TOUT EST DIT

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jeudi 18 août 2011

Faire avancer l’euro, sans l’Allemagne

Malgré l'entente qu'affichent Paris et Berlin, leur vision de l'avenir de Europe sont très différentes. Et l'Allemagne est devenue le principal obstacle sur la voie de davantage d'intégration. Voilà pourquoi, lance un éditorialiste du Times, la France devrait s'emparer du leadership et laisser son partenaire de côté. 

Alors que le "destin fédéral" de l’Europe se rapproche, une deuxième faille dans le projet européen se profile à l’horizon, bien plus profonde que les contradictions entre les politiques monétaires et budgétaires des nations de la zone euro. Tout le monde s’accorde à dire que l’Europe doit faire un choix clair entre l’abandon de l’euro ou un bond en avant vers "une véritable gouvernance économique européenne", comme l’a souligné le président Nicolas Sarkozy après la réunion du 16 août à Paris.
Concrètement, cela implique deux choses. La première, c’est un remplacement partiel des dettes des gouvernements nationaux par des euro-obligations, garanties collectivement par tous les pays de la zone euro et leurs contribuables. C’est une idée à laquelle l’Allemagne, l’Autriche et d’autres nations créancières sont fortement opposées, et qui a été une nouvelle fois reportée pendant la réunion avec la chancelière allemande Angela Merkel. Toutefois, les résistances diminuent.
La deuxième condition, exigée en contrepartie par les pays créanciers, serait d’imposer un contrôle centralisé sur les impôts et les dépenses publiques par un trésor fédéral européen, disposant d’un droit de veto sur les politiques budgétaires de tous les États membres. La Grèce, l’Italie, l’Espagne et d’autres nations endettées s’y opposent bien évidemment, mais leur résistance faiblit également.
L’arrivée d’Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, à la tête d’un nouveau comité n’est cependant pas vraiment un signe allant dans ce sens. Néanmoins, la première faille fondamentale du projet européen – la contradiction entre une monnaie unique et une multiplicité de politiques budgétaires nationales divergentes – pourrait encore finir par être résolue en faveur de la solution fédérale. Cela a d’ailleurs toujours été l’intention des pères fondateurs de l’euro, François Mitterrand et Helmut Kohl.

Deux visions différentes de l'Europe fédérale

Mais aujourd’hui, l’Europe doit faire face à une seconde faille – les conceptions allemandes et françaises de l’Europe fédérale s’excluent mutuellement. Non seulement les deux pays ont des théories très différentes sur la centralisation du gouvernement et les pouvoirs accordés aux régions, mais leurs visions d’une Europe fédérale sont tout simplement fondamentalement incompatibles en termes de politique de puissance.
Les Allemands estiment être la superpuissance économique de l’Europe, et donc avoir gagné le droit de gérer la zone euro selon leur modèle. Les Français sont tout aussi convaincus que leur nation est historiquement le leader diplomatique, intellectuel et bureaucratique de l’Europe, et se considèrent comme les gestionnaires naturels de toutes les institutions européennes. La seule question fondamentale à résoudre aujourd’hui pour la survie de l’euro, ce n’est donc pas de savoir si une Europe fédérale est nécessaire, mais si la fédération naissante sera dirigée par l’Allemagne ou par la France.
Pour le moment, il est admis que l’Allemagne est en position de force, dans la mesure où elle est la trésorière de la crise de l’euro. Mais si M. Sarkozy joue bien ses cartes, il pourrait inverser totalement la tendance. Supposons qu’il réagisse au dernier sommet, peu concluant, par une proposition modeste : l’Allemagne, pourrait-il avancer, a refusé de soutenir l’euro dans cette crise. Berlin n’a ni accepté d’émettre des euro-obligations garanties collectivement, ni autorisé la Banque centrale européenne (BCE) à refinancer l’Italie, l’Espagne et la Grèce en rachetant leurs obligations. Les hommes politiques allemands ont affirmé que les pays dans l’incapacité de payer leurs dettes devraient être expulsés de la zone euro – mais pourquoi ne pas retourner cette proposition, et expulser l’Allemagne ?

L'Allemagne pourrait être invitée à se retirer

Étant donné le peu de solidarité dont elle fait preuve vis-à-vis des autres pays de la zone euro, l’Allemagne pourrait être poliment invitée à se retirer. La décision pourrait même venir d’une révolte politique ou d’une décision de justice allemande, si les autres membres de la zone euro décidaient d’ignorer ses objections et de forcer la BCE à racheter de grandes quantités de dettes italiennes et espagnoles.
L'Allemagne émettrait alors un nouveau mark, et les autres pays seraient face à un choix simple : suivre l'Allemagne dans la sortie de l'euro, ou continuer avec un plus petit groupe, emmené par la France, semblable à l'Union monétaire latine qui unissait la France, l'Espagne, l’Italie, la Grèce et la Belgique entre 1866 et 1908.
Le retrait volontaire de l’Allemagne poserait bien moins de problèmes juridiques et institutionnels qu’une explosion de l’euro causée par l’expulsion forcée de la Grèce, de l’Italie ou de l’Espagne. L’Allemagne pourrait se voir accorder une dérogation au traité de Maastricht, identique à celle dont bénéficient la Grande-Bretagne et le Danemark. Les détenteurs d'obligations allemandes n’y verraient pas d'objection, dans la mesure où leurs titres seraient convertis dans une monnaie plus forte, le nouveau mark.

De grands avantages pour la France

La BCE continuerait de fonctionner à l’identique, mais sans Allemands (ou Néerlandais ou Autrichiens) au sein de son directoire. Sans le veto allemand, la BCE serait libre de racheter immédiatement des montants illimités d’obligations italiennes et espagnoles, à l’instar de la Bank of England et de la Réserve fédérale américaine, qui ont racheté les obligations de leurs gouvernements respectifs. Avec le temps, les membres restants de la zone euro négocieraient un nouveau traité, créant un ministre fédéral des finances chargé de l’émission d’obligations garanties collectivement et de l’administration des politiques budgétaires communes.
Pour tous les pays latins, y compris la France, cela offrirait des avantages immenses, sans réels inconvénients. Ils reprendraient le contrôle de leur monnaie et pourraient l’utiliser pour racheter leurs dettes nationales. Ils pourraient la dévaluer à volonté, sans provoquer de guerres commerciales avec leurs voisins latins. Pour la France, les avantages géopolitiques seraient encore plus grands : elle ne serait plus condamnée à être le sous-fifre de Berlin, et ne perdrait pas son caractère national en essayant d’être plus allemande que l’Allemagne.
Les pays d’Europe centrale afflueraient pour rejoindre une zone euro dirigée par la France, n’ayant pour seule alternative que des devises surévaluées. Encore plus important, la Pologne et la Hongrie préfèreraient se voir comme des pays européens suivant l’initiative de la France plutôt que comme des colonies économiques de l’Allemagne. Mieux encore pour la France, ses élites bureaucratiques redeviendraient les leaders incontestés du projet fédéral européen.
Parallèlement, les exportateurs et les banques allemands souffriraient d’un choc déflationniste sans précédent – d’une telle envergure que l'Allemagne pourrait revenir en rampant, la queue entre les jambes, pour demander la permission de rejoindre une union monétaire dirigée par la France. Pour résumer, la diplomatie française tient là une chance d’établir une fois pour toute sa supériorité sur la puissance industrielle allemande, et d’affirmer sa position de force en Europe. Là où Clémenceau et Napoléon avaient échoué, M. Sarkozy pourrait aujourd’hui triompher. Le jour de gloire est arrivé ! 


Zone euro

Tout irait mieux sans l’Allemagne

A en croire Martin Sandbu, du Financial Times, l'Allemagne constitue l'unique obstacle à la création d’obligations européennes. La solution serait donc de laisser Berlin sur le bord de la route.
"Il faudrait prendre la zone euro sans l’Allemagne et ceux qui partagent ses vues, à savoir les Pays-Bas, l’Autriche, la Finlande et la Slovaquie. Il faudrait également exclure la Grèce. Les 11 pays restants formeraient alors un marché obligataire de 3 500 milliards d’euros, dont les données macro-économiques ne seraient pas bien pires que celles de la zone euro dans son intégralité. L’établissement d’un sous-ensemble autonome de la zone euro en ferait tiquer plus d’un à Bruxelles. 
Mais cela n’est pas moins contraire à l’esprit européen, aux yeux de ceux qui sont disposés à mettre en commun leur souveraineté et éviter ainsi que la mauvaise volonté allemande n’entrave leur bien-être. Une réticence qui se justifierait si Berlin devait payer pour le projet, mais cela ne serait pas le cas.
Comment l’Allemagne réagirait-elle à une telle intitiative ? Sur le plan économique, Berlin perdrait quelque peu son avantage en matière d'emprunt si les investisseurs pouvaient se reporter un autre marché obligataire, libellé en euros, plus grand et économiquement plus attrayant. Sur le plan politique, les électeurs allemands craindraient de se voir écartés du processus  d’intégration européenne, encore plus que de devenir les bailleurs de fonds de l’Europe. S'il en est ainsi, le pouvoir se trouve en réalité entre les mains des autres membres de la zone euro. Et ils devraient en profiter".  


