TOUT EST DIT

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lundi 28 novembre 2011

Hervé Morin rattrapé par la vente d'un pur-sang à l'émir de Dubaï

Qui est le ministre de la défense des Emirats arabes unis ? La question en apparence anodine a suscité un petit accrochage, lundi 28 novembre, entre l'ancien ministre français de la défense (2007-2010), Hervé Morin (Nouveau Centre), qui avait annoncé la veille, dimanche 27 novembre, sa candidature à l'élection présidentielle de 2012, et le journaliste Patrick Cohen qui anime la matinale de France Inter.


Hervé Morin par franceinter

Patrick Cohen mettait en cause la vente par M. Morin, en décembre 2007, d'un cheval de course dont il était l'un des propriétaires à l'émir de Dubaï, Mohammed ben Rachid Al-Maktoum, l'un des plus grands acheteurs de chevaux de course au monde. A cette époque, faisait remarquer le journaliste, ce dernier était l'homologue de M. Morin.
"Comme vous ne connaissez pas le sujet, vous dites n'importe quoi (…) Vous confondez", a rétorqué M. Morin, qui a alors indiqué qu'en matière de défense "les discussions se font avec le cheikh Mohammed, prince héritier des Emirats d'Abou Dhabi".
Mohammed ben Rachid Al-Maktoum est bien, en titre, premier ministre et ministre de la défense de la Fédération des Emirats arabes unis que domine Abou Dhabi, adossé à sa production pétrolière et qui est à l'origine du regroupement de sept émirats de l'ancienne "Côte des Pirates". Mais il est exact que, dans les faits, le cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, prince héritier d'Abou Dhabi, a la haute main sur les affaires de défense.
La France et les Emirats arabes unis sont liés par un accord de coopération depuis 1991, qui a été relancé en 2009 avec l'ouverture d'une base interarmes, précisément à Abou Dhabi.
Les négociations pour l'ouverture de cette base, dont la création avait été révélée par Le Monde, avaient commencé dès l'automne 2007, au moment même où M. Morin marchandait la vente de son pur-sang avec l'émir de Dubaï, qu'il aura rencontré quatre fois entre 2007 et 2009 en tant que ministre, et non une seule comme il l'a affirmé lundi matin.

François Hollande tend (déjà) la main à Bayrou

Ce lundi matin, le candidat PS à la présidentielle a assuré que si le président du Modem appelait à voter pour lui au second tour, "il serait dans la majorité présidentielle ". Décryptage. 

François Hollande prépare déjà l'entre-deux tours. Ce lundi matin au micro de RMC, le candidat PS à la présidentielle a envisagé la possibilité d'une alliance avec le Modem de François Bayrou: "Si [ce dernier] fait un choix, nous verrons lequel, au second tour, eh bien il sera dans la majorité présidentielle qui se sera constituée autour du vainqueur du second tour, s'il a appelé [à voter] pour le bon candidat, sous-entendu celui que je pourrais représenter". Une formule un peu alambiquée, mais qui a indéniablement des allures de main tendue... à condition que Bayrou fasse un choix. 
Et ça tombe bien, le leader du Modem a déjà assuré que, contrairement à 2007, s'il n'est pas qualifié pour le second tour, il appellera à voter pour l'un des deux qualifiés. "Nous aurons une délibération collective au soir du premier tour, précisait à LEXPRESS.fr la semaine dernière Jean Arthuis, président de l'Alliance centriste, soutien de François Bayrou. Nous déterminerons quel candidat a la plus grande convergence programmatique." Et cela pourrait bien être le candidat du PS. 
Lire à ce sujet notre article: François Bayrou veut rester seul... mais pas trop longtemps
Après tout, en 2007, un rapprochement avait failli avoir lieu entre Ségolène Royal et François Bayrou... Et il y après de vingt-cinq ans, en 1988, François Mitterrand avait fait entrer des ministres centristes au gouvernement. Alors, 2012, remake de l'ouverture mitterrandienne? "Ce n'est pas le cas le plus probable, assure Michel Sapin, chargé du projet présidentiel de François Hollande. C'est beaucoup trop tôt pour envisager cette hypothèse."  
Certains proches du candidat PS estiment pourtant qu'il faut d'ores et déjà discuter avec le centre pour préparer le rassemblement au second tour, et faire accepter la rigueur après l'élection. Pour d'autres, le Modem, que ce soit dans le cadre d'une participation au gouvernement ou d'une éventuelle plate-forme de propositions communes pour les législatives, n'est pas forcément le mieux placé pour aider les Français à avaler la pilule. "Ce qui sera central, si notre candidat est élu, c'est la question de la protection sociale, décrypte un proche de Hollande. C'est-à-dire la façon dont la rigueur va s'imbriquer dans des objectifs de protection sociale, et ça ce n'est pas du tout la ligne du Modem."  

