TOUT EST DIT

TOUT EST DIT
ǝʇêʇ ɐן ɹns ǝɥɔɹɐɯ ǝɔuɐɹɟ ɐן ʇuǝɯɯoɔ ùO

mardi 2 octobre 2012

Carlton-DSK : l'enquête pour viol classée sans suite


Le parquet de Lille avait ordonné une enquête sur des faits qui se seraient déroulés à Washington en 2010.
Le parquet de Lille a classé sans suite, mardi, la procédure pour viol visant notamment Dominique Strauss-Kahn, des faits qui avaient été relevés par les juges d'instruction dans le cadre de l'affaire de proxénétisme aggravé dite du Carlton de Lille, qui est toujours à l'instruction. DSK n'en a toutefois pas fini avec les procédures dans cette affaire. Son principal volet, dans lequel il est mis en examen pour proxénétisme aggravé, suit son cours.
Le parquet avait ordonné l'enquête sur les viols, confiée à la police judiciaire de Lille, sur des faits qui se seraient déroulés à Washington entre le 15 et le 18 décembre 2010, pendant des parties fines avec des prostituées. Dominique Strauss-Kahn était alors directeur général du FMI. La jeune femme concernée, de nationalité belge, "n'avait pas déposé plainte" lors de son interrogatoire par des enquêteurs français puis belges fin 2011, a expliqué le parquet dans un communiqué. Elle a ensuite "écrit qu'elle était consentante et qu'elle ne déposait pas plainte" dans un courrier daté du 17 août à la direction interrégionale de la police judiciaire de Lille.
Le parquet a donc décidé de classer sans suite la procédure, "l'infraction de viol n'étant pas constituée". "Je ne m'attendais pas à une autre décision compte tenu des éléments qui sont dans le dossier que je connais au sujet de ce prétendu viol", a déclaré à l'AFP Me Henri Leclerc, l'un des avocats de DSK. "Il n'y a rien qui ressort" de l'enquête, a souligné l'avocat, estimant "normale" la décision du parquet. "J'étais convaincu qu'il n'y avait même pas lieu de faire une enquête et qu'inévitablement cette enquête serait un jour ou l'autre classée sans suite, même si elle a amené à faire un grand scandale médiatique qui ne reposait sur rien", a ajouté Me Leclerc.

"Domination"

Lors de son audition en décembre, la jeune femme avait notamment rapporté aux policiers belges qu'elle avait subi le 16 décembre 2010 à Washington lors d'une soirée à laquelle participait notamment DSK certains actes sexuels non consentis. Elle avait alors déclaré sur un P-V : "Je n'ai pas hurlé, mais j'ai clairement dit à haute voix que je ne voulais pas."
Revenant sur cette audition, elle avait indiqué au magazine Le Point : "[J'ai] eu l'impression que les policiers m'avaient retourné la tête, ils ont tout fait pour me tirer les vers du nez." Selon Le Point qui avait contacté la jeune femme en mai, celle-ci aurait "refusé d'utiliser le terme de viol, préférant évoquer celui de domination".
Les faits incriminés avaient été dénoncés "à toutes fins utiles" par les juges chargés de l'instruction de l'affaire de proxénétisme aggravé dite du Carlton, dans laquelle Dominique Strauss-Kahn et huit autres personnes ont été mises en examen.
Dans ce volet principal qui suit son cours, le prochain rendez-vous a été fixé au 28 novembre, date à laquelle la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Douai rendra sa décision sur les requêtes en nullité déposées notamment par les défenseurs de l'ancien patron du FMI et du commissaire Jean-Christophe Lagarde.
Dominique Strauss-Kahn a été mis en examen pour proxénétisme aggravé en bande organisée le 26 mars. Il affirme qu'il ignorait que les femmes présentes aux parties fines auxquelles il avait participé, notamment à Paris et Washington, étaient des prostituées. "Il n'y a pas l'ombre d'une infraction de proxénétisme. Vous verrez qu'à la fin tout cela tombera, même si cela permet pour l'instant d'alimenter des scandales", a souligné à ce sujet Me Leclerc.


LA GAUCHE EST AU POUVOIR ?
DSK EST EST BLANC COMME NEIGE.......
BIZARRE, NON ?


Les retraités devront voler au secours du budget de la Sécurité sociale

Le gouvernement a présenté, hier, son premier budget de la Sécurité sociale. L’exercice était périlleux avec l’annonce d’un déficit du régime général (salariés du privé) qui devrait être contenu à 11,4 milliards d’euros en 2013, contre 13,3 milliards en 2012.
Le gouvernement est, à son tour, confronté à un déficit constant des comptes sociaux depuis 2001. Les comptes du régime général de la Sécurité sociale ont même atteint en 2010 un déficit historique de 23,9 milliards d’euros.
« C’est un budget de justice », a déclaré la ministre de la Santé Marisol Touraine en présentant le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) à la presse.

La ministre avait auparavant assisté, en compagnie notamment e son collègue du budget, Jérôme Cahuzac, à la réunion de la commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS) qui a annoncé un déficit pour 2012 de 13,1 milliards d’euros contre 14,7 milliards d’euros prévus initialement par le gouvernement.
La branche maladie reste la plus déficitaire à 5,1 milliards d’euros (5,5 milliards en 2012), selon le PLFSS qui prévoit 2,4 milliards d’économies sur les dépenses de santé en 2013.
La progression des dépenses de santé (Ondam, Objectif national des dépenses d’assurance-maladie) pour 2013 reste fixée comme prévu à +2,7 %, soit 175,4 milliards d’euros.

Remboursements préservés

Pour le reste, la branche retraite devrait être en déficit de 4 milliards d’euros (5,2 milliards en 2012), la branche famille de 2,6 milliards (2,5 milliards en 2012) et la branche accidents du travail excédentaire de 0,3 milliard (-0,1 milliard en 2012).
Hors régime général, le déficit du Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui finance le minimum vieillesse et les cotisations retraite des chômeurs, serait ramené à 2,6 milliards d’euros en 2013 (4,1 milliards en 2012), soit un total de 13,9 milliards.
« Le niveau de remboursement des dépenses de santé sera préservé », assure le gouvernement.
Les mesures d’économies porteront notamment sur « des baisses tarifaires » sur des médicaments ou sur « certaines spécialités médicales et la biologie ». La « maîtrise des prescriptions » médicales (vers plus de génériques par exemple) est aussi souhaitée.
Côté dépenses, l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) sera désormais remboursée à 100 % et son tarif sera « revalorisé » pour le rendre plus attractif aux praticiens.
Parmi les recettes nouvelles prévues par le gouvernement, les retraités imposables seront mis à contribution : leurs pensions seront soumises à un prélèvement de 0,15 % en 2013 puis de 0,3 % en 2014.
Cette contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (CASA) rapportera 350 millions d’euros en 2013 et servira à redresser les comptes de la Sécu, puis rapportera 700 millions en 2014, qui seront utilisés pour financer la réforme de la dépendance des personnes âgées.

Plus 5 centimes sur le demi

De fait, il s’agit de soumettre les retraités à la Contribution solidarité autonomie (CSA), créée en 2004 pour financer la dépendance des personnes âgées, alors qu’ils en sont actuellement exemptés. Les salaires, eux, sont déjà taxés à 0,3 %.
Le niveau de fiscalité sur les bières va être relevé, ce qui rapportera 480 millions d’euros à la Sécurité sociale, et « correspondra à une hausse équivalente à 5 centimes sur un demi de bière », a précisé le gouvernement.
Les cotisations d’assurance-maladie des travailleurs indépendants seront relevées.
Toutefois, contrairement à ce qui était attendu, aucune mesure ne vient anticiper dès 2013 (au lieu de 2014) la fin du régime qui autorise les Français travaillant en Suisse à ne pas cotiser à l’assurance-maladie en France (lire page 34.
Le total des recettes supplémentaires attendues se situe aux alentours de quatre milliards d’euros tous régimes confondus.

La saignée habituelle

Le vertige des Français face au « trou » de la Sécurité sociale n’est pas près d’être guéri. Le projet de budget présenté hier par le gouvernement confirme que cet autre mal français poursuit sa progression avec un déficit de 13 milliards. Comme l’an prochain, celui-ci s’accroîtra de trois milliards, il faudra bien jeter quelques pelletées d’euros dans ce gouffre en déficit chronique depuis 2001, dernière année d’équilibre des comptes de la Sécu.
Face à un système social qui semble atteint d’un mal incurable, le bon docteur Hollande ne fait pas mieux que ses prédécesseurs qui avaient, déjà, eu la main lourde. Les mesures prises par François Fillon l’an passé ont généré sept milliards de recettes supplémentaires. Mais rien n’y fait la Sécurité sociale reste dans le service réservé aux grands malades.
Comme au bon vieux temps de Molière, rien ne vaut une bonne saignée. Les retraités imposables mettront la main à la poche sans tarder et ils paieront un peu plus l’année prochaine. On ne sait pas s’ils seront d’accord avec la ministre de la Santé qui parle d’un « budget de justice ». Bien des retraités imposables ne roulent pas sur l’or et cette ponction supplémentaire pèsera sur leur pouvoir d’achat déjà touché par les hausses annoncées de la fiscalité directe.
La nouvelle taxation de la bière et du tabac appartient à ce que l’on pourrait appeler les « médicaments de confort budgétaires ». Entre discours moralisateur et aubaine fiscale, les « tours de vices » sur ces produits choquent moins l’opinion que les ponctions sur les salaires ou les pensions.
Conscient de mener un combat perdu d’avance, le gouvernement annonce qu’il veut plafonner le déficit de la Sécu à onze milliards d’euros par an. Dans un pays vieillissant, touché par une crise qui érode les recettes, la Sécurité sociale aura bien du mal à retrouver l’équilibre, à moins d’entamer des réformes structurelles bien plus douloureuses et impopulaires que l’habituel train de mesures qui viennent chaque année gâcher l’automne des Français.

Pour combler le trou, arrêtez de creuser !

C'est le trou le plus célèbre de France. Celui qui revient dans les conversations de comptoirs et qui impose dans l'inconscient collectif l'idée qu'un budget public est fatalement déficitaire. Que celui de la Sécu le soit, ça peut se concevoir comme un choix politique. La santé n'a pas de prix, elle a un coût ; on peut, en bonne société moderne, l'assumer et le financer. Avec la fierté de faire mieux que les États-Unis dans ce domaine. Voire d'être un modèle universel ! Mais assumer un déficit et bien gérer environ 175 milliards d'euros de dépenses, ce n'est pas le même combat. C'est l'affaire de chacun. Or on ne compte pas les exemples d'abus qui pèsent lourd et qu'il serait bon de sanctionner - il suffit de ne pas rembourser si ce n'est pas justifié. Sujet sensible car touchant souvent les couches les plus fragiles de la population. Le gouvernement a choisi de viser l'équilibre. Hélas sans vraiment toucher aux dépenses, qui continuent de creuser le « trou ». C'est du côté des recettes - « miracles » ? - que vient la solution. Les retraités imposables, les travailleurs indépendants, les bières (même si ça fait un peu histoire belge), le tabac sont les cibles qui devraient lever 4 milliards d'euros de ressources supplémentaires. Sera-t-on mieux soigné pour autant ? Le plan « Sécu » prévoit heureusement de subventionner des médecins généralistes (ils vont apprécier le terme !) pour s'installer dans les déserts médicaux comme la Picardie. Eh, quoi, pourquoi ne participeraient-ils pas aussi aux efforts ? Après tout, quand on prête le serment médical (ex-Hippocrate), ce n'est pas pour s'enrichir au soleil de la Côte d'Azur !