La santé, victime de la crise en Grèce

Une conséquence directe des plans d’austérité successifs.
La Grèce est en crise, ce n’est malheureusement plus une nouveauté. Les plans de sauvetage qui se succédent livrent  des pans entiers de l’économie à la solde du secteur privé, comme la Poste, les aéroports ou encore l'électricité. Quant au secteur public, il doit et va réduire drastiquement ses dépenses, donc le nombre de fonctionnaires ainsi que leurs salaires.
Un secteur est particulièrement touché, celui de la santé. Historiquement, le service public des soins ne rapporte pas d’argent, il est même généralement en déficit. Ce qui n'empêche pas le gouvernement de vouloir rendre ce secteur rentable, au même titre qu'une quelconque entreprise.
L’hôpital toujours plus cher…
L’une des solutions proposées par Georges Papandréou, Premier ministre de la Grèce, pour sortir son pays de la spirale de la dette, est à double tranchant. A chaque fois qu’il se rend à l’hôpital, le désormais "client" doit payer un coût supplémentaire de cinq euros par consultation. Une situation insupportable pour Nathalie Simonnot, coordinatrice des programmes nationaux à Médecins du Monde. "Pour un retraité qui touche 350 euros par mois, c’est un coût énorme, surtout que la plupart du temps il faut faire plusieurs consultations". Conséquence, l’hôpital rapporte plus d’argent, mais perd des "clients".
Pour faire face à l'augmentation du nombre de Grecs qui n’ont plus les moyens de se soigner, Médecins du Monde a ouvert une nouvelle polyclinique à Pérama en février. Ils ne reçoivent plus seulement des immigrés sans papiers, comme auparavant. "On constate une augmentation de 30% des visites de la population grecque dans nos cliniques à Athènes et Perama" rapporte Christine Samartzi, de Médecins du Monde Grèce.
… pour des budgets en baisse
Les politiques d’austérité ont également rogné sur les budgets alloués aux hôpitaux. Ce qui les plongent dans des situations proprement hallucinantes. "Les médecins demandent aux patients d’acheter eux-mêmes pansements, seringues et gazes parce que certains hôpitaux sont en rupture de stock", note Nathalie Simonnot. Parfois, ce sont les médicaments qui manquent.
A Pérama, la polyclinique de Médecins du Monde reçoit majoritairement des femmes enceintes et des retraités. Et pour les patients qui ont des pathologies chroniques, il est impossible de se rendre à l’hôpital public. "Notre objectif est d'offrir un traitement médical aux personnes qui n'ont pas d'assurance et qui ne peuvent pas visiter les hôpitaux" détaille Christine Samartzi. Mais la santé publique n’est pas le seul secteur à voir son budget diminuer. Dans l’ensemble du service public, les salaires ont été réduits de 40%.
Crise sociale
"Les Grecs ont l’impression que tout est plongé dans le coma, les gens, la société. Le gouvernement a annoncé une série de réformes pour l’éducation nationale, les transports… mais rien n’a été fait. A l'inverse, le gouvernement n'a pas perdu de temps pour augmenter les taxes comme la TVA et baisser les salaires, explique Thomais Papaioannou, journaliste grecque pour i>Télé. La classe moyenne se paupérise, le chômage, supérieur à 16%, pourrait atteindre 20% d’ici décembre 2011… Les Grecs ont perdu leurs repères. La crise sociale est très profonde".
Durement encadré par les impératifs de la Troïka, surnom donné par la population à la Banque Centrale Européenne (BCE), le Fonds Monétaire International (FMI) et l’Union Européenne (UE), la Grèce n’a d’autres choix que d’appliquer les réclamations de ses créanciers. Pourtant, à contre-courant des plans de réduction des dépenses drastiques, Christine Lagarde, nouvelle patronne du FMI, vient de mettre en garde les Etats contre une austérité trop brutale. Un véritable désaveu pour les politiques européennes.

Suspicions sur la Société générale

Fragilisée par sa communication, la banque rouge et noire est plus vulnérable aux rumeurs.

Le ver est dans le fruit. Malgré les démentis virulents et les déclarations rassurantes des trois grandes agences de notation sur le Triple A de la France, les investisseurs ont commencé à douter de la solidité des banques françaises.
La semaine dernière, la Société générale a servi de paratonnerre, allant jusqu’à perdre 22,5% en séance. Pourquoi ? Parce qu’elle est la plus perméable aux rumeurs.

Rumeurs du "Daily Mail"
L’affaire Kerviel et la découverte que l’établissement était plus touchée par les subprimes que ce qu’il avait annoncé au départ, ont rendu les marchés méfiants. Il a donc suffi que le quotidien britannique, "Daily Mail" fasse état de rumeurs - démenties depuis - sur une possible faillite de la deuxième banque française pour mettre le feu aux poudres.
Les investisseurs avaient toutefois déjà sanctionné le titre Société Générale le 3 août, après l’annonce de résultats en forte baisse au second trimestre, notamment à cause des dépréciations de titres grecs. Le même jour le Crédit Agricole, très exposé en Grèce avec sa filiale Emporiki qu’il compte d’ailleurs retirer de la cote au 1er septembre, a atteint son plus bas niveau en bourse. BNP Paribas, qui a dû faire des provisions importantes pour le plan d’aide à Athènes, a également écopé.
BNP assaillie, mais à l'abri
Mais la différence entre la Société générale et les autres, c’est que les analystes jugent que l’état de ses fonds propres n’est pas suffisant. Ce qui entretient le doute sur sa solidité. Depuis son mariage avec Fortis, BNP Paribas est plus à l’abri. Elle règne sur un montant de dépôts colossal de 540 milliards d’euros, la base la plus importante en Europe.
Cela n’empêche pourtant pas les attaques en Bourse. Car après les inquiétudes sur la Grèce, celles sur les dettes souveraines italiennes sont redoutables. BNP Paribas dispose d’une filiale très importante en Italie avec BNL. Selon la Banque des règlements internationaux (BRI, la banque centrale des banques centrales), les banques françaises sont exposées à hauteur de 97,6 milliards de dollars (68 milliards d’euros) au secteur public italien !
Le jeu solo des banques allemandes
Les banques françaises pâtissent aussi de la mauvaise camaraderie de leurs consœurs allemandes. Romano Prodi, ancien président de la commission européenne, et ancien premier ministre italien a accusé la Deutsche Bank d’avoir été l’un des éléments déclencheurs de la panique, la semaine dernière, en se délestant d’une bonne partie de son portefeuille d’obligations d’Etat italiennes pour un montant évalué à 8 milliards d’euros.
En 2010, contrairement à leurs promesses, les banques allemandes avaient déjà fourgué en catimini leurs engagements envers la Grèce. La Deutsche Bank n’a sans doute pas envie de subir le sort de la Commerzbank, la deuxième banque allemande, partiellement nationalisée. Dans la tourmente, c’est la règle du chacun pour soi.

Dette : la Grèce et les Etats-Unis dans le même bain?




Dette : la Grèce et les Etats-Unis dans le même... par Nouvelobs

Jacques Delors : "L'euro et l'Europe sont au bord du gouffre"

Jacques Delors, 86 ans, dresse une analyse pessimiste de la situation européenne. Ce jeudi 18 août, l'ancien président de la Commission européenne a estimé, dans un entretien publié conjointement par le journal belge Le Soir et le quotidien suisse Le Temps (article payant), que l'euro et l'Union européenne étaient proches de la chute. 


"Ouvrons les yeux : l'euro et l'Europe sont au bord du gouffre. Et pour ne pas tomber, le choix me paraît simple: soit les Etats membres acceptent la coopération économique renforcée que j'ai toujours réclamée, soit ils transfèrent des pouvoirs supplémentaires à l'Union", a affirmé M. Delors.
"LES DIRIGEANTS SONT PASSÉS À CÔTÉ DES RÉALITÉS"
Président de la Commission européenne entre 1985 et 1994, Jacques Delors en profite pour égratigner les dirigeants européens, qu'il juge trop timides. Au premier rang de ceux-ci : le président Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel. Selon lui, le sommet franco-allemand de mardi, en l'état, "ne servira à rien". Il se montre tout aussi critique sur la proposition de créer un ministre des finances de la zone euro, en qualifiant ce projet de "gadget farfelu".
M. Delors plaide notamment pour une mutualisation partielle de la dette des Etats "jusqu'à hauteur de 60 % de leur PIB". "La mutualisation partielle des dettes, c'est la pompe pour éteindre le feu et redonner un sens à la coopération communautaire. Les Etats membres, simultanément, doivent lever leurs dernières objections aux six projets de directives sur la gouvernance économique, dont le Parlement européen a logiquement durci le contenu pour rendre plus automatique les sanctions en cas de dérapage budgétaire", a-t-il précisé.
"J'ai toujours dit que le succès de l'Europe, sur le plan économique, repose sur un triangle : la compétition qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit. Il faut passer à l'acte. Car si on ne le fait pas, les marchés continueront de douter", a-t-il mis en garde.
"Depuis le début de la crise, les dirigeants européens sont passés à côté des réalités. Comment peuvent-ils penser que les marchés vont croire aux promesses du sommet de la zone euro, le 21 juillet, s'il faut attendre la fin septembre pour les transformer en actes ?" a-t-il ajouté.
En janvier 2011, M. Delors avait déjà regretté que les chefs d'Etat et de gouvernement européens actuels manquent de vision et soient davantage pompiers qu'architectes. C'était à l'occasion d'une conférence à Berlin sur l'avenir de l'Europe, organisée par le groupe des Verts allemands au Parlement européen.
ET SI IL DISAIT TOUT ÇA A SA FILLE , CELLE QUI NE COMPREND RIEN À RIEN  ?

DE QUOI ???

ONU : la Syrie passible de crimes contre l'humanité.
 Un rapport des Nations unies fait état d'attaques systématiques de la population civile par les forces pro-régime.

