TOUT EST DIT

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jeudi 29 septembre 2011

Et si, à droite, Juppé était "la" solution ?

A l'heure de la crise et des défaites, la droite s'intéresse de plus en plus au revenant Alain Juppé, invité ce soir de France 2. 
Jeudi soir à 20h 35, Alain Juppé est l'invité, en direct sur France 2, de l'émission Des paroles et des actes. Alors que les socialistes, avec leurs primaires, monopolisent les antennes, c'est une façon pour le service public de donner la parole à un représentant -et pas n'importe lequel!- de la majorité. Mais ce qui est d'abord intéressant dans cette invitation spectaculaire, c'est que le ministre des Affaires étrangères et maire de Bordeaux -celui dont Jacques Chirac disait il y a quelques années: « C'est le meilleur d'entre nous »- est aujourd'hui (qui l'aurait imaginé il y a deux ou cinq ans ?) l'homme fort du gouvernement... sarkozyste.
Un comble : l'austère Juppé est même devenu, à droite, le ministre à la mode. Au point que certains rêveraient, à l'heure des « affaires » en cascade et des défaites qui s'accumulent, de le voir porter en 2012 les couleurs de la droite. Encore faudrait-il que Nicolas Sarkozy -et on n'en est pas là- choisisse de jeter l'éponge. On se souvient cependant que le loyal Juppé -qui mènera campagne pour le président sortant s'il est candidat à un second mandat- avait, il y a quelques mois, publiquement pris date: « Si Nicolas Sarkozy n'était pas, par hypothèse, candidat, je serai candidat à la candidature... ».
Pourquoi l'hyper-diplomé Juppé -hier cabossé et marginalisé, toujours désespérément sérieux, voire cassant- est-il aujourd'hui à la mode, au point d'être pour beaucoup de députés UMP qui le brocardaient autrefois un repère rassurant ?
Il est l'anti bling-bling, et la dureté de la crise redonne de l'éclat à son profil très classique, très Vème République.
Il a le cuir tanné, et a montré jusque dans le tribunaux ses capacités d'encaisseur.
Il aime l'Etat, et c'est un homme d'ordre.
Il a des bonnes relations avec le centriste François Bayrou, mais incarne sans états d'âme et sans tentations frontistes la droite républicaine.
Il n'a jamais eu de tentations communautaristes, et défend ardemment la laïcité « à la française ».
Au quai d'Orsay, il se veut toujours, malgré la crise, l'homme de « l'exception française ». Sans alignement sur les Américains. 

Les relations de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé sont devenues, c'est un fait, excellentes. Si, à droite, tant de regards se tournent vers le maire de Bordeaux, c'est que ce super-chiraquien rassure. Et ce n'est pas de trop quand, au sein de l'UMP, le doute est partout.
Juppé joue donc jeudi soir -peut-être pour lui, sûrement pour son camp- une partie importante. Double objectif: d'abord redonner le moral à des troupes désoirentées et souvent abattues; ensuite ouvrir, s'il le peut, des pistes en débloquant... le frein à main. Car tandis que la gauche fonce, la droite, aujourd'hui, est carrément à l'arrêt. 

Crépuscule à la française

Le perroquet est l'espèce la plus répandue dans le monde politico-médiatique. Il répète, il répète, c'est à peu près tout ce qu'il sait faire.

Pour l'heure, il est convaincu que l'élection présidentielle est déjà jouée. Soit, s'il est sarkozyste, que le super-président renaîtra de ses cendres à l'occasion d'une super-crise salvatrice pour lui. Soit, s'il est antisarkozyste, que François Hollande, le candidat socialiste le mieux placé pour battre le candidat sortant, a déjà gagné avant même de faire campagne.

Or il n'est pas besoin d'être grand clerc pour penser que la campagne présidentielle ne se déroulera pas comme prévu. Pour une raison bien simple : la France est en train de s'enfoncer dans trois grandes crises concomitantes. Politique, morale et financière. Il règne aujourd'hui dans ce pays un climat délétère et crépusculaire qui ne peut que réserver, demain, de mauvaises surprises.

Tandis que certains politiciens misérables se retrouvent les doigts pleins de la confiture qu'ils ont transportée impunément, pendant des années, dans leurs mallettes, voilà que la perte pour la France du triple A des agences de notation nous pend au nez, après trente ans de laxisme budgétaire frénétique. Si ce pays était une entreprise, tous ses dirigeants, de droite ou de gauche, auraient dû faire depuis longtemps un tour au tribunal de commerce avant d'être mis en redressement judiciaire ou de se faire dégommer par leurs actionnaires.

