TOUT EST DIT

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samedi 20 avril 2013

Le jardin du pardon

Le jardin du pardon


« Nous ne pouvons nous opposer à la violence que si nous y renonçons. » M. Bruno Retailleau, sénateur de Vendée, rappelait ce mot de Lech Walesa qu'il avait invité, jeudi, aux Lucs-sur-Boulogne, là où, avec quelques milliers de personnes, il commémorait les terribles massacres qui y furent perpétrés.

On inaugurait le « Jardin du pardon » : 4 000 arbres plantés par la jeunesse des écoles, représentant les 4 000 prisonniers « bleus » républicains libérés par les Vendéens après la bataille de Fontenay. Lech Walesa empoigna une pelle et planta son arbre avec autant d'ardeur qu'il montra quand il animait Solidarnosc en lutte contre les forces qui brimaient les libertés polonaises. Mais cette ardeur, si elle fut particulièrement offensive, fut aussi non violente. L'idéal de liberté et de solidarité était l'émanation de « cette flamme fragile qui vacille dans la nuit la plus noire ». Cette flamme, c'est l'homme et son mystère, et comment pourrait-on faire grandir l'homme et l'épanouir si, pour y parvenir, on s'autorisait à recourir à la violence qui le détruit ?
Le combat de Walesa et de Solidarnosc, c'était le « combat contre la tentative prométhéenne de fabriquer artificiellement un homme nouveau », comme le dit Bruno Retailleau. Ce combat ne finit jamais. On l'a vu avec les totalitarismes du XXe siècle qui prétendaient faire le bonheur des peuples, au besoin malgré eux. On le voit aujourd'hui dans le monde, à travers les organisations technocratiques lorsqu'elles remettent en cause et menacent la liberté des personnes, y compris leur liberté de conscience.
Le pardon toujours aussi nécessaire
Dans ce combat, savoir respecter l'adversaire est une nécessité absolue. Après les blessures, cela appelle le pardon. C'est ce pardon qui fut évoqué aux Lucs-sur-Boulogne où l'on a rappelé le geste de Bonchamps, le chef vendéen mourant qui, le 27 mai 1793, fit épargner les prisonniers voués au massacre : « Je rendrai à leurs familles les pères qui leur sont nécessaires chaque fois que, par le sort des armes, ils tomberont en mon pouvoir. Jamais je ne serai barbare, tous les prisonniers trouveront en moi un ami, un protecteur ».
Pour parvenir à cette attitude, il fallait livrer un autre combat, intérieur celui-là, « contre la soif de vengeance »« Et qui dira les murs de haine et de ressentiment qu'il faut abattre pour pardonner l'inexpiable ? », disait Bruno Retailleau qui citait aussi Hannah Arendt, philosophe juive allemande, durant la Seconde Guerre mondiale :« Le pardon est certainement l'une des plus grandes facultés humaines et peut-être la plus audacieuse des actions, dans la mesure où elle tend à l'impossible ¯ à savoir défaire ce qui a été fait ¯ et réussit à inaugurer un nouveau commencement là où tout semblait avoir pris fin. »
À partir de ce jardin du pardon, Lech Walesa s'adressait à quelques centaines de jeunes. Il les incitait à reprendre le flambeau pour aller de l'avant sur les chemins de l'humanisme. Il évoquait cette Union européenne que Solidarnosc a tellement contribué à transformer en abattant les murs qui la coupaient en deux, une Europe qui exige que l'on partage les valeurs profondes qui nous unissent. Et cette Europe justement est née du pardon que se sont donné les nations après s'être si violemment combattues. Le pardon toujours aussi nécessaire dans les affrontements d'aujourd'hui.
Oui, en Vendée, ces jours derniers, une grande leçon d'humanité nous fut donnée.

La France détruit maintenant ses églises sans respecter la loi

L'église de la ville d'Abbeville n'est plus. A sa place nous voyons des gravats, ceux d'une église qui a été construite de 1868 à 1878. Ils attendent le camion benne et la décharge. Le diocèse d'Amiens est sous le choc tout comme de nombreux habitants, d'Abbeville, de France en passant par l'Allemagnehttp://recognoscere.wordpress.com/2013/04/11/abriss-einer-kathedrale-in-frankreich/ et la Russie http://kan-kendarat.livejournal.com/223879.html.

