TOUT EST DIT

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mardi 27 septembre 2011

La retraite à 67ans, vite!

Il va falloir travailler jusqu’à 67 ans! Jeudi, François Fillon a lâché benoîtement : "Il faudra aller vers un âge de retraite commun" avec l’Allemagne. Une petite phrase destinée aux marchés financiers.
Notre triple A ne tient plus qu’à un fil. Après l’Italie, la France pourrait bien être attaquée. Toute la question est de savoir si, dans les prochaines semaines, nous allons basculer du côté des "Pigs" : Portugal, Italie, Grèce, Espagne (Spain en anglais). Ou si la France va rester arrimée au club des forts : Allemagne, Pays-Bas, Autriche, Finlande, tous notés AAA. L’enjeu est crucial. Si Paris flanche, il y a du souci à se faire pour l’Union européenne. En martelant la nécessaire "convergence économique et sociale" franco-allemande, tant sur "le temps de travail" que sur "la retraite", le Premier ministre veut montrer aux marchés et aux agences de notation que la France est sérieuse et ne basculera pas du côté des "Pigs". Le pays va se "germaniser". Promis, juré…
Cette convergence est la clé de l’euro. Puisque nous ne pouvons plus dévaluer à l’intérieur de l’Europe, nous devons devenir aussi performants que les Allemands, sous peine de perdre toute notre industrie. C’est simple : si les Renault ne sont plus compétitives, nous roulerons tous en Volkswagen. On a longtemps pensé qu’en créant une monnaie unique les modèles économiques allaient naturellement converger. C’était le "pari" de l’euro. Il a échoué. Aux politiques de jouer pour forcer le mouvement. Angela Merkel ne dit pas autre chose lorsqu’elle déclare : "Nous ne pouvons pas avoir une monnaie commune et certains avoir plein de vacances et d’autres très peu, à la longue cela ne va pas". La France va devoir s’administrer les réformes allemandes des années 2000 : modération salariale, réduction des allocations chômages à un an, retraite à 67 ans… Dur? C’est ça, ou la fin de l’euro.

Une Europe d’exclusion

Le 1er janvier prochain, Copenhague prendra la présidence tournante de l’UE. Deux gros dossiers attendent le gouvernement de gauche récemment élu : l’euro et Schengen, symboles d’une UE qui ne sait plus rassembler.
Lorsqu’à la mi-janvier le nouveau Premier ministre danois, la sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt, se lèvera dans l’hémicycle du Parlement européen pour présenter la présidence danoise de l’UE, ce sera peut-être le début d’une rude partie pour elle. La zone euro et l’espace Schengen, deux des principaux projets politiques de l’UE, traversent en effet une grave crise. Et, même si le Danemark n’est un acteur important dans aucun des deux [il n’est pas membre de la zone euro], ces dossiers influeront largement sur la présidence et sur la place du pays dans l’UE.
Déjà, nous sommes impliqués dans la réforme de Schengen. Pour faire plaisir au Parti du peuple danois [extrême droite], le Premier ministre sortant, le libéral Lars Løkke Rasmussen, a accepté un renforcement des contrôles douaniers aux frontières du Danemark, provoquant ainsi les pays voisins et les institutions européennes.

Le Danemark plusieurs fois épinglé en privé

Le 16 septembre, la Commission européenne a enfin proposé d’exiger l’autorisation de Bruxelles avant tout rétablissement provisoire des contrôles aux frontières par un pays. Initialement prévu à l’ordre du jour de la Commission le mardi précédent, le projet s’est retrouvé comme par magie reporté au lendemain des élections législatives danoises.
Plutôt que de se demander s’il s’agissait là d’une initiative intelligente ou bien d’une ruse, mieux vaut constater à quel point la Commission redoute les débats nationaux sur ces questions. Il est également intéressant d’observer le double jeu dans la présentation du projet de réforme de Schengen. D’un côté, on précise que les contrôles douaniers danois ne sont pas à l’origine du projet de la Commission, puisqu’il s’agit de contrôler l’immigration illégale ; de l’autre, le commissaire chargé de ces dossiers, la Suédoise Cecilia Malmström, a plusieurs fois épinglé en privé le Danemark comme exemple d’une "dangereuse tendance" à un retour des frontières intérieures de l’UE.
Ce double jeu illustre deux défis pour la présidence de l’UE de Helle Thorning. D’une part, même si la bataille aux frontières vise davantage l’immigration illégale en Europe du Sud, elle est inexorablement associée au Danemark dans le débat sur la politique européenne ; d’autre part, le climat de l’UE est globalement très délétère au moment où le Danemark s’apprête à reprendre les rênes de l’Europe, pour la première fois depuis 2002, pendant la période faste de l’élargissement vers l’Est. A l’époque, il s’agissait surtout de voir comment l’UE pouvait intégrer dans un maximum de domaines autant de pays membres que possible.

Une renégociation difficile des traités

Avec les crises au sein de l’espace Schengen et de la zone euro, on s’interroge plutôt aujourd’hui sur les conditions nécessaires à l’exclusion d’un pays. Mais le projet renferme aussi une nouveauté : un pays qui n’assure pas la sécurité des frontières extérieures de l’UE doit pouvoir être provisoirement exclu de l’espace Schengen.
Au sein de la Commission, cette disposition est qualifiée de “clause grecque”. Elle pourrait en principe frapper également l’Italie ou d’autres, mais elle vise surtout le système d’immigration défaillant de la Grèce. Et la boucle est ainsi bouclée avec l’autre séisme politique du moment, la crise de la dette dans la zone euro. La Grèce est devenue le symbole même d’un chaos administratif et d’un endettement de plus en plus en plus lourd à porter pour l’Allemagne et les autres pays riches de la zone euro.
Lorsque le président français et la chancelière allemande ont assuré, le 14 septembre, qu’ils n’avaient pas l’intention d’exclure la Grèce de la zone euro, leur déclaration a eu l’effet presque inverse de celui escompté. Car, tout de même, le fait que Sarkozy et Merkel ressentent le besoin de le préciser était impensable il y a quelques années.
Ce n’est qu’avec le traité de Lisbonne, en décembre 2009, que l’UE s’est dotée de règles autorisant explicitement un pays à sortir de l’UE. On ne peut cependant en être exclu – pas plus que de la zone euro – à moins que l’Allemagne, les Pays-Bas ou d’autres ne souhaitent une refonte complète des règles fondamentales. Dans ce cas, la présidence danoise pourrait se voir chargée d’une nouvelle et difficile renégociation des traités de la communauté.

Sénatoriales : La peau de l’ours

Il n’y a vraiment aucune raison de pavoiser pour l’UMP, pour la droite et pour le président de la République. La prise par la gauche du Palais du Luxembourg est une grosse défaite qui pèsera lourd sur le semestre à venir avant l’élection présidentielle.
Tout a été dit ou presque sur les causes de cet échec : c’est à la fois la conséquence mécanique des élections locales perdues auparavant, c’est l’effet double peine, mais la mécanique n’explique pas tout. Les réformes mal comprises, réforme territoriale et taxe foncière, ont déconcerté beaucoup d’élus et le contexte des affaires a pourri le climat.

Les grands électeurs de dimanche ne s’intéressent pas seulement aux dossiers de leur département, ils suivent l’actualité nationale, et comme beaucoup d’autres, ils ont du mal à avaler une boule puante par jour. Le président de la République, qui est par nature et par volonté au cœur de la politique française depuis plus de quinze ans, a été atteint par les amalgames, mal protégé et mal défendu, donc affaibli.

L’élection de 2012 serait-elle jouée pour autant ? Je ne le crois pas. Certes les socialistes sont renforcés et le désir d’alternance comme en 1981 nourrit une dynamique de victoire pour leur camp, mais elle peut aussi les pousser à la faute dans la suite des primaires. Il suffisait de voir les sourires hilares dans la cour du Sénat et certaines déclarations pour comprendre que l’on vend un peu vite la peau de l’ours ! Reste que la séquence de rebond des derniers mois pour Nicolas Sarkozy est effacée et qu’il devra se relancer par l’action : la crise économique et financière pourra lui en donner l’occasion. D’autant que l’électorat des grands électeurs sénatoriaux n’est quand même pas superposable avec celui du pays, la meilleure illustration c’est qu’un parti estimé à 18-20 % dans les sondages, le Front national, était totalement absent des élections sénatoriales, comme si un électeur sur cinq n’existait pas.

Aux Impôts à Athènes : « Trop tard, tout est asséché ! »

Les impôts en Grèce : aïe, aïe, le casse-tête ! Entre fraude et évasion fiscale, on ne compte plus les milliards perdus dans la nature. Pour avoir un aperçu de l'ampleur, nous avons passé une matinée avec la sous-directrice d'un centre des Impôts, à Athènes. Et rencontré sur le terrain des inspecteurs « mal à l'aise ». Instructif.  

  « Mais comment veux-tu que je paie 600 € d'un coup ? Tu vas faire quoi ? Me mettre en prison ? » L'homme, belles bacchantes balkaniques, brandit une feuille jaunie, griffonnée de chiffres. Il défend son bout de gras avec ardeur. « Tssst, tsst, ça peut s'arranger, tente de le calmer la fonctionnaire. Du moment qu'il te reste à manger, c'est l'essentiel non ? » Le contribuable glapit : « Eh, pouvoir dormir aussi ! »
Ce jour-là, Konstantina Georgopoulou, la sous-directrice du centre des impôts de Galatsi, quartier à l'ouest d'Athènes, a décidé d'être taquine : « Eh, on ne peut pas tout avoir dans la vie ! » Finalement ces deux-là s'arrangeront : l'homme aux bacchantes paiera en trois fois. « Faut de temps en temps blaguer avec les gens, dit en aparté Konstantina. Ils ont tellement le moral dans les chaussettes. Ils sont tellement angoissés, serrés de toutes parts ! »
On entre et on sort de son bureau comme dans un moulin. Et on négocie directement, dans un tutoiement délicieusement oriental. Les collaborateurs de Konstantina n'hésitent pas : « Si tu veux un arrangement, va voir la boss. Sa porte est toujours ouverte. »
Elle admet qu'il lui reste un peu de marge de manoeuvre. « Ici, on met de l'huile pour que la machine roule encore. » Dans un coin de la pièce, il y a des sacs postaux et même un chariot de supermarché, tous remplis de déclarations d'impôts. Mais on se dit que tout ça ne sera pas suffisant pour combler la dette du pays.
Les impôts ! Aïe, aïe, le casse-tête de la crise grecque. Sujet tabou ! Qui fait grincer des dents, cloue les becs et déclenche même des orages. « On est au bout, se tracasse Konstantina. Les salaires baissent, la pression fiscale augmente sans cesse. Et la collecte est de plus en plus difficile. Ce ne sont pas les gens du peuple qui font le plus de problème. Ce sont les ' grands ', autrement plus futés et à même de résister. »
Nous voilà au coeur de la machine infernale. La fraude fiscale. Évaluée à 15 milliards d'euros. « Notre système est une vraie passoire, bouillonne l'économiste Iannis Varoufakis. C'est devenu un sport national de ne pas payer les taxes. Et on peut parler dans certains cas d'immunité fiscale facilitée par la loi. »
« Les "grands" posent problème »
Yourgos Kordalos est inspecteur dans un service juridique des Impôts, à Athènes. Il fait la chasse aux fraudeurs. Il dit son « malaise » quand il faut arracher 50 € mensuels à un petit contribuable étranglé. Mais il raconte aussi « les 31 milliards d'arriérés » que l'État est incapable d'encaisser « parce que les entreprises ont fermé ou sont parties ailleurs ».
Il décrit les recours interminables devant les tribunaux : « L'évasion fiscale, ici, se fait au grand jour. Une firme doit 1 million d'euros au fisc. Elle fait opposition. Procédure pénale. On examine le dossier; ça dure des années; et encore opposition. Pendant ce temps-là, l'argent est parti. »
Il ouvre les bras en signe d'impuissance. « On a un énorme déficit de données sur les grandes fortunes. Normalement, en quelques clics d'ordinateur, on devrait y arriver. Mais non, il faut faire la demande à 150 services différents pour obtenir des informations. Il n'y a pas de véritable volonté politique de secouer tout ça. »
Toutefois, depuis le début 2011, un site gouvernemental affiche la liste de 6 000 entreprises qui doivent au fisc plus de 150 000 €. Et la chasse aux signes extérieurs de richesses (piscines, appartements, voitures...) est autorisée. « Mais faut les moyens pour traquer tout ça, rouspète Yourgos. On est deux dans le service et on passe notre temps au tribunal ! »
Ce système de « clientélisme, de corruption, de fraude » peut-il encore être réformé ? « Oui, rétorque l'économiste Iannis Varoufakis. Mais cette réforme arrivera trop tard. Tout est asséché. Tout ce qu'il y avait à drainer chez les salariés l'a été. Et ceux qui ont l'argent l'ont placé à l'étranger. Même si Dieu descendait en Grèce pour collecter les impôts, il n'aurait plus rien à extraire. »
Dans le bureau de la sous-directrice du centre des Impôts de Galatsi, le rythme des visites n'a pas baissé. Entre deux dossiers, Konstantina se laisse aller à quelques confidences. « J'ai un garçon de 30 ans et deux filles de 23 et 22 ans. Deux n'ont pas de travail, malgré les diplômes. Qu'est-ce que je leur dis ? À une époque, j'étais du bon côté pour négocier avec le parti, dont j'étais proche (la droite était au pouvoir, N.D.L.R.). Je n'ai pas abusé. Je ne suis pas intervenue. J'ai préféré donner la possibilité à mes enfants d'arriver par leurs propres moyens plutôt que de recourir au clientélisme. Je le regrette. Je me sens coupable. » Dans la Grèce épuisée, il va être long le chemin pour changer les mentalités !

Quand les économistes plaident pour effacer la dette de la Grèce

Il faut permettre à la Grèce d'effacer la moitié de sa dette et dans le même temps apporter un soutien supplémentaire aux banques qui l'ont financée, estiment, mardi 27 septembre, dans une tribune, des conseillers politiques français et allemands. Les décisions prises le 21 juillet dernier pour maîtriser la crise de la dette grecque ne sont pas suffisantes, juge dans le Financial Times Deutschland"sages" économiques allemands, un conseiller au gouvernement français et un responsable de la revue économique du Fonds monétaire international (FMI). "Les créanciers devraient renoncer environ à la moitié de la valeur nominale de leurs obligations grecques, écrivent-ils. Alors il serait possible pour la Grèce de ramener son endettement à un niveau viable par ses propres moyens." un groupe comprenant un comité de

Les dirigeants de la zone euro sont convenus le 21 juillet d'une décote de 21 % sur les obligations grecques par un échange de dette, donnant à Athènes plus de temps pour rembourser ses emprunts. Mais de nombreux intervenants jugent toujours inévitable un défaut plus étendu d'Athènes sur sa dette. Les auteurs de la tribune du Financial Times Deutschland demandent qu'il soit possible pour les banques d'échanger des titres grecs contre des obligations émises par le Fonds européen de stabilité financière (FESF), afin de garantir le bon déroulement du processus de restructuration.
"En outre, les banques détenant de larges montants d'obligations souveraines grecques ont besoin d'un soutien particulier", lit-on dans la tribune. "Ceci est particulièrement vrai pour les banques grecques." Les actions des banques grecques ont chuté lundi de plus de 6 %, à un plus bas de dix-neuf ans, après des informations de presse signalant une décote plus importante que prévu sur la dette d'Athènes, et malgré le démenti du gouvernement grec.
L'INTÉRÊT DE L'ALLEMAGNE
"En tant que nation exportatrice, nous avons particulièrement besoin d'une monnaie commune stable. La croissance à venir et de nombreux emplois en dépendent, ici même en Allemagne", affirme mardi au quotidien populaire Bild le ministre de l'économie, Philipp Rösler, du parti libéral FDP, qui compte de nombreux opposants au sauvetage de la Grèce. Les entreprises sont sur la même longueur d'onde. "Un effondrement de la zone euro sera bien plus coûteux que son sauvetage", a ainsi mis en garde le patron du groupe Bosch, Franz Fehrenbach, l'un des plus grands groupes allemands, dans le Handelsblatt. "Cela entraînerait une grave crise économique et des conséquences incalculables sur les marché financiers", ajoute-t-il.
Lors d'une rencontre mardi à Berlin avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le premier ministre grec, George Papandréou, s'est voulu rassurant. "Je peux vous garantir que la Grèce va remplir tous ses engagements", a-t-il promis à la conférence annuelle de la Fédération allemande des industriels (BDI). Le chef de gouvernement a invité les Allemands à cesser leurs "critiques permanentes" contre son pays et à mesurer l'effort politique "surhumain" d'Athènes et "les sacrifices" consentis par les Grecs.
La Grèce respectera ses engagements dans le cadre du plan de sauvetage financier élaboré par l'Union européenne et le Fonds monétaire international, a répété, mardi, George Papandréou, lors de son intervention devant des chefs d'entreprise à Berlin. "Je vous promets que nous, les Grecs, allons bientôt retrouver le chemin de la croissance et de la prospérité après cette période douloureuse", a-t-il ajouté.
NOUVELLE TRANCHE D'AIDE
Les députés grecs devraient entre-temps approuver dans la journée une taxe immobilière impopulaire, une nouvelle mesure d'austérité censée ouvrir la voie au retour des inspecteurs de la "troïka" — FMI, Union et Banque centrale européennes — chargés d'évaluer si Athènes pourra recevoir la prochaine tranche du plan d'aide décidé en mai 2010 et ainsi échapper à la faillite.
Cette sixième tranche sera versée "à temps, courant octobre", a assuré mardi le ministre des finances grec à Athènes. "C'est ridicule de dire que la Grèce ou un pays d'Europe va faire faillite", a critiqué Evangelos Venizélos à son retour de Washington, où il a participé aux réunions du FMI et du G20. Un accord "a été trouvé" entre la Grèce et la troïka de ses créanciers "sur le budget 2011 et 2012" a-t-il précisé. "Nous devons nous entendre sur 2013 et 2014", a-t-il ajouté, précisant que les représentants de cette troïka allaient venir "cette semaine" à Athènes.

Karachi : Nicolas Sarkozy estime qu'on veut le «salir»

Au cours du petit-déjeuner de la majorité, le chef de l'État a réfuté toute volonté de «manoeuvres en coulisses» au Sénat. 

Nicolas Sarkozy est longuement revenu mardi matin, lors du petit-déjeuner des dirigeants de la majorité, sur «l'affaire Karachi» et les soupçons de financement occulte de la campagne d'Edouard Balladur, pour lesquels deux de ses proches (Nicolas Bazire et Thierry Gaubert) ont été mis en examen.
«À chaque élection, on trouve quelque chose, s'est agacé Nicolas Sarkozy devant ses troupes. Une fois, c'est mon possible divorce, une autre fois, c'est l'affaire Clearstream… Cette fois, on sort un truc d'il y a seize ans ! Tout le monde sait que je n'ai rien à voir là-dedans. D'autant plus que j'avait été réservé sur ces contrats quand j'étais ministre du Budget. Tout cela est infâme. C'est toujours les mêmes (le juge Van Ruymbeke, NDLR), comme par hasard. C'est toujours la même volonté de nuire.» Le président a rappelé qu'«en 35 ans de vie politique», il n'avait jamais été impliqué dans une seule affaire: «Ce n'est pas un hasard», a t il martelé, en appelant les responsables de la majorité à se montrer «combatifs».

«Méfiez-vous des prévisionnistes»

Au cours de cette réunion hebdomadaire, jugée plus «sombre» que d'habitude par des participants, Nicolas Sarkozy est revenu aussi sur la défaite de la droite aux sénatoriales. Il a fustigé l'indiscipline des dissidents, et estimé que les divisions avaient coûté à la majorité présidentielle quelque sept sièges. Le président a réfuté toute velléité de «manoeuvres en coulisses» pour garder la présidence du Sénat. «On sera battu mais dans la dignité», a-t-il avancé, devant le président du Sénat Gérard Larcher qui a dit en substance la même chose. «Quand une victoire est nette, il n'est pas question de la contester, a ajouté Sarkozy, qui refuse tout «tripatouillage».
Le chef de l'État a appelé à l'unité, estimant que la division entre l'UMP et le centre était suicidaire. «La division nous tue», a t il lâché. Fillon est lui aussi monté au créneau sur ce thème: «Il faut se serrer les coudes, a-t-il lancé. La presse a essayé de m'opposer une nouvelle fois à Jean-François (Copé, NDLR), c'est faux». Le premier ministre a toutefois estimé qu'il fallait peut-être attendre un peu avant de réintégrer les dissidents. Lundi soir sur TF1, Jean François Copé avait estimé qu'il était «logique» de réintégrer Pierre Charon, élu sénateur de Paris après avoir présenté une liste dissidente, au sein de l'UMP.
Enfin, Sarkozy a redit que le temps de la campagne présidentielle n'était pas arrivé, et qu'il était tout entier concentré sur la crise: «La crise est systémique, la crise de confiance l'est devenue, la réponse à cette crise doit donc être systémique aussi. C'est là-dessus que se jouera la présidentielle.» Le chef de l'Etat a terminé par une mise en garde, alors que le moral de ses troupes est au plus bas : «Méfiez-vous des prévisionnistes. Rappelez-vous Giscard (battu en 1981, alors qu'il était donné vainqueur, NDLR). Les Français détestent ceux qui se comportent comme s'ils avaient déjà gagné.»

Les choses sérieuses débutent au Sénat

Ensemble, tout devient possible… même de faire passer le Sénat à gauche. Au lendemain de ce basculement historique, l'ironie est facile à l'égard de Nicolas Sarkozy. Le président pourra, certes, trouver une posture gaullienne dans cette situation : le Général avait dû, lui aussi, faire avec une Haute Assemblée hostile… Mais la consolation sera aussi faible que les éléments de langage distillés depuis dimanche par l'UMP pour banaliser la victoire de la gauche en une simple « conséquence arithmétique » des scrutins précédents. L'attitude disparate des ministres-candidats, hier, n'est pas de nature non plus à rehausser l'image de la droite - entre une Chantal Jouanno démissionnant de son poste, un Gérard Longuet restant dans son ministère, tout comme Maurice Leroy, pourtant battu… Quant à un hypothétique maintien - à contre-courant - de Gérard Larcher à la présidence, il apparaîtrait comme la conséquence de tractations et de tripatouillages de mauvais perdants n'acceptant pas le verdict démocratique des urnes. Reste que les choses sérieuses commencent pour la gauche, et au premier chef, pour le PS. La désignation de son candidat à la présidence du Palais du Luxembourg, aujourd'hui, sera la première marche à ne pas louper. La suivante sera l'installation d'une présidence de gauche, samedi. Pour la suite, il s'agira de gérer au mieux, sans sectarisme, ce nouvel espace jusqu'à avril 2012. Enfin, dans l'hypothèse d'une victoire de la gauche à la présidentielle et aux législatives, la réforme du Sénat ne devra pas être oubliée. Même si les institutions apparaissent toujours plus acceptables lorsqu'on les dirige.

La défaite de l’élégance démocratique

Ce n’est pas la moindre des vertus des démocraties. Par nature, le pouvoir politique y est préparé à encaisser toutes sortes de défaites électorales.

En France, depuis 1981, le rythme des alternances a habitué personnalités et institutions à accepter de passer la main avec philosophie en veillant à respecter un minimum de sérénité républicaine.

Le changement de majorité au Sénat aurait dû respecter ces règles de fair-play avec d’autant plus de naturel que cette belle maison a toujours été un havre de courtoisie et d’élégance. Au-delà de l’onctuosité de rigueur, l’élection du président de la Haute assemblée, samedi prochain, semble pourtant s’engager sur des bases très vulgaires.

Tout se passe comme si la droite ne parvenait pas à accepter une défaite dont la clarté n’est plus contestable. L’UMP — car il s’agit d’elle — continue d’espérer conserver dans les couloirs du palais du Luxembourg « le plateau » qu’elle a mathématiquement perdu dans les isoloirs de dimanche.

La personnalité du sortant, Gérard Larcher, n’est pas vraiment en cause : attachant, l’homme est sympathique, consensuel au-delà de sa famille politique, et il a bien servi l’institution. Il est naturel qu’il soit candidat à sa propre succession, fût-ce par dignité, ou pour prendre date… On a bien vu, au soir du scrutin, à quel point cette personnalité peu impressionnable était bouleversée par l’échec des siens, et en colère contre son propre parti et ses divisions.

Mais il est profondément choquant de voir ses proches manœuvrer en coulisse, sans aucun complexe, dans l’espoir de débaucher une demi-douzaine de voix à gauche pour le maintenir coûte que coûte à son poste. Trois voix de majorité ne signeraient-elles pas à leurs yeux une légitimité suffisante pour qu’il faille tripatouiller un arrangement de circonstance, forcément bancal ? Un tel bricolage dans l’urgence, toujours possible au Sénat où rien n’est vraiment rationnel — le valeureux Daniel Hoeffel, battu par Christian Poncelet en 1998, en fit la cruelle expérience — n’est souhaitable pour personne.

Une telle séquence donne une image bien peu ragoûtante de la politique dans une période critique où, précisément, elle souffre d’un déficit de considération. Elle abîme inutilement la crédibilité d’une assemblée au moment où la possibilité de l’alternance en son sein fait porter sur elle un autre regard.

La réputation du président de la République, qu’il faudrait à tout prix protéger de l’humiliation d’un Sénat perdu, mérite-t-elle de telles manœuvres d’arrière-garde ? Le chef de l’État aurait été bien inspiré de les faire cesser immédiatement. Muré dans un silence infantile, garde-t-il seulement suffisamment d’autorité pour prétendre faire respecter cette discipline de comportement qui l’engage plus qu’il ne le croit ? Sidérés, nous en sommes réduits à en douter.

L'union fait l'élection

En dépit de la sobriété des réactions, l’Élysée, Matignon et l’UMP bruissent, depuis hier, d’une fébrilité inhabituelle. On comprend pourquoi : leur échec aux sénatoriales prolonge une sombre séquence durant laquelle le sommet de l’État s’est trouvé cerné par les affaires, la crise, les mauvais sondages et la dynamique de la primaire à gauche.

Suprême humiliation, c’est à un socialiste – peut-être le très effacé Jean-Pierre Bel – que pourrait échoir la responsabilité constitutionnelle, certes assez théorique, de remplacer le président de la République, en cas de défaillance !

En elle-même, l’alternance au Sénat ne révolutionnera pas la vie politique. Contrairement à une idée reçue, la présidence du Palais du Luxembourg n’a pas toujours été de droite ni de la couleur du pouvoir. Cette nouvelle cohabitation en mode mineur peut certes compliquer la vie du gouvernement, mais sans paralyser l’État, l’Assemblée nationale, qui reprend ses travaux aujourd’hui, ayant toujours le dernier mot. L’important est d’une autre nature.

Parce qu’il est aux trois quarts composé d’élus des bourgs et des petites villes, le corps électoral des sénatoriales représente indirectement cette France dite profonde, que l’on classait plutôt à droite et que l’on considérait plutôt conservatrice. À sept mois de la présidentielle, le score de dimanche est un précieux indicateur de l’état d’esprit d’élus braqués contre une fausse décentralisation, et de territoires en proie au sentiment d’abandon.

Seconde considération majeure, il faut analyser ce résultat, certes comme une continuation logique des dernières élections locales au profit de la gauche, mais tout autant comme une défaite de la droite.

Les dissidents de l’UMP ont tous été préférés par les électeurs. Les compétitions internes à la majorité et les divisions de l’UMP – Paris, le Morbihan, les Hauts-de- Seine, lesPyrénées-Atlantiques… – ont amplifié de sept ou huit sièges, jusqu’au basculement, le score de l’opposition. La personne et la politique de Nicolas Sarkozy provoquent des rejets, au-delà du périmètre classique de la gauche.

Cette défaite est donc à la fois celle du président de la République, victime d’une crise de confiance que ne corrigent pas sa présidentialisation tardive et son succès en Libye. Celle de François Fillon, mal parti pour faire d’une UMP qui tangue une rampe de lancement pour la mairie de Paris. Celle de Jean- François Copé et Jean-Claude Gaudin, impuissants à mater les guerres picrocholines qui minent la majorité.

Pour la droite, la conclusion relève de l’évidence : face à une gauche qui gère ses différences, il faut rassembler. Rassembler l’UMP ? Ce n’est pas gagné lorsque l’on constate que l’étiquette est souvent jugée contreproductive.

Rassembler la droite ? En gagnant des sièges, les centristes et les radicaux considèrent avoir démontré que l’on ratisse plus large à deux que seul. Pour Nicolas Sarkozy, ils ont surtout pénalisé le parti présidentiel. Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Dominique de Villepin et même François Bayrou doivent s’attendre à recevoir des émissaires de l’Élysée et de l’UMP pour s’entendre rappeler que l’union fait l’élection.

Sarkozy a-t-il déjà perdu la présidentielle ?

A sept mois de la présidentielle, la défaite de la majorité au Sénat est un sérieux avertissement pour Nicolas Sarkozy.
Sale temps pour l’Elysée. A sept mois de l’élection présidentielle, les ennuis s’accumulent pour Nicolas Sarkozy. Déjà confronté à la multiplication des affaires, empêtré dans la crise, englué dans une image de « président des riches », donné obstinément battu par la gauche, sondage après sondage, le chef de l’Etat a subi dimanche un nouveau revers électoral au Sénat. Certes, l’événement ne devrait guère changer le rapport de forces au sommet de l’Etat dans les prochains mois, mais c’est un très mauvais signe électoral : aux élections sénatoriales, ce sont les « grands électeurs » qui ont sanctionné la majorité. Or ils sont les représentants de cette France profonde et rurale qui, pour certains, votaient depuis toujours à droite.

C’est « un avertissement sérieux », a concédé lundi Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, en charge du projet pour 2012. D’ici au premier tour de la présidentielle en avril 2012, la pente à remonter paraît quasi insurmontable pour Sarkozy, alors que la cure d’austérité médiatique à laquelle il s’astreint depuis de longs mois a à peine fait frémir sa cote de popularité, toujours scotchée au plancher. « Le risque en 2012, c’est l’abstention », soupire un ministre. Le cauchemar de l’Elysée : que les bataillons électoraux de l’UMP décident, au soir du premier tour, de rester chez eux, voire de voter FN. De ce point de vue, le climat d’affaires ambiant ne vient rien arranger.
Pourtant, dans l’entourage de Sarkozy, on y croit dur comme fer. « C’est lui le candidat et il est bon », martèle la députée UMP Valérie Rosso-Debord. Paradoxalement, c’est la crise qui pourrait offrir un nouveau mandat à Sarkozy. C’est en tout cas le pari de l’Elysée qui ne cesse d’insister sur la « crédibilité » du « capitaine » Sarkozy face à la supposée « irresponsabilité » du PS. Les difficultés économiques et financières et la peur d’un scénario à la grecque pourraient ainsi jeter les Français dans les bras du président sortant. De fait, sur ce terrain de la lutte contre les déficits, les études d’opinion montrent que le chef de l’Etat reste plus crédible que la gauche. « Bien sûr, ça ne va pas être un vote d’enthousiasme, soupire une élue UMP. Mais l’époque n’est pas à l’enthousiasme… »
Sarkozy fait aussi le pari qu’une fois désigné, le candidat socialiste sera davantage exposé aux critiques, ce qui devrait entraîner un rééquilibrage des forces. Le président sortant, a contrario, prendra soin de ne descendre dans l’arène de la campagne que le plus tard possible, pas avant février. D’ici là, officiellement, il « travaille », cependant que ses troupes mettent – discrètement – en place le dispositif de campagne.

La "bête de campagne" Sarkozy

A charge pendant ce temps pour le Premier ministre, François Fillon, de défendre le bilan du quinquennat et de garder les mains dans le cambouis, pendant que Sarkozy, lui, prend de la hauteur en se rendant en Libye ou à l’ONU. Mais parce que « l’international, ça compte, mais ça ne fait pas gagner », selon le mot d’un ministre, le chef de l’Etat continue parallèlement à sillonner le territoire chaque semaine. Samedi, il était à Nantes. Aujourd’hui, il est attendu dans l’Oise pour parler des biocarburants.
Le temps de la campagne proprement dite viendra ensuite. Elle sera courte, intense et ne tournera qu’autour de deux ou trois thématiques simples. La majorité compte alors sur la « bête de campagne » Sarkozy pour arracher le morceau in extremis. Une façon de se rassurer à peu de frais ? En tout cas, même le PS s’en méfie : « Sarkozy sera bon en campagne puisqu’il ne sait faire que ça », prévient le député PS Bruno Le Roux (proche de Hollande). Il faudra que nous convainquions les Français que six mois de bonne campagne de Sarkozy, c’est l’assurance d’avoir cinq ans de mauvais Sarkozy. »
La “pré-campagne” s’organise
Officiellement, Nicolas Sarkozy ne pense pas à la présidentielle de 2012. Il travaille. Il est donc encore trop tôt pour mettre en place une équipe de campagne en tant que telle : « Ça se verrait tout de suite », souligne-t-on à l’UMP. Mais la « pré-campagne », elle, est bien lancée. « Occupez le terrain » face à la gauche, a donné comme consigne le chef de l’Etat aux cadres de l’UMP. Chaque argument socialiste doit donner lieu à une riposte. Parallèlement, le patron de l’UMP, Jean-François Copé, a envoyé les parlementaires expliquer le projet sur le terrain, auprès des militants. « Les militants ont besoin de parler. Il faut leur donner des arguments », explique un ministre.
Au cœur de ce dispositif : Brice Hortefeux, pressenti pour diriger la campagne du futur candidat. En attendant, le député européen et vice-président de l’UMP a pris la tête de la nouvelle « cellule riposte » du parti présidentiel, une équipe d’une douzaine de ministres (Nadine Morano, Laurent Wauquiez, Thierry Mariani, Nora Berra) et d’élus (Eric Ciotti, Hervé Novelli, Axel Poniatowski, Edouard Courtial) chargée de valoriser le bilan du quinquennat et de répliquer à la gauche dans les médias. Elle se réunira désormais une fois par semaine, le mercredi. De ce point de vue, la mise en cause de Brice Hortefeux dans l’affaire Karachi constitue une très mauvaise nouvelle pour Nicolas Sarkozy.

L’intouchable fortune de l’Eglise

Alors que le pays se débat dans la crise et ses conséquences, le patrimoine de l’Eglise orthodoxe échappe toujours aux sévères mesures d’austérité du gouvernement. Un tabou que protègent ses liens étroits avec l’Etat et son influence sur la politique. 

L'Eglise et les monastères grecs ne paieront pas la très impopulaire nouvelle taxe immobilière décidée dans l'urgence, dimanche 11 septembre, par le gouvernement grec pour remplir les objectifs budgétaires imposés par les bailleurs de fonds du pays. "L'Eglise sera imposée sur les biens qu'elle exploite commercialement", précise toutefois un porte-parole du ministère des Finances devant le tollé suscité par cette annonce. Seraient exemptés les lieux de culte et les organismes de charité. Mais les frontières sont parfois floues et les comptes de l'Eglise orthodoxe restent opaques.
L'argent de l'Eglise reste un sujet tabou en Grèce. "Ses revenus sont imposables, mais il y a deux gros problèmes, prévient le professeur de sociologie religieuse à l'université égéenne de Rhodes Polikarpos Karamouzis. Il n'y a pas de système économique pour détailler ses revenus véritables et personne ne connaît l'étendue de ses propriétés, car il n'y a pas de cadastre."
Cette situation arrange aussi bien l'Eglise que l'Etat, "car les hommes politiques ne tiennent pas à se mettre à mal avec les autorités orthodoxes", explique Stéfanos Manos, un député indépendant, qui est l'un des rares hommes politiques à demander une séparation de l'Eglise et de l'Etat. "L'Eglise de Grèce est une église nationale, explique Polikarpos Karamouzis, cela signifie qu'il y a une connexion politique entre l'Eglise et l'Etat, qui lui a donné ses privilèges. Son rôle spirituel est étroitement lié à son rôle politique, entretenant une confusion entre les fidèles et les citoyens, qui est exploitée par les politiciens en quête de votes."

Popes et évèques sont payés par l'Etat

Les popes sont des relais d'opinion que les hommes politiques préfèrent ne pas froisser. En décembre 2010, le Saint Synode, regroupant treize évêques, a dénoncé, dans un texte distribué dans toutes les paroisses, la "troïka" – les représentants du Fonds monétaire international, de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne – comme une force d'"occupation étrangère".
L'Eglise orthodoxe est un des éléments constitutifs de la nation grecque. La Constitution est écrite "au nom de la Trinité sainte consubstantielle et indivisible". Les prêtres bénissent les rentrées scolaires et les nouveaux gouvernements ; le catéchisme est enseigné dans les écoles publiques ; des gens de tout âge se signent quand ils passent devant une église.
C'est en mars 2010 que le gouvernement socialiste de Georges Papandréou a décidé d'imposer les églises à hauteur de 20 % sur les revenus commerciaux et entre 5 % et 10 % pour les dons déclarés. Les 10 000 popes et leurs évêques sont payés par l'Etat, ce qui représente un budget de 220 millions d'euros annuels.
L'ancien ministre des Finances, Georges Papaconstantinou, a essayé de réduire la participation de l'Etat, mais dès que ce genre d'informations filtraient, la volonté du gouvernement s'envolait. L'actuel ministre des finances, Evangélos Venizélos, très proche des milieux orthodoxes, n'a pas ce genre de velléités.

La richesse de l'Eglise, "un mythe"?

Les polémiques suscitées par l'exemption de cette nouvelle taxe immobilière ont poussé l'Eglise à sortir de sa réserve en publiant, vendredi 16 septembre, le montant de ses impôts. Sa direction des services économiques affirme avoir payé 2,5 millions d'euros d'impôts fonciers et de revenus en 2010. Elle indique au passage qu'elle possède trente propriétés à Athènes (dont six inoccupées) et quatorze à Salonique.
Dès que l'Eglise est attaquée sur ses biens, ce qui est de plus en plus fréquent, l'archevêque d'Athènes, Hiéronymos, qui est la plus haute autorité orthodoxe en Grèce, réagit en expliquant que la richesse de l'Eglise est "un mythe". Il ne resterait que 4 % des biens qu'elle détenait avant la révolution grecque de 1821, mettant en avant les nombreuses confiscations de propriétés par l'Etat.
Les journaux ont publié des documents sur la fortune de l'Eglise orthodoxe. Selon Kathimerini (centre droit), ses biens s'élevaient à 700 millions d'euros en 2008. Stefanos Manos, ancien ministre de l'Economie, l'évalue à plus d'un milliard d'euros. Les 2,5 millions d'euros acquittés par l'Eglise semblent bien faibles au regard de ces montants non confirmés officiellement.
Mais il ne s'agit là que d'une partie des biens ecclésiastiques, gérés par les services centraux de l'Eglise. Cela ne concerne pas les paroisses, dont certaines sont très riches. Ni les propriétés directes des 80 évêchés grecs qui bénéficient d'une large autonomie. C'est sans compter non plus sur les biens des 450 monastères, dépendants de l'Eglise de Grèce ou non (comme ceux du Mont-Athos, qui ont un statut à part). Pour être complet, il faudrait ajouter les biens possédés en Grèce par les patriarcats orthodoxes de Constantinople, Jérusalem ou Alexandrie.

Le deuxième propriétaire foncier du pays

L'Eglise est le deuxième propriétaire foncier (derrière l'Etat grec), avec 130 000 hectares de terrains. "Il s'agit de forêts, de terrains non constructibles", explique Vassilis Meichanetsidis du service de communication de l'archevêché d'Athènes. Il s'agit aussi d'immeubles dans les quartiers chics d'Athènes ou dans les riches banlieues balnéaires au sud de la capitale.
L'Eglise est actionnaire à hauteur de 1,5 % de la Banque nationale de Grèce, avec un représentant au conseil d'administration, l'évêque de Ioannina, Théoklitos, qui aurait touché selon le magazine financier Forbes 24 000 euros en 2008 en jetons de présence.
Même les terrains nus permettent les affaires. Les moines du riche monastère de Penteli, au nord d'Athènes, cherchent des investisseurs, à hauteur de 1 milliard d'euros, pour exploiter une partie de leur montagne pour la transformer en parc photovoltaïque et récupérer l'énergie solaire. C'est la nouvelle stratégie officielle de l'Eglise : rentabiliser ses biens pour en faire bénéficier ses organismes philanthropiques. L'Eglise a consacré plus de 100 millions d'euros en 2010 à ses activités charitables, qui se sont accrues avec la crise. "A Athènes, nous fournissons 10 000 à 12 000 plats quotidiens", explique Vassilis Meichanetsidis.
Mais la vocation philanthropique de l'Eglise orthodoxe est relativement récente et a connu des soubresauts. En 2010, elle a été obligée de mettre fin et de changer le nom de son association Solidarité pour cause de très mauvaise gestion.

On va droit au “génocide financier”

Ainsi les Grecs “refusent d’économiser” ? Un juriste de Vienne, qui a un pied-à-terre à Athènes, les a observés au quotidien. Sa conclusion : ils économisent à en crever. 

On ne peut rester sans réagir aux diverses déclarations des plus hauts responsables de toute l’Europe, certaines frisant l’imbécillité, au sujet de ces "fainéants" de Grecs qui "refusent d’économiser".
Depuis 16 mois, je dispose d’une résidence secondaire à Athènes, et j’ai vécu cette situation dramatique sur place. On se plaint que les plans d’économie ne fonctionnent pas parce que les revenus fiscaux chutent. On remet en question la volonté des Grecs d’économiser. Quelle surprise ! Voici quelques faits :
- Réductions des salaires et des retraites jusqu’à 30%.
- Baisse du salaire minimum à 600 euros.
- Hausse des prix dramatique (fioul domestique + 100% ; essence + 100, électricité, chauffage, gaz, transports publics + 50 %) au cours des 15 derniers mois.

Le renflouement de l'UE repart à 97% vers l'Union

- Un tiers des 165 000 entreprises commerciales ont fermé leurs portes, un tiers n’est plus en mesure de payer les salaires. Partout à Athènes, on peut voir ces panneaux jaunes avec le mot "Enoikiazetai" en lettres rouges – "A louer".
- Dans cette atmosphère de misère, la consommation (l’économie grecque a toujours été fortement axée sur la consommation) a plongée de manière catastrophique. Les couples à double salaire (dont le revenu familial représentait jusqu’alors 4 000 euros) n’ont soudain plus que deux fois 400 euros d’allocations chômage, qui ne commencent à être versées qu’avec des mois de retard.
- Les employés de l’Etat ou d’entreprises proches de l’Etat, comme Olympic Airlines ou les hôpitaux, ne sont plus payés depuis des mois et le versement de leur traitement est repoussé à octobre ou à "l’année prochaine". C’est le ministère de la Culture qui détient le record. De nombreux employés qui travaillaient sur l’Acropole ne sont plus payés depuis 22 mois. Quand ils ont occupé l’Acropole pour manifestation (pacifiquement !), ils en ont rapidement eu pour leur argent, à coups de gaz lacrymogène.
- Tout le monde s’accorde à dire que les milliards des tranches du renflouement de l’UE repartent à 97% directement vers l’Union, vers les banques, pour éponger la dette et les nouveaux taux d’intérêt. Ainsi le problème est-il discrètement rejeté sur les contribuables européens. Jusqu’au crash, les banques encaissent encore des intérêts copieux, et les créances sont à la charge des contribuables. Il n’y a donc pas (encore ?) d’argent pour les réformes structurelles.
- Des milliers et des milliers d’auto-entrepreneurs, chauffeurs de taxis et de poids lourds, ont dû débourser des milliers d’euros pour leur licence, et ont pris des crédits à cet effet, mais ils se voient aujourd’hui confrontés à une libéralisation qui fait que les nouveaux venus sur le marché n’ont presque rien à payer, tandis que ceux qui sont présents depuis plus longtemps sont grevés par leurs énormes crédits, qu’ils doivent néanmoins rembourser.
- On invente de nouvelles charges. Ainsi, pour déposer une plainte à la police, il faut payer sur le champ 150 euros. La victime doit sortir son porte-monnaie si elle veut que sa plainte soit prise en compte. Dans le même temps, les policiers sont obligés de se cotiser pour faire le plein de leurs voitures de patrouille.
- Un nouvel impôt foncier, associé à la facture d’électricité, a été créé. S’il n’est pas payé, l’électricité du foyer est coupée.
- Cela fait plusieurs mois que les écoles publiques ne reçoivent plus de manuel scolaire. L’Etat ayant accumulé d’énormes dettes auprès des maisons d’édition, les livraisons ne sont plus effectuées. Les élèves reçoivent désormais des CD et leurs parents doivent acheter des ordinateurs pour leur permettre de suivre les cours. On ignore complètement comment les écoles – surtout celles du Nord – vont régler leurs dépenses de chauffage.

Où est passé l'argent des dernières décennies ? 

- Toutes les universités sont de fait paralysées jusqu’à la fin de l’année. Bon nombre d’étudiants ne peuvent ni déposer leurs mémoires ni passer leurs examens.
- Le pays se prépare à une vague d’émigration massive et l’on voit apparaître des cabinets de conseil sur la question. Les jeunes ne se voient plus aucun avenir en Grèce. Le taux de chômage atteint 40% chez les jeunes diplômés et 30 % chez les jeunes en général. Ceux qui travaillent le font pour un salaire de misère et en partie au noir (sans sécurité sociale) : 35 euros pour dix heures de travail par jour dans la restauration. Les heures supplémentaires s’accumulent sans être payées. Résultat : il ne reste plus rien pour les investissements d’avenir comme l’éducation. Le gouvernement grec ne reçoit plus un sou d’impôt.
- Les réductions massives d’effectif dans la fonction publique sont faites de manière antisociale. On s’est essentiellement débarrassé de personnes quelques mois avant qu’elles n’atteignent leur quota pour la retraite, afin de ne leur verser que 60 % d’une pension normale.
La question est sur toutes les lèvres : où est passé l’argent des dernières décennies ? De toute évidence, pas dans les poches des citoyens. Les Grecs n’ont rien contre l’épargne, ils n’en peuvent tout simplement plus. Ceux qui travaillent se tuent à la tâche (cumul de deux, trois, quatre emplois).
Tous les acquis sociaux des dernières décennies sur la protection des travailleurs ont été pulvérisés. L’exploitation a désormais le champ libre ; dans les petites entreprises, c’est généralement une question de survie.
Quand on sait que les responsables grecs ont dîné avec les représentants de la troïka [Commission européenne, BCE et FMI] pour 300 euros par personne, on ne peut que se demander quand la situation finira par exploser.
La situation en Grèce devrait alerter la vieille Europe. Aucun parti prônant une raisonable orthodoxie budgétaire n’aurait été en mesure d’appliquer son programme : il n’aurait jamais été élu. Il faut s’attaquer à la dette tant qu’elle est encore relativement sous contrôle et avant qu’elle ne s’apparente à un génocide financier.

Vu d’Athènes

Les Grecs “sacrifiés sur l’auteul de la Troïka”

Les Grecs “sacrifiés sur l’auteul de la Troïka”Les "nouveaux sacrifices" réclamés par le gouvernement pour éviter la faillite de l'Etat frappent "les victimes habituelles", "sacrifiées sur l’autel de la Troïka" (Commission européenne, Banque centrale européenne et FMI), écrit Ta Nea. Le nouvelles coupes budgétaires, adoptées le 21 septembre pour obtenir le débloquage de la sixième tranche d’aide financière des trois institutions, visent "les retraites, les salaires et 30 000 fonctionnaires". Ces derniers seront placés en chômage technique d’ici la fin de l’année. De plus, le seuil minimal d’imposition a été baissé. L’annonce de ce nouveau plan a provoqué la colère des Grecs. Les syndicats des transports publics et les taxis se sont mis en grève le 22 septembre, de même que les enseignants et les employés municipaux et les contrôleurs aériens. Le secteur public dans son ensemble a annoncé un arrêt de travail le 5 octobre. Une grève générale devrait être organisée le 19 octobre.

L’hypothèque grecque

Bien des raisons militent en faveur d’un retrait de la Grèce de la zone monétaire européenne alors que l’opinion dominante est de tout faire pour l’y maintenir. Ce paradoxe illustre le malentendu qui mine la construction européenne depuis 35 ans. A force de vouloir regrouper, dans un ensemble ingérable à force de compromis et de concessions, des Etats aux performances hétérogènes, on a fini par bloquer le fonctionnement de l’Union.
L’Europe ne résoudra pas la crise de l’euro en forçant sur sa mécanique défaillante. Sans politique budgétaire intégrée, il n’est pas de contrôle possible des déficits dans un ensemble aussi disparate que sa zone monétaire.
Tout le monde ou presque s’est assis sur le pacte de stabilité monétaire et, quand la nécessité s’est imposée, un voile pudique a été jeté sur l’indépendance de la BCE. Le plus drôle est qu’un nouveau pacte se concocte dans les institutions européennes alors que le problème est ailleurs et que, suprême humiliation, l’Europe se fait donner des leçons par ceux qui ont disséminé le virus des subprimes dans tous les actifs de la planète. Rien ne marche, mais on persiste dans l’erreur comme si on voulait forcer le destin de l’Europe.
L’erreur, justement, c’est la Grèce, Etat défaillant et corrompu, bénéficiaire d’une aide qui n’en finit pas de s’allonger. Si on isole son cas du contexte politique européen, l’assistance qui lui est accordée est injustifiable pour deux raisons majeures :
•  Les contraintes imposées sont trop fortes et le gouvernement grec est  politiquement et techniquement incapable de prendre les mesures correspondantes.
•  L’aide européenne supportée à titre principal par la France et l’Allemagne repose sur un engagement de dépenses qui, compte tenu de l’état de leurs comptes publics, sera financé par l’emprunt. Comment expliquer au contribuable français qu’il devra  en assumer la charge pour 30 milliards d'euros (sans les intérêts) pour soutenir un Etat qui compte près d’un fonctionnaire sur quatre actifs et dont les entreprises sont redevables au fisc d’une somme d’un montant identique?
Nos autorités agissent comme si elles redoutaient moins les réactions des contribuables qu’un éclatement de l’Europe, attitude qui ne s’explique que par la pression exercée par les marchés sur lesquels se financent les dettes souveraines et pour lesquels une solution fédérale s’impose. Ceux qui en rêvent ne manquent pas d’idées : des euro-obligations pour mutualiser la dette, voilà qui fait solidaire ; un gouvernement économique européen, cela paraît être du pur bon sens ! A ceci prêt que toutes ces généreuses solutions impliquent des transferts de souveraineté dont on ferait bien de mesurer les conséquences. Au détour de la crise, renaît la tentation de recourir à une intégration dont, faut-il le redire, les peuples ne veulent pas parce qu’ils ne n’entendent pas se dissoudre dans une identité européenne diluée par l’extension hâtive de son périmètre.
Alors que faire ? Le recours à la vieille boutade du bon père Queuille selon laquelle « il n’est pas de problème qu’une absence de solution ne saurait résoudre » conduirait la Grèce à sortir d’elle-même de la zone monétaire puisque, incapable de satisfaire aux exigences du plan de soutien d’une part, et les marchés financiers en euros lui étant devenus inaccessibles d’autre part, elle devra rétablir la drachme avant de procéder à une sévère dévaluation. Certes, les créanciers en seront pour leur frais, le système financier grec souffrira, mais les Grecs devront affronter des réalités dont ils sont seuls responsables avant de retrouver la confiance des investisseurs. Hélas, cela ne se fera pas sans perturbations sociales et politiques.
Pourtant, ce parti pris énergique est loin d’être aussi désastreux qu’on pourrait le croire.
•  La crainte d’une crise systémique est exagérée. Si on peut être certain de l’incapacité de la Grèce à tenir ses engagements, l’Italie, l’Espagne, l’Irlande ou le Portugal ne présentent pas les mêmes risques.
•  En descendant les marches de la zone monétaire, la Grèce ne se retrouvera pas à la rue. Elle ne sera pas jetée à la porte de l’Union européenne et continuera d’émarger à ses différents fonds structurels.
•  Les détenteurs de la dette grecque sont à 80% des établissements financiers européens et non de petits épargnants, ce qui relativise les sacrifices à consentir.
•  Ceux qui prétendent que l’euro ne s’en remettra pas ne sont pas crédibles. Au contraire, ce précédent conduira les Etats les plus endettés à prendre les mesures adéquates car aucun d’entre eux n’a intérêt à quitter la zone monétaire en pleine crise mondiale puisque les dévaluations dans un contexte d’échange déprimé sont peu productives. La discipline budgétaire des Etats s’en trouvera donc renforcée sans avoir à céder aux sirènes du fédéralisme.
•  L’hémorragie alimentée par les plans de soutien successifs – on en est à 219 milliards d'euros pour les seuls Grecs - sera enfin stoppée au grand soulagement du contribuable. Il nous coûtera moins cher de refinancer nos banques les plus exposées à la dette grecque, que de jeter l’argent dans la mer Egée.
Enfin, l’évènement d’un retrait grec de la zone euro imposera le constat qu’une Europe mal bâtie n’a pas d’avenir. L’actualité est suffisamment démonstrative pour que se posent les vraies questions et que s’ouvrent des débats accessibles aux peuples d’Europe. La démocratie y trouvera mieux son compte. Claude Valleix, préfet honoraire

L’euro court à sa perte

Dans leurs négociations avec le FMI, les gouvernements européens se sont engagés à prendre “toutes les mesures nécessaires” pour empêcher un effondrement de la zone euro. Mais comme le souligne le prix Nobel d'économie Paul Krugman, jusqu’à présent, ils n’ont fait que fragiliser la monnaie unique. 

Est-il possible d’avoir peur et de s’ennuyer en même temps ? C’est ce que m’inspirent les négociations en cours sur les moyens de réagir à la crise économique en Europe, un sentiment dont je me dis qu’il doit être partagé par d’autres observateurs.
D’un côté, l’Europe est dans une situation vraiment, vraiment effrayante : un tiers des pays de la zone euro étant désormais visés par des attaques spéculatives, c’est l’existence même de la monnaie unique qui se trouve menacée – et un effondrement de l’euro pourrait infliger de terribles dégâts dans le monde entier.
De l’autre, les décideurs européens semblent disposés à s’enferrer dans la voie qu’ils se sont tracée. Ils vont probablement réussir à offrir plus de crédits aux pays en difficulté, ce qui pourrait ou non dissiper le spectre d’un désastre imminent. En revanche, ils ne semblent pas prêts du tout à admettre un fait essentiel – à savoir que sans davantage de politiques fiscales et monétaires expansionnistes dans les économies européennes plus solides, tous leurs efforts seront vains. 
[…]

L'austérité ne peut pas fonctionner pour tout le monde

Alors, que faire ? La réponse de l’Europe [à la crise économique et fiscale et à la chute de la confiance des investisseurs dans les obligations des nations périphériques] a été d’appeler les débiteurs en difficulté à une austérité fiscale sans merci, en particulier à des coupes sombres dans les dépenses publiques, tout en colmatant les brèches financières jusqu’au retour de la confiance des investisseurs privés. Cette stratégie peut-elle fonctionner ?
Pas pour la Grèce qui, en fait, s’est montrée prodigue quand la conjecture était positive, et qui doit plus qu’elle n’est logiquement en mesure de payer. Probablement pas pour l’Irlande et le Portugal qui, pour des raisons différentes, sont eux aussi lourdement endettés. Mais avec un environnement extérieur favorable – plus précisément, avec une économie européenne robuste et une inflation modérée – , l’Espagne, fortement endettée, mais qui présente des déficits étonnamment modestes, pourrait peut-être s’en tirer.
Malheureusement, les responsables européens semblent décidés à priver ces débiteurs de l’environnement dont ils ont besoin. Considérez la chose sous l’angle suivant : la demande privée dans les pays débiteurs a plongé avec la fin du boom financé par la dette. Pendant ce temps, les dépenses du secteur public sont brutalement réduites dans le cadre de programmes d’austérité. Donc, d’où sont censés venir les emplois et la croissance ? Des exportations, principalement vers d’autres pays d’Europe, c’est la seule solution.
Mais les exportations ne repartiront pas à la hausse si dans le même temps les pays créditeurs mettent en place des politiques d'austérité, risquant fort de plonger l'ensemble de l'Europe dans la récession.En outre, les pays endettés doivent réduire les prix et les coûts par rapport à des pays créditeurs comme l'Allemagne, ce qui ne serait pas trop difficile si cette dernière avait 3 ou 4 % d'inflation, permettant aux débiteurs de remonter la pente avec une inflation faible ou nulle.

Relever les taux d'intérêt, l'erreur de la BCE

Mais la Banque centrale européenne (BCE) tend à privilégier la déflation – elle a commis une grave erreur en relevant les taux d'intérêt en 2008 au moment même où la crise financière prenait de l'ampleur, puis a montré qu'elle n'avait pas retenu la leçon en refaisant la même erreur cette année.
Résultat, les marchés s'attendent maintenant à une très faible inflation en Allemagne – environ 1 % sur les cinq prochaines années – , ce qui entraînera une importante déflation dans les pays débiteurs. Cela va se traduire à la fois par un ralentissement accru de leur activité et par une augmentation du fardeau réel de leurs dettes, si bien que les tentatives de sauvetage seront plus ou moins vouées à l'échec.
Et je n'ai pas l'impression que les responsables politiques européens soient prêts à renoncer à leur orthodoxie en matière de liquidités et d'austérité.
Une partie du problème vient peut-être du fait que ces élites politiques ont une mémoire historique sélective. Elles n'aiment rien tant que d'évoquer l'inflation allemande du début des années 20, un épisode qui n'a guère de rapports avec la situation actuelle.
En revanche, elles ne parlent presque jamais d'un exemple bien plus pertinent : les politiques de Heinrich Brüning, chancelier allemand entre 1930 et 1932, qui par son acharnement à équilibrer les budgets et à préserver l'étalon-or a rendu la Crise de 29 encore pire en Allemagne que dans le reste de l'Europe – préparant ainsi le terrain à ce que vous savez.
Cela étant, je ne m'attends pas à ce qu'une telle catastrophe survienne dans l'Europe du XXIe siècle. Mais il y a un fossé très important entre ce dont l'euro a besoin pour survivre et ce que les dirigeants européens sont prêts à faire, ou même parlent de faire. Et ce fossé n'incite guère à l'optimisme.

Record battu

La victoire de la gauche au Sénat dépasse les rêves les plus osés des dirigeants socialistes. Ceux-ci — comme la droite d’ailleurs – envisageaient un résultat « ric-rac », dans lequel les succès de la gauche attendus dans les départements urbains risquaient d’être contrebalancés par quelques gains de l’UMP dans les départements ruraux. Calcul erroné : la progression du PS et de ses alliés est uniforme, y compris dans les secteurs regroupant de petites communes dont les élus se disent massivement apolitiques. Si l’on excepte la Moselle, où la gauche perd un troisième siège conquis à la surprise générale en 2001, à cause de la division extrême de la droite, les résultats sont une longue liste de claques à l’UMP, qui perd même la Lozère ! Le ministre centriste de la Ville, Maurice Leroy, est battu dans le Loir-et-Cher : c’est la cerise sur le gâteau socialiste.

Le résultat des municipales de 2008, déjà favorable à la gauche, a été largement amplifié. La France des élites rurales divorce à son tour d’avec la majorité présidentielle. La réforme territoriale a braqué les maires, et le style Sarkozy a joué un rôle non négligeable dans cette rupture. Les élus locaux veulent être considérés, pas bousculés. Il ne sert à rien de multiplier les visites sur le terrain, si c’est pour survoler les villages en hélicoptère sans prendre la peine de se mettre à l’écoute et de boire un verre.

La réforme territoriale était nécessaire. Comme celle des tribunaux et de la carte militaire, elle a été menée à la hussarde et a été ressentie douloureusement par la France « d’en bas ». Cette défiance a de quoi inquiéter le chef de l’État, au moment où commence la campagne électorale. Le plus grave, pour lui, n’est pas dans la perte du Sénat. La gauche a pu gouverner à trois reprises, depuis 1981, contre l’opposition de la Haute assemblée, qui n’a jamais le dernier mot dans le processus législatif. Une certitude, toutefois : le vote de la « règle d’or » est désormais totalement impossible. Mais le dossier était déjà en coma dépassé avant les sénatoriales d’hier.

Le plus tragique, pour Nicolas Sarkozy, c’est la grogne qui monte dans des couches traditionnellement acquises à la droite. Mis à part les législatives qui ont suivi son élection, en 2007, le président de la République aura perdu absolument tous les scrutins intermédiaires de son mandat. C’est un record d’impopularité.

Affaire Karachi : la fille d'Hélène de Yougoslavie affirme que sa mère a menti

Milena Gaubert a affirmé lundi 26 septembre sur Europe 1 que sa mère, témoin-clef d'une affaire de corruption présumée lors de la présidentielle de 1995, avait menti dans le but de nuire à son père, Thierry Gaubert, en l'accusant d'en avoir été un rouage important.

Samedi, Hélène de Yougoslavie avait déclaré sur Europe 1 que son mari, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy, avait rapporté de l'argent en espèces après des voyages en Suisse en compagnie de Ziad Takieddine, autre suspect du dossier. "Il y a quelques mois, ma mère m'a confié qu'elle voulait emmerder mon père", a déclaré Milena Gaubert sur Europe 1, se disant "très choquée" par les propos de sa mère.

