TOUT EST DIT

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vendredi 23 septembre 2011

Coup de chaud à l’Élysée

Le mariage, décidément, peut être dangereux. Particulièrement quand il tourne mal. Sans l’amertume conjugale de deux épouses déçues, et les déballages de petits secrets qu’elle a stimulés, l’affaire des sous-marins de Karachi n’aurait sans doute pas connu la brusque accélération qui va conduire deux proches de Nicolas Sarkozy devant le juge d’instruction. Où vont se nicher les répercussions du dépit amoureux...

Dans ce scénario qui depuis hier fait tout à coup vibrer le pouvoir, la justice, pourtant, a moins de force, semble-t-il, que le fait divers et l’imaginaire. La révélation des tripatouillages autour de ventes d’armes - qui auraient pu être à l’origine de l’explosion, en 2002, au Pakistan, du bus où des militaires français ont trouvé la mort - n’avait pas suffi, à tort ou à raison, à provoquer l’émoi de l’opinion. Une histoire complexe, en francs, avec de multiples ramifications et dont il est bien difficile aujourd’hui de retrouver les tenants et les aboutissants. Les zones d’ombre du financement de la campagne d’Édouard Balladur, en 1995 ? Ça n’empêchait personne de dormir. L’implication directe de son porte-parole, Nicolas Sarkozy, dans les combines? On croyait volontiers le chef de l’État quand, dans l’intimité d’un déjeuner dans la salle à manger de l’Élysée comme aux pupitres des points de presse, il affirmait que ce n’était que pure spéculation médiatique. On le croyait sincère. Sincèrement sincère. Les fantasmes, effectivement, pouvaient tout à fait brouiller les faits.

Depuis hier, c’est moins clair. La fébrilité qui a saisi la présidence de la République à l’annonce de la mise en examen du témoin... de mariage (encore lui!) du chef de l’État a déclenché un frisson troublant. La brusque montée de température, en effet, a fait commettre une énorme bourde aux hommes du président: comment pouvaient-ils affirmer - dans un communiqué officiel - que Nicolas Sarkozy n’était pas cité dans le dossier alors qu’ils n’étaient pas censés en connaître le contenu ? Le secret de l’instruction aurait-il été violé par l’exécutif ?

C’est cette éventualité, s’ajoutant à la mise au jour de la surprenante proximité entre le sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine, arrêté en mars, et des Sarkozystes du premier cercle (Hortefeux, Copé etc.), reçus royalement chez lui, qui fait plus que désordre... La suite de la procédure dira si les soupçons qui pèsent désormais sur le président sont aussi injustes qu’extrapolés. La présomption de son innocence n’interdit pas cependant de s’interroger sur son degré d’information aux différents stades de cette affaire à tiroirs. A-t-il vraiment dit la vérité ? La crédibilité de toutes ses dénégations reste suspendue à sa franchise... que ne saurait entraver l’invocation d’un improbable secret d’État.

Des déficits pour optimistes

Seulement 14 milliards de déficit ! Le trou du régime général de la Sécurité sociale prévu en 2012 se veut une bonne nouvelle. À force de déficits sans cesse croissants, on finit par se satisfaire d'une réduction par rapport aux années précédentes. Les branches retraite ou maladie poursuivent même un lent rétablissement… Il serait donc dommage de bouder notre plaisir de contribuable et de ne pas encourager ce travail de réduction des déficits publics et ses premiers résultats. Heureux hasard, les mesures d'économies pour 2012, année électorale, ne sont pas même trop visibles pour la majorité des assurés. La baisse de prix des médicaments est forcément bien vue, mieux que la hausse des taxes sur le tabac et l'alcool ou surtout sur les complémentaires santé, qui se répercutera sur les cotisations. Pourtant, en accumulant les milliards (134 en cumulé fin 2010), on finit d'ailleurs par atteindre des sommes tellement gigantesques qu'elles en deviennent irréelles. Même le remboursement annuel des intérêts des emprunts nécessaires au financement s'évalue en centaines de millions, soit le prix d'hôpitaux entiers. Plus triste, la question du retour à l'équilibre annuel, inconnu depuis 10 ans, ne semble même plus envisagée. Du moins jamais avant des années, au-delà d'un mandat présidentiel… Ce grand plan de retour aux équilibres devra pourtant être débattu un jour entre partenaires sociaux et appliqué, même dans la douleur. Et d'ici là, il reste à espérer que la crise et ses répercussions sur la croissance économique ne mettent pas à mal ces prévisions. Les bonnes nouvelles budgétaires se font rares, en effet.

