TOUT EST DIT

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mercredi 17 avril 2013

Hommes de caractère

Hommes de caractère


Une grande panique pousse les responsables politiques, c’est la dernière mode, à dévoiler leur patrimoine. Cette avalanche de révélations, dans les détails les plus misérables parfois, a quelque chose d’indécent, de grotesque. C’est la première étape d’une société où  les hommes et les femmes influents dans tous les domaines de la vie sociale ou soupçonnés de « réussite », seront invités à faire de même. Cette transparence a quelque chose de choquant. Le fruit d’un travail honnête, cela existe aussi, ne regarde pas forcément les autres. L’homme de caractère, dans toute cette tourmente, c’est celui qui aurait dit: « Moi, j’ai des principes, je ne baisse pas mon pantalon, quoi qu’il advienne et je préfère me retirer que renoncer à ma dignité personnelle. » Mais voilà, rien de tel ne s’est produit à ma connaissance. Un jour, l’histoire tragique reviendra frapper, quand on s’y attendra le moins. Des événements graves se produiront. Comment réagira le milieu politico-médiatique (d’un bout à l’autre de l’échiquier)? A le voir fonctionner au quotidien, fébrile, malléable, carriériste,  on peut l’imaginer dans le danger, se dispersant comme une volée de moineaux: plus facile de « baisser son froc » que de se tenir droit dans la mitraille!  Et alors, si un homme ou une femme de caractère, un inconnu se révèle dans les circonstances, il est vraisemblable  qu’il ne viendra pas de ceux-là qui inondent les écrans de télévision de leur inconsistance…
NB: j’écris à la va-vite d’un coin d’hôtel, avec mes excuses pour la forme lapidaire…

L'héritière Onassis a vendu l'île de Skorpios

La fille d'un milliardaire russe a racheté l'île grecque à l'héritière de l'armateur Aristote Onassis. La montée en flèche des taxes, engendrée par la crise, et les coûts élevés d'entretien expliqueraient en partie la vente.

La crise n'épargne pas forcément les puissants, même une des fortunes les plus légendaires de la Grèce. Athina Onassis, l'héritière de l'armateur Aristote Onassis, a vendu à la fille d'un oligarque russe, l'île de Skorpios, l'emblème de sa famille. La transaction, dont la rumeur avait circulé ce week-end, a été confirmée lundi par la nouvelle propriétaire des lieux. «Une société agissant dans l'intérêt d'Ekaterina Rybolovleva a finalisé le rachat d'un groupe détenue jusqu'à présent par Athina Onassis», a indiqué un communiqué qui précise «parmi les actifs figurent les îles de Skorpios et de Sparti».
Le niveau de la transaction, évaluée la semaine dernière par la presse grecque à 100 millions d'euros, n'a pas été dévoilé. Un montant impressionnant quand on sait qu'Aristote Onassis avait acquis Skorpios en 1962 pour 11.000 euros. A l'époque Skorpios était un îlot désertique. Pour le rendre habitable, le magnat avait fait venir des tonnes de sable, planter des arbres et acheminer l'eau d'un îlot voisin. Un petit paradis fort luxueux à entretenir, notamment en pleine crise grecque.
D'après le Guardian, la situation économique délicate de la Grèce,aurait été un des facteurs de la vente. Les coûts de maintenance ajoutés aux impôts qui n'ont cessé d'augmenter auraient coûté à Athina Onassis, 28 ans, près de 35 millions d'euros depuis qu'elle a hérité de l'île, rapporte le quotidien britannique. La cavalière de renom a une fortune suffisamment large - 217 comptes bancaires affirme le Guardian - pour assumer cette somme sans ciller. Mais, la jeune femme qui vit au Brésil avec son mari, le champion d'équitation Alvaro Alfonso de Miranda Neto, ne s'est pas enracinée en Grèce. Le dernier séjour d'Athina à Skorpios remonte à 2004, affirme le maire de l'île de Méganisi dont dépend l'îlot où Onassis a séduit Maria Callas et épousé Jackie Kennedy et où sont enterrés la mère et l'oncle d'Athina.