Les Européens, les Français et le monde chrétien, se demandent ce qui se passe avec la France. Est-ce que bientôt d'autres églises vont suivre le même sort que celui de l'église de Saint-Jacques ?
Pendant que la Russie a reconstruit ses églises en sortant de l'URSS, l'Europe détruit maintenant ses églises qui sont le patrimoine culturel, des lieux de culte et la mémoire de la civilisation européenne. D'autres églises qui pourraient être détruites sont pourtant consolidées et rénovées comme à l'image de l'église néo-gothique de Plounerin http://www.sauvegarde-eglise-plounerin.com/ qui a été construite en Bretagne entre 1875 et 1878. Les Bretons de la petite commune de sept cents habitants avec leur maire communiste ont fait un référendum en 2010 et ont décidé de restaurer leur églisehttp://www.plounerin.fr/spip.php?article108 qui pourtant était, elle aussi, dans un mauvais état et qui menaçait elle aussi de s'écrouler.
Position de la mairie. Le chef de cabinet du maire d'Abbeville, Nicolas Dumont, PS, explique que « Hormis l'émotion de cette déconstruction les habitants d'Abbeville comprennent la décision qui a été prise. C'est une question de sécurité publique. L'église menaçait de s'effondrer à tout moment. On est conscients que certaines personnes auraient souhaité qu'on fasse des travaux mais ce n'était pas possible notamment vu l'état technique. Mais après les gens sont quand même raisonnables et comprennent la nécessité de déconstruire. Même le maire d'Abbeville ne souhaitait pas déconstruire cette église. Le maire n'a pas été élu pour déconstruire du patrimoine. C'est simplement au regard du rapporthttp://www.abbeville.fr/images/telechargements/eglise_saint_jacques.pdfde l'expert mandaté par le tribunal administratif que le maire a été obligé de prendre cette décision.»
Une structure instable bien résistante. Pour les auteurs du blog Saint-Jacques oubliée http://saintjacques-l-oubliee.over-blog.com/ des questions se posent. Stéphane Decayeux écrit : « Je tenais à exprimer notre profonde tristesse de voir la manière avec laquelle notre église Saint-Jacques qui, je le rappelle, n’aura pas même été désacralisée, se voit infliger une destruction si violente et totale. Et sans égard aucun vis à vis de certaines pièces du mobilier religieux (confessionnal détruit, statue endommagée toujours visible mais inaccessible aujourd’hui ce lundi au milieu des ruines ! Stéphane Cailleux se pose aussi une question importante car la structure jugée instable et menaçant de tomber rapidement n’a pas pliée aussi facilement aux coups de la pelleteuse : « Bon nombre de nos concitoyens abbevillois nous interpellent, croyants ou non, choqués de si peu de respect pour ce monument, fut-il dans un état de péril imminent ! État qui reste à démontrer à voir les moyens qu’il aura fallu et qu’il faudra encore déployer pour détruire un clocher qui risquait de chuter à tout moment ! »
Diocèse. L'économe du diocèse d'Amiens, Stéphane Duté, qui ne décolère pas, nous apprend que durant dix ans la mairie n'a rien fait pour rénover et entretenir l'église, et raconte : « L'église a été détruite. Et il y a un souci car légalement ce n'est pas possible. Il faut l'autorisation du préfet et de l'évêque. Pour qu'une église soit détruite, elle doit d'abord être désacralisée et seul l'évêque en relation avec le préfet peut l'accepter. De fait le maire d'Abbeville a considéré qu'il était au-dessus des lois car il n'a pas demandé l'avis de l'évêque. Il y a deux choses. Il y a une église qui est détruite et il y a un maire qui décide d'être au-dessus des lois. C'est à dire que la loi en France n'est pas nécessairement respectée à condition toutefois d'être dans le bon camp. Les lois s'appliquent à tout le monde sauf à ceux qui les font. Cela arrive en France depuis une quinzaine d'année. Nous n'allons pas en rester là. On va voir avec les évêques de France. On ne casse pas une église comme ça. C'est scandaleux car on ne respecte plus rien, même pas la loi. Le maire a fait quelque chose d'illégal et nous on aura un problème car on aura une église en moins. »L'abbé Jean-Louis Brunel et la communauté catholique sont sous le choc car la destruction a commencé sans que la communauté chrétienne ait été avertie http://www.youtube.com/watch?v=IE4BgSmsZGU .

La France est en marche vers une nouvelle Révolution

1789, c’est la grande référence de l’histoire de France, le grand moment, celui où la Révolution française qui couve depuis 1783 explose. Elle va ravager la France et l’Europe entière en créant un nouveau monde, celui annoncé par Goethe présent à la bataille de Valmy un jour de septembre 1792. Cette Révolution en marche fut poursuivie par l’aventure impériale et la Révolution se fit conquérante puis occupante. Aujourd’hui, la France, sans le savoir est entrée dans une nouvelle phase révolutionnaire et les conditions se créent sous les yeux des Français pour un nouveau chamboulement. Mais quel sera-t-il ?