Sauver l’Europe avec ou sans la Grèce

Entendre l’ancien directeur général du FMI dire dimanche dernier « qu’il faut prendre sa perte sur la Grèce », c’est-à-dire exactement le contraire de ce qu’il disait et faisait il y a quatre mois, montre l’ampleur du chemin parcouru vers la catastrophe. Les marchés ne croient plus à la sortie de crise de la Grèce et parient sur un défaut de paiement, les gouvernements européens non plus quoiqu’ils disent officiellement le contraire.
Il n’y a que deux issues pour sauver l’Europe et l’euro :

– La première est celle de l’amputation comme on faisait de la chirurgie de guerre. Faute de jeter dans l’urgence des dizaines de milliards d’euros dans le tonneau des Danaïdes ou par la fenêtre, l’Europe lâche la Grèce en se donnant les moyens d’éviter de nouvelles crises dans les autres pays fragiles que sont l’Irlande, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie de Berlusconi. Sortir la Grèce, ce serait créer un choc psychologique et un instinct salutaire de survie dans toute l’Europe. Les pays qui ont fait le nécessaire pour rétablir leurs finances pourraient alors émettre ensemble des « eurobonds » et préparer les futurs Etats-Unis d’Europe.

– La deuxième solution consisterait à reconnaître la réalité : rien n’a été fait en Grèce et les engagements pris depuis des mois sont du pipeau, qu’il s’agisse de la réduction du nombre des fonctionnaires, du paiement des impôts ou des privatisations. Puisque rien ne marche, l’Europe décide de placer la Grèce sous une tutelle d’airain pour quelques années au prix d’une amputation de souveraineté et de la mise en place d’une administration de contrôle avec les pleins pouvoirs, comme ce fut le cas pour l’Allemagne et pour le Japon après la Seconde Guerre mondiale.

Si la Grèce, vieux pays fort de son passé et de sa culture, refusait cette solution et préférait une révolution, il faudrait en revenir à la première solution. Ce qui serait fatal, par contre, c’est de ne rien faire. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont devant eux une responsabilité historique.

Le gouvernement grec évoque trois scénarios de sortie de crise

Le ministre des finances grec Evangelos Venizélos a évoqué devant le Parlement trois scénarios pour résoudre la crise budgétaire, rapporte vendredi la presse grecque. Deux des scénarios envisagés sont soit un défaut désordonné, soit la mise en œuvre du deuxième plan de sauvetage de 109 milliards d'euros convenu le 21 juillet dernier, rapportent les journaux Ethnos et Ta Nea, citant des témoins d'un discours donné par Evangelos Venizélos.

Une troisième piste explorée est celle d'un défaut ordonné avec une décote de 50 % pour les détenteurs de dette souveraine. Mais le ministre des finances aurait cependant jugé "très dangereux" pour Athènes de demander une décote de 50 %, précise Ta Nea. "Ceci exigerait un large effort coordonné", aurait-il ajouté (lire notre éclairage, en zone abonnés, sur les différents scénarios possibles pour la Grèce).

