimoine au coeur des intentions françaises. Comment ne pas les comprendre tant la France se singularise par sa taxation exorbitante de la détention du capital, que ce soit en ISF et en taxes foncières ?
L'échec annoncé de la convergence fiscale franco-allemande tient aussi à deux motifs plus structurels. L'un tient à la différence profonde de modèle social dans les deux pays. Notre niveau de prélèvements et de déficits (les prélèvements de demain) est à proportion de notre niveau de dépenses publiques. Ainsi, le premier préalable à toute harmonisation fiscale devrait-il être d'aller au bout de l'effort d'allégement de l'Etat providence. L'autre motif profond est que nos systèmes fiscaux sont au service de deux modèles économiques radicalement différents : l'allemand, tourné vers la compétitivité des entreprises ; le français, dédié à l'amélioration des revenus des ménages. L'autre préalable serait donc de rapprocher nos paradigmes.
S'il n'aboutit pas à l'objectif initial, ce travail en commun ne sera cependant pas vain s'il permet de mieux évaluer les travers de nos impôts, en particulier sur le patrimoine et sur les sociétés. Il y a plus d'utilité, plus de réalisme aussi à comparer qu'à converger. Valoriser nos forces et corriger nos faiblesses, voilà l'intérêt de ce match fiscal franco-allemand. Encore faut-il que la confrontation inclue les prélèvements sociaux, qui ne sont pas pour rien dans notre perte de compétitivité.
tremplin ou piège ?
Elena Salgado : «L'Europe doit parler d'une seule voix plutôt que d'engager de nouveaux moyens»
La ministre de l'Economie et vice-présidente du gouvernement espagnol défend les fondamentaux de l'économie ibérique, et invite les Européens à avancer vers une intégration économique et fiscale.
Le dispositif européen de stabilité financière est-il à vos yeux suffisant ?Il est trompeur de raisonner en termes purement quantitatifs. Nous avons agi d'une certaine manière pour aider la Grèce, d'une autre pour l'Irlande. Il faut maintenant évoluer vers un mécanisme permanent. Les marchés doivent savoir que les institutions et les pays européens feront tout pour la stabilité de l'euro. Injecter des moyens supplémentaires dans le dispositif n'est pas la question du moment. Aujourd'hui, il s'agit plutôt de faire preuve de clarté, de détermination et de coordination. L'Europe doit parler d'une seule voix dans cette crise plutôt que d'engager des moyens financiers supplémentaires..
En matière de coordination, vous avez critiqué Angela Merkel sur l'éventuelle implication des créanciers privés dans la gestion des risques souverains …
Jose-Luis Zapatero a déclaré il n'y a pas si longtemps que la crise était finie. Que s'est-il passé entre temps ?
Croyez vous que la crise de la dette et de la monnaie soit le fait de la spéculation internationale ?
Faut-il en déduire que l'Europe doit enclencher l'unification fiscale ?
L'Espagne a-t-elle demandé à la BCE d'assouplir d'avantage sa politique monétaire ?
L'Espagne va-t-elle participer à la garantie des capitaux levés pour l'Irlande via le Fonds européen de stabilité financière?
Ferez-vous appel au mécanisme international d'aide financière ?
Votre Fonds de restructuration du secteur bancaire (FROB) est-il suffisant ?
Quels sont les autres points à améliorer de l'économie espagnole ?
La crise immobilière espagnole est-elle finie ?
Allez-vous réviser votre prévision croissance pour l'année prochaine, compte tenu du plan de rigueur mais aussi de développement que le gouvernement espagnol vient d'annoncer ?
"Des banques continuent à tromper le public et à faire du fric"
Allons-nous devoir nous serrer la ceinture? En pleine instabilité politique, la Belgique pourrait-elle être la prochaine cible des spéculateurs? Ce dimanche midi sur RTL-TVi, l'émission Controverse s'est penchée sur nos finances.
La presse britannique l’a affirmé la semaine dernière : notre pays serait contaminé par la crise financière. Avec un déficit budgétaire de près de 25 milliards d’euros, la Belgique inquiète les investisseurs étrangers. Sommes-nous bel et bien au bord du gouffre ? « Tout dépend par rapport à quoi. Je pense qu’au niveau du produit national belge, l’économie continue toujours à fonctionner. Il ne faut pas non plus se flageller au-delà de certaines limites. Par contre, ce qui est clair, c’est qu’il faut éviter de donner des signaux qui angoissent les marchés », a indiqué Robert Gillet, professeur de finances à la Sorbonne et à l’ULB.
Aujourd’hui, le signal envoyé par la Belgique est l’image d’un pays politiquement divisé. Ce qui engendre inévitablement des questionnements en dehors de nos frontières. « C’est vrai qu’il y a un facteur en Belgique, l’absence de gouvernement, qui en soi est un facteur d’incertitude », a souligné Philippe Lamberts, député Ecolo au Parlement européen. Côté politique, on parle d’une seule voix pour tenter de rassurer l’opinion publique. « Tout le monde est d’accord par rapport à cela. Les fondamentaux économiques de la Belgique sont plutôt bons et donc s’agissant des marchés financiers, on voit que les chiffres de croissance sont meilleurs que prévu », a assuré Charles Michel, ministre de la Coopération au développement (MR). « Ce n’est pas la Belgique qui est en cause. Effectivement, elle doit faire des efforts pour retourner à l’équilibre budgétaire. Il y a un programme qui est établi et nous faisons mieux que ce programme prévu », a affirmé Jean-Claude Marcourt, ministre wallon de l’Economie et des Technologies nouvelles.
Alors, qui sont les responsables de cette contagion qui semble gagner un à un les pays de l’Union européenne ? Les banques, à l’origine de la crise, ne semblent pas en avoir tiré les leçons. « Les banquiers ont fait un lobbying de Dieu le père pour que rien ne bouge. Et une série de banques continuent à tromper leur clientèle, à tromper le public et à faire du fric. Et c’est intolérable », s’est indigné Robert Wtterwulghe, professeur d’économie à l’UCL et avocat spécialisé en droit financier.
La crise financière que l’on croyait derrière nous n’est peut-être donc pas totalement terminée. Après la Grèce et l’Irlande, la contagion risque d’atteindre la Belgique, l’Espagne, le Portugal et l’Italie.
Hermès: une holding pour contrer LVMH
La famille Hermès a annoncé aujourd'hui par communiqué qu'elle allait créer une société holding avec plus de 50% du capital de la maison de luxe, officiellement pour "confirmer son unité à long terme" mais aussi prévenir une OPA de LVMH, numéro un mondial du luxe.
Pour être mise en oeuvre, cette opération devra être approuvée par l'Autorité des marchés financiers, souligne le communiqué. La création d'une telle holding a été décidée vendredi à l'issue d'une réunion des héritiers de la famille Hermès.
L'ensemble des héritiers détiennent 73,4% du capital d'Hermès. Jusqu'à présent, la famille a toujours clamé son unité et s'est abritée derrière son statut de société en commandite pour expliquer qu'Hermès n'était pas "opéable".
L'annonce fracassante en octobre de la montée de LVMH à hauteur de 17,1% du capital d'Hermès a toutefois fait émerger la nécessité pour la famille de protéger les parts détenues par plus de soixante héritiers du fondateur Thierry Hermès et dont les intérêts pourraient être divergents.
L'idée d'une holding a été évoquée ces dernières semaines, en balance avec celle d'un pacte d'actionnaires, pour éviter que certains d'entre eux cèdent leurs actions à Bernard Arnault, le patron de LVMH.