TOUT EST DIT

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jeudi 29 avril 2010

Crise de la dette : "L'Europe est menacée de déclassement"

Jean-François Jamet est économiste à la Fondation Robert-Schuman. Il enseigne l'économie politique de l'Union européenne (UE) à Sciences-Po. Selon lui, la crise qui frappe la Grèce et menace d'autres Etats européen est un test de crédibilité pour l'UE. Faute de s'attaquer rapidement au problème de sa dette, la France pourrait à son tour être en danger dans quelques années. A terme, c'est l'Europe tout entière qui est menacée de déclassement.
Après la Grèce (BB+), c'est au tour du Portugal (A-) et de l'Espagne (AA) de voir leur note abaissée. La situation dans ces trois pays est-elle comparable ?

Donner une note à la dette publique d'un pays revient à définir la probabilité que cet Etat fasse faillite. Les pays considérés comme sans risque sont notés entre A et AAA. C'est le cas de tous les pays de la zone euro en dehors de la Grèce. Sa note a atteint un niveau BB, qui correspond aux obligations "pourries", c'est-à-dire que son risque de faillite est jugé extrêmement élevé.

Les notes de l'Espagne et du Portugal ont été baissées mais restent dans les A : les agences de notation ne considèrent pas qu'il y a un risque élevé de faillite, mais que la situation des finances publiques se détériorent rapidement. La crainte est que ces pays, confrontés à une croissance faible dans les années qui viennent, voient leur dette publique augmenter substantiellement.

Quelles sont les conséquences pour ces Etats ?

A mesure que la note de la Grèce se dégrade, les taux d'intérêt demandés à l'Etat augmentent. Ils sont aujourd'hui autour de 15 % pour des emprunts à trois ans, ce qui est extrêmement élevé. Ces taux d'intérêt rendent la charge de la dette plus lourde, et précipite in fine le risque de faillite. La seule solution pour la Grèce est alors de recourir à des prêt d'autres Etats ou du FMI. La situation est loin d'être aussi dramatique pour l'Espagne ou le Portugal, mais les taux d'intérêt qu'ils doivent payer sur leur dette publique augmentent également.

Comment ces trois pays en sont-ils arrivés là ?

La Grèce, qui connaît depuis les années 90 une dette proche de 100 % du PIB, n'a pas fait les efforts pour faire baisser cette dette, et a menti sur l'Etat de ses finances. On s'aperçoit aujourd'hui que son déficit public est de 15 % par an, avec une croissance négative, et que la dette publique va exploser de façon exponentielle de 15 points par an environ. C'est une situation tragique.

Le cas de l'Espagne est tout à fait différent. Avant la crise, ce pays avait une dette publique faible, en dessous de 60 % du PIB, avec un excédent budgétaire. Le problème, c'est qu'elle a enregistré un fort recul de son PIB et une explosion des déficits avec la crise. La dette espagnole était en 2009 de 54 %, et les prévisions de la Commission européenne pour 2010 sont de 66 % et de 74 % en 2011. On est loin du niveau de la Grèce, et même de certains autres pays de la zone euro. La crainte des agences de notation est que le prix de cette dette soit très élevé pour l'Espagne, ce qui entraînerait une stagnation de l'économie pour les dix prochaines années.

Si la dette espagnole est inférieure à celles d'autres pays européens, pourquoi est-elle visée par les marchés ?

Une forme de panique s'est emparé des marchés. Si la Grèce peut faire faillite sans obtenir une aide rapide de l'Europe, que se passera-t-il si l'Espagne, qui ne représente non pas 2 % du PIB de la zone euro comme la Grèce, mais environ 10 %, entre en faillite ? En outre, les marchés sont très conscients de l'effet "boule de neige" : si la panique s'installait, les taux d'intérêts augmenteraient en Espagne et rendraient sa dette insoutenable. On voit là le rôle des agences de notation qu'on dit "pro-cyclique" : quand tout va bien, elles ont tendance à ne pas voir les risques, et quand tout va mal, elles ont tendance à les amplifier.

Un pays comme la France est-il menacé de contagion ?

