TOUT EST DIT

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lundi 14 février 2011

Eric Besson : "Pas de tolérance pour l'immigration clandestine" de Tunisie

Le ministre de l'industrie, Eric Besson, a affirmé, lundi 14 février, qu'il n'y aurait pas de "tolérance pour l'immigration clandestine" au sujet des flux de Tunisiens vers l'Italie, estimant que les soutiens de Zine El Abidine Ben Ali pouvaient prétendre à l'asile politique.

Alors que 5 000 immigrants clandestins sont arrivés sur les côtes de Lampedusa en cinq jours, l'ancien ministre de l'immigration a mis en garde les Tunisiens contre la traversée de la Méditerranée, "un cimetière à ciel ouvert". "Ne faites pas cela. Ne le faites pas parce que vous mettez votre vie en danger et ne le faites pas parce que l'entrée en Europe, contrairement à ce que vous pensez, n'est pas automatique", a-t-il conseillé.

Vague d'immigration tunisienne en Italie
envoyé par euronews-fr. - L'info video en direct.
"Ceux qui sont arrivés en Italie vont voir leur situation individuelle regardée au cas par cas ; ceux qui ont droit à l'asile, ceux qui s'estiment menacés et qui vont en apporter la preuve, vont pouvoir rester sur le sol européen, mais tous les autres vont être reconduits dans leur pays. Donc prise de risques insensés pour un résultat extrêmement limité pour eux", a-t-il précisé, dans un entretien sur Canal + au sujet des soutiens du président déchu.
Pour arrêter les flux en provenance de Tunisie voire d'Egyte, Eric Besson suggère de "tout faire pour que cette transition démocratique réussisse" et "accompagner autant que faire se peut – ça peut être la responsabilité de l'Union européenne – sur le chemin de la prospérité économique".

Auschwitz-Birkenau : la restauration programmée

Comment sauvegarder Auschwitz-Birkenau, en Pologne, le plus vaste camp de concentration et d'extermination des juifs d'Europe né de la folie nazie ? Ces 200 hectares, classés en 1979 au Patrimoine mondial de l'Unesco, reçoivent 1,4 million de visiteurs par an. Comment repenser l'accueil, la muséographie, au risque d'aseptiser la vérité ?
Après cinquante-cinq ans de négligence et des années de polémique, l'heure est aux choix. Avec la chute du mur de Berlin, en 1989, les mentalités ont évolué. Les Polonais se sont peu à peu réapproprié le passé juif. Le musée d'Etat d'Auschwitz, datant de 1955, considéré comme un lieu du martyre polonais, est devenu "Auschwitz-Birkenau, camp de concentration et d'extermination nazi (1940-1945)", selon l'appellation de l'Unesco.
"Ce lieu est nécessaire à nous tous. C'est là que nous pouvons le mieux comprendre la tragédie de l'Europe plongée dans la guerre et la haine mutuelle", affirme Piotr M. A. Cywinski, directeur du site et président de la Fondation Auschwitz-Birkenau, créée en 2009 pour assurer sa conservation.
Le défi à relever est colossal. Il consiste à maintenir l'authenticité des 155 structures de bois et de brique, en les consolidant sans les reconstruire, et des 300 ruines, dont celles des chambres à gaz et crématoires dynamités par les nazis avant leur départ. Il faut entretenir les kilomètres de routes et restaurer les milliers de documents et effets personnels des victimes.
A une heure de Cracovie, l'ancienne capitale royale de la Pologne, on rejoint Auschwitz-Birkenau par une route qui file entre les bouleaux et les pins. Ici ou là surgissent des maisons pimpantes, aux couleurs de bonbons, aux jardinets bien tenus. Ce mardi 1er février, sous un ciel d'azur décoloré, la neige glacée recouvre tout.
Une fois traversé Oswiecim, avec ses enseignes Carrefour et Toyota, le changement de décor est brutal : voilà l'ancienne gare à l'abandon et ses enfilades de wagons rouillés. Au pied des miradors, derrière les remparts de barbelés sans fin, 900 000 juifs ont été gazés, à leur descente du train, à Birkenau - 172 hectares de marécage, consacrés à l'extermination -, sans même franchir les limites d'Auschwitz, les 20 hectares du camp de concentration voisin.
Francesco Bandarin, sous-directeur général pour la culture à l'Unesco, directeur du Centre du patrimoine mondial, insiste sur la complexité du site : "Le problème de gestion des alentours reste entier : les habitants voudraient avoir une vie normale, ils ne comprennent pas pourquoi tout devrait être figé. Les jeunes revendiquent une discothèque. Le débat philosophique sur la banalité du mal est acharné. Il faut étudier les choses de près, celles des vivants, et pas seulement celles des morts."
Comment garder intacte la mémoire de cette tragédie ? Les montagnes de valises, de chaussures d'hommes, de femmes et d'enfants, de lunettes, brosses, bols, cuillères, cartes d'identité... confisqués aux détenus, sont exposées dans les "Blocs 1 et 2" d'Auschwitz. Le plus délicat concerne la conservation des tresses et des boucles des victimes, qui se désintègrent : 2 tonnes de cheveux. Sinistre vestige, le plus émouvant. Vendus 50 centimes le kilo, ils servaient à la confection de toiles de draps.
Prioritaire aussi, la sauvegarde des bâtiments, 45 baraques en brique de Birkenau, aux fondations fragilisées, qui logeaient, chacune, jusqu'à 800 femmes, doit intervenir "le plus rapidement possible", indique M. Cywinski. Construits par les détenus, ils n'étaient pas faits pour durer.
"Le financement est aux deux tiers achevé", précise M. Cywinski, qui a chiffré à 120 millions d'euros le budget nécessaire à la restauration du site. Notamment grâce à "l'Allemagne, qui s'est engagée pour 60 millions d'euros sur cinq ans ; les Etats-Unis donneront 11,1 millions, l'Autriche 6 millions ; la Ville de Paris apportera 310 000 euros". L'argent placé sur un "fonds perpétuel" devrait générer 4 millions d'euros de revenus annuels. Reste 30 millions d'euros à trouver. "Nous sommes en discussion avec la Belgique, la Grande-Bretagne. La France est muette."
Côté muséographie, un concours international va être lancé pour la conception d'une exposition permanente prévue dans le "Bloc 1" d'Auschwitz. Raphaël Esrail, lui, "demande instamment", au nom l'Union des déportés d'Auschwitz, dont il est président, la création d'un dispositif muséographique spécifique à Birkenau, pour "faire comprendre sur le lieu même ce qui s'est passé : l'assassinat à l'échelle industriel le".
"Nous sommes en discussion, assure M. Cywinski, il faut être très attentif à ne pas surcharger Birkenau." Quant au musée existant à Auschwitz, avec la force crue de sa scénographie des années 1950, il faudrait le conserver tel quel.

L'armée appelle à cesser les grèves en Egypte

L'armée égyptienne, qui a pris les commandes du pays depuis la démission de l'ancien président Hosni Moubarak sous la pression populaire, a appelé, lundi 14 février, citoyens et syndicats à cesser les mouvements de grève qui prennent de l'ampleur dans le pays au nom de "la sécurité et de la stabilité du pays et des citoyens et pour garantir que la production continue dans tous les organismes de l'Etat".
"Il a été remarqué que certains secteurs de l'Etat organisent des protestations malgré le retour à la vie normale et des conditions où toutes les catégories du peuple sont censées être solidaires", notent les militaires. "Les Egyptiens honorables voient que ces protestations en ce moment délicat mènent aux conséquences négatives suivantes : l'atteinte à la sécurité de l'Etat ; la perturbation et l'entrave à la production et au travail dans des secteurs de l'Etat ; l'entrave aux intérêts des citoyens ; l'impact négatif sur l'économie nationale."
"QUI N'EST PAS EN GRÈVE ?"
Disant toujours s'exprimer au nom du peuple, l'armée évoque aussi la possibilité que la poursuite des mouvements sociaux puisse "préparer le terrain à des éléments irresponsables pour qu'ils commettent des actes illégaux, ce qui exige de tous les citoyens honnêtes de conjuguer leurs efforts pour amener la patrie à bon port". "Nous espérons que tout le monde préparera le climat favorable à la gestion des affaires du pays en cette période délicate jusqu'à ce qu'elles soient remises au pouvoir civil légitime et élu par le peuple", a poursuivi le conseil.
Les militaires "appellent les citoyens, les organisations professionnelles et les syndicats à jouer pleinement leur rôle". Depuis plusieurs jours, des employés des secteurs des transports, de la banque, du pétrole, du textile et même des médias officiels, et certains organismes du gouvernement sont en grève pour demander une augmentation salariale et de meilleures conditions de travail, selon le responsable de cette organisation indépendante. "Il est difficile de dire exactement combien de personnes sont en grève et où. Qui n'est pas en grève ?" a souligné, lundi, le chef du Centre des services pour les syndicats et les ouvriers (CTWS), Kamal Abbas.

Lagarde détaille les objectifs de la présidence française du G20

La présidence française du G20 veut un système monétaire fondé sur plusieurs monnaies internationales, a redit lundi la ministre de l'Economie Christine Lagarde.

