jeudi 29 mars 2012
Le Monde , cible récurrente de Sarkozy
Présidentielle : Sarkozy promet "une surprise
Le candidat poursuit sa remontée spectaculaire et rêve tout haut de
créer "la plus grande surprise électorale de la Ve République".
On le croyait définitivement à terre, le nez dans la poussière,
inerte et, de surcroît, promis aux Enfers. Et voici qu'à la faveur d'une
série de sondages inespérés, où il tutoie les 30 % d'intentions de vote
au premier tour de la présidentielle, Nicolas Sarkozy bouge encore.
On s’en doutait. Qu’il se rassure, ce candidat sans divertissement, son rival non plus. M. Sarkozy a beau disposer sur son bureau les titres les plus accrocheurs et réciter par coeur les Cahiers du cinéma, il restera l’homme qui a renvoyé la princesse de Clèves aux poubelles de l’histoire. Et c’était mieux ainsi. Il y avait quelque chose de sympathique chez cet homme qui ne craignait pas de révéler que lire lui cassait les pieds. J’avoue que je ne l’ai pas vu sans regret s’appliquer, comme Jacques Chirac en son temps, à rejoindre le général de Gaulle et François Mitterrand à l’étage supérieur des présidents nourris de littérature, d’histoire et de géographie. Notez que Chirac avait astucieusement choisi les arts primitifs, qu’il devait rebaptiser arts premiers, parce que l’on pouvait en dire n’importe quoi ; c’était une science neuve qu’il n’y avait qu’à inventer. Son successeur en choisissant les lettres est obligé de reprendre tout le programme du Moyen Âge à nos jours, d’aller en une heure de Christine de Pisan à Michel Houellebecq, puisqu’on l’apprend dans les écoles. Je comprends Hollande qui s’est affranchi du roman et ne cite que des philosophes du XVIIIe siècle. Avec ces grands bavards, on peut affronter n’importe quelle campagne électorale.
Le général de Gaulle adorait Henry Bordeaux, Georges Pompidou l’Aurélien d’Aragon, Valéry Giscard d’Estaing les odeurs mouillées de Maupassant. Et Roger Nimier, dont ce sera bientôt le cinquantenaire de la mort, en a fait le Robert de Cheverny des Enfants tristes.
Rémunérations : Sarkozy et son équipe répliquent à Hollande en pointant Elisabeth Badinter
Nicolas Sarkozy a raillé mercredi les déclarations de François Hollande condamnant le bonus de 16 millions d'euros versé au patron de Publicis Maurice Lévy en rappelant que ce sont les actionnaires "qui ont le cœur à gauche" qui l'avaient voté, visant par là Elisabeth Badinter, actionnaire du groupe publicitaire.
"Il y a des rémunérations exorbitantes, des rémunérations
choquantes, dans la finance ou ailleurs. Je les combats mais qu'on ne
vienne pas me donner
des leçons parce que, dans des exemples récents (...) qui a voté des
rémunérations faramineuses ? Ce sont les actionnaires, ceux-là mêmes qui
ont le cœur à gauche", a lancé M. Sarkozy lors d'une réunion publique à Elancourt.
Ce sont ceux "qui soutiennent dans l'avion le soir M. François
Hollande et qui, dans la journée, votent pour le président d'une grande
entreprise des rémunérations exorbitantes", a-t-il poursuivi en faisant allusion, sans la citer, à Elisabeth Badinter, l'épouse de l'ex-ministre socialiste de la justice Robert Badinter, une des principales actionnaires de Publicis.
"Pas de leçon de morale, de l'honnêteté, de la droiture, de la
sincérité et de la vérité, voilà la campagne électorale que je souhaite", a poursuivi le candidat de l'UMP sous les applaudissements de ses partisans.
"Le matin m'insulter dans une radio, c'est facile quand je ne suis pas là, me rendre
coupable ou responsable de rémunérations faramineuses alors que c'est
ses propres amis qui sont actionnaires de la société qui viennent
décider de rémunérations scandaleuses qui choquent les Français", a-t-il insisté aux propos tenus mercredi sur Europe 1 par M. Hollande.
"Je ne suis pas juge pour condamner les uns et les autres, mais à ceux qui condamnent, par exemple, au Parti socialiste, je voudrais demander pourquoi dans ce cas-là, ils n'ont pas condamné les derniers mouvements de capitaux, et finalement la situation financière d'Elisabeth Badinter", a affirmé Mme Kosciusko-Morizet.
"Héritière de son père", le fondateur de Publicis Marcel Bleustein-Blanchet, Mme Badinter "est propriétaire de 10 %" de Publicis, "je crois qu'elle a touché 85 millions d'euros de dividendes, elle a une fortune qui a été évaluée en 2010 à 652 millions d'euros - ce sont des chiffres publics - en augmentation de 27 millions d'euros par rapport à 2009. 27 millions d'euros en un an : pourquoi est-ce que ceux qui s'empressent de condamner l'un ne condamnent pas l'autre. Moi, je ne condamne ni les uns ni les autres", a affirmé la porte-parole de M. Sarkozy.
La révélation par les médias que M. Lévy allait percevoir 16 millions d'euros de rémunération différée (bonus) en plus de sa rémunération régulière a provoqué un tollé parmi les candidats à la présidentielle, notamment de la part du socialiste François Hollande et du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan.