TOUT EST DIT

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jeudi 28 février 2013

L’homme a-t-il encore une place dans la société ?


La condition masculine subit les assauts déterminés des rangs serrés des féministes, qui apparaissent de plus en plus souvent comme des sexistes plus que de réelles combattantes pour la condition féminine. Ce phénomène de société se traduit par une éviction partielle mais progressive de l’homme, de sa place initiale conduisant à des mutations en profondeur dont les hommes sont en train de devenir des victimes, parfois consentantes. Petit résumé d’alarme d’une situation aberrante.

Dans la foulée des groupements qui affichent un « sextrémisme » comme les FEMEN, la condition masculine est donc sévèrement mise à mal. Il ne s’agit plus désormais ni de place des femmes dans la société, ni de leur défense, mais d’un nouveau modèle sociétal où la femme serait dominatrice, tiendrait les rennes et où la place de l’homme ne serait plus que celle d’un figurant. Sur le site officiel des FEMEN vous pourrez carrément voir l’image d’une jeune femme dépoitraillée, tenant d’une main une faucille ensanglantée, de l’autre les parties génitales d’un homme, tranchées et brandies à bout de bras par l’amazone.
Cette nouvelle forme de « fascisme » ou de « racisme » encore que nous ayons du mal à pouvoir fixer un terme sur cette nouvelle tendance est un danger mortel pour la société dans son ensemble. Au-delà de ce sexisme virulent, radical et haineux, d’ailleurs importé, l’homme subit dans les détails de son quotidien un décalage et une crise d’identité. Nous ne comptons plus les articles désignant l’homme comme le « sexe faible », celui qui décède avant la femme, celui dont le cerveau serait trop lent pour réaliser diverses choses à la fois, celui qui serait dangereux, violent, criminel, sanguinaire, bref le monstre abominable, le tortionnaire, le bourreau, l’imbécile toujours moins diplômé, l’inutile, l’alcoolique...
Ces clichés ravageurs se développent de manière plus pernicieuse au niveau des divorces. Dans la société française, ils ne sont qu’un petit quart à demander le divorce, tandis que les femmes prennent à 75 % la décision du départ… Les raisons invoquées tombent comme des couperets : incapacité à se remettre en question, égoïsme, modèle traditionnel (mis en parallèle avec un modèle plus progressiste donc meilleur), lâcheté… Les hommes sont ainsi stigmatisés, montrés du doigt et la société s’acharne désormais souvent sur eux jusque dans les petits ressorts des procédures banales de divorce. Il n’est en effet pas rare d’entendre le témoignage d’hommes ayant été les victimes de pression notamment de la part d’avocates peu scrupuleuses, dans le cas particulier des divorces à l’amiable.
De plus en plus, ces pressions s’exercent à tous les niveaux. L’homme est dissous dans la pension alimentaire, réduit à ce point précis, menacé, culpabilisé sur le terrain des besoins financiers de ses enfants. Enfants que de toute façon, dans plus d’un cas sur trois, il ne reverra plus dans les deux ans suivant la décision finale du divorce. Ainsi malgré le cadre judiciaire, de nombreux papas sont effarés de constater, et en témoignent tristement, de l’absence de considérations de leurs droits primaires. Toutes les excuses possibles, tous les contournements et truchements de la loi sont ainsi utilisés contre eux, pendant et très souvent après le divorce : chicane sur les vacances, chantages, tentatives de faire barrage à l’accès des résultats scolaires, diffamation dans l’entourage, plaintes, les possibilités de nuisances procédurières sont infinies, officielles ou officieuses.
Devant cette agressivité, peu nombreux sont les papas et les hommes en instance de divorce à réagir. Ils sont souvent laminés par des procédures qui n’en déplaisent aux nouvelles lois, peuvent durer deux, trois, quatre, cinq ans ! Certains sont victimes de report à répétition, parfois, 9, 10 voire 12 reports de procédure repoussant chacun de deux à trois mois le cheminement de la Justice. Interrogés dans la rue, les hommes indiquent très souvent avoir été également victimes de rapt très violents des biens du couple : comptes vidés, serrures changées, maison mise à vente par avance, rapt à peine déguisé des biens mobiliers du couple. Même dans les cas les plus banals, ils se montent vite à des milliers d’euros : main mise sur l’électroménager, la bibliothèque, les meubles, le linge de maison, les petits riens du quotidien qui au final font beaucoup d’argent mais n’apporte aucun bonheur.
Beaucoup hommes avouent avoir sciemment laissé leur compagne les dépouiller, par lassitude, par désintérêt, dans le moment de faiblesse du désespoir. Ils se retrouvent sur le pas de la porte avec trois valises. En matière de divorce la présomption d’innocence ne pèse pas lourd, beaucoup de maris sont également montrés du doigt pour d’hypothétiques violences souvent psychologiques, et le refrain s’étale sans merci : dangerosité du père, risque de suicide, de vengeance, enfants en danger, égocentrisme, égoïsme etc. Ces hommes-là doivent être coupables et sont souvent calomniés. Ils se retrouvent dans un tourbillon de médisances qui laisse des traces. Un nouveau phénomène est même apparu : le ralliement de la famille et de la belle-famille de la femme contre l’indigne époux. « Le chef de famille » doit alors faire profil bas sous peine « d’aggraver » encore son cas ou de couper tous les ponts.
Initiés par les femmes, beaucoup de divorces se transforment en procès d’inquisition, un couperet de guillotine qui ne laisse que peu de chances à la malheureuse victime de pouvoir à la fois se défendre et défendre ses droits élémentaires. Des cas incroyables et de moins en moins rares sont dénoncés en France, d’hommes touchant un SMIC sommés de verser sous pression 500 euros pour un ou deux enfants, ne lui laissant après un loyer et l’entretien d’une voiture, quasiment plus rien pour vivre. Bien heureusement, ces coups-là sont parés par beaucoup de juges, mais ils laissent des traces indélébiles. En France les hommes touchés au cœur commencent seulement à se rassembler en association, et il serait temps.
Le chiffre donné par l’INSEE de pères ne voyant plus leurs enfants après deux ans de divorce est de 34 %. Au même instant, Najat Vallaud-Belkacem ministre des Droits des femmes a lancé l’idée d’expérimentations dans le cadre de l’école maternelle qui est mise en cause : il s’agit d’imposer le Gender un nouveau courant arrivant du monde anglo-saxon qui se propose d’éliminer le genre au profit d’un concept asexué égalitaire. Il ne doit plus être question de concept ni de paternité, ni de maternité, de garçon ou de fille, d’où les propositions récentes de supprimer l’appellation d’école maternelle. L’offensive va de pair avec le mariage pour tous et le projet affiché de briser le clivage traditionnel, papa/maman au profit de « parent ».
Le délire collectif à ce propos se poursuit dans la bouche de sexistes avérés, comme Caroline Fourest, annonçant dans une émission télévisée que « 98 % des enfants d’hétéros sont des tordus ou des délinquants ». La voie est montrée par l’idéologie officielle : l’orientation sexuelle en vogue est celle d’un maire de Paris en attendant celle du ministre de la Culture et des communications, et pendant ce temps la « machine à casser du bonhomme » et de l’hétéro fonctionne très bien en France.