Métal froid

Métal froid 


« Cherche à placer hauts-fourneaux, cause désistement. Prévoir travaux. Écrire au gouvernement français qui transmettra ».
On ne verra pas cette petite annonce. Elle est inutile : les quelques acheteurs potentiels d’une unité sidérurgique savent déjà les intentions de Mittal en Lorraine. Et une telle offre révélerait de manière un peu trop crue l’incongruité de la situation.
Sans passer par la case nationalisation, l’État se trouve en position de gérer l’avenir d’une usine dont le propriétaire ne veut plus et dont on devine dès lors à quel point il a pu en prendre soin. On pressent aussi combien cet exploitant, en froid numéro un mondial, est porté aux cadeaux à la concurrence.
Un futur acheteur ne doit pas s’attendre à une affaire. D’autant que Mittal lance sans tarder un plan social. Peut-être cet empressement à se séparer des « Florange » n’est-il pas lui-même étranger à la menace brandie par le ministre du Redressement de faire voter une loi interdisant de fermer une usine rentable. Un encadrement qui ne manquera pas de pimenter la négociation.
Cas de figure édifiant, voilà l’État devenu VRP en hauts-fourneaux, avec en prime un ultimatum de 60 jours. S’il s’en sort, le gouvernement peut espérer un évident bénéfice politique… tant que tiendra le nouvel actionnaire sur un marché sans pitié.
S’il échoue dans son entremise, l’État se retrouvera dans l’impasse sociale. Celle que redoutent des syndicats amers à plus d’un titre. Ailleurs, des sportifs voudraient gagner de l’argent en pariant sur leur défaite. Ici, des ouvriers sont en passe de tout perdre si personne ne mise sur leur réussite.

Les mauvais plans de l'automne social

Les mauvais plans de l'automne social 


Ils tombent comme les feuilles mortes. Les uns après les autres. Jour après jour. C'était attendu, certes. Mais les plans sociaux en cascade minent durement cette rentrée sociale. Et le bras de fer engagé par Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, avec la direction d'ArcelorMittal, le géant planétaire de l'acier, n'est qu'un symbole de la mondialisation galopante qui, telle une pieuvre, enserre dans ses tentacules bien des destins.
Les innombrables fermetures et restructurations annoncées chez Petroplus, Doux, PSA Peugeot-Citroën, Sanofi, Fralib... sont les arbres de haute tige qui cachent une forêt dense. Faite de situations tendues, tout aussi terribles chez beaucoup de sous-traitants qui disparaissent en silence. Comme du reste dans ces petites entreprises familiales, souvent oubliées des politiques, et en proie aussi à de graves difficultés.
Que faire pour stopper l'avalanche et la forte poussée du chômage qui en résulte ? La droite a beau jeu, aujourd'hui, de se mettre en travers... du gouvernement en raillant ou son « inaction » ou son « incompétence » face aux désastres enclenchés. Quand la gauche affirme, à raison, qu'elle a hérité d'une situation avec des plans cachés sous le tapis par l'ancienne équipe au pouvoir. Une certitude : le débat ne devrait pas se réduire à ces querelles politico-politiciennes au moment où des femmes et des hommes se battent, au quotidien, pour sauver leurs emplois et assurer un avenir à leur famille.

Guerre économique

Au plus fort d'une guerre économique qui n'a jamais aussi bien porté son nom, le marché et sa sempiternelle loi de l'offre et de la demande s'avèrent de plus en plus impitoyables. Arnaud Montebourg, chantre du protectionnisme européen, affronte là, en première ligne, la dure réalité de cette mondialisation effrénée. Qui pousse un patron indien à éteindre les derniers hauts-fourneaux de Lorraine, dans ces terres d'histoire de France brutalisées par la violence des mutations industrielles.
Un tel scénario renvoie au pari de la réindustrialisation pris, pendant la campagne, par François Hollande, aujourd'hui au pouvoir. Osé et indispensable ? Oui, mais très compliqué car il faut aussi donner du temps au temps. La volonté farouche du gouvernement d'empêcher les licenciements boursiers et de taxer les entreprises coupables d'effectuer des coupes claires dans leurs effectifs au seul motif de satisfaire l'appétit des actionnaires ne réglera pas tout. Et en se chargeant de trouver un repreneur au site d'ArcelorMittal, l'État devra en assumer la responsabilité en cas d'échec, à l'heure où le BTP et l'automobile sont en manque d'appétit d'acier.
Inventer des solutions ? Engager une politique industrielle globale tout en gérant, au coup par coup, les situations d'urgence ? Le défi est là. Gigantesque. Et s'il demande de la lisibilité, de la visibilité et du courage, il doit favoriser l'innovation, la recherche, la formation aussi. Tout en oeuvrant à l'augmentation de la taille des PME françaises moins puissantes que leurs consoeurs allemandes. Oui : les pistes du rebond existent. À condition que toutes ces actions et bien d'autres s'inscrivent dans un projet collectif soutenu par un État plus stratège que coercitif. Capable d'anticiper les chocs, d'entendre les remontées du terrain. Le tout dans un dialogue social de qualité. Responsable, constructif. Pas dogmatique.

Universel

Universel 


Les dirigeants de l’Arabie saoudite n’aiment pas les femmes. Ou alors, ils en ont peur. C’est au point, en tout cas, de ne pas supporter les voir en photo, pas même dans un simple catalogue de meubles. Et c’est ainsi qu’Ikea, entreprise éthique et suédoise, chérie des bobos écolos, diffuse en Arabie un catalogue de ses produits sans une seule femme. Les photos sont rigoureusement les mêmes, avec les mêmes meubles, les mêmes hommes et bambins – mais dans la version saoudienne, toutes les femmes ont été effacées, à la soviétique ! Certes, les femmes ne sont pas toutes divines, mais enfin, les supprimer ainsi n’apparaît pas moins violent qu’une caricature de prophète. Mais cette affaire a au moins le mérite de nous rappeler une vérité : la société de consommation est beaucoup plus universelle que les droits de l’homme (et de la femme).

Allemagne : des séjours "sexuels" pour les employés méritants

Pour avoir offert des séjours sexuels à ses meilleurs agents, l'assureur Ergo fait énormément parler de lui actuellement en Allemagne. Il n'est toutefois pas le seul dans ce cas puisque la filiale allemande du groupe Zurich, Herold, a fait de même.