Puissent les Français ne pas écouter, lors de la campagne à venir, les imbéciles ou les charlatans qui, avec leurs solutions débiles, leur promettront d'augmenter le pouvoir d'achat ou les dépenses publiques...

Gulliver empêtré

L'envahissement de la crise s'éternise. Nous avons, en 2008, frôlé le gouffre, nous continuons de le longer. Revient en mémoire que la crise dite de 1929 n'imposa ses malheurs qu'au fil des années 30. Pour en sortir, l'expertise tant économique que politique n'a rien de rassurant : sa cacophonie transpire le désarroi.

Les économistes, unis pour n'avoir rien vu venir, se divisent pour dire où aller. Un festival ! Faut-il ou non "sortir" une Grèce insolvable ? Veut-on un euro requinqué ou d'ores et déjà condamné ? Et, chez nous, faut-il le tour de vis pour réduire la dette ou la relance pour réveiller la croissance ? Un peu ou pas d'inflation ? Avec ou sans impôts nouveaux ? Avec ou sans charger la TVA ? Et j'en passe... Comme je suis à la fois moins savant mais moins surpris par ce qui nous accable, je m'en tiens aux convictions inchangées où je jouais les Cassandre,"à l'insu de mon plein gré"...

Mon antique conviction, c'est que le mal originel français tient à la dette, et à son addiction, depuis trente ans, par tous nos pouvoirs de gauche ou de droite. A sa sacralisation par les "avantages acquis" de Mitterrand, bâtardise du Programme commun de la gauche. Et, à droite, à sa perpétuation dans le slogan électoraliste de la "fracture sociale" cher à Chirac.

On vous dira que ce fut un mal de pays riches et, à des degrés divers, général en Occident. Qu'il a installé en Europe, et à l'abri abusif des recettes du docteur Keynes, un emballement général, tant privé que public, des déficits. Et, dans des Etats-providence d'une providence ruineuse, l'euphorie d'un accroissement insensé des dépenses publiques. Oui, et alors ? Un mal partagé reste un mal...

De surcroît, on vous dit moins que l'obésité de l'Etat français est, elle, monstrueuse. Qu'en Europe des pays ont résisté au mal et d'autres non. Que l'Allemagne, avec la réforme magistrale du socialiste Schröder, a remis sa machinerie en marche et que, si son endettement s'est emballé dans la crise, il était et redevient enviable. La Suède a réduit en dix ans, drastiquement, ses dépenses publiques sans pénaliser sa croissance. Laquelle repart en Allemagne, où le chômage baisse quand le nôtre s'enkyste.

Même si l'on simplifie à l'excès, on voit qu'en Europe le Nord se soignait quand le Sud s'enfonçait. La Grèce, dans ses vices, n'est qu'un extrême cas clinique. Mais au tréfonds de maints pays du Sud, France incluse, il y avait une Grèce qui sommeille.

Pour la France des 35 heures, de RTT qui octroient à des millions de Français deux ou trois semaines annuelles de vacances de plus que chez nos pairs, où l'âge légal de la retraite fut à grand-peine porté à seulement 62 ans, bref dans un pays où l'on travaille moins qu'ailleurs et où la pression fiscale sur le travail est accablante, il n'y aura pas de répit à la méfiance des marchés prêteurs sans une sorte de révolution culturelle et sociale. C'est peu dire qu'elle ne sera guère prêchée dans le nouveau Sénat...

Fillon, bouche d'or, avait trouvé un "pays en faillite" et il suggère pour les retraites un nouveau tour de vis. Il a raison ! Mais accrochons nos ceintures ! Quand l'Etat prodigue déversait sa manne sur une France sociale, je lui voyais déjà les dents rentrantes du brochet qui engoule mais ne dégorge pas. Comment désormais l'y contraindre sans lui arracher la tête ?

Voici ma seconde conviction : la vulnérabilité identifiée de la Terre, la pression démographique, la solidarisation planétaire du commerce et des médias, du porte-conteneurs et d'Internet, ont changé la face du monde, mais nous continuons de sous-estimer la mondialisation. Et avec elle l'émergence inexorable des peuples pauvres délivrés de la domination tricentenaire de l'Occident.