Une France sénile sans être vieille ?


Lorsqu’une société est jeune, elle a tendance à alterner des principes autant brillants qu’extrêmes, autant attirants qu’illogiques. C’est le propre de l’adolescence, elle qui est sempiternellement en quête d’un idéal. Il en va de même pour la vieillesse qui présente parfois des troubles mentaux séniles intraitables.

Selon la conception organiciste, il se fait que les mécanismes sociaux en jeu s’expliquent de la même façon que s’expliquerait, par exemple en psychiatrie, l’attitude d’un individu. Peut-on, partant de ce principe, tirer au clair les malaises de notre Vème République dont les incohérences socio-éthiques semblent atteindre leur apogée ?
La France est vieille, c’est un fait. Mais elle a encore un sacré bout de chemin à faire pour rattraper des cultures autrement plus anciennes. Si en plus on considère qu’une culture se formalise et se définit au moyen de la langue et que le français n’a été reconnu langue officielle qu’en 1539 par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, on pourrait en conclure que oui, sans conteste, la France est jeune à sa façon.
Or, voici qu’on se perd en diagnostics les uns plus savants que les autres en essayant de cerner les innombrables bizarreries qui la tourmentent et qui se traduisent de deux façons.
- Au moyen du déni identitaire comme si c’était une tare que d’être Français et d’être fier de son histoire. N’en déplaise aux bons Samaritains voulant faire de la France un organisme artificiel juché sur le frêle perchoir du droit-de-l’hommisme, on ne peut être Français en s’exemptant d’un héritage judéo-chrétien enraciné dans cet espace éthique soigneusement clôturé qui le caractérise.
- Au moyen d’un jeu sur les notions qui s’apparente à un jeu de miroir. Je me regarde dans la glace prétendant être un tel ou une telle et j’y vois quelqu’un d’autre. Qui plus est, cet autre change de jour en jour, comme s’il se défaisait d’un masque encombrant et démodé pour en essayer un autre. Alors qui suis-je ? Les mœurs évoluent non pas selon le principe de la rectification et (ou) de l’ajout, mais selon celui du rejet de l’essence au nom de l’existence provisoire de x valeurs. On est en plein dans le post-modernisme avec tout son relativisme, son déconstructivisme, son dégoût naturel des conventions. Ce n’est plus du Platon mais ce n’est plus aussi du Sartre, ces deux-là s’étant interrogés leur vie durant sur l’interaction de l’existence et de l’essence. La société actuelle est une société privée d’essence, donc insensée.
Voyons ce qu’il en est en pratique de ces deux facettes.
Lorsqu’en décembre dernier les grands marchés de Noël tel celui d’Amiens furent débaptisés au nom du politiquement correct sous prétexte que les musulmans résidant sur le territoire se sentaient lésés dans leur sentiment religieux, un député de la gauche a renchéri en formulant la remarque suivante : « Il faut savoir ce qu’on veut. Si on veut une société laïque et dire non à tous les communautarismes pour défendre la République, il faut passer par là ». Bon, nous avons ici un rapprochement qui s’opère entre laïcité et rejet de la tradition sous toutes ses formes, rapprochement d’autant plus inquiétant qu’il reflète d’une façon générale l’idéologie gauchiste aujourd’hui au pouvoir. Ce raisonnement, même s’il peut s’imposer comme logique au premier abord, pêche en deux points fondamentaux.
De un, le message évangélique qui a cimenté notre culture et, plus largement, notre civilisation, est déjà imprégné de laïcité. Il est clairement dit : Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu (Matthieu, XXII, 21). Il y a donc séparation des pouvoirs terrestre et divin, par conséquent, séparation du terrestre en tant que tel et du divin. Nulle contradiction.
De deux, je pousserais bien ma fantaisie jusqu’à me demander ce qu’il en serait lorsque ce député épris de l’idéal républicain viendrait frapper aux portes de la mosquée centrale de Paris en demandant à son imam de déguerpir en toute vitesse au nom de l’entité laïque. Cette image peut faire sourire, pourtant, elle n’est que la suite logique de ce que devrait faire le député en question.
Je crois donc que la sottise mariée à la mauvaise foi – car je ne saurais qualifier autrement cette réforme soi-disant nominale de nos chers marchés – mine notre culture d’une façon encore plus inexorable que ne l’aurait miné une guerre, si sanglante qu’elle fût. C’est dans un article passionnant d’Eric Lemaître consacré aux inconvénients du mariage gay que j’ai retrouvé cette exhortation d’Albert Camus qui vaut particulièrement à l’heure qu’il est : Les générations qui nous précèdent ont fait la civilisation, il incombe à la nôtre de l’empêcher de se défaire.
Néanmoins, c’est ce que font nos gouvernements au nom de valeurs spectrales ou mythiques. Leur portée ne dépasse guère le champ verbal. J’en déclinerai les manifestations les plus patentes.
On invoque comme on invoquerait un dieu l’idéal démocratique qui, au demeurant, devrait défendre le droit d’une nette majorité. C’est pourtant le contraire que nous observons à travers la nouvelle loi sur le mariage pour tous. 48 pr. de contre, c’est presque une bonne moitié d’opposants à une mesure qui vient renverser les vestiges de notre civilisation. On apprend ainsi que le Conseil économique social et environnemental a déclaré irrecevable une « pétition de quelques 690.000 signatures » contre le mariage homosexuel. Les membres du Conseil n’avaient pas dit qu’ils étaient contre le fond de la pétition. Ils avaient juste constaté leur incapacité juridique à dire NON. Conclusion : il suffit d’un simple chiffre pour trancher sur une question d’ordre universel. Pas de référendum supplémentaire. Mépris des arguments présentés dans les traités, dans les médias, mépris du bon sens, en fin de compte. Voici comment une démocratie peut devenir totalitaire en se cramponnant à des oxymores pour le peu schizophréniques.
Deuxième exemple frappant : la liberté de conscience et d’expression, toutes deux fixées depuis belle lurette par la Constitution, consiste à dire et penser ce qui doit se dire et être pensé. De ce point de vue, on était bien libre sous l’URSS ! Combien y –a-t-il en France de médias donnant un autre éclairage de la campagne yougoslave, un autre éclairage des deux guerres en Tchétchènie, un autre éclairage des origines géopolitiques de l’UE etc. ? Je ne veux pas parler des sources marginales ou plutôt marginalisées telles qu’AgoraVox ouAlterinfo. Je ne veux pas non plus parler de sites tels le réseau Voltaire fondé par Thierry Meyssan. A ce titre, je vous raconterai une petite anecdote tirée de mon expérience épistolaire sur facebook. J’avais, à l’époque des années lycée, un camarade de classe absolument brillant qui par la suite a fait Sciences Po. On avait très vaguement gardé contact, sans plus. Or, voici que cette lointaine connaissance s’était subitement manifestée. Cela, à deux reprises : juste après les élections russes pour me démontrer que je ne comprenais rien à la personnalité de Poutine et que la Russie était au bord du gouffre. J’avais alors essayé de lui présenter le problème sous un angle moins unilatéral, ce qui a suscité chez lui une réaction curieusement agressive suivie d’un brusque abandon de la polémique ; juste après le discours anti-Bachar de Fabius, lorsque ce jeune professeur de Sciences Po s’était borné à crier au loup en évoquant les tendances dictatoriales du Président syrien. Soucieuse d’élargir une polémique qui pourtant était d’emblée condamnée, je lui avais envoyé l’article d’un islamologue de renommée tiré du réseau Voltaire. Réaction de M. X : « Meyssan, c’est le mec qui a dit qu’il n’y a jamais eu d’avions au-dessus du Pentagone ?». Je lui répondis avec beaucoup de patience. Même résultat : la personne a tout de suite abandonné la conservation. Vous imaginez à quel degré cet universitaire est matraqué pour tenir des propos de … perroquet ? Le formatage des médias fait pendant au remodelage des cerveaux. En dehors de cela, tout le monde est libre !
Troisième et dernier exemple. Ces vingt dernières années, on assiste à une véritable stigmatisation de notions telles que le patriotisme, notion jugée obsolète, réductionniste, voire nuisible puisqu’amalgame est faite entre nationalisme d’obédience facho et amour de sa patrie. Les mœurs évoluent, nous dit-on. C’est vrai et faux en même temps. C’est vrai, car le temps entraîne à sa suite nos états d’esprit. C’est faux dans la mesure où l’évolutionnisme se conçoit sous un angle négationniste et que cette optique est en soi stérile. On ne peut pas bâtir une culture en gommant des points de repère immuables. Le paradoxe est tel que nos antinationalistes vont combattre sur des territoires étrangers ce nationalisme qu’ils ont pris en grippe jusqu’à y asseoir des gens absolument charmants d’obédience al-Qaidienne. Le même schéma se retrouve en France. Nos gouvernements chassent l’esprit national pour favoriser l’éclosion d’un soi-disant nationalisme arabe qui en réalité recèle une onde islamiste de plus en plus forte.
On désespère de trouver une logique à toutes ces aventuresidéoillogiques d’une Vème République tour à tour sarkoziste et hollandaise qui se retournent de plus en plus notablement contre elle.
La France n’est pas vieille, mais, nom de Dieu, elle semble régie ces dernières années par un gouvernement sénilement aliéné … ou schizophrène.