La présidence française du G20 veut "accompagner" la transition vers un système monétaire "fondé sur plusieurs monnaies internationales", a déclaré lundi 14 février la ministre des Finances, Christine Lagarde, lors d'une conférence de presse à Paris. Présentant ses priorités à quelques jours de la première réunion des ministres des Finances du G20 à Paris, vendredi et samedi, elle a dit vouloir "accompagner" la "transition vers l'internationalisation de nouvelles monnaies".
Il faut selon elle aller du "non système monétaire" international actuel "vers un système qui soit fondé sur plusieurs monnaies internationales". Pour cela, la France entend "réduire le besoin d'accumulation des réserves" de change, notamment par les pays émergents, "mieux réguler les flux de capitaux internationaux" et renforcer le rôle des droits de tirage spéciaux (DTS), des actifs internationaux, en intégrant notamment le yuan chinois dans le panier de devises qui les composent.
La ministre de l'Economie a également annoncé qu'elle souhaitait "trouver un accord sur les indicateurs de performances économiques" pour réduire les déséquilibres macro-économiques mondiaux, lors de la réunion des ministres des Finances du G20 vendredi et samedi à Paris.

Le Chevalier Islamique de la Mort en Egypte



Cantonales 2011 : les enjeux du scrutin

Traditionnellement, les élections cantonales ne sont pas de celles qui suscitent l'engouement populaire. Dernier du genre avant l'instauration des conseillers territoriaux, le cru 2011 (qui se tiendra les 20 et 27 mars) ne devrait pas échapper à la règle. La moitié des cantons sont pourtant renouvelés, ce qui pourrait bousculer les équilibres dans une bonne vingtaine de départements.

LES ATOUTS ET LES DOUTES DE LA GAUCHE
Depuis 2004, la gauche contrôle la majorité des conseils généraux en France : 58, contre 39 pour la droite. Mais les majorités sont parfois fragiles. Elles peuvent ne tenir qu'à deux sièges, comme dans le Vaucluse, l'Ain ou en Seine-et-Marne ; ou à trois, comme dans le Cher, le Doubs, ou les Deux-Sèvres. Parfois, un seul canton suffit à faire basculer le conseil général : c'est le cas en Corrèze – où François Hollande joue son siège de président du département, auquel il a suspendu son maintien dans la course à l'investiture socialiste –, dans l'Allier, dirigé par le Parti communiste (PCF), ou encore dans le Val-d'Oise.
Le Parti socialiste est confiant et se donne pour objectif de conserver ses départements et d'en conquérir deux autres, afin d'amorcer et conforter une dynamique dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012. Mais les cantonales partielles qui ont eu lieu depuis les élections régionales de mars 2010 ont marqué une bonne résistance de l'UMP, qui met du baume au cœur des membres de la majorité.
LA DROITE NE SE FAIT QUE PEU D'ILLUSIONS
Du côté de la majorité, de nombreux départements sont menacés : les Hautes-Alpes, l'Aveyron, la Vienne, dans la ligne de mire du PS, ne tiennent qu'à un seul siège ; la Charente-Maritime, département de l'ancien ministre Dominique Bussereau, et celui d'Eure-et-Loire ne sont acquis que par deux cantons d'avance ; enfin, trois sièges seulement séparent la majorité et l'opposition dans la Loire, en Loir-et-Cher et dans la Sarthe, département d'élection de François Fillon.
A la différence du PS, qui va tout faire pour que les cantonales deviennent un enjeu national, l'UMP a clairement choisi sa stratégie : faire de ces élections un scrutin exclusivement local, pour éviter que la mauvaise humeur de l'opinion se paye en sièges, et miser sur l'implantation territoriale de ses candidats pour se maintenir.
Jean-François Copé,  le nouveau patron du parti présidentiel, a beau voir dans ce scrutin un "tour de chauffe" avant 2012, les cadres de l'UMP ne se font que peu d'illusions. Maintenir le nombre de départements qu'ils possèdent serait déjà une victoire en soi. Discrètement, le parti a profité de la réforme territoriale pour relever le seuil de voix nécessaires pour être présent au second tour de 10 % à 12,5 %, de manière à minimiser le risque de triangulaires avec le Front national (FN).
DES CAS ATYPIQUES
La lutte entre l'UMP et le PS ne résume pas tous les enjeux de ces cantonales. Dans quelques départements émergent des configurations atypiques. C'est le cas du Val-de-Marne, où le président sortant, Christian Favier (PCF), devra défendre son poste contre une offensive commune du Parti socialiste et d'Europe Ecologie-Les Verts.
Quant au FN, il pourrait être en position de créer la surprise dans deux départements : les Bouches-du-Rhône, où l'abstention pourrait le hisser face au PS au second tour, et le Pas-de-Calais, département labouré électoralement par Marine Le Pen.
Samuel Laurent

Trichet: impératif de "surveiller la compétitivité" des pays de l'eurozone

Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, juge impératif de "surveiller la compétitivité" des pays de la zone euro, dans une interview où il exprime en filigrane sa sympathie pour le pacte de compétitivité proposé par Berlin et Paris.
"Après les expériences faites pendant la crise, il est pour nous impérativement nécessaire de surveiller la compétitivité des pays, et cela vaut aussi en terme de correction des déséquilibres entre les économies nationales", a dit M. Trichet au journal Weser Kurier à paraître lundi.
Berlin et Paris ont proposé à leurs partenaires européens un "pacte de compétitivité" pour renforcer la coordination des politiques économiques dans la zone euro et permettre ainsi de réduire les écarts entre pays, alors que les déséquilibres inquiètent de plus en plus économistes et responsables politiques et sont vus comme la cause profonde de la crise de la dette.
Interrogé sur l'idée d'un "gouvernement économique comme réclamé par le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel", M. Trichet a répondu: "S'il se confirme que cette proposition signifie une forte volonté politique de coordonner et surveiller la politique économique dans la zone euro, alors c'est quelque chose que je soutiendrai énergiquement, parce que cela correspond au message du conseil de la BCE".
M. Trichet a déjà appelé à plusieurs reprises à renforcer la gouvernance économique et la discipline budgétaire, estimant que les propositions de la Commission et du conseil de l'UE n'allaient pas assez loin. La BCE redoute notamment l'absence de contrôles et de sanctions automatiques en cas de non-respect des règles budgétaires.
"Nous avons besoin d'un saut quantique, d'un progrès décisif", a dit M. Trichet. "Dans l'intérêt de la monnaie unique, nous devons insister sur des règles claires en matière de politique économique et de finances dans les pays", a-t-il estimé.
"L'Union monétaire, qui repose sur l'euro, fonctionne. La monnaie est crédible et a prouvé qu'elle assurait la stabilité des prix. Maintenant il est temps pour l'union économique de fonctionner aussi bien", a-t-il dit.
Selon lui, "cela n'a pas été le cas dans le passé. C'est pourquoi nous devons renforcer la surveillance de la politique économique".
Il a par ailleurs appelé les pays de la zone euro à en revenir à un respect strict des critères du Pacte de stabilité. "Certains pays avaient bien oublié cela avant la crise mondiale", a dit Jean-Claude Trichet.
D'après les premières ébauches qui ont circulé, le "pacte de compétitivité" proposerait des mesures très concrètes, par exemple la fin de l'indexation des salaires sur l'inflation, l'instauration de plafonds d'endettement sur le modèle allemand ou la mise en place de mécanismes de sauvetage des banques en cas de crise.
Sur le fond, les propositions présentées comme communes par Berlin et Paris paraissent très inspirées par l'Allemagne, et sont vues par certains comme une tentative de la première économie européenne d'imposer son modèle économique à ses voisins.

L'immigration tire-t-elle les salaires vers le bas?

La question risque de faire débat. Marine Le Pen a affirmé haut et fort, lundi lors de son débat avec Jean-Luc Mélenchon sur BFM TV, que l'immigration tirait à la baisse les salaires. Si la chef de file du FN s'appuie, en effet, sur les chiffres d'un rapport du Conseil d'Analyse Economique remis au ministre Eric Besson en 2009, le phénomène doit être relativisé. "De façon globale, l'immigration est plutôt favorable à la croissance économique et à l'emploi", assure au contraire l'économiste Nicolas Bouzou, joint par leJDD.fr. Tentative d'explication. 

Le débat était animé lundi matin entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Surtout sur la question de l'immigration. Si le leader du Parti de gauche s'est dit pour une régularisation massive des travailleurs sans papier, la chef de file du Front national a réaffirmé sa position contre l'immigration massive. Tout en donnant des arguments. "Plus de 1% d'immigration est égale à une baisse de 1,2% des salaires", a déclaré Marine Le Pen sur BFM TV, citant un rapport du Conseil d'Analyse Economique (CAE). Vérification faite, ce rapport - réalisé par l'économiste Gilles Saint-Sauveur et intitulé "Immigration, qualification et marché du travail" - a bel et bien été présenté, le 27 mai 2009, à Eric Besson, alors ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale.
Et on y retrouve les chiffres cités par Marine Le Pen, qui reprend une étude de Joseph Atlonji et David Card. Seul petit bémol, les deux économistes ajoutent que, "paradoxalement", une hausse de la proportion d'immigrés d'un point de pourcentage "réduit également le taux de chômage de 0,25%". L'immigration aurait bien un impact sur le marché du travail. Dans ce même rapport, l'économiste Hunt avance, lui, qu'une "hausse de la proportion de rapatriés d'un point de pourcentage a réduit le salaire d'environ 0,8%". Egalement cité, l'Américain George J. Borjas met en avant l'exemple des Etats-Unis dans une étude datant de 2003: "Entre 1980 et 2000, l'immigration a accru l'offre de travail d'environ 11%, ce qui aurait réduit le salaire des natifs d'environ 3,2% et que cette réduction frappe la plupart des catégories d'expérience et d'éducation, mais de manière inégale".