Un rapport de l'ONU dresse jeudi un catalogue glaçant de brutalités et d'actes de répression contre la population civile syrienne qui pourraient relever de "crimes contre l'humanité". Évoquant "un ensemble de violations des droits de l'homme constituant une attaque généralisée ou systématique contre la population civile", ce rapport appelle le Conseil de sécurité de l'ONU à "envisager de saisir la Cour pénale internationale sur la situation en Syrie".
Le rapport de 12 pages a été compilé par une mission de treize experts des droits de l'homme mandatée par le Haut Commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay. Celle-ci doit s'adresser jeudi au Conseil de sécurité de l'ONU où se tiendra une réunion spéciale consacrée aux droits de l'homme et à l'urgence humanitaire en Syrie. Le rapport fait notamment état "de tortures et d'autres traitements dégradants et inhumains de civils par les forces de sécurité et l'armée". Il relève "une apparente volonté de tirer pour tuer, la plupart des blessures par balles des victimes ayant été localisées dans la tête, la poitrine et généralement la partie supérieure du corps". "Tant les forces armées que les forces de sécurité" syriennes "sont impliquées dans la répression des manifestations pacifiques", note le rapport indiquant que celles-ci "ouvrent souvent le feu sans discernement sur des civils, sans sommation et à courte portée".
Des blessés exécutés dans leur lit d'hôpital
Le rapport donne par ailleurs l'exemple le 3 juin à Hama d'une manifestation où les participants avaient apporté "des milliers de fleurs" pour les offrir aux forces de sécurité" comme gage de la nature pacifique de leur marche. La plupart des manifestations en Syrie ces derniers mois ont été pacifiques, insiste le rapport, notant que selon les témoignages, des "civils de tous âges" ont participé à ces marches "portant des branches d'olivier et torse nu pour montrer qu'ils n'étaient pas armés". "De nombreuses femmes et beaucoup d'enfants ont été tués" et des "exécutions sommaires ont eu lieu en dehors du contexte des manifestations", relève également le rapport. La mission de l'ONU affirme "être en possession de 1 900 noms de personnes tuées en Syrie depuis la mi-mars", tous des civils".
Elle a notamment relevé des témoignages indiquant une sorte de "modus operandi" de l'armée syrienne pour tuer des civils "en utilisant a) les forces sur le terrain, b) des snipers sur les toits et c) des bombardements aériens". Certains témoignages font également état d'exécutions sommaires, notamment "le 1er mai à Daraa où 26 hommes, les yeux bandés" ont été abattus dans un stade de football "transformé en quartier général par les forces de sécurité". Il y a de nombreuses allégations, note le rapport, de civils exécutés sur le lit d'hôpital par les forces de sécurité" et les membres de la mission ont observé parmi les civils "une peur intense" de se rendre à l'hôpital, préférant ne pas être soignés plutôt que de risquer d'être capturés.
Les membres de la mission ont enquêté entre le 15 mars et le 15 juillet aux confins de la Syrie en l'"absence de coopération du gouvernement syrien" concernant l'accès au pays. Cette mission a été mandatée par une résolution votée lors d'une session spéciale le 29 avril dernier du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Une nouvelle session spéciale sur la situation en Syrie du Conseil des droits de l'homme de l'ONU se tiendra lundi à Genève, à la demande de l'Union européenne, des pays arabes, et des États-Unis. La Suisse a de son côté décidé de rappeler à Berne son ambassadeur à Damas pour consultations, mettant en avant le "comportement inacceptable des forces de sécurité syriennes" et déplorant "le grand nombre de morts et de blessés".

Le règne des mini-lolitas à son apogée ?

La sexualisation précoce des adolescentes n'est plus une simple lubie des magazines de mode: ce phénomène s'est étendu aux fillettes prépubères, parfois dans une indifférence déconcertante.

La séance photo polémique de Miley Cyrus (15 ans) topless par Annie Leibovitz pour Vanity Fair en 2008? Dépassée! La publicité d'une innocente Brooke Shields (15 ans) sifflotant les jambes écartées pour la marque de jeans Calvin Klein dans les années 1980? Carrément ringarde! Maintenant les "ado-stars" sont limite trop vieilles pour percer dans le show-business: c'est le règne des "baby-stars", des lolitas toujours plus précoces.  
Et c'est déjà une véritable institution aux Etats-Unis. Rappelez-vous le récent tollé provoqué par la vidéo du concours Darling Divas. On y voit la minuscule Mia (2 ans) engoncée dans un body au soutien-gorge conique poussée par sa mère à secouer les hanches sur Like a prayer de Madonna. Dans un autre style, un groupe de fillettes âgées de 8 ans, inscrites à la compétition de danse The World of Dance, qui se trémoussent sur le tube Single Ladies en tenues de scène plus dénudées que celle de la chanteuse Beyoncé Knowles dans son clip.

Un couple de parents a réagi dans l'émission Good Morning America sur ABC, justifiant les costumes, pensés "pour faciliter leurs mouvements de danse très techniques".  
Autre exemple récent, la jeune Anglaise Soya Keaveney, aujourd'hui enceinte à 15 ans, posait dès 12 ans en bikini, avec ongles manucurés et piercing au nombril, sur les photos de vacances en Egypte, aussitôt mises en ligne par sa maman Janys dès leur retour. "Certaines personnes pourraient penser que ces clichés sont trop sexy. Mais ils vont juste nous aider à faire parler de son profil de mannequin. Ma fille ne montre rien qu'elle ne dévoilerait pas sur une plage", confiait sans gêne aucune la mère au Daily Mail
Hollywood ouvre grand la voie aux espoirs des toutes jeunes filles: à seulement 12 ans, Elle Fanning foule les tapis rouges moulée dans les robes de créateurs comme Valentino, Marchesa ou Rodarte. La soeurette de Dakota Fanning pose même dans la campagne Marc Jacobs automne-hiver 2011. Sa copine Hailee Steinfled (14 ans), révélée par son rôle dans True Grit, a été choisie par Miu Miu pour incarner la collection automne-hiver 2011. La bimbo Kim Kardashian était la première à poster les photos en maillot deux-pièces de sa petite soeur Kendal Jenner (14 ans) sur Internet avec un enthousiaste message ("C'est magnifique! Je suis tellement fière! Elle va chambouler le monde du mannequinat!").  
Objet de fantasme 
Sous couvert d'agir pour le bonheur de leur progéniture, "certaines mères instrumentalisent leur fillette innocente sur lesquelles elles projettent leurs rêves sexuels et leurs espoirs déçus de célébrité, ou tout simplement de jeunesse", rappelle la psychanalyste Christiane Olivier. "Une histoire qui n'est pas sans rappeler My Little Princess", observe la pédiatre Edwige Antier: dans son récent film, Eva Ionesco raconte la relation fusionnelle qu'elle a partagé avec sa mère, qui la photographiait dans les années 1970, prenant des poses érotiques à la frontière de la pornographie infantile.  
Ces mères ne souhaitent pas remettre en cause l'exposition médiatique de leur fille, devenue le possible objet de fantasmes. Véronika Loubry, mère d'une petite Thylane, mannequin âgée de 10 ans, réagit face à la polémique: "Le seul élément qui me choque sur cette photo, c'est le collier qu'elle porte, qui vaut 3 millions d'euros!", s'exclame la présentatrice de télévision sur le blog de Jean-Marc Morandini.  
La mise en scène provocante de son enfant dans le supplément Cadeaux de l'édition française de Vogue -pourtant publié en décembre dernier- vient tout juste de défrayer la chronique dans les médias américains -comme les chaînes ABC (voir la vidéo) et Fox News, qui ont consacré un reportage sur le sujet. 
"Les photos sexualisées d'enfants prépubères sont des images pousse au crime. Ce n'est pas seulement un viol de l'imaginaire enfantin, mais un message pervers envoyé à la société", se révolte Edwige Antier. "La publication de photos exposées aux regards de tous permet à des inconnus de projeter des fantasmes malsains sur des clichés dont les enfants ne peuvent pas avoir conscience lors des séances. Et sur le plan de l'intérêt supérieur de l'enfant, elles véhiculent l'idée que les petites filles ont déjà une sexualité de type adulte. Ce qui est une grave erreur", analyse-t-elle. De son côté, Christiane Olivier constate que "les parents n'ont plus conscience de leur responsabilité. Ils jouent la carte de l'indifférence vis-à-vis de la sexualité de leurs enfants. Quand ils ne projettent pas leurs rêves sexuels sur eux. Or, il faut expliquer à une petite fille que c'est une affaire très privée de se maquiller, de se déguiser en femme et d'adopter une attitude de séductrice qui n'est pas de son âge".  
Il n'empêche, la sexualisation précoce s'impose comme un véritable argument marketing auprès de marques, qui s'adressent aux enfants comme à des adultes. La ligne de sous-vêtements Jours Après Lunes, lancée en janvier 2011, propose des soutien-gorge à partir de quatre ans. Une collection dont les modèles à rayures rappellent le bikini rembourré vendu "dès 7 ans" par Abercrombie & Fitch. Pour compléter leur panoplie de mini-femmes, les fillettes peuvent désormais se faire bichonner les ongles sur les fauteuils du Mini Kids Spa... ou même allaiter leur poupée Breast Milk Baby à l'aide d'un débardeur avec tétons intégrés. Edifiant.
Terrifiant diront certains.  

Et du côté du droit?

Les photos d'enfants en postures sexuellement suggestives sont contraires à la protection de l'enfance et à la Convention Internationale des droits de l'enfant, dans ses articles 32 et 36, traité international signé par la France, rappelle la pédiatre Christiane Olivier: "Les États parties reconnaissent le droit de l'enfant d'être protégé contre l'exploitation économique et de n'être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à son développement physique, mental, spirituel, moral ou social."  

Souveraineté limitée

La crise de la dette souveraine qui frappe la zone euro aura au moins eu un mérite : celui de rendre évident même aux plus rétifs le fait que le simple partage d'une monnaie commune lié à un pacte de stabilité ne suffit plus, et qu'une gouvernance économique commune est devenue indispensable.
Faute de quoi, ce sont les marchés qui dictent la loi, et les Etats se cantonnent à tenter d'en endiguer les débordements, comme c'est le cas depuis 2008.
Au moment où ils s'embarquaient dans l'aventure de l'euro, les dirigeants européens n'imaginaient probablement pas la situation que nous vivons ces jours-ci –  il est vrai qu'à l'époque, la dette publique des pays de la zone euro était bien inférieure. Et s'ils l'ont fait, ils ont dû se dire que leurs successeurs auraient sûrement trouvé le moyen de sortir par le haut d'une éventuelle crise.
Mais ceux-ci semblent paralysés, tels "des lapins face aux phares d'une voiture", comme l'écrivait récemment The Economist. Incapables pour des raisons électoralistes ou, pire, faute de vision sur le long terme, de prendre le taureau par les cornes ou simplement de réaliser qu'ils sont face à un choix radical : abandonner la monnaie unique ou renforcer les pouvoirs de l'Union, notamment en matière fiscale.
Or, l'un des principaux arguments soulevés par ceux qui s'opposent à de nouveaux transferts de compétences, c'est le fait qu'ils se trouveraient ainsi privés d'une des principales expressions de leur souveraineté. Mais, depuis l'éclatement de la crise, il se trouve que cette souveraineté est de fait déjà fortement limitée : ce sont les marchés bien plus que les électeurs ou les programmes des partis qui dictent les politiques économiques des Etats les plus fragiles, et même de certains des plus solides.
Le cas le plus flagrant est celui de l'Italie, qui s'est vu quasiment dicter un plan de rigueur par la Banque centrale européenne, peu convaincue par les mesures annoncées quelques jours auparavant par le gouvernement.
Dans ces conditions, vaut-il mieux céder volontairement un peu de sa souveraineté à des institutions sur lesquelles il existe un minimum de contrôle démocratique, ou préfère-t-on s'en remettre aux marchés, qui obéissent, eux, à bien d'autres règles ?






Gian Paolo Accardo est un journaliste italo-néerlandais né à Bruxelles en 1969. Il a travaillé comme rédacteur à Internazionale et à Courrier international et comme correspondant pour l'agence de presse italienne ApCom. Il est rédacteur en chef adjoint de presseurop.eu. Il a un fil sur Twitter.

Lutte Ouvrière : "ce n'est pas aux travailleurs de payer la note" de la crise

Le système "est en faillite mais ce n'est pas aux travailleurs de payer la note", estime Lutte Ouvrière jeudi dans un communiqué sur la crise économique où elle dénonce le rôle des "marchés" et de la spéculation.
"Il suffit d'une pression des milieux financiers pour que les gouvernements annoncent, dans l'urgence, de nouveaux plans d'austérité, écrit Lutte Ouvrière. Cela s'est passé en Grèce et en Espagne, en Irlande et au Portugal. C'est ce qu'a fait le gouvernement italien à la veille du 15 août".

"Et c'est maintenant ce que s'apprête à faire Sarkozy en France, annonçant des restrictions budgétaires qui s'ajouteront à toutes celles qui ont déjà touché l'enseignement, la santé et tous les services publics", poursuit LO.
"Après avoir vidé les caisses pour sauver le système financier, ces gouvernants ne savent rien inventer d'autre que de présenter encore et toujours la facture aux peuples, au prix d'une augmentation du chômage, de la pauvreté, et finalement d'un approfondissement de la crise", poursuit-elle.
"Pour les travailleurs et pour toutes les classes populaires, il y a urgence à se défendre. Contre le chômage, il faut interdire les licenciements et répartir le travail entre tous sans perte de salaire. Pour défendre le pouvoir d'achat, il faut imposer l'indexation des salaires et des retraites", écrit Lutte Ouvrière.
MAIS LA CRISE C'EST VOUS LES COCOS !! BANDE DE CONNARDS FAINÉANTS QUI ATTENDENT TOUT D'UN PATRON, LUTTE OUVRIÈRE DE MES DEUX, CONTRE QUI LUTTEREZ VOUS QUAND IL N'Y AURA PLUS D'ARGENT ???
FRANCHEMENT, ELLE EST ENCORE PLUS CONNE QUE L'AUTRE !

ON T'AVAIT PRÉVENU, LA POLITIQUE C'EST PAS LA TÉLÉ !!!!


De bonnes idées qui arrivent tard

Les mesures proposées par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy lors de leur rencontre du 16 août sont utiles pour faire face à la crise de la dette. Une crise qui aurait pu être évitée si elles avaient été prises il y a des mois. 

Peut-être les chiffres d’hier [16 août] sur l’économie allemande qui marque le pas ont-ils aidé Berlin à comprendre que, dans la zone euro, nous sommes tous dans le même bateau. La rencontre à Paris entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel annonce d’importantes nouveautés qui, comme c’est désormais la règle en Europe, auraient fait mouche quelques mois plus tôt et auraient alors évité bien des ennuis ainsi que beaucoup de sacrifices.
Espérons que maintenant qu’elles sont annoncées, elles s’avèrent suffisantes. Un gouvernement économique pour la zone euro, voilà ce qu’il aurait fallu depuis pas mal de temps. S’il avait été instauré, avec des règles et des procédures précises, l’Italie se serait épargnée l’humiliation de la semaine dernière [la lettre avec laquelle la BCE détaillait au gouvernement italien les mesures d’austérité qu’il devait adopter d’urgence].
La rencontre de Paris a été une bonne occasion pour commencer à corriger les erreurs que le duo franco-allemand a commises depuis ce malheureux sommet de Deauville en octobre 2010 et pour combler les insuffisances et les ambiguïtés de celui du 21 juillet.

La faillite de la "méthode intergouvernementale"

Malheureusement, quelques-unes des conséquences négatives de ces erreurs ne pourront plus être évitées, d’autres oui. La nomination d’un président politique de la zone euro est une avancée timide en regard de solutions plus complètes et démocratiquement plus légitimes, qui répugnent surtout aux pays les plus forts. Elle montre la faillite de la "méthode intergouvernementale" (L’Europe régie surtout par des rapports directs entre gouvernements, non par des institutions centrales).


On ne sortira pas des difficultés actuelles de l’euro sans un mécanisme plus efficace qui empêche les États de violer le pacte de stabilité. Les sanctions "quasi automatiques" demandées en son temps par la Banque centrale européenne (BCE), et hier à nouveau par le premier ministre hollandais, auraient été la meilleure manière de réduire l’incertitude des marchés financiers. Or Nicolas Sarkozy était parvenu, à Deauville justement, à convaincre Angela Merkel de renoncer à ses sanctions "quasi automatiques" parce qu’il les craignait pour la France.


Il est peu probable que l’instauration d’un "monsieur euro" politique ainsi que d’une "règle d’or" constitutionnelle d’équilibre budgétaire dans chaque État membre puissent obtenir le même effet. Tendre pour les prochaines années vers des budgets en équilibre était la règle clé du pacte de stabilité de l’Euro première version.
Elle a été suspendue de concert par l'Allemagne et la France en 2003. Si le nouveau mécanisme, légèrement renforcé, de gouvernement économique commun parvient à fonctionner, il pourra ouvrir la voie à des émissions de titres de dette commune pour la zone euro, les "eurobonds". Mais pas avant. Et ici ce sont les Allemands qui ont raison, parce qu'il faut d’abord juguler le risque que certains États soient tentés par des comportements irresponsables.

Pendant ce temps, la croissance allemande ralentit

La surprise, c’est l’apparition d’une taxe sur les transactions financières, semblable à celle qui, un temps, était chère aux mouvements alternatifs et qui s’appelait la taxe Tobin. Elle serait une excellente chose si on parvenait à la mettre en place, car plus nombreux seront les pays qui n’y adhéreront pas (et le Royaume-Uni n’en a pas du tout l’intention), plus ceux qui l’auront adoptée seront pénalisés et verront leurs échanges affaiblis. Que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel aient considéré qu’il fallait la ressortir révèle l’autre erreur colossale commise à Deauville et rééditée le 21 juillet dernier.
La "responsabilisation du secteur privé" dans les crises de la dette, réclamée par l’Allemagne avec pour objectif de faire payer aux banques une partie de la note, et adoptée uniquement par la Grèce, a enfoncé, comme l’avait prévu la BCE, les pays faibles sans écorner le sourire des banquiers.
Pendant ce temps la croissance ralentit, en Allemagne aussi. Et voilà qu’on découvre que la différence n'est pas si grande entre les "deux vitesses" auxquelles on craignait de voir l’Europe voyager. Mais le plus impressionnant, c’est la révision à la baisse des chiffres du PIB : pas même l’Allemagne est revenue au niveau d’avant la crise.
Pourtant, il vaut mieux garder son calme : l’économie allemande reste solide, bien qu'elle subisse, elle aussi, le ralentissement en cours dans le monde. Il n'est nullement exclu que, comme l’espéraient les autres pays européens, ce soit non pas l’export mais la demande intérieure qui la soutienne dans les prochains mois.



Vue de Belgique

Van Rompuy devient “M. Euro”

Van Rompuy devient “M. Euro”"Merkel et Sarkozy font de Van Rompuy ‘le patron de l’euro’", se félicite De Standaard, au lendemain de la rencontre du président français et de la chancelière allemande au cours de laquelle "les deux leaders ont confirmé ce qui flottait déjà dans l’air depuis quelques temps : Herman Van Rompuy, le président (belge) du Conseil Européen, devrait selon eux, présider les réunions des leaders des pays de la zone euro".
Le quotidien bruxellois estime qu’il s’agit d'un "pas symboliquement important" et rappelle que "la gravité de la crise a fait que dans le passé, Van Rompuy a déjà incarné ce rôle à plusieurs reprises  – la dernière étant le 21 juillet. A présent, ce poste pourrait être formalisé comme une sorte de ‘gouvernement de l’euro’". De Standaard précise que Merkel et Sarkozy prévoient que "M. Euro""crise aigüe", des réunions supplémentaires pourraient être organisées.