HOLLANDE SE COMPORTE COMME UNE PUTE, IL RACOLE SUR LA SCÈNE POLITIQUE.

Droit de veto à l’ONU : le Parti socialiste nuance l’accord avec les écologistes

François Hollande a dû trancher et désavouer un nouveau point de l'accord entre Verts et socialistes, lundi 28 novembre, en promettant au micro de BFM-TV et RMC qu'il n'y aurait pas de remise en cause du veto français à l'ONU s'il était président.

"Tant que je serai dans la situation d'exercer la responsabilité de mon pays si les Français me la confient, il n'y aura pas de remise en cause du droit de veto, de remise en cause unilatérale du droit de veto", a précisé le candidat socialiste, en ajoutant : "Les Nations unies doivent évoluer, il y a une réflexion qui peut être engagée, une gouvernance mondiale."
L'UMP, rejointe par le centre et une partie de la gauche, pilonne le PS sur ce sujet depuis une semaine. C'est le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, qui a déniché, mercredi 23 novembre, ce point passé inaperçu de l'accord entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts (EE-LV).
Selon le texte, "la France fera des propositions précises pour réformer et démocratiser l'ONU afin qu'elle structure un ordre juridique et normatif global: siège européen, suppression du droit de veto, meilleure représentativité des pays du Sud au sein du Conseil de sécurité, renforcement du rôle des organisations non-gouvernementales".
ATTAQUE
Il n'en fallait pas plus pour que Claude Guéant juge que "les deux partis, donc M. Hollande, proposent qu'au Conseil de sécurité [de l'ONU], ce soit désormais un représentant de l'Union européenne qui siège et que, par conséquent, la France n'y siège plus".
Une attaque relayée par le secrétaire national d el'UMP, Jean-François Copé, pour qui "François Hollande s'apprête à brader l'un des fondamentaux de notre indépendance". Et d'ajouter : "Imagine-t-on François Mitterrand engager la France dans une abdication de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité ?" Une attaque, là encore, de la stature présidentielle de M. Hollande.
L'accord n'évoque pourtant pas, comme l'interprète l'UMP, la perte d'un siège français mais la mise en place d'un siège européen, même si un cumul semble improbable.
INQUIÉTUDES
Plus lapidaire, le passage sur le droit de veto posait question : cinq pays, membres permanents du Conseil de sécurité, possèdent ce droit : Etats-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France. Et aucun ne compte se priver d'un tel avantage, même si, depuis une trentaine d'années, Paris plaide, avec Londres, pour un élargissement du cercle des membres permanents à d'autres nations : Allemagne, Brésil ou Inde.
En matière de relations internationales, l'accord prend des positions plus idéalistes que concrètes qui rappellent une résolution votée par le Parlement européen en 2004. Le Parti populaire européen (PPE), dans lequel siège l'UMP, avait alors voté, avec la gauche, un texte prônant un élargissement du conseil de sécurité et une modification du droit de veto, qui aurait nécessité deux pays et non plus un seul.
L'UMP n'a pas été la seule à s'inquiéter du contenu de l'accord Verts-PS. Le président du MoDem, François Bayrou, a également jugé "infiniment troublant" que l'on veuille gommer "la seule arme qui permette encore à la France d'être au rang des puissances majeures". A gauche, Jean-Pierre Chevènement a lui aussi fait part de son inquiétude devant un texte qui "ne tient pas debout".
Convoqué à la défense de l'accord, Pierre Moscovici, directeur de campagne de M. Hollande, avait déjà fait, vendredi, la distinction entre grands principes et réalités : "Il n'est pas question de remettre en cause le statut de membre permanent de la France au Conseil de sécurité de l'ONU, ni le droit de veto", avait-il assuré, ajoutant qu'il n'y avait rien d'anormal à vouloir, "avec les Verts, poursuivre des idéaux et souhaiter des changements de long terme".
"PRIVILÈGE DÉPASSÉ"
Les écologistes, eux, défendent une interprétation plus formelle du texte. La patronne d'EE-LV, Cécile Duflot jugeait, vendredi, que "des positions européennes portées sur la politique internationale" seraient "plus utiles que cet anachronique droit de veto de la France". Pour la candidate d'EE-LV, Eva Joly, le droit de veto de la France à l'ONU est "un privilège dépassé, réservé à quelques pays".
Cette nouvelle différence de lecture entre partenaires à gauche inquiète, au sein du PS, après l'épisode du nucléaire. Le PS se débat toujours sur cette question face à l'UMP, qui accuse, Nicolas Sarkozy en tête, socialistes et écologistes de vouloir "brader" l'indépendance énergétique du pays en mettant fin au nucléaire.
Une vision caricaturale de la position médiane du candidat socialiste, mais qui permet là aussi à la droite d'attaquer M. Hollande sur les thématiques plus régaliennes et internationales dans lesquelles M. Sarkozy est jugé le plus positivement dans les enquêtes d'opinion.
L'accord avec EE-LV, qui devait permettre à François Hollande de relancer sa campagne, apparaît de plus en plus, aux yeux de certains socialistes, comme un "énorme cafouillage", selon les termes Michel Vauzelle, président PS de la région PACA.
AH CE PARTI QUI NE SAIT PAS CE QU'IL VEUT !
DES NUANCES TOUT EST EN DEMIE TEINTE CHEZ LUI.
LA LUMIÈRE EST RARE CHEZ NOS SOCIALISTES.