Un futur lieu de détente pour la jetset

Ayant perdu sa mère, Christina Onassis, à trois ans en 1988, Athina a été élevée en Suisse. Un contentieux a longtemps opposé son père français puis la jeune fille à la Fondation Onassis dépositaire de l'autre moitié du legs de l'armateur. La fondation a reproché à l'unique héritière de l'armateur de ne pas parler grec et de ne pas connaître suffisamment les coutumes et l'histoire du pays de ses ancêtres. En quelques années, Athina s'est séparée de plusieurs biens hellènes: un terrain sur la riviera athénienne où se situaient la maison de la dynastie, les bijoux de sa mère…
Via son porte-parole, la nouvelle acquéreuse, Ekaterina Rybolovleva a qualifié Skorpios et Sparti d'»un investissement financier à long terme» et compte développer leurs infrastructures «à l'aide de technologies respectueuses de l'environnement». Il se murmure que la jeune femme de 24 ans songerait à faire de l'île un lieu de retraite et de détente incontournable pour la jetset mondiale. Une perspective attendue avec impatience par les habitants des îles voisines, qui espèrent des retombées économiques. Ekaterina Rybolovleva est la fille aînée de Dmitri Rybolovlev, la 119e fortune mondiale, qui a pris fin 2011 le contrôle de l'AS Monaco. L'oligarque s'est souvent illustré par ses coûteux investissements immobiliers, offrant encore à sa fille, en 2008, dans un appartement pour près de 90 millions de dollars à New York.

Sophie de Menthon à Najat Vallaud-Belkacem : "la gauche est bien l'ennemie des entrepreneurs"

La chef d'entreprise et présidente du Mouvement Ethic (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) Sophie de Menthon répond à la tribune de Najat Vallaud-Belkacem publiée dans Les Echos et intitulée "La gauche n'est pas l'ennemie des entrepreneurs".