L'assureur allemand Ergo versait des primes très particulières à ses éléments les plus méritants : des séjours orgiaques en Jamaïque ou en Hongrie aux frais de la princesse. Exceptionnel pensez-vous ? Pas tant que cela puisque le groupe Zurich a confirmé lundi les mêmes usages dans sa filiale allemande Herold. Tous allaient à l'hôtel «Hedonism 2» en Jamaïque, dont l'une des spécialités est l'échangisme.
Le quotidien allemand Bild  donne la parole à une personne qui, en 1998, a profité d'un de ces voyages en compagnie de 30 autres représentants de l'International Finance Service de Herold: «Qui le souhaitait pouvait avoir du sexe partout et en tout temps», raconte-t-il.
Bernd Engelien, porte-parole de la Zurich, a confirmé ce voyage lundi mais a souligné son groupe a ouvert une enquête interne pour savoir si d'autres cas du genre se sont produits par le passécars les faits remontent à 14 ans lorsque Herold appartenait encore à Deutsche Bank.
De son côté, Ergo, dont le siège est à Düsseldorf, est passé à l'offensive cette fin de semaine en publiant sur Internet la liste des cas relevés dans son groupe et a décidé, afin d"éviter que de telles affaires se reproduisent, qui les primes se feraient désormais sous forme de voyages, «accompagnés des partenaires».

Monsieur Cambadélis, j'espère que vous ne m'écouterez pas

Dans Libération, le député PS Jean-Christophe Cambadélis a prôné "un autre chemin pour une autre politique en Europe", c'est-à-dire, dans sa langue de bois, le refus de la rigueur au profit d'un renforcement de l'interventionnisme et de l'emprise étatique sur l'économie. Est-ce bien raisonnable ?
Monsieur le Député, j'espère que vous ne m'écouterez pas. Vous semblez sûr de vous, et, à vous écouter, les réponses à la crise sont évidentes. Je vous donne en toute amitié mon point de vue pour contribuer à vos brillantes réflexions publiées hier dans les colonnes de Libération ; mais sachez, monsieur Cambadélis, que je compte sur vous.

"Il ne s’agit pas de contester la nécessité de stabiliser la dette. Nul n’ignore la facilité qui conduirait à reporter son coût sur les générations futures. Il s’agit d’opposer une alternative politique aux conservateurs pour qui le renforcement de la discipline fiscale à l’échelle nationale et la mise en place, dans chaque pays, d’une politique d’austérité tiennent lieu de seul viatique au marasme européen. Rétablir la confiance par une baisse du déficit et une réduction des dépenses, en clair rétrécir l’État, voilà l’objectif des droites."
Pour peu qu'on puisse considérer que je fasse partie des générations futures, vous avez raison : je ne veux pas payer la dette accumulée par l’État français, et d'ailleurs je ne la paierai pas, c'est promis.
Je ne suis ni conservateur, ni de droite, mais j'aimerais comprendre, d'un point de vue logique, comment vous comptez réduire les déficits, sans même parler de la dette. L’État a des ressources, qu'il prélève aux entreprises et aux individus, et des dépenses. Le déficit s'explique assez simplement : l’État dépense plus qu'il n'a de ressources. L'augmentation des impôts, qui va peser sur l'économie et fait déjà bondir les entrepreneurs, ne suffira pas à équilibrer le budget, et j'ai du mal à concevoir comment vous pourriez décemment proposer des augmentations plus importantes. Si vous ne voulez pas réduire les dépenses, le déficit demeurera, la dette continuera d'augmenter ; et avec elle, les intérêts que l’État doit rembourser, année après année, qui s'ajouteront aux dépenses. Vous semblez avoir une solution meilleure que la réduction des dépenses, à vous de jouer.
"[…] à l’examen de l’histoire économique, la succession des plans de rigueur n’a jamais fait un printemps de croissance. Faut-il rappeler que c’est la récession qui a provoqué le déficit et non l’inverse ? Est-il besoin de souligner que si le marché joue bien un rôle majeur dans les progrès de productivité, le niveau de vie n’aurait jamais pu augmenter sans État redistributif et sans État protecteur ? Le New Deal n’a-t-il pas sorti les USA de la crise de 1929 ? Qui, sinon le système financier, défaillant, a fait appel en 2008 à l’État pour éviter sa faillite, une panique des épargnants et l’effondrement du monde industriel ? Comment l’État peut-il stimuler l’économie s’il reste concentré sur sa dette ? Comment réduire les déficits quand la demande faiblit et que le chômage augmente au risque d’un accroissement des inégalités ?"
Ce n'est peut-être pas le déficit qui a provoqué la récession, mais s'il faut rappeler quelque chose, c'est que les déficits ont commencé alors que la France était en croissance et est devenu une constante dans les budgets de l’État français depuis plus de 30 ans.
S'il y a quelque chose à souligner, c'est que l’État redistributif et l’État protecteur ont un prix, ne sont pas viables à long terme et n'ont certainement pas contribué à créer plus de richesse dans notre pays, ni ailleurs.
Le New Deal n'a pas sorti les USA de la crise de 1929, il les y a maintenu. Quant au soutien de l’État à l'économie, il repose sur une erreur fondamentale, que j'aimerais vous expliquer.
Le marché libre permet de corriger les déséquilibres au prix de quelques ajustements. Des entreprises font faillite, leurs actionnaires perdent leur argent, puis, si des entrepreneurs estiment que l'affaire peut être rentable, d'autres entreprises se créent. Au lieu de cela, l’État, quand il choisit de "sauver" les entreprises qui menacent de faire faillite en donnant de l'argent à leurs clients pour acheter leurs produits, en leur offrant directement de l'argent ou en les arrosant de billets tout frais, fait payer les pertes aux contribuables. Si cela ne vous paraît pas choquant, c'est peut-être qu'il faut un exemple simple. Vous avez un peu d'argent et souhaitez investir. Vous analysez la situation et les perspectives de plusieurs entreprises et décidez d'investir dans l'une d'elle. Vous prenez un risque, en espérant réaliser un profit, et ça marche. L'une des entreprises dans lesquelles vous avez décidé, à raison, de ne pas investir, menace de faire faillite, et l’État décide de la sauver, en vous mettant à contribution. Vous qui aviez pris les bonnes décisions vous retrouvez à payer pour ceux qui n'ont pas fait preuve d'autant de lucidité, alors que l’État décide de récompenser par son soutien une entreprise qui n'a pas eu autant de lucidité que ses concurrents. Le rôle de l’État est-il de récompenser les mauvaises décisions ? Face à une telle situation, on en vient presque à espérer qu'il se contente de les prendre.
Vous avez sans doute voulu intriguer le lecteur avec des questions aussi grotesques, pour mieux le préparer à vos lumineuses réponses : je vous fais confiance, Monsieur, pour stimuler l'économie, réduire les déficits, faire grimper la demande, plonger le chômage, réduire les inégalités. Au passage, si vous pouviez aussi faire quelque chose pour la paix dans le monde…
"Comment réduire les déficits publics sans compromettre les perspectives de croissance et d’emploi ?"
La réponse à cette question est assez simple : la réduction des déficits, et à plus forte raison la réduction de la taille de l’État, est le seul moyen de ne pas compromettre les perspectives de croissance et d'emploi. Quelle que soit la cible de ces réductions, elles feront des mécontents, les uns privés de subventions, les autres de cadeaux fiscaux ou de privilèges, mais votre courage et votre détermination, au service de votre clairvoyance, parviendront, je n'en doute pas, à nous sauver de la situation délétère dans laquelle notre aveuglement à tous nous a plongés.
En revanche, prix Nobel ou pas, je vous donne mon avis : au prix de quelques ajustements à court terme, le marché corrigera les déséquilibres actuels et permettra le retour d'une croissance durable, par opposition à une longue stagnation ou récession si l’État repousse les ajustements et fait financer son action par un poids toujours plus important sur l'économie. L'austérité toute relative qui permettrait de revenir à l'équilibre est peut-être à envisager. Mais là encore, vous devez avoir une meilleure idée : je vous suivrai aveuglément, soyez-en sûr.
"Les enjeux deviennent partout les mêmes dans l’Union : chômage de masse, sous-emploi des jeunes et des seniors, dualisme du marché du travail entre emplois stables et précaires, modulation du temps de travail, sécurisation des parcours professionnels, modes de consultation et de négociation avec les salariés et leurs représentants. Un agenda du redressement a été arrêté par le président de la République. Ne revient-il pas aux dirigeants européens et aux forces politiques de l’Union de définir, avec la Confédération européenne des syndicats, un agenda social européen ? Le Parti socialiste doit s’emparer de ces sujets. Peut-on attendre que les faits viennent contredire les objectifs ? N’est-il pas temps de travailler avec les sociaux-démocrates européens à un pacte de croissance continental ?"
On ne peut pas attendre que les faits viennent contredire vos objectifs, même s'ils contredisent déjà certaines des théories que vous mentionnez – sans doute pour mieux nous impressionner par la suite avec la force de vos propositions.
La situation est alarmante, mais je ne compte pas sur des mesures qui ont fait la preuve de leur inefficience et de leur contre-productivité pour nous sortir de l'ornière. Pour cela, monsieur Cambadélis, je compte sur vous.

