lundi 11 octobre 2010
Musiciens en semi-liberté sous Lénine et Staline
Retraites : les perturbations à prévoir mardi
Les syndicats appellent à une nouvelle journée de grèves et de manifestations mardi 12 octobre contre le projet de réforme des retraites. Tour d'horizon des difficultés à prévoir, notamment à la SNCF avec un trafic TGV très réduit.
A la SNCF
COMME D'HABITUDE, CES GRÉVISTES SONT DES FONCTIONNAIRES PRIVILÈGIÉS, ILS VONT, ENCORE UNE FOIS EMMERDER LES VRAIS TRAVAILLEURS QUI, EUX, ONT BESOIN DE TRAVAILLER CAR ILS N'ONT PAS LES AVANTAGES OUTRANCIERS DE CES NANTIS COMMUNISTES AUX RÉGIMES TRÈS SPÉCIAUX.
Retraites : la CGT multiplie les appels à la grève
Une soixantaine de représentants de la CGT Métallurgie du Nord–Pas-de-Calais ont voté lundi 11 octobre à l'unanimité en faveur d'un appel à la grève reconductible dans toutes les entreprises du secteur contre le projet de réforme des retraites du gouvernement.
Réunis en assemblée générale exceptionnelle dans les locaux de l'union locale CGT de Douai, les responsables CGT ont approuvé à main levée cet appel à la mobilisation lancé par leur responsable régional, Jean-Pierre Delannoy, l'un des principaux opposants au secrétaire général du syndicat, Bernard Thibault. Cette proposition sera soumise le 12 octobre aux salariés de la métallurgie dans la région, qui décideront de la suite à lui donner lors d'assemblées générales.
Larry Clark, phare ou démon ?
"L'art n'est pas toujours tout public" (Justinien 10)
Pour Zorritita, "l'art n'est pas obligé de choquer". Le rôle de l'artiste serait plutôt, d'après cette internaute artiste-peintre, d'offrir au spectateur, en l'occurrence adolescent, "une [image] plus agréable et plus valorisante" de sa condition. Or, ici, "il n'y a pas que du sexe, il y a aussi de la violence, des armes, de la drogue" (sundiego), et on redoute que l'expo ne joue "le rôle d'un miroir pour un ado" : "Il en sort avec : adolescence = moi = seringue, corde au cou, baise sans amour, picole, noir et blanc, solitude, désespoir, branlette... Waouh !" Selon Micha, croire que l'exposition peut "faire réfléchir nos ados" (JC), c'est une "construction purement intellectuelle", symptomatique de "la dérive de notre société" et de "l'absence de repères".
"Il me semble qu'il y a là une dérive de l'art" (cassandre)
Cet "affaissement de la culture" (Tyran) serait lié, d'après Avana, à une erreur de jugement du public : "Puisque Manet, Renoir, Baudelaire ont été l'objet de censure au XIXe siècle, n'importe quel petit provocateur peut prendre la posture du grand artiste." Snopy renchérit : "L'art a bon dos pour exhiber des images pornographiques, sexe et drogue" : il ne faut donc "pas montrer n'importe quoi au nom de l'art" (Zorritita). Le rôle de l'artiste devrait être vertueux : Cassandre s'oppose à cette expo qu'elle qualifie de "dégueu" : "La poésie, la beauté et le rêve" sont "ce que l'on cherche lorsqu'on va voir une expo". Il faudrait exposer des oeuvres "très artistiques", c'est-à-dire "que tout le monde peut voir sans être mal à l'aise" (Zorritita), ou alors, au moins, si on expose des images de "la crasse, la décadence, la dégradation" (Sylla), "compenser ensuite par d'autres jolies choses" (Margarita). Pour certains internautes, le sujet des photographies justifie ainsi, à lui seul, une interdiction de l'exposition aux adolescents.