La France avait une dette publique relativement faible, de l'ordre de 20 %, lorsque la croissance a commencé à ralentir au début des années 80. A la fin des années 80, elle était déjà autour de 35 % et à la fin des années 2000 elle atteignait en gros 60 %. Avec la crise, elle a fait un bond en avant : 77 % en 2009 (1 489 milliards d'euros), et on estime qu'elle atteindra 82 % en 2010. Ce que voient les observateurs, c'est que la dette publique ne cesse d'augmenter. Cette situation réclamerait une certaine forme de rigueur. Or ce n'est visiblement pas le chemin que prend le gouvernement. La France est d'autant moins crédible qu'elle n'a pas connu un seul excédent budgétaire depuis le début des années 80. Le problème, c'est que le déficit public français est aujourd'hui considérable, autour de 8 % du PIB. S'il reste à ce niveau encore quelques années, les marchés commenceront à s'inquiéter sérieusement et on pourrait se retrouver dans deux ou trois ans avec une crise de la dette en France. On n'en est pas encore là.

Est-il envisageable que les marchés s'attaquent à la cinquième économie mondiale ?

Pas à court terme. A moins qu'il y ait une propagation générale de la crise de la dette en Europe, ce qui supposerait qu'avant la France, d'autres pays soient touchés. Dans ce cas, l'ensemble des Etats européens verrait ses taux d'intérêt augmenter, et la France aurait encore plus de mal à réduire ses déficits. Ce qui se joue actuellement dans les Etats du sud de l'Europe, c'est justement la crédibilité de l'ensemble des Etats européens. Cette crédibilité repose sur deux aspects : réduire les déficits rapidement en sortie de crise et, en cas de risque de faillite, être capable d'une forme de solidarité européenne, dont la démonstration n'a pas encore été faite.

Pourquoi la zone euro est-elle l'espace économique le plus attaqué par les marchés ?

L'Europe n'est pas la zone géographique la plus touchée par la crise, car sa croissance était déjà faible. Mais c'est précisément son problème. Dans les pays à croissance forte, on peut se permettre des déficits, car la croissance de demain permettra de réduire la dette. Or l'Europe part d'une croissance structurelle faible. La question qui se pose est celle-ci : l'Europe sera-t-elle capable de résoudre le problème de la dette sans tomber dans une croissance atone avec les conséquences sociales que cela peut comporter ?

L'Europe est-elle menacée de déclassement ?

Oui. C'est une question qui se pose, au-delà de cette crise, depuis une petite dizaine d'années. L'Europe est-elle capable de retrouver un leadership dans le monde et une cohérence économique sur le plan continental ? C'est une question qui n'a pas été résolue, et l'Europe va en payer le prix. La crise a simplement fait apparaître ce problème plus vite que prévu. Il est évident qu'en l'absence de gouvernement économique consensuel et réactif, on peut craindre un déclassement de l'Europe. Si le chacun pour soi continue de régner, certains pays vont être confrontés à des difficultés considérables. Dans un espace aussi intégré que la zone euro, l'ensemble des Etats européens en pâtira.
Propos recueillis par Soren Seelow




75 % des Français redoutent le pire
Les trois quarts des Français estiment que la France pourrait connaître une situation comparable à celle de la Grèce, selon un sondage BVA. Un risque balayé jeudi par le ministre du budget, François Baroin. Comme l'Allemagne, la Finlande ou les Pays-Bas, la France est notée "AAA" par ces trois agences, soit la meilleure note possible et "il n'y a pas de risque de voir la note abaissée", a-t-il assuré.


PAS ÉTONNANT, LES FRANÇAIS SONT DES CONS, JE N'AI JAMAIS VU UN PEUPLE AUSSI CRÉTIN QUE CELUI-CI. IL PASSE SON TEMPS À PLEURER, À FAIRE DES CAPRICES; IL N'EST JAMAIS SATISFAIT DE SON SORT. UNE QUALITÉ ME DIRIEZ-VOUS ? NON ! LE SIGNE D'UN PEUPLE DÉCADENT.

Le scepticisme à l'encontre de l'Europe est de retour dans le débat politique

L'"euro-inquiétude" gagne du terrain en France. Chez les responsables de la majorité comme de l'opposition, la première préoccupation est d'éviter la propagation de la crise grecque et de répondre à l'exigence de solidarité européenne. Les uns et les autres, cependant, mesurent que la crise risque d'alimenter le scepticisme à l'encontre de l'Europe.
Intervenant, mercredi 28 avril, devant le "Club des 27" - les représentants des groupes parlementaires de droite des 27 Etats membres de l'Union européenne, réunis à Paris -, le secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes, Pierre Lellouche, s'est fait l'écho de ces craintes. "La crise et l'incapacité de ses institutions à y répondre accélèrent l'éloignement du peuple", a-t-il estimé, constatant "une montée des courants xénophobes et de la tentation du chacun pour soi". "Ce printemps est le printemps de tous les dangers", a jugé M. Lellouche.

Pour le gouvernement, l'exercice est délicat. Il entend prendre part au plan de "sauvetage" de la Grèce, tout en prenant garde de ne pas paraître se porter au secours d'institutions européennes que certains, à droite comme à gauche, accusent d'avoir contribué à la crise actuelle.

Les tenants du non au référendum sur la Constitution européenne et au traité de Lisbonne donnent de la voix. "Il faut d'urgence apporter un secours au peuple grec et faire plier la Banque centrale européenne (BCE), dont la responsabilité et l'action doivent être mises en cause", estime la secrétaire nationale du PCF, Marie-George Buffet. Selon elle, "la recherche permanente de convergence des politiques mises en oeuvre sur les règles de la BCE, les critères de Maastricht et du pacte de stabilité aboutit à des déséquilibres qui permettent aux spéculateurs de mettre des pays au bord d'une situation de faillite".

"TIRER LES LEÇONS DE LA CRISE"

Lors d'un rassemblement devant l'Association française des banques, à Paris, le président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, s'est dit convaincu que "le tour de la France viendra", en s'élevant contre l'"impunité des banques et des spéculateurs". Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, accuse le gouvernement français de "jeter 6,3 milliards d'euros (le montant du plan français d'aide à la Grèce) par la fenêtre". "On ferait mieux d'acter avant qu'il ne soit trop tard que ce système est suicidaire", estime le député de l'Essonne.

Le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, à l'initiative de la réunion du "Club des 27", appelle pour sa part à un renforcement de la "gouvernance économique" de l'Europe. "Laisser la Grèce à ses problèmes serait la victoire des spéculateurs. La politique, c'est aussi la solidarité dans les moments difficiles", a-t-il répondu indirectement à ceux qui critiquent le plan de soutien à la Grèce. Il a cependant estimé "vital pour l'Europe de tirer les leçons de cette crise", plaidant notamment pour une convergence des stratégies de politique économique de la France et de l'Allemagne.

"Le moment est grave", a également reconnu Michel Barnier, vice-président du Parti populaire européen (PPE) au Parlement européen, mettant lui aussi en garde contre "le retour au protectionnisme, aux réflexes nationaux et au populisme". "L'Europe n'est pas une option, elle est une nécessité vitale, s'est exclamé le député européen. Ou nous sommes ensemble ou nous ne sommes plus."

Pourtant, même dans les rangs de l'UMP, certains redoutent une fuite en avant. Constance Le Grip, nouvelle élue au Parlement européen, a appelé l'attention sur "le déficit démocratique qui peut menacer un gouvernement économique européen". "Faisons attention à ne pas construire une usine à gaz que nos concitoyens et les élus nationaux rejetteraient, à juste titre, comme des entraves à la souveraineté nationale", a souligné l'ancienne conseillère de l'Elysée auprès des parlementaires.