Madame la Ministre,
Les chefs d’entreprise ont été interpellés par le titre de votre article dans les Echos du 10 avril 2013 : « La gauche n’est pas l’ennemie des entrepreneurs ».
Et pourtant non, il ne s’agit pas d’une « mythologie contemporaine », comme vous voulez le croire. La Gauche a effectivement du mal à travailler avec les entrepreneurs ou plutôt ne les connait pas, ne les fréquente pas, n’a pas beaucoup de considération pour eux. La Gauche n’aime pas qu’ils s’enrichissent et considère toujours que c’est au détriment des salariés. Nous sommes certains que vous êtes de bonne foi et que vous déployez beaucoup d’énergie dans votre fonction mais ne vous trompez pas, lorsqu’avec conviction vous dites « qu’entreprendre c’est ce que vous faites personnellement tous les jours » (vous et vos collègues du Gouvernement), cela n’a rien à voir avec la réalité de l’entrepreneuriat.
Certes, vous prenez des risques, mais c’est nous qui en subissons les conséquences.
Certes, vous explorez des idées nouvelles, mais c’est nous qui les mettons en œuvre.
Certes, vous testez de nouvelles façons de construire la « solidarité », mais la solidarité c’est nous entrepreneurs qui la finançons avec les charges salariales et nous Français avec nos impôts.
Vous mettez en avant les initiatives que vous avez eues ou soutenues récemment : les contrats inter-générations par exemple, une belle idée ; mais ne nous mentons pas, ils sont extrêmement rares à ce jour surtout parce que c’est utopique de penser que dans une PME, un sénior sur le départ va ouvrir les bras à un junior fraîchement accueilli et qu’ils vont marcher main dans la main vers le succès avec à la clef une formation sur le terrain… On aimerait bien, mais ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. En matière de management, nous avons aussi un peu réfléchi.
Les promos jeunes, seniors, tandem
s, femmes… on nous en propose depuis des années.
Vous vous félicitez d’avoir réuni et contraint les partenaires sociaux à aboutir à un accord de compétitivité fondé sur une plus grande flexibilité. L’épée de Damoclès de la loi était entre vos mains. Mais est-ce un si grand succès ? Certains n’ont pas signé par principe idéologique et ils étaient dans la rue, le mardi 9 avril contre cet accord ; bel exemple de dialogue social manqué. Quand aux partenaires de votre majorité, beaucoup n’ont pas voté le texte et d’autres ténors, toujours de votre majorité, ont même prétendu qu’il s’agissait d’un « accord MEDEF » scandaleux, qui contribuait à accroître l’exploitation des salariés… en montrant du doigt les coupables : toujours les chefs d’entreprises.
J’appelle ça une Gauche ennemie des entrepreneurs, moi !
Je partage complètement votre point de vue sur le socle de confiance que représente l’entreprise aujourd’hui ; toutes les études le prouvent, c’est le ciment de la société. Les Français aiment leur boîte. Faites donc confiance aux entreprises, comme l’opinion publique auprès de laquelle elles sont beaucoup moins discréditées que la classe politique. Je comprends fort bien votre volonté de nous réconforter et de nous vanter, c’est de bonne guerre, comme les mesures prises - le crédit d’impôt (CICE) entre autres - qui suscite au mieux une attente, au pire une incompréhension. N’oublions pas que ce montage est un palliatif pour éviter de baisser le coût du travail. Or nous avons besoin de simplification et nous attendons le choc promis en la matière, le crédit d’impôt dans son concept est tout le contraire de la simplicité… Mais nous lui conservons le bénéfice du doute car nous voulons nous aussi être optimistes. Nous souhaitons que vos décisions soient les bonnes, car si ce n’est pas le cas, c’est nous qui ferons faillite, et la France avec nous.  
Vous avez lancé les « Assises de l’Entrepreneuriat », « les Rencontres Quai d’Orsay/Entreprises » avec Laurent Fabius ; commandé des rapports partout et à tous, en double, en triple, classés aussi vite qu’ils arrivent. Qui parle encore du rapport Gallois et de sa stratégie ? Qu’en garde-t-on concrètement : le CICE qui n’a franchement pas grand-chose à voir avec ce qui avait été demandé... Vous vous réjouissez de « dématérialiser les procédures » et nous vous en sommes gré, mais c’est une goutte d’eau dans les méandres kafkaïens de nos embûches quotidiennes ; des administrations aux contrôles tatillons, des inspecteurs méfiants par principe et hostiles par idéologie. Quel contrepouvoir à un inspecteur du travail qui décide d’appliquer un Code du travail à la lettre ?
La Gauche amie des entrepreneurs ? Nous constatons plutôt que si vous avez toujours le mot « emploi » à la bouche vous écoutez bien peu ceux qui les créent.
Nous manquons cruellement de considération et de reconnaissance, or c’est un moteur pour nous contrairement à ce que vous pensez, encore plus que l’argent que nous gagnons !
« Entreprendre » c’est ce que vous faites tous les jours ? Un faux sens à nos yeux ; recruter pour vous c’est créer des emplois publics… La Gauche ne fait pas la pédagogie de l’esprit d’entreprise, elle ignore ce que c’est. Vous détournez bien involontairement notre jeunesse de l’entrepreneuriat.  L’enfer est pavé de bonnes intentions : il est désastreux de répéter aux jeunes qu’il faut les assister, qu’ils ont besoin de l’aide de l’Etat, qu’ils doivent être inscrits dès 18 ans au RSA que leur vie professionnelle sera limitée à 35h…
Vous voulez, et les femmes vous en remercient, imposer l’égalité Homme & Femme dans les entreprises, c’est d‘ailleurs la loi et c’est la justification de votre ministère, mais votre expression : « je vais entreprendre pour l’égalité » n’est pas la bonne formule : vous allez simplement vous battre, comme nous toutes d’ailleurs.
Vous avez beaucoup de qualités, Madame la Ministre, mais non vous n’êtes pas une entrepreneure et d’ailleurs nous n’attendons pas cela de vous. Ce que nous demandons au pouvoir en place, c’est de créer et de respecter les conditions de la liberté d’entreprendre. Nous avons été par exemple très choqués il y a quelques jours de voir votre majorité voter l’article 1 du projet de loi prévoyant la généralisation de la complémentaire santé en bafouant l’Autorité de la Concurrence qui avait donné un avis contraire. (On enlève ainsi aux chefs d’entreprise la liberté de choisir leur mutuelle, en privilégiant la sélection de quelques grands groupes par des branches).
Tout cela pour dire que vous avez encore un grand chemin à parcourir pour donner confiance aux créateurs de richesse, aux artisans, aux professions libérales, à tous ceux qui eux, prennent de vrais risques.
C’est bien naïf de croire qu’un Ministre, si talentueux soit-il, est un entrepreneur. Aussi, Madame la Ministre, les entrepreneurs du Mouvement ETHIC (Entreprises de Taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et moi-même sommes à votre disposition, avec bonne volonté, pour tout ce qui pourra faire avancer la cause de l’entreprise et susciter des vocations.