Grèce/Athènes: les radios en grève

Aucune radio, publique, privée ou municipale ne fonctionnait aujourd'hui à Athènes en raison d'une grève de 24 heures observée par les journalistes, techniciens et personnel administratifs des syndicats respectifs.

Les syndicats des radios dénoncent "l'ouragan de licenciements" et "les violations de conventions collectives" dans les radios en Grèce, selon leur communiqué commun. La crise de la dette, qui frappe le pays depuis deux ans ainsi que la rigueur imposée avec une série de lois sur la flexibilité du travail en échange des prêts internationaux, ont fortement affecté les médias grecs. Deux quotidiens qui dataient depuis plus de 10 ans ont fermé en 2010.

Le personnel du quotidien de gauche Elefthérotypia, qui date de la chute de la dictature des colonels en 1974, a observé une grève de deux jours la semaine dernière pour réclamer des salaires impayés depuis trois mois. Le secteur le plus touché des médias est l'audiovisuel, un paysage complètement déréglementé, où licenciements, précarité et baisse des salaires sont monnaie courante.

Les 650 journalistes, techniciens et employés administratifs de la chaîne de télévision privée grecque Alter lourdement endettée ont observé plusieurs grèves ces derniers mois pour protester contre des salaires impayés depuis sept mois. Les médias publics, la radiotélévision publique (Ert) ainsi que l'Agence de presse grecque (Ana, semi-officielle), ont observé des arrêts de travail la semaine dernière pour dénoncer la réduction des salaires et du personnel après l'adoption d'une loi récente sur le chômage technique.

Selon une récente loi visant à réduire le personnel des organismes publics, l'Ert et l'Ana compris, plus de 20.000 personnes dont la plupart sont près de l'âge de la retraite, devraient être soumis au chômage technique d'ici la fin de l'année, selon une liste envoyée aux autorités au cours des deux derniers mois. Les syndicats du privé et du public, Gsee et Adedy respectivement, ont appelé à une grève générale jeudi en Grèce contre la rigueur, la première depuis la désignation début novembre du gouvernement d'union de Lucas Papademos après la démission du gouvernement socialiste élu de Georges Papandréou.

Retrouvailles amères avec le FMI

Financièrement affaibli, Budapest a demandé l’aide du Fonds monétaire international. Un accord devrait être trouvé d’ici à janvier 2012. Aveu d’échec du Premier ministre Viktor Orbán ou cabale contre sa politique d’indépendance ? La presse hongroise est partagée. 

