vendredi 3 janvier 2014
La marche arrière
La marche arrière
Et si notre sacro-sainte « bagnole » avait définitivement perdu son pouvoir d'attraction ? Une chose est sûre, le marché automobile français a enclenché en 2013 sa plus sévère marche arrière depuis plus de 15 ans, avec une baisse des immatriculations de voitures neuves de 5,7 %. Et cela malgré l'embellie de 9,4 % du mois de décembre, peut-être liée à la perspective d'un durcissement du malus ou à l'augmentation de la TVA. N'empêche que depuis 2009, et la progression des ventes de voitures neuves de 11 % due à la prime à la casse, les baisses sont constantes pour nos constructeurs nationaux : -3 % en 2010, -2 % en 2011 et -14 % en 2012.
Il faut évidemment voir dans cette trajectoire les effets de la crise. Les contraintes budgétaires des ménages ont freiné le renouvellement du parc automobile. L'âge moyen d'un acheteur de véhicule neuf a progressé d'un an en cinq ans (à 52,5 ans). Les difficultés économiques ont poussé les moins de 30 ans soit à renoncer à la voiture, soit à se tourner vers le marché de l'occasion. Et la durée de détention moyenne du véhicule a aussi augmenté.
Le montant des dépenses liées à son utilisation (péage, carburant, entretien, stationnement) et une « autophobie » ambiante (contrôles radar, nouvelles limitations, pollution) sont en train de modifier notre rapport à l'automobile. Elle est passée du symbole clinquant de la réussite sociale à une vocation purement utilitaire qui explique les tendances actuelles au « low cost » ou à l'autopartage. On y ajoutera le recours aux mandataires ou à l'internet qui fragilise les concessionnaires.
Il n'y a pas que des inconvénients à cette évolution des mentalités. Elle traduit une relation moins irrationnelle et plus responsable avec la voiture. En témoigne la réduction du nombre de tués sur les routes. Mais il y a un revers à tout cela. Comme l'ensemble de l'activité industrielle française, tristement en recul par rapport à l'ensemble de la zone euro, notre secteur automobile est confronté au besoin d'innovation et de compétitivité. Bref, à un changement de modèle.
Tennis féminin : pin-up ou athlètes ?
Les lolitas de la balle jaune attirent moins le public que les hommes, mais engrangent plus d’argent. Un business qui repose sur une franche part d’hypocrisie.
C’est une expérience que chacun peut tenter : entrez dans une bou
tique Lacoste et cherchez-y une robe de tennis. Le portant, quand il y en a un, mesure au mieux 70 centimètres, perdu au fond du magasin. Pas plus de jupettes dans la vaste boutique Nike des Champs-Elysées, à Paris, alors que la marque à la virgule habille les trois meilleures joueuses du monde (Serena Williams, Maria Sharapova, Victoria Azarenka). Et c’est la même chose côté raquettes : Go Sport ou Décathlon proposera la Wilson de Federer, la Babolat de Nadal, la Head de Djokovic, voire la Kennex du Suisse Stanislas Wawrinka… mais jamais l’instrument d’une de ces dames. Car bien que 30% des joueurs licenciés à la Fédération française de tennis soient des femmes, le marché du tennis féminin reste très étroit. En outre, une jeune fille choisira plus facilement pour idole un Andy Murray qu’une Agnieszka Radwanska, quatrième joueuse mondiale au classement WTA…Or les joueuses professionnelles n’ont jamais gagné autant...
La dette, le plus lourd des boulets pour les pays occidentaux
La dette publique atteint partout des seuils impressionnants. Mais c'est probablement à l'Europe qu'elle coûte le plus cher.
Zone euro
Si les coûts d'emprunt sont redevenus abordables pour la plupart des pays de la zone euro - à part pour la Grèce, où ils flirtent toujours avec les 10 % -, la part de l'endettement public par rapport aux revenus a encore augmenté partout dans la zone euro en 2013 sous l'effet de la récession - sauf en Allemagne, où il s'est un peu résorbé. Cet endettement qui représente pour la zone euro 95,5 % de la valeur de son PIBs'alourdira encore, à 95,9 % du PIB, l'an prochain, selon les estimations de la Commission européenne. Ce poids de la dette, note Patrick Artus, constitue un frein d'autant plus important à une franche reprise de la zone euro que le très net ralentissement de l'inflation au cours des derniers mois accroît relativement les taux d'intérêt réels. Ce qui fait craindre, selon lui, un retour de la crise des dettes souveraines dans la zone euro.
