Malgré l'égalité des temps de parole entre les candidats imposée par
le CSA, la présidentielle a réinvesti la télévision, avec la première
des deux soirées de France 2
où les dix candidats doivent s'exprimer tour à tour. Pas de débats
entre les différents protagonistes - cinq mercredi soir, cinq jeudi soir
-, mais des oraux au cours desquels les cinq premiers invités de
Des Paroles et des actes ont
été interrogés ce mercredi soir chacun à leur tour pendant une
vingtaine de minutes par les journalistes habituels de l'émission. Les
deux favoris, Nicolas Sarkozy et François Hollande, se sont opposés à un
débat frontal avec leurs rivaux à un peu plus d'une semaine du premier
tour.
Voici l'esssentiel des interventions des cinq candidats présents mercredi soir:
• Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste)
Dernier à s'exprimer, le candidat du NPA a expliqué qu
'il ne «rêvait pas de faire une carrière politique».
«Quand la campagne sera finie, je serai très content de retourner à
l'usine avec mes collègues», a-t-il précisé, ajoutant que le but du NPA
était que «la politique soit l'affaire de tous et que les opprimés
puissent faire de la politique». «Je n'ai pas rendez-vous avec le
peuple, je n'ai pas entendu des voix moi», a-t-il insisté, après avoir
assuré que la fonction présidentielle ne l'intéressait pas.
«On pense, au NPA, qu'il faudrait mettre en place
une véritable démocratie qui vienne d'en bas,
alors que le capitalisme ne permet pas que le peuple puisse décider de
sa vie, a-t-il poursuivi. Je suis candidat pour porter un programme et
contester des idées». Sur la politique européenne, le candidat milite
également pour une «Europe des peuples», «qui s'appuierait sur la
révolte des peuples, comme en Grèce».
Philippe Poutou a également défendu l'idée «d'un smic européen» et d'une «égalité des droits partout».
Sur l'interdiction des licenciements, prônée par le NPA, Philippe
Poutou a fait référence aux entreprises «qui font d'énormes bénéfices
mais qui licencient quand même». «Oui, il faut interdire les
licenciements, a-t-il martelé, tout en reconnaissant qu'il existait des
«petites sociétés où on ne pourra pas maintenir tous les salariés». «
Notre priorité c'est de protéger les salariés et que tout le monde puisse vivre de son boulot», a-t-il insisté.
Interrogé
sur l'immigration, Philippe Poutou a assuré que ce sujet n'était «pas
du tout un problème» pour son parti. «La liberté de circulation est un
droit humain fondamental», a-t-il argué. Avant de développer: «Au-delà
de ça, on est pour la régularisation des sans-papiers et le droit de
vote des étrangers à toutes les élections. Si on veut construire une
société sans préjugés, il faut avoir une société où tout le monde est
libre».
Dernier sujet abordé: le succès de la campagne de
Jean-Luc Mélenchon,
le candidat du Front de gauche. Le candidat anticapitaliste a déclaré
se réjouir de cette dynamique, à condition qu'il ne s'agisse pas de
s'allier au Parti socialiste.
• Marine Le Pen (Front national)
Marine Le Pen,
candidate frontiste à la présidentielle, a ironisé sur l'opération en
Libye, qui a entraîné la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, évoquant
un «beau succès» après avoir affirmé: «Nous y avons laissé des
djihadistes au pouvoir qui ont instauré la charia». Priée de dire si
elle refusait toujours de condamner explicitement le régime syrien, la
présidente du FN a répondu qu'elle condamnait «tout ce qui fait des
morts civils». Elle a également répété qu'à ses yeux, «la voie
diplomatique est la plus sage», contrairement à l'option choisie en
Libye, qui a «constitué une faute politique majeure».
La
candidate a par ailleurs appelé à «sortir du cadre», c'est-à-dire de
l'euro, pour retrouver une bonne santé économique, en brandissant un
casse-tête sous forme de dessin pour appuyer son propos. Son projet
prévoit la sortie de l'euro pour permettre à l'État d'emprunter
directement à la banque de France à taux 0, à hauteur de 100 milliards
d'euros par an, ce qu'on appelle plus couramment faire «marcher la
planche à billets».
Sur
«l'avortement de récidive»,
Marine Le Pen a expliqué qu'elle ne voulait pas «d'abus». «Une
grossesse n'est pas une maladie. On peut l'éviter. Il existe quinze
moyens de contraception en amont, donc je demande à chacun de faire un
effort. Car il y a des personnes âgées qui ne se soignent plus, comme on
dérembourse leurs médicaments.» Elle ne s'est dite contre le pack
contraception dans toute la France pour les mineurs, expliquant croire à
«l'autorité des parents».
Interrogée sur un éventuel appel à
voter pour Nicolas Sarkozy si elle n'était pas présente au second tour
de la présidentielle, la présidente du FN a répondu par une pirouette: «
Pourquoi vous votez pour Nicolas Sarkozy, puisque c'est lui qui amène la gauche: Fadela Amara, Bernard Kouchner, Dominique Strauss-Kahn au FMI?»
Enfin,
la candidate n'a pas hésité à se qualifier de «centre de gravité» de la
campagne, affirmant avoir «posé tous les problèmes sur la table», de
l'immigration à l'euro en passant par «le fondamentalisme» musulman.
• François Hollande (Parti socialiste)
Interrogé sur la crise européenne de la dette, François Hollande a assuré que
la crise de la zone euro «ne frapp(ait) pas actuellement la France».
«Il ne faut pas laisser penser qu'après l'élection présidentielle il y
aura une spéculation des marchés. Je ne jouerai pas avec la
spéculation», a-t-il avancé. Avant de poursuivre: «Je ne reverrai pas
les promesses simplement parce qu'il y a des marchés qui sont dans la
turbulence. Le rôle d'un responsable politique, c'est de dominer les
marchés. Mais si elle vient, je prendrai les mesures appropriées.»
Revenant
sur le traité européen, qu'il souhaite renégocier, le prétendant PS à
l'Élysée a réaffirmé qu'il n'était «pas d'accord avec son orientation».
«Je le dirai aux partenaires européens. Soit, chaque pays doit faire des
efforts, mais nous devrons compléter ce traité pour y mettre des
dispositifs de croissance», a-t-il développé. «La croissance, elle, est
indispensable, et je ne le dis pas parce que je suis candidat à la
présidentielle. La plupart des chefs de gouvernement européens en sont
convaincus.»
Interrogé sur l'impôt sur la fortune, qu'il souhaite réformer,
François Hollande a expliqué qu'il n'était pas question qu'il l'augmente de 3 points, comme le craignait la chanteuse François Hardy
dans une interview la semaine dernière à
Paris Match,
mais qu'il reviendrait «au barème qui existait jusqu'à l'année
dernière, avant que Nicolas Sarkozy ne le réforme», soit 1,8%. Il a
aussi rappelé qu'il rétablirait la progressivité de l'ISF.
Dans
une attaque à son principal rival, Nicolas Sarkozy, François Hollande a
affirmé qu'il n'était pas dans le «zig-zag», déclarant qu'il ne
proposerait pas de nouvelles réformes dans l'entre-deux-tours. «J'ai un
cap et je m'y tiens», a-t-il insisté, ajoutant ne pas être «un candidat
pochette surprise».
Interrogé après Eva Joly sur l'accord entre les écologistes et le PS, le favori des sondages a déclaré que
«le projet (qu'il a) présenté sera(it) le programme du gouvernement», prenant ainsi ses distances avec cet accord conclu à l'automne dernier.
Enfin, sur l'adhésion de la Turquie à l'Union europénne, le député
socialiste a déclaré que les conditions n'étaient «pas réunies» à ce
stade. «
Dans le prochain quinquennat, il n'y aura pas d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne», a-t-il dit.
• Eva Joly (Europe Écologie-Les Verts)
La
candidate EELV a déclaré «porter les couleurs de l'écologie politique,
car les écologistes l'ont investie». «J'ai l'habitude de me battre»,
a-t-elle ajouté alors qu'elle était interrogée sur sa place dans la
campagne.
Eva Joly est créditée de 1 à 3 points seulement d'intentions de vote dans les sondages.