Et hop, le record socialiste... 56,9% de PIB de dépenses publiques et 46,3% de prélèvements obligatoires en France : mais au fait quels secrets dissimulent donc ces 10 points de décalage ?

Le gouvernement présente ce mercredi son programme pluriannuel de finances publiques. Alors que les impôts et cotisations sociales atteignent déjà le record de 46% du PIB, les dépenses publiques flirtent avec les 57%. Un décalage que le seul déficit public, qui s'établit un peu en dessous de 5%, ne suffit pas à expliquer...

Le gouvernement va présenter mercredi son programme pluriannuel de finances publiques. Alors que Pierre Moscovici a confirmé une nouvelle hausse des impôts en 2014, le taux de prélèvements obligatoires, c’est-à-dire le total des impôts et des cotisations sociales de tous ordres représentera 46,5% de la richesse nationale, du PIB, l’an prochain, contre 45% fin 2012. Le poids des dépenses de l’Etat, de la sécurité sociale et des collectivités locales atteint quand à lui 56,9% du PIB. Comment expliquez-vous les 10 points de décalage entre le montant de la dépense publique et le montant des prélèvements obligatoires ?

Les trois zozos optimistes 
Gérard Thoris : Il y a ici trois concepts en jeu. La différence entre les recettes publiques et les dépenses publiques est simple à comprendre. Elle renvoie à la notion toute traditionnelle de surplus ou de déficit budgétaire. Pour l’année 2012, l’INSEE annonce ainsi un déficit public de 4,8 %. Mais la comptabilité publique comme la comptabilité privée doit jongler avec la réalité. Pour la même année, les recettes publiques sont ainsi supérieures de 6,8 points du PIB aux prélèvements obligatoires. Sous réserve d’une évaluation chiffrée, la différence provient pour une part des recettes non fiscales. On y trouve les dividendes versés par les entreprises dont l’État est actionnaire, des produits des amendes, sanctions et autres pénalités ou frais de poursuite ou encore les produits du domaine de l’Etat. On pourrait facilement désarmer cette impression d’opacité en présentant un tableau synthétique du passage de l’un à l’autre concept[i].

Marc Touati : Ce décalage est simplement lié au fait que l'Etat n'a pas que des recettes fiscales. Il a aussi des recettes liées aux activités de ses entreprises, des autoroutes, du loto, de la CDC... En 2012, le total des recettes publiques a ainsi atteint 51,5 % du PIB. Avec des dépenses de 56,4 %, nous retrouvons donc un déficit public d'environ 5 %. CQFD.

Eric Verhaeghe : D'abord parce qu'il ne faut pas tout mélanger dans ce rapprochement. D'un côté on a les prélèvements obligatoires, qui ne sont pas toute la recette publique au sens de Maastricht. Les prélèvements obligatoires, ce sont les prélèvements non consentis auprès des citoyens. Cela exclut deux catégories de ressources publiques, qui représentent grosso modo 4,5 points de PIB. 
D'abord un certain nombre de taxes ne sont pas considérées comme des prélèvements obligatoires. C'est par exemple le cas de la redevance télévisuelle, que tous les Français sont obligés de payer lorsqu'ils ont une télévision... mais les eurocrates considèrent que l'achat d'une télévision n'est pas obligatoire. Donc la redevance audio-visuelle ne fait pas partie des prélèvements obligatoires.
Ensuite, il y a ce que les maastrichtiens appellent les recettes de production. C'est par exemple le tiers payant que vous laissez à l'hôpital, ou encore les dividendes de l'Etat actionnaire, ou bien le droit d'entrée à la piscine municipale. 
Au total, les administrations publiques perçoivent 90 milliards d'euros non comptabilisés comme prélèvements obligatoires. Ils expliquent en gros la moitié du différentiel entre les prélèvements et les dépenses. L'autre moitié s'explique par du déficit public.
Présenté ainsi, vous voyez que le véritable déficit public français se situe autour de 5%.

En 2012,  le déficit public s'est établit à 4,8 % (et non 10%). Quels vices ce décalage vient-il cacher ?