L'immigration "plutôt favorable" à la croissance

Alors comment expliquer ce phénomène qui, selon Marine Le Pen, satisfait le patronat? "Que certains natifs rejettent certains types d'emplois peut simplement signifier que les travailleurs ont de meilleures opportunités que d'occuper ces emplois, et donc que les salaires correspondants devraient augmenter pour qu'ils soient pourvus", précise le rapport du CAE. Or, ce n'est pas le cas. Face à cette pénurie, le recours à une main d'œuvre plus faible se met donc en place, justifiant ainsi l'afflux migratoire. "Les nouveaux immigrés entrent en concurrence avec les salariés peu qualifiés déjà présents (…) et font baisser les salaires", explique, de son côté, la démographe Michèle Tribalat, auteur d'un livre intitulé Les yeux grands fermés: l'immigration en France. Et d'ajouter: "Les nombreuses études étrangères s'accordent généralement pour constater un effet négatif sur les plus bas salaires lorsque l'immigration est faiblement qualifié". Elle dénonce également le faible écho du rapport du CAE jugé, selon elle, "trop dérangeant", puisqu'il mettait en évidence "la faiblesse de l'argument économique pour justifier l'immigration".


Mais ce phénomène reste toutefois à relativiser et à analyser avec précaution. "De façon globale, l'immigration est plutôt favorable à la croissance économique et à l'emploi", assure l'économiste français Nicolas Bouzou, contacté par leJDD.fr. Et d'ajouter que l'on ne peut pas trancher de manière globale sur la question. "Cela dépend vraiment des secteurs d'activité", explique-t-il, précisant qu'aucune étude n'a jamais démontré que l'immigration tirait les salaires vers le bas. "Si vous prenez le secteur de la construction - dans lequel on n'arrivait pas à trouver de main d'œuvre - il est clair que l'immigration a permis de créer un cercle vertueux", conclut Nicolas Bouzou. Surtout qu'en France, comme le rappelait l'économiste Bernard Girard en 2004, "nous avons un salaire minimum qui met un plancher et évite la concurrence entre travailleurs sur les emplois les moins qualifiés". Pour justifier ses dires, il met, là encore, une étude en avant. Celle des économistes Fix et Passel, datant de 1994, qui affirmait que l'immigration "n'a pas d'effet discernable sur les salaires. Leurs évolutions, tant à la hausse qu'à la baisse ne dépendent pas de l'immigration". Le débat est lancé…

Congrès du NPA : Un pas en avant, deux pas en arrière

Deux ans après sa naissance, le NPA a tenu, de vendredi à dimanche, son premier congrès. Des grands débats qui divisent le parti rien n’a été réglé. Après avoir perdu plus d’un tiers de ses membres depuis sa création, la formation d’Olivier Besancenot est toujours en convalescence. 

Trois jours n’auront pas suffi. Réunis à Montreuil de vendredi à dimanche, le parti d’Olivier Besancenot n’a pas réussi à dépasser ses divisions. Samedi soir encore, la direction voulait croire qu’un appel au "rassemblement" de la gauche radicale pourrait sortir de ce congrès. Impossible.La déclaration finale- encore indisponible à l’heure où s’achevait le congrès- doit se contenter du plus petit dénominateur commun: appeler à la lutte et se féliciter des révolutions arabes récentes.
Coupé en trois grosses tendances (42% pour la "majorité", 28% pour les "identitaires" et 26% pour les "unitaires"), le NPA n’a semblé vibrer à l’unisson qu’une seule fois. Lorsqu’Olivier Besancenot est monté vendredi à la tribune pour vanter les révolutions égyptienne et tunisienne, "vachement plus intéressantes que nos réunions de plateforme"
Pour le reste, "les difficultés sont difficiles à surmonter", reconnaît Myriam Martin, représentante du courant "majoritaire" du parti. "Notre organisation est polyphonique", ajoute-t-elle. Doux euphémisme. Principale cause de cette cacophonie du parti au mégaphone, la stratégie à adopter pour 2012, qui ne sera pas réglée avant juin. Les unitaires espéraient "sortir le NPA de son isolement", en s’adressant à "toute la gauche antilibérale", selon les mots de l'un de ses représentants Léonce Aguirre. Ils n’ont pas eu gain de cause.

Au sein du NPA, "on aura toujours des divergences sur les questions électorales"

"Arrêtons de jouer au chat et à la souris. Pour 2012, un accord politique [avec Mélenchon] n’est pas possible", expliquait dès samedi Pierre-François Grond, le bras droit de Besancenot. Jean-Luc Mélenchon qui faisait les yeux doux au NPA, y voit le "retour à la toute petite gauche". Un final qu’il juge, sur son blog, " assez déprimant."
Le débat sur la laïcité n’est pas non plus réglé. Pas plus que la question du futur porte-parolat collectif. Ce n’est pas en un week-end que le NPA allait faire "une fausse synthèse caoutchouc" , note Gaël Quirante, voix des "identitaires". "On aura toujours des divergences sur les questions électorales", ajoute celui qui, comme Olivier Besancenot, est postier dans les Hauts-de-Seine et préfère mettre l’accent sur "les luttes".
Les yeux légèrement cernés, Pierre François Grond s’avoue "déçu" du bilan et un peu "désappointé" par l’issue du congrès. "On aurait mieux fait de le supprimer …mais on ne pouvait pas", confiait-il sur le ton de l’humour samedi soir. Besancenot lui, s’est épargné la conférence de presse, préférant le plateau-télé de Nicolas Demorand à l’indigeste conclusion de ces trois jours. 
 LA VACUITÉ DE CE "PARTI" EST SI PROFONDE QU'UN CONGRÈS POUR LE CÉLÉBRER ÉTAIT INUTILE.

"Mon petit déjeuner avec..." Rama Yade

C'est à la célèbrissime brasserie Lipp, boulevard Saint-Germain à Paris, que je retrouve Rama Yade, désormais ambassadrice de France auprès de l'Unesco.