Le budget français de 2013 ou comment tuer la croissance

Quelle ironie : le candidat qui faisait campagne pour la croissance contre l'austérité s'apprête aujourd’hui, en tant que Président, à infliger aux Français un choc fiscal historique et ainsi tuer le peu de croissance française qui restait.

Le budget de rigueur 2013 dévoilé vendredi constitue « l'effort le plus important depuis 30 ans », selon… M. Hollande lui-même. Dans la droite ligne de son prédécesseur et de la défense de la « règle d'or », le président socialiste a l'intention de réduire le déficit à 3% l'an prochain (contre 4,5% en 2012) afin de ne pas être « dans la main des marchés ».
Bien sûr, les investisseurs de marché peuvent être satisfaits de cet apparent sérieux du président socialiste. Bien sûr, l'Allemagne peut être soulagée de voir que « Flamby » est finalement revenu à la « réalité » de la nécessité de la lutte contre les déficits, après ses invectives électorales.
Sauf que la réduction des déficits n'est pas la clé du problème de la France en soi : c’est la façon dont le gouvernement y parvient qui compte. Ainsi, derrière la rhétorique d’un budget « courageux et responsable », ou encore « de conquête », la réalité est que ce budget est essentiellement basé sur des augmentations d'impôts (24 milliards €) - et non des réductions de dépenses (10 milliards ?). Dans un pays où la dépense publique représente plus de 56% du PIB et la dette publique explose à présent près de 90% du PIB, un gouvernement « responsable » aurait lancé un effort sérieux de réformes visant à réduire le niveau des dépenses publiques.
Ainsi, la pression fiscale totale passera de 44,9 à 46,3% du PIB tandis que les dépenses publiques seront « stabilisées » à 56,3% du PIB. Les recettes de l'impôt sur le revenu devraient augmenter de 25% (de 59 milliards à 73 milliards). Une nouvelle tranche d’imposition à 45% est créée au dessus de 150.000 €, avec bien sûr toujours le fameux taux de 75% pour les revenus (du travail seulement) au-dessus de 1 million. Cette progressivité plus agressive n'est pas une bonne recette pour les incitations à investir et à créer. Le statut de l’auto-entrepreneur sera rogné. La nouvelle fiscalité sur les plus values de revente de parts d’entreprise (60,5 % !) sera une puissante incitation pour les entrepreneurs à ne plus lancer de projets d’entreprise. Les entrepreneurs se rebellent d’ailleurs avec un nouveau collectif qui proteste contre cette fiscalité anti-croissance : « les Pigeons » (http://defensepigeons.org). Les recettes de l’impôt sur les sociétés devraient augmenter de 30% à 52 milliards (en particulier du fait du rabotage des déductions fiscales des grandes entreprises sur charges d’intérêt).
On voit difficilement comment les problèmes de chômage élevé (qui a récemment atteint 10%) et de manque de compétitivité dû au coût du travail seront résolus par une telle politique (surtout après que le gouvernement l'été dernier a choisi de réduire l'âge de la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans et augmenté le salaire minimum national).
Aujourd'hui, le gouvernement maintient que la plupart de l'effort fiscal sera supporté par les ménages riches et les grandes entreprises. Mais, premièrement, derrière la rhétorique de « lutte des classes », l'on sait bien que de frapper les riches revient, en fin de compte, à frapper les pauvres - parce que les riches investissent moins ou partent. Ensuite, il s'avère en outre que, d'après un syndicat des impôts, 16 millions de foyers fiscaux (sur 36 millions) seront touchés par une augmentation d’impôts, étant donné le gel du barème de l'impôt. Le plafond du quotient familial est réduit de 2.300 à 2.000 €, ce qui nuira aux familles de la classe moyenne qui paient l'impôt sur le revenu. La nouvelle taxation des dividendes et de l’épargne va pénaliser les épargnants pauvres et moyennes de classe. Une mesure prise cet été par le gouvernement a déjà réduit le pouvoir d'achat des « travailleurs » : la suppression de la défiscalisation des heures supplémentaires.
La masse salariale de l’État est « gelée » à 80 milliards – et non pas réduite. Même la réduction du budget d’un Ministère aussi peu prioritaire que celui de de la Culture est risible (de 2,54  à 2,43 milliards d'euros - soit à peine 110 millions... de différence). Effectivement, 12 300 emplois seront supprimés dans les différents ministères. Mais 11 000 nouveaux emplois publics seront créés (en plus des 6 800 déjà créés cet été). La règle du non-remplacement des fonctionnaires partant à la retraite mise en place par M. Sarkozy a été supprimée. Même quand il est affirmé que les programmes publics seront réduits (mais Jean-Marc Ayrault n'en a pas mentionné un seul au cours d'une émission TV jeudi soir), il est difficile de voir où seront trouvés les 10 milliards.