Cette lame de fond jette l'Europe au pied du mur. Soit elle affirme sa solidarité pour sauver ses cigales du Sud et parvient à mutualiser la dette grecque. Soit elle enterre un demi-siècle d'idéal communautaire. Les optimistes croient qu'au bord du gouffre l'Europe abandonnera son statu quo intenable. Les pessimistes, voyant que la construction élitaire de l'Europe n'a jamais enflammé les peuples, croient que les fourmis, à commencer par l'Allemagne, ne voudront plus payer pour les cigales. Et que sonnent "le déclin et la chute" du Vieux Continent (1).

Voici bel et bien la grande affaire du siècle : le meilleur ou le pire à notre porte. L'Europe est un géant économique du monde. Mais elle gît encore sur le flanc, comme Gulliver à Lilliput, empêtrée par des nains politiques. Dans cette fable, Swift moquait leurs divisions débiles. Qu'est-ce donc qui alors l'inspirait ? Je vous le donne en mille : un krach. Celui de 1720...
Claude Imbert

1.Time Magazine : "The Decline and Fall of Europe", 22 août 2011.

Derrière les "fadettes", deux leçons pour la démocratie

Derrière l'affaire Bettencourt, l'affaire Courroye/Prévost-Desprez ou l'affaire des "fadettes", il y a deux leçons pour notre démocratie. Il faut une véritable indépendance de la justice avec une responsablilité maximum et une véritable indépendance de la presse avec des libertés garanties. Le prochain président devra faire des progrès. L'édito vidéo de Christophe Barbier.

Grèce: Papandréou veut voir Sarkozy

Le Premier ministre grec Georges Papandréou voudrait rencontrer le président français Nicolas Sarkozy à Paris vendredi pour évoquer le plan de sortie de crise, a-t-on appris jeudi de source proche du dossier à Athènes.

La France est l'un des principaux bailleurs de fonds de la Grèce, avec l'Allemagne, où se trouvait mardi M. Papandréou, qui a rencontré la chancelière Angela Merkel. La chancelière a indiqué qu'elle attendait les conclusions de l'audit mené par la troïka des créanciers du pays, les représentants de l'UE, de la BCE et du FMI, qui arrivent jeudi à Athènes, pour savoir s'il faudrait ou non renégocier les modalités du deuxième plan d'aide internationale décidé le 21 juillet à Bruxelles par la zone euro.

Le déficit budgétaire d'Athènes inquiète

"Devons nous renégocier, ou ne pas renégocier? Nous préférerions bien sûr que les chiffres restent inchangés, mais je ne peux pas anticiper (les conclusions de) la troïka", a déclaré mercredi la chancelière allemande dans une interview à la télévision publique grecque NET.

"Nous avons évidemment été déçus de voir qu'apparemment les chiffres (du déficit budgétaire grec, NDLR) en septembre n'étaient pas comme ils auraient dû être. Du coup nous devons attendre de voir à quelles conclusions arrive la troïka, la mission d'experts, ce qu'elle nous dit", a ajouté Mme Merkel.

Guerre des juges et justice déboussolée

Dans sa quête effrénée des informateurs de journalistes enquêtant sur l'affaire Bettencourt, le procureur de Nanterre a-t-il franchi la ligne jaune ? Telle est la conviction d'une juge qui lui reproche d'avoir violé le secret des sources en examinant leurs relevés téléphoniques, et ainsi d'avoir eu recours à un procédé irrégulier. Ce n'est pas la réalité des faits qui est en cause mais leur légalité, et ce qu'ils révéleraient des méthodes controversées de Philippe Courroye, passé d'une réputation d'intransigeance à celle d'un ami du pouvoir. Le chef du deuxième parquet de France, en plein cœur de la Sarkozie, convoqué en vue d'une mise en examen, voilà qui est inédit. Comment pourrait-il en effet continuer à exercer le ministère public ? Voilà qui en dit long sur cette justice troublée, contrainte, pour assurer la sérénité de l'instruction et mettre fin au déchirement des juges, de dépayser le dossier à Bordeaux. Une justice amenée à dessaisir la juge Prevost-Desprez d'une enquête sensible que son ennemi Courroye, dit-elle, aurait cherché à entraver pour protéger l'Élysée. Cette même juge qui prend des libertés avec la déontologie en livrant un témoignage accusateur à un journaliste alors qu'elle a obligation de saisir… la justice. Quel micmac ! Quel tohu-bohu ! Et quelle image calamiteuse d'institutions - justice et police - qui donnent l'impression d'être plus préoccupées de déloger des « gorges profondes » et de couvrir un clan que d'établir la vérité. L'espionnage de la presse relèverait-il de l'intérêt supérieur de l'État ? Qu'elles soient mitterrandiennes ou « guéantistes », ces écoutes espiègles ne grandissent pas la démocratie.