Marc Touati : Ce n'est pas un vice. En revanche, le vrai danger réside dans le fait que le poids des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques dans le PIB atteint des niveaux stratosphériques et prohibitifs pour la bonne marche de l'économie française.C'est d'ailleurs pourquoi, j'ai lancé la pétition www.SauvezLaFrance.com qui appelle à une baisse de ces poids vers les niveaux moyens de la zone euro (c'est-à-dire 41 % pour les prélèvements obligatoires et 49 % pour les dépenses). Tant que ces efforts n'auront pas été effectués, la France restera enfermée dans la récession et la crise de la dette.
Eric Verhaeghe : Ayons bien à l'esprit que tous les gouvernements pratiquent systématiquement des arrangements avec le ciel budgétaire pour cacher la misère du Trésor public. La cavalerie budgétaire en est l'exemple le plus typique: elle consiste à repousser à l'année suivante les dépenses qu'on n'a pas les moyens de payer durant l'année en cours. Certains ministères ou établissements sont des spécialistes invétérés de cette technique. Beaucoup d'universités par exemple payent les premiers salaires ou les premières vacations des nouveaux recrutés avec plusieurs mois de retard. C'est toujours ça de gagner...
Ensuite, il y a la fameuse technique du hors bilan, dont les variantes sont nombreuses. Elle consiste à repousser les déficits dans des organismes qui ne figurent pas au budget de l'Etat. Jean-Pierre Raffarin fait figure de véritable Ponzi de cette méthode: ses lois de décentralisation ont permis de transférer aux collectivités locales des quantités colossales de mission, sans transférer le financement qui les accompagnaient. Cette technique a permis de faire supporter aux collectivités les réductions budgétaires de l'Etat.

Faut-il en conclure que les comptes publics ne sont pas sincères ?

Marc Touati : Ce qui n'est pas sincère c'est que les prévisions gouvernementales sont constamment fausses, ce qui permet de ne pas faire les réformes indispensables pour moderniser la puissance publique et par là même l'économie française.
Gérard Thoris : Les comptes publics sont une construction institutionnelle à destination de la représentation parlementaire. Cette construction a été profondément modifiée par la loi organique (LOLF) relative aux lois de finance et chacun reconnaît qu’il s’agit d’un progrès. Mais, comme dans toute entreprise, les comptes futurs sont fondés sur des prévisions. A ce titre, il faut effectuer une multitude d’hypothèses sur l’évolution macroéconomique aussi bien à l’intérieur du pays que dans le monde. Il faut estimer l’influence des changements de politiques publiques. Tout cela est un travail bien complexe.
Depuis Montesquieu, on sait que la séparation des pouvoirs est la meilleure des protections contre l’arbitraire. Sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, les prévisions officielles du ministère de l’Economie et des Finances d’une part, de l’Insee d’autre part, avaient été doublées par celles de l’Observatoire Français de Conjoncture Economique (OFCE) et de Rexecode. Aujourd’hui, les pouvoirs publics et, de manière plus surprenante, les grands médias eux-mêmes ne font pratiquement plus référence aux prévisions de ces organismes, pourtant dotés de subventions publiques en vue de produire ces études ! Cela rend le mensonge public plus facile. N’est-ce pas Jérôme Cahuzac lui-même qui dénonce ce mal profond en refusant la frontière entre le mensonge privé par omission et le mensonge public par affirmation : « On me dit que j'ai menti sur ma situation personnelle. Cela veut dire quoi ? Qu'il y aurait des mensonges indignes et d'autres qui seraient dignes ? Quand on ment sur ordre, et pour des raisons politiques, à l’Assemblée, est-ce digne ? A ce compte-là, j'ai menti devant l'Assemblée, sur la possibilité de réaliser 3 % de déficit en 2013. »
Eric Verhaeghe : Voici une question intéressante! Personne n'a jamais véritablement osé la poser, pourtant elle est vitale. Je me souviens d'avoir vu un budget ministériel qui était pipeauté de A à Z. On inscrivait en loi de finances des sommes fantaisistes à chaque ligne budgétaire. La direction financière se chargeait ensuite de réaffecter les sommes au bon endroit, c'est-à-dire là où les fonctionnaires l'avaient décidé. 
Ce problème est crucial sur la question des primes variables versées aux fonctionnaires. Il faudrait vérifier que les primes réellement versées aux hauts fonctionnaires correspondent bien aux sommes inscrites en loi de finances. Techniquement, rien ne s'oppose à des réimputations dans le dos de la représentation nationale, qui permettent des augmentations salariales plus importantes que celles qui sont affichées. J'ai encore récemment entendu des fonctionnaires se vanter de gagner 5.000 euros nets en travaillant un gros mi-temps. Tôt ou tard, la productivité de la fonction publique devra être abordée. Je trouve très bien que les fonctionnaires soient bien payés s'ils sont productifs et efficaces. Mais le sujet n'est pas véritablement documenté aujourd'hui et surtout il fait l'objet d'une opacité totale.