Le Parti socialiste, pour sa part, presse la France et les gouvernements européens d'agir au plus vite pour prévenir les risques de contagion. A l'Assemblée, il a approuvé en commission le plan d'aide à la Grèce, tout en jugeant le taux d'intérêt (5 %) fixé par l'accord européen trop élevé. La première secrétaire du PS, Martine Aubry, a jugé "urgent" que "l'Europe force pour réguler le système financier, sinon nous aurons d'autres Grèce".
Patrick Roger

Ces musulmanes qui acceptent la polygamie

Selon le secrétariat général de l’immigration, en 2008, 180 000 personnes vivaient en France dans des familles polygames
L’affaire de l’homme accusé d’entretenir des femmes vivant d’aides sociales a relancé le débat sur la polygamie Interdite par la loi et strictement encadrée par l'islam, la polygamie perdure chez certains musulmans de France. Les femmes l'acceptent, parfois pour des motifs religieux, mais aussi pour échapper à la tutelle familiale.

En se mariant, le musulman « a complété la moitié de sa religion », proclame une citation attribuée au prophète. Le Coran comprend aussi de nombreux versets exhortant au mariage. Pour y satisfaire, nombre de musulmanes en France
sont prêtes à des concessions comme l'acceptation du statut de « co-épouse » grâce à un mariage religieux, célébré discrètement par un imam, en présence d'un tuteur de la femme et de deux témoins. « Nous savons que la pratique existe dans la communauté », avoue-t-on à la Grande mosquée de Paris.
Evoquant le conjoint de la femme voilée verbalisée pour niqab au volant, la secrétaire d'Etat à la Ville, Fadela Amara, a pressé les imams pour que cette situation « ne se reproduise pas, parce que ce n'est pas une situation acceptable dans notre pays ».

Avant de célébrer un mariage religieux, l'imam, comme le prêtre, le pasteur et le rabbin, doit exiger un certificat de mariage civil sous peine de se mettre hors la loi, avec le risque d'une peine de 2 ans de prison. Mais des imams autoproclamés n'hésitent pas à ignorer cette disposition d'autant que la transgression est difficile à prouver puisque le mariage n'est pas « sacralisé » dans une mosquée mais n'importe où, avec une dot symbolique et un repas.

C'est le désir de se libérer de sa famille qui a conduit Meriem à sacrifier à cette pratique : « A plus de 30 ans, je vivais encore chez mes parents qui sont conservateurs. Il était hors de question de sortir sans leur permission. »

Grâce à une amie, elle a connu un commerçant marié prêt à lui payer un logement. « Comme croyante, je suis dans les règles et, comme femme, je peux avoir une vie intime sans craindre d'offenser mes parents », explique-t-elle.

Eurodésordre


Par moments, le fonctionnement de l’Union européenne fait vraiment penser à cette boutade que lâcha un jour Winston Churchill à propos des États-Unis : « Vous pouvez toujours compter sur les Américains pour agir comme il faut, une fois qu’ils ont épuisé toutes les autres possibilités. » Voilà désormais trois bons mois que la zone euro traverse une période de turbulences qui va croissant. Trois mois au cours desquels les 16 États partageant cette monnaie ont tergiversé autour d’une question qui paraissait, au départ, raisonnablement simple : comme gérer les difficultés d’un des membres du club, de taille très modeste, la Grèce.

Péripéties et palinodies se sont succédé. Aux deux bouts de la chaîne, la Grèce, cigale passablement récidiviste, et l’Allemagne, fourmi quelque peu butée. Entre les deux : des pays (comme la France) affichant la vertu mais rêvant de voir céder Berlin, des institutions communautaires s’exprimant de manière d’autant plus solennelle qu’elles n’ont guère de prise sur les événements. Du coup, les tensions se sont exacerbées sur les marchés financiers. Aujourd’hui, la Grèce subit des taux d’intérêt deux fois plus élevés qu’en février, et un pays comme le Portugal se trouve désormais soumis à une forte pression des marchés financiers. L’incendie va-t-il en rester là ?