Comment faut-il vous appeler ? Excellence ? Madame l’ambassadrice ?
RAMA YADE Comme vous voulez. Je ne me formalise absolument pas. Je trouve ça vaniteux, et ça ne change rien à la vie.
F.-S. Jusqu’à l’âge de 11 ans vous avez vécu à Dakar dans un cocon…
R. Y. J’étais une petite fille très heureuse qui vivait entre la plage, l’école catholique et une très grande famille. Ma mère était professeur de lettres et mon père secrétaire général du président Senghor. J’étais une élève sérieuse et disciplinée qu’on faisait beaucoup travailler. Mes parents étaient très exigeants. Il fallait faire toujours mieux. L’Océan faisait partie de mon quotidien. Tous les matins, avant d’aller à l’école, avec d’autres enfants, nous nous précipitions pour accueillir les pirogues qui nous donnaient des petits poissons que nous cuisinions sur la plage ! Notre maison était ouverte. J’ai baigné dans une chaleur humaine et une tendresse infinie.
F.-S. Avez-vous vécu votre arrivée en France comme une cassure ?
R. Y. Le départ de Dakar s’est fait en juillet 1987. Mon père était diplomate et voyageait tout le temps. Quand on m’a parlé d’un départ en France, j’étais heureuse mais je pensais que ce serait juste temporaire et qu’on reviendrait à la rentrée scolaire… Je n’y suis revenue que quinze ans plus tard.
F.-S.Et la vie à Colombes ?
R. Y. Au début, nous étions expatriés et nous vivions dans une résidence sympathique. Mais, après la retraite de mon père, nous avons basculé dans le statut d’immigrés… Ce n’était plus pareil. Ma mère était au chômage car ses diplômes n’étaient pas reconnus en France. Nous avons eu des impayés. Les huissiers venaient… Jusqu’à l’expulsion. Ensuite, ce fut la cité à Colombes où ma famille vit toujours. Ma mère nous a réunies, mes trois sœurs et moi, pour nous dire : « Nous n’avons pas vocation à vivre ainsi. L’objectif, c’est d’en sortir. »
F.-S. Pour vous, ce fut l’école comme salut ?
R. Y. Oui, l’ascension sociale passait nécessairement par l’école. En sixième, je m’étais fixé comme objectif de lire toute la série des Rougon-Macquart, d’Emile Zola, que j’empruntais à la bibliothèque municipale.
F.-S. Et la politique, comment est-elle entrée dans votre vie ?
R. Y. Toute ma vie est politique ! Enfant, mon père me faisait regarder deux choses à la télé : les matches de football et les débats politiques. Après Science-Po, j’ai été administratrice du Sénat pendant cinq ans. Mais, au Sénat, les hauts fonctionnaires comme nous ont un devoir de neutralité. J’ai adhéré au Club XXIe siècle qui m’a ouvert des horizons et où je pouvais m’exprimer. J’avais envie d’être dans le débat public. Envie de participer à la vie de mon pays.
F.-S. Vous souvenez-vous de ce qui vous a poussé à vous engager ?
R. Y. C’est sur une indignation que je suis entrée en politique : j’ai publié anonymement une tribune dans Le Monde à la suite de l’incendie de l’hôtel Opéra à Paris en 2005. Par ailleurs, je suis une enfant du 21 avril 2002. Le Pen au second tour, ça fait un choc. Waouh… J’étais bouleversée. Pour moi,  gauche et droite avaient oublié le peuple.
F.-S. Entrer au gouvernement à 30 ans, n’était-ce pas au-delà de vos espérances ?
R. Y. Non, parce que je ne l’imaginais pas ! J’avais fait la campagne partout en France depuis que, le 14 janvier 2007, le candidat m’avait donné la possibilité de m’exprimer en public, mais je n’attendais rien et on ne m’avait rien promis. J’avais un goût particulier pour les Affaires étrangères et, à l’époque, beaucoup d’admiration pour Bernard Kouchner.
F.-S. Le président de la République qui vous appelle pour vous confirmer votre nomination, ça devait être émouvant ?
R. Y. Il me dit : « Demain, je te nomme aux Affaires internationales et aux Droits humains. » Oh ! la la, c’est compliqué, ça ! (éclat de rire). J’ai préféré attendre le lendemain pour en avoir la confirmation à la télévision. Je me suis dit « waouh ». J’ai remercié le Président, mais j’étais déjà dans l’étape suivante. C’est mon éducation qui m’a toujours appris à faire mieux. Avoir la note au-dessus !
F.-S. Vous a-t-on vite parlé du devoir de réserve des ministres ?
R. Y. Au début, c’est surtout la presse qui m’a effrayée et qu’il a fallu gérer. J’étais très choquée par l’histoire qu’ils étaient tous en train de créer : l’icône des banlieues mise dans le même sac que Rachida et Fadela, malgré nos différences. Au nom de la diversité !… C’est la première fois que j’étais mise dans une case qui n’avait rien à voir avec la compétence. Tout ce chemin, ces études, ces concours, mon métier, pour être réduite à une caution morale ! Une telle régression !… C’était injuste.
F.-S. Quelles réactions le nouveau regard posé sur vous a-t-il provoqué ?
R. Y. Je devais mettre en avant autre chose que cette image qu’on voulait fabriquer de moi. Sortir du piège. Me distinguer par mes idées, par mon travail.
F.-S. Ce comportement ne vous a-t-il pas entrainée vers la sortie plus tôt que prévu ?
R. Y. On ne peut pas passer sa vie au gouvernement. Et je ne regrette rien. Que ce soit aux Droits de l’Homme ou aux Sports, j’ai réalisé beaucoup de choses dont je suis fière. Les compromis, j’en ai faits, et il en faut en politique, mais je n’aime pas les compromissions, qui vous éloignent de vos convictions. La liberté de parole, ça donne des ennuis aux libres-penseurs comme nous, mais ça nous rend tellement heureux !
F.-S. Et vos rapports avec votre ministre de tutelle, Bernard Kouchner ?
R. Y. Il était évidemment ma première motivation pour le Quai d’Orsay ! Vu son parcours, je pensais qu’il serait mon meilleur allié sur les droits de l’homme. Et ce fut l’inverse. J’y ai perdu un peu de mon innocence, mais rien de mon idéalisme. Je ne veux laisser personne me faire renoncer aux rêves qui m’ont construite.
F.-S. Comment encaissiez-vous les coups durs ?
R. Y. Au début, j’étais très sage. Je ne disais rien qui sortait des clous. J’avais une position compliquée. Mais j’ai choisi de parler et d’agir en faveur des Droits de l’Homme, de me battre, malgré les risques. Les Droits de l’Homme appartiennent au patrimoine immatériel de la France. Je n’avais pas le droit de les brader.
F-S. Et le Président, que vous disait-il ?
R. Y. « Après ça, tu sauras tout faire. » L’expérience…
F-S. Jusqu’à la venue à Paris de Kadhafi ?
R. Y. Oui. Sa venue était prévue le 10 décembre. Mais pas juste au moment de la Journée internationale des Droits de l’Homme. J’avais alors deux choix : ou je renonçais à défendre les Droits de l’Homme en demeurant silencieuse, ou j’assumais la mission qu’on m’avait confiée. Avec la certitude qu’après ça, je serais virée. J’ai pris le risque.
F.-S. Avec vos confidences choc au Parisien ?
R. Y. Oui, et le coup de fil du président ! Convocation à l’Elysée sur-le-champ ! Il fait appeler Claude Guéant et Jean-David Lévitte, qui ont surgi très fâchés. Le Président a fini par essayer de me comprendre.
F.-S. Vous êtes ambitieuse ?
R. Y. Oui. Pour moi, pour mon pays.
F.-S. Jusqu’où irez-vous ?
R. Y. L’avenir le dira. Je ferai le maximum.
F.-S. Est-ce un atout d’être en politique une femme ?
R. Y. Ni oui ni non. Enfin, moi je cumule… Je ne sais pas ce qui est le pire (rire). Le fait d’être une femme ? Noire ? Jeune ? Je crois que le plus handicapant, c’est l’âge et le soupçon d’immaturité qui accompagne ce préjugé. La diversité, c’est surtout un problème pour les conservateurs. Il est vrai qu'ils sont majoritaires en politique. Mais il ne faut pas jouer les victimes ni se plaindre. Il faut se battre pour ses idées.
F.-S. Votre popularité fait-elle de vous une des clés de la future campagne 2012 ?
R. Y. C’est important d’être apprécié des Français. Mais ça peut en horripiler quelques-uns. Alors, le système cherche à vous normaliser ou à vous rejeter. L’essentiel, c’est de garder son cap. Pour 2012, soit on estime que je suis utile et je rentre dans le dispositif. Soit non, et je continuerai quand même à faire ma vie. Je ne subis rien.
F.-S. Pourquoi avoir accepté un poste à l’Unesco ?
R. Y. C’est une proposition du Président. Il a estimé que la culture et l’international me plairaient du fait de mon expérience. Même si, à ce moment-là, je voulais travailler aussi avec le Parti radical, j’ai pensé qu’il était important d’honorer, de manière apaisée, la proposition du Président. C’est une mission temporaire. Je vais faire du mieux possible car l’Unesco est une belle organisation.
F.-S. Aujourd'hui, vous êtes toujours sarkozyste ?
R. Y. (Elle réfléchit) Je suis dans l’équipe réserve, comme d’autres ! J’espère que, dans un contexte où les conservateurs sont nombreux, le Président restera le progressiste qu’il a toujours été. J’espère qu’il restera volontaire et qu’il aura toujours le souci de changer la vie. Parce que la France a une grande histoire, elle mérite un grand destin. Seul le changement l’y conduira, avec des hommes et des femmes de progrès.
F.-S. S’il vous demandait de revenir, vous iriez ?
R. Y. Oui, sur la base d’un projet volontariste. Les idées sont importantes quand il s’agit de rejoindre une équipe. l

DSK fait-il peur ?

S'il l'on en croit Manuel Valls, Dominique Strauss-Kahn ferait « peur » à l'UMP. C'est pourquoi les attaques envers le président du FMI se multiplient à droite. 

L'insulte est un aveu de faiblesse. La rhétorique est connue et s'applique bien en politique comme ailleurs. Ce week-end, les critiques directes envers Dominique Strauss-Kahn se sont multipliées de la part de l'UMP. 
Ainsi, Chrisitan Jacob a-t-il égratigné le président du FMI : « Les bobos, Dominique Strauss-Kahn les incarne plutôt bien », a ainsi reconnu le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Son collègue Pierre Lellouche n'a pas non plus mâché ses mots, admettant que DSK « c'est quand même la gauche ultra caviar ». Ambiance. 

« Indignes du débat public »

Lundi, Manuel Valls, candidat déclaré, lui, aux primaires du Parti socialiste en vue de l'élection présidentielle de 2012, a pris la défense du président du FMI. Selon le maire d'Évry, interrogé sur France 2, les attaques de Chrisitian Jacob, comme celles de Pierre Lellouche, sont « indignes du débat public ». 
Mais il y a pourtant moyen, pour le PS, de trouver dans ces mots quelques raisons de se réjouir. « Du côté de la droite, de l'UMP, du gouvernement, il y a à l'égard de Dominique Strauss-Kahn beaucoup d'énervement », a reconnu Manuel Valls. « Cela traduit de l'énervement et dans doute une peur car les enquêtes d'opinion le montrent, DSK est le mieux placé pour l'emporter en 2012 face à Nicolas Sarkozy. »
Dominique Strauss-Kahn ferait-il tant peur à l'UMP ? Les sondages donnent, il est vrai, un grand crédit à l'ancien ministre de Lionel Jospin. Mais celui-ci ne s'est toujours pas déclaré candidat à l'investiture socialiste. Pour l'heure, ses partisans peuvent que se raccrocher aux mots d'Anne Sinclair, la femme de DSK, qui admettait la semaine dernière dans Le Point ne pas souhaiter que son mari brigue un second mandat à la tête du FMI

Six mois pour bâtir la démocratie en Égypte

Rassurer les Égyptiens en encadrant leur révolte. Rassurer l'étranger en confirmant les traités. Garder le contrôle de la rue et du pouvoir pendant que le vieux chef se fait chasser par la colère populaire. Sur ces trois fronts, l'armée égyptienne vient, en l'espace de trois semaines, de réaliser un véritable sans-faute. C'est elle qui a désormais toutes les clefs de l'après-Moubarak. Elle va dicter le rythme et l'ampleur du mouvement de réforme enclenché par la demi-révolution qui s'est jouée, place Tahrir, en mondiovision.