Tempête sur les bourses... familiales

Rituel de la mi-août, le budget de la rentrée scolaire est certes un marronnier. Mais un marronnier bigrement salutaire. Non pour les polémiques qu'invariablement il déclenche, plutôt parce qu'il constitue un moment de vérité pour les familles. Et cette année la vérité est fort de café puisque, selon Familles de France, qui n'est pas à proprement parler un cercle subversif, la rentrée coûtera 6,8% de plus qu'en 2010. Pour composer le cartable d'un enfant entrant en 6e, les parents débourseront 187¤ au lieu de 175¤. Autant dire que l'ardoise est lourde si l'on veut bien considérer que la hausse est trois fois supérieure au taux d'inflation - on attend non sans curiosité le commentaire de Luc Chatel qui, en 2010, s'était félicité d'une politique de prix vertueuse - et que l'Allocation de rentrée scolaire n'augmente que de 1,5%. Imputable au renchérissement du coût de la vie et à la flambée de la pâte à papier, le coup de chaud concerne surtout la papeterie. On ne peut toutefois s'empêcher d'établir un lien de cause à effet avec l'opération « produits essentiels ». Ce dispositif, par lequel grandes enseignes et associations familiales s'accordent sur une liste d'articles à prix bloqués, de manière à éviter les dépenses superfétatoires et à ne pas succomber à la tyrannie de la mode, a certes été reconduit. Mais sans la bénédiction, donc sans le poids, du ministère de l'Education nationale. Moralité : la sagesse, comme la mode, est une denrée périssable. Signe de la déliquescence de l'opération, le cartable, qui comme chacun sait n'est pas un accessoire indispensable pour se rendre à l'école, ne figure plus au rayon des « produits essentiels » !

Mettre en doute... la défiance

L'économie mondiale vient de connaître une quinzaine de folie, avec des Bourses en proie aux rumeurs, anticipant les effets de leur propre panique. Le décalage flagrant entre le temps des marchés et celui de la politique démocratique devenait un trou noir, qui transformait en catastrophe toutes les déclarations par lesquelles les gouvernants ou les banques centrales tentaient, au contraire, de calmer le jeu. La défiance menait le bal.

Cette situation dépasse le seul champ de l'économie. Une croyance domine désormais la planète : la conviction qu'il faut se méfier de tout. Derrière chaque parole, chaque geste, nous supputons un mensonge, une tricherie. En toute situation, nous voyons un péril. Cette « foi » nous détermine. C'est à partir d'elle que nous choisissons, que nous agissons, que nous communiquons, en mettant en oeuvre des réflexes « raisonnables » de survie, à quelque niveau que nous soyons.

Le principe du réflexe, c'est l'immédiateté. Là où il faudrait du sang-froid, le sens du collectif, la capacité de temporiser pour rassembler les forces, nous sommes dans la fuite en avant. Ceux qui connaissent le football savent bien qu'une équipe qui vient d'encaisser un but est perdue si chaque joueur pense être le seul à pouvoir égaliser...

Nous avons transformé le fameux « Je pense, donc je suis » de Descartes en « Je doute, donc je suis ». Les médias en sont la caisse de résonance, mus par un esprit critique aiguisé, mais souvent incapables de se critiquer eux-mêmes. Ce doute généralisé agit comme le regard du cobra qui paralyse sa proie : la fascination qu'il exerce restreint considérablement notre champ de vision, notre capacité d'analyse.

Et pourtant, notre vie continue de s'appuyer sur une multitude d'autres choses qui nous portent positivement. Le sol n'a pas disparu sous nos pieds, l'amitié n'est pas cotée en Bourse, la protection sociale, malgré quelques difficultés, ne s'est pas envolée en fumée, des artistes produisent des oeuvres admirables, des enfants naissent... On est même sûrs que les bons du Trésor américain restent, à ce jour, l'un des meilleurs placements, en dépit de la dégradation de la note de la dette des États-Unis !

Les économistes nous le disent : il va falloir faire de grands efforts. Le monde d'après la crise ne sera pas celui des Trente Glorieuses (1945-1975). La vie sera matériellement plus dure pour nous qui avons connu l'abondance. « Nous », ce ne sont pas les ultra-riches, mais les gens ordinaires au regard du niveau de vie de l'ouvrier chinois qui nous fournit en produits si bon marché, du paysan somalien, de l'habitant des bidonvilles de Port-au-Prince, du vendeur à la sauvette tunisien qui s'est suicidé à Sidi Bouzid...

Le premier des efforts, ce n'est pas de se serrer la ceinture (nous n'y échapperons pas), ni même celui, indispensable, de partager (en commençant par les plus riches pour que les autres n'aient pas le sentiment d'être les dindons de la farce). Pour que nous puissions consentir ensemble aux sacrifices à venir, nous devons d'abord mettre en doute la défiance. Tant que nous serons prisonniers de cette paranoïa collective, rien ne sera possible. Lorsque cette manie du doute sera domptée, nous découvrirons que la vie ne manque pas de ressources. Le retournement sera spectaculaire. En commençant par les marchés.

La boussole démographique

Hommes, femmes et enfants du monde se rappellent à notre bon souvenir ! L’actualité financière récente a construit l’image trompeuse d’une planète obsessionnelle, confuse et frénétique. Théâtre d’ombres affolé, offrant un contraste paradoxal entre la précision absurde de chiffres astronomiques, le désordre des politiques et l’érosion du sens. La démographie, elle aussi, se nourrit de nombres incessants (et fluctuants) mais son propos essentiel est fait de visages et de destins. En parler représente quelque chose de rassurant.


L’Institut national d’études démographiques (INED) nous rappelle aujourd’hui que la population mondiale dépassera en 2011 le seuil des sept milliards d’hommes et de femmes. En l’espace de deux siècles, soit huit générations mais un laps de temps bien réduit au regard de l’histoire de l’humanité, ce chiffre a été multiplié par sept. Et le gain net sur douze ans, depuis 1999, est d’un milliard d’individus. D’après les démographes, le prochain milliard sera engrangé d’ici quatorze ans. L’incroyable accélération du peuplement humain atteindrait un plateau. D’ici la fin du XXI e siècle, notre famille humaine devrait plafonner à 9 ou 10 milliards de personnes. Qu’il faudra nourrir, éduquer, vêtir, dans un esprit de dignité.


La démographie est l’une des sciences humaines les plus prédictives qui soient, même si elle peine à anticiper les mouvements de population liés aux guerres et aux catastrophes naturelles. Les données disponibles de natalité, de mortalité et de niveau sanitaire, certes pas toujours exactes, permettent de prévoir assez justement le lent rééquilibrage des populations et les enjeux sociaux et politiques qui en découlent.


Ces changements de cap ne sont pas indifférents à l’horizon 2050, c’est-à-dire demain. Bien avant cette échéance, au rythme actuel, l’Inde, bien plus féconde, aura dépassé la Chine. Dans moins de quarante ans cette dernière aura perdu plus de 30 millions de personnes tandis que la péninsule indienne en aura gagné 450 millions.


Autre exemple, plus facile à appréhender pour nous. Plus choquant aussi, peut-être : au même horizon, la France aura surpassé, avec un gain de 9 millions d’habitants, sa très puissante voisine. L’Allemagne passera de près de 82 millions à 69 millions de personnes, la première économie européenne se voyant rétrogradée au troisième rang, devancée largement en population par la Grande-Bretagne et la France.


« Il n’est de richesse que d’hommes », ont coutume de rappeler les dirigeants d’entreprise qui veulent câliner leurs troupes. C’est en réalité bien plus vrai des nations. Comment ne pas s’interroger sur la Russie, véritable film catastrophe démographique, où l’espérance de vie est inférieure à celle de l’Égypte ou de l’Indonésie ? L’ensemble de l’Europe orientale est frappé d’atonie, appelé à perdre quelque 12 % de sa population d’ici 2050 ! Comme en Chine, le vieillissement de la population et la prise en charge de seniors seront problématiques.


A contrario, le XX e siècle sera africain. En dépit d’une espérance de vie réduite dans nombre de pays de ce continent et des ravages du VIH, l’Afrique devrait multiplier sa population par quatre d’ici 2100, soit 3,6 milliards d’habitants, un tiers de l’humanité, pour l’essentiel au sud du Sahara.

Indignés au sud, populistes au nord

Les emprunteurs feront payer leur imprévoyance à leurs prêteurs. Dans l'attente d'une belle, saine et durable croissance, on ne voit pas mieux.

Au début de la crise, à l'été 2007, on se cachait la profondeur du mal en faisant semblant de croire que les traders et les financiers étaient responsables de tout. Il fallait surveiller les premiers, punir les seconds, et tout rentrerait dans l'ordre.

En ce mois d'août 2011, ce sont les spéculateurs et les agences de notation qui jouent le rôle de coupables. Il suffirait de faire plier les premiers et de supprimer les secondes pour calmer le jeu.

S'il faut bien taxer fortement les profits des spéculateurs, interdire certains produits financiers qui ne nourrissent qu'une économie fictive et qui pourrissent l'économie réelle, considérer les agences de notation comme des indicateurs parmi d'autres et non pas comme des oracles, il n'en demeure pas moins que nous sommes envasés dans une durable crise de la dette qui freine l'activité économique et creuse encore les déficits.

Cette situation, commune à la quasi-totalité des pays occidentaux, est le résultat de politiques nationales délibérées, menées avec l'approbation tacite des électeurs.

Nous sommes aujourd'hui tellement ensablés, que personne ne sait comment et dans quel état nous en sortirons.

Ceux qui ont prêté de l'argent à l'État américain constatent avec une angoisse croissante que le ralentissement de l'activité de la première puissance économique mondiale et le blocage institutionnel promettent une dette accrue et des remboursements de plus en plus aléatoires. En Europe, plus personne ne croit que la Grèce pourra rembourser intégralement ses créanciers, et on se demande s'il n'en sera pas de même pour le Portugal, l'Espagne et l'Italie.