"Le mal n'est guère que là où on le voit" (Dom Tower)
D'autres internautes opposent que le sujet ne fait pas l'artiste. Larry Clark est artiste "parce que cet homme a une oeuvre qui porte en elle des problématiques dont personne ne parle. Lui, il image tout ça. Oui son oeuvre est trash, oui elle dérange. Mais, à la différence de la pornographie, ça parle de la vie, la vraie, de certaines zones underground que l'on refuse de regarder. Et là, Larry Clark envoie ça à la face du monde" (Blueberry). Tout le sens est dans la manière de représenter les choses, et alors le spectateur doit "savoir observer". À kangou qui n'a, "en vérité, vu que des jeunes nus qui étaient en train de coucher ensemble à plusieurs ou de se droguer et brandir des armes à feu", celestine oppose : "Ça prend au ventre, ça prend au coeur, ça prend aux tripes. Et sans voyeurisme gratuit. L'artiste est dans son rôle. Il éclaire et décale. Et nous décale. Pour une fois, de l'art contemporain, oui, et sans ambiguïté ! Et sans putasserie ou arnaque."
"La photographie qui dérange les consciences" (David Weber)
Ainsi, la capacité de l'artiste à "imager" des "problématiques dont personne ne parle" est essentielle. Beaucoup plus que sa "reconnaissance dans une structure incontournable de l'art" (blueberry). Le confort du spectateur face à l'oeuvre n'a alors rien à voir avec l'art. Il est même dangereux, "on en oublie de réfléchir à la longue" (SOSO). "L'intérêt de cette expo est qu'elle reflète une réalité que les adultes font tout pour cacher", ajoute loupiote. Il ne faut surtout pas, "avec une baguette magique, faire disparaître tout ce qui dérange, tous ceux qui dérangent dans notre monde si parfait" (Célestine).
"Au diapason de la société suspicieuse" (David Weber)
L'art tire sa force morale de la contestation, car il met à distance les dérives d'une société : c'est "sans complaisance pour personne" que Clark "met le nez dans la m... aux puritains qui ne veulent pas voir ce qui se déroule dans leur dos" (Irenée). Le "puritanisme" - le mot revient souvent dans les commentaires - serait une adhésion naïve aux réalités sociales, et on estime parfois que "l'obsession puritaine a envahi notre monde" (David Weber). "Depuis les années 1970, on ressent un mouvement, comme aux USA, vers un retour excessif à la pudibonderie" (Yvon7). Cette exposition aurait dû être ouverte aux adolescents, ils auraient pu voir "tout ce qu'ils voient déjà sur Internet", mais "en trois dimensions, et surtout avec une dimension humaine et morale" (Pavlov), la seule qui permette de réfléchir sur un monde flouté dans lequel "les mots mêmes ont perdu leur sens" (rebelle33).
L'extrême droite autrichienne progresse lors d'élections à Vienne
L'extrême droite autrichienne devrait remporter plus du quart des voix aux élections provinciales de dimanche à Vienne, d'après une projection basée sur les premiers résultats. Les élections à Vienne, fief traditionnel des sociaux-démocrates, reflètent une tendance constatée dans d'autres régions d'Europe où les électeurs, préoccupés par la crise économique, les questions de sécurité et l'immigration, se tournent vers des partis d'extrême droite.
Les sociaux-démocrates viennois, avec pour chef de file Michael Hupl, maire depuis 1994, devraient rester en tête avec entre 44,5 % des voix, mais ils risquent de perdre leur majorité absolue. Comme au niveau national, ils se tourneront vraisemblablement vers les conservateurs, crédités d'une troisième place, s'ils ont besoin d'un partenaire de coalition. "Ce serait une option logique", a déclaré le politologue Peter Filzmaier à la radio-télévision publique RF.
Heinz-Christian Strache, du Parti de la liberté (extrême droite), est crédité de 27,2 % des suffrages, selon une première projection de la RF, basée sur un cinquième des bulletins. Tous les autres partis enregistrent un recul. Le Parti de la liberté avait obtenu 15 % en 2005 dans la province de Vienne. Cette projection donne à penser que le Parti de la liberté renoue avec ses scores de la fin des années 1990.
En 2007, Nicolas Sarkozy voulait conserver l'âge de la retraite à 60 ans et les socialistes maintenir la durée de cotisation. Trois ans et une crise plus tard, tout le monde admet ¯ nos voisins bien avant nous ¯ qu'il faut réformer d'urgence si l'on veut sauver le système et la crédibilité internationale de la France.
Cette nécessité semblant très partagée dans son principe, le gouvernement a considéré que la réforme l'était aussi dans son contenu. Il n'a pas prévu qu'elle serait un révélateur d'inégalités salariales que, par ailleurs, elle n'est pas là pour corriger. Les syndicats se sont davantage sentis les greffiers d'un acte social que les partenaires d'une négociation.