La limite de l’exercice

Ils ne se sont pas entre-tués! Les «observateurs» en seront presque déçus tant ces primaires ont nourri l’attente, un peu morbide, de voir les prétendants se déchirer en direct. N’était-ce pas le piège le plus dangereux de ce numéro démocratique qui, défiant la nature gauloise de nos débats publics, risquait de dériver vers les jeux du cirque socialiste? Mais non, décidément, ils ne sont pas tombés dedans et sans doute n’y tomberont-ils pas davantage lors du troisième débat.

On a bien senti, à l’odeur de poudre diffusée par quelques escarmouches, la tentation d’en découdre entre camarades. Mais, pour la deuxième fois, les rivaux se sont bien tenus. Le goût de la victoire, et les promesses de succès en 2012, auraient pu désinhiber l’agressivité (ça s’est déjà vu...) Ils l’ont, au contraire, canalisée. Ségolène titillant son ex, Arnaud moquant Manuel, Martine reprenant François et vice-versa, les exaspérations ont été contenues jusqu’au bout même si les quelques sous-entendus laissaient planer de temps à autre des désaccords assez nets. Cette paix armée est en soi un bilan... Un petit exploit qu’on s’est bien gardé d’entailler à coup d’amour-propre. Pas question d’ouvrir des plaies sur le plateau clinique de LCI!

L’inconvénient de tant de retenue, c’est la logique du plus petit dénominateur commun. Tant d’énergie pour produire avec soulagement le constat qu’ils et elles étaient «tous d’accord» pour «moins taxer le travail», pour faire de «la jeunesse une priorité absolue, pour traiter l’immigration clandestine «au cas par cas, avec humanité», etc: est-il besoin de préciser que ce 18-20 heures ne fut pas ébouriffant, ni bouleversifiant?

Les uns et les autres ont déroulé leurs propositions comme des tapis sans qu’on discerne dans cet étalage la trame d’une gouvernance de gauche dans une réalité du capitalisme qui ne l’est pas. A un moment, on a bien cru qu’on était revenu aux temps glorieux d’un dirigisme d’État pouvant manier l’interdiction et l’interventionnisme comme avant jusqu’à ce que «la bande des six» prenne conscience, sous l’œil des caméras, des dégâts sur sa crédibilité que pouvaient laisser de tels argumentaires.

Dès lors l’aimable conversation a flâné des vertus comparées des emplois aidés à la célébration des PME sans parvenir à dégager vraiment un socle de gouvernance commun à toutes les sensibilités de la gauche. Dans ce patchwork un peu laborieux, Ségolène Royal a apporté de la couleur vive (un peu trop parfois), Arnaud Montebourg un fil théâtral pour une fois mesuré, Manuel Valls quelques mailles bien identifiables, Martine Aubry des contrastes de tons. Quant à François Hollande, synthétiseur accompli, il s’est contenté du terne du favori qui veut rester discret. Un peu trop professeur. Un brin phraseur. Pour tout dire, un peu creux. La peur de gagner, déjà?

Débat primaires PS : L'UMP ironise

Le débat des primaires socialistes a beaucoup fait parler les supporters de chaque candidat mais à droite aussi. Des ministres et des membres de l'UMP ont réagi ce jeudi matin.

Le débat socialiste s'attire les foudres de la droite. Certains membres de l'UMP n'ont pas tardé à critiquer la prestation des candidats aux primaires. Des députés de la majorité qui suivaient la retransmission télévisuelle ont estimé que les idées étaient « vieillotes » et « n'apportaient pas grand chose aux Français ». Mais les réactions les plus vives sont venus de ténors du parti.
Dans un communiqué, Benoist Apparu, secrétaire d'Etat au Logement s'est exprimé disant « c'est Masterchef mais avec des vieilles recettes et des produits périmés. Comme l'a justement souligné Manuel Valls, les formules magiques ne vont pas résoudre les problèmes des Français. Les socialistes veulent relancer la croissance, créer des emplois, réduire les inégalités, soutenir les entreprises, aider la jeunesse. Quel responsable politique ne partage pas ces objectifs ? Mais que proposent-ils ? Aucune réponse concrète n'est apportée. Les incantations et les slogans démontrent l'absence totale de solutions du parti socialiste ».