N’embellissons pas les choses, ce n’est pas la peine : le fait que nous ayons repris les négociations avec le FMI [le 21 novembre] équivaut à une capitulation. Nous ne pouvons pas décrire autrement ce qui vient de se passer, puisque, l’été dernier, nous avions appelé “guerre d’indépendance” notre séparation d’avec cette organisation  [la Hongrie avait rompu les discussions avec le FMI, dont elle refusait les recommandations. En 2008, elle avait reçu 20 milliards d’euros du FMI, de la Banque mondiale et de l’UE]. La capitulation est une mauvaise nouvelle et elle est humiliante pour ceux qui luttent pour leur indépendance.
Toutefois, il est particulièrement exaspérant de voir à quel point les marchés ont agi d’une manière coordonnée et systématique pour pousser le pays sur cette voie. Qui plus est, chose bizarre, cette hystérie des marchés basée sur des rumeurs sans fondement, inventées de toutes pièces et, selon toute probabilité sciemment repandues, s’est amplifiée à l’arrivée de la délégation du FMI.
Après plusieurs mois d’accalmie, nous sommes donc devenus le prochain épicentre de la crise que traverse l’Union, comme en a disserté un blogueur du Wall Street Journal. Dans le même temps, un collaborateur de Bloomberg nous a jetés dans le caniveau en ricanant. Deux agences de notation ont pris des mesures menaçantes à notre encontre et le taux de change entre le forint et l’euro a battu des records historiques [le 24 novembre, l'agence de notation Moody's a même dégradé à la note du pays, la placant dans la catégorie spéculative ("junk")].

Comme dans un conte de fées

L’étau s’est resserré et tous les commentateurs, analystes et investisseurs ont récité comme un mantra jour après jour que tous ces malheurs pouvaient cesser d’un coup si les Hongrois signaient un nouvel accord avec le Fond monétaire international.
Et, comme par miracle, et il en fut ainsi, pour prendre une expression des contes populaires. Le FMI et la Hongrie se sont retrouvés. Mais, à en croire les déclarations, la célébration de leurs noces  pourrait attendre jusqu’en janvier.
Il va sans dire que pendant cette campagne des marchés, nous avons attendu en vain l’aide, ne serait-ce que symbolique, de Bruxelles. Ces temps-ci, au centre de l’Union, on n’est occupé que par les problèmes de la zone euro et nous avons été oubliés. Ou alors, cela les arrange eux aussi que l’on n’évoque pas trop notre indépendance.
Pour conclure : chaque fois que je pense à ce qui s’est passé, me vient à l’esprit une histoire évoquant la réalité hongroise d’aujourd’hui. On ouvre un restaurant près du lac Balaton, où débarquent un jour quelques compatriotes baraqués.
Leur proposition est simple : ils ont la conviction que dans ce vilain monde, nous avons besoin de protection, ce qu’ils peuvent nous assurer. Nous n’en voulons pas en expliquant que nous allons nous débrouiller tout seuls. D’accord, disent-ils. Puis un jour on met le feu au restaurant. Et tout d’un coup, il y a un revirement : la proposition concernant notre protection paraît soudain sympathique.


Contrepoint

La lâcheté d’Orbán

"Si un homme politique prévoit sa démission dans une situation hypothétique (‘Si le FMI revient, moi je m’en vais’), il est à peu près sûr que, lorsque la situation se produit, notre homme politique restera", ironise Népszabadság en rappelant que le Premier ministre Viktor Orbán jurait récemment qu’il refuserait toute intervention du FMI en Hongrie.
“Il avait pesé de tout son poids pour augmenter la mise, croyant que le pire pourrait être évité”, estime le quotidien de centre-gauche, pour qui le chef du gouvernement "essaie de sauver sa politique qui est à tel point insauvable qu’elle ne peut plus être poursuivie. Et il essaie surtout de se sauver lui-même”.
“Il faudrait regarder la réalité en face”, ajoute le journal. “Il y a un an et demi, quand il pouvait presque tout faire dans ce pays, et il a presque tout fait, il a donné les pleins pouvoirs à un chaman”, le ministre de l’Economie György Matolcsy, "sur les fantasmagories duquel il a construit sa politique dite d’autodétermination nationale. Une politique certes attractive, mais stupide qui a causé tant de tort aux gens, à la Hongrie et qui a fait de nous la risée du monde."