SCANDALEUSE Amnistie sociale : ce qu'il faut savoir sur la proposition de loi


Le Sénat a adopté mercredi une proposition de loi visant à amnistier des faits commis à l'occasion de mouvements sociaux et d'activités syndicales et revendicatives. Le texte présenté par la sénatrice et présidente du groupe CRC (Communiste républicain et citoyen), Eliane Assassi, a été fortement amendé par les socialistes pour en limiter le champ d'application. Voici ce qu'il faut en retenir.
• Qu'est-ce que l'amnistie?
Par définition, l'amnistie, prévue par l'article 133-9 du code pénal, «consiste à effacer le caractère d'infraction de certains faits accomplis dans le passé en interdisant toutes poursuites pénales, en interrompant l'exécution des peines et en effaçant les condamnations prononcées», rappelle la sénatrice Eliane Assassi. De fait, la condamanation est effacée et aucune information ne figure au casier judiciaire des bénéficiaires de la mesure.
• Quels types d'infractions sont visés?
Les faits qui pourront être amnistiés ne peuvent être que des délits entraînant des peines de prison inférieures à 5 ans sont concernées alors que le texte initial prévoyait d'inclure les délits passibles de 10 ans de prison. Ensuite, les délits doivent être commis au cours de conflits liés au travail et au logement. Par exemple,les infractions constatées lors d'une occupation de logement pourront être amnistiées.
En revanche, les actes n'ayant aucun lien réel avec un mouvement collectif et revendicatif sont exclus. En somme, les dégradations commises par des «casseurs» lors de manifestations, n'ayant pas de lien avec le conflit du travail ou un mouvement collectif, ne sont pas concernées.
De même, les infractions commises au cours de mouvements liés aux domaines de la santé, de l'environnement, de l'éducation et, enfin, aux droits des migrants ont été écartés par voie d'amendement. Autrement-dit, les militants écologistes, les faucheurs d'OGM ou encore ceux qui commettent des infractions pour empêcher une reconduite à la frontière n'auront pas droit à l'amnistie.
• Qui pourrait en bénéficier?
Ne seront amnistiées que les personnes condamnées entre le 1er janvier 2007 et le 1er février 2013. Le texte prévoit aussi l'amnistie des mineurs condamnés lors des grèves de 1948 et de 1952. Il reste sept de ces mineurs survivants.
• Pourquoi ce texte?
Ce texte s'inscrit dans la tradition républicaine des lois d'amnistie adoptées après chaque élection présidentielle. En l'occurence, les lois de 1981, 1988, 1995 et 2002. Mais l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, a rompu cette tradition. L'amnisitie fait aussi l'objet de lois votées par le Parlement dans un but d'apaisement, souvent après des événements politiques (troubles en Nouvelle-Calédonie, aux Antilles, en Corse) ou des manifestations.
«Ces dernières années, les difficultés rencontrées par les Français se sont fortement accrues, écrit le sénateur et le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent sur son blog. Chômage, précarité, accès au logement, à la santé, inquiétudes sur l'environnement... Beaucoup de nos concitoyens se sont légitimement engagés dans des mouvements sociaux. Parmi eux, beaucoup sont frappés de procédures criminalisant leurs actions revendicatives», déplore-t-il. «Il fallait tendre la main, car il n'est pas forcément facile aux organisateurs de mouvements sociaux de prévenir les débordements, tout en protégeant les biens et les intérêts des tiers», a expliqué de son côté la sénatrice socialiste Virginie Klès.
• Pourquoi le texte adopté au Sénat ne satisfait pas le camp communiste?
Rassemblant entre 200 et 300 manifestants devant le Sénat hier, le Front de gauche (PCF et Parti de gauche), appuyé par la CGT, s'est fortement mobilisé pour ce texte. Son responsable, Jean-Luc Mélenchon, qui a assisté au débat dans la tribune du public, a expliqué ce matin sur BFM TV pourquoi le texte ne lui convenait pas.
De plus, la présidente du groupe CRC, Eliane Assassi a jugé que le champ d'application de la loi avait été trop restreint.
• Que pensent les opposants de ce texte?
Très opposée à ce texte, la présidente du Medef, Laurence Parisot, a estimé que cette proposition de loi était un «appel à encourager la destruction et le cassage» et qu'il allait à l'encontre du dialogue social. «C'est exactement le contraire dont nous avons besoin aujourd'hui, nous avons besoin de nous entendre, de nous comprendre, nous avons besoin d'un espace de dialogue spécifique», a-t-elle souligné sur BFM TV.
UMP et centristes se sont vivement opposés à une «proposition inopportune, dangereuse», donnant un «signal de mauvais augure à tous les manifestants professionnels», selon François Zocchetto (UDI-UC). «Voulons-nous d'un pays où le militantisme syndical sème la pagaille ou la terreur?», s'est indigné Pierre Charon (UMP).
• Qu'en est-il à l'étranger?
«Il apparaît que l'amnistie est rarement mise en oeuvre dans les autres pays européens», constate le Sénat dans un rapport sur l'amnistie et la grâce, réalisé en 2007. Et pour preuve, seuls l'Italie, le Portugal, la Suisse et l'Allemagne ont eu recours à ce droit, mais de manière épisodique. En revanche, l'amnistie n'existe pas en Angleterre, au pays de Galles, en Belgique, au Danemark, en Espagne et aux Pays-Bas.
• Quelle est la prochaine étape?
Les députés doivent désormais examiner le texte. Il devrait être inscrit prochainement à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale dans le cadre d'une niche (séance d'initiative parlementaire) réservée au groupe communiste.