D'éminents économistes ne cachent plus que la sortie de crise la plus vraisemblable est une inflation capable de dégonfler une dette devenue incontrôlable.

C'est-à-dire que ceux qui détiennent des liquidités ou des placements sur les marchés, particuliers comme investisseurs institutionnels, verront leur patrimoine se déprécier. Les emprunteurs feront payer leur imprévoyance à leurs prêteurs. Dans l'attente d'une belle, forte, saine et durable croissance, on ne voit pas mieux.

Cette crise sans issue visible, nous la payons et nous la paierons économiquement et socialement, mais aussi politiquement. Les peuples européens sont désemparés. Au sud, des « indignés » expriment ce désarroi en dénonçant un monde injuste au service d'une caste de privilégiés, au nord, des « populistes » manifestent leur angoisse en dénonçant une mondialisation infernale au seul profit d'élites corrompues, et un peu partout, des citoyens s'abstiennent.

Face à tant d'humeur et de scepticisme à la fois, comment faire entendre un discours politique crédible, réaliste et mobilisateur ? Ce sera un peu compliqué.

Mohrt, le plus britannique des écrivains français est mort

Romancier, vétéran de la NRF et historien de la littérature, l'académicien vient de mourir.  

Avec Michel Mohrt, décédé à 97 ans, c'est un peu de la France d'avant qui s'en va. La France d'avant la mondialisation braillarde, et surtout d'avant la débâcle de 1940. Cette défaite qui traumatisa les générations alors en âge de se battre pour leur pays et qui avaient rêvé de gloire et de grandeur, Michel Mohrt ne s'en remettra jamais, il l'a écrit. Elle fit de lui, dont le tempérament était un composé bien français «de retenue anglo- saxonne et d'ardeur italienne», selon une formule de l'écrivain Jérôme Leroy, cet idéaliste sans illusion dont l'œuvre romanesque est empreinte d'une mélancolie discrète.
La première époque de la vie de Michel Mohrt, qui a constitué la mémoire et la sensibilité du romancier, se déroule en trois temps qui génèreront trois familles de romans. Né en Bretagne, à Morlaix, en 1914, il grandit entre le granit et le gris de la mer, dans une famille où l'on avait le sens de la tradition. Cette enfance heureuse -de celle qui font les désillusionnés- à l'ombre de la Grande Guerre et dans le climat de guerre civile larvée qui devait éclater sous l'Occupation, il la décrira dans plusieurs de ses romans La Prison maritime (1961) qui reçut le grand prix du roman de l'Académie française, les Moyens du bord (1975), ou encore La maison du père (1979).
A 20 ans, à la faveur de son service militaire dans les chasseurs alpins, tel Stendhal tombant amoureux au même âge de l'Italie et de l'uniforme, le jeune homme de l'Atlantique découvre émerveillé la Méditerranée: Nice et une douceur de vivre fitzgeraldienne. La guerre se profile à l'horizon, que le jeune Michel attend le cœur battant, puis la déception des armes -quelques coups de canon, une bataille avortée sur la frontière italienne- seront à l'origine de sa vocation d'écrivain.

L'exil

Les années sombres, il les évoque dans Mon royaume pour un cheval qui est une chronique de l'Occupation du côté de ceux qui se sont fourvoyés aux côtés de l'occupant, avec autant de pureté parfois que de bravoure. Ce deuxième roman, il l'écrit et le publie depuis l'Amérique où il s'est exilé dès 1946, très loin de Paris où l'existentialisme fait fureur. Il donne des conférences sur la littérature française à l'université, se faisant un plaisir lors de ses cours sur le roman français contemporain d'évoquer ceux qui sont alors maudits en France, les Drieu, Morand, Jouhandeau, Brasillach etc. Sans doute, le jeune romancier français hésita-t-il à faire sa vie en Amérique. Finalement, en 1952, il rentre. Il mettra à profit la connaissance approfondie de la littérature anglaise et américaine qu'il a acquise outre Atlantique en dirigeant pendant 20 ans le secteur anglo-saxon chez Gallimard. De ces années d'exil, il tirera aussi deux romans à cheval entre l'Europe et l'Amérique: L'Ours des Adirondacks (1969) et Deux Indiennes à Paris (1974).
Michel Mohrt, sans faire de bruit, suivait son chemin d'écrivain à l'écart des boulevards littéraires où ses contemporains s'empressaient. François Nourissier avait résumé son style d'une phrase, disant qu'il traitait «son sujet en profondeur tout en s'offrant l'élégance de paraître n'y toucher que du bout de la plume».
Des qualités qui lui vaudront d'être élu en 1986 à l'Académie française où Jean d'Ormesson se réjouit d'accueillir ce «Breton, catholique et sauvage».
Longtemps pour ceux qui l'ont lu ou connu, son charme continuera de flotter autour de ses livres qui était trop subtils pour accrocher l'attention des jurys littéraires -outre celui de l'Académie, il n'aura reçu aucun des grand prix que son œuvre méritait.

Depardieu "était gêné, il a voulu nettoyer"

Edouard Baer, qui était avec Gérard Depardieu quand il a uriné en vol, raconte.

Gérard Depardieu "était gêné, il a voulu nettoyer", assure Edouard Baer, qui était à bord avec l’acteur et a décidé de prendre sa défense. Gérard Depardieu a en effet, faute d’accéder aux toilettes, uriné mardi soir dans un avion assurant la liaison Paris-Dublin.
"Gérard Depardieu voulait aller aux toilettes, on lui a interdit l’accès, on n’était pas loin du décollage, alors il a uriné devant tout le monde. Je lui ai passé une petite bouteille d’eau", témoigne Edouard Baer sur Europe 1.

"La bouteille était trop petite alors ça a débordé"

"J’ai trouvé cette solution, j’avais cette mini-bouteille d’Evian avec moi. Simplement la bouteille était trop petite, alors c’est vrai que ça a débordé. Il était gêné, il a voulu nettoyer. C’était très gênant et humiliant pour lui", assure Edouard Baer.
"C’est l’hôtesse de l’air qui a fait du zèle", raconte aussi Edouard Baer :

Depardieu "était gêné, il a voulu nettoyer" par Europe1fr
L’incident n’a pas provoqué de crise diplomatique puisque la compagnie aérienne CityJet, sur laquelle voyageait Gérard Depardieu, a préféré en rire mercredi sur son compte Twitter. "Comme vous avez pu le voir aux informations, nous sommes occupés à passer la serpillière dans l'un de nos avions ce matin", affirmait CityJet sur son compte Twitter.

Ce message est immédiatement suivi d'un autre : "Nous aimerions aussi rappeler à nos passagers que tous nos avions sont complètement équipés en matière de toilettes".

Haro sur l'appauvrissement de la langue française !

Toutes les époques ont connu leurs tics de langage et leurs dégradations grammaticales. Aujourd’hui, si la langue s'enrichit d'innombrables termes informatiques, scientifiques et anglicistes, elle s'appauvrit d'autant ; l'orthographe est devenue anecdotique face à la sacro sainte communication qui s'autorise onomatopées graphiques et bavures auditives.
L'accent tonique lui même a voyagé, il s'est déplacé sur la dernière syllabe ce qui a pour effet d'alourdir les mots et de leur donner un petit accent trainant issu des banlieues. Ce que nos grands-mères estimaient "vulgaire" est devenu à la mode; il faut afficher un parler et un ton populaire. Les liaisons n'y résistent pas, certaines formes grammaticales (ne) sont carrément pas cool : demander "comment vas-tu ?" est quand même infiniment moins sympa que de dire "comment tu vas ?", les négations n'ont pas bonne presse, trop précieux.

Joyeux massacre

La syntaxe réduite au minimum est un signe d'empathie, un coté parler enfant du type : « tout le monde il est sympa", pas de frontière grammaticale entre nous. A ce propos, remettre un article pour doubler le sujet est très mode : « ma phrase elle a plus de poids comme ça »!  Pourquoi pas mais à condition que l’on sache manier la langue en maitrisant parfaitement la syntaxe, à partir de là seulement , on peut en jouer autant qu'on veut.
Certaines formulations sont bien le résulat d'un  appauvrissement de l'expression et de la réflexion qui la soutend, les comportements s'en ressentent. Le langage est le reflet de la société et s’il faut vivre avec son temps, doit-on pour autant accepter des dégradations qui ne sont pas sans conséquences ? Le niveau d’expression se réduit de plus en plus, preuve en est les interviews effondrantes désormais habituelles, qu'il s'agisse d'un sportif ou d'un héros de télé- réalité, tous nous assènent leurs commentaire sur le même modèle, sans vocabulaire mais d'un air satisfait imbu de formules toutes faites qui finissent par déteindre sur tous les auditeurs et surtout sur les jeunes.
"Je me suis fait plaisir" est devenu le sésame permettant de commenter n'importe quelle situation, que l'on ait perdu le match ou que l'on soit premier à une compétition! Des expressions vides masquent l’incapacité assumée d'analyser, de réfléchir ou d'expliquer avec des mots ; on ne peut s'empêcher d'avoir peur que  la pensée ne se réduise autant que le vocabulaire .
Ainsi le verbe "manger", qui  traduit certes une de nos préoccupations principales, se tartine-t-il à toutes les sauces ; est-ce parce que les repas disparaissent que nous ne petit-déjeunons plus ? Que nous ne déjeunons pas ? Que nous goûtons encore un peu en maternelle, que le diner est aux oubliettes ? Nous ne parlerons pas du souper... A la place : on mange. On "mange avec", pas avec une fourchette, non ! On fait à manger, on ne prépare pas un repas. On achète à manger, etc. Et les instituteurs sont les premiers à véhiculer cette régression alimentaire ! On ne peut s'empêcher d'attribuer un peu a cette pauvreté des mots le fait que l'on se tienne de plus en plus mal à table?
L'expression est une forme de savoir vivre, et le sujet doit en prėoccuper plus d'un, lorsqu'on voit que Le Monde et Le Figaro (sans concertation, c'est certain !) ont choisi cet été de consacrer des rubriques régulières, justement au savor vivre." C'est classe" ( sans E  à class svp) n'a plus grand chose à voir avec un désir  de distinction quel qu'il soit. Or cette notion de distinction dénote un plaisir et un désir de s'élever et dans la société et vis-à-vis de soi-même, le mépris du savoir vivre est un mépris du savoir être. On doit bien parler, bien se tenir, se distinguer dans le bon sens du terme. Mais pour cela le sens de l'effort est nécessaire... et tout celui doit perdurer même si les barrieres des classes sociales s'effacent pour le plus grand bien de la promotion sociale à portée de tous...mais pas au prix d'un nivellement par le bas.
A propos de laxisme, je ne résiste pas au commentaire sur le complément d’objet direct, supposé s'accorder lorsqu'il est placé avant le verbe accompagné de l'auxiliaire « avoir ». Vous me suivez ? Exemple : « la jolie robe que j'ai misE ». ce n'est pas grave ? mais si. A la radio, à la télévision ,une fois sur 10 seulement l'accord du participe passé est respecté or pour un journaliste c'est étymologiquement une faute professionnelle ! En  France, les lois sont aussi peu respectées que les règles de grammaire, peut-être y a-t-il trop de lois et de règles, alors supprimons les si c'est le cas !