Japon
Tokyo, pour sa part, doit refinancer une dette sans équivalent au monde, représentant 245 % du PIB ! Certes, en raison de la confiance accordée par les épargnants nippons, qui constituent la grande majorité des détenteurs de créances sur Tokyo, le pays se finance à des taux négatifs, compte tenu d'une inflation certes timide, mais qui a enfin succédé à une longue période de baisse des prix. En octobre, en excluant les effets des importations d'hydrocarbures, la hausse des prix a atteint… 0,3 %, un record depuis quinze ans ! Il n'en demeure pas moins que Tokyo doit trouver des ressources nouvelles pour ne pas aggraver cet endettement spectaculaire d'un pays vieillissant (la population a diminué de 250.000 personnes l'an dernier, un chiffre sans précédent). Et ce d'autant plus que le énième plan de relance annoncé en décembre par le Premier ministre, Shinzo Abe, dont le fameux Abenomics ressemble en fait de plus en plus à du keynésianisme pur jus, va coûter 40 milliards d'euros. Afin d'éviter une dérive des comptes, le chef du gouvernement s'est engagé à appliquer au 1er avril prochain la hausse de la TVA de 3 points, de 5 % à 8 %, préparée par son prédécesseur. Seul inconvénient : la plupart des analystes s'attendent à ce que cela casse complètement la dynamique de consommation.
Etats-Unis
Le contexte budgétaire s'est beaucoup éclairci à Washington. Après avoir paralysé l'Etat en octobre, le Congrès a négocié un accord permettant de le financer pour les deux ans qui viennent. Mieux encore : il a réduit la dose d'austérité programmée cette année. Les efforts de rigueur seront trois fois moindres qu'en 2013. Et, contrairement à beaucoup de pays d'Europe, il n'y aura pas de hausses d'impôt. Le pays n'en a pas réellement besoin : il a engagé l'assainissement de ses finances publiques de manière spectaculaire. Le déficit de l'Etat s'est résorbé de 38 % l'an dernier ! Il ne représente plus que 4,1 % du PIB. Les dépenses sont en baisse, grâce aux coupes dans les dépenses sociales - les allocations chômage notamment. A long terme, les Etats-Unis ne sont pas à l'abri d'une crise de la dette : celle-ci atteint 110 % du PIB et pourrait exploser avec le vieillissement de la population, qui implique plus de dépenses sociales.
Le diable est dans la contrepartie
Le diable est dans la contrepartie
C’est un domaine dans lequel François Hollande excelle : le deal, la contrepartie, la promesse sous condition, l’engagement donnant-donnant. C’est ainsi qu’il a géré le Parti socialiste pendant une décennie, et c’est ainsi qu’il a bâti son actuelle majorité. Ce savoir-faire offre un indéniable avantage : il permet à François Hollande de durer, en promettant successivement aux uns et aux autres, en navigant entre les contraires, en jonglant entre les sensibilités. Mais cette méthode présente aussi beaucoup d’inconvénients : il n’est que de voir le délabrement dans lequel il avait laissé le PS, ou encore le niveau de doute qui s’est installé depuis dix-huit mois au sein de la gauche. Pour ne pas parler de l’état du pays.
C’est pourquoi il faut prendre avec prudence le deal soudain proposé par le chef de l’Etat aux entreprises, ce « Pacte de responsabilité » liant la baisse des charges et des contraintes à une relance des embauches et du dialogue social. D’ailleurs, qui croire ? Le François Hollande qui donne le sentiment dans ses vœux de se convertir à une sorte de réalisme social-libéral, ou celui qui, dans le même discours, continue à affirmer : « J’ai confiance dans les choix que j’ai faits pour le pays », signifiant ainsi qu’il n’a pas l’intention d’en changer ?
Certes, le Medef a eu raison de prendre la balle au bond et de promettre de « participer et s’impliquer activement » dans le processus du « Pacte » : il avait tout à perdre à ne pas tenter le coup. Mais dans un pays où les entreprises ont la rentabilité la plus faible depuis 30 ans, les charges et les contraintes les plus pesantes jamais subies, on aurait aimé qu’au lieu de parler de contrepartie nouvelle, le président de la République dise simplement : « il faut réduire les charges et les contraintes pour que les entreprises puissent embaucher ».
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