C’est un domaine dans lequel François Hollande excelle : le deal, la contrepartie, la promesse sous condition, l’engagement donnant-donnant. C’est ainsi qu’il a géré le Parti socialiste pendant une décennie, et c’est ainsi qu’il a bâti son actuelle majorité. Ce savoir-faire offre un indéniable avantage : il permet à François Hollande de durer, en promettant successivement aux uns et aux autres, en navigant entre les contraires, en jonglant entre les sensibilités. Mais cette méthode présente aussi beaucoup d’inconvénients : il n’est que de voir le délabrement dans lequel il avait laissé le PS, ou encore le niveau de doute qui s’est installé depuis dix-huit mois au sein de la gauche. Pour ne pas parler de l’état du pays.
C’est pourquoi il faut prendre avec prudence le deal soudain proposé par le chef de l’Etat aux entreprises, ce « Pacte de responsabilité » liant la baisse des charges et des contraintes à une relance des embauches et du dialogue social. D’ailleurs, qui croire ? Le François Hollande qui donne le sentiment dans ses vœux de se convertir à une sorte de réalisme social-libéral, ou celui qui, dans le même discours, continue à affirmer : « J’ai confiance dans les choix que j’ai faits pour le pays », signifiant ainsi qu’il n’a pas l’intention d’en changer ?
Certes, le Medef a eu raison de prendre la balle au bond et de promettre de « participer et s’impliquer activement » dans le processus du « Pacte » : il avait tout à perdre à ne pas tenter le coup. Mais dans un pays où les entreprises ont la rentabilité la plus faible depuis 30 ans, les charges et les contraintes les plus pesantes jamais subies, on aurait aimé qu’au lieu de parler de contrepartie nouvelle, le président de la République dise simplement : « il faut réduire les charges et les contraintes pour que les entreprises puissent embaucher ».