LES BANQUES GRECQUES DÉGRADÉES

De son côté, l'agence d'évaluation financière Moody's a abaissé vendredi de deux crans la note des principales banques grecques, en invoquant la probabilité grandissante de pertes sur leurs portefeuilles d'obligations de l'Etat grec et la dégradation de l'économie du pays. La Banque nationale de Grèce, EFG Eurobank Ergasias, Alpha Bank, la Banque du Pirée, la Banque agricole de Grèce et Attica Bank voient leur note tomber de "B3" à "Caa2", note attestant d'une situation financière fragile. Emporiki, filiale du Crédit agricole, et Geniki, filiale de la Société générale, sont un peu mieux loties à "B3" (au lieu de "B1").

En outre, les banques grecques devraient voir leur portefeuille de crédits douteux s'accroître avec la crise, d'autant que de nouvelles pertes potentielles pourraient apparaître du fait de l'audit de leurs comptes par la banque centrale et des spécialistes extérieurs. Moody's s'inquiète aussi de la diminution des dépôts gérés par ces établissements et de la fragilité de leur accès aux liquidités.
La note de la Slovénie abaissée d'un cran

Moody's a par ailleurs déclassé d'un cran, de "Aa2" à "Aa3", la note de la Slovénie et pourrait l'abaisser encore, deux jours après le renversement du gouvernement, à un moment délicat pour le pays sur le plan économique.

L'agence, qui a maintenu la note de ce pays de la zone euro sous surveillance négative, invoque dans un communiqué "le risque grandissant que le gouvernement soit appelé à intervenir de nouveau pour soutenir le système bancaire du pays", fragilisé par la crise financière actuelle.

En outre, les perspectives de croissance de l'économie slovène à moyen terme devraient être affaiblies tant par le resserrement attendu du crédit consécutif aux difficultés du système bancaire que par la décélération probable de la croissance des exportations en raison du ralentissement de l'économie mondiale, souligne Moody's.

Enfin, l'agence juge que "l'incertitude politique grandissante" dans le pays fait peser un risque sur la mise en œuvre des plans de consolidation budgétaire et de réformes structurelles, pourtant nécessaires pour éviter une aggravation de la dette de l'Etat à moyen terme.

Sarkozy sous la menace Karachi?


Nicolas Sarkozy peut-il être rattrapé par cette affaire de financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, peut-être liée elle-même à l'affaire Karachi? Il est déjà rattrapé politiquement. La droite a encore des explications à fournir. Nicolas Sarkozy ne peut plus donner de leçon de morale, mais la gauche ne peut pas s'en féliciter. Tout le monde a à y perdre. L'édito vidéo de Christophe Barbier.

La crise de la dette menace l'euro

La monnaie unique européenne est en danger en raison des dépenses incontrôlées des Etats de la zone euro et de la crise de la dette qui en a découlé, estime une étude de la Banque centrale européenne (BCE) corédigée par Jürgen Stark, qui a depuis quitté ses fonctions.
Cette étude, dans laquelle sont utilisés des termes particulièrement alarmistes, a fait plonger l'euro, tombé à un plus bas de sept mois face au dollars, à moins de 1,35 dollar.
"Les déséquilibres budgétaires en très forte hausse dans la zone euro dans son ensemble et la situation extrême de certains pays pris individuellement risquent de saper la stabilité, la croissance et l'emploi, de même que la pérennité de l'Union économique et monétaire (UEM) elle-même", peut-on lire.
Il faut des sanctions financières automatiques pour les pays dont le déficit dépasse les 3% du PIB, prévient le document publié jeudi par la BCE mais non approuvé officiellement par elle.
L'étude préconise que les déficits budgétaires nationaux soient approuvés au niveau européen en cas de dépassement des niveaux de sécurité et que les Etats soient placés sous tutelle financière si les programmes d'ajustement ne remplissent pas les objectifs.
La BCE ajoute qu'il est impossible de dire avec certitude si les dernières réformes suffiront à assurer des politiques budgétaires saines.
L'Allemand Jürgen Stark, chef économiste de la BCE et membre de son directoire, a quitté ses fonctions il y a dix jours, semble-t-il en raison de son désaccord avec la politique de rachat d'obligations d'Etat mise en place par la banque centrale pour lutter contre la crise de la dette dans la zone euro.
Jürgen Stark n'a eu de cesse d'appeler les responsables politiques à mettre en place de règles de fonctionnement de la zone euro plus strictes.
A ce stade, trois pays de la zone euro - la Grèce, l'Irlande et le Portugal - ont dû avoir recours à un plan de soutien international mis au point par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI).
La BCE a déjà consacré plus de 150 milliards d'euros à l'achat de titres de dette émis par des pays de la zone pour éviter la contagion de la crise de la dette, dont du papier espagnol et italien.
En plus de Jürgen Stark, l'étude a été signée par Ludger Schuknecht, Philippe Moutot et Philipp Rother.