Depuis hier, on en sait un peu plus sur les premières intentions des généraux. Dissolution du Parlement, suspension de la Constitution, délai de six mois pour préparer des élections et remettre le pouvoir à un civil. Ce cadre, essentiel pour assurer une transition pacifique, a été posé par les militaires. La révolte égyptienne prend, jusqu'ici, le bon chemin, même si manquent encore à l'appel la révocation de l'état d'urgence et la libération des prisonniers politiques.

Ce rôle central de l'armée n'est pas le moindre des paradoxes des événements du Caire, puisque, depuis près de soixante ans, c'est elle qui a toujours gouverné. Fidèle aux dirigeants issus de son rang, qu'il s'agisse de Nasser, de Sadate ou de Moubarak. Si fidèle d'ailleurs, que le nouvel homme fort de la transition, le général Tantaoui, était, il y a quelque jours à peine, surnommé le caniche de Moubarak. Les télégrammes diplomatiques américains, révélés par WikiLeaks, le décrivent comme un homme opposé aux réformes économiques et aux ouvertures politiques.

Il serait donc naïf de croire en une conversion fulgurante aux idéaux démocratiques. L'armée ¯ et son état-major ¯ amplement financée par Washington, a fait preuve de sang-froid, et la population lui sera toujours reconnaissante de ne pas avoir tiré sur la foule. Mais elle a d'abord défendu l'institution. Le vrai test sera le passage du pouvoir à un civil.

Six mois très délicats nous séparent de cet événement qui serait une première absolue dans l'histoire de l'Égypte moderne. Là résidera la vraie révolution, dans la construction d'un nouveau régime politique garantissant ce qui a toujours manqué aux Égyptiens : la représentation au Parlement de toutes les sensibilités, la liberté d'opinion et d'association. Or, cette structuration de l'espace démocratique ne tombe jamais du ciel, elle ne peut venir que des acteurs qualifiés d'une société civile sûre de son propre élan.

Ce qui est frappant dans le renversement des régimes de Ben Ali et de Moubarak, c'est le retour aux fondamentaux. Certes, on doit à Internet le coup de bélier décisif qui a fait sauter la censure, mais c'est dans la rue, de manière on ne peut plus classique, que le bras de fer avec le pouvoir a été gagné. Ce sont les jeunes qui en ont été le moteur (y compris dans l'entourage d'Obama, contre l'avis plus prudent du Département d'État). Au nom de revendications, elles aussi, classiques : demande de liberté, de dignité et de conditions économiques acceptables, contre l'arbitraire, la violence, la corruption.

L'espoir qui enveloppe tout le monde arabe est aussi le nôtre. Car une porte vient d'être ouverte, sur l'autre rive de la Méditerranée, pour démentir certains théorèmes ou clichés sur cette région, la génération Internet ou le choc des civilisations. Donner corps à cet espoir est un défi pour les Égyptiens, mais aussi un appel lancé à nos démocraties. Nul ne comprendrait que nous n'ayons aucun savoir-faire à exporter en la matière.

Et la France dans tout ça?

Les commentaires sur les péripéties touristiques de Michèle Alliot-Marie et François Fillon en Tunisie et en Égypte ont fini par faire oublier l’essentiel: la France a-t-elle encore une politique arabe qui lui permettra de rayonner, dans les années à venir, dans cette partie du monde?

Si on ne se référait qu’aux derniers épisodes de la diplomatie française, on pourrait en douter. De son spectaculaire cafouillage durant la révolution du jasmin au service minimum qu’il a observé pendant toute la révolte du Caire, le quai d’Orsay a semblé aux abonnés absents. Comme pétrifié par un attentisme durable. Presque apathique parfois devant des événements qui concernaient pourtant sa zone d’influence directe. Sur l’Algérie, où la cocotte-minute des exaspérations est prête à exploser, a-t-il seulement un discours?

Est-ce un choix? Ce serait celui de la prudence érigée en atout dans une période où le manque de visibilité historique à court terme rend particulièrement téméraire toute stratégie internationale. Nicolas Sarkozy a volontiers raillé l’insistance de Barack Obama à obtenir le départ d’Hosni Moubarak, et la précipitation avec laquelle la CIA a annoncé prématurément sa démission. Au fond, il reste réservé sur l’avenir d’un bouleversement radical dans le plus peuplé des pays arabes. Le retard avec lequel il a sobrement salué l’événement puis l’hommage au «courage» du Raïs rendu par son Premier ministre trahissent un réel embarras.

L’accélération de l’histoire, en effet, met un peu plus en péril une grande ambition française: l’Union pour la Méditerranée. Une très belle idée, moderne et ouverte, qui -à supposer qu’elle se concrétise- pourrait tourner la France vers le Sud et non plus seulement vers l’Est et le Nord. Son partenaire principal pour porter ce concept flou mais généreux n’était autre... qu’Hosni Moubarak et la chute de l’autocrate fissure les fragiles fondations de l’édifice.

La France, qui nourrissait tant d’ambitions, voit son rôle rétrécir comme peau de chagrin. Même au Liban, elle n’a rien pu faire pour empêcher le clan Hariri de perdre la présidence du conseil face au candidat soutenu par le Hamas et la Syrie. Pendant ce temps, la Turquie d’un côté, l’Iran de l’autre, rétrécissent inexorablement l’espace de la diplomatie européenne au Moyen-Orient... que Washington n’hésite plus à empiéter.

Paris doit impérativement, et sans délai, nouer des liens avec les démocraties en devenir à Tunis et au Caire. C’est sa chance, mais comment s’y prendre? Son problème, c’est que tout son logiciel diplomatique réglé sur des coopérations pragmatiques avec les régimes autoritaires des rives de la Méditerranée est à revoir. Il faudra faire vite. Est-ce seulement envisageable avec une ministre des affaires étrangères aussi affaiblie?


La Chine est devenue la deuxième économie mondiale

Le Japon a cédé sa place de deuxième puissance économique mondiale à la Chine en 2010, une année où l'archipel a pourtant vu sa croissance redémarrer en dépit d'une faiblesse de la consommation et des exportations au dernier trimestre. Le produit intérieur brut (PIB) du Japon, en terme nominal, s'est élevé en 2010 à 5 474,2 milliards de dollars, contre 5 878,6 milliards de dollars pour celui de la Chine, selon des statistiques publiées lundi par le gouvernement nippon.

L'archipel a donc perdu sa place de deuxième économie mondiale qu'il occupait depuis 1968, derrière les Etats-Unis que la Chine pourrait même détrôner d'ici à 2025, selon des estimations de la Banque mondiale et de diverses institutions financières. Le PIB par habitant du Japon reste cependant plus de dix fois supérieur à celui d'un Chinois, selon le FMI.

La Chine affiche depuis des années un taux de croissance approchant ou dépassant les 10 %, son PIB ayant encore augmenté de 10,3 % en termes réels 2010. L'économie du Japon s'est de son côté relevée en 2010 d'une sévère récession subie lors de la crise mondiale. Son PIB, qui s'était contracté de 1,2 % en termes réels en 2008 et de 6,3 % en 2009, a crû de 3,9 % en 2010, mais cela n'a pas permis à l'archipel de conserver sa deuxième position. Fin 2010, le PIB du Japon restait inférieur à son niveau d'avant la crise.

L'économie nippone a été tirée lors des neuf premiers mois de l'année par les exportations vers les pays émergents, notamment vers la Chine, son premier partenaire commercial, et par des subventions gouvernementales temporaires qui ont dopé la consommation. Le PIB japonais s'est en revanche contracté de 0,3 % lors du quatrième trimestre par rapport au troisième, soit 1,1% en rythme annualisé. A l'automne, la consommation a pâti de la fin de programmes de soutien. Les autorités ont en effet cessé de soutenir l'acquisition de véhicules "écologiques", puis ont réduit les aides offertes pour l'achat de télévisions, réfrigérateurs et climatiseurs peu gourmands en énergie. Autre frein à la croissance en fin d'année, les autorités publiques ont diminué leurs dépenses d'investissement, alors que le Japon doit se serrer la ceinture pour limiter sa dette colossale estimée à quelque 200% de son PIB.

Facteur de soutien à l'activité jusque-là, les exportations se sont réduites elles-aussi au quatrième trimestre, handicapées par la flambée du yen, qui affleure depuis l'été 2010 son plus haut niveau en quinze ans face au dollar et en neuf ans vis-à-vis de l'euro, nuisant à la compétitivité des firmes japonaises à l'étranger. La croissance nippone devrait reprendre dès le premier trimestre 2011, évitant au Japon de retomber dans la récession, grâce une demande plus forte venant de l'étranger, notamment des Etats-Unis.
L'économie de l'archipel pourrait en outre bénéficier de l'effet de mesures de relance de près de 6 000 milliards de yens (53,5 milliards d'euros) adoptées fin 2010 par la majorité de centre-gauche pour lutter contre la déflation persistante dans l'archipel depuis près de deux ans.

La Suisse ne désarme pas

Réputé doux de caractère, le Suisse trompe son monde. Sous sa toge de neutralité, battent un cœur cocardier et une âme guerrière. Faudrait voir à pas lui chercher des crosses ! Surtout pas celles pieusement rangées dans l’armoire familiale, entre la doudoune et le chocolat.

Parce qu’ici, en dehors des périodes de service militaire, on conserve pistolets et fusils à la maison. Deux millions de flingues circulent dans le petit pays, de quoi rivaliser avec le Texas.