Espérons que oui. L’orage vécu sur les places financières ces derniers jours semble avoir provoqué une sorte d’électrochoc conduisant à resserrer les rangs. Un sommet de la zone euro a été convoqué pour le 10 mai (date soigneusement choisie pour se situer après un scrutin régional délicat en Allemagne) et, en coulisse, on travaille activement pour bâtir un plan enfin crédible. Fait encourageant : au Portugal, le gouvernement et l’opposition ont annoncé leur volonté de « travailler ensemble » afin de renforcer « la confiance en l’économie portugaise », ce qui a interrompu le plongeon de la Bourse de Lisbonne. Voilà un exemple à méditer pour tous les pays confrontés à des impasses, qu’elles soient financières ou politiques.




Guillaume Goubert

Angela Merkel au centre des critiques

Après l’avoir freiné des quatre fers, la chancelière se dit favorable à une aide à la Grèce

« Isolée en Europe, isolée à la maison », titrait mardi 7 avril un grand quotidien allemand, le Süddeutsche Zeitung, pour dépeindre la situation dans laquelle se retrouve Angela Merkel depuis lundi. La chancelière expliquait alors dans une déclaration précipitée devant la presse, que Berlin était prêt à « voter en urgence » l’aide à Athènes, estimée à 8,4 milliards d’euros pour 2010, dès la semaine prochaine.

Le feu vert ne dépendait plus que du « programme crédible et réaliste » qu’Athènes doit s’engager à mettre en œuvre et que le gouvernement de Georges Papandréou négocie actuellement avec les représentants du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la commission de Bruxelles.

L’aide sera planifiée sur trois ans précisait la chancelière. Elle soulignait s’être entretenue à ce propos avec Dominique Strauss-Kahn, le directeur général du FMI, qui était invité mercredi 28 avril à Berlin pour répondre aux questions des ministres et des dirigeants des groupes parlementaires au Bundestag, aux côtés de Jean Claude Trichet, le président de la BCE, invité lui par le ministre des finances, Wolfgang Schäuble. Angela Merkel soulignait certes dès lundi qu’il s’agit avant tout de « défendre l’euro ». Elle se félicitait également de la participation du FMI aux négociations en cours, une présence due à ses exigences.

Le tournant d’Angela Merkel a déjà semé le désarroi
Il n’empêche ! Pour l’opinion publique, la chancelière paraît avoir « tourné casaque ». Elle avait freiné des quatre fers pendant des semaines l’aide européenne à la Grèce, ce qui lui a valu le surnom de « Madame non » chez ses principaux partenaires de la zone euro, exaspérés. Chez elle, la « chancelière de fer » tirait profit de son attitude intransigeante, jusqu’à lundi. Depuis, c’est le chaos.

Les trois quarts des Allemands restent en effet hostiles à l’aide à la Grèce. Et Angela Merkel a flatté cette tendance, à la veille des élections en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le premier Land d’Allemagne, le 9 mai, un scrutin qui a valeur de « petites élections fédérales ».

Le tournant d’Angela Merkel a déjà semé le désarroi dans les rangs de sa coalition avec le parti libéral et les députés de base de l’Union chrétienne CDU/CSU, sont abreuvés depuis lundi de mails d’électeurs furieux. Les médias multiplient les attaques contre une politique « incompréhensible ». L’opposition, sociaux-démocrates en tête, fait feu de tout bois sur « le mensonge » démasqué de la chancelière.
Michel VERRIER, à Berlin

Les agences de notation ont-elles trop de pouvoir ?

La Commission européenne a appelé mercredi 28 avril les agences de notation à agir de manière « responsable », après la décision de Standard & Poor’s de diminuer la note de la Grèce. Cette annonce a provoqué une forte baisse de l’euro. Jean-Paul Gauzès, député français (UMP-PPE) au Parlement européen et rapporteur d’un projet de loi pour réglementer le secteur, s’interroge sur leur influence néfaste sur l’économie mondiale

« Les marchés et les décideurs accordent aux agences de notation beaucoup plus d’influence qu’elles n’en méritent. Elles ne sont que des indicateurs parmi d’autres, avec leurs risques d’erreur et d’incompétence. Or, tout le monde constate leur impact sur les marchés. Une mauvaise appréciation de leur part, et les investisseurs perdent leur confiance dans le pays concerné.