Dégâts tous azimuts

Dégâts tous azimuts


L’Eurogroupe s’inquiète. Les marchés s’affolent. Bruxelles et Berlin croient devoir donner des « conseils » aux Italiens en frisant l’admonestation… Certes, les craintes pour la stabilité de la zone euro méritent compréhension. Néanmoins, en acceptant le verdict des urnes tombé en toute démocratie. Le peuple est souverain. Sa voix doit étouffer le vacarme de la Finance et faire taire ceux qui avaient encensé le technocrate Mario Monti, ex-commissaire européen, ex- Goldmann-Sachs, et non élu, pour imposer la politique des tabous monétaristes à la Francfort.
Voilà pourquoi il vaut mieux tirer les leçons de ces élections italiennes. La première est sans équivoque : c’est non à l’Europe sans âme telle qu’elle existe, non à l’ossature de l’euro telle que constamment renforcée. Cette double négation est exprimée à plus de 55 % par celles et ceux qui ont voté pour le parti protestataire de Beppe Grillo et le PDL de Berlusconi. Sans doute sous l’emprise d’une démagogie effrénée mais aussi parce que l’austérité programmée ruine. Elle prend en otages les jeunes générations, sans travail et sans avenir. Autant que les immenses dettes publiques, et pas seulement en Italie. Or, même si lutter contre les dettes et les déficits reste prioritaire, ce combat ne peut s’inscrire en seul credo de l’Euroland, quitte à interdire toute croissance. Qu’on le comprenne enfin !
Une autre leçon, d’ailleurs, à méditer partout en Europe, porte sur la défiance envers la classe politique italienne. Sa pléthore d’élus est la mieux payée au monde, ses privilèges sont énormes, jusqu’à vouloir se maintenir par des lois électorales absurdes, encore peaufinées sous l’ère Berlusconi.
Dans sa première réaction hier, le chef du Parti Démocrate Pier Luigi Bersani a promis la moralisation de la vie publique exigée par les protestataires, également pour s’attirer les bonnes grâces de leurs députés et sénateurs. Bersani veut aussi une autre politique de l’euro, sans toutefois apporter de précisions…
Oui, mais prendra-t-il la tête du Conseil italien ? Avec quelle majorité au Sénat ? Une proposition de coalition faite par Berlusconi et son PDL pose problème à l’Europe ainsi qu’aux ailes de gauche et écologistes du Parti Démocrate, en fait une confédération. Et l’appel lancé par le centre gauche à Beppe Grillo se heurte, pour l’instant, à son « no ». Toutefois, n’oublions pas que l’Italie cultive à la perfection l’art de la combinazione. Mais, de toute façon, des négociations prendront du temps, trop de temps, peut-être.
En attendant, l’Europe ne peut que constater les dégâts. Qui sont aussi les dégâts de sa politique d’austérité.

La mission d’abord !

La mission d’abord !


Le retrait de Benoît XVI de la vie publique pose une question inédite: qu’est-ce qui prime chez un pape? Le symbole ou la fonction?
Parce qu’ils croient à la force du symbole, certains catholiques désapprouvent le départ volontaire de ce soir; c’est à leurs yeux une sécularisation malvenue. Tout juste s’ils n’y voient pas une désertion. La dignité papale étant exceptionnelle et reçue à vie, ils trouvent normal que l’élu reste jusqu’à l’ultime limite, même quand ses forces déclinent. Ils sont dans la continuation de Jean Paul II et s’inspirent des martyrs qui ont témoigné par leurs souffrances de leur fidélité à l’Église. Selon ce raisonnement, mieux vaut un pape affaibli qu’un pape qui s’efface de lui-même.
La décision de Benoît XVI crée un précédent. Elle rompt avec la figure paternelle du pontife, privilégie la charge à exercer et réfute toute interprétation idolâtre: un pape n’est pas une effigie vêtue de blanc qu’on promène en papamobile et qu’on vénère pour l’idée de transcendance qu’il représente.
Théologien au plus profond de lui-même, Benoît XVI considère que le pape est élu pour exercer pleinement un magistère de la parole, ce qui le conduit à céder la place quand l’endurance et l’énergie commencent à faire défaut. Parce qu’il est dans une logique de service, il fait passer la mission avant le statut.
Pour autant, celui qui redevient Joseph Ratzinger ne s’écarte en rien de la tradition mystique. Nombreux dans l’histoire sont les hommes qui, ayant exercé un pouvoir, ont au soir de leur vie opté pour le silence et la méditation. On se moque à juste titre de ceux qui se croient irremplaçables pour ne pas saluer la décision d’un pape qui, s’étant examiné en toute lucidité, s’emploie à passer le témoin dans la dignité. Comment en faire reproche à celui qui, parvenu au faîte de l’Église catholique, a cette humilité?

Quand Hollande plaisante à Moscou sur le cas Depardieu

François Hollande a observé : "Il ne faut pas décourager (...) un chef d'entreprise russe, et je dirais même aussi un artiste (...), de venir en France."

Des blagues qui foutent la honteLe président français, François Hollande, a plaisanté jeudi à Moscou, sans toutefois le nommer, autour du cas de l'acteur Gérard Depardieu, dont les frasques alimentent depuis des semaines la chronique franco-russe. Évoquant l'octroi de visas aux chefs d'entreprise et investisseurs russes qu'il entend faciliter, François Hollande a observé : "Autant il nous faut limiter l'immigration, autant il ne faut pas décourager un investisseur, un chef d'entreprise russe, et je dirais même aussi un artiste, une personnalité, de venir enFrance." "Nous laissons bien toutes les personnalités venir en Russie", a-t-il enchaîné dans une claire allusion à Gérard Depardieu, déclenchant les rires de l'assistance composée d'hommes d'affaires français.
Un peu plus tard, interrogé par des chaînes de télévision françaises qui lui demandaient s'il allait évoquer le cas Depardieu avec le président russe qu'il devait rencontrer à la mi-journée dans le cadre de sa visite de 24 heures à Moscou, le chef de l'État français a répondu : "Avec le président Poutine, il y a une chose qui est certaine, c'est que nous parlerons de tout."

Gérard Depardieu, 64 ans, s'était vu offrir en janvier la nationalité russe par Vladimir Poutine en personne, après une polémique avec le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, qui avait qualifié de "minable" la décision de l'acteur de rechercher un exil fiscal en Belgique. Lundi, le comédien a annoncé vouloir tourner un film sur la Tchétchénie, après avoir festoyé avec son "ami" Ramzan Kadyrov, président décrié de cette République instable du Caucase russe, provoquant l'indignation des défenseurs des droits de l'homme. Il s'était rendu samedi en Mordovie pour être officiellement enregistré comme résident de Saransk, le chef-lieu de cette région située à 650 kilomètres à l'est de la capitale russe.