La gauche et les pacifistes, hier, espéraient qu’un référendum allait abroger cette antique tradition. Raté ! Au terme d’une campagne agitée, les électeurs refusent de remiser leur artillerie. Hans Shatzmann, président de la Société des officiers, exulte: “C’est un vote pour l’armée et en faveur du monde du tir !”

L’UDC, droite populiste, a gagné la partie: “Notre peuple ne se laisse pas désarmer, les arguments émotionnels n’ont pas eu de prise sur lui.”

Quelle sensiblerie, en effet, que de s’attarder sur le taux de suicide par arme à feu, trois fois plus élevé en Suisse que dans le reste de l’Europe. Sans compter les violences conjugales et quelques carnages intempestifs.

La Confédération garde donc son arsenal domestique… et ses insondables mystères. On se demande parfois ce qu’elle mijote.

Tel Pierre Dac, jadis, sur les rives du Léman: “Je songe souvent, non sans vertige, à la quantité de bœuf et de carottes qu’il faudrait pour faire un pot-au-feu avec le lac de Genève.”

Congrès de Barcelone : le monde du mobile lancé dans une nouvelle course de vitesse

Design en lame de sabre, écrans toujours plus grands, processeurs à deux coeurs : les nouveaux « smartphones » haut de gamme affichent leurs performances de bêtes de course. Pour les servir, l'arrivée du LTE, la prochaine génération mobile, et le délestage Wi-Fi dopent les réseaux.

C'est un Mobile World Congress à très grande vitesse qui s'ouvre aujourd'hui à Barcelone. Terminaux, réseaux, innovations... tout s'accélère en 2011. Stephen Elop a donné le ton en sautant de sa « plate-forme en feu » avec toute la maison Nokia, qui nage à présent dans l'inconnu. Le leader historique du mobile, qui n'a pas de stand dans la plus grande foire mondiale du GSM pour la deuxième année d'affilée, a tiré une leçon de ses erreurs passées. Il semble décidé à adopter les nouveaux codes du monde mobile : réactivité, connectivité absolue et fluidité de l'expérience.
Cependant, lorsqu'il arrivera sur le marché avec ses Windows Phone, Nokia devra faire des exploits. Car les « smartphones » sont en train de se transformer en voitures de course. Sony Ericsson, avec son Xperia X12, LG, avec un nouveau téléphone de sa gamme Optimus, ou Samsung, avec le Galaxy S2 Elite (c'est le nom qui circule), devraient dévoiler des modèles racés, fins comme des lames de sabre. Des profils d'autant plus impressionnants que les écrans, eux, n'en finissent pas de grandir. La nouvelle taille de référence dépasse 4 pouces, et on voit se multiplier les 4,3 ou 4,4 pouces. En fait de sabre, c'est parfois une véritable « pelle à tarte » qu'on se colle sur l'oreille... mais il est vrai que ces mobiles-là ne sont plus faits pour téléphoner, plutôt pour naviguer sur Internet, jouer ou écrire.
Leur design évoque la puissance et la vitesse, car les futurs « smartphones » vont être véloces. « Les utilisateurs de mobiles vont trouver de vrais avantages à rendre leurs vieux modèles alors que de nouveaux vont être lancés avec des processeurs à deux coeurs et des puces de communication sans contact », explique Ramon Llamas, d'IDC, dans un communiqué. LG compte notamment revenir sur le devant de la scène avec un modèle « dual core ». Faute d'une gamme étoffée de « smartphones », le groupe coréen n'a que 2 % de ce marché en volume en France.
Par ailleurs, outre le défi de la puissance, une autre bataille fait rage sous la coque du téléphone entre les Qualcomm, Samsung, Intel (qui a racheté Infineon), Texas Instruments, Nvidia, etc. Les fabricants de composants électroniques cherchent à imposer leur architecture comme soubassement de nouvelles applications (m-commerce, m-paiement...). Ils mettent en avant des avancées technologiques, tel le support de la 3D, de plus en plus présente sur les tablettes et les mobiles.

Surfer à très haut débit

A quoi serviraient de tels bolides s'il n'y avait pas de piste digne de ce nom ? A Barcelone, tous les grands équipementiers de réseaux seront présents. La quatrième génération de téléphonie mobile, et en particulier la technologie « long-term evolution », est enfin commercialisée sur une grande échelle. Verizon Wireless a ouvert son service LTE aux Etats-Unis il y a quelques mois, et son rival ATT s'y prépare pour cette année. Les constructeurs, Motorola, HTC, Samsung, vont donc présenter leurs premiers téléphones LTE... qui surfent à très haut débit mobile, mais téléphonent sur le bon vieux réseau 2G ou 3G.
C'est avec les tablettes que le LTE va prendre toute sa dimension. Enfin, le très haut débit, c'est aussi... le Wi-Fi. Cette technologie permet de délester les réseaux mobiles surchargés et de construire des réseaux locaux « pervasifs », adaptés à la densité des villes. Autrefois honnie des opérateurs, elle est désormais leur alliée et les grands équipementiers ou les spécialistes (Bridgewater Systems, Ruckus Wireless, etc.) sont au rendez-vous à Barcelone. Que la fête commence.

 

Jean-Dominique Senard

Etre le fils d'un ancien ambassadeur de France en Egypte a pu accoutumer tôt le futur numéro un de Michelin à côtoyer des environnements complexes, mais c'est davantage à travers son expérience dans une demi-douzaine de grands groupes français qu'il a bâti sa réputation. Cet HEC bien né, puisque comte de noblesse pontificale, a fréquenté une bonne partie du gotha du CAC 40 en passant successivement chez Total, Saint-Gobain et Pechiney Alcan. Il a fait son entrée chez le manufacturier clermontois il y a six ans, peu avant la disparition accidentelle de l'héritier par le sang Edouard Michelin. Nommé en 2007 gérant non commandité du fabricant de pneumatiques, il est désormais adoubé officiellement par Michel Rollier pour devenir son successeur à la tête du groupe dans deux ans. Le quinquagénaire courtois au ton un peu professoral et au profil plus financier qu'industriel sera le premier non-membre de la famille Michelin à tenir les commandes depuis plus d'un demi-siècle. Affilié du très exclusif Jockey club, ce père de trois enfants, ami personnel du patron de PSA Philippe Varin, aime à décompresser dans sa propriété de Saint-Rémy-de-Provence, à côté du château familial de Lagoy. On produit sur les terres de ce domaine, jadis possession des Sade, du vin rouge et du rosé. En revanche, le restaurant Le Pont de Sénard, sis en Vendée, n'a pas de lien avec la dynastie... si ce n'est qu'il est lui aussi dans le « Michelin ».

Nicolas Sarkozy face au presque candidat DSK


La désormais fameuse petite phrase d'Anne Sinclair - « pour ce qui me concerne, je ne souhaite pas que Dominique (Strauss-Kahn) fasse un second mandat au FMI » -a plongé le PS dans un abîme de perplexité. Elle a en revanche libéré les responsables UMP qui ont ironisé comme jamais sur le candidat « oracle » (Jean-François Copé), artisan de « la salsa au PS » (François Baroin), incarnant « la gauche ultra caviar » (Pierre Lellouche) et définitivement « old school » puisqu'il utilise sa femme pour faire passer ses messages (Laurent Wauquiez). Comment porter le fer contre un candidat fantôme ? L'Elysée tourne autour de la question depuis six mois sans être parvenu à arrêter de stratégie ferme. La phrase d'Anne Sinclair a eu ceci de libérateur qu'elle a enfin, l'espace d'un instant, apporté du concret. Elle a aussi levé le voile sur la fébrilité de la majorité autour de la question DSK.




Jusqu'à ces derniers jours, interdiction de parler. La contre-attaque au possible candidat socialiste relevait exclusivement du président de la République, qui, lui-même, se voulait indifférent - « quel que soit le candidat, l'élection se terminera à 50-50 » -ou minimisait l'« envie » du socialiste de se présenter. C'était l'époque où Dominique Strauss-Khan était dépeint en coulisses comme un « dilettante », avant tout soucieux de son « confort », et où l'on pariait que son poste à la tête du FMI (décroché avec l'appui de Nicolas Sarkozy, comme celui-ci le rappelle régulièrement) suffirait à son bonheur et à son désir d'action. Quel est l'adversaire le plus dangereux pour Nicolas Sarkozy ? A cette question, ministres et responsables de la majorité avaient une réponse toute prête : Martine Aubry, même si un court moment, à la fin de l'année dernière, François Hollande a pris le relais. Mais de DSK point, malgré des écarts vertigineux dans les intentions de vote pour le second tour de 2012 (60/40 en faveur du socialiste). Si loin du scrutin, ces sondages ne veulent rien dire, répondait non sans bon sens l'UMP. Sur la scène internationale, Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn se côtoyaient sans aucun signe de tension apparente.




Cibler Martine Aubry n'était pas fondé sur rien. Absent de la scène nationale depuis trois ans et demi, Dominique Strauss-Kahn est, de l'avis même de ses proches, surcoté dans les sondages, comme le sont les personnalités qui ne sont pas en responsabilité. Il aura aussi beaucoup plus de mal que la première secrétaire du PS à rassembler la gauche le moment venu. En témoigne la virulence de Jean-Luc Mélenchon contre le « désastre » DSK. Mais cibler Martine Aubry a aussi eu d'emblée une dimension dissuasive à l'encontre de son challenger de Washington. Si l'on considère comme évident que Dominique Strauss-Kahn ne sera pas candidat à la présidentielle, cela peut tout simplement vouloir dire que l'on sait très bien qu'il ne pourra pas l'être. Ou du moins que l'on cherche à le lui faire penser.