Devant la menace d'un conflit majeur et d'un échec ruineux pour le pays, l'Élysée et le Sénat ont lancé une opération déminage à travers quelques concessions, à forte charge symbolique, en direction des femmes et des handicapés. Ils tentent, par ailleurs, de prendre la rue de vitesse en bétonnant au plus vite les piliers de la réforme.
Mais il y a autant de probabilités que ces manoeuvres, révélatrices d'une fébrilité au sommet, stimulent la contestation, avec tous les dangers d'une radicalisation, qu'elles ne la désamorcent.
La gauche sénatoriale le sait bien : elle tente de gagner du temps dans l'espoir d'une montée de la contestation avant la fin des débats. Les centristes eux-mêmes, ravis de leur nouveau statut d'arbitre, continuent d'exiger des améliorations. Ils souhaitent aller plus loin sur la pénibilité et obtenir une transition plus douce dans le passage de 65 à 67 ans. Surtout, ils voudraient arracher le principe d'une retraite par points.
À vouloir ¯ à devoir ¯ aller vite, le gouvernement a, en effet, raté l'occasion de mener la vraie réforme, celle qui unifierait les vingt et un régimes de base. Qui faciliterait la convergence public-privé. Qui offrirait à chacun une visibilité permanente sur son compteur individuel. Qui intégrerait la pénibilité durant la carrière et non, en fin de course, par un taux couperet d'invalidité. Qui permettrait des parcours de vie plus souples...
Ce système par répartition et par points, universel et personnalisé, défendu principalement par les centristes, reste, pour l'instant, au fond du tiroir.
En attendant, le Sénat joue une partie très serrée, pour l'avenir de la réforme et pour celui de la majorité. Contrairement au président de l'Assemblée, celui du palais du Luxembourg prend le temps nécessaire pour déjouer tout procès en censure. Sans contrarier la résorption des déficits, il se réserve quelques amendements pour tenir compte de la mobilisation, surtout si les jeunes s'y mettent. Dans une assemblée où l'UMP n'est pas majoritaire à elle seule, il évite d'être mis en minorité sur telle disposition et de lâcher ainsi un signal inespéré pour l'opposition.
Le projet, in fine, sera voté. Le CPE de Dominique de Villepin aussi l'avait été, avant d'être abandonné sous la pression de la rue. Il y a probablement quelque gloire à franchir sous la mitraille le pont qui surplombe le tumulte social. Mais il y a aussi beaucoup de risques. Il y aurait autant de dangers pour les syndicats à se laisser déborder par le flot revendicatif. En deux mots, ça passe ou ça casse.
Les conseilleurs ne sont jamais les payeurs. Et ceux qui vous serrent la ceinture ne détestent pas faire bombance… Voyez les conseillers du ministère du Budget : ces gardiens de la rigueur, ces ayatollahs de la dépense, ces Torquemada de la dette, se trouvent être les conseillers les mieux payés du gouvernement. Plus de 15 000 euros par mois, plus que leurs collègues de Matignon, et même davantage que leur ministre François Baroin. L'heure est grave, faites des efforts, sacrifiez vos retraites, nous disent ces Messieurs du Budget, avant de se servir généreusement sur nos impôts. Bien sûr, ils plaideront leur charge de travail, et les sommes qu'ils toucheraient dans le privé… Tout de même, Monsieur Baroin, vous que l'on dit si brillant, expliquez-nous comment vous faites la différence entre des avantages acquis, à supprimer, et des privilèges acquis, à maintenir ?
La France a donc une fois de plus rendez-vous avec sa propre histoire, celle des grèves. La journée noire de demain, et celles qui suivront peut-être, illustre un durcissement du bras de fer très prévisible. Non pas que ceux qui relèvent le défi en payant de leur poche se jettent par plaisir dans l'aventure. Ils y sont poussés par les échecs répétés de ce fameux dialogue social à la française qui fait passer la recherche du consensus après d'autres visées, souvent politiques. Point de passage obligé de tout conflit, les grèves font ainsi partie de notre identité.