Londres prépare la fin de la zone euro

Les banques anglaises font déjà des simulations de retour aux monnaies nationales.
La drachme en Grèce, la lire en Italie, le mark en Allemagne ou le franc en France. Ces monnaies nationales ne sont plus qu'un lointain souvenir pour les consommateurs et un objet de convoitise pour les collectionneurs. Mais à en croire les banques britanniques, elles pourraient faire leur retour dans les porte-monnaie. Certaines d'entre elles mènent déjà des tests pour se préparer à la dissolution de la zone euro, rapporte le Wall Street Journal.

Affronter tous les scénarios, y compris les "pires"

Les autorités britanniques elles-mêmes évoquent désormais ouvertement des "plans" pour faire face à un démantèlement de la zone euro. Le ministre de l'Economie britannique, George Osborne, a indiqué dimanche que le gouvernement avait accéléré ces dernier mois son train de mesures pour être prêt à son éventuel effondrement. L'Autorité des services financiers (FSA), le gendarme des marchés britanniques, avait demandé la semaine dernière aux banques de se tenir prêtes à affronter tous les scénarios, y compris les "pires".
Icap, une entreprise qui gère le plus grand système d'échange de devises entre les banques, se prépare à une possible sortie de la Grèce de l'Eurozone, indique le WSJ. Elle a déjà commencé a testé une technologie qui permet aux banques d'échanger la drachme contre l'euro et le dollar. Un autre banque est en train de mener des "stress test" (des tests de résistance, ndlr) en vue de la dissolution de l'euro, assure le quotidien économique. "Ces changements sont autant de signes d'une inquiétude grandissante de la sortie d'au moins un pays de la zone euro. Les banques n'ont pas d'autre choix que de se préparer, même si l'éclatement n'a finalement pas lieu", écrit le Wall Street Journal.
Si la mort de la monnaie européenne est envisagée avec une certaine délectation par une presse britannique largement eurosceptique, elle est en revanche redoutée par les milieux économiques. Ils craignent en effet un impact dévastateur sur le Royaume-Uni, qui réalise plus de 40% de ses échanges commerciaux avec ses voisins.

L’anarchie centriste

En fait, aussi curieux que cela puisse paraître, ce sont des anars ! Si, si. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Où sont-ils ? Vers où vont-ils ? Et avec qui ? Mystère… Et en plus, ils s’autodécoupent en petits morceaux quand ils ne s’épuisent pas dans de petits meurtres (politiques) entre amis. Qui, diable, a prétendu que les centristes faisaient périr d’ennui ? S’ils n’étaient pas là pour mettre un peu de fantaisie dans ce début de campagne, on baillerait déjà devant le conformisme du spectacle. Les seuls vrais imprévisibles, ce sont eux, et dans ce registre, ils assurent.

Se moquer d’une expression démocratique véritable, ce n’est pas respectueux. Mais là, franchement, comment résister ? L’épisode de l’annonce de candidature d’Hervé Morin restera dans les annales de la Ve République comme un modèle de non-événement. De solide, il n’y eut que le pont de Normandie devant lequel l’ex-ministre de la défense avait choisi de déclarer sa flamme à la France. Tout le reste prenait l’eau. Que l’homme qui avait abandonné François Bayrou en 2007 ne puisse rassembler derrière lui que neuf députés sur 24 de son propre parti - les autres, et les deux ministres issus du mouvement, se désolidarisant ouvertement de son initiative - ferait presque de la peine. De l’UDF, premier parti de France aux Européennes de 1979, il ne reste donc que ces fragments groupusculaires, MoDem, Nouveau Centre et Parti Radical, eux-mêmes éclatés en sous-ensembles. La constellation centriste que Giscard avait tant bien que mal réunie sur l’aile gauche de sa majorité de droite d’alors n’est plus qu’une nébuleuse de plus en plus obscure, une pensée vaporeuse.

Les uns et les autres de ses chefs invoquent des «valeurs» mais celles-ci tourbillonnent en tous sens sans jamais accrocher la lumière, ni même s’agglomérer à une force satellitaire. Depuis cinq ans maintenant François Bayrou marche en pasteur solitaire et voilà que Borloo, qui l’avait lâché en 2002 pour Jacques Chirac avant de devenir un compagnon de route de Nicolas Sarkozy, se met à jouer lui aussi en solo dans un autre désert parallèle. Sa petite musique est plus indéchiffrable que jamais. Hier soir, il n’est pas parvenu à donner une explication convaincante de son forfait brutal dans la course à l’Élysée mais on n’a pas davantage compris la signification, apparemment contradictoire, de ses messages sur le vote des immigrés aux élections locales ou le mariage homosexuel. «La vraie liberté» qu’il revendique serait-elle la simple esquisse d’un futur marchandage ?