Une étude récente du NBER [1] par Alberto Alesina, Carlo Favero et Francesco Giavazzi constate que les ajustements budgétaires axés sur les dépenses sont « associés à des récessions mineures et de courte durée, et dans de nombreux cas pas de récession du tout » tandis que « les ajustements fondés sur l'impôt » sont associés à « une récession profonde et prolongée ». Il est grand temps que la France rationalise son administration (par suppression de couche dans son « mille-feuilles ») et réduise ses dépenses publiques. M. Sarkozy était sans doute un grand dépensier faisant exploser la dette publique d'environ 30% (ce qui affaiblit les critiques de l'opposition aujourd'hui), mais l'effort de rationalisation des dépenses publiques avec la Revue générale des Politiques Publiques était un bon début. M. Hollande l'a écarté.
Enfin, notons l’habituelle hypothèse optimiste quant à la croissance l'année prochaine : 0,8% alors que les économistes prévoient 0,3%. 0,1% signifie tout de même 1 milliard. Comme il est évident que le choc fiscal étouffera l'économie, les prévisions de croissance du gouvernement de 2% pour les prochaines années sont un gag.
Après près de quarante ans de budgets en déficit, le fait que la France se soit enfin tournée vers la responsabilité budgétaire a pu paraître comme une bonne nouvelle. Mais c'est le type de chemin vers la responsabilité financière qui importe, et, malheureusement, M. Hollande a choisi « l'austérité avec plus d'impôts et pas de réforme ». La France étant un acteur incontournable dans la crise actuelle de l’Euro, ce budget éminemment pro-récessif, s’il est voté, ne pourrait-il signifier la fin proche de l'Euro ?

"le temps des larmes" 

 
Le temps des larmes est venu. Il était annoncé depuis longtemps, il s'inscrit dans la logique de la crise économique. Et s'il vient si tard, c'est du fait de l'élection présidentielle qui a reculé de quelques mois les échéances sociales. Ce sursis a donné à certains Français l'impression qu'on exagérait la portée de la crise. Les derniers chiffres concernant le chômage et les premières annonces de plans sociaux importants viennent démentir définitivement cette illusion. Quelle réponse apporte le pouvoir à ces premiers orages ? Un discours moins triomphant que durant l'été. Une politique écrasée par les réalités. Bref, un aveu d'impuissance.
La politique suivie par le gouvernement repose toujours sur les mêmes objectifs : une hypothèse de croissance à 0,8 % pour 2013 et la réduction du déficit à 3 %. Mais même dans les rangs socialistes on estime irréalisable cette ambition. "Objectif intenable", avoue le président de l'Assemblée nationale. Dès à présent on peut donc prévoir que l'effort budgétaire supplémentaire de 37 milliards d'euros prévu pour 2013 sera insuffisant. On en imagine les conséquences fiscales.
Le même accent est toujours mis sur la croissance. Mais c'est un vain mot en la circonstance, puisque le gouvernement ne se donne pas les moyens de l'assurer. Le matraquage fiscal - n'en déplaise à Moscovici - qui frappe l'entreprise va à contresens d'une politique de relance. On semble avoir compris, un peu tard, que les PME sont un agent précieux dans une stratégie de croissance. Mais elles sont dépendantes des grandes entreprises, et l'on frappe et l'on décourage celles-ci.
Quant à l'emploi, la marge de manoeuvre du gouvernement est extrêmement faible. Quel plan social a-t-il le pouvoir de rejeter ? L'ayant compris, il a mis fin à ses rodomontades. Il en est réduit à un rôle d'assistance sociale. Une sorte de Samu social. Le pauvre Montebourg, nommé pour donner de l'élan à l'industrie, passe ses jours et ses nuits à tenter avec un zèle admirable de trouver, quasiment au cas par cas, des solutions propres à réparer sur le terrain les dégâts sociaux provoqués par les difficultés des entreprises. Triste symbole d'une misère...
Le temps de la colère est-il venu avec celui des larmes ? L'exemple de l'Espagne et de la Grèce, parmi les pays dont nous suivons la pente, devrait nous éclairer. Le mécontentement y est très fort, mais l'expression de la révolte n'y est qu'épisodique. Et à chaque pays sa spécificité politique. À cet égard, François Hollande et son gouvernement ont pour eux de n'être en place que depuis peu de temps. Leur plongée dans les sondages ne peut plus guère s'accentuer, ils bénéficient par là même d'un sursis. Mais surtout, ils jouissent d'une précieuse immunité parlementaire, du fait du poids de leur majorité. Celle-ci est certes incontrôlable, mais elle se souderait dans des circonstances mouvementées.
La France est politiquement structurée. L'extrême gauche y est représentée au Parlement. L'extrême droite fait partie depuis trente ans du patrimoine national, et elle est plus dérangeante par son verbe que par son action. On voit mal, dans ces conditions, la colère populaire s'exprimer autrement que sous des formes ponctuelles et éphémères. 
La France n'est pas aujourd'hui dans des dispositions aventureuses.