Ces agences réagissent beaucoup trop dans l’instant. Un jour une bonne note, le lendemain une mauvaise. C’est de nature à perturber les marchés. Et ce n’est pas raisonnable. La question de la dette de la Grèce ne date pas d’aujourd’hui, alors que tous les problèmes semblent surgir d’un coup et menacent de déclencher une vague de panique. Comment ne pas soutenir l’appel de la Commission européenne à un peu plus de retenue ?

Tant que les investisseurs n’utiliseront qu’un seul critère d’évaluation, il y aura un risque d’erreur
Pendant des années, les trois grosses agences du secteur, Mood’ys, Standard & Poor’s et Fitch ont surnoté des produits financiers toxiques, ce qui a joué un rôle dans le déclenchement de la crise financière. Aujourd’hui, elles se montrent très sévères avec les États par un retour de balancier.

Leur prudence peut déboucher sur un autre type de crise… À certains égards, on peut considérer que le monde se porterait mieux sans elles. C’est le problème du thermomètre. Quand votre instrument n’est pas très fiable, vous pouvez être amené à prendre de mauvaises mesures.

Pour leur défense, les agences précisent qu’elles se bornent “à donner des indications”, que “c’est aux investisseurs de vérifier et qu’ils en ont les moyens”. Lors de ses discussions pour réglementer la profession, le Parlement européen avait évoqué la création d’une agence européenne de notation parapublique. Pas sûr que cela règle la question de l’objectivité. Tant que les investisseurs n’utiliseront qu’un seul critère d’évaluation, il y aura un risque d’erreur. »
Recueilli par Olivier TALLÈS

Action des agriculteurs. Question de blé...

Partager ? Jamais. À eux le gâteau, aux autres agriculteurs des miettes. Les céréaliers ont longtemps fait des jaloux à l'intérieur même du monde agricole. Et pour cause, ils étaient les principaux bénéficiaires des aides agricoles européennes. Dans les couloirs mêmes de la FNSEA, le syndicat majoritaire, on les appelle alors méchamment, et sans doute injustement, « boursorama.com ». En référence à leurs placements boursiers.

Ce trésor de guerre, les céréaliers le considéraient comme un avantage acquis. C'était compter sans la fronde des éleveurs et le travail de lobbying mené auprès du gouvernement. En 2008, lors du congrès de la FNSEA à Nantes, éleveurs et céréaliers mettent pour la première fois leur différend sur la place publique.

Convaincu de la nécessité de mettre fin à cette injustice, Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, impose l'année suivante un revirement brutal. Dans la douleur. Et oblige les céréaliers à partager avec les autres filières. Au plus mauvais moment, alors que les cours des céréales se replient. En deux ans, les exploitants de Champagne, du Bassin parisien ou de la plaine de Caen ont vu leurs revenus chuter de 61 %.

Difficile d'encaisser une chute aussi brutale sans réagir. Sont-ils pour autant « fauchés comme les blés » pour reprendre leur slogan ? C'est sans doute vrai pour certains. Ceux qui ne bénéficient pas des meilleures terres, sont à la tête d'exploitations modestes. Ou traînent des charges d'endettement trop élevées. Mais le désastre demande à être nuancé. En 2006, avant la flambée du cours des céréales, selon Agreste, le service statistiques du ministère de l'Agriculture, le revenu net annuel par actif agricole était de 11 600 € en Bretagne et de 57 800 € en Ile-de-France.

Pour Jean-François Guitton, militant de la Confédération paysanne, « certains céréaliers sont à plaindre. Mais ils ont aussi été les grands gagnants de la Politique agricole commune depuis 1992, et ont globalement refusé tout type de régulation quand les cours étaient bons ».

Les manifestants d'hier ont-ils eu raison de crier au loup ? Oui, car même si les cours repartent demain à la hausse, plus rien ne sera comme avant. Sur les riches terres ukrainiennes, longtemps sous-exploitées par les autorités soviétiques, germent de nouvelles concurrences.