Le défi d’un islam compatible

En Tunisie, au Maroc, sans doute en Égypte aujourd’hui et bientôt en Libye : Les succès électoraux des partis islamistes en Afrique du Nord s’inscrivent dans une logique électorale inéluctable. Ils se sont opposés sur place avec constance aux régimes dictatoriaux ou clientélistes en place pendant que les dirigeants des partis classiques pactisaient ou s’exilaient. Ils arpentent les quartiers populaires et les campus des universités, récoltent dans les mosquées ou auprès des monarchies du Golfe les fonds pour financer leurs campagnes, utilisent les nouvelles technologies pour étoffer leurs réseaux.

Bref ils savent faire de la politique. Sauront-ils gouverner ? Les démocraties de la rive nord de la Méditerranée n’ont d’autre choix que d’accepter le verdict des urnes d’autant que les printemps arabes sanctionnent aussi leur attitude complaisante à l’égard des despotes déchus. En revanche, les Européens n’accepteront pas un retour sur la laïcité, une arabisation totale de pays de culture mixte, des brimades de chrétiens, un climat d’insécurité pour les touristes. L’économie de ces pays minés par le chômage est trop liée à l’autre rive de la Méditerranée pour que les dirigeants s’exonèrent de relations apaisées et d’un islam compatible avec les standards européens.

Centristes et centraux

Les partis centristes sont plus cacophoniques que jamais. Et pourtant leurs électeurs pourraient arbitrer la présidentielle.

Trop inconstant et inorganisé, trop conscient des périls liés à la crise, Jean-Louis Borloo avait des raisons de renoncer. En refusant l’obstacle, il a perdu son crédit de leader. Quoi qu’il dise, il a pulvérisé en vol la jeune Alliance républicaine, écologiste et sociale (Ares). Et offert à Nicolas Sarkozy un élargissement de son espace au premier tour.

Dès lors que l’extrême droite fixe une partie de l’électorat déçu par le président sortant, celui-ci ne peut pas être réélu sans les voix centristes. Les pressions exercées sur les amis de Jean-Louis Borloo et sur les proches d’Hervé Morin illustrent cette vision des choses.

François Hollande, pendant ce temps, gagnait la primaire citoyenne. Difficile de voir en lui un dangereux révolutionnaire. Les enquêtes d’opinion montrent qu’il intéresse des électorats modérés, voire conservateurs, bien plus que Martine Aubry.

Mais Jean-Luc Mélenchon durcit le ton jusqu’à l’irrespect et Eva Joly colle aux écologistes « canal historique ». François Hollande, sait que le deuxième tour se jouera à deux points dans un sens ou dans l’autre, est contraint au grand écart ou à l’hésitation.

Nicolas Sarkozy et François Hollande, conscients que l’on ne gouvernera pas avec une minorité
de l’opinion, surtout en période de crise, vivent des situations un peu similaires. Ce qui n’a pas échappé à deux hommes.

Un pari osé

Sous le pont de Normandie coulent la Seine et, depuis hier, les tumultueuses amours d’Hervé Morin. Candidat contre l’avis de la moitié des siens, l’ancien ministre de la Défense, recruté sur des critères
de dosage politicien plus que de compétence, fait un pari très osé.

Sans candidat, son parti, le Nouveau Centre, est menacé de dilution dans la droite. En faisant cavalier seul, Hervé Morin risque d’apparaître comme le chef d’une armée sans troupes. À moins que n’éclate, demain, l’UMP dont il convoite la composante humaniste et européenne. Qui ne rêve de rien n’a rien.

À l’autre bout du pays, son meilleur ennemi depuis cinq ans, le Béarnais François Bayrou remontera à cheval, la semaine prochaine, pour la troisième fois. Même si elles lui ont coûté cher politiquement, sa constance et son indépendance inspirent du respect.