Quand la satire fait “pschitt”

Qu’il s’agisse du français Charlie Hebdo ou de son confrère allemand Titanic, l’humour dont font preuve les magazines satiriques semble davantage viser à faire parler d’eux qu’à inciter la société à réfléchir.

Le magazine satirique Titanic sort ce 28 septembre dans les kiosques avec une nouvelle Une. Ladite couverture montre [l’ex-première dame d’Allemagne] Bettina Wulff, menacée ou protégée, selon la façon dont vous voyez la chose – on préfère ne pas s’avancer – par un combattant islamiste armé. Un photomontage puéril qui témoigne de la posture floue et timorée du journal. Y est-il question de Bettina Wulff et de ses velléités d’ores et déjà copieusement moquées en Allemagne de faire parler d’elle dans les médias ? C’est un sujet qui n’en est plus un depuis longtemps, et c’est là un des autres problèmes de Titanic : le journal nous ressert sans cesse les mêmes plats réchauffés. A moins que ce ne soit une nouvelle tentative d’une poignée de journalistes portés sur la plaisanterie de jouer avec les nerfs des musulmans pour savoir s’ils sont bien tel qu’on les imagine : s’introduisant munis d’une ceinture d’explosifs dans les rédactions des journaux satiriques de France et d’Allemagne et apportant ainsi aux amuseurs la confirmation de l’impact de leur humour de carabin.
Voyant que quelques milliers de personnes se sont déchaînées contre le film L’innocence des Musulmans en Egypte, en Syrie et en Iran, des responsables politiques allemands se sont émus du "coup" annoncé par Titanic. Guido Westerwelle, le ministre des Affaires étrangères, a ainsi déclaré qu’il fallait se garder de jeter de l’huile sur le feu.
Pendant ce temps, la responsable politique française Christine Boutin a dit vouloir porter plainte contre le journal Charlie Hebdo, jugeant que les caricatures de Mahomet qui y ont été publiées remplissent les critères de l’incitation à la haine raciale. Et [l’euro-député Vert] Daniel Cohn-Bendit est sorti de ses gonds à la télévision, traitant les dirigeants de Charlie Hebdo de "cons" et de "masos" qui se complaisent dans leurs propres craintes. Bon.

Plumes contre cimeterres

Rarement la satire aura autant fait parler d’elle dans les médias que ces jours-ci. Rarement l’agitation autour des dessins et des couvertures satiriques aura été si forte en Allemagne, et plus encore en France. Rarement on aura vu se manifester autant de partisans et d’ennemis de la satire, à coups de mises en demeure et de mises en garde parfois effarantes – [le célèbre journaliste d’investigation allemand] Günter Wallraff dit vouloir que les médias européens soient inondés de caricatures critiques de l’Islam afin que la "démonstration de liberté" – il le dit très sérieusement – ne soit pas seulement l’affaire d’une poignée d’amoureux de la liberté.
Cette audace vibrante est en réalité la colère ardente de néo-bourgeois excités qui pensent que l’ordre libéral peut être renversé par des islamistes fous et que "l’art sacré" est un moyen de sauvegarder notre ouverture d’esprit. Des plumes acérées face aux cimeterres.
Il est simplement dommage de voir que, à une époque où l’on fait tant de foin à son sujet, la satire est mauvaise comme rarement elle l’a été. Le problème ne vient même pas de la piètre facture des dessins de Charb dans Charlie Hebdo. Ce qui est triste, c’est l’indigence intellectuelle de toutes ces images, ces montages, ces plaisanteries, qui ne visent qu’à faire sensation. Il n’y a rien de sensationnel là-dedans, sinon que ces gens s’aventurent sur un terrain sensible inédit, dont l’attrait tient au fait qu’il est impossible de savoir à l’avance ce qui se passera – encaisseront-ils le choc ou mettront-ils le feu ? S’en prendre aux politiques ne sert à rien et reste donc l’apanage d’amuseurs télévisuels d’arrière-garde qui ne se rendent pas compte que leur discours est plus éventé encore que celui des politiques.
Le seul moyen pour un satiriste de faire recette aujourd’hui est de s’attaquer à la pudeur religieuse – c’est le succès assuré : le Pape va en justice, le Conseil du culte musulman dénonce les atteintes portées aux sentiments religieux de ses fidèles, et les satiristes répliquent une nouvelle fois dans la veine du patriotisme constitutionnel : un pays libre ne doit pas interdire la satire. Leo Fischer, le rédacteur en chef de Titanic, déclare : "Les musulmans doivent tolérer les plaisanteries les concernant". C’est aussi vrai que barbant. Et, selon toute vraisemblance, ils les tolèreront, de même que nous devrons nous accommoder du fait que la satire politique allemande ne nous donnera guère matière à réflexion dans les années à venir, ainsi qu’elle nous y a déjà habitués.

Pologne, les Allemands reviennent !

Pendant des années, l’Allemagne de l'Ouest a été une destination de choix pour les émigrés polonais. Mais aujourd'hui, ce sont les Allemands qui traversent l’Oder à la recherche d’un emploi en Pologne.