Nul ne peut le dire, la certitude réside dans l’accumulation en France et en Europe des éléments pour un bouleversement majeur. Par le passé, et depuis la Seconde Guerre mondiale, l’Europe et la France ont vécu une période relative de paix et de prospérité. Le traumatisme fut si grand, et l’hécatombe si importante que jusqu’à lors, avec la création de l’Union européenne, cette partie du monde est restée calme, malgré les menaces, malgré les guerres aux quatre coins du monde. Cette paix, cette République ne sont pas immortelles et seule l’idéologie sclérosée de personnages dont l’histoire ne se rappellera pas même le nom persiste à faire croire que le monde restera figé. En France, pourtant, en quelques semaines, depuis l’arrivée au pouvoir du socialiste François Hollande, les éléments d’une future révolution s’accumulent.
Le temps des espoirs de 1981 est bien loin, les espoirs se sont transformés en manipulations politiques, corruption du corps politique, mise à sac des finances, destruction des liens essentiels entre le Peuple et ses élus, laminage des libertés, infiltration et contrôle des médias : tous les indices français sont dans le rouge. Une étude menée par un journal anglo-saxon des meilleurs pays pour naître en 1988, plaçait la France en 2e position… en 2013 elle avait dégringolé à la 26e place. Les indicateurs ne sont pas meilleurs aux niveaux économique, politique, sécuritaire… Pour ce dernier point la Chine vient de classer la France parmi les pays dangereux pour ces ressortissants faisant du tourisme dans ce pays...
Le modèle français politique a également été sévèrement écorné à l’international. En moins de 30 ans, l’influence française a enregistré partout des reculs historiques, et pris part à des opérations ayant détruit sa crédibilité : abandon des minorités ayant combattu pour la France, tardives reconnaissances des pensions militaires des vétérans de l’ancien empire colonial, reculades face à des dictatures installées sur des territoires liés par traité avec la France (Laos et Cambodge), exploitation néocoloniale ou purement coloniale (Nouvelle-Calédonie), accueil et soutien de dictateurs avérés comme Bokassa ou l’Ayatollah Khomeini, affaire du Rainbow Warrior, première intervention en Irak, refus d’imposer son véto au Conseil de Sécurité de l’ONU à la deuxième intervention en Irak, essais nucléaires injustifiés dans le Pacifique, manipulations diverses en Afrique, notamment en Centrafrique, en Côte d’Ivoire, au Mali (et dans bien d’autres), opérations militaires diverses pas toujours justifiées notamment en Afghanistan et en Lybie après avoir courtisé ce dernier pays, aide aux islamistes et mercenaires en Syrie : tous les président de la Ve République ont trempé dans de sales affaires et sapé ses bases diplomatiques.
Depuis quelques temps, depuis la fin du mandat de Giscard d’Estaing, cette dégringolade s’est matérialisée sur le terrain social et sociétal. La crise frappe la France depuis les chocs pétroliers de 1973 et 1979 et la dette française année après année a atteint des milliers de milliards d’euros. Les administrations sont elles-mêmes sclérosées, le pouvoir inventif des autorités comme drainé vers le néant, aspiré dans les limbes pour ne faire place qu’à des placebos ou des mesures d’urgences, des pansements sur des fractures ouvertes : revenus de survie, emplois subventionnés pour les plus fragiles (jeunes et séniors), lente érosion des épargnes, appauvrissement des familles, pillage des successions et des héritages des Français, destruction des initiatives dans les créations d’entreprises, mise à mort de la recherche innovante etc. la liste est terriblement longue en 2013.
Et pour l’historien que je suis, l’évidence éclate aux yeux : en 1789 nous avions une France croulant sous l’impôt et devant l’austérité demandée, c’est aussi le cas en 2013. En 1789 les Français rejetaient les modèles de sociétés proposés, c’est aussi le cas en 2013. En 1789, les Français se plaignaient des péages et des taxes indirectes à la circulation des biens et des hommes, c’est le cas en 2013. En 1789, une classe politique au pouvoir dans les Parlements refusaient aux ministres les plus courageux les mesures de réformes essentielles pour la continuation du système, c’est aussi le cas en 2013, notamment à cause de la formation de lobbies gouvernementaux comme par l’exemple l’Education nationale. En 1789, la crise économique était aussi bien réelle et accompagnée d’une crise frumentaire, or en 2013, le nombre de personnes quémandant de l’aide, y compris alimentaire a atteint des records.
Désormais le régime en place pour survivre doit user d’artifices dangereux : initier des guerres extérieures comme le firent aussi des rois pour sauver leurs trônes, comme Charles X en 1830 avec la conquête d’Alger. Aujourd’hui nous avons d’autres expéditions du genre, il y eut l’Irak, l’Afghanistan, la Côte d’Ivoire, la Lybie, le Mali… entre autre. Et de l’autre, nous observons une radicalisation des politiques, soit au sein des partis, soit dans les propositions sociétales de plus en plus avant-gardistes dans le souci de chercher des soutiens dans les moindres minorités et lobbies pourvu que l’illusion soit faite de progrès. Mais ces réformes de plus en plus audacieuses et de plus en plus inutiles creusent le fossé.
Elles creusent le fossé car elles ne nourrissent pas les hommes, elles n’apportent pas de croissance, elles ne donnent pas d’emplois. Au contraire, elles diluent l’énergie des politiciens à défendre des projets qui nécessitent des prises de position de plus en plus difficiles à défendre. Elles créent des scissions dans l’Etat et dans la société même qu’elles sont censées rénover, rendant irréconciliables les Français. Alors qu’il était question de diviser pour mieux régner il y a 30 ans, en attisant les extrêmes de gauche ou de droite afin d’assurer la domination des partis centristes, aujourd’hui il est question de verrouiller le système par la force si nécessaire. Car désormais la proportion des Français ne se déclarant pas pour ces partis est majoritaire. Elle forme une majorité que les assemblées parlementaires ne représentent plus.
Des millions de Français, du FN, du Front de Gauche, des Verts, des groupes centristes libéraux, des libertaires et des syndicalistes divers ne sont pas représentés dans le Sénat ou dans l’Assemblée nationale. Dès lors nous assistons aussi à la création d’un Tiers Etat sous-représenté face à des élites des partis de pouvoir que sont le PS ou l’UMP (comparable au clergé, le PS, ou à l’aristocratie, l’UMP). Avec une minorité des suffrages, ils dominent par la construction biaisée du système démocratique, cette République, ou du moins l’illusion d’une République. Dès lors, c’est une question de temps. L’élite au pouvoir est face au peuple et contre le peuple. Ce grand mouvement est en marche, déjà. Il aura fallu neuf années pour qu’il arrive à maturité entre 1783 et 1792. A la première démonstration massive de force des Français, tout le système sautera… Pour le meilleur et pour le pire et qu’en sera-t-il de l’Europe ?

'Draghi a permis à la France d'imprimer de la monnaie de façon quasi-illimitée'


Les données économiques de la France sont inquiétantes, et son gouvernement est empêtré dans une grave crise politique qui risque de saper sa crédibilité alors que le pays a désespérément besoin de réformes. Comment expliquer alors le récent effondrement des taux d’intérêts sur les obligations à 10 ans (OAT) ?
Selon plusieurs medias, pas de doute : la Banque Centrale Européenne (BCE) a donné carte blanche à la France pour imprimer de la monnaie de façon presque illimitée.

C’est ce que croit l’économiste néo-keynésien américain lauréat du Prix ​​Nobel d'Economie, Paul Krugman. Dans le New York Times, il a affirmé la semaine dernière que la France « a retrouvé sa propre monnaie » : « Les coûts d’emprunt de la France plongent. (…) Mais, attendez, la France n'était-elle pas supposée être la prochaine Italie, sinon la prochaine Grèce? (…) Les marchés ont conclu que la BCE ne peut laisser la France à court d’argent ; sans la France, il n’y a plus d’euro. Donc pour la France, la BCE est prête à jouer le rôle d’un prêteur de dernier ressort sans aucune ambigüité, et à fournir de la liquidité.
Ceci signifie qu’en termes financiers, la France a rejoint le groupe des pays avancés qui battent leur propre monnaie et qui ne peuvent donc tomber à court d’argent, un club dont tous les membres jouissent de coûts d’emprunt très bas, plus ou moins indépendamment de leurs dettes et déficits ».
Dans Business Insider, Joe Weisenthal indique que la baisse des taux d’intérêt est traditionnellement un indicateur de faiblesse de l’économie. Il n’y a qu’en Europe que l’on a assisté à la montée brutale des taux d’intérêt des pays de la périphérie en temps de crise, parce que le marché a estimé que ces pays dont les cotes de crédit ont été dégradées, pourraient théoriquement faire faillite, puisqu’ils ne peuvent imprimer leur propre monnaie.
Pour le journal allemand Deutsche Wirtschafts Nachrichten (DWN), cela frise le complot, puisque la BCE agirait pour empêcher une grande banque française de faire faillite. Le journal cite les noms de BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole. Le DWN estime que Draghi est conscient que cette opération n’est pas tout à fait conforme avec le mandat de la BCE, mais qu’il souhaite éviter que l’Allemagne ne s’en mêle: «En France, une nouvelle bulle financière, gigantesque, se développe discrètement. L'Allemagne impuissante ne peut qu’y assister. Le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, peut tenir des discours ici et là, mais rien de plus. Cette action montre que les pays du sud de l'UE ont déjà largement pris le contrôle de la construction européenne dans les couloirs de la BCE ».

La cote d’alerte est atteinte pour le PS

La cote d’alerte est atteinte pour le PS


Ce constat, tout le monde peut le faire. Mais, lorsqu’il vient de l’intérieur même du Parti socialiste, cela confirme bien que le bateau prend eau de toutes parts.
Aujourd’hui, c’est Jean-Christophe Cambadélis, secrétaire national dudit parti, qui le clame. Et qui insiste : « La cote d’alerte est atteinte pour le PS. Son leadership est contesté. Il n’est pas en capacité d’impulser malgré toutes les bonnes volontés. »
Cambadélis ne se veut pas revanchard, même s’il a des raisons de croire que le Parti, dont il a lui aussi brigué la présidence, ne se porterait pas plus mal sous son règne que sous celui – actuel – d’Harlem Désir. Non ! il appelle même au « rassemblement de tous », car « nous avons besoin de tous pour affronter la bourrasque ».
Et d’ajouter : « Nul ne peut ignorer que le pays est au bord de la crise de nerfs. »
Nul ? Sauf, éventuellement, le président Hollande, dont Jean-Christophe Cambadélis pointe « peut-être un problème de lisibilité ».
Dans un sens comme dans l’autre, d’ailleurs. Son action est illisible – pour ne pas dire invisible.
Et il est manifestement aveugle à ce qui se passe sous ses yeux. Et qui s’appelle le peuple !

Les raisons d’une impopularité

Les raisons d’une impopularité
Les observateurs de la vie politique s’interrogent sur l’effondrement de la cote de popularité du chef de l’Etat qui atteint, semble-t-il, un record historique avec 26% de satisfaits. L’explication la plus courante est celle de la dégradation économique et de la déception des milieux populaires. Je pense qu’il y a quelque chose de plus profond, de plus passionnel encore. Le président de la République, héritier des monarques, a pour mission essentielle d’incarner la Nation dans son unité en s’appuyant sur un Premier ministre qui va au charbon, applique une politique au risque de l’impopularité. Or, l’image actuelle de l’ occupant de l’Elysée est parfois ressentie comme s’attachant pour l’essentiel aux divisions du pays et non à son unité. L’affaire du « mariage pour tous », au cœur de son programme de campagne, qui pousse le pays à une sorte d’affrontement, en est l’illustration. Le peuple français, en dehors du milieu politique, est uni et tient en horreur les clivages et les divisions. Dans les familles, dans les cercles d’amis, au travail, on se parle, on s’apprécie par-delà les divergences d’opinion. Les Français ont la hantise de la guerre civile qui a si souvent mis le pays à feu et à sang. Ils sont prêts à pardonner beaucoup de choses à leurs dirigeants, mais jamais la division. C’est ce qu’avait bien compris Français Mitterrand en renonçant à son projet de loi sur l’école libre en 1984. Les événements actuels laisseront des cicatrices profondes dont on ne voit pas bien comment, dans un contexte économique en plus très dégradé, les dirigeants du pays pourront se remettre.

IVAN RIOUFOL : "LE HOLLANDISME BOMBE À RETARDEMENT


Un an après, le crépuscule de François Hollande


Avec seulement 26% d'opinions favorables, François Hollande est désormais le président le plus impopulaire que de la cinquième république ait connue.
Il y a des anniversaires qui  préféreraient se passer sous silence. Car au lieu de célébrations festives, ils peuvent engendrer  malaise et hostilité, à la lumière de sondages de plus en  plus catastrophiques. Tel est le cas de François Hollande. Il voulait être un président normal, passant entre les gouttes d’une responsabilité qui lui était échue par hasard et sans doute par erreur. Sa  première année à l’Elysée démontre l’originalité la plus cruelle, celle d’être le président le plus impopulaire que la cinquième république ait connue. Et c’est son adversaire honni, Nicolas Sarkozy, qui caracole désormais dans les sondages, alors qu’il doit se contenter de faire jeu égal, si l’on ose dire, avec Marine Le Pen.
 L’affaire Cahuzac, où le grand argentier du gouvernement a été pris la main dans la fraude fiscale a provoqué une véritable tourmente au sein du gouvernement et contribué à porter la cacophonie ambiante à un nouveau sommet.
François Hollande avait déjà montré qu’il n’était pas un chef, les années de pilotage du parti socialiste l’ayant confiné à la rédaction de motions de synthèse, qui relevaient davantage du verbiage, du souci d’équilibrer les différents courants, que d’un engagement dans l’action. Dès ses premières et rares interventions publiques, l’opinion avait pris conscience qu’il avait peu de choses à dire. Aujourd’hui, il n’est plus audible, d’autant qu’il n’a pas de remède à proposer pour endiguer la dégradation de la situation. Tout essai timide d’engager des réformes est aussitôt mis en échec par les lobbies, et il se réfugie dans une attitude de non choix en  implorant la patience, comme si le temps pouvait solutionner  les problèmes dans un monde voué à une compétition féroce. "Gouverner c’est choisir", disait Pierre Mendès-France, alors que c’est l’incohérence qui règne à l’Elysée avec un gouvernement pléthorique et inexpérimenté qui veut une chose et son contraire. Alors qu’il  fallait commencer à réduire le périmètre de l’Etat, on a augmenté le nombre des fonctionnaires. Au lieu de favoriser le secteur privé, principal créateur de richesse, on a assommé les chefs d’entreprise de taxes nouvelles et ce ne sont pas les propos mielleux que le premier ministre distille aujourd’hui à leur encontre qui va les inciter à relancer l’investissement que la faiblesse de leurs marges ne leur permet guère de faire.
Le gouvernement échafaude des perspectives de croissance auxquelles ne croient ni le Fonds Monétaire ni les principaux économistes, en affirmant qu’il est décidé à maitriser la dépense, réduire le déficit et stabiliser la dette, alors que l’Etat continue de mener son  train comme si de rien n’était avec des prélèvements obligatoires qui atteindront dans les deux ans qui viennent de nouveaux sommets.
Pendant ce  temps, les tensions montent. Les manifestations se multiplient. La cote d’alerte est atteinte, murmure-t-on  au sein même du parti socialiste. François Hollande se raidit sur le mariage pour tous et ne veut rien céder (alors que François Mitterrand avait intelligemment reculé sur l’école libre), afin de donner l’illusion qu’il a encore une parcelle de pouvoir. Une attitude qui ne trompe personne car elle revêt une allure crépusculaire et François Hollande ressemble déjà à un fantôme qui cherche une porte de sortie.

Ces méthodes chocs qui pourraient sauver la démocratie française de l'asphyxie qui la menace

En partie paralysée par l'inertie de ses corps intermédiaires, la France ne parvient pas à adopter les réformes dont elle a besoin. La démocratie française va-t-telle finir par devoir se tourner vers des méthodes non conventionnelles ?


Le Sénat américain où Barack Obama est majoritaire a désavoué le président américain en refusant d’adopter, mercredi 17 avril, le texte visant à mieux contrôler les acheteurs d'armes à feu."Finalement, c'est plutôt un jour de honte pour Washington, a lancé Barack Obama. "Au lieu de soutenir ce compromis, le lobby des armes et ses alliés ont volontairement menti à propos de cette loi." Malgré le soutien de la majorité des Américains, l’homme le plus puissant du monde a dû s’incliner face aux lobbys et au Congrès. En quoi cette impuissance peut-elle faire écho à la crise politique que traverse aujourd'hui la démocratie française ?

Yves Sintomer : Il faut tout de même noter que dans le système présidentiel américain, les chambres parlementaires représentent de vrais contre-pouvoirs, ce qui n'est le cas qu'exceptionnellement dans un pays comme la France.
Au-delà, il est clair que de façon plus globale le monde politique dans son ensemble a perdu du poids par rapport au marché et au monde économique du fait d'une mondialisation accrue et du fait aussi en Europe d'une intégration continentale qui s'est faite sous les auspices de la bureaucratie et qui n'a pas de correspondant politique. 
A des degrés plus ou moins fort selon les pays et les partis, on a de plus en plus un isolement des politiciens professionnels par rapport aux citoyens. Ils s'installent de plus en plus dans une position où ils sont sensibles aux pressions de certains lobbys et ils se constituent parfois eux-même comme un lobby défendant des intérêts particuliers, comme on peut le voir aux États-Unis et comme on a pu le voir en France avec l'affaire Cahuzac. 
Saber Mansouri : Le lien avec la France, mais aussi d'autre pays, se voit dans la défaite du politique (et par extension, la démocratie) face aux nouveaux pouvoirs : l'économie monétaire, l'industrie, les finances, les médias, etc. Les politiques n'osent plus. Et en plus, ils s'entourent d'experts pour rappeler aux citoyens qu'on ne peut plus réformer. Pourquoi? Parce que si on le fait, on va plonger dans le gouffre, disent-ils. Ce qui veut dire : la peur devient une alliée très appréciée des politiques. Notre démocratie est-elle devenue l'art de gouverner la peur collective ? La question mérite d'être affrontée.
Jean-Pierre Deschodt : Au lendemain des affaires Cahuzac, Guerini et Kucheida, la France reste abasourdie par autant de mensonges que révèlent leurs actes de corruption. Au delà des souillures morales, des crises sociale et sociétale qui s'étendent à l'ensemble du pays, une partie du peuple français envisage de retrouver au plus vite l'ancienne protection des cités, c'est-à-dire l'application des droits et des devoirs de l'homme laissant suggérer un développement harmonique des forces productives. Aucun gouvernement ne semble plus en mesure d'accorder à cette exigence vertueuse un tant soit peu d'intérêt en raison de la vision immobiliste (non progressiste) que cela suppose
Dans un contexte décadentiel, les solutions apportées par le front national et le front de gauche apparaissent de plus en plus comme un recours aux inquiétudes du moment. il est toutefois à préciser que ces deux partis diffèrent l'un de l'autre tant sur le plan historique que sur celui des orientations futures. Le premier s'inscrit dans le jeu parlementaire tout en condamnant le mode de représentativité actuelle. Le second se réalise dans l'action parlementaire tout en mobilisant ses troupes à partir d'un idéal révolutionnaire et radical. L'un recherche la coopération et l'intervention de l'État national ; l'autre promeut un type de collectivisme diffus. Le parti de Marine Le Pen défend la laïcité au nom de la neutralité républicaine, le socialiste Jean Luc Melenchon voit dans la laïcité un anticléricalisme militant.
Par ailleurs un autre élément les oppose sur le fond : l'immigration. Si l'on prend en considération ce point précis, le modèle républicain laissé par la république des radicaux socialistes (1899-1939), est proche de celui que défend aujourd'hui le Front national. En effet, le ralentissement de l'activité économique provoqué par la crise mondiale de 1929 a entraîné des tensions sur le marché du travail aboutissant à une forte augmentation du chômage. Les faibles perspectives nationale et l'atonie de la production mondiale ne font qu'accentuer les rigueurs à l'encontre des ouvriers étrangers. Ils représentent plus que jamais une force d'appoint qui participe en tant que variable ajustable à la régulation du marché du travail, au nom de la priorité accordée à la main d'œuvre nationale.

La France a depuis de nombreuses années les plus grandes difficultés à adopter des réformes pourtant nécessaires et soutenues par une majorité de la population. Va-t-elle devoir en venir à appliquer des thérapies de choc pour y parvenir ? Par quelles méthodes non conventionnelles pourraient-elles passer ? Quels sont les outils que les politiques pourraient utiliser ou inventer ?

Yves Sintomer :  Il est clair que la France oscille depuis des années entre des modifications marginales et des tentatives de réformes condamnées à échouer car menées avec précipitation et sans concertation. Plus la situation perdure, plus le risque de devoir procéder dans l'urgence à des modifications radicales s'accroît.
Les canaux de communication qui permettaient autrefois une entente, même relative, avec les élites ont tendance à se bloquer car les partis sont largement décrédibilisés et ont perdu beaucoup de dynamisme. Il faut instaurer une dynamique différente et expérimenter d'autres canaux de communication entre les citoyens et les décideurs.
Le recours au référendum serait une piste innovante. Mais pour éviter que le référendum prenne des allures de plébiscite pour ou contre le gouvernement, il faudrait qu'il soit régulier. Il faudrait également créer un vrai référendum d'initiative populaire qui puisse venir du bas et développer des instances qui ne seraient pas au service de lobbys divers et variés mais qui seraient tournées vers l'intérêt général.
On peut imaginer des conférences de citoyens tirés au sort et dont la mission serait de décider en vue de l'intérêt général. Cela pourrait prendre la forme d'un tirage au sort de 100 personnes préalablement formées sur le sujet en question à travers des exposés d'experts diversifiés défendant des points de vues différents à la fois en terme de compétences techniques et d'orientations politiques et sociétales. Les  débats menés par des observateurs impartiaux pourraient durer plusieurs semaines et permettre d'auditionner les représentants des différents partis politiques. A la fin des discutions, un avis officiel serait rendu. L'idée est de travailler avec des citoyens ordinaires comme le font aujourd'hui les autorités indépendantes pour essayer de dégager des solutions sur des sujets compliqués.
Saber Mansouri : Dans "La Débâcle", Zola a cette phrase forte: "La France est a refaire". Mais que peut signifier "Refaire la France aujourd'hui"? Refaire naître une nouvelle population, une nouvelle communauté civique? Non. Refaire la République, je veux dire refonder ses institutions, oui. Cette renaissance passera aussi par la reconquête d'une souveraineté politique, une démocratie perdue. Gouverner, c'est aussi prévoir (l'expression n'est pas de moi); mais on ne peut pas le faire dans une démocratie de l'instant; on ne peut pas le faire quand le politique devient suspendu aux différentes notes des agences, on ne peut pas le faire quand on dit que l'État ne peut rien face aux fermetures de petites usines, on ne peut pas le faire quand on n'est pas habité par l'ambition de servir un pays, un peuple.

Les anciens modèles historiques pourraient-ils constituer une source d'inspiration ?

Saber Mansouri : On pense d’abord à Athènes (Ve-IVe siècle avant J.-C.) C’est le premier exemple d’un système politique remettant le pouvoir entre les mains des citoyens. L’Ecclésia, la Boulé, l’Héliée, l’Aréopage sont les institutions garantes d’une démocratie directe. S’agissant des questions économiques et financières, c’est un modèle où le politique a toujours le dernier mot : c’est lui qui soumet l’économique au profit de la communauté civique la Cité.      
A en croire la Constitution d’Athènes attribuée à Aristote, plusieurs fonctions sont tirées au sort : les bouleutes (ils conseillent l’Assemblée du peuple, préparent les lois et contrôlent les magistrats), les adjudicateurs, les receveurs de fonds publics, les auditeurs des comptes des magistrats, les auditeurs des plaintes contre les magistrats, les inspecteurs des marchés, la police, etc. Le tirage au sort permet aussi à des non experts politiquesd’être tirés au sort, élus. Aujourd’hui, on pourrait tirer au sort dans le cadre des élections locales. Européennes aussi.  
Comment remettre le citoyen au centre de notre démocratie pour lui redonner une pleine souveraineté politique ? Est-ce que notre démocratie fonctionne bien ? Où commence véritablement la souveraineté du citoyen ? Comment le pouvoir se partage entre le Palais Bourbon et le Parlement européen ? A quand une démocratie européenne qui viendrait faire la synthèse des institutions nationales ? Est-ce que la République est en train de se perdre quelque part, en Europe ? Vous voyez très bien que votre question invite à creuser davantage pour aller au cœur de la question démocratique actuelle.
Je crois que notre démocratie souffre d’un vrai manque du temps démocratique, de ce temps long qui permet l’exercice du pouvoir et la formation, je dirais l’éducation politique horizontale des citoyens, un temps politique affranchi aussi de la temporalité médiatique. Par ailleurs, si on fait la liste des élections en France (européennes, municipales, régionales, sénatoriales, législatives, présidentielles, etc.), il est clair que nous vivons toujours en campagnes électorales. Mais pourquoi faire ? Gagner des élections ou gouverner véritablement, je vais dire en ayant comme seul objectif, unique vertu, le bien commun : la République.

Quels exemples étrangers pourraient s'avérer instructifs ?

Yves Sintomer : Le modèle scandinave traditionnel est intéressant. Depuis des années, les pays du Nord ont mis en place des formes de concertation sociale qui reposent sur une place forte et constructive des syndicats. Il repose également sur des avantages sociaux universels qui ne concernent pas seulement les salariés, mais l'ensemble de la population.
Le modèle suisse est également différent à travers la possibilité très étendue et très utilisée de référendum et notamment de référendum populaire. Il y a un impératif de concertation et de prise en compte des différents intérêts sociaux. Cet impératif s'impose aux décideurs faute de quoi ils sont rapidement désavoués par les citoyens. 

Dans quelles limites le recours à ces outils pourrait-il être envisagé ? Comment d'ailleurs interpréter l'échec du référendum alsacien ?

Yves Sintomer : Il n'y a de toute façon aucune solution miracle. Chaque procédure a des avantages et des inconvénients.C'est vers la multiplications des procédures qu'il faut se diriger. De même que les élites, le peuple peut se tromper. Avec le recul, certaines solutions qui émanent directement du peuple peuvent s'avérer négatives. La démocratie conduit aussi à des erreurs.
Cependant, je crois qu'il faut dire que, comme toute pratique démocratique, le référendum a une valeur d'autant plus forte qu'il s'agit d'une pratique qui est ancrée dans les attitudes civiques. Il faut le pratiquer régulièrement pour avoir moins tendance à l'instrumentaliser pour d'autres question que la question posée. A partir du moment où l'exercice est banal, le citoyen répond davantage à la question posée.
Le référendum alsacien montre au contraire que les jeux politiciens sont susceptibles d'influer profondément sur les référendums. Nous l'avions également vu lors du référendum européen de 2005 à travers la position d'opportunité de Laurent Fabius.  Avant le scrutin, il était pro-européen et il l'est redevenu après.  Son positionnement était avant tout stratégique et il a pu néanmoins influer sur le vote des électeurs.