Sa campagne de 2007 – 18 % de suffrages ! – et ses écrits anticipaient la crise de la dette. Sur les déficits, la gouvernance, les inégalités, l’éducation, la production industrielle, les faits donnent raison au fondateur du MoDem.

Entre un Nicolas Sarkozy qui a conduit une politique fiscale en porte-à-faux et un François Hollande dont on ne voit pas encore bien quel est le projet anti-crise, son sérieux peut susciter une sympathie électorale. Ça ne suffit pas pour gagner. Mais un score à deux chiffres lui offrirait de quoi négocier, voire arbitrer.

Hervé Morin, ce qui n’encourage pas à voter pour lui, critique Nicolas Sarkozy, dont il a défendu la politique pendant quatre ans, tout en disant souhaiter sa victoire.

François Bayrou s’en amuse et jubile de se savoir courtisé. Seulement, le courage ne sera pas de plaire, mais de choisir son camp.

La campagne à coups de massue

Dans le registre du brutal et du sommaire, cette campagne électorale commence fort. Le débat sur l'énergie qui l'inaugure a la légèreté d'un sarcophage de béton sur une centrale nucléaire en fusion.

Eva Joly assassine son partenaire de gauche en deux phrases. Nicolas Sarkozy caricature son adversaire en trois discours. L'ancienne juge traite François Hollande de marionnette du lobby atomique. L'actuel président fait semblant de croire que le candidat socialiste envisage le retour de la lampe à pétrole.

Un monde sépare pourtant les deux cogneurs. Lui est rom- pu aux combats électoraux, elle les découvre. L'un est calculateur, l'autre rigide. Le premier cogne pour décrédibiliser son adversaire, la seconde pour se crédibiliser. Nicolas Sarkozy sait ce qu'il fait et suit une partition. Eva Joly ne sait plus quoi faire pour exister et improvise. La victime de ces postures est le débat.

La politique énergétique de la France est pourtant le sujet politique par excellence. Ses enjeux sont économiques, écologiques et démocratiques. L'avenir de la filière nucléaire nationale est une façon forte d'aborder le sujet. À condition d'éviter la caricature. L'importance vitale de cette question impose qu'on la traite avec nuance et finesse.

On a besoin d'énergie pour assurer la production de nos biens et de nos services, la circulation des hommes et des marchandises. Or cette énergie a un coût qui va croissant, et le gros inconvénient de polluer. C'est donc un sujet majeur de la campagne électorale qui s'engage. Mais au-delà d'une échéance qu'une autre chassera, c'est un choix qui impose d'y associer les citoyens.

Coût croissant dans tous les cas de figure, puisque maintenir la filière nucléaire coûterait aussi cher que de l'arrêter. Il faut dans le premier cas investir pour prolonger la durée de vie de nos centrales, dans le second investir pour les démanteler.

Pollution dans tous les cas de figure puisque les centrales thermiques réchauffent l'atmosphère et que l'atome suspend au-dessus de nos têtes un risque terrifiant.

Quant aux énergies renouvelables, elles montent en puissance, mais ne sont pas encore l'alternative aux matières fossiles. Le plus souhaitable étant de ne pas devoir produire d'énergie, en réduisant sa consommation. Les Allemands dépensent 30 % de moins que les Français pour chauffer leurs bâtiments.

Les questions à l'intérieur de la question ne manquent pas. Les premiers à le savoir sont Nicolas Sarkozy et Eva Joly.

Mais le premier ne veut pas entrer dans une complexité qui nuirait à la force de son message et à l'efficacité de sa campagne.

Et la seconde comprend mal que si les socialistes pensaient comme elle, ils seraient écologistes.

Bachelot : «Hollande est un homme sous influence»

Pour la ministre des Solidarités, Roselyne Bachelot, le PS a privilegié «l'intérêt électoraliste à l'intérêt du pays».