Christian Jacob, président des députés UMP a lui aussi réagi dans un communiqué expliquant « le second débat socialiste a oscillé entre populisme, incohérence et mensonges. La vérité est que les propositions socialistes accroitront les déficits publics et pèseront lourdement sur nos entreprises et les ménages français (...). La vérité est que les propositions socialistes sont de vieilles recettes du passé qui n'ont aucun sens dans un pays ouvert, exportateur et engagé dans la compétition européenne et mondiale. La vérité c'est que les socialistes veulent nous faire croire qu'ils s'occuperont de la sécurité des Français alors que les années Jospin ont connu une explosion sans précédent de la délinquance. La vérité enfin c'est que les socialistes nous ont annoncé le démantèlement de notre politique familiale ».

Le réveil des enseignants

Luc Chatel, le ministre, s'était félicité en septembre d'une rentrée scolaire techniquement réussie. La réplique des syndicats d'enseignants n'a pas tardé. Ils peuvent se targuer d'une grève réussie hier. Au-delà de l'habituelle querelle sur le taux de participation, ce qui frappe c'est l'union syndicale au sommet entre l'enseignement public et l'enseignement privé. Notamment dans les trois académies de l'Ouest.

Au ministère, tout comme à l'Élysée, on a trouvé qu'après tout ces manifestations étaient « légitimes », « normales dans une démocratie » selon Nicolas Sarkozy. Vue de la rue de Grenelle, la grève de rentrée est un phénomène saisonnier, une sorte de prologue obligé avant de s'engager plus avant dans l'année scolaire. Pourtant, cette fois, un changement de climat est perceptible.

Trois constats. Dans l'enseignement catholique sous contrat, la grève n'est pas inscrite dans les traditions. Loin de là. Elle a pourtant été suivie. Les suppressions de postes ne l'épargnent plus. La rentrée de leurs deux millions d'élèves a parfois été acrobatique. Et alors que 30 000 inscriptions ont été repoussées, il a fallu se résoudre à fermer des classes au lieu d'en ouvrir.

Dans l'enseignement public, les syndicats, jadis puissants, retrouvent une certaine vigueur. Que n'a-t-on glosé sur la déprime des maîtres, le creusement des inégalités scolaires et le déclassement social des professeurs. Ils seraient les derniers de la classe européenne en matière de rémunérations. Aujourd'hui, ils redressent la tête et semblent prêts à des réformes profondes au sein des établissements.

C'est le troisième phénomène constaté. Le plus nouveau. Certes, hier les enseignants se sont mobilisés contre les pertes de postes - 65 000 depuis 2007, 14 000 encore à venir. C'est une cure d'amaigrissement décrétée selon eux à l'aveugle, au nom d'un diktat budgétaire, un départ à la retraite sur deux non remplacé. Ils déplorent le « saccage » de la formation des maîtres, qui a heurté y compris certains ministres. Mais ce n'est plus le discours syndical unique du « toujours plus » de moyens.

Le coeur du métier, ce qui se passe dans la classe, redevient essentiel. La rénovation pédagogique retrouve voix au chapitre. Les enseignants ont pris conscience qu'en s'arc-boutant sur une organisation des établissements scolaires héritée du lycée napoléonien, leur cause était perdue. Des idées refleurissent. Sur la réorganisation du temps scolaire. La réduction du nombre d'heures de cours. Le travail en équipe. Le soutien aux élèves en graves difficultés. Et le sujet interdit, celui du statut même des enseignants, vieux de soixante ans, n'est plus intouchable.

La question de l'école s'installe petit à petit au coeur du débat politique. L'opinion a parfaitement saisi que pour espérer sortir des affres de la crise économique qui mine l'Europe, l'école, de la maternelle à l'université, est un enjeu majeur. Un investissement sur l'avenir. Mais le débat ne peut se réduire à une empoignade budgétaire, à quelques slogans séducteurs d'électeurs. Il serait paradoxal, par exemple, que l'opposition, qui dénonce des suppressions de postes à l'aveugle, réplique par des recréations à l'emporte-pièce. L'école de la République mérite mieux.