La colère gronde de plus en plus fort en Grèce

Le premier ministre appelle les Grecs à faire un effort supplémentaire pour justifier les nouvelles mesures d'austérité du gouvernement, mais la fronde sociale s'amplifie dans le pays.

Le premier ministre Georges Papandréou a, jeudi, une nouvelle fois, appelé les Grecs à «faire encore un effort». Au Parlement où il rencontrait les députés de la région des îles ioniennes et de la Crête, il a reconnu que «dans un climat international très dur et défavorable» il était inévitable de donner un nouveau tour de vis pour «garantir les décisions importantes du 21 juillet qui accordent à la Grèce un nouveau paquet de sauvetage et allègent la dette».
Mais deux jours après l'annonce des nouvelles mesures d'austérité, les Grecs accusent difficilement le coup. Pour pouvoir obtenir le sixième versement du prêt des 110 milliards d'euros, soit 8 milliards d'euros, le gouvernement a du s'en prendre cette fois-ci directement aux foyers : réduction de 20 % sur les retraites supérieures à 1200 euros par mois, 30.000 fonctionnaires placés en chômage technique et abaissement du seuil de non-imposition à 5000 euros par an.
Pour Thanassis, enseignant au collège, la situation est devenue intenable. «Depuis dix-huit mois, on se réveille tous les matins, avec une boule au ventre en attendant le prochain couperet», déplore-t-il. Jusqu'à présent, Thanassis ne participait pas aux mouvements de grève, mais, cette fois, il est à bout : «Mon épouse ne gagne que 400 euros par mois et devra à présent être imposée. Quant à moi, en plus de la diminution de mes revenus, on m'impose une nouvelle taxe de solidarité… Je ne pourrai pas la payer, qu'ils m'envoient en prison, ce sera toujours mieux que de se retrouver à la rue.»

Grèves en cascade

Jeudi, les rues d'Athènes étaient paralysées par la grève des transports en commun et des taxis, tandis que les enseignants et les employés municipaux leur emboîtaient le pas. Du coup, les Grecs avaient pris leur voiture, contribuant à la constitution d'embouteillages monstres. De leur côté, les contrôleurs aériens ont cessé le travail quatre heures, forçant les compagnies aériennes à annuler ou à reporter des vols. Et ce n'est que le prélude à une fin de mois de septembre et un mois d'octobre qui s'annoncent particulièrement chauds sur le plan ­social.
Aujourd'hui encore, le pays tout entier sera à nouveau largement privé de transports. Dès mardi prochain, les chauffeurs de taxi ont prévu une deuxième grève de quarante-huit heures, renouvelable. Avant la grève générale nationale prévue le 19 octobre prochain, la Grèce va donc vivre sur un rythme chaotique.
Pour Pavlos Tzimas, analyste politique, le malaise est profond. Il risque même, estime-t-il, de se retourner contre le gouvernement : «Cela ne peut plus durer. Tous les trois mois, on annonce aux Grecs un nouveau paquet de mesures d'austérité. Le gouvernement a surestimé son programme de ­rigueur et il a sous-estimé le poids de la récession.»
Les milieux d'affaires s'inquiètent tout autant. «Il n'y a pas de boussole, ce gouvernement ne sachant pas où il va», s'insurge Constantinos Michalos qui dirige la Chambre de commerce et d'industrie d'Athènes.