"Lève-toi, paresseux, avant que je perde patience. Nous allons à Łódź !", dit le texte d’une chanson bien connue en Allemagne ("Theo, wir fahr'n nach Lodz") écrite au XIXe siècle, à l'époque de l'industrialisation et du plein essor industriel du district de Łódź. Pour les Allemands, cette ville était un eldorado. C’est ici qu’ils voyaient la possibilité d’une vie meilleure, c’est ici qu'ont bâti leur fortune les Scheibler de la Rhénanie, ou les familles saxonnes Geyer et Herbst. L'histoire aime se répéter.
Après les cataclysmes des deux guerres mondiales, et après l'effondrement du communisme, assistons-nous une nouvelle fois à l'arrivée d'une vague d'immigrants allemands en Pologne ? Certes, ce n'est pas encore l'exode, mais notre pays est néanmoins devenu l'un des lieux d'installation préférés des Allemands.
En 2006, la Pologne était à la cinquième place du classement des destinations pour les expatriés allemands, qui sont désormais plus nombreux en Pologne qu'en Espagne ou en France. Selon l'Office fédéral allemand des statistiques,  9 434 citoyens allemands ont déjà élu domicile en Pologne. Notre pays a ainsi détrôné de sa troisième place l'Autriche, pour se placer juste derrière la Suisse et les Etats-Unis.

Les Allemands en route

Il y a quelques années, les déplacements se faisaient dans la direction opposée. Jusqu'à la chute du communisme et la transformation de la Pologne, l'Allemagne de l'Ouest était une destination de rêve pour les réfugiés polonais qui, avec des photos de leurs parents éloignés en uniformes de la Wehrmacht, sollicitaient des papiers allemands ou, faute de mieux, une Aufenthaltsbewilligung, une autorisation de séjour.
Aujourd'hui, malgré les incitations pour venir travailler en Allemagne, sous forme d'offres de cours de langue gratuits, ou de formation professionnelle, ou même de versements de bonus exceptionnels par certaines entreprises, l'intérêt de nos compatriotes pour partir vivre au-delà de l'Oder est relativement faible.
Les rôles se sont inversés, la Pologne est devenue pour des milliers de voisins de l'Ouest l'un des pays les plus attractifs pour vivre et faire carrière. Près de 6 000 sociétés allemandes, petites et moyennes pour la plupart, ont déjà jeté l'ancre en Pologne. La valeur des investissements allemands est estimée à 22 milliards d'euros, ce qui représentait l'an dernier 21% de tous les investissements étrangers en Pologne.
Il y a quelques années, quand un Allemand déclarait vouloir partir travailler en Pologne, il entendait en règle générale : "Tu es fou ?!" Aujourd'hui, plus personne ne s'étonne. Les chômeurs allemands, en particulier ceux de la zone frontalière de l'ancienne RDA, y voient la possibilité de trouver un emploi fixe, et les jeunes diplômés une opportunité d'avancement professionnel et de missions plus ambitieuses.
Bartłomiej Sochański, l'ancien maire de la ville de Szczecin et consul honoraire de la République fédérale d'Allemagne dans cette ville, parle de quelque 2 500  travailleurs allemands dans sa région : installateurs de plomberie et de chauffage, menuisiers, maçons, couvreurs, etc..., venus notamment des régions du Brandebourg et du Mecklembourg-Poméranie-Occidentale tout particulièrement touchées par le chômage. Nombreux sont ceux qui, installés de l'autre côté de la frontière, n'envisagent plus de retourner en Allemagne.
Ce qui séduit les Allemands en Pologne est aussi le désir de retourner sur les traces familiales, ainsi qu’une certaine forme de nostalgie. Gotthard Sinapi a choisi le village Lekowo, à côté de Swidwin. Ce restaurateur de monuments de 58 ans est l'un des co-propriétaires du château, ou plutôt de ce qui reste de la bâtisse du XVIIe siècle. La restauration, financée par les membres de toute la famille éparpillée à travers le monde, a duré plusieurs années. Il reste encore beaucoup à faire, mais d'ores et déjà plusieurs chambres d'hôtes sont prêtes à recevoir des amateurs d'agrotourisme ; une salle de chasse a été aussi rénovée, tout comme la pièce qui, trois fois par an, accueille le public pour un concert.

Les chevaux attendent

Le plus connu des Allemands "polonais" est sans doute l'acteur Steffen Möller, devenu célèbre grâce à la série télévisée "M jak miłość" (A comme amour). Dans son one-man-show, ce véritable "ambassadeur" de notre pays en Allemagne (auteur du best-seller Viva Polonia. Als deutscher Gastarbeiter in Polen,  Viva Polonia, Un travailleur immigré en Pologne) prodigue des conseils à ses compatriotes sur la manière de s'insérer parmi les Polonais. "Je vous préviens : ce soir, certaines personnes devront jeter par-dessus bord leurs stéréotypes préférés – après tout notre voisin oriental est pour nous le pays d'émigration numéro 3!". Son dernier livre Expedition zu den Polen [Expédition en Pologne] a occupé pendant plusieurs semaines le premier rang des livres les plus lus en Allemagne. Dans les librairies et sur Internet, on voit un nombre croissant de livres spécialisés destinés aux émigrés et consacrés à la réglementation polonaise en matière de création d'entreprise, d’emploi, ou de système fiscal.
"Cet ignoble trou, je suis trop jeune pour toute cette saloperie, j'ai besoin de musique et de danse, et d’un peu d'élégance, reprends toi et en route, là-bas je serai libre, là-bas je vivrai enfin, et je goûterai à l'amour, Theo, partons pour Łódź ". Cette chanson, reprise par la chanteuse grecque Yicky Leandros, était (il y a quelque temps...) un tube en Allemagne. Bien avant cela, à l'époque des partitions de la Pologne, elle a été chantée, notamment par des soldats autrichiens, qui l'accompagnaient d'un persiflage écrit par Fritz Löhner-Beda, un auteur juif assassiné en 1942 à Auschwitz. Les émigrés allemands trouveront-ils chez nous leur "terre promise" ? Quoi qu'il en soit "les chevaux attendent", comme dit la chanson.