C'est là qu'il faut être. Les plus puissants l'ont bien compris. Champagne céréales (8 354 agriculteurs), première coopérative céréalière française, dispose ainsi déjà d'une filiale en Ukraine. Elle a pris des parts dans AgroGénération, la société montée par Charles Beigbeder pour y acheter des terres. Et cultiver en Europe de l'Est 100 000 hectares d'ici à 2012.
Patrice MOYON.

La loi sur le voile intégral votée dès septembre ?

Présenté en Conseil des ministres, le 19 mai, le texte sera examiné par les députés en juillet.Le PS serait prêt à le voter si le gouvernement suit l'avis réservé du Conseil d'Etat. Peu probable.
A l'Assemblée en juillet. François Fillon a confirmé, hier, que le projet de loi sur l'interdiction du port du voile intégral serait présenté en conseil des ministres le 19 mai. Il sera inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale au début de la session extraordinaire, début juillet. Objectif affiché : une adoption à la mi-septembre. Pour tenir ce calendrier, le texte devrait être adopté courant juillet à l'Assemblée nationale et début septembre au Sénat, ce qui serait très rapide. Le Premier ministre n'exclut pas de demander l'urgence (une seule lecture par assemblée), mais n'annoncera son choix que le 19 mai.

Un texte simple. Le texte sera « simple, court, basé sur le respect de la dignité de la personne, de l'égalité hommes-femmes et en dernier lieu sur les motifs de sécurité qui peuvent solidifier juridiquement le dispositif mais qui ne sont pas le coeur du débat », a précisé le chef du gouvernement. Il s'agira du second volet législatif sur ce dossier après l'examen, le 11 mai, d'une résolution, acte symbolique fort mais sans pouvoir contraignant.

Consultations. Fillon veut aller vite. Mais il compte aussi consulter les dirigeants religieux et politiques. Après les représentants des communautés juive et musulmane de France, il recevra dans la semaine le président de la Conférence des évêques de France, le cardinal André Vingt-Trois, et le président de la Fédération protestante de France, le pasteur Claude Baty. Il demandera leur avis, la semaine prochaine, aux dirigeants des partis politiques. Hier, soucieux d'apaiser le débat, il a invité les députés UMP à « éviter tout amalgame et toute stigmatisation » des Français musulmans.

Le PS partagé. Les socialistes demandent au gouvernement de rechercher « la concorde républicaine ». Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée, indique que ses députés pourraient voter la loi si la procédure d'urgence n'était pas enclenchée. Martine Aubry demande au gouvernement de se conformer aux réserves du Conseil d'État. Ce qui est peu probable. Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, assure que les socialistes voteraient « contre une loi d'interdiction générale », qui serait « inapplicable ». Certains élus PS (Manuel Valls, Aurélie Filippetti...) sont toutefois prêts à suivre le gouvernement, même s'il prend le « risque juridique » de ne pas suivre le Conseil d'État.

La droite aussi. François Goulard, député UMP (Morbihan), envisage de ne pas voter le texte. Il veut ainsi manifester son « refus d'entrer dans cette conception de la politique qui consister à agiter des chiffons ». Le Nouveau Centre souhaite de son côté qu'on recherche « un très large consensus » sur ce dossier. L'allié centriste de l'UMP a prévenu qu'il « s'opposerait à toute procédure d'urgence ». Partisan d'aller vite, Jean-François Copé, patron des députés UMP, a regretté que certains aient soulevé des « querelles de procédure ».

Enrayer l'effet domino


Le plus dur de la crise « grecque » (voir mon blog) est, hélas, loin d'être passé. À leur manière, débridée et moutonnière, hystérique et spéculative, les marchés rappellent, cyniquement, que le match entre eux et les États de la zone euro ne fait peut-être que commencer. Autrement dit, les scénarios du pire reprennent vigueur : contagion de la crise grecque, éclatement de l'euro, déflagration sociale. Scénarios largement favorisés, il est vrai, par les failles de la solidarité européenne et le laxisme gestionnaire et budgétaire de certains pays.