Depardieu sur Hollande : "Pas assez voyou, plutôt fils à papa"

L'acteur s'était confié dans un entretien accordé en novembre dernier à France Culture, paru jeudi dans "France Culture Papier", avant l'affaire de son exil fiscal. 
L'acteur Gérard Depardieu explique qu'il "n'accroche pas" avecFrançois Hollande, mais estime que Manuel Valls est un "très bon" ministre de l'Intérieur, dans un entretien accordé en novembre dernier à France Culture, paru jeudi dans France Culture Papier. "J'ai dû le voir une fois ou deux. Je n'accroche pas, pas assez voyou, plutôt fils à papa", dit l'acteur au sujet du président français dans cet entretien.

Lors de cet entretien qui s'est donc tenu avant que n'éclate fin 2012 l'affaire de son exil fiscal en Belgique et de son adoption de la nationalité russe, Depardieu décerne en revanche un satisfecit à Manuel Valls : "Nicolas Sarkozy était un très bon ministre de l'Intérieur, de même que Manuel Valls", dit-il.
L'acteur affirme qu'il parle russe : "Je suis obligé de l'apprendre, j'ai beaucoup d'amis russes. Poutine, par exemple. Tous les intellos m'en veulent, ils pensent que c'est un tueur. Mes mauvaises fréquentations, on les connaît." "Il faut un type comme Poutine à la tête de l'État russe, avec un tempérament russe. Il faut une montagne pour arrêter le vent", dit-il, estimant que "Poutine essaie de rendre un peu de dignité aux gens".

Une droite en chantier

Une droite en chantier



Neuf mois après la victoire, la gauche peine à s'adapter à une réalité qu'elle a sous-estimée. La droite est aussi peu convaincante dans sa manière de s'opposer et de proposer. François Fillon vise déjà 2017, signe qu'il mesure la longueur du chemin à parcourir.

Autant la question du leadership ne se pose plus, pour l'instant, à gauche, autant elle dévore les énergies de la droite. Jean-François Copé estime que la présidence de l'UMP demeure le meilleur tremplin pour 2017. Considérant la place incertaine, François Fillon préfère s'émanciper du parti et tenir ses rivaux en respect, Nathalie Kosciusko-Morizet, par exemple. Nicolas Sarkozy, mi-amusé mi-agacé, parie que ces rivalités jouent en sa faveur...
Autant le PS d'Harlem Désir n'est pas un modèle de créativité, autant l'UMP est un instrument financièrement affaibli et trop recroquevillé sur la com'. En créant son club « Force républicaine », le pendant de « Génération France » de Jean-François Copé, l'ancien Premier ministre confirme que son parti est débranché de la société.
Autant la majorité peine à mettre sa politique en perspective, autant l'opposition ne parvient pas à capitaliser au-delà de la critique bruyante des mardis après-midi à l'Assemblée.
Pour une raison simple : même déçus par la gauche, les Français comprennent mal pourquoi la droite n'a pas mis en oeuvre, hier, les panacées qu'elle propose aujourd'hui. Ils voient bien que l'opposition doit d'abord analyser les raisons, de forme et de fond, qui lui ont fait perdre toutes les élections depuis cinq ans.
Trois ans pour reconstruire
Sans cette clarification, pas facile de suspecter la gauche de vouloir fiscaliser les allocations familiales alors que Bruno Le Maire l'avait inscrit dans le projet de Nicolas Sarkozy. Pas simple de reprocher à Vincent Peillon de vouloir raccourcir les vacances d'été lorsque Nathalie Kosciusko-Morizet en fait une urgence. Peu convaincant d'employer le chômage comme argument politique quand l'économie supprimait déjà mille emplois par jour sous Sarkozy, en dépit d'un recours maximum aux emplois aidés. Peu probant de stigmatiser les hausses d'impôts quand on les a aussi augmentés dans des proportions voisines.
Autant la majorité peine à expliquer sa cohérence, autant la droite aura du mal à combattre la nouvelle réforme des retraites, dont le coup d'envoi a été donné hier par Jean-Marc Ayrault, qu'elle appelle de ses voeux. À part ironiser sur une gauche qui se renie, l'opposition ne pourra pas nier les limites de sa loi de 2010. Même sur le mariage gay, on l'imagine mal défaire ¯ jusqu'à « démarier » des couples ? ¯ un texte bientôt voté.
Autant la majorité est affaiblie par ses faux amis de gauche, autant l'opposition est piégée par ses vrais concurrents de droite. Hostile aux tentatives de transgresser l'ordre républicain, François Fillon imagine mal un rapprochement allant d'un centre en reconstruction à une extrême droite soudain respectable. Même si la base de l'UMP n'exclut pas ces alliances, les municipales ne seront pas une revanche facile.
Que l'on considère les hommes, le parti, le projet ou la stratégie, l'opposition est un vaste chantier. Elle a trois ans pour se reconstruire. C'est loin, la présidentielle, et on y est déjà un peu.

L’avertissement italien : la technostructure européenne tuera-t-elle l’Union plus certainement que ne le feront jamais les euro-sceptiques ?


Les élections italiennes ont été marquées par la défaite cinglante de Mario Monti, ancien commissaire européen et président du conseil à la tête d’un gouvernement technique, et le triomphe du populiste Beppe Grillo.

Les élections italiennes ont été marquées par la défaite cinglante de Mario Monti, ancien commissaire européen et président du conseil à la tête d’un gouvernement technique. Cette défaite peut-elle être considérée comme un avertissement à l’égard d’une Europe jugé trop technocratique ?