Depuis le mois de janvier, la stratégie de l'Elysée a évolué, l'adversaire DSK est reconnu comme tel. Mais la volonté de dissuader le patron du FMI de revenir en France n'est en rien diminuée. Au contraire. Les proches du président veulent voir dans le temps de réflexion que s'accorde DSK la preuve qu'il est indécis, et donc inquiet des conséquences d'une éventuelle candidature. Ils se donnent donc cinq mois (les candidats socialistes ont jusqu'au 13 juillet pour se déclarer) pour lui faire entendre qu'il a effectivement des raisons d'avoir peur. Les confidences sur son rapport à l'argent sont de moins en moins murmurées. Nicolas Sarkozy raconte à ses visiteurs que DSK serait son adversaire favori, tant ses défauts supplanteraient les siens. « Il serait pour moi un paratonnerre. Il a toutes les qualités de nature à attirer la foudre, avec les médias tels qu'ils sont aujourd'hui », explique-t-il. Ses proches décryptent : « Lors de sa dernière visite à l'Elysée, dans le cadre du G20, DSK est arrivé avec une Mercedes à 100.000 euros : impensable si l'on veut se présenter devant les Français. » Conclusion du chef de l'Etat : « Quand la capsule va rentrer dans l'atmosphère, elle va se mettre à chauffer terriblement. »




L'Elysée affine également l'arsenal qui attendra Dominique Strauss-Kahn s'il se porte un jour candidat. Déserter le FMI en pleine crise économique « est lourd de responsabilités », pointe d'ores et déjà l'entourage présidentiel, au moment qui plus est où Nicolas Sarkozy travaille, lui , à une meilleure régulation mondiale dans le cadre de la présidence française du G20. En outre, si Dominique Strauss-Khan ne « se représente pas à la direction du FMI, le siège sera perdu pour la France », glisse Claude Guéant, en pointant là encore sa « responsabilité ». Autre angle d'attaque : compliquer l'atterrissage à gauche de la « capsule » DSK. Dans ses priorités pour la présidence du G20, Nicolas Sarkozy a habilement proposé une modification des statuts du FMI. Il en a donné le décryptage politique lors de sa conférence de presse du 24 janvier. « Est-ce que le FMI ne serait pas davantage dans son rôle en s'intéressant aux mouvements de capitaux, aux désordres monétaires... plutôt que simplement en se mobilisant pour savoir si tel ou tel pays extrêmement pauvre n'augmente pas trop ses fonctionnaires ? », a-t-il interrogé. Présenter le FMI actuel comme l'organisme libéral qui contraint les pays pauvres : voilà exactement la vision qu'en développe Jean-Luc Mélenchon. Aller dans le sens du leader du Front de gauche, voilà qui appuie sur le point politiquement le plus douloureux de Dominique Strauss-Kahn. Et tant pis si en rodant ainsi ses attaques, la majorité concède du même coup qu'elle n'envisage plus du tout à la légère l'éventualité d'une candidature DSK. L'homme a une stature internationale et une compétence économique qui peuvent lui permettre de disputer à Nicolas Sarkozy son rôle de « protecteur » des Français. Le silence soigneusement entretenu et la phrase d'Anne Sinclair le classent parmi les « pros de la com ». Pour l'UMP, DSK est un danger.

Le commentaire politique de Christophe Barbier



Duo d'infortune

Le nouveau duo de la téléphonie mobile qui a vu le jour vendredi n'a aucune chance. Même alliés, Nokia et Microsoft ne pourront guère faire d'ombre à Apple et Google. Combiner les volumes du finlandais aux logiciels Windows de l'américain ne suffira pas à battre l'iPhone ou Android. L'union de deux faibles donne, il est vrai, rarement naissance à un fort. Surtout si les compagnons d'infortune trouvent face à eux des adversaires ayant acquis une avance considérable que rien ne devrait pouvoir ralentir. Apple, qui contrôle à la fois le « hard » et le « soft », a fait de la vitesse de prise de décision un atout redoutable. Google, qui peut s'appuyer sur une dizaine de partenaires fabricants de terminaux, a de son côté la force du nombre.

Sans appui extérieur, le partenariat non exclusif entre Microsoft et Nokia, ne permettant pour l'instant ni d'aller plus vite, ni de faire de réelles économies, n'apportera pas grand-chose. L'américain et le finlandais sont néanmoins moins seuls que semblent le croire les marchés financiers qui ont sanctionné extrêmement durement l'annonce de cette alliance. Ce tandem peut en effet devenir un trio à l'échelle mondiale : Nokia et Microsoft doivent et peuvent faire des principaux opérateurs télécoms leurs alliés objectifs et surtout financiers.

Les Orange, ATT, Vodafone sont bien sûr concurrents au quotidien mais ils ont aussi deux ennemis communs : Apple et Google. Le premier a certes dopé le marché très rémunérateur de l'Internet mobile. Mais au-delà de la fascination qu'elle exerce sur le grand public, la firme à la pomme est une entreprise secrète et arrogante. Elle dicte de façon unilatérale ses conditions à ses meilleurs clients -les opérateurs -et a clairement l'ambition de les concurrencer de plus en plus. Elle capte une part croissante de la valeur en prélevant des commissions sur les ventes d'applications et de contenus réalisés via un iPhone. Demain, elle veut se transformer en porte-monnaie électronique. Google, lui, fait le pari que le terminal, le logiciel et les communications vont se banaliser. La valeur ne sera plus que dans les services et la publicité. Face à un Apple qui énerve et un Google qui fait peur, les opérateurs ont besoin d'alliés. C'est ce que va devoir chercher à devenir le duo « Windokia ». Si leurs produits finissent par supporter la comparaison avec les iPhone ou « Android phones », les opérateurs seront prêts à les subventionner massivement pour dresser un obstacle sur la route de Google et d'Apple. C'est sans doute le seul espoir pour Nokia et Microsoft.

L'emploi entre créations et réactions

c'est un apparent défi au bon sens : le redémarrage de l'activité économique s'accompagne, à la fois, d'une résistance du chômage et d'une reprise de l'emploi. L'annonce de 110.000 créations de postes, en 2010, dans l'économie marchande vient souligner cet apparent paradoxe. D'autant que, sans être mirobolants, les résultats sont signifiants. Après en avoir broyé plus d'un demi-million en 2008 et 2009, la machine à détruire des emplois s'est non seulement arrêtée, mais a enclenché la marche arrière. Le rythme des postes perdus dans l'industrie tend à se ralentir. Enfin, bien que la statistique le porte, par convention, au seul crédit du tertiaire, le dynamisme de l'intérim est de bon augure pour tous les secteurs de l'économie.

L'emploi repart. Sûrement, mais trop lentement pour faire plier le chômage. Car son impact sur le taux d'inactivité est limité par notre vigueur démographique, heureuse exception française à moyen terme mais handicap arithmétique à brève échéance. Cinquante mille nouveaux actifs par an : voilà la marche à franchir avant que l'emploi commence à faire baisser le chômage. Elle est moitié plus haute si on lui ajoute l'effet de l'extinction progressive de la dispense de recherche d'emploi dont bénéficiaient les chômeurs âgés. Aussi pourrait-on à bon droit considérer que le chiffre de l'emploi décrit une réalité économique tandis que celui du chômage dépeint une réalité sociale. Préférer l'une à l'autre, en attendant que toutes deux se rejoignent.

Or c'est bien parce que cette convergence risque de tarder que le chef de l'Etat a choisi d'agir, ou plutôt de réagir, sur les deux à la fois. Sur le chômage en poussant les agents de Pôle emploi à proposer des formations aux chômeurs de longue durée, et ceux-ci à les accepter. La requête a tout de l'énergie du désespoir mais elle peut faire renaître des espoirs. Quant à la création d'emplois, elle sera amplifiée par le retour des contrats aidés, forme opportune d'accompagnement de la reprise. Soupçonner l'exécutif de vouloir « faire du chiffre » à court terme serait cependant exagéré : son plan de développement de l'apprentissage, moitié moins répandu en France qu'en Allemagne, témoigne d'une volonté de s'attaquer aux obstacles structurels à l'embauche des jeunes. Les effets en seront durables mais, faute de capacités d'accueil, ils vont se faire attendre, au-delà de 2012.

Lettre au président de la République

Monsieur le Président, ce qui se déroule sous vos yeux, en Egypte aujourd'hui comme en Tunisie hier, et très probablement dans d'autres pays du monde arabe demain, n'est rien moins qu'une révolution, au sens où le mot a pu être utilisé pour désigner les événements qui sont intervenus en France à partir de juillet 1789. Ce sont des « bastilles », symboliques ou bien réelles, qui sont en train de tomber de l'autre côté de la Méditerranée. Et c'est au nom des valeurs portées par la Révolution française -matrice de toutes les révolutions -, que depuis plus d'un mois des hommes et des femmes, le plus souvent très jeunes, bravent la violence des régimes en place pour conquérir une liberté que nous avons conquise il y a plus de deux siècles.

Avant de vous demander si ce qui se passe, là -bas, peut être « mauvais pour nous », demandez-vous si « cela peut être bon pour eux ». En dépit de risques réels de désordre d'abord et d'islamisme ensuite, la réponse est bien évidemment oui. Et ce qui est bon pour « eux » est bon pour « nous ». Un monde arabe humilié, conscient du décalage qui peut exister entre ce dernier et les puissances émergentes d'Asie ou d'Amérique latine, constitue un danger pour lui-même et pour les autres. Le statu quo politique est une garantie d'instabilité. Ce sont des prisons égyptiennes que sont sortis nombre des kamikazes du 11 septembre 2001. La tentation de jouer de la peur de l'islamisme et non de l'espoir de la liberté ne peut que se retourner contre nous. Les foules pacifiques de la place Tahrir, qui ont obtenu le départ d'Hosni Moubarak, doivent être avant tout perçues comme un défi redoutable pour l'Iran des ayatollahs, Al-Qaida et tous les fondamentalismes. Comme vous l'avez souligné vous-même, monsieur le Président, au cours de votre discours lors du dîner annuel du CRIF (1), ces foules n'expriment aucune haine de l'Occident ou d'Israël.

La possibilité de l'existence à nos côtés d'un monde arabe mûr, réconcilié avec lui-même, ayant retrouvé sa dignité et dépassé sa culture d'humiliation, constitue pour la France comme pour le monde une chance historique, une occasion unique que nous ne pouvons nous permettre de manquer, par légèreté ou, pire, par une priorité donnée à des calculs de politique intérieure sur des considérations stratégiques. La France ne gagnerait rien à se trouver en porte-à-faux par rapport à ses valeurs, au nom d'une vision peureuse de ses intérêts.

La France est la terre des droits de l'homme. Elle a, du fait de sa géographie et de son histoire, des responsabilités particulières de l'autre côté de la Méditerranée. A la tête du G20, elle se trouve aussi avoir des cartes uniques à jouer.

L'Allemagne est sortie renforcée de la crise financière et économique récente. Elle est plus que jamais le maillon fort de l'Union. La France a lancé hier l'idée d'une Union pour la Méditerranée : avec un peu d'imagination, de courage et d'audace, elle peut être le moteur d'une Europe ouverte et généreuse dans ses relations avec une société arabe qui se réapproprie des valeurs qui sont les nôtres.

Jouer la carte de l'espoir et non celle de la peur dans le monde arabe présuppose une prise de distance avec les régimes en place. Cela implique aussi sans doute un rapprochement avec un pays clef pour l'ordre et la stabilité de la région, la Turquie. « Le risque de la démocratie » dans le monde arabe tout comme « le risque de la paix » pour Israël sont réels, certes. Mais les alternatives sont bien pires.

Il n'y a pas plus de malédiction arabe qu'il n'y a de malédiction musulmane. A terme, rien n'interdit à l'Egypte de connaître une évolution à l'indonésienne ou à la turque ! Monsieur le Président, « n'ayez pas peur ». L'Histoire frappe à la porte, elle ne « repassera pas les plats ». La fierté et la confiance retrouvées des peuples arabes en eux-mêmes constituent la meilleure des protections face aux fondamentalismes. C'est en défendant ses valeurs avec lucidité et courage que la France servira le mieux ses intérêts.

(1) Conseil représentatif des institutions juives de FranceDominique Moïsi est conseiller spécial à l'Ifri

La finance à l'épreuve des citoyens

La crise financière révèle un déficit de démocratie dans la sphère économique : la concentration d'un pouvoir financier affranchi de tout contrôle citoyen conduit à la catastrophe. Ce déficit démocratique suscite une volonté latente de se réapproprier l'économie, de réagir et d'agir, de devenir acteur face à un système perçu comme opprimant et implacable. Bref, une certaine envie d'injecter de la démocratie dans l'économie de marché.

C'est possible. Le collectif Sauvons les riches l'a souligné dans la foulée, en rappelant « qu'il y avait des banques responsables de la crise et des banques responsables tout court » et en invitant à choisir sa banque selon des critères éthiques. Un mouvement est en marche. La Fédération européenne des banques éthiques et alternatives (FEBEA) vient de se faire entendre en suggérant de mobiliser les capacités financières en Europe en faveur de l'emploi (Europe Active). Le Crédit Coopératif, la Nef y participent.

L'enjeu est donc de faire bouger l'ensemble du monde bancaire, mais sûrement pas en le vouant aux gémonies de manière démagogique, comme c'est la tentation croissante en France. Transformer les banques en boucs émissaires de tous les maux empêche de penser et d'inventer de nouvelles solutions. Nous avons besoin des banques.

Après l'incendie de la crise, notre société aura en effet besoin de finance patiente et responsable pour investir massivement dans les enjeux de notre monde : le vieillissement, l'éducation, l'environnement, l'emploi, la cohésion sociale... Ainsi, si les banques ont été au coeur du problème, elles peuvent et doivent être au coeur de la solution.

Elles n'y arriveront pas forcément seules, sans les citoyens, sans régulation. Citons ici deux pistes pertinentes pour y parvenir, l'une issue de la société civile, l'autre du législateur.

D'abord, l'idée proposée par l'eurodéputé Pascal Canfin de créer une sorte de « Greenpeace de la finance », c'est-à-dire un acteur de la société civile, à même d'évaluer de manière distanciée et crédible l'impact social et environnemental des banques et de leurs activités. Objectif : produire une contreexpertise citoyenne, stimuler les démarches de progrès, éclairer les clients usagers des banques.

Les Amis de la Terre ont défriché le sujet en publiant le premier classement « intensité carbone » des banques françaises. On peut poursuivre et approfondir les autres dimensions : impact social des projets financés, volume des placements dans les paradis fiscaux, du financement de l'économie réelle territoriale (notamment TPE-PME), échelle des salaires dans l'entreprise (bonus compris), etc.

Une seconde piste consisterait à travailler sur un « CRA à la française ». Ce sigle (Community Reinvestment Act) désigne un dispositif américain qui a amené les banques américaines réglementées à davantage assumer leur responsabilité en matière d'exclusion financière et à rendre compte de manière transparente de leur investissement sur les territoires sensibles. Et ce, sans nuire à leur activité économique, au contraire !

Grâce au CRA, depuis plus de trente ans, plus de mille milliards de dollars de crédit et de services bancaires ont en effet été canalisés vers les territoires et populations défavorisés, sans impact négatif mesurable sur les bilans des banques.

Ce dispositif constitue une véritable innovation sociale, alliant exigence d'information (via une notation ad hoc), souplesse de fonctionnement (via un jeu d'incitations-sanctions) et une gouvernance territoriale multiparties prenantes (banques, société civile, collectivités). Les organisations de consommateurs, les médias, les citoyens peuvent faire pression à partir des informations « CRA ». Un dialogue fructueux, sous tension, s'instaure avec les banques.

En France, il n'y a pas de réelle lisibilité sur la réalité de l'action des banques en faveur des territoires fragiles, des personnes qui y vivent et des entreprises qui s'y développent. Pas plus d'information sur la traçabilité de l'usage des dépôts qui y sont collectés (quelle part réinvestie localement ?) et les discriminations éventuelles qui sont pratiquées. Ces constats plaident pour une réflexion sur un « CRA à la française », et même au-delà, un CRA européen.

Promotion et développement de banques éthiques, mise en place d'une ONG d'évaluation de la finance (« finance watch »), réflexion sur un « CRA à la française », trois pistes porteuses d'avenir qui ont en commun une même ambition : mettre la finance à l'épreuve des citoyens.

La politique en noir et blanc

Un nouveau bras de fer est engagé entre Nicolas Sarkozy et le monde judiciaire. Le terrain était bien préparé par de multiples incidents passés, qu'il s'agisse du bon mot du président assimilant les juges à des « petits pois », de son fréquent dédain à l'égard des avis rendus par le Conseil supérieur de la magistrature sur la carrière des magistrats du parquet ou des crises d'urticaire déclenchées place Vendôme par son ancienne protégée, Rachida Dati.

Cette fois-ci, ce sont ses propos sur l'épouvantable meurtre de la jeune Laëtitia près de Nantes qui braquent toute la profession. La fronde va même au-delà puisque - fait rarissime -des syndicats de policiers se sont déclarés solidaires des magistrats, alors que ces deux professions se regardent d'ordinaire comme chien et chat. Ce qui les révulse est que le président ait pu déclarer, avant qu'aucun rapport d'enquête ne soit rendu, qu'il y a eu des « dysfonctionnements graves côté justice et côté police » et qu'il y aurait « des sanctions contre ceux qui ont couvert ou laissé faire » la faute de laisser sortir de prison le futur meurtrier sans assurer une surveillance suffisante.

Il est possible qu'il y ait eu faute ; l'enquête le dira. Mais le plus probable est que les services judiciaires n'aient pas eu les moyens de surveiller de près un individu qui n'était pas considéré jusque-là comme particulièrement dangereux. Un tel scénario ne cadre évidemment pas avec la filmographie politique en noir et blanc de Nicolas Sarkozy : les bons et les méchants, ceux qui se lèvent tôt et les autres, les citoyens paisibles et les terroristes, les victimes et les juges laxistes. Cette simplification extrême de la réalité lui a sans doute permis de gagner en 2007. Il n'est pas sûr que cette rhétorique binaire fonctionne à nouveau en 2012. D'abord parce que de nombreux électeurs ont compris que les vrais problèmes sont beaucoup plus complexes et que le risque zéro n'existe pas. Ensuite parce que, à ce jeu du simplisme, il trouvera plus fort que lui : Mélenchon sur le terrain économique et social, Marine Le Pen sur le terrain sécuritaire.