"C'est allé trop loin, c'est trop grave maintenant ce qui se passe, je peux pas laisser faire ça", a-t-elle ajouté, mettant en cause la santé mentale de sa mère. "Elle rend publique cette histoire, donc moi je rends public ce qu'elle m'a dit", a-t-elle conclu.
En instance de divorce avec Thierry Gaubert, Hélène de Yougoslavie avait contesté avoir fait ces déclarations par intérêt. "Je n'ai aucun compte à régler dans l'histoire de mon divorce", avait-elle affirmé sur Europe 1. Et d'ajouter qu'elle était victime de pressions depuis son témoignage.
Milena Gaubert a pour sa part démenti témoigner à la demande de son père. "Mon père n'est pas du tout au courant (...) C'est entre moi et ma mère", a-t-elle affimé. Thierry Gaubert a été mis en examen le 21 septembre pour "recel d'abus de biens sociaux" dans ce dossier de financement politique présumé de la campagne d'Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole, en marge de contrats de vente d'armes au Pakistan.

Une solution libérale à la crise

La Grèce est au bord de la faillite. Sans nouvelle aide, d’ici un mois et demi, elle devrait se retrouver à court de liquidités et entrainer, par effet domino, dans sa chute de nombreux autres pays. Parmi ceux qui commencent ainsi à voir la gestion de leurs finances critiquée par les agences de notation se trouvent notamment l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et maintenant l’Italie. Quid de la France ? Et bien, elle  risque d’être la prochaine sur la liste.

Alors que les politiciens de l’extrême-gauche à l’extrême-droite s’empressent tous de nous délivrer leurs solutions miracles pour nous sauver, réemployant les méthodes qui nous ont plongés dans cette situation. Notre choix devrait donc selon eux se faire entre le keynésianisme le plus total augmenté d’un financement à fonds perdus de pays dont la gestion a été encore plus irresponsable que la nôtre (quel exploit !)  et le repli identitaire stoppant net la construction européenne et rétablissant des frontières dignes de temps anciens ainsi  que l’« État fort » qui va nécessairement avec.

Et les libéraux dans tout ça ? Accusés par tous, écoutés nulle part ! Et pour cause, nous sommes divisés, nous ne savons quel projet soutenir voyant partout la menace d’un État qui, profitant de la crise qu’il a causée, en profiterait pour renforcer ses prérogatives ou celle d’un Léviathan technocratique encore plus éloigné des citoyens et qui, de Bruxelles, nous dicterait nos moindres faits et gestes.
Face à ce constat pour le moins effrayant, j’aimerais humblement vous présenter une autre solution, une solution libérale… Correctement appliquée, je crois qu’elle nous permettrait non seulement d’éviter le mur vers lequel nous nous dirigeons actuellement mais aussi de retrouver le chemin du marché libre et de la responsabilité, le chemin de la paix et de l’ouverture, le chemin de la croissance et de la prospérité. En un mot, le chemin de la Liberté !
Cette solution, la voici : tout d’abord, l’aide à la Grèce ne peut se faire que dans le cadre d’un fédéralisme européen, un fédéralisme qui nous permettrait de dépasser les États-nations qui nous ont entraînés dans les deux guerres les plus meurtrières de l’Histoire de l’Humanité. Mais un fédéralisme qui ne serait pas un prétexte des politiciens pour accroître l’emprise de la bureaucratie sur les citoyens et les accabler de régulations et de taxes tout aussi fantaisistes qu’abondantes. Ce qu’il nous faut, c’est une nouvelle constitution, une constitution que j’aimerais être inspirée de celle qui incarne le mieux dans le monde l’esprit de la Liberté, j’entends la constitution américaine. De plus, l’opinion publique européenne étant en moyenne plus libérale que la française, nous libéraux avons tout à y gagner. Enfin, la création d’un Gouvernement européen élu démocratiquement (et non plus seulement un Parlement supervisant plus ou moins une bureaucratie gigantesque) et ayant des prérogatives propres n’implique pas la disparition des échelons nationaux qui auraient, eux aussi, leurs domaines réservés dans lesquels ils pourraient se faire concurrence. Pour preuve, il suffit de regarder une nouvelle fois les Américains qui restent très attachés à leur État et méfiants envers l’État fédéral (ce qui les amène forcément à exiger plus de clarté de sa part) et profitent de la concurrence entre les États fédérés, leur évitant ainsi l’émergence d’un État-Providence à l’européenne, en garantissant des impôts faibles et des réglementations claires, fixes et peu nombreuses.
Pour en revenir à la Grèce, ce fédéralisme nous permettrait d’accompagner les plans d’aide interétatiques et l’émission d’eurobonds par la BCE par une vraie responsabilité budgétaire, il nous serait ainsi possible d’instaurer une règle d’or stricte à tous les échelons européens (car il nous faut des réformes structurelles) et un plan d’austérité généralisé (pour résoudre la crise actuelle).
Enfin, vient le problème de l’euro. La BCE a jusqu’ici évité une politique trop inflationniste sous la pression des libéraux allemands. Mais, face aux conditions actuelles de la crise, il pourrait être tentant pour les politiciens de faire tourner la planche à billets afin de ne pas avoir à appliquer une austérité budgétaire, accusant ensuite le grand méchant marché de la hausse des prix et de la prochaine crise. Pour mettre fin à cela de façon définitive, il nous faudra faire preuve de pédagogie pour expliquer à tous que, sans rattachement de la monnaie à l’or, celle-ci continuera à perdre sa valeur (ce qui touchera les plus pauvres en premier) et à provoquer bulles immobilières et financières et donc crises destructrices.
En conclusion, un fédéralisme démocratique pourrait donc nous permettre à la fois, sur le court terme, de sauver les pays en difficulté financière (dont nous faisons partie) par une aide responsable car conjuguée à un plan d’austérité et, sur le long terme, d’établir une saine méfiance envers l’État fédéral en profitant notamment du plus grand libéralisme du reste de la population européenne, ce qui nous rendrait capables de l’astreindre définitivement à la responsabilité financière, réglementaire et monétaire. Enfin, et ce n’est pas le moindre, cela nous permettrait aussi de finaliser la construction européenne, ce qui ferait de l’Union Européenne la première puissance mondiale, nous permettant, ensemble, de tenir à nouveau notre place sur la scène politique internationale aux côtés de nos alliés, notamment américains, et de redevenir le modèle que nous avons longtemps été pour le reste du Monde.

Royal veut « mettre les banques au pas »

Lors d'un meeting à Parempuyre, en Gironde, la candidate a prononcé hier un réquisitoire contre le secteur et ses profits.
 A deux semaines du premier tour de la primaire socialiste, le sillon tracé par Ségolène Royal passait hier après-midi par Parempuyre, une commune de la banlieue de Bordeaux. C'est là qu'elle compte un de ses rares soutiens chez les élus girondins, en la personne du maire, Béatrice de François.

Devant quelque 400 personnes acquises à sa cause, Royal jubilait manifestement à l'idée de rendosser les habits de 2007 : la voix de la gauche, c'est elle ; la rassembleuse autoproclamée, c'est encore elle. « Le 15 octobre 2008, j'étais déjà ici, à Parempuyre, après la première crise financière. Et je prônais la réforme du système bancaire et l'entrée de l'État au capital des banques. Il faut mettre les banques au pas. Je le dis depuis longtemps, les autres candidats me rejoignent maintenant sur ces propositions. J'ai la capacité de changer le système », plaidait-elle lors d'une brève rencontre avec la presse.
À gauche toute
Les banques, Ségolène Royal en a longuement parlé lors de cette après-midi girondine. Elle a redit le péché mortel que constituait selon elle le renflouement sans contrepartie desdites banques. « Quand ça va bien, on privatise les profits. Quand ça va mal, les contribuables contribuent. Les banques nous ont-elles remboursé à 17 %, le taux auquel elles prêtent à la Grèce ? Non ! » s'est-elle exclamée avant de dérouler un catalogue de mesures censées déborder ses adversaires PS sur leur gauche : mise à plat des tarifs bancaires, nouveau pacte républicain au sein de l'Éducation nationale, lutte contre la fraude fiscale « qui sera une priorité ». « Je ferai rentrer dans les caisses ce que les plus riches doivent au peuple avant d'augmenter les impôts des autres », a-t-elle asséné.
Royal ne pouvait pas rester silencieuse sur la multiplication des scandales politico-financiers. Sous les vivats, elle s'est prononcée pour un retour à la morale publique. « Tout élu condamné à une peine de privation de liberté pour ses turpitudes devra démissionner immédiatement. Il sera inéligible à vie », a-t-elle proclamé.
À cet instant de communion collective, la salle avait sans doute oublié que le premier secrétaire du PS durant cet interlude de la primaire est un député européen nommé Harlem Désir, condamné en 1998 pour recel d'abus de confiance. Interrogée sur le sujet à sa sortie, Ségolène Royal a éludé. « J'envisage des mesures pour le futur. On ne va pas se mettre à faire des lois rétroactives », a-t-elle tranché. Et voilà Harlem Désir rassuré…
ÇA Y EST ILS SONT À PEINE AU SÉNAT QU'ELLE PÊTE LES PLOMBS !!!!