Aucun président de la Ve République n'a été privé de ces Journées du patrimoine social. Le général de Gaulle, en 1963, a eu droit à 38 jours de grève des mineurs. Après Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, Jacques Chirac a lui aussi dû reculer, soit comme premier ministre tétanisé en 1986 par la mort de l'étudiant Malik Oussekine, soit comme président contraint de souffrir avec ses premiers ministres carbonisés sur des dossiers toujours d'actualité : la rigueur et les retraites pour Juppé en 95 ; l'éducation pour Raffarin et Fillon en 2003, puis Villepin en 2006.
Nicolas Sarkozy connaît bien cette histoire. Il n'a pas été pour rien dans la mise à mort du CPE en 2006, sous? Villepin. Président, il a lui-même évité de prendre de front les lycéens pour faire passer en priorité la réforme des universités, selon l'adage chiraquien qui n'a pourtant pas toujours réussi à son auteur : « une haie à la fois ». Le voici donc devant celle des retraites qu'il a décidé de sauter en force.
Le déclenchement de grèves reconductibles fait entrer le pays dans une zone d'incertitudes. Le président mise sur sa volonté, sur sa capacité manoeuvrière et sur l'état des forces du front syndical. Les dirigeants des grandes centrales sont eux aussi déterminés mais ils savent que leurs marges de manoeuvre a des limites. Dès lors que la réforme a pour l'essentiel été votée, les grévistes peuvent douter du résultat de grèves à répétition, douloureuses pour leur portefeuille et moins appréciées de l'opinion. On entre dans une semaine à risques en sachant que les comptes se solderont plus tard.
L’épreuve la plus redoutable, ce sera de surnager face à la vague médiatique. Mille journalistes trépignent déjà sur le carreau de la mine, de quoi les priver d’air une bonne fois pour toutes...
Face à ce péril, un psy leur dispense depuis la surface un “media-training” sur mesure. Un entraînement digne d’un candidat à l’élection présidentielle. Coachés comme des bêtes de télé, les mineurs chiliens...
Ses conseils pour affronter la presse sont lumineux. Exemples choisis : “comment garder son calme pendant une interview”. Traduire, préparez-vous aux questions idiotes. “Demandez à faire répéter une question que l’on ne comprend pas” : en clair, les journalistes ont parfois l’esprit tordu. Ou encore “comment éconduire poliment un journaliste”. Le poliment se révélera vite facultatif...
Ce coach est si convaincant que les mineurs parlent déjà des droits d’auteur. Preuve qu’ils ont gardé les pieds...sur terre.
D’ailleurs ce huis-clos souterrain hante éditeurs et metteurs en scène depuis le premier jour. Ce n’est que justice, tant cette épopée surhumaine vaut largement toutes les aventures de pacotille jaillies des bas-fonds de la téléralité...
Chine : que va changer le Nobel ?
Avec Liu Xiaobo, pour la première fois, le prix Nobel de la paix a été décerné à un citoyen chinois. Quel impact aura cette distinction à l'intérieur du pays, dans les milieux de la dissidence et au-delà ? Va-t-elle conforter ceux qui, au sein même du PC chinois, oeuvreraient pour une « démocratisation » du régime ?
Le torchon brûlerait-il entre Wen et Hu ? L'hypothèse semble d'autant plus crédible que Wen a rendu en avril dernier un hommage appuyé à Hu Yaobang, dirigeant réformiste évincé du pouvoir dont le décès, en 1989, lança le mouvement de Tian'anmen. Au sommet du pouvoir, existerait-il une fracture entre « conservateurs » et « progressistes », si tant est que ces mots ont un sens en Chine ?
Pour le dissident Yu Jie, cette interprétation est une mystification qu'avalent un peu vite les Occidentaux : « Depuis qu'il est en poste, explique-t-il, la fonction [de Wen] est de contrebalancer la sévérité affichée du président Hu Jintao » (1). Selon lui, le rôle du Premier ministre serait de pure façade : il doit donner au régime un visage plus ouvert et humain.
L'illusion occidentale repose sur l'idée en vogue après l'effondrement du bloc soviétique que l'insertion de la Chine dans la mondialisation provoquerait à terme son évolution démocratique. Pourtant, si l'on met en perspective le régime communiste chinois à travers les décennies, il est possible de dégager des constantes. Parmi celles-ci, la volonté obsessionnelle, commune à Mao Zedong et à ses successeurs, de faire de la Chine une grande puissance. Et la préservation du monopole sur le pouvoir du PC chinois.