La Droite populaire rejoint en partie le programme du FN

Marine Le Pen la nomme "l'agence de publicité mensongère", une "entreprise d'enfumage électoraliste". La Droite populaire, collectif de députés les plus à droite de l'UMP, vient de remettre 12 propositions pour le projet présidentiel de 2012. Ce groupe d'élus, qui va s'ouvrir "dans le mois qui vient, à tous ceux qui veulent adhérer à [leur] charte", se présente comme un regroupement de gardiens du sarkozysme, dont le socle électoral de 2007 s'était notamment nourri d'électeurs du FN.
Aujourd'hui, Marine Le Pen a regagné du terrain sur cet électorat. Une dynamique que la Droite populaire, fondée par le ministre chargé des transports, Thierry Mariani, aimerait enrayer, afin que Nicolas Sarkozy ne se fasse pas doubler sur sa droite.
Parmi les 12 propositions avancées mardi 27 septembre par la Droite populaire, certaines reprennent des thèmes mis en avant par Marine Le Pen, mais ce ne sont pas non plus des "copiés-collés" du programme du FN. Revue de détails.
UNION EUROPÉENNE ET RÔLE DE L'ÉTAT
Au chapitre des différences, l'Europe et le rôle de l'Etat figurent en bonne place. Chez Marine Le Pen, l'idée est claire : il faut sortir de l'Union européenne pour bâtir un "Etat stratège" et interventionniste.
Pour la Droite populaire, il faut "corriger (…) le trop plein de l'Etat providence et ses effets néfastes". Et il n'est pas question de sortir de l'UE. Il faut en outre "redonner confiance en l'Europe en fixant trois priorités : la gouvernance économique et la libre circulation des hommes et des biens tout en maintenant un contrôle extérieur rigoureux aux frontières".
La Droite populaire reprend notamment la taxe Tobin,  qui vise à taxer les flux financiers, mais le Front national apparaît d'une manière générale comme plus interventionniste économiquement. La Droite populaire défend notamment l'idée d'un CDI plus flexible et la disparition des CDD.
PATRIOTISME ÉCONOMIQUE
Sur le soutien aux PME et TPE ou la lutte contre la grande distribution, les propositions de la Droite populaire et du FN se font écho.
Comme le FN, la Droite populaire envisage des "barrières douanières modulables pour les importations en provenance des pays qui ne respectent pas les normes sociales et environnementales" dans le cadre de ce qui est nommé une "TVA protection de l'emploi".
Une proposition qui n'est pas sans rappeler le protectionnisme "raisonné" du FN, qui préconise des "écluses douanières" non pas aux portes de l'Europe mais aux frontières françaises. Des droits de douanes qui ne frapperaient pas "de manière uniforme tous les produits importés, mais seraient ciblés selon des critères intelligents et utiles", comme les normes sociales, environnementales et sanitaires.
De la même manière, Droite populaire et Front national défendent un "patriotisme économique".
PARTICIPATION SALARIALE
Autre point de rapprochement, la participation salariale. Pour la Droite populaire, il faut la favoriser en "incluant une part de cogestion (présence systématique dans les Conseils d'administration)".
Le FN va un peu plus loin en lançant l'idée d'un "capitalisme populaire". Dans les entreprises de plus de 50 salariés, serait instaurée une "réserve légale de titres" : les salariés "dans leur globalité",  pourraient ainsi devenir collectivement "propriétaires" de 10 % de l'entreprise. Cependant, ils n'auraient pas le droit de vote.
SÉCURITÉ ET IMMIGRATION