Hier, on pouvait se rassurer à bon compte en se disant que la Grèce, c'est moins de 3 % de la production de richesse de l'Union. Marginal, epsilonesque. Aujourd'hui, avec la pression mise sur le Portugal ¯ et demain pourquoi pas l'Espagne ¯, ce n'est plus un maillon faible de l'Union qui est en jeu. C'est l'Union elle-même qui se retrouve au centre de l'offensive, à portée de fusil des spéculateurs.

Mais le Portugal et l'Espagne, voire l'Irlande, ça n'a rien à voir avec la Grèce, diront les esprits cartésiens. Certes . Leur endettement reste moins élevé. Apparemment, ils ne maquillent pas leurs comptes. À l'évidence, ils ne pratiquent pas l'indiscipline budgétaire comme sport national. Assurément aussi, ils ont une vraie administration des impôts.

Soit, mais les marchés, dans leur aveuglement panurgique, spéculatif et amoral, ne s'embarrassent pas de ce genre de considération. Ils attaquent là où ils sentent que c'est fragile et où ça peut rapporter gros. La Grèce d'abord, puis le Portugal, puis... En provoquant l'envolée des taux d'intérêts et le risque d'asphyxie financière, le message agressif des marchés est clair. La pérennité de l'Europe et de l'euro, c'est le cadet de leurs soucis. Bref, la sortie de la Grèce de la zone euro n'est plus tout à fait un fantasme, l'éclatement de l'euro n'est plus une simple prévision d'eurosceptique à tous crins.

Le scénario catastrophe n'est pourtant pas une fatalité. À court terme, une fois passées les élections régionales allemandes (le 9 mai), on peut même espérer que les politiques européens feront, aux côtés du FMI, le minimum vital pour cimenter la solidarité autour du maillon faible grec et bloquer l'effet domino.

Pour peu que Angela Merkel y mette un peu du sien ¯ et cela se dessine dans ses déclarations ¯ la résolution de la crise de liquidités immédiate est à portée de bourse. C'est en tout cas son intérêt économique bien compris. Puisque l'Europe reste le principal débouché de l'Allemagne, mieux vaut qu'elle reste stable et en bonne santé, en mesure d'acheter allemand pour tout dire. C'est aussi l'intérêt de la France dont les deux tiers des exportations sont concentrées sur l'Union... Et dont les banques sont les premiers prêteurs de l'État grec.

La Grèce, et le cas échéant, le Portugal, peuvent être sauvés de l'étranglement financier. Mais aucun chèque de soutien massif de l'Europe ou du FMI ne saurait les guérir de leurs maux structurels et les rendre solvables comme par miracle. Tant que la Grèce vivra au-dessus de ses moyens et ne donnera pas de gages solides sur sa capacité à restaurer durablement et de façon autonome son économie ¯ sa compétitivité pour employer le gros mot qui fâche à Athènes ¯ elle restera le boulet et le « paria » de l'Europe, la cible toute désignée des spéculateurs.

Disons-le aussi nettement, tant que l'Europe n'aura pas de politique économique coordonnée digne de ce nom, c'est toute l'Union qui demeurera dans l'oeil du cyclone.

Crise grecque : le Crédit agricole exposé à hauteur de 850 millions d'euros

Le Crédit agricole est exposé à hauteur de 850 millions d'euros à la dette d'Etat de la Grèce, dont 600 millions pour sa filiale grecque Emporiki, a annoncé mercredi 28 avril la banque française.

Alors que la note de la Grèce a été reléguée mardi dans la catégorie des investissements spéculatifs par l'agence de notation Standard & Poor's, les banques françaises, en raison de leurs engagements dans le pays, sont confrontées à la défiance des marchés. Les investisseurs redoutent les conséquences que pourraient entraîner sur ces banques un défaut de paiement ou une restructuration de la dette de la Grèce.
Le titre du Crédit agricole a ainsi chuté mardi de 3,41 % à 11,05 euros à la Bourse de Paris, après avoir dégringolé de plus de 7,6 % en cours de séance, la Société générale limitant quant à elle son repli à 0,33 %.

Début avril, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, avait cherché à rassurer les marchés, expliquant que l'exposition des établissements français en Grèce ne suscitait "pas d'inquiétude particulière".