Trop de "bon" tue l'enthousiasme

Révélateurs aussi les tics qui jonchent nos échanges quotidiens. Sommes-nous plus chaleureux à force de nous souhaiter mécaniquement à longueur de journée les meilleures choses qui soient,  « bonne journée », « bonne après-midi », « bonne fin d'appétit » (au restaurant : le début d'appétit est vite usagé ), « bon lundi »... « Bonne promenade », « bon ciné », etc. Le tout bien sûr, alors que l’accueil en général se dégrade d'autant ! Et le "bon courage !" qui accompagne chacun des moments de nos vies. Avez-vous remarqué que l'on vous souhaite bon courage pour tout et en toutes circonstances ? Vous partez travailler ? Bon courage. A la fac ? Bon courage. On vous quitte dans l'ascenseur ? Bon courage. Définition du dictionnaire  : "fermeté face au danger".
J'ai toujours eu de l'indulgence pour la vulgarité qui a son panache, ses excès, sa langue verte, son style ; le vulgaire à sa façon assume une forme de choix de vie... Mais il y a bien pire, c’est d’être « ordinaire » et nous devenons « ordinaires », la contagion devient alarmante. ..  Ordinaire le terme "enchanté" par exemple, accompagne triomphalement la première poignée de main. Enchanté est à « bonjour » ce que « au plaisir » est à l’au-revoir ! L'impétrant de surcroit a l'impression d’être so chic ! « Nice to meet you » se traduit par enchanté ! Où est l’enchantement dans cette expression dévoyée ? le règne de l'abréviation au mépris des nuances, renoncer à construire une phrase avec le chox des mots: « je suis heureux de vous rencontrer », « j'ai beaucoup entendu parler de vous », « je suis ravi de faire votre connaissance », etc.. autant d'expressions  plus riches qui vous permettent d'exprimer un enthousiasme généralement absent!
Comment ne pas signaler le TROP? un comparatif devenu le substantif de toutes les émotions ,un comparatif véritable envahisseur de toutes les descriptions . Impossible d'expliquer à un enfant ce que trop veut réellement dire. Et devant le "j'aime trop pas" d'un ado décérèbré pas facile de ne pas baisser la garde.
Vous l'aurez compris : j'aime pas trop !

ELLE AIME VRAIMENT SE MONTRER !

La fille aînée du milliardaire Bernie Ecclestone, grand argentier du championnat de Formule1, se la coule douce à Mykonos. Elle propose à ses fans d'admirer, via Twitter, ses tenues estivales sexy. 

Depuis quelques jours, Tamara Ecclestone propose à ses «followers» sur son compte Twitter de partager (un peu) ses vacances à Mykonos, en Grèce. Pour ce faire, elle poste des clichés qu'elle prend avec son BlackBerry.
La top-modèle et présentatrice télé de 27 ans fait ainsi part à qui le veut de son bonheur d'être dans les Cyclades. Elle explique quels sont les lieux branchés qu'elle fréquente, ce qu'elle mange (mousse au chocolat, crêpe au Nutella, Kebab…) et d'autres informations triviales sur son quotidien de vacancière dans l'île des Cyclades.
Un bikini qui fait rêver
Lors de ses «gazouillis» sur le net, la fille du Britannique Bernie Ecclestone (80 ans) – dont la fortune est estimée à près de 4 milliards de dollars selon le magazine américain «Forbes» – a notamment posté une photo d’elle portant un haut de bikini minimaliste dont la poitrine généreuse semble défier les lois de la gravité!
L'égérie de la marque de lingerie Ultimo a été rejointe sur l'île par son boyfriend Omar Khyami, 37 ans, qui apparaît également sur certains clichés, relève le «Daily Mail».

DSK et BHL, la gauche dénaturée qui plombe le PS

Comment des hommes se proclamant ouvertement de « gauche » peuvent-ils afficher aussi ostensiblement leur immense fortune et leurs positions atlantistes ?, s'interroge Daniel Salvatore Schiffer*qui conseille au PS de moins exhiber Dominique Strauss-Kahn et Bernard-Henri Lévy s'il veut vraiment gagner... 

 

L’affaire DSK ne connaît décidément pas de trêve. Au contraire : entre l’offensive médiatique de Nafissatou Diallo, à New York, et la récente plainte de Tristane Banon, à Paris, elle continue, malgré les vacances, à agiter, aux quatre coins de la planète, le monde politico-judiciaire. Bref : c’est, encore et toujours, le feuilleton de l’été !

Certes ai-je moi-même contribué à alimenter ce débat puisque j’ai pris dès le départ, avec trois articles publiés successivement dans la presse française et internationale, la défense (tout en disant ma compassion, sans rien préjuger du procès à venir, pour la victime présumée) de Dominique Strauss-Kahn. Et ce, au nom d’un principe censé être universel au regard des droits de l’homme : la présomption d’innocence et, partant, le refus de voir un être humain, quel qu’il soit (y compris mon pire ennemi), voué, avant même qu’il ne soit jugé par un tribunal digne de ce nom, aux gémonies.

Car DSK, en ce qui me concerne, je ne le connais pas, ni de près ni de loin. Je ne l’ai jamais rencontré, ni même simplement croisé. C’est dire que les raisons pour lesquelles j’ai plaidé en sa faveur sont diamétralement opposées, en la circonstance, à celles, par exemple, d’un Bernard-Henri Lévy puisque c’est un argument aussi subjectif que celui d’une amitié de longue date qu’il invoqua, en premier lieu, pour le défendre. Et, de fait : qui peut prétendre suffisamment connaître une personne pour pouvoir a priori garantir, à son endroit, toute innocence ? Pas même une mère ou un père vis-à-vis de son fils ou de sa fille, surtout lorsque l’on sait à quel point l’amour peut parfois, comme le dit l’adage, rendre aveugle !

Cette complexité inhérente au tréfonds de l’âme humaine, c’est un de nos plus insignes poètes, Charles Baudelaire, qui, en fin psychologue qu’il était également, l’a repéra avec le plus de netteté au sein de la littérature : « Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan. L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre. », observe-t-il dans « Mon cœur mis à nu ».

Certes pourra-t-on reconnaître en cette foncière ambivalence, intrinsèque à tout être intelligent, la dynamique du parcours existentiel, depuis les ors des palais de la République jusqu’à sa déchéance dans la cellule de Rikers Island, de DSK lui-même. Mais ce n’est pas sur ce point, bien qu’il soit essentiel pour comprendre (je n’ai pas dit « justifier ») le comportement souvent contradictoire des humains, que je souhaiterais concentrer, pour l’heure, mon analyse. Car c’est un autre élément qui, malgré ce fait (que je ne regrette en rien) que j’ai pris publiquement la défense de ce même DSK, ne cesse, en l’occurrence, de tarauder ma conscience d’homme libre et, surtout, prônant l’honnêteté intellectuelle, autant que faire se peut, en ses combats.

Bhl chez Fog sur Dsk (20 mai 2011) par BernardHL
Cet élément, le social-démocrate que je me targue d’être pourrait le formuler, sous forme d’interrogation, de la manière suivante : comment des hommes se proclamant ouvertement de « gauche », tels DSK et BHL précisément, peuvent-ils afficher aussi ostensiblement, sans égard ni respect pour les millions de pauvres habitant cette terre, leur immense fortune ?

Certes n’est-il pas interdit à un riche de se vouloir « socialiste ». Mais à tout le moins peut-on lui demander, dans ce cas de figure, qu’il fasse preuve, sinon d’une réelle sensibilité, du moins d’une certaine décence… Ce qui, en effet, est loin d’être le cas, par leur constant et flagrant manque de tact, pour nos deux éminents représentants du socialisme à la française.

Mais, surtout, c’est là, de la part de DSK, un étonnant manque de sens politique, plus encore que d’élégance morale, en ce moment particulièrement stratégique où les projecteurs du monde entier se trouvent braqués sur lui, et, soit dit en passant, son admirable épouse, Anne Sinclair (hommage lui soit ici rendu pour son dévouement, confinant là à l’abnégation, à son mari). Et puis, l’argent, c’est un peu comme la culture : le simple savoir-vivre, qualité apparemment rare chez les nouveaux riches, veut que l’on ne l’étale point. Question de style, plus encore que de discrétion !

Davantage, et sans vouloir verser ici en un manichéisme de mauvais aloi, que j’ai par ailleurs toujours stigmatisé : comment concilier, sans contradiction aucune, les valeurs de la gauche sociale avec les symboles de la droite capitaliste ? Et je ne parlerais même pas ici de « gauche caviar », ni de « gauche tarama »… encore moins de « gauche tartufe », pour reprendre une expression due, tout récemment, à l’onéreux plat de pâtes que DSK s’en alla s’offrir sans vergogne, dès sa sortie de prison, dans un des restaurants les plus huppés, inaccessibles pour le commun des mortels, de Manhattan : comme quoi, si l’argent n’a pas d’odeur, le cynisme, lui, n’a pas de couleur, pas même politique ! Ce fut même là, sans vouloir faire ici d’inopportuns jeux de mots, une évidente faute de goût…

Car c’est bien là ce qu’incarnent aujourd’hui, hélas pour la gauche française, deux des fleurons de l’actuel PS : Dominique Strauss-Kahn, jusqu’à peu directeur général du FMI (Fonds Monétaire International), et Pascal Lamy, aujourd’hui directeur général de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Ils furent même, pis encore, tous deux propulsés à ces prestigieux postes de commande, apparemment très enviés par les pays les plus puissants sur le plan économique, par deux présidents, français eux aussi, résolument de droite : Jacques Chirac, en 2005, pour Lamy, et Nicolas Sarkozy, en 2007, pour Strauss-Kahn.

Aussi, en de telles conditions, qu’a de véritablement en commun un DSK avec Jaurès, un BHL avec Blum, ou un Lamy avec Mendès-France et même, à la limite, Mitterrand ?

Et puis, comment expliquer, encore, que ces hommes réputés de gauche, fût-elle rose plus que rouge, finissent toujours par s’aligner unilatéralement, en cas de conflit, sur les positions atlantistes, y compris lorsqu’elles ne sont pas votées par l’ONU (comme ce fut le cas, au Kosovo, lors de la guerre en ex-Yougoslavie), lorsque l’on sait que l’OTAN ne s’avère, la plupart du temps, que le bras armé des USA, nation championne, toutes catégories confondues, du mercantilisme le plus sauvage  ?

Ainsi, ces tenants de la nouvelle oligarchie des temps modernes, loin d’être la conscience critique de ce système qu’ils nous disent combattre, n’en sont-ils plus, par leur outrecuidant pouvoir financier, que les hypocrites mais sûrs chiens de garde. 

BHL et DSK ensemble, c’est un immense gâchis intellectuel, qui représente, à lui tout seul, le discrédit d’une bonne part des élites françaises : plus qu’une nouvelle « trahison des clercs », pour reprendre l’heureuse et célèbre formule de Julien Benda, c’est le détournement des valeurs mêmes de la gauche… raison pour laquelle le peuple s’en détourne, précisément, de plus en plus, pour se tourner alors - c’est là son effet le plus tragiquement pervers - vers la droite, et même extrême, hélas !

Mais, à ce type d’antinomie politico-idéologique, il est une explication qui, pour affligeante qu’elle soit, n’en demeure pas moins évidente. Je la livre, ici, au lecteur.

Vercors, grand écrivain français qui emprunta ce pseudonyme (Jean Bruller était son vrai nom) en hommage aux Résistants qui peuplaient, durant la Seconde Guerre mondiale, ce massif montagneux, publia un roman, « Les animaux dénaturés », qui, lorsqu’il parut, en 1952, laissa peu de lettrés indifférents au thème, philosophico-anthropologique celui-là, qu’il abordait : la définition de l’être humain. Ainsi, tachant de faire preuve, à notre tour, d’une identique rigueur intellectuelle et honnêteté morale, est-ce la nature du socialisme français, sinon européen, qu’il conviendrait très certainement d’interroger, aujourd’hui, en son ensemble… à moins, pour paraphraser ici le titre de ce livre culte justement, que les DSK, BHL, Lamy et Cie, ne soient, quant à eux, que des « socialistes dénaturés », sinon encore tout à fait pervertis (au strict sens étymologique, et non certes moral, du terme) !

Ces « animaux dénaturés » de Vercors connurent d’ailleurs, par la suite, une adaptation théâtrale non dénuée, elle non plus, de succès populaire (qui ne signifie pas, la nuance tant conceptuelle que sémantique est importante, « populiste ») : « Zoo, ou l’assassin philanthrope », avait-elle pour emblématique et surtout, au vu de l’engagement guerrier de BHL et des victimes collatérales de l’OTAN, ironique titre…

Conclusion ? Je conseille vivement au PS français de moins s’exhiber de façon aussi éhontée, dorénavant, avec ces histrions pour lesquels les masses n’éprouvent qu’une compréhensible méfiance, sinon mépris, et surtout de se diriger un peu plus courageusement vers sa gauche, s’il veut véritablement gagner - ce que je lui souhaite très sincèrement - les prochaines élections présidentielles.


Daniel Salvatore Schiffer est philosophe, écrivain et auteur de « Grandeur et misère des intellectuels - Histoire critique de l’intelligentsia du XXe siècle » (Ed. du Rocher), « La Philosophie d’Emmanuel Levinas » (PUF) et « Critique de la déraison pure - La faillite intellectuelle des ‘nouveaux philosophes’ et de leurs épigones » (Bourin Editeur).

Petit cours d'économie pour comprendre la dette publique

Pour comprendre les enjeux de la dette publique, Laurent Pinsolle conseille l'ouvrage coécrit par A-J Holbecq et P. Derudder, « La dette publique, une affaire rentable ». Les auteurs commencent par une petite histoire de la monnaie avant d'aborder les problèmes engendrés par la création de celle-ci. 
En ces temps d’hystérie collective sur la dette de l’Etat, « La dette publique, une affaire rentable », livre coécrit par A-J Holbecq et publié en 2008, dont la deuxième édition vient de sortir, est un livre essentiel. 

« Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu’il y aurait une révolution avant demain matin » : c’est par cette citation d’Henry Ford que commence cet essai court et percutant. Les auteurs présentent un bref historique de la monnaie et des banques. Si les premières traces de monnaie métallique remonte à plus de 2500 ans en Grèce, la monnaie papier est apparue en Chine au 8ème siècle.

Jusqu’au 19ème siècle, les monnaies reposent sur l’or ou l’argent mais leur rareté conduit à de nombreuses dévaluations, à l’utilisation d’alliages. Le papier-monnaie est inventé au 17ème siècle, sous l’impulsion d’un Suédois. En 1694, la première banque centrale est créée en Angleterre. Le 19ème siècle voit apparaître le monopole d’émission d’Etat. La 1ère guerre mondiale mettra fin à la convertibilité de nombreuses monnaies. Le Royaume Uni y renoncera en 1931, les Etats-Unis en 1971.

La Banque de France est fondée en 1800. Ses deux cent actionnaires les plus importants constituent l’Assemblée Générale et les statuts impériaux resteront en place jusqu’en 1936. Le Front Populaire met la banque sous l’autorité du gouvernement mais elle ne sera pleinement nationalisée que le 2 décembre 1945. En janvier 1973, ses statuts sont réformés par l’article 25 : « le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France ».

Cette interdiction de financer l’Etat est complétée par l’indépendance accordée en août 1993 par le gouvernement d’Edouard Balladur. Les différents traités européens confirmeront cette double orientation puisque l’article 104 du traité de Maastricht (devenu article 123 du traité de Lisbonne) précise : « il est interdit à la BCE et aux banques centrales des Etats membres (…) d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit » à toute institution publique.

Le problème de la création monétaire

Ils soulignent que « si le prêteur a prélevé cette somme sur son épargne, il est juste qu’il en reçoive rémunération puisqu’il n’aura pas la disponibilité de cet argent jusqu’à échéance du prêt, outre le risque de ne pas être remboursé ». Ils rappellent que la monnaie est un « instrument de mesure, instrument de réserve de valeur et instrument de paiement » et « une convention sociale reposant sur la confiance, elle n’a d’autres valeurs que celle que nous lui accordons ».

Les auteurs montrent que depuis le 1er janvier 2001, la masse monétaire M1 (billets, pièces et dépôts à vue) de la zone euro a progressé de 11,5% par an contre 4,5% pour la croissance nominale du PIB. Elle représentait 4691 milliards d’euro en octobre 2010. M3 atteint 9475 milliards, soit à peu près l’équivalent du PIB. Ils dénoncent l’idée « que l’argent existe comme un gâteau dont la seule question est de savoir comment le repartir entre les convives ».

Or, « aucune loi physique n’empêche un Etat, une Banque centrale ou de second rang, de créer toute la monnaie nécessaire ». Et en réalité, « la monnaie en circulation a été créée ex-nihilo par les banques commerciales, sous forme de crédits aux ménages, aux entreprises et aux Etats ». Les auteurs posent deux problèmes : le premier est que « ce sont les crédits qui permettent les dépôts, et non l’inverse » et le second le « droit exclusif » des banques commerciales à créer la monnaie.

Les auteurs expliquent que « la masse monétaire, constituée essentiellement par la monnaie scripturale, s’accroît donc lorsque les flux de remboursement sont inférieurs aux flux des crédits nouveaux » et soulignent que les intérêts imposent une croissance de la masse monétaire. Ils notent que la Banque centrale ne détient pas le privilège de la création monétaire. Son rôle consiste à règlementer le système et à être le prêteur de dernier ressort, comme nous le constatons depuis trois ans.

Comme dans leur dernier ouvrage, les auteurs ont recours à des petites histoires, des analogies qui éclairent particulièrement bien leur propos. Ce faisant, ils ont fait de ce livre un essai accessible à tous et très pédagogique. Je reviendrai demain sur les conséquences de la privatisation de la création de la monnaie.

Source : « La dette publique, une affaire rentable », A-J Holbecq et P Derudder, Editions Yves Michel