Évidemment, ce sont sur les thèmes de la sécurité, de la lutte contre l'immigration, de la lutte contre la fraude sociale, de la "laïcité", ou encore sur "le refus du communautarisme" que les points communs sont les plus nombreux.
Il en va ainsi de la limitation "au strict minimum vital" de l'Aide médicale d'Etat (AME) pour les sans-papiers, de l'opposition au droit de vote pour les étrangers, ou des conditions renforcées d'acquisition de la nationalité française.
Ainsi, Marine Le Pen veut supprimer "l'acquisition automatique de la nationalité. Il faudra faire preuve d’un talent, d’une ambition, d’une envie particulière pour devenir français". La Droite populaire aussi, en mettant en place "un droit de la volonté" pour "l'acquisition de la nationalité française à 18 ans".
FN et Droite populaire mettent également en avant une politique de codéveloppement pour inciter les populations candidates à l'immigration à rester dans leur pays d'origine. Côté UMP, on parle d'un "plan Marshall du codéveloppement en jumelant chaque nation européenne à tous les pays de bonne gouvernance".
Côté FN, on veut "prendre l'initiative d'organiser régulièrement une conférence euro-africaine réunissant les pays concernés afin de déterminer les besoins et de mettre en œuvre les moyens destinés à fixer les populations (...) dans leurs pays d'origine", comme le décrit le site du parti d'extrême droite.
Sur plusieurs sujets, le FN va plus loin que la Droite populaire. Ainsi, la Droite populaire veut "restreindre" le regroupement familial "en supprimant son automaticité". Le FN veut, lui, le "supprimer".
Le parti d'extrême droite parle de "rétablir l’expulsion des délinquants multirécidivistes étrangers" quand la Droite populaire veut "rendre possible le non renouvellement du titre de séjour à tout étranger condamné à une peine d'au moins un an de prison".
Ou encore, quand l'aile droite de l'UMP parle "d'instaurer des sanctions renforcées pour les trafiquants", Marine Le Pen, elle, s'est prononcée à plusieurs reprises pour le rétablissement de la peine capitale pour "les gros trafiquants".
LES AIDES SOCIALES
A première vue, le Front national peut paraitre plus "social" que la Droite populaire concernant les aides. Sur le RSA notamment, Marine Le Pen déclare que "le RSA est un minimum auquel ont légitimement droit de nombreux Français particulièrement démunis, et il apparaît totalement stupide de vouloir réduire les revenus de ceux qui ne font aujourd’hui que survivre".
De leur côté, les députés de la Droite populaire veulent "limiter la perception du RSA dans le temps et instaurer une compensation au versement", c'est-à-dire un temps de travail obligatoire. Si la position du FN semble plus "généreuse", il ne faut pas oublier que, concernant les aides sociales ou le logement social, tout passe, au Front national, par le tamis de la "préférence nationale" – véritable pierre angulaire du programme – qui entend réserver les aides aux seuls Français, ce qui n'est pas le cas de l'aile droite de l'UMP.
LUTTE CONTRE LA FRAUDE SOCIALE ET DÉMOCRATIE DIRECTE
La fraude sociale est aussi un des thèmes majeurs que FN et Droite populaire se partagent. Ils tombent d'accord sur la création d'une carte vitale sécurisée ainsi que sur la volonté de renforcer les fichiers existants. Pour le FN, en autorisant le croisement de fichiers, pour la Droite populaire, en créant un registre national centralisé et coordonné.
Au chapitre des institutions, Droite populaire et Front national tombent d'accord sur l'instauration d'un référendum d'initiative populaire, sur le modèle suisse.
Abel Mestre