David Valence : Il ne faut pas confondre les effets d'un vote et ses causes. Certes, l'absence de majorité stable au Sénat et la marginalisation de Mario Monti risquent de déstabiliser l'Europe, et déplaisent aux marchés. Mais il ne faut pas perdre de vue qu'il s'agit d'élections italiennes, qui se jouent aussi sur des enjeux nationaux, et se situent dans une histoire bien précise, celle de la démocratie italienne.
A cet égard, on pouvait, avant le vote, se poser deux questions : l'expérience de Mario Monti à la tête du gouvernement italien allait-elle casser la tendance à la bipolarisation que manifestait le système politique italien depuis le début des années 1990? Et allait-on dès lors voir surgir une nouvelle Démocratie chrétienne, un parti central, puissant, qui déjoue la loi de l'alternance? A ces deux questions, la réponse est aujourd'hui négative. On a parlé du discrédit des partis de gouvernement à propos du vote des 24 et 25 février derniers. La coalition de droite et la coalition de gauche rassemblent, ensemble, près de 60% des voix. C'est peu, mais faut-il rappeler qu'en 2002, en France, un président de la République (Jacques Chirac) et un premier ministre sortants (Lionel Jospin) représentaient à peine 36% des voix? Dans ce cas, oui, on pouvait parler de rejet très violent des hommes au pouvoir et d'épuisement de la bipolarité. Ce n'est aussi flagrant en Italie, aujourd'hui.
Pour parler vrai, je ne crois pas que les électeurs se soient jouées sur le rejet ou le soutien à l'Europe des Italiens, qui restent un des peuples les plus europhiles. Je ne crois pas non plus que Berlusconi ait refait son retard dans les sondages uniquement grâce à ses attaques contre l'Europe. C'est le ressort de l'antifiscalisme, très profond en Italie, qui a joué en sa faveur, lorsqu'il a fait du remboursement de la taxe foncière le leitmotiv de sa campagne.
Il n'y a pas eu de rejet de Mario Monti. Simplement, il n'y a pas eu non plus d'adhésion à son "centrisme". Car le centre est un point, ce n'est pas vraiment une famille politique, et Monti n'a pas fait campagne en homme politique qui "mouille la chemise". Les électeurs de Beppe Grillo, par exemple, ont autant voté contre la corruption symbolisée par Berlusconi que contre l'austérité incarnée par Monti. Pour résumer, on peut donc tirer trois enseignements de ces élections : la vie politique italienne reste structurée par l'affrontement gauche/droite ; les rêves de recréation d'un grand parti centriste sont morts et enterrés ; enfin, le populisme porté par la Ligue du Nord pendant longtemps a pris, en Italie, une nouvelle forme : celle du Mouvement 5 étoiles de Beppe Grillo.
Jean-Luc Sauron :  A mon sens, il s’agit moins d’un rejet d’un Europe trop technocratique que de celui d’une Europe coupée de ses populations. Rappelons-nous la célèbre formule de « l’adresse de Gettysburg » d’Abraham Lincoln où ce dernier affirmait qu’il appartenait aux Américains « de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre ». Comme dans le cas grec (Gouvernement Papadimos, un technicien soit disant imposé par Bruxelles et dont le nom signifie « amer »), Mario Monti a semblé être parrainé par Bruxelles (et les autres gouvernements européens d’alors). C’est moins son caractère technocratique (son gouvernement fut soutenu par le parlement italien pendant plus d’un an pour Monti, même chose pour un temps plus bref pour Papadimos) que l’impression d’être dépossédé du choix du gouvernement que les peuples grec et italien ont condamné.Mais cette impression de substitution de légitimité (origine européenne plutôt que nationale des gouvernements) n’a été rendu possible que suite à la faillite des systèmes nationaux de gouvernance.

Est-il exact de considérer, comme semblent le faire les peuples, que les technocrates ont pris le dessus sur les politiques ? Comment en sommes-nous arrivés là ?