Ce niveau de dépense publique place la France au 2ème rang sur 27 en Europe, juste en dessous du Danemark, mais au-dessus de la Suède.  Est-elle l’Etat le pays le plus socialisé du monde ? Pour quel résultat relatif ?

Marc Touati : C'est bien là le drame : en dépit d'une gabegie de dépenses publiques, la croissance économique est nulle depuis six ans et le chômage ne cesse de flamber. Cela prouve que ce n'est pas un problème de quantité de dépenses publiques, mais de qualité de ces dernières. Autrement dit, il faut mieux d’État. Tant que nos dirigeants n'auront pas compris cette règle de bon sens, la France restera menacée par un triple chaos : économique, social et politique.
Gérard Thoris : De toute évidence, le taux de prélèvements obligatoires est un reflet du degré de socialisation. Mais il est loin d’en être l’unique indicateur. Si nous sommes dans les mêmes eaux que le Danemark ou la Suède, notre système de prélèvements et de redistributions s’enfonce dans l’étatisme quand celui de nos deux références a fait l’objet d’ajustements constants pour simplifier les règles fiscales et sociales. Au fond, on peut prélever beaucoup avec des barèmes d’imposition simples, comme le montre la CSG en France même et prélever peu avec des taux élevés comme le montre l’impôt sur le revenu. Toujours en France, les allègements de charges sociales sur les bas salaires sont représentatifs d’une socialisation de la rémunération que personne ne veut voir. Plus encore, le fait de choisir le crédit d’impôt compétitivité-emploi plutôt qu’un transfert de charges sociales sur la TVA montre à l’envi que l’objectif ultime est peut-être d’alléger les charges sociales. Mais il s’agit surtout d’ouvrir à la représentation syndicale une possibilité de contrôle sur les sommes reversées par l’Etat. L’entrepreneur prudent se gardera donc de les utiliser sans discernement. Bref, le socialisme français se manifeste moins par son taux de prélèvement, effectivement élevé, que par son refus des règles simples qui constituent l’essence même de l’état de droit.
Eric Verhaeghe : L'Etat, en France, est en expansion constante et incontrôlée, comme l'univers. Il nous place dans une spirale extrêmement négative. 
De ce point de vue, il faut ouvrir un débat transparent avec les keynésiens. A titre personnel, je suis assez d'accord pour dire qu'un investissement public est, d'une façon ou d'une autre, un accélérateur de croissance. Par exemple si la France décidait d'investir massivement dans les réseaux de fibre optique, la dépense publique contribuerait fortement à des gains de productivité dans le secteur privé. 
Le problème est que cette théorie est détournée de son sens. Elle est invoquée pour justifier n'importe quelle dépense publique, comme si gaspiller l'argent dans le service public allait par principe contribuer à la croissance. Evidemment, recruter des fonctionnaires sans savoir à quoi ils vont effectivement servir est une saignée dans le corps de la nation, qui ne sert absolument à rien, sauf à produire des boulets que le secteur privé doit traîner derrière lui pendant 40 ans. Cela n'a rien à voir avec de l'investissement public.
Globalement, depuis vingt ans, les Français paient de plus en plus pour une administration qui fonctionne de moins en moins bien. Le plus grand scandale est celui de l'école, dont le coût est sans cesse plus élevé, et dont la performance est sans cesse plus basse. Se ruiner en impôts pour financer des écoles qui décérèbrent nos enfants est une aberration.
Peu à peu, la présence envahissante de l'Etat dans la vie privée et dans les esprits neutralise toute capacité à prendre des risques pour innover. La France se fonctionnarise. C'est probablement son handicap majeur aujourd'hui.


[i] Projet de loi de finances pour 2013, rapport sur les prélèvements obligatoires et leur évolution, p. 55, Média Internet.

Nicolas Sarkozy l'avait dit !