Eureca, le "plan secret" pour venir en aide à la Grèce

Le casse-tête grec n'en finit pas de faire réfléchir les économistes. Cette fois, c'est le cabinet allemand Roland Berger Consultants qui propose un nouveau plan pour voler au secours de la Grèce et de la zone euro. Baptisé "Eureca", ce projet vise à alléger la dette grecque sans nuire aux créanciers, et à relancer l'économie du pays pour stabiliser l'euro. Un programme ambitieux, dont le mécanisme est calqué sur la Treuhand, le système mis en place en Allemagne au moment de la réunification, en 1990, pour restructurer et privatiser près de huit mille cinq cents entreprises de l'ex-RDA.

D'après le quotidien La Tribune, qui en publie les grandes lignes, l'élément central de ce ce "plan secret" est en effet la création d'une société holding reprenant les actifs de l'Etat grec (ports, aéroports, banques, autoroutes, téléphonie, immobilier...). Au total, la valeur de ces actifs est estimée à 125 milliards d'euros par l'influent cabinet allemand. Ce holding serait ensuite vendu à une institution européenne "financée par les Etats, dont le siège pourrait être situé au Luxembourg, proche de celui du Fonds européen de stabilisation financière".
Grâce à ces fonds dégagés, la Grèce pourrait alors rembourser une partie de sa dette auprès des pays de la zone euro. Selon les évaluations des experts, cette opération aurait pour effet immédiat de ramener à 88 % son ratio dette/PIB, au lieu de 145 % aujourd'hui. De plus, "l'exposition de la BCE à la dette grecque serait réduite à zéro, ce qui ne peut qu'exercer un effet apaisant sur les contribuables européens".
ÉVITER DE "BRADER" LES ACTIFS GRECS
Le holding européen, de son côté, pourrait restructurer ces actifs grecs avant de les privatiser. Ils seraient privatisés et non plus bradés, ce qui serait le cas s'ils devaient être vendus maintenant, dans l'urgence. C'est ce qui fait toute la force de ce projet, pour l'économiste Jean-Paul Fitoussi, directeur de recherche à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) : "On a poussé la Grèce à effectuer un vaste plan de privatisations, et ce que l'on sait, c'est que vendre des actifs à l'heure actuelle serait une catastrophe tant les marchés financiers ne savent pas à quel saint se vouer, et ne savent pas apprécier ces actifs", analyse-t-il. Vendre ces actifs aujourd'hui reviendrait donc à "les brader". Dans cette perspective "si un système est inventé qui permet de différer leur vente, c'est une excellente chose".
Pour maximiser la valeur des actifs privatisés de l'Etat grec, l'institution fiduciaire européenne devrait investir environ 20 milliards d'euros supplémentaires pour les restructurer. Une partie des recettes réalisée grâce à ces privatisations serait alors réinjectée dans l'économie grecque pour relancer la croissance et créer des emplois. Un vaste stimulus qui représenterait 8 % du PIB du pays, et qui permettrait "d'améliorer les recettes fiscales, de créer deux cent cinquante mille emplois, et de relancer la Grèce dans une spirale où elle peut aller vers une réduction de sa dette", selon Charles-Edouard Bouée, membre du comité exécutif du cabinet de stratégie Roland Berger, interrogé par France Info.
"LA DETTE REDESCENDRA SOUS LES 70 % DU PIB"
Les experts allemands tablent ainsi sur une reprise de la croissance grecque "d'environ 5 % par an au cours des trois ou quatre prochaines années, au lieu des 5 % de récession qu'elle affronte aujourd'hui." Une reprise de la croissance "qui permettrait également de faire en sorte d'augmenter les recettes fiscales de l'Etat", selon Bruno Colmant, associé chez Roland Berger, cité par le webmagazine économique belge Express.be.

Le holding serait chargé de piloter la privatisation de ces actifs, avec une échéance fixée à 2025 pour "déboucler" (clore) les opérations. Un horizon beaucoup plus long que la durée de vie de la Treuhand, créée en 1990 et fermée en 1994, "même si un certain nombre d'opérations se sont finalisées au cours des années 2000", note La Tribune. Les économistes de Roland Berger Consultants ont calculé que, même si aucune privatisation n'était réalisée – hypothèse peu probable, souligne le quotidien économique – "la dette de la Grèce redescendra mécaniquement sous les 70 % du PIB, ce qui est une amélioration notable par rapport à la situation d'aujourd'hui".
RÉTICENCE DES BANQUES ET DES MARCHÉS
Ce nouveau plan pourrait apporter une bouffée d'oxygène à une économie grecque asphyxiée par la pression des marchés. "C'est une solution qui pourrait être extrêmement attractive pour les Grecs, car il s'agit d'une relance économique, et en même temps cela permettrait d'arrêter la spéculation", analyse Charles-Edouard Bouée. Les spéculateurs devraient en effet encaisser leurs pertes, ce qui devrait freiner la spéculation sur d'autres dettes et limiter la casse dans la zone euro.
Toutefois, ce plan ne fait pas l'unanimité. Le gouvernement allemand et certains responsables de la troïka (l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) se sont prononcés en faveur d'une telle mesure. Mais le projet risque de se heurter à l'opposition des banques et des marchés financiers, "les premières parce qu'elles ont probablement leur idée sur la privatisation des actifs grecs, les seconds parce que la situation d'incertitude actuelle permet des jeux multiples et rémunérateurs", analyse La Tribune. D'autant que de nombreux acteurs financiers doutent déjà des estimations de base retenues par le cabinet pour développer leur plan. Notamment celles concernant le montant de la dette grecque, qui aurait aujourd'hui dépassé les 145 % évoqués dans le rapport.