Depuis le début des réformes initiées par Deng Xiaoping, en 1978, le seul moment où le PC a craint sérieusement de voir le pouvoir lui échapper est l'année 1989, lors du mouvement de Tian'anmen. Ce dernier arrive à la fin d'une période qui a vu une divergence idéologique traverser le PC entre réformateurs et partisans d'une ligne dure - une fracture refermée avec l'écrasement sanglant du mouvement et l'éviction du pouvoir des réformateurs. Depuis, la direction du Parti considère l'unité au sommet comme vitale pour la pérennité du régime.
1989 marque aussi un virage dans la politique des réformes. Dans les années 1980, le décollectivatisation avait permis le décollage économique des régions rurales dans un contexte encore relativement fermé. Après 1989, Pékin accentue l'ouverture (accueil des investissements étrangers, montée en puissance des exportations, adhésion à l'OMC) tout en reprenant son contrôle sur l'économie (recentralisation du système bancaire, réforme des entreprises d'État...).
Dans les années 1990 puis jusqu'au milieu des années 2000, le PC prend en compte la dépendance économique croissante de la Chine vis-à-vis des pays industrialisés. C'est durant cette période qu'au terme de longues tractations diplomatiques menées par les Occidentaux, des dissidents comme Wei Jingsheng ou Rebiya Kadeer sont libérés de prison. Aujourd'hui, les dirigeants chinois estiment avoir dépassé cette période. Et ils risquent fort de rester imperméables au jugement du comité Nobel, comme en témoigne la vague d'arrestations qui succède à l'annonce de la remise du prix à Liu Xiaobo.
*« Il ne faut compter sur personne pour lancer des réformes politiques en Chine », entretien avec Yu Jie, Le Monde, 20 août 2010.
On peut avoir moins de quarante ans et se sentir déjà vieux. Après avoir dominé depuis les années 1980 le monde de la high-tech, Microsoft souffre aujourd'hui d'un coup de fatigue. Les nouvelles stars du numérique ont désormais pour nom Apple, Google ou Facebook. Windows, le système d'exploitation mis au point par Bill Gates, fait peut-être tourner plus de 1 milliard d'ordinateurs, mais face à l'iPhone, sur le marché de la publicité sur Internet ou dans l'univers des réseaux sociaux, la firme de Redmond n'est plus qu'un acteur parmi d'autres. Un acteur de second rang dont la capitalisation boursière se trouve prise en sandwich entre celle d'un Apple tout-puissant et celle d'un Google encore en train de monter en puissance.
En levant aujourd'hui le voile sur Windows Phone 7, un logiciel qui doit permettre de transformer les vulgaires téléphones mobiles en terminaux sans fil intelligents, Microsoft joue du coup une bonne partie de son avenir. Sur le terrain technologique, le passage de l'ère du PC à l'âge du Web et des « smartphones » ébranle la toute-puissance du groupe dirigé par Steve Ballmer. Incontournable dans le monde de la micro-informatique, le créateur de Windows et d'Office n'a pas su reconstituer de barrières à l'entrée insurmontables pour ses concurrents sur Internet et dans la téléphonie mobile. S'il veut, demain, compter dans un univers high-tech dont le principal moteur sera le Web mobile accessible via des « smartphones » de plus en plus intelligents et performants, le groupe n'a pas le choix : il doit être capable de rivaliser avec les iPhone, Google-Android Phone et autres BlackBerry. Il ne sera sans doute pas en mesure de reconstituer comme dans l'univers du PC un quasi-monopole mais il se doit au moins d'être un acteur de premier plan. Son objectif est donc de conserver 90 % d'un marché du PC relativement stagnant tout en captant de 20 à 30 % d'un marché des « smartphones » en forte croissance.
Car, au-delà du défi technologique, l'enjeu est également commercial. En 2010, le groupe fondé par Bill Gates devrait à peine croître de 10 %. Soit nettement moins que les 20 % de Google ou les 40 % d'Apple ! En s'accrochant au train lancé à grande vitesse des « smartphones », Microsoft pourrait espérer redevenir une valeur de croissance. Pour ce groupe dont la valeur boursière n'a pas progressé depuis plus de dix ans, la nouvelle frontière du mobile prendrait alors des allures de cure de jouvence.