Pierre-Henri d'Argenson : L’utopie qui sous-tend la construction européenne est justement le dépassement de l’ordre politique au profit d’un despotisme éclairé de la règle de droit. C’est ainsi que les traités européens successifs ont peu à peu codifié une part croissante des activités humaines, pour ne laisser à la délibération démocratique que des accessoires symboliques. Pour comprendre cela, il faut se replacer dans le contexte de l’après-guerre, qui a vu émerger une élite convaincue de la nocivité des nations, et, sans oser le dire, de la démocratie elle-même, suite à l’expérience hitlérienne. Les « politiques » ont donc beau jeu de dénoncer les « technocrates », ce sont bien eux qui depuis cinquante ans ont créé en toute conscience les conditions d’un transfert de la souveraineté politique nationale vers l’autorité technocratique européenne.
David Valence : L'expérience Monti était une anomalie politique. Il faut se le rappeler ! Aucun grand pays européen ne peut durablement être gouverné par une équipe de "techniciens", comme s'il n'y avait qu'une seule politique à mener, sans nécessité d'avoir un débat démocratique pour la définir. Le mandat de Mario Monti lui avait été confié par les parlementaires italiens, sous la pression des Européens, pas par les électeurs. C'était, je le répète, une anomalie démocratique. Elle a pris fin, il n'y a rien là de surprenant.
Les Italiens sont plus conscients qu'on le croit de la nécessité d'assainir leur économie et de se désendetter. Simplement, ils ne pouvaient approuver une voie politique qui se résumait à des appels à la raison, à la discipline, comme si l'affect n'entrait pas en compte en politique, comme s'il y avait d'un côté "ceux qui savent" et de l'autre, "ceux qui ne savent pas". A chaque fois qu'on fait l'économie de la démocratie, les citoyens se vengent, consciemment ou pas. Ils n'ont pas rejeté la politique de Mario Monti, ils ont simplement exprimé leur envie de choisir le destin de leur pays. Et sanctionné ceux qui se présentaient aux élections en disant "vous n'avez pas le choix". Quand on fait cela, face à des citoyens de plus en plus informés et de plus en plus autonomes dans leur jugement, on perd à tous les coups.
Au surplus, ce discours sur la montée de la technocratie face aux responsables politiques n'est pas neuf. On le tenait déjà dans la France des années 1950, quand certains hauts fonctionnaires comme Paul Delouvrier, François Bloch-Lainé ou Claude Gruson donnaient le sentiment de gouverner la France plus qu'Antoine Pinay, que René Mayer ou qu'Edgar Faure. A l'époque déjà, on disait que la démocratie pouvait se passer d'élus qui disposent de vrais pouvoirs, et qu'il suffisait à ces derniers de le déléguer à des "experts éclairés". Le recours à la technocratie pour gouverner, comme ce fut le cas avec Monti, est un symptôme de l'épuisement démocratique, pas sa solution. 
Même dans une Europe contrainte par les règles qu'elle s'est donnée à elle-même, les gouvernants gardent des moyens d'influer sur la vie économique d'un pays, en profondeur, et pas seulement en suivant les seules consignes des marchés financiers. Ils doivent le faire sentir pour gagner, sans exagérer leur capacité de décision, mais en en donnant la mesure. On ne gagne pas une élection autrement.
Jean-Luc Sauron : Les peuples grec et italien n’ont pas rejeté des technocrates, mais des politiques d’austérité dues à une brutale remise en œuvre des comptes publics. Les technocrates n’ont pas pris le dessus sur les politiques. Toutes les mesures prises par les Etats membres à l’initiative de la Commission européenne ont été en réalité débattues par ces mêmes Etats au sein du Conseil des ministres Ecofin ou au sein du Conseil européen.Ce sont bien les chefs d’Etat et de gouvernement qui valident les décisions qui s’appliquent dans les Etats. L’Union européenne n’a que les pouvoirs que veulent bien leur donner les gouvernements nationaux. Ce qui est dramatique c’est la lâcheté de certains gouvernements européens qui mettent sur le compte de « Bruxelles » ou « des marchés » des décisions sur lesquelles ils ne trouvent rien à redire. Il s’agit d’un comportement enfantin consistant à se défausser sur les autres (Bruxelles notamment) de mesures impopulaires et difficiles à assumer. Dans le cas contraire, il suffirait de s’y opposer publiquement lors d’un Conseil européen ou d’un Eurogroupe et de demander de changer clairement de politique. Pour l’instant, aucun Etat européen n’a remis en cause la politique de remise en ordre des comptes publics en Europe.
William Genieys : Il faut faire attention avec les mots. Primo, les technocrates ont toujours eu la main sur les politiques publiques, et cela depuis les années 1930. La planification et les Trente glorieuses ont accentué le phénomène. Durant cette période là, d'extrême richesse si on prend le cas de la France, les élites politiques, c'est à dire ministres, les parlementaires, ont donné l'impression de "tracer la ligne" et les technocrates d'exécuter la mise en œuvre des réformes politiques.
Aujourd'hui, et cela depuis la fin des années quatre-vingt on a l'impression que les rôles sont inversés, ce qui est bien entendu faux. Pourquoi cela, tout d'abord parce qu'une partie des élites politiques des partis de gouvernement (gauche et droite confondue) ont privilégié, à tort, le choix de satisfaire leur électorat, plutôt que d'affronter l'impopularité de la politique des problèmes nécessitant des reformes structurelles dont le peuple et les citoyens ne veulent pas. A côté de cela, les partis radicaux ont fait de la surenchère populiste en soulignant l'impuissance de la "classe politique de gouvernement" et l'affirmation du pouvoir des technocrates, européens mais également nationaux voire régionaux. Le problème est double : d'une part, la faillite partielle des élites politiques dans leur rôle de "traducteur" des politiques auprès de leur public, les citoyens électeurs, d'autre part, le populisme des partis "anti-système" qui n'ont pas d'autres horizons que la revente en ligne et à bas coût de la thématique du grand soir.
Les technocrates sont-ils aujourd'hui le plus grand danger qui menace l'Europe ? Quel type de risques concrets lui font-ils courir ? En ont-ils d'ailleurs seulement conscience ?
Pierre-Henri d'Argenson : On peut schématiquement distinguer deux types d’attitudes vis-à-vis de l’Europe : celle des « européistes », qui sont dans l’idéologie, et qui essaient de convaincre les peuples que les problèmes de l’Europe viennent du caractère inabouti de l’intégration européenne et de la persistance de « scories » des souverainetés nationales. Pour eux, il faut faire le grand saut fédéral qui remettrait tous les pouvoir entre les mains d’une élite européenne installée à Bruxelles comme les dieux sur l’Olympe, et qui, éclairés par le Savoir et la Technique, feraient instantanément advenir un ordre heureux réglé par le Droit et l’Expertise.
En face, il y a ceux, dont je fais partie, qui pensent que l’Europe doit aujourd’hui revenir à une logique intergouvernementale, parce que les intérêts et les besoins de chaque Etat membre restent divergents, et que la nation, qu’on le veuille ou non, reste le cadre fondamental du destin et de l’identité des peuples européens. A vouloir uniformiser l’Europe au forceps, on risque de braquer les peuples et perdre en quelques années ce que la construction européenne avait permis d’obtenir : que les dirigeants européens prennent spontanément l’habitude de s’assoir à la même table pour régler les problèmes communs. Maintenant que cette maturité européenne est atteinte, il faut sortir de l’idéologie communautaire et recentrer les institutions européennes sur un modèle politique et interétatique, quitte à renationaliser certains pans des politiques européennes.
David Valence : Il faudrait d'abord s'entendre sur le sens du mot "technocrate"...Aujourd'hui, les techniciens de la finance ont bien plus d'influence sans doute que les "technocrates" à l'ancienne, qui invoquaient, à l'appui des politiques qu'ils défendaient, l'intérêt général. Il n'est guère qu'en France qu'une technocratie de ce type, très étatisée, très attachée à ses privilèges, soit encore vraiment puissante. Quant à la fameuse technocratie européenne, là encore, il faut s'entendre! La Commission européenne, qui en était l'incarnation, a beaucoup perdu de son pouvoir ces dernières années. Celui-ci s'est déplacé vers le Conseil, vers le Parlement européens... et vers la Banque centrale européenne. En réalité, l'usage du mot "technocratie" est, là encore, un symptôme. Un symptôme du défaut de pédagogie dont font preuve des responsables politiques que la nouvelle exigence des citoyens déroute : en parlant de "technocratie", ceux-ci mettent un nom sur le sentiment très simple qu'ils éprouvent qu'on "ne leur dit pas tout" et qu'on les traite en grands enfants.
En revanche, dans la bouche des responsables politiques, invoquer la "technocratie" permet souvent de se défausser sur d'autres de décisions qu'on a prises. Car les politiques de rigueur ont bien été décidées par les responsables politiques européens, par des fonctionnaires bruxellois! Ce qui menace l'Europe, c'est surtout l'irresponsabilité de dirigeants qui, une fois revenus dans leurs capitales, ne défendent pas les compromis décidés à Bruxelles comme ils devraient le faire... Berlusconi agissait ainsi jusqu'en 2011, jusqu'à ce que les autres gouvernements européens le poussent à la démission. Mais il aurait été préférable, pour l'Italie, qu'un vrai responsable politique lui succède, pas un homme très estimable, mais dont tout la personnalité et l'itinéraire accréditaient cette idée d'une dépossession démocratique dont, je le répète, les dirigeants sont pour beaucoup responsables eux-mêmes! 
Jean-Luc Sauron : Ce qui menace vraiment l’Europe, c’est l’absence de projet d’avenir aussi bien à Bruxelles que dans les capitales européennes. Il n’y a pas de programme ou de calendrier. Certes, l’austérité est nécessaire. Il s’agit d’une question de responsabilité de la part de la génération aux commandes. Il n’est pas sérieux de laisser une pareille accumulation de dettes. La solution d’une banque centrale européenne prêteuse de dernier ressort comme aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne conduirait à laisser nos enfants payer la note de notre manque de courage.Je crois en une économie durable : elle sera possible avec des comptes remis « au propre ». La véritable écologie politique consiste à donner à nos enfants le choix du monde dans lequel ils voudront vivre. L’austérité est nécessaire, mais pour combien de temps : il faut dire la durée de l’effort.
Cet effort doit être équitablement partagé entre les Etats membres de l’UE et au sein de chaque Etat européen entre ses différentes classes sociales. Une Europe juste sera une Europe capable de mener et d’accepter les efforts nécessaires. Une évidence n’est pas acceptée par les Européens : nous sommes tous solidaires et comptables des erreurs des autres. Nous ne pouvons pas dépenser impunément notre argent public sans que cela perturbe l’équilibre global. A crise systémique, il faut une réponse qui, au-delà des Etats, remette sur pied le système européen construit autour des Etats et de l’Union européenne.
William Genieys : Certainement pas, "les technocrates" font vivre l'Europe au propre comme au figuré. Ils proposent des alternatives entre certains choix de politiques qui font que progressivement le système politique européen se développe, intègre tout en respectant les particularismes nationaux de certains pays. Ils ne font courir aucun risque à l'Europe, c'est tout le contraire. Une enquête récente menée par deux politologues Ellinas & Suleiman (2012) sur les technocrates européens montrent comment ces individus se comportent comme de véritables gardiens de l'Europe.

Comment inverser cette tendance ? Faudra-t-il entrer en résistance ?