- Les sondages sont meilleurs pour le président de la République. Croyez-vous en sa réélection ?
Roselyne BACHELOT. - J'ai toujours été dans le camp de l'espoir. Les sondages récents éclairent un mouvement que j'observe depuis un moment. Des personnes, qui ne font pas partie des cercles de militants et sympathisants UMP, me disent à propos de Nicolas Sarkozy: «Heureusement qu'on l'a !» Ce mouvement n'a pas encore porté tous ses fruits.
À quoi ressemblera la campagne de Nicolas Sarkozy ?
Elle ressemblera à Nicolas Sarkozy ! Une campagne électorale, c'est d'abord celle d'un homme devant les Français. Nous serons à ses côtés pour mener cette campagne présidentielle. Avec quelques ministres, autour de Bru­no Le Maire, je m'implique déjà beaucoup dans le projet de l'UMP. Ce travail intellectuel est essentiel.
Comment mener une campagne électorale quand on ne peut rien promettre faute d'argent ?
C'est une erreur de penser qu'une bonne politique se fait uniquement avec de l'argent. Moi qui suis en responsabilité, je peux vous dire qu'on peut faire des économies. Dieu merci, nous avons des marges de manœuvre importantes !
Le mariage homosexuel pourrait-il figurer dans le programme présidentiel ?
Il y a vingt ans, j'étais un peu seule sur ce sujet. Maintenant, nous sommes plus nombreux. Il est important que s'expriment des musiques différentes.
Les clubs qui incarnent ces différentes sensibilités se multiplient à l'UMP. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
L'époque des «godillots» est terminée. On ne peut pas empêcher trois personnes de se mettre dans une salle et de fonder un club. J'ai un think-tank depuis dix ans. Mais je n'en fais pas une boutique électorale. À partir du moment où on fait de son club une machine de promotion personnelle, on ne réfléchit plus et ça n'a plus aucun intérêt.
Jean-François Copé tient-il bien la «boutique» UMP ?
Oui. Il n'y a jamais eu au­tant de conventions et de débats. Ce n'est pas évident de faire tourner un parti quand on est au pouvoir.
Que vous inspire le mot «assistanat»?
Je ne l'aime pas. Je préfère le terme de solidarité et celui d'assistance. L'assistanat est un système dévalorisant, qui ne reflète pas la réalité.
Que pensez-vous des difficultés entre Eva Joly et François Hollande ?
Les écologistes français prennent leurs racines à l'extrême gauche. Ils ne veulent gouverner que dans une logique de rapport de forces, et parfois même de destruction. En leur concédant ces soixante circonscriptions, le PS commet une faute d'analyse politique extrêmement grave: mettre au cœur de la représentation nationale un parti qui est contre nos institutions. Les socialistes ont privilégié l'intérêt électoraliste à l'intérêt du pays.
Quel jugement portez-vous sur le candidat socialiste ?
C'est un homme plein d'humour. Cela n'en ferait pas pour autant un bon président de la République, loin de là. Je crois que ses conseillers sont en train de le corseter. Dans les débats de la primaire, on sentait déjà qu'il était aux aguets, pour ne pas dire aux abois. Il me donne l'impression d'un homme sous influence. Et ses conseillers sont en train de tuer ce qui le rendait sympathique. Ils sont en train de tuer François Hollande.
Que pensez-vous de la guerre entre François Fillon et Rachida Dati à Paris  ?
J'ai toujours défendu Rachida face aux attaques dont elle a été l'objet. Tout ceci est triste. Il n'est pas illégitime qu'elle soit candidate à la candidature. La commission d'investiture tranchera et je ne doute pas qu'elle tranchera en faveur de François Fillon. Mais Rachida a tort de tirer contre son camp et d'utiliser des termes inacceptables pour parler du premier ministre. J'ai du mal à comprendre cette violence qui, d'ailleurs, détourne d'elle des gens qui étaient bien disposés à son égard. Elle n'est pas maltraitée, tout de même ! Ce n'est pas l'insulter que de dire qu'on lui a fait cadeau de la mairie du VIIe arrondissement. Rachida a eu beaucoup de chance en politique
François Fillon a-t-il le bon profil pour être ensuite maire de Paris ?
Oui ! Mais il est candidat aux législatives à Paris et les deux choses ne sont absolument pas liées.
Et l'avenir du premier ministre après 2012 ?
Je ne lis pas dans le marc de café. Ce que je peux dire, c'est mon indéfectible amitié pour François Fillon. Les choix politiques, contrairement à ce qu'on dit, sont d'abord des choix personnels.
A-t-il eu tort de ne pas organiser son propre courant ?
Il a un club, France.9, mais il est le premier ministre. Il ne peut pas être l'homme d'un clan.
Serez-vous candidate aux élections législatives dans le Maine-et-Loire ?
Je suis candidate à la candidature.