Il avait assuré à tous ses électeurs perdus : j’ai entendu la demande de justice sociale.
Il avait garanti à tous les parlementaires de sa majorité, à tous les militants : j’ai ajouté un volet solidarité au pacte de responsabilité, afin de renforcer les mesures de gauche.
Il avait promis à tous ceux qui pensent que la France peut encore imposer sa voix en Europe : je demanderai à Bruxelles de tenir compte des réformes déjà accomplies.
A tous ceux qui l’ont cru, François Hollande a répondu, par la voix de Manuel Valls, en assénant un grand coup d’austérité sur le pays.
L’erreur n’est pas d’avoir choisi cette issue, la faute est de l’avoir dissimulée. La purge n’en sera que plus douloureuse à administrer et le résultat plus difficile à atteindre. On l’a vu en effet dans tous les pays qui avaient eu à affronter une période de ce genre, rien ne peut être entrepris sans un soutien minimum de la population. Pour réussir une telle remise en ordre, tous ont longuement évangélisé leur opinion, tenté d’associer des forces politiques opposées, essayé de rallier des partenaires sociaux. Tous ont revendiqué la sueur et les larmes, au lieu de soutenir contre toute évidence qu’il s’agissait de la même politique. Et tous ont indiqué un objectif de sortie des soins intensifs, un mieux prévisible. Une date, un horizon.
C’est peut-être d’ailleurs ce qui manque le plus dans le plan de rigueur annoncé par Manuel Valls. Et pour cause : la plupart des mesures dévoilées portent sur un gel, un report. Ce ne sont donc pas des réformes de fond, de structure, celles qui garantissent l’avenir. Ce sont des mesures d’économie, courageuses, certes, mais provisoires.
Il nous dira que c’est suffisant pour redresser la France, mais il ne faudra pas le croire.