Pierre-Henri d'Argenson : Prenons un exemple : la politique commerciale de l’Union européenne. En appelant à promouvoir le « made in France » et la réindustrialisation de notre pays, Arnaud Montebourg ne fait que poursuivre ce qui avait été initié par Nicolas Sarkozy. Mais il s’est pour le moment heurté à une brutale fin de non-recevoir à Bruxelles, qui le met dans une impasse, puisque la politique libre-échangiste de la Commission est profondément hostile à la notion même de territorialisation de la richesse. Pour être cohérent, nous n’avons pas le choix : ou bien nous acceptons de continuer le transfert de notre système productif vers les pays de production à bas coût, ou nous osons faire ce que le général De Gaulle a fait en 1965, à savoir une politique de la chaise vide, cette fois-ci en matière de politique commerciale européenne. De toute façon, je n’ai absolument aucun doute que nous y serons un jour contraints, sous la pression du chômage et de la désindustrialisation.
David Valence : Il faut surtout réinventer la démocratie, et en finir avec les discours d'irresponsabilité qui légitiment tous les populismes. Le président français, la chancelière allemande, le premier ministre anglais, le premier ministre polonais, ... peuvent encore beaucoup, dans leur pays et en Europe. Mais il est souvent devenu plus confortable pour eux de se défausser sur un "ailleurs", un "autre" haïssable et mystérieux, des décisions douloureuses que leur seul patriotisme devrait leur conseiller. Avez-vous jamais entendu François Hollande défendre "en bloc" un accord européen face à son opinion publique? Non, vous l'entendez plus souvent faire comprendre qu'il n'y est pour rien. Comme c'est triste ! En Allemagne, en Grande-Bretagne, les gouvernants ne passent pas leur temps à expliquer ce dont ils ne sont pas responsables. Ils expliquent plutôt ce dont ils sont responsables et ce qu'ils font. A l'inverse, la langueur démocratique qui frappe des pays obsédés par leur propre déclin, comme la France et l'Italie, se caractérise surtout par les discours d'irresponsabilité qu'y tiennent les responsables politiques.
Prenons un exemple : la politique commerciale de l’Union européenne. En appelant à promouvoir le « made in France » et la réindustrialisation de notre pays, Arnaud Montebourg ne fait que poursuivre ce qui avait été initié par Nicolas Sarkozy. Mais il s’est pour le moment heurté à une brutale fin de non-recevoir à Bruxelles, qui le met dans une impasse, puisque la politique libre-échangiste de la Commission est profondément hostile à la notion même de territorialisation de la richesse. Pour être cohérent, nous n’avons pas le choix : ou bien nous acceptons de continuer le transfert de notre système productif vers les pays de production à bas coût, ou nous osons faire ce que le général De Gaulle a fait en 1965, à savoir une politique de la chaise vide, cette fois-ci en matière de politique commerciale européenne. De toute façon, je n’ai absolument aucun doute que nous y serons un jour contraints, sous la pression du chômage et de la désindustrialisation.
Ce diagnostic avait été fait par Nicolas Sarkozy. Mais ce dernier, à vouloir tout assumer, a répondu à l'irresponsabilité par la sur-responsabilité. Là encore, c'était prendre peut-être les citoyens pour plus naïfs qu'ils ne le sont.    

Les résultats des élections en Italie ont également été marqués par la montée des populismes : le retour en force de Silvio Berlusconi et surtout le succès de Beppe Grillo qui a obtenu environs 25% des suffrages exprimés aussi bien au Sénat qu’à la Chambre des députés. Ce résultat, bien qu’il plonge l’Italie dans une situation difficile, peut-il être à l’origine d’un sursaut démocratique en rebattant les cartes du jeu électoral ?

David Valence : Il faut le souhaiter ! Mais en l'espèce, l'hypothèse la plus probable est plutôt que le mouvement de Beppe Grillo éclate assez vite, car sa cohérence politique est faible et les pressions qui s'exerceront sur ses membres seront fortes. On risque d'assister à un marchandage sans gloire entre eux et la coalition de gauche, dont l'enjeu sera la majorité au Sénat. 
Jean-Luc Sauron : La crise italienne doit être l’occasion pour les Italiens de reconstruire leur vie démocratique et, pour commencer, de mettre en place un système électoral moins pervers. Il a été conçu pour empêcher le retour d’une autre majorité que celle au pouvoir lorsqu’il a été adopté. En ce sens, il a parfaitement rempli son rôle. En réalité, c’est tout le système représentatif national et européen qui est à reconstruire. Dans une économie mondialisée où les souverainetés doivent être partagées pour être réellement exercées, il convient de remettre sur l’ouvrage, Etat par Etat, les modalités d’expressions et de contrôle démocratique. Ce sera la première étape de construction d’une Europe politique rendue nécessaire par l’existence d’un monde multipolaire organisé autour d’Etats-continents (Etats-Unis, Chine, Brésil, Inde, Russie). Il n’est pas simple de monter les premiers étages d’une démocratie européenne comprenant 502 millions d’habitants. Les élections au Parlement européen en mai 2014 seront le premier test de cette démocratie continentale. Encore faudrait-il informer les électeurs européens pour leur dire que le parti politique européen qui gagnera les élections choisira le futur président de la Commission européenne. Il ne sera pas sans conséquence d’avoir un président de la Commission issu des partis socialistes ou sociaux-démocrates ou au contraire des partis conservateurs. L’Europe comme les Etats vont connaître une gouvernance politique clivée (gauche/droite) à compter de 2014. Et du fait du système mis en place, la couleur du président de la Commission européenne sera sans doute celle aussi du président du Parlement européen. De quoi peut-être changer la donne politique suivie depuis 2009 et la crise de la zone euro.
Nos concitoyens sont placés devant une alternative claire : choisir leurs dirigeants politiques nationaux et européens sur des programmes articulés les uns sur les autres ou s’enfoncer dans l’illusion que chaque pré-carré national est encore capable de peser face à des Etats tels que la Chine, la Russie ou les Etats-Unis...
William Genieys : Je ne connais pas suffisamment la vie politique italienne contemporaine pour me permettre de juger sur le fond ce qui se passe.
Je note simplement que les populismes s'y expriment particulièrement bien en raison des nombreuses crises politiques qui se sont succédées depuis la fin des années 88 (tangentopoli etc). Dans ce pays, la classe politique ne s'est jamais réellement réformée et a structurellement utilisé les ressources de l'Etat quand elles étaient extraites dans une logique de redistribution clientélaire. Elle rejette les professore, qui comme Monti endossent les habits du technocrate. Il est dommage sur ce point que les intellectuels et les citoyens entretiennent une certaine amnésie, car le fondateur de la science politique italienne et de la théorie des élites Gaétano Mosca en a appelé dès la fin du 19ème siècle au gouvernement des technocrates pour sortir l'Italie de sa situation.

L’élection présidentielle française de 2012 a également été marquée par la montée en puissance des partis radicaux. La France peut-elle se retrouver dans une situation comparable à celle de l’Italie ?

David Valence : Ce n'est pas tout-à-fait exact. L'extrême-gauche n'a pas progressé en France entre 2002 et 2012, seule l'extrême-droite a gagné des voix. La situation de la France est à la fois plus et moins inquiétante que celle de l'Italie. Elle est plus inquiétante, car le principal parti protestataire y très installé dans le paysage politique depuis 30 ans maintenant : le Front national est bien plus solide que le Mouvement cinq étoiles, et plus cohérent idéologiquement, sur une ligne désormais protectionniste-étatiste-europhobe. Alors que Beppe Grillo sera sans doute emporté dans les méandres du Parlement italien comme un fétu de paille, Marine Le Pen compte bien, elle, être encore présente dans le paysage politique français. Et je ne vois pas bien ce qui pourrait l'en empêcher. La situation française est pourtant moins inquiétante, car le système politique y est plus solide, et l'influence de l'extrême-droite y est limitée par le scrutin présidentiel à deux tours.