«Je suis coincée un peu entre la gauche molle qui ne promet rien et la gauche folle qui promet tout»,
a indiqué Eva Joly, en référence aux candidats du PS François Hollande
et du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon. «Moi, je représente la gauche
raisonnable, l'écologie qui essaie de voir le monde tel qu'il est et qui
ne raconte pas de baratin», a-t-elle ajouté, en précisant que la
campagne était «difficile».
À la question de savoir si elle
accepterait de devenir ministre de la Justice en cas de victoire de la
gauche le 6 mai, la candidate a expliqué que «le moment n'est pas venu
de trancher cette question», ajoutant toutefois qu'«il y a un chantier
énorme sur la justice en France» et qu'elle en prendrait sa part s'il le
fallait.
Interrogée sur les 32 heures prônées par EELV dans son
programme, l'ancienne juge a déclaré qu'elles ne figuraient pas dans son
programme. «Mais le 'travailler plus pour gagner plus' (de Nicolas
Sarkozy, ndlr) ne marche pas, a-t-elle constaté. Nous devons donc aller
vers un partage du travail, secteur par secteur, avec des négociations».
Sur
l'affaire Bettencourt , Eva Joly a assuré qu'il existait
des «présomptions concordantes et précises» contre Nicolas Sarkozy
dans ce dossier, dont un volet porte sur des soupçons de financement
politique illégal. C'est «une anomalie de pouvoir solliciter un deuxième
mandat alors que vous êtes cerné par des affaires judiciaires»,
a-t-elle taclé. Interrogée sur la présomption d'innocence, elle a estimé
qu'elle n'exonérait pas le président sortant de fournir «des
explications».
Enfin, au sujet de l'accord conclu avec le Parti socialiste, la
candidate écologiste s'est dite convaincue «qu'il serait respecté». «Je
le pense», a-t-elle déclaré.
• Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
Interrogé
sur ses motivations, le candidat de Debout la République, 51 ans, a
affirmé qu'il se présentait à la présidentielle pour «être élu». «Je
suis candidat car je considère que mon pays va mal, que les dirigeants
politiques depuis trente ans l'ont abandonné et j'estime que je peux
apporter une voie solide de sortie de crise, a-t-il expliqué. Ce sont
les Français qui vont déterminer, et non les sondages, celui ou celle
qui est fait pour diriger ce pays».
«Depuis 30 ans, on a deux
partis qui monopolisent le suffrage et qui ont échoué», a poursuivi le
député-maire de la ville d'Yerres, dans l'Essonne. «Je suis candidat
gaulliste, républicain car je veux que les Français aient un choix
différent de celui de l'abandon du PS et de l'UMP et de celui du Front
national», a-t-il ajouté.
Questionné sur le rôle de l'euro dans la crise que traverse actuellement la France et l'Union européenne,
Nicolas Dupont-Aignan a expliqué que
l'euro était un «handicap terrible» de compétitivité,
confirmant ainsi sa volonté de faire sortir la France de la monnaie
commune s'il était élu. «La croissance française a commencé à être très
faible à partir de l'euro» il y a dix ans, a-t-il insisté. Et d'ajouter:
«Je veux sortir de l'euro pour sortir du piège de la dette, pour
qu'enfin on évite de gaspiller l'argent public. On donne 50 milliards
d'euros par an -autant que le budget de l'Éducation nationale quasiment -
aux banques pour des intérêts d'emprunt». «Dans mon projet, je réduis
ce gaspillage de 20 milliards et je le redéploie en baisse de charges
pour les PME, sur les artisans», a-t-il rappelé.
Sur la possibilité d'appeler à voter pour un candidat qualifié pour
le second tour, Nicolas Dupont-Aignan a affirmé qu'il ne se prononcerait
ni en faveur de Nicolas Sarkozy (UMP) ni en faveur de François Hollande
(PS) car
il n'entend pas «voter pour un charlatan». «Les Français sont assez grands pour choisir», a-t-il argué.
JOLY, POUTOU, NDA ET LE PEN SONT DES CANDIDATS PARASITES, MAIS HOLLANDE QUEL HOMME !
LE SEUL A PRATIQUER LA VALSE À 5 TEMPS , SUR TROIS PIEDS : L'ARROGANCE L'IGNORANCE ET LA SUFFISANCE.
ÇA FAIT UNE SACRÉE DANSE.