UN PREMIER MINISTRE À LA RETRAITE DORÉE


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 LE BILLET DE "SAUVEGARDE RETRAITES"
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Jean-Marc Ayrault, roi du cumul... de régimes spéciaux !
Cette fois, c'en est trop !
 Récemment, le Premier ministre a osé déclarer : "Tous les retraités ne sont pas des nantis ! ".
Ainsi Jean-Marc Ayrault reconnaît sans ambages que tout le monde n'est pas à son niveau ! Nonobstant, nous allons voir que, pour sa part, il a su fort bien préparer sa retraite ; et, n'en déplaise à l'intéressé, infiniment plus avantageusement que la plupart de ses concitoyens authentiquement "normaux", eux.
 En 2009, Jean-Marc Ayrault a été classé deuxième au palmarès des as du cumul de mandats publié par le journal  Le Monde. Et pour cause, voici un bon échantillon de son CV :
  • conseiller général de Loire Atlantique (de 1976 à 1982) ;
  • maire de Saint-Herblain (deux mandats, de 1977 à 1989) et de Nantes (presque quatre mandats, entre 1989 et 2012) ;
  • président du district de l'agglomération nantaise (de 1992 à 2001), puis de la Communauté urbaine Nantes-Métropole (de 2001 à 2012) ;
  • député de Loire-Atlantique (du 2 avril 1986 au 20 juillet 2012, soit pendant 26 ans) et président du Groupe socialiste à l'Assemblée nationale (de 1997 à 2012) ;
Or, qui dit cumul des mandats, dit cumul des retraites. Et pas n'importe lesquelles... Que des retraites relevant de régimes spéciaux !
 S'il partait à la retraite maintenant, Jean-Marc Ayrault percevrait, chaque mois un petit paquet non négligeable comme cela va apparaître ci-après...
L'opacité soigneusement entretenue autour des pensions des élus locaux empêche de chiffrer en toute exactitude ce que ses différents mandats lui rapporteront en définitive ; mais, selon nos calculs, il percevra au minimum 2 000 euros par mois au titre d'ancien maire de Saint-Herblain et de Nantes, et à peu près autant comme ancien président du district de l'agglomération nantaise puis de la communauté urbaine, soit, pour commencer, 4 000 euros...
Mais n'oublions pas l'essentiel ! Le plus gros morceau, c'est bien sûr sa retraite d'ancien député : une pension "plein pot" de 6 630 euros par mois (en 2012), plus un gros bonus comme ancien président de groupe qui devrait lui rapporter, au bas mot, 2 500 euros supplémentaires.
En comptant serré (nous n'avons pas pu réussir à obtenir le montant officiel de sa retraite de conseiller général...), on peut estimer que Jean-Marc Ayrault a déjà cumulé, à ce stade,  plus de 13 000 euros de pension retraite.
Et ce n'est pas tout ! 
Car, même s'il n'a enseigné que quelques années, on lit sur sa biographie officielle (publiée par les services du Premier ministre) qu'il est "professeur d'allemand, depuis 1973" !
 
Grâce à cette "carrière", pour le moins fictive convenons-en, il peut donc prétendre à une pension de retraite d'enseignant : et voilà  près de 1 800 euros par mois encore empochés...
Faites le calcul : on flirte avec la barre des 15 000 euros par mois. De quoi se convaincre que si "tous les retraités ne sont pas des nantis", il en est cependant certains qui seraient, tout de même, un tantinet plus nantis que d'autres... D'autant mieux que, comme on l'a soigneusement rappelé, toutes ces pensions relèvent des régimes spéciaux !
On ne sera pas loin de se laisser persuader que si nos gouvernants préfèrent saigner les retraites du privé plutôt que de toucher à ces fameux régimes spéciaux, c'est que dans ce cas comme dans beaucoup d'autres, ils défendent prioritairement leurs intérêts propres.
A quand un "Premier ministre normal" avec une "retraite normale" ?
***

 Je compte sur votre mobilisation pour faire suivre ce billet à l'ensemble de vos correspondants afin de  tenter de pallier le silence assourdissant de nos médias sur ces sujets sensibles dès lors qu'ils abordent les cas précis individuels. Faut-il aller jusqu'à soupçonner une certaine collusion entre grands journalistes et grands de ce monde ?
 Un grand merci pour votre précieuse collaboration future !
 Bien cordialement
Marie-Laure Dufrêche
Déléguée